21 Juin

Les frères Todeschini offrent un nouveau visage à Mangot

Voilà 10 ans que Karl et Yann Todeschini font un travail de fond à Saint-Etienne-de-Lisse à la propriété familiale, château Mangot. Avec le millésime 2018 qu’ils viennent de mettre en bouteille, ils signent là le nouveau « visage de Mangot » comme ils disent. 2020 sera aussi le premier millésime certifié en agriculture biologique, après 10 ans de pratique bio.

Yann et Karl Todeschini, pour les vendanges 2017, à Mangot © Jean-Pierre Stahl

Quand Mangot dévoile son nouveau visage, on se demande si l’opération s’est bien passée ? Rassurez-vous, même si c’est une transformation en profondeur qui est menée depuis 10 ans par les frères Todeschini, vous y retrouverez vos petits… et leur bonne tête.

Car cela fait des lustres que je les suis, pas autant que cette date où le domaine a été fondé, 1515 (selon les traces écrites retrouvées par un historien, même date que Marignan…), mais tout de même, pas loin de 10 ans.

A Mangot, c’est donc un travail de fond qui est entrepris par les frangins, Karl et Yann, les surdoués de la vigne, ceux qui tutoient le cep tous les matins pour que demain « le goût du lieu » se retrouve dans le verre. Depuis 12 ans, « nous mettons tout en oeuvre pour que nos raisins expriment notre terroir, pour que nos raisins aillent vraiment puiser l’ADN de notre sol » commente Karl Todeschini. Depuis toutes ces années, la volonté affichée a été de rendre les sols plus vivants et d’obtenir un équilibre nutritionnel au niveau du végétal, voilà donc 10 ans qu’ils se sont orientés vers le bio avec une conversion de leur vignoble, 34 hectares, depuis le millésime 2017, et donc leur premier millésime estampillé AB sera le 2020. Après, bon il ne faut pas trop l’ébruiter, mais les Todeschini, en perfectionnistes, sont déjà axés sur la biodynamie et entament également une conversion, mais chut ça il ne faut pas le dire.

Le résultat est à la hauteur de leurs exigences: une recherche de « fraîcheur, d’opulence, d’élégance, de fuit, ce côté dense mais aussi avec de la délicatesse »commente Karl, qui encense aussi le travail réalisé en commun avec Yann, mais aussi Thomas Duclos, notre oenologue, « c’est le travail d’une famille mais aussi d’une équipe, mobilisée presque H24: « on a travaillé hier toute la journée, mais aussi dimanche dernier pour traiter et on n’a pas un pet de mildiou… »

Mise en bouteille en cette fin de semaine du millésime 2018 au © château Mangot

Il y a la patte des vignerons, mais aussi « l’identité du cru, on fait un vin de lieu » sur le terroir argilo-calcaire de Saint-Emilion ici à Saint-Etienne-de-Lisse : « un terroir de taré » partagé avec « Faugères, Fleur Cardinal, il y a là un dynamisme énorme. »

Le nouveau visage, c’est aussi le flacon et l’étiquette, repensés, tant concernant château Mangot que l’autre cuvée signature. La réflexion a été menée durant le confinement. Karl et Yann se sont tournés vers Vincent Pousson pour le travail graphique et l’originalité.  Château MANGOT reprend la gravure authentique de 1897 du Feret, une étiquette presque « intemporelle, épurée, au gout du jour, sans artifice graphique ou de technique d’impression.  Simplement ancrée à l’histoire en s’appuyant sur des objets historiques du château… », commente Yann Todeschini.

Et puis il y a la cuvée qui leur tient à coeur qu’ils ont baptisée « Distique »: «réunion de deux vers de mètre différent, formant un sens complet », alors là je dis à Yann, là on tombe presque dans le « mystique » « oui ou le Todestique », me répond-il : « c’est notre défouloir et tripe artistique », avec Karl. « On essaie de se mettre d’accord , de pousser plus loin une signature, il y a là un côté plus personnel. Sur Saint-Emilion et Mangot, on s’attend à un majorité de merlot, typique d’un grand cru de Saint-Emilion, là sur Distique on a 40% merlot, 40% cabernet France et 20% de cabernet sauvignon. On adore les cabernets et particulièrement le cabernet franc. On veut ici pousser le cabernet franc et notamment en amphore. On ne met pas d’année sur l’étiquette, mais on décompte depuis nos débuts: c’est notre XIIe millésime sur le 2018. Ce sont 6000 bouteilles produites et qu’on va commercialiser après 3, 5 ou 7 ans », quand le vin pourra pleinement s’apprécier.

Nouveau visage aussi, car Karl et Yann sont en train de terminer de concrétiser le passage de relais avec leur père et leur mère: « c’est en cours, une passation pour continuer à perdurer ». Le domaine avait été acheté en 1952 par leur grand-père. « En France, les transmissions familiales sont compliquées, on n’est pas vraiment aidé, et quand on voit le nombre d’investisseurs qui continuent à investir dans le vignoble, ils ont des moyens qu’on n’ pas…Mais on se débrouille par le travail et l’intelligence ». Pour sûr, Karl et Yann, ce sont des bosseurs, des vignerons talentueux et surtout qui ne dorment pas.

