16 Juin

Le Cap, en Afrique du Sud: 11e ville à rallier le Réseau des Capitales de Grands Vignobles

Et de 11. Mais où s’arrêteront-ils ? Il faut dire que de nombreuses villes de par le monde incarnent comme Bordeaux une région de production viticole. Les vins d’Afrique du Sud sont depuis des années réputés et il n’était pas idiot de les accueillir au sein de ce réseau créé par la CCI de Bordeaux et dont on a fêté les 20 ans l’an dernier à Bordeaux.

© Great Wine Capitals – Bloubergstrand

Adelaïde (Australie), Bilbao (Espagne), Bordeaux (France), Lausanne (Suisse), Le Cap (Afrique du Sud), Mayence (Allemagne), Mendoza (Argentine), Porto (Portugal), San Francisco/Napa Valley (Etats-Unis), Valparaíso (Chili) et Vérone (Italie), voici les 11 villes qui font partie de ce réseau formidable, qui incarne les plus grandes régions productrices de vin au monde.

Le Cap, Cape Town, surnommée la cité-mère, c’est la deuxième ville d’Afrique du Sud, au pied de la Montagne de la Table, une des sept nouvelles merveilles de la nature. Dans cette province qui aujourd’hui compte 4 millions d’habitants, on sait faire du vin et ce  depuis près de quatre siècles avec un premier millésime pressé en 1659 dans la Baie de la Table par Jan van Riebeeck.

Je me réjouis, je suis trop contente », commente ce matin Catherine Leparmentier de la CCI de Bordeaux, directrice du Réseau des Great Wine Capitals. « Cela fait patie de leur mesure de rebooster l’économie après le covid »:

On a besoin de cela pour revenir de manière plus forte en terme de développement d’image sur la scène internationale et au niveau de l’oenotourisme, m’ont-ils dit » Catherine Leparmentier de la CCI de Bordeaux

Cette région viticole bénéficie d’un climat méditerranéen, et du fait de cette influence, elle produit des vins rouges et blancs de haute volée. Les vins mousseux ne sont pas en reste et explosent.La plupart des 24 districts viticoles sont accessibles depuis Le Cap en 20 minutes pour les plus proches (Constantia) et en moins de 2 heures pour les plus éloignés (Robertson).

Pour Jacques Faurens, président du Réseau Great Wine Capitals : « Je suis très heureux de souhaiter la bienvenue à la belle ville du Cap et aux régions viticoles du Cap-Occidental de l’Afrique du Sud. L’histoire, le vin et le tourisme y sont de classe mondiale. Nous bénéficierons tous du partage des connaissances et savoir-faire qui résultera de cette intégration.

Le continent africain est ainsi superbement représenté avec cette adhésion qui renforce la légitimité et le prestige de notre Réseau. Dans le contexte très particulier de crise que nous traversons en ce moment, c’est une nouvelle très positive à partager avec le monde entier ! » Jacques Faurens

« Notre province produit des vins parmi les meilleurs au monde, et nous nous félicitons de ces nouvelles relations qui nous aideront à accroître la notoriété de notre production à l’international », ont commenté David Maynier, Ministre des Finances et des Opportunités économiques et Tim Harris, PDG de Wesgro, l’agence de développement du commerce et du tourisme de la région. Quand le tourisme reprendra, les visiteurs pourront profiter d’une expérience oenotouristique unique au Cap-Occidental. Nous sommes impatients d’être reconnus comme l’une des meilleures et incontournables destinations viticoles de la planète ! »

15 Juin

Les stocks s’accumulent dans le vignoble bordelais

Dans le vignoble bordelais, les stocks s’accumulent: jusqu’à 23 mois contre un an et demi d’habitude. Dans un contexte de crise qui n’en finit plus, exonération de charges, distillation, voire arrachage de vignes, tout est sur la table face à une situation « qui ne s’était pas vue depuis dix ans », selon la profession.

Les vins de Bordeaux en grande distribution – image d’illustration © JPS

Jérôme Eymas, viticulteur des appellations Blaye et Côtes-de-Bordeaux, a décidé de vendre une partie de ses vins en cuves, « les moins bonnes », pour la distillation, dit-il à l’AFP. « C’est un moindre mal, c’est mieux que zéro et ça permet de faire de la place pour les vendanges dans deux mois et demi », ajoute le viticulteur.

Et c’est partout pareil car avec une production moyenne de 5 millions d’hectolitres par an, le plus gros vignoble français n’a vendu que 4 millions l’année dernière.

Ainsi dans l’Entre-deux-Mers, « pratiquement tous les viticulteurs vont distiller. Il y en a qui n’ont rien vendu cette année », affirme Bernard Douence des distilleries Douence.

Chez les distillateurs, « c’est un peu l’affolement. On a beaucoup de contrats qui arrivent, avec des volumes assez importants », ajoute-t-il.

La chute de la consommation durant le confinement, avec la fermeture des bars et restaurants pour cause de coronavirus, n’a fait qu’accentuer une situation déjà tendue depuis deux ans.

Les ventes en Chine, premier marché à l’export, s’effondrent, le marché britannique est en berne avec le Brexit, tout comme Hong Kong qui connaît un crise sociale
depuis de nombreux mois.

A cela s’ajoute la baisse des exportations vers les États-Unis liée aux taxes imposées sur les vins non pétillants, victimes d’un contentieux UE-USA au sujet
de l’aéronautique, et un marché français en désamour avec Bordeaux, en particulier la grande distribution qui ne fait plus recette (-9% en un an).

