Les Beaujolais Nouveaux maintiennent ce rendez-vous traditionnel du 3e jeudi de novembre. Ils marqueront toutefois une minute de silence, en France et dans le monde, par respect pour les familles des victimes des attentats. Des beaujolais nouveaux 2015 annoncés « grandissimes ».
« Profondément ému par les attaques terroristes perpétrées vendredi 13 novembre à Paris, le vignoble du Beaujolais dans son ensemble, par la voie de son interprofession, adresse ses condoléances aux familles et aux proches des victimes. Face à ces actes tragiques, nous tenons à leur témoigner notre fraternité et notre solidarité », déclare Gilles Paris président d’Inter Beaujolais.
A l’heure où notre culture et notre art de vivre sont attaqués, il nous semble indispensable de maintenir les principaux évènements marquant l’arrivée des Beaujolais Nouveaux 2015″, Gilles Paris, Président d’Inter Beaujolais.
« Cela fait plus de 60 ans que leur sortie est célébrée en France et dans le monde. Symboles de la culture française, de son art de vivre et de ses valeurs… les Beaujolais Nouveaux maintiendront la tradition, fiers, plus que jamais, d’être français ! Par respect pour les victimes et leurs proches, une minute de silence sera respectée lors des différents évènements prévus cette fin de semaine en France et à l’international » selon Gilles Paris.
Sans oublier ces événements tragiques, les professionnels du Beaujolais Nouveau annoncent un millésime 2015 « grandissime », « béni des Dieux ». Les premières bouteilles de ce vin primeur seront dégustées au Japon (qui achète plus d’un quart des bouteilles), puis un peu partout sur la planète, et en France dans la nuit de mercredi à jeudi.
DES VIGNERONS EN 2 CV DANS LES RUES DE PARIS JEUDI
Hormis l’annulation d’une soirée au conseil départemental du Rhône, les festivités sont, pour l’instant, maintenues. Notamment à Paris où des vignerons en 2 CV sillonneront jeudi après-midi la capitale. Car plus que jamais, la profession tient à ce « symbole de la culture française », insiste Inter-Beaujolais.
Georges Duboeuf, le roi des négociants dans la région, pensait que 2009 serait le millésime de sa vie. Mais 2015 sera encore meilleur, a-t-il récemment admis. « On a eu un printemps humide puis un ensoleillement historique en juillet dans le Rhône qui a été le département le plus chaud de France. C’est un millésime historique », selon Jean Bourjade, délégué général de l’interprofession (Inter-Beaujolais).
Toutefois, le Beaujolais connait actuellement une certaine crise, malgré un budget communication multiplié par deux cette saison: les ventes s’annoncent tout juste stables – l’an dernier, 28 millions de bouteilles avaient été écoulées – et les viticulteurs ont vendu leur vin en vrac moins cher. Raison pour laquelle, fait rarissime dans le milieu, ils sont descendus fin septembre dans la rue pour réclamer une réévaluation des prix aux négociants, dans une région où 80% des volumes passent par le négoce.
« Les gens aiment le goût du Beaujolais, ils n’aiment pas le nom », lance le Bourguignon Louis-Fabrice Latour, une des grandes maisons de négoce de vin en France, propriétaire dans le Beaujolais des crus Henry Fessy. « Il y a cette image qu’on se traîne », embraye Pierre Gernelle, directeur de la Fédération des négociants-éleveurs de Grande Bourgogne (FNEB).
Les ventes baissent dans les pays phares, Japon, États-Unis en tête, et les marchés émergents comme la Chine n’ont pas pris le relais. Il se vend aujourd’hui deux fois moins de Beaujolais nouveau qu’il y a dix ans.
L’interprofession veut sortir le produit de son marketing uniformisé. Goût de banane, de tabac? Elle refuse désormais de se prononcer et parle DES Beaujolais nouveaux et non plus DU Beaujolais nouveau. « On veut lui redonner une âme, c’est un vin de vignerons, on veut l’associer au terroir », explique Jean Bourjade.