Les dés sont relancés à Bordeaux. L’attrait pour le millésime 2016 est bien là, l’achat environ 2 ans avant d’être livré devrait être avantageux si les propriétés demeurent raisonnables, en plus il y a de la quantité. Les commentaires des experts de Côté Châteaux vont bon train.
Le système a bien failli faire « tilt » ! Après un millésime comme 2013, qu’on peut dire assez moyen, millésime qui faisait suite à 2011 et 2012, jugés bien en dessous des stars 2009 et 2010, le système des primeurs avait du plomb dans l’aile. Ce d’autant que les prix sur le 2010 notamment avaient flambé et refroidi pour quelques années les acheteurs du monde entier.
Mais aujourd’hui, il se passe quelque chose, ça frétille de nouveau à Bordeaux. Comme le disaient les aficionados de flippers ou de vieux jeux vidéos de cafés, « same player shoot again » !
Nos amis Belges qui n’ont jamais vraiment délaissé Bordeaux sont bien présents à l’image de la famille Van den Bussche de Gant. Les vins de Bordeaux représentent 60% des vins qu’ils importent.
Oui il y a une telle différence entre acheter en primeur qu’en livrable, que c’est toujours intéressant, c’est sûr et certain, » Mathieu Van den Bussche importateur belge.
Sur le millésime 2014, comme le soulignait en effet dès lundi Olivier Bernard, le Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux : « ceux qui ont acheté des 2014 ont fait de très bonnes affaires, aujourd’hui cela vaut au moins 30% plus cher qu’en primeur ».
Pour Fabrice Bernard, PDG de Millésima confirme que Bordeaux a à nouveau un rôle à jouer : « Bordeaux a su être raisonnable sur les prix en 2013 et 2014, les a légèrement augmenté en 2015, et si vous voulez pendant ce temps-là, on a les vins américains et italiens, et même bourguignons qui ont augmenté très fortement leurs prix ».
2015, un peu plus cher, et 2016 ont ainsi réussi à faire reparler de Bordeaux comme d’une place centrale du monde du vin, d’autant qu’il y a du volume et que Bordeaux n’a subi ni gel ni grêle.
Les prix qui ont flambé à Bordeaux sur les 2009 et surtout les 2010, avec une oephorie de commandes chinoises ont bien failli faire vaciller le système des primeurs. Un système à la base qui permettait aux propriétés de faire de la trésorerie, en étant payé de suite.
« A partir du moment où les prix sortent trop haut, derrière il n’y a pas de plus-value qui se fait, cela laisse un intérêt moindre à acheter les vins en primeur, sinon leur rareté ». «
Pour ce 2016, dans un millésime comme ça tout est bon, les gens vont pouvoir découvrir qu’ils peuvent s’offrir des vins pour des rapports qualité-prix incroyables, » commente Stéphane Derenoncourt.
L’oenologue Michel Rolland fait aussi le plein pour sa traditionnelle dégustation des Clés de Châteaux organisée avec Dany Rolland et leurs filles. Dans le cuvier du château La Dominique, ils font déguster plus de 200 châteaux qu’ils conseillent. Il est confiant avec de très belles choses autour de 15-25 euros mais redoutent une petite flambée pour les plus grands.
« Il y a de la demande donc la propriété monte, le négoce monte, les acheteurs sont prêts à payer et ça donne ce qu’on avait connu en 2010, en général c’est 3 ou 4 ans après qu’on le reprend après dans la figure » explique Michel Rolland.
Hormis 40 grandes marques, les prix devraient rester accessibles, pour que les primeurs continuent d’occuper la scène médiatique, faisant désormais venir des chefs, comme aujourd’hui Cyril Lignac à La Dominique, pour animer des accords mets et vins.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot, Xavier Mansion, D Laurent :