CONTRAINTS DE BAISSER LES PRIX

L’État a débloqué au niveau national des fonds pour la distillation, mais ils sont prévus pour deux millions d’hectolitres alors que la profession estime les besoins à trois millions.

Quant à l’aide au stockage et l’exonération de charges, également annoncées fin mai par le gouvernement, les modalités n’en sont pas connues. Même le mot tabou d’arrachage a été prononcé, le président de la région Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset (PS) confiant au journal Sud Ouest que l’idée était « sur la table ». Côté Etat, aucun budget ne permet pour l’instant de le financer.

En recherche de trésorerie, les viticulteurs bordelais se voient aussi contraints de baisser les prix pour payer leurs charges et ne trouvent pas toujours preneurs, même à 680 euros le tonneau. « Le cours moyen du tonneau est à 950 euros. A 680 euros, ce n’est pas rentable, on appauvrit la viticulture », tempète le vice-président des négociants bordelais, Georges Haushalter, qui a « déjà connu ça avec la crise de 2008 ».

Pour lui, les mesures prises par le gouvernement sont conjoncturelles, sans plan de relance comme cela a été fait pour l’automobile ou l’aéronautique, et elles sont financées pour moitié par le budget de FranceAgriMer (80 millions d’euros) qui aurait pu être consacré à d’autres aides.

« Si on vide des cuves en distillation, c’est stupide de les remplir de nouveau dans trois mois sans plan de relance », dénonce le responsable également vice-président du conseil spécialisé vins de FranceAgriMer. « Le but, c’est d’agir pour relancer la demande rapidement avec la promotion des vins, l’abaissement de la TVA »…, conclut-il, accueillant favorablement l’élaboration en cours d’un plan de la région Nouvelle-Aquitaine pour les aider ces trois prochaines années.

AFP

14 Juin

La vente aux enchères solidaire des vins de Bordeaux au profit des soignants est en ligne

Plus de 600 lots de vins et de visites ou expériences oenotouristiques dans les domaines de Bordeaux sont mis aux enchères au profit des CHU de Bordeaux et du centre hospitalier de Libourne, qui sont depuis février-mars en 1ère ligne dans la lute contre l’épidémie de coronavirus. Une vente aux enchères qui se clôturera le 21 juin.

Cela a été une belle mobilisation de propriétaires de châteaux, de négociants, des caves coopératives et des acteurs de l’oenotourisme. Durant un mois, ils ont proposé quelques 400 lots de vins et 180 séjours dans des domaines ou châteaux viticoles, ainsi que des activités oenotouristiques, soit au total 609 lots donnés pour être vendus lors de cette vente caritative.

Parmi les lots des caisses de vins dans toutes les couleurs de Bordeaux et à tous les prix, des nuits en chambres d’hôtes, des ateliers de dégustation, des visites exclusives et atypiques, et dîners aux restaurants de châteaux.

La vente aux enchères est déjà mise en ligne ici, elle se terminera le 21 juin à minuit. Cette initiative est partie de la filière des vins de Bordeaux, elle a obtenu les concours et soutien de la Maison de vente aux enchères Briscadieu Bordeaux, de l’Office de Tourisme de Bordeaux Métropole et de WS Logistics- Groupe Balguerie.

Les profits de cette vente iront exclusivement début juillet aux CHU de Bordeaux et CH de Libourne, qui ont été et sont toujours en lutte contre le Covid-19, pour l’achat de matériels et améliorer les conditions de travail du personnel soignants.

PAR ICI LA VENTE AUX ENCHERES

12 Juin

Bordeaux : une forte attaque de mildiou amplifiée par les pluies à répétition

 Le vigneron ne sait plus où donner de la tête. Dans chaque rang, le mildiou pointe le bout de son nez partout à Bordeaux. D’autres régions viticoles sont aussi atteintes. Des pertes estimées de 10 à 100% de la récolte 2020. Reportage à Montagne chez deux vignerons attaqués, l’un en conventionnel, l’autre en bio.

Des grappes atteintes par le mildiou à gauche et une grappe saine à droite

En janvier 2020, les vignerons se souhaitaient la bonne année: « 2020, l’année du vin ». En ce mois de juin, ils en plaisantent eux-mêmes : « 2020, l’année du rien… »

Bruno Marchand du château Haut-Bonneau, 25 hectares en Montagne-Saint-Emilion (vignoble conventionnel) et Pierre Taïx du château Gadet-Plaisance, 10 hectares en bio, également à Montagne, sont tous deux attaqués par ce satané mildiou, maladie provoquée par des microorganismes oomycètes, entre le champignon et l’algue brune…

Un mildiou de plus en plus vicieux, dans le temps on le trouvait sur feuilles, désormais on voit beaucoup de mildiou sur grappes, autant dire ces grappes attaquées vont toutes avorter… Du coup, les vignerons redoutent de perdre une bonne partie de récolte, pour quelques-uns il n’y en aura pas cette année.

« C’est vrai qu’il a tendance à être beaucoup plus présent sur grappes, le mildiou a muté génétiquement, on voit qu’il est devenu plus résistant à beaucoup de produits… Pas tellement dans la culture biologique car finalement il n’est pas devenu résistant au cuivre, mais on s’aperçoit qu’il est extrêmement virulent sur grappe… », témoigne Pierre Taïx.