19 Juin

Après 3 mois de fermeture, la Cité du Vin est enfin soulagée de pouvoir ouvrir à nouveau

C’était une attente de nombreux visiteurs ce matin: la réouverture de la Cité du Vin, l’emblème de Bordeaux, fermée début mars à cause de l’épidémie de coronavirus. De nombreuses mesures de protection sanitaire ont été prises. La Cité du Vin table sur 150 000 à 200 000 visiteurs pour cette année très particulière.

Philippe Massol, invité du 12/13 sur France Aquitaine © JPS

La Cité du Vin: cela fait plus de 3 mois qu’ils rêvent de la visiter. A 10 heures ce matin, leur rêve est devenu réalité.

« J’ai réservé au mois de février, malheureusement  le covid-19 a tout annulé. Là j’avais réservé 3 jours à Bordeaux et avec une escapade chez Coutanceau à La Rochelle, nous sommes vraiment contents que la Cité du Vin ouvre aujourd’hui », commente Alain Henry de Lamotte-Beuvron (Loir-et-Cher). « Cela fait quelques mois que j’habite ici, j’avais envie de visiter la Cité du Vin, mais avec le covid je n’ai pas pu. Je suis donc venu pour le premier jour de réouverture » ajoute Céline Lefebvre de Biganos.

Pour l’heure, ce sont essentiellement des habitants de la région ou des touristes français qui ont répondu « présent ». Avec, petite nouveauté non négligeable pour les familles, l’entrée gratuite pour les enfants jusqu’à 17 ans.

« Il y a eu cette interruption de 3 mois et c’est l’ouverture qui nous a permis de passer le week-end à Bordeaux », commente Marine Letourneux de Rennes.

Depuis l’accueil et jusqu’au parcours permanent, une sécurité sanitaire et des règles de distanciation sont observées: « cela commence avec le port du masque obligatoire, beaucoup d’informations pour maintenir ces distances d’au moins un mètre entre chacun, pour les personnes qui ne se connaissent pas parce que les tribus peuvent rester ensemble…Dans notre parcours permanent, c’est un film anti-bactérien qui a été mis sur tous les écrans tactiles », précise Philippe Massol, le directeur général de la Cité du Vin

Pour la réouverture, seulement 50 personnes, la moitié des effectifs, ont repris le travail, car la clientèle étrangère fait cruellement défaut, elle représentait 65 % de la fréquentation l’été dernier.

Les premiers signes sont assez rassurants, on a des gens qui viennent d’assez loin et bientôt les frontières avec les pays limitrophes vont être ouvertes et on va pouvoir accueillir de nombreux visiteurs », Sylvie Cazes la président de la Fondation pour la Culture et les Civilisations du Vin.

La Cité du Vin, toujours une prouesse architecturale à admirer signer XTU Anouk Legendre et Nicola Demazières © JPS

La Cité du Vin table sur 150 000 à 200 000 touristes cette année, en 2019 elle avait accueilli 416 000 visiteurs.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Camille Becchetti, Ines Billaut, Thierry Culnaert :

18 Juin

Les châteaux viticoles axés sur l’événementiel redémarrent, doucement mais sûrement…

Durant la crise du coronavirus, certains châteaux viticoles de Bordeaux ont subi un double contre-coup: en plus d’une mévente de vins, ils n’ont pas pu réaliser ces nombreux séminaires, événements d’entreprises et mariages qu’ils font habituellement. Focus sur le château Lafitte à Yvrac et le château de Seguin à Lignan-de-Bordeaux.

Sandrine Moureau et Vincent Bonhur , au coeur de leur grande salle de réception au château Laffite à Yvrac © Jean-Pierre Stahl

A Yvrac, le château Lafitte est l’un des plus importants domaines viticoles axés sur l’événementiel. Vincent Bonhur, le propriétaire, et Sandrine Moureau, chargée de l’événementiel, me présentent leurs salles imposantes dont Floréal-Laguens qui fait 800 m2 et peut accueillir 650 personnes.

Le château Lafitte à Yvrac qui produit les vins château Floreal Laguens en Côtes de Bordeaux et Bordeaux Sup © JPS

Par an, ils organisent ainsi 150 événements, séminaires d’entreprises et mariages (35 à l’année), avec des groupes allant de quelques dizaines à 1300 personnes. Mais avec la crise du covid, c’est comme ils disent presque une année blanche, une couleur qui cadre bien mieux pour les mariages…

C’est vrai que c’est un petit peu triste, on a hâte que les événements reprennent avec un premier événement en juin, un mariage en juillet et ensuite on reprendra vraiment notre activité sur le mois de septembre », Sandrine Moureau chargé de l’événementiel.

