26 Avr

Gel dans les vignes: des hélicoptères au secours des vignobles en Touraine et dans le Bordelais

Quatorze hélicoptères ont été mobilisés en Touraine ce jour. De même, demain de très bonne heure, d’autres hélicoptères seront sur le secteur de Saint-Emilion, pour contribuer à lutter contre le gel qui continue de menacer les vignes.

Photo d'illustration © JPS

Photo d’illustration, avec l’un des pilotes mobilisé ce jour à Saint-Emilion © JPS

« C’est le branle-bas de combat maximal. Après les énormes dégats causés l’année dernière, il n’est pas possible que le gel détruise encore la récolte », a insisté Guillaume Lapaque, directeur des associations viticoles d’Indre-et-Loire, alors que les services météorologiques prévoient des températures négatives matinales dans le département jusqu’à vendredi.

Comme la semaine dernière, sept appareils interviendront au-dessus des vignes de Montlouis-sur-Loire pour brasser l’air au-dessus de leurs vignes et rabattre vers le sol l’air plus chaud situé à faible altitude.

L’AOC de Montlouis, la première en France à avoir décidé collectivement de recourir à cette méthode, « a fait des émules et cinq hélicoptères sont mobilisés pour les vignes de Bourgueil, un à Vouvray et un à Azay-le-Rideau », a indiqué M. Lapaque.

« L’année dernière, les exploitations mises en difficulté ont pu trouver des aménagements avec les banques, mais deux années de suite ce serait insurmontable pour beaucoup d’entre elles : c’est comme une entreprise qui brûlerait deux fois de suite… Même en bonne santé, elle ne s’en relèverait pas », a-t-il expliqué.

Mobilisation des grands moyens, efficaces © MB

Mobilisation des grands moyens, efficaces © MB

« Tous les moyens de lutte contre le gel seront mobilisés dans le département : les tours anti-gel (qui brassent l’air elles aussi, ndlr), les bougies, les canons à air chaud, l’aspersion d’eau » (qui protège la plante en gelant, ndlr), a insisté le directeur des associations viticoles d’Indre-et-Loire. « Il ne s’agit pas de privilégier une méthode plutôt qu’une autre, mais d’utiliser la mieux adaptée en fonction des circonstances », a-t-il ajouté.

Le coût d’intervention des hélicoptères est de 200 à 250 euros par hectare et par intervention, selon Damien Delecheneau, le président de l’appellation Montlouis-sur-Loire, qui produit exclusivement des vins blancs effervescents ou tranquilles à base de Chenin.

« C’est une formule qui évite de faire un investissement lourd de départ comme dans le cas d’éoliennes antigel » qui coûtent entre 30.000 et 40.000 euros pièce, souligne-t-il.

Avec AFP.

Philippe Raoux fête ses 30 ans à la tête du château d’Arsac : un monde de culture avec « Stilthouse », la dernière oeuvre signée Arne Quinze

Figure du Médoc, Philippe Raoux fêtait mardi soir les 30 ans de l’acquisition du château d’Arsac. Un Cru Bourgeois, qu’il a élevé parmi les plus grands du Médoc, avec cette singularité d’y mêler art et vin. Depuis 30 ans, il y expose des oeuvres acquises auprès des plus grands artistes contemporains du monde entier.

Philippe Raoux, Hubert de Boüard et Alain Raynaud deux de ses Winemakers, Céline Raoux et

Philippe Raoux, Hubert de Boüard et Alain Raynaud deux de ses Winemakers, Céline Raoux et Arne Quinze

Philippe Raoux, c’est un sacré nom à Bordeaux et en appellation Margaux. Un Monsieur qui a toujours su jouer de créativité et d’imagination pour faire parler de lui et de ses vins.