C’est très inquiétant, on est début juin et le mildiou reste potentiellement actif et capable de détruire une récolte, au moins jusqu’à la véraison. » Pierre Taïx du château Gadet-Plaisance

La grêle du 17 avril dernier et le week-end de fortes pluies 3 semaines plus tard avec 60 millimètres d’eau tombés  en un jour ont eu pour conséquences des attaques de mildiou 10 à 15 jours plus tard. Hier encore il est tombé 25 millimètres de pluie ! De quoi « lessiver » les protections de la vigne et en climat océanique, cela ne pardonne pas.

On est confronté effectivement à des contaminations de mildiou quasi permanentes…avec des dégâts allant de 10-15% à parfois 100% et la destuction de la récolte complète chez certains viticulteurs », Bruno Marchand président du syndicat de Montagne-Saint-Emilion.

Bruno Marchand du château Haut-Bonneau et Pierre Taïx de Gadet-Plaisance © JPS

C’est vrai que les vignerons que nous sommes, nous nous posons beaucoup de questions sur nos parcours techniques, que ce soit des parcours techniques en viticulture conventionnelle ou en agriculture biologique, ou même biodynamique, aujourd’hui tout le monde est confronté à ce problème dramatique de mildiou, » commente encore Bruno Marchand.

Les produits qu’ils utilisent auraient-ils perdu en efficacité ? Certains se posent des questions, certains voidraient même attaquer les firmes…Depuis l’abandon de certains produits phytosanitaires les plus dangereux, cela pourrait être une explication, mais pas forcément. En conventionnel comme en bio, tous sont confrontés au même problème. Bruno Marchand en est lui à 7 ou 8 traitements, Pierre Taîx en bio effectuait ce matin son 11e traitement.

« En bio, on est quand même limité par la quantité de cuivre à l’hectare, la norme maintenant c’est 4 kilos à l’hectare par an (au lieu de 6), donc il faut passer souvent avec des quantités relativement faibles, quasiment homéopathiques…Parfois cela ne suffit pas »  Pierre Taïx du château Gadet-Plaisance

Et de compléter : « si on anticipe mal les précipitations à venir, si on n’a pas été assez vigilant ou si les pulvérisateurs étaient mal réglés, on a vite des pertes importantes de récolte. » En 2018, ce vigneron en bio a perdu près de la moitié de ses récoltes sur ses 4 châteaux (Fongaban en Castillon, Rigaud (Puisseguin), la Mauriane et Gadet-Plaisance (Montagne St Emilion): 2050 hectolitres en 2018 contre 4050 en 2019… Pour Bruno Marchand, ce fut une perte de 15% : « Le mildiou détruit les parties vertes de la vigne, mais n’impacte aucunement la qualité de raisins et du vin vinifié…On a quand même pu avec des tries importantes avoir une belle qualité de raisin ».

Sur l’appellation Montagne-Saint-Emilion, nous avions des rendements de l’ordre de 38 hectolitres à l’hectare, quand en année normale on approche plutôt 48 à 50 hectos à l’hectare » Bruno Marchand.

Malheureusement la météo de la semaine à venir n’est pas vraiment favorable, des pluies et de l’humidité sont encore à redouter.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Philippe Turpaud et Boris Chague : 

10 Juin

Bordeaux : 3e épisode de grêle en 10 jours et ce n’est pas fini…

Les orages et la grêle n’en finissent plus… A Bordeaux, la saison semble bouleversée. Des épisodes à répétition qui touchent les vignerons, très souvent de manière localisée, mais avec une intensité impressionnante. Dernier épisode en date ce mardi après-midi, avec quelques endroits touchés en Gironde.

Les impacts de grêle sur les baies de raisin à Ladaux en Gironde © Jonathan Ducourt

1er juin, 4 juin et 9 juin. Trois épisodes, allez on va dire tous les 3 jours… Heu, ça commence à faire. Il semble que la saison des orages cette année est bel et bien avancée, elle a déjà causé d’énormes dégâts, notamment le 17 avril dernier. Il faut dire que l’été s’était invité très tôt à Bordeaux.

Hier après-midi, ce sont les vignobles Ducourt qui ont été touchés à Ladaux en Gironde:« il a grêlé en face de notre bureau, un orage violent, assez impressionnant » témoigne ce matin Jonathan Ducourt; « ce ne sont pas de gros grêlons, mais cela a percé les feuilles et les raisins sortis des rangs; ceux qui étaient sous les feuilles ont été moins touchés ».

« Là on a fait un tour des parcelles, mais les dégâts sont difficiles à estimer, ce n’est pas comme les années où il n’y a plus rien sur la vigne, là on voit juste des impacts sur certaines feuilles. Après, il faut voir, s’il pleut pendant 15 jours cela va pourrir, ou voir si cela va tomber, la saison est compliquée…Cela a touché Ladaux, Cantois, mais à 500 mètres en bas chez ma grand-mère, il n’y a rien ».

« Là, on a 15 jours d’orages, au final on verra bien à la fin…une fois que ce sera passé. Mais avec en plus la pression mildiou, et la pression commerciale, c’est une année tendue. »

« C’était un bel orage de grêle, tombé vers 14h, très puissant, qui n’a pas duré très longtemps, c’était de jolis petits grêlons qu’on voyait tomber sur le gazon, mais un spectacle moins sympathique sur la vigne car 5 hectares sur 20 ont été grêlés, côté nord… » commente à son tour Nathalie Ducourneau du château Vincent, en Bordeaux Sup. « Toutes les grappes ont été touchées, avec une moyenne de 10 impacts par grappe. C’était vraiment un couloir qui n’a pas touché tous les vignerons, mais ciblé sur le centre du village de Saint-Vincent de Paul…alors qu’on n’est pas trop sujet à cela sur la presqu’île d’Ambes. 

Ces petits grêlons semblent plus préoccupants que de gros selon Nathalie Ducourneau: « cela massacre un peu plus la vigne, cela hache; il va y avoir un stress, les grains ne vont pas gonfler, j’espère que cela ne va pas pourrir le reste de la grappe…On est passé de 6 millimètres de pluie avant l’averse à 22 après avec un bel arrosage » Et de philosopher : « c’est notre métier qui veut cela mais cela fait un peu râler… »

Joint ce matin également, Damien Landouar me confirme avoir été touché, pas au niveau de château Gaby, mais sur une autre propriété : « hier, on a eu un petit peu de grêlons au niveau de Saint-Aubin-de-Branne sur la propriété Auguste… Il est tombé 25 millimètres en 15-20 minutes, c’est tombé très fort. On a vu le nuage arriver, c’était chargé en plein milieu, on s’est douté que quelque chose de pas sympathique… »

« On a 7 hectares de touchés sur les 30 de la propriété, c’est sur le devant de la propriété à l’entrée du village : 25% des grappes sont touchées. A Fronsac, on a pris pas mal d’eau, 15 millimètres, ce n’est pas formidable avec la pression de mildiou, on est sur le qui-vive. Montagne, Lussac, St-Emilion, il y a quelques propriétés très sensibles au mildiou, c’est une année compliquée, il flotte, il fait chaud, on a des difficultés à passer avec les tracteurs…C’est une année de vigneron, pas facile. »

Une fois de plus les aléas climatiques se sont rappelés à quelques vignerons, bizarrement, cela tourne, pas forcément les mêmes endroits touchés cette année. On souhaite à tous bon courage et on croise les doigts pour la suite. En début de semaine prochaine, d’autres orages pourraient arriver.

09 Juin

L’image du jour : quand Reignac se met à faire de la bière, « qui l’eût cru » ?

C’est une affaire qui mousse du côté de Saint-Loubès… Le château de Reignac qui ne manque pas d’imagination a lancé des bières artisanales à partir de mout de merlot et de sauvignon. Etonnant au pays du vin, bravo pour cette idée très vin…solite.

L’équipe du château de Reignac avec Nicolas Lesaint à gauche et Marion Béchu au fond à droite © château de Reignac

Quand on me met la pression, je réponds « mousse, mousse, mousse… » Ce n’est pas à un Lorrain où l’Amos ou la Champigneulles coulait à flot qu’on l’a fait…Des bières, il en a vues (et bues…avec modération) du temps de son service militaire à Landau, le berceau de l’Allemagne, servant au « Second de Personne », le 2e Régiment d’Artillerie.

Alors quand on balance la grosse artillerie, digne de la grosse Berta, et qu’on me dit : « bien sûr, oui à Reignac on fait de la bière, cela fait même deux ans, tu savais pas ? » Là, la pression monte, la moutarde me monte au nez, et je dis que je suis comme Saint-Thomas, je demande à voir…

Et voilà-t-y pas que Reignyx et sa bande de vignerons me donne la preuve sur Facebook par l’image, « le poids des mots », non « le choc des photos »: oui ce midi à l’heure de l’apéro, ils ont fait péter leur fameuse « Qui l’Eût Cru », et là oui, j’y crois.

 « Cela ferait 4-5 ans que ma collègue Marion me disait : on fait de la bière, on fait de la bière… » me raconte Nicolas Lesaint, responsable du château de Reignac. « Je me suis rendu compte que c’était pas évident de faire de la bière moi-même, on a convaincu Monsieur Vatelot (le propriétaire du château de Reignac) et on a trouvé une brasserie pour faire de la bière au moût de raisin. On nous a aiguillé vers Nathanaël Rogier de Gasconha à Pessac. On s’est bien accordé avec lui, on a goûté des bières qu’on aimait au niveau de l’amertume proche du cépage. On a choisi une blonde désaltérante « pale ale » et on est parti sur le sauvignon gris. Cette cette base-là qu’on allait aromatiser, on a rajouté le moût à hauteur de 10% maxi pour garder la nomenclature bière ».

« Après le souci était de s’organiser et de trouver la bonne semaine, pas facile entre notre activité et celle de brasseur, on a congelé le moût et on l’a amené à brasser pour la première fois en novembre 2018. On en a sorti 3000 bouteilles avec le moût de sauvignon gris, cela a bien marché. Et donc la deuxième année, on est parti sur une bière ambrée, un peu plus torréfiée, avec plus d’amertume, de corps, avec laquelle tu peux manger… Rebelotte, on a congelé le moût de merlot, et en novembre 2019, la 2e Qui l’Eût Cru est arrivée ».

« Au départ on avait pensé à l’appeler P’tite Mousse pour rappeler le Père Noël, « c’est klug ! »mais finalement qui aurait cru qu’ont ferait une bière à Reignac, donc c’est devenu la « Qui l’Eût Cru. » En un an et demi, ça marche bien, on la trouve essentiellement à la propriété, c’est une bonne expérience. »

Bravo à l’équipe de Reignac, c’est une affaire qui mousse.