A une époque, je me souviens, il vous accueillait quand vous descendiez de l’avion, car son image était affichée en grand dans l’aérogare de Bordeaux-Mérignac. Il a acquis le château d’Arsac en 1986 et fête aujourd’hui les 30 ans à la tête de cette propriété, « 30 ans de mariage du goût et du beau. »

Le château d'Arsac et son chai où les 30 ans ont été célébrés © JPS

Le château d’Arsac et son chai où les 30 ans ont été célébrés © JPS

Cette propriété, il l’a entièrement remaniée et restaurée, tant au niveau du vignoble (112 ha d’un seul tenant) que du château et dépendances (l’histoire de la propriété est l’une des plus anciennes du Médoc avec 900 ans), choisissant une couleur bleue pour ses chais comme pour électriser les amateurs d’art et de vin : « je me souviens de mon premier client qui m’avait dit avec cette couleur bleue, vous allez faire des vins de fête et non des vins de messe ! » me confie Philippe Raoux.

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Lla Fontaine aux Oiseaux (1998) de Jean Michel Folon fait face à Stilthouse (2017) de Arne Quinze © JPS

L’autre coup de maître de Philippe Raoux, c’est d’avoir acquis et commandé dès 1992 des oeuvres d’artistes mondialement connus ou en devenir:  le Chevêtre (1992), le Grand devers (1993) ou la Déjantée (1995) trois oeuvres de Bernard Pagès, Mother and Child (1999) de Niki de Saint Phale, la Fontaine aux Oiseaux (1998) de Jean Michel Folon, ou encore l’Arbre du Soleil (2006) de Susumu Shingu.

Arne Quinze devant Stilthouse (2017) juste à l'entrée du château d'Arsac

Arne Quinze devant Stilthouse (2017) juste à l’entrée du château d’Arsac

Dernière oeuvre en date, Stilthouse (2017) par l’artiste belge flamand Arne Quinze, 45 ans, qui a réalisé plusieurs oeuvres à Rouen au dessus du fleuve, à Shangaï ou encore Djakarta : « c’est une étude que je fais depuis 15-20 ans, les hommes veulent toujours construire le plus haut possible, je veux sensibiliser les spectateurs pour qu’une approche plus attentive et plus réfléchie de notre aménagement urbain émerge. On voit à travers cette oeuvre que l’être humain ne sait pas s’échapper de la réalité, toujours les pieds dans la terre, mais il ne faut pas hésiter à rêver. Et les couleurs sont là pour rappeler celles de la nature car depuis que je suis né en 1971, nous avons réussi en tant qu’hommes à détruire 30% de la faune et de la flore.«  Ces Stilthouses sont ainsi ces êtres humains fragiles et chancelants, juchés sur des jambes étroites, des sculptures qui veillent sur leur environnement afin de le préserver.

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Forte de son « Jardin des Sculptures », cette propriété a été l’une des premières à s’ouvrir à l’oenotourisme, Nathalie Coiquaud et Sophie Gaillard se remémorent avoir mis sur pied dès 2004 le premier tour depuis l’Office de Tourisme de Bordeaux très prisé des visiteurs français et étrangers.

Dany Rolland, oenologue à Pomerol, a signé la Collection n°9 des WineMakers © JPS

Dany Rolland, oenologue à Pomerol, a signé la Collection n°9 des WineMakers © JPS

Parmi les autres grands projets de Philippe Raoux, il y a bien sûr eu la Winery d’Arsac, un projet visionnaire avec une superbe cave, restaurants et autres animations, qui aurait du prendre un certain envol, si le projet de grand contournement n’avait pas été enterré, me confie l’un des invités.

Il y a aussi sa Collection des WineMakers, une carte blanche donnée depuis 11 millésimes à de grands oenologues et vignerons bordelais, français et même de toute la planète vin. En ce mardi soir, 3 d’entre eux étaient venus rendre hommage à Philippe Raoux qui se définit comme « un jardinier de la vigne » et Céline son épouse : Hubert de Boüard, Alain Raynaud et Dany Rolland surnommés pour cette collection et par le maître des lieux « le pragmatique », « le docteur » et « l’élégante ».