Pour info, le château de Reignac organise des portes ouvertes le 28 juin prochain.

 

08 Juin

Campagne des primeurs : des baisses de prix saluées par le négoce, des achats sur certaines marques

Lancée il y a 10 jours, la campagne des primeurs s’accélère. De très nombreuses sorties à ce jour, une campagne qui démarre, sera-t-elle bonne ou moyenne ? Eléments de réponse avec les négociants de la place de Bordeaux interrogés ce matin par Côté Châteaux.

La présentation du millésime 2019 au Grand Hôtel Intercontinental par L’Union des Grands Crus vendredi dernier © JPS

PONTET CANET OUVRE LE BAL, LA DANSE PEUT COMMENCER

Le 28 mai dernier, une date à marquer d’une pierre blanche pour Bordeaux. Pontet-Canet « donne le la », il est le premier à sortir son prix d’achat du millésime 2019 en primeurs à 68 HT prix acheteur, soit 31% de baisse par rapport à l’an dernier pour le négoce. Les réactions des négociants ce matin sont unanimes : « c’est un prix fracassé, on ne peut que saluer cette démarche », « le premier a montré la voie de manière exemplaire, un accueil unanime », « Pontet-Canet était une marque compliquée, elle sort au juste prix et ça cartonne », ou encore « c’est une vraie réponse économique, un prix parfaitement adapté qui donne le la, avec en prime 2 énormes notes 98 et 100 sorties 48h après. »

Là c’est pour la partie euphorie, mais les négociants sont malgré tout prudents car rien n’est gagné, la campagne primeurs démarre juste, « cela peut être une très belle campagne comme une moyenne », commente Fabrice Bernard de Millésima et vous allez comprendre pourquoi…

Dégustation du millésime 2019 ce 5 juin à Bordeaux © JPS

LES NEGOCIANTS ONT ENCORE BEAUCOUP DE STOCKS

Le contexte des dernières campagnes est ainsi résumé par Thierry Decré de LD Vins : « globalement les 2014 se vendent à terme, les 2015 ont augmenté leur prix et se vendent correctement, les 2016 ont encore augmenté puis les 2017 n’ont pas baissé, et sur les 2018 on a une baisse mais pas suffisante, ce qui fait qu’on se retrouve avec 3 millésimes plantés avec les taxes américaines et les ventes en baisse en Chine. Là, la propriété semble avoir compris, elle est contrainte à baisser les prix et les affaires se font, notamment quand il y a une baisse de prix au niveau du 2014. Sinon, cela ne se vend pas car il y a déjà trop de stocks. Il faut faire attention car il y a une production de vin aujourd’hui dans le monde entier, et ce n’est pas les 6 marques italiennes vendues par la place qui prennent le marché, c’est la multitude de vins vendue dans le monde entier ».

Thierry Decré, le PDG de LD Vins (janvier 2019) © JPS

Une vraie campagne primeurs c’est une campagne où l’on prend des parts de marché, il faut que cela redevienne une affaire, c’est le prix que réclame le marché pour au final aller sur la table de nos clients, c’est une logique implacable », Thierry Decré LD Vins

BEAUCOUP DE SORTIES EN MEME TEMPS

Pour Georges Haushalter de la Compagnie Médocaine des Grands Crus ce « démarrage est encourageant, il y a du monde et beaucoup de sorties… »

Georges Haushalter en avril 2019 sur la précédente campagne © JPS

C’est une campagne qui démarre alors qu’il y a des gens qui disaient qu’il n’y en aurait pas, là tout se met en place. Il y a des gens à l’achat, mais une avalanche de sorties qui j’espère ne va pas désorienter nos clients » Georges Haushalter Compagnie Médocaine des Grands Crus.

Et de poursuivre : « il y a trop de sorties en même temps, on ne peut pas consacrer à chaque cru l’attention qu’il mérite, c’est un peu précipité, il faut beaucoup de temps au client pour présenter chaque vin, mais c’est positif, il y a un mouvement, une dynamique. »

Les sorties s’accélèrent avec souvent des baisses de 20 à 30%, cela signifie-t-il que certains ont peur de cette campagne qui pourrait être plus ramassée dans le temps ? Même certains 1ers crus classés ont sorti leur prix, alors que généralement ils les sortent en derniers… Lafite Rothschild a ainsi sorti les prix de sa gamme et différentes propriétés avec notamment 475€ son grand vin mythique (que Louis XV et sa cour avaient découvert au XVIIIe et vantaient les mérites). On note aussi les sorties de Cheval Blanc (420 prix HT public), Angélus (266 prix HT), Beychevelle (61,80 HT), la Tour Carnet (23,52) ou encore Branaire-Ducru (32,80 HT) ces dernières heures… »Il y a des baisses de prix intéressantes. Pal mal de vins ont un bon rapport qualité-prix intéressant vue la qualité du millésime » selon Georges Haushalter.

Fabrice Bernard lors des primeurs en avril 2017 © JPS

Le consommateur a bien compris que c’était un grand et bon millésime, il est au rendez-vous et fait ses emplettes en fonction des réductions et des marques » Fabrice Bernard Millésima.

LA BAISSE DE PRIX DOIT ETRE SIGNIFICATIVE, PARFOIS CELA NE SUFFIT PAS

Mais il ne faut pas s’y tromper : « si la baisse n’est pas suffisante, cela ne marchera pas, si la baisse est là, cela cartonne, c’est vraiment une question de prix. Le consommateur n’est pas fou, il a compris que c’était un grand millésime, mais il n’est pas impossible que cela se concentre sur un certain nombre de marques »,complète Fabrice Bernard qui reconnaît avoir revendu déjà « 1/3 des vins » qu’il a acheté en primeurs, « donc c’est pas mal. Tous les marchés achètent même les USA, moins l’Asie pour l’instant, même la France est à l’achat ».

Philippe Tapie de HMS Haut-Médoc Sélection se réjouit : « on arrive à faire des primeurs, quelle machine ce Bordeaux, on arrive à avoir des gens au bout du fil; c’est compliqué, on ne le cache pas, mais tout le monde fait le job, pour la première fois depuis 20 ans nos clients n’ont pas goûté, il nous font confiance malgré tout et nous demandent notre avis, il y a un intérêt ».

Philippe Tapie le PDG de Haut Médoc Sélection devant sa Maison de Négoce à Bordeaux (décembre 2018) © JPS

A situation exceptionnelle, campagne exceptionnelle. C’est une campagne de crise, il faut des prix de crise. »Philippe Tapie de HMS

LES REALISTES MIS EN AVANT

« Il y aura deux divisions dans cette campagne : la première, celle des pragmatiques et des réalistes, et les autres… Dans la majorité, on aura des gens réalistes car cela serait terrible de nous couper de nos marchés. Là on décale tout, on fait tout à l’envers, c’est déconcertant mais le job est fait, on envoie des échantillons, on est vraiment sur un millésime 2019 de qualité. Il faut faire ce qu’il faut pour allumer le feu, entretenir la flamme , pour l’instant on est en phase à quelques exceptions près.

Et de reconnaître: « seules 50-60 marques ne pourraient intéresser le marché, ça c’est la dérive dans laquelle on pourrait basculer. Pour le moment, cela fonctionne, c’est modéré, prudent, on n’est fort heureusement pas au fond du seau. Cela marche pour les rock-stars mais avec des baisses, car si la rock-star ne fait pas d’effort en terme de prix, cela ne pourra pas se faire non plus, cela va être impitoyable. » Philippe Tapie reconnaît qu’on n’est « qu’au début des hostilités, mais dans les 15 jours ce sera fini pour nous, sans doute en fin de semaine prochaine. »

La dégustation de l’UGCB vendredi 5 juin au Grand Hôtel Intercontinental de Bordeaux © JPS

Une campagne de crise, rapide, où il faut être à la manoeuvre comme sur le 2008 avec l’effondrement des marchés financiers. Toutefois, certains crus classés qui ont fait un effort significatif ne décollent pas, l’acheteur final fait souvent payer à cette marque l’historique des précédentes campagnes avec une marque qui a du parfois du mal à se valoriser quelques années plus tard. Certains négociants regrettent la démarche de certains châteaux qui ont baissé significativement le prix sur leurs allocations, mais du moment où il y a un supplément demandé, parfois il y a une hausse, hausse que le négociant ne va pas forcément répercuter sur le client…

Les négociants redeviennent certes optimistes mais restent « très prudent, content d’avoir vendu un peu, mais on ne va pas reprendre des caves aussi grosses », me confiait encore un autre.

06 Juin

Envie d’un break : cap sur la route des vins de Bordeaux en Graves et Sauternes avec le Vinobreak Estival

Si vous cherchez des idées de sorties ou de vacances, ne cherchez plus la Route des Vins vous tend les bras pour découvrir de superbes châteaux de Bordeaux en Graves et Sauternes, avec des nouvelles idées toutes plus originales les unes que les autres.

Voici une belle opération pour vous informer sur des idées de sorties : 43 000 exemplaires de la carte 2020 de la route des vins seront disponibles avec Sud Ouest dimanche sur les secteurs de Bordeaux Métropole, Arcachon et en Sud-Gironde.

Le selfie panorama à la © Tour Blanche

Vous allez être étonné de l’imagination dont font preuve les châteaux pour vous accueillir prochainement et particulièrement cet été. L’idée est de faire un break à moins de 50 kilomètres de Bordeaux…

  • Au château La Tour Blanche, 1er cru classé de Sauternes à Bommes:  profitez d’une vue 360° avec ce spot pour se prendre en selfie au beau milieu des vignes en plein coeur du Sauternais, depuis le point culminant du vignoble sur une plateforme à 3 mètres de haut…

Accrobranche au chateau © Château Lusseau

  • Au château Lusseau, venez faire connaissance avec la Bérue Déglinguée, alias Bérangère Quellien, une vigneronne très impliquée dans l’environnement qui mène son vignoble en bio depuis des années et que Côté Châteaux vous avait présenté dans son numéro spécial femmes du vin. Alors que les parents dégusteront ses vins, les enfants pourront s’exercer à l’accrobranche, une toute nouvelle activité au château.
  • Découvrez les oiseaux de Chantegrive : l’occasion de découvrir sa réserve naturelle au coeur de ce vignoble de Graves la huppe, l’aigrette gazette et autres grives qui ont donné leur nom à la propriété

© Golf Ecolodge

  • Envie d’une nuit atypique ? Pas de souci, avec ces carrelets typiques transformés en 9 chambres d’hôtes par Jacqueline Couerbe, au coeur du golf ecolodge
  • Envie de sorties ou de soirées ? A vos agendas avec la Garden Party du château Lafaurie-Peyraguey le 14 juillet, les apéros dorés avec la Tour Blanche les 24 juillet et 28 août, ou encore ces after works aux châteaux Myrat et à Sigalas-Rabaud 23 juillet, 27 août et 19 septembre.