Gel : « la malédiction du 21 avril »

Comme en 1991, le 21 avril a été sans pitié pour certaines exploitations du Bordelais dont 1000 hectares auraient été touchés. Dans l’Hérault, plus de 20.000 hectares de vignoble ont été meurtris la semaine passée par des « gelées d’ampleur » affectant « des centaines de viticulteurs ». Ce matin, la Champagne a encore enregistré des températures négatives…Demain, c’est annoncé encore plus froid et ça pourrait geler de nouveau à Bordeaux.

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Décidément ce 21 avril ! Les vignerons l’ont en travers de la gorge. Si le PS a eu son « 21 avril » en 2002, et les Républicains plus récemment le 23, les viticulteurs eux ont pris de plein fouet cette date comme une malédiction. 

« C’est dans la nuit de jeudi à vendredi qu’on a eu le plus de dégâts, on a eu 5 à 6 hectares de touchés », me confie Nicolas Lesaint du château de Reignac à Saint-Loubès en Gironde ; « c’est vraiment dans les bas-fonds qu’on a enregistré ces dégâts de 100% à 20%, c’est réparti sur une dizaine de spots. On a connu le 21 avril 1991, mais aussi le 21 avril 2017, mais pas dans les mêmes proportions. » Geneviève Caillard, conseillère viticole pour la Chambre d’Agriculture dans le Médoc complète : « on a des plateaux de 3, 5 ou 10 hectares touchés entre 20 et 80 %, il y a eu des secteurs plus touchés notamment dans le sud-Médoc, du côté  d’Arsac, Avensan, Ludon-Macau ».

Christophe Château du CIVB attend les retours de la chambre d’Agriculture avant de communiquer mais peut déjà affirmer que plusieurs vignobles dans « le Blayais, en Castillon et Saint-Emilion, en Entre-Deux-mers, dans les Graves et Pessac-Léognan ont été impactés », globalement ça n’a rien à voir avec 1991 mais « certaines entreprises pourraient être bien touchées à titre individuel. »

Ainsi à Moulon, Joël Duffau a perdu « 11 hectares, un tiers de mon exploitation », son épouse témoigne « on est un peu effondré, c’est assez dramatique après 2009, 2011, 2013 et 2014 où on a pris la grêle. On a très peur pour la nuit prochaine »; « ça commence à faire beaucoup mais il faut qu’on continue », positive Joël Duffau que nous avions rencontré en septembre sur un focus sur les grands vins blancs secs

Carine Delacroix, conseillère viticole de l’Union Régionale Agricole de Branne me confirme que les secteurs « les plus touchés se situent sur Génissac, Moulon et Nérigean. A Moulon, comme à Vignonet, il y a 3 jours de gelées jeudi, vendredi et samedi. Il y a eu aussi des secteurs touchés sur Saint-Sulpice-de Faleyrens, Libourne, Saint-Emilion, un peu de Pomerol aussi. On a des poches de gel qui stagnent, dans des endroits en contre-bas. C’est toujours très particulier le gel. Parfois on n’a pas toujours d’explication. »

Bruno Samie, pour la Chambre d’Agriculture de la Gironde explique que c’est aussi compliqué de donner un chiffre précis sur le nombre d’hectares touchés, mais confie que cela pourrait aller « jusqu’à 10000 ha s’il on prend en compte les parties impactées de 5 à 100 % ».

Pour l’Hérault, le constat est bien plus dramatique : « Après une visite de terrain  sur les secteurs les plus touchés, la région de Pézenas et le Minervois, on peut estimer qu’un peu plus de 20.000 hectares sont touchés, entre 10% et 100%, et que des centaines de viticulteurs sont affectés », a déclaré Jérôme Despey, président de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault. « Le paysage que nous avons vu ce matin, c’était des vignes totalement grillées, comme brûlées après les fortes gelées des nuits des 19 et 20 avril », a-t-il ajouté, estimant qu’environ 20% des récoltes habituelles héraultaises pourraient être perdues, soit environ un million d’hectolitres.

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