Brunch © Rayne vigneau

  • le brunch du dimanche au Château Rayne Vigneau, avec spécialités huîtres et fruits de mer du Basssin d’arcachon, et charcuterie et fromages du sud-ouest (05 56 76 61 63 – château@raynevigneau.fr)
  • Un pique-nique panoramique au château d’Arche en plein coeur de Sauternes (05 56 76 67 67 – reservation@chateaudarche-sauternes.com)
  • Les bonnes adresses pour se restaurer avec la Table du Lavoir (Sources de Caudalie 05 57 83 83 83 ) ou le Manège (du château Léognan 05 56 64 14 96)

Pour tout savoir sur les châteaux ouverts avec leurs programmes d’animations et de visites, les restaurants et hébergements qui vont vous accueillir : c’est ici  La Route des Vins en Graves et Sauternes

Du vin dans votre gel hydroalcoolique: la France commence à distiller les excédents de la crise

Les viticulteurs français ont payé un lourd tribut à la Covid-19, en particulier les producteurs de champagne. A partir de vendredi, ils vont commencer à distiller quelque 2 millions d’hectolitres de vins non vendus afin de fabriquer du bioéthanol ou du gel hydroalcoolique.

 Image d’illustration © JPS

« Dès demain, les 33 distillateurs agréés en France pourront collecter du vin et distiller », a déclaré jeudi Didier Josso, le délégué de la filière vins de l’organisme semi-public FranceAgriMer qui gère les marchés agricoles, lors d’une visioconférence de presse.

Le dispositif exceptionnel, permis par Bruxelles et financé sur fonds publics européens, doit s’étendre jusqu’au 15 octobre. Il s’agit en particulier de libérer de la place dans les caves avant les prochaines vendanges.

Confrontés à une crise historique due à la chute de la consommation durant le confinement et à la baisse des exportations notamment vers les Etats-Unis, les professionnels ont estimé les besoins en distillation à trois millions d’hectolitres.

Les fonds débloqués devraient permettre de traiter deux millions d’hectolitres, à raison de 78 euros d’indemnisation pour un hectolitre de vin sous appellation et 58 euros/hl pour un vin sans indication géographique, a indiqué M. Josso.

Chaque viticulteur qui le souhaite a jusqu’au 19 juin pour souscrire le volume qu’il souhaite distiller auprès de son distillateur local. FranceAgriMer indemnisera les distillateurs, ensuite chargés de répercuter les aides sur les producteurs.

Tous les vins de tous les bassins sont potentiellement éligibles, à l’exception des vins sans indication géographique de Bourgogne, Beaujolais, Alsace, Savoie, Jura, Charente et Cognac, qui représentent néanmoins de faibles volumes.

Jeudi, les viticulteurs de la vallée du Rhône ont d’ores et déjà signalé qu’ils ne comptaient pas recourir aux distillations de crise.

« La récolte 2019 était très qualitative, on va pas envoyer du vin à la chaudière ! », s’est exclamé Philippe Pellaton, vice-président de l’organisation professionnelle Inter-Rhône lors d’une conférence de presse à Marseille.

La différence entre les 78 euros d’indemnisation proposés pour un hectolitre de vin sous appellation et des cours moyens « qui vont du simple au double » sur le marché « ne peut pas nous satisfaire », a-t-il ajouté, en se déclarant plus inquiet du gel et de la grêle que des effets de la covid sur les ventes de vin.

L’Italie et l’Espagne, les deux autres grands pays producteurs viticoles avec la France, ont recours à des mesures similaires pour réguler leurs excédents, ainsi qu’à des « vendanges en vert », c’est-à-dire des destructions de grappes immatures sur les ceps, que la France ne subventionne pas.

L’alcool issu de la distillation de crise sera exclusivement réservé à l’industrie, pour la fabrication de bioéthanol, ou pour la pharmacie et les cosmétiques notamment pour la production du gel hydroalcoolique utilisé pour freiner la transmission de l’épidémie, et « en aucun cas à la fabrication de spiritueux », a précisé M. Josso.

CHAMPAGNE ET CIDRE : LES BULLES VICTIMES DE LA COVID

Alors que les ventes de produits de grande consommation ont fait un bond de 8,9% en grande distribution sur les huit semaines du confinement (source IRI), les ventes du rayon « liquide » ont baissé de 3% par rapport à la même période de 2019, selon les statistiques présentées par FranceAgriMer.

Payant le prix de semaines anxiogènes et peu festives, les plus touchés sont les effervescents: du 6 janvier au 26 avril, il s’est vendu en France 36 millions de « cols » (bouteilles), soit 17% de moins qu’en 2019, pour un chiffre d’affaires en recul de 20% à 245,8 millions d’euros.

Le repli des bulles est général pour les champagnes, crémants et pétillants, et même les cidres. Les effervescents étrangers, dont le prosecco italien, ont « mieux résisté » à la crise, note FranceAgrimer.

Le champagne a pris la Covid de plein fouet avec une chute hebdomadaire des ventes allant jusqu’à 64% au creux du confinement, pas du tout compensées par le petit rebond de 3% enregistré la semaine du déconfinement.

Outre les viticulteurs, FranceAgriMer a aussi réuni les cidriculteurs qui demandent également un plan de soutien, d’un montant global de 22 millions d’euros comportant des exonérations de charges, une communication de crise et une distillation de 200.000 hl, ainsi qu’un retrait de 100.000 tonnes de pommes à cidre du marché. « On espère un plan dans les jours qui viennent », a indiqué M. Josso.

Après la région Occitanie qui a annoncé la semaine dernière un plan de soutien de 14 millions d’euros à sa viticulture, le Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence a annoncé jeudi un plan de 1,2 million d’euros pour compenser une baisse d’activité de « l’ordre de 30% ».

AFP

04 Juin

Vignoble bordelais : ras-le-bol de la grêle !

Encore un nouvel épisode de grêle ce jeudi en fin d’après-midi, assez localisé; après l’orage de grêle de lundi en Gironde. Trop c’est trop. Les viticulteurs du Bordelais voient ces épisodes se répéter et il reste plus de 3 mois avant la récolte !

La grêle cet après-midi saisies par © Fabian Goulard

Cette fois-ci l’orage de grêle a touché le sud-Gironde sur les secteurs de St Pierre de Mons et Mazeres. « C’est sans fin cette histoire, pour le moment je n’ai pas énormément d’informations, mais il y a eu en fin d’après-midi un orage qui a tourné en grêle au dessus de Mazères. Il semblerait qu’il y ait des dégâts. »

Pour l’heure, plusieurs vignerons que j’ai joints sont sur le terrain pour évaluer les dégâts. On va en savoir plus dans la soirée.

© Célia Carillo de Wine Ressource, environnée de vignes à Mazères

Loïc Pasquet, même s’il n’est pas touché, situé à 20 kilomètres de là, se sent solidaire et m’avait alerté: « je ne sais pas si on rentrera du raisin à la fin de l’année… » D’après lui les secteurs touchés seraient St Pierre de Mons, Mazères, le sud Gironde, du côté de Langon : « c’est resté sur la rive droite de la Garonne, c’est parti de Blaye et cela a longé la Garonne…et c’est venu décharger après Langon. C’est un truc de dingue. Dans le temps les vignerons disaient tu fais 4 récoltes de bonnes pour une de mauvaise, maintenant cela devient 4 de mauvaises pour une de bonne. » Et on ne parle pas non plus du mildiou sur grappe qui a l’air de s’en donner à coeur joie en ce moment, certains auraient déjà perdu à cause de cette maladie près de la moitié de leur récolte.

On distingue bien sur cette photo de Jean-Baptiste Duquesne les grains touchés par ces petits grêlons

Jean-Baptiste Duquesne du château Cazebonne a publié sur la page Bordeaux Pirate sur Facebook « des vins en dehors des sentiers battus » : « tout le travail d’une année peut être mis à mal par un orage de grêle. C’est ce que l’on craignait le plus cette année ».
« Des grêlons d’un demi centimètre sont tombés sur nos parcelles de Darche, Bouché, Peyron et Peyrous. Difficile de mesurer les dégâts à ce stade. Les feuilles sont abîmées, mais encore là, les grappes ont pris quelques impacts.
Maintenant, il va falloir sauver ce que l’on peut, cicatriser tout cela, dès demain matin, pour éviter que le mildiou nous prenne ce qu’il nous reste de récolte. Ras le bol. »

Décidément, c’est une année à grêle, quelle année de m…On a bien été touché avec des petits grêlons d’un demi-centimètre, mais ça suffit à ce stade à toucher les baies, j’ai un grain sur trois touché » Jean-Baptiste Duquesne.

© Célia Carillo a pu constater le déluge de grêlons à Mazères, il a duré 20 minutes peu avant 16 heures

Joint ce soir, Jean-Baptiste Duquesne a été impacté à Saint-Pierre de Mons sur ses parcelles citées ci-dessus : « j’ai 20, 30, ou 40% de perte…(sur ces parcelles). Cazebonne n’a pas été touché, mais on a aussi des vignes à Mazères et on est touché à Mazères. C’est assez localisé. »

Et de compléter : « après 2018 où on avait pris 100%, on reprend à nouveau. Heureusement la floraison était finie, mais la grappe est extrêmement sensible. Pour les 10% de cabernet-sauvignons pour lesquels la floraison n’était pas encore passée, cela va avorter.

C’est le 4e épisode de grêle cette année, c’est hallucinant » Jean-Baptiste Duquesne

« En plus de cela, il y a le mildiou, il faut être extrêmement vigilant sur les traitements…Je vais être sur le pont dès demain matin, pour essayer de sauver 60%.  »

Les petits pois touchés deviennent vite marron © Fabian Goulard

Un orage de grêle tellement pernicieux : « à première vue, si tu regardes le feuillage, il n’y a rien, les feuilles ne sont pas hachées…mais les grappes sont tellement fragiles, on sort à peine de la fleur, et elles ont tout pris…Les grains petits pois sont impactés… », commente ce vendredi matin Fabian Goulard du château Haut-Peyrous.

La réalité de la récolte ? « On sait ce qu’elle va être, on va maintenant travailler pour produire du bois… », poursuit Fabian Goulard. Depuis l’orage, la plante va se mettre en stress, favoriser le mildiou puis le botrytis, et on est en bio, il va y avoir « du maille », Demain on va passer la journée à faire un traitement de cicatrisation et prévenir les maladies.