Dans l’ensemble des salles ou encore dans la cour du château avec sa fontaine magique, ce sont 25000 repas et cocktails qui sont servis chaque année. Cette année nettement moins; là, les premiers mariages vont repartir à compter du 10 juillet, mais limités en nombre, 100 pour le moment, peut-être plus à partir du 22 juin où le 3e acte du déconfinement sera dévoilé.

Non seulement, ils ont subi un préjudice avec ces locations de salles qui n’ont pas été louées, mais aussi avec une mévente de vins: traditionnellement le château Lafitte vend à travers ces événements 1/3 de sa production (château Floreal Laguens (du nom de l’ancien propriétaire), environ 80 000 bouteilles sur 240 000.

Cela représente en terme de chiffre d’affaire 40%, donc on a énormément travaillé avec nos partenaires, traiteurs, animateurs, tout ce qui gravite autour de l’événementiel pour mettre en place des protocoles sanitaires qui garantissent la sécurité du public »  Vincent Bonhur.

« On vit une période inédite », poursuit Vincent Bonhur. « A priori 2020 devait être une année record aussi pour le tourisme d’affaires à Bordeaux, avec ce qui était programmé… On avait fait un excellent début d’année mais avec e virus qui nous est tombé dessus, tout a été mis à l’arrêt depuis mi-mars et même avant par précaution. Aujourd’hui les choses évoluent au grès des annonces gouvernementales, on a un semblant de reprise à partir de mi-juillet pour les mariages et l’activité professionnelle à partir de septembre…Mais le gros de l’activité repartira au printemps 2021 et sans doute davantage avec l’arrivée du vaccin… »

Stéphane Mottet, devant son château de Seguin à Lignan-de-Bordeaux © JPS

A Lignan-de-Bordeaux, le château de Ségur, 173 hectares de verdure (dont 95 de vignes plantées), affichait lui aussi traditionnellement complet de fin mars à octobre pour l’organisation de mariages. Ceux-ci sont pour beaucoup décalés, voir reportés au printemps 2021…

C’est simple, les mois d’avril et mai on a eu zéro de chiffre d’affaire, alors que ce sont des mois de pleine activité, non seulement en mariages mais en séminaires », Stéphane Mottet château de Seguin.

Ici une 30 aine de mariages étaient initialement programmés, cela a eu aussi un effet sur les chambres d’hôtes que Stéphane Mottet loue

« Notre premier mariage aujourd’hui est fin juillet et ensuite ils s’enchaînent jusqu’à début décembre. On a définitivement perdu notre clientèle étrangère mais pour ce qui est de la clientèle française, on espère que la proximité va jouer que les gens vont découvrir l’Entre-Deux-Mers et le château de Séguin ».

Le vitishow au château de Seguin © JPS

Ces deux châteaux viticoles misent sur l’oenotourisme, comme le château de Seguin, avec son Vitishow (un spectacle en immersion dans un chai de 1920 qui présente un film d’animation bien fichu sur l’évolution du travail à la vigne), ou encore sur de nouveaux contrat avec des événements d’entreprises pour Lafitte-Laguens.

Nul doute que ce mauvais moment n’est que passager et que les événements vont repartir de plus bel avec des propriétaires de châteaux qui ont vraiment la fibre entrepreneuriale.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Camille Becchetti et Inès Cardenas : 

17 Juin

Il y a 80 ans à Bordeaux : les heures décisives du Général de Gaulle avant son départ pour Londres

16-17 juin 1940. En quelques heures, le destin de la France s’est joué à Bordeaux, où le Général, nommé sous-secrétaire d’Etat à La Défense nationale et à la guerre a rencontré le président du conseil démissionnaire, Paul Reynaud, avant de repartir pour Londres d’où il a lancé son appel du 18 juin sur les ondes de la BBC.

1940-2020, on célèbrera demain partout dans l’hexagone les 80 ans de l’Appel du 18 Juin. Mais quelques instants précédents ont été décisifs dans le destin de la France…des moments qui se sont passés à Bordeaux où le gouvernement et de nombreux Français près d’un million 600 000 étaient réfugiés.

L’Hôtel du Quartier Général, rue Vital Carles où le Président du Conseil Paul Reynaud avait son bureau © JPS

12 heures… 12 heures décisives. Le Général de Gaulle, qui avait été nommé quelques jours plus tôt, le 6 juin (date prémonitoire aussi) sous-secrétaire d’Etat à La Défense dans le dernier gouvernement de Paul Reynaud, est revenu à Bordeaux le 16 juin, attérissant à 21H30 à l’aéroport de Mérignac. Le matin même l’ambassadeur de France Charles Corbin et Jean Monnet chef lui avait fait part d’un projet d’union entre la France et l’Angleterre, une sorte de fusion administrative et militaire, pour exclure toute capitulation et poursuivre la guerre. Paul Reynaud était estomaqué par ce plan, Churchill également, ils étaient prêts à le signer, mais c’était sans compter la réprobation du Conseil des Ministres et la démission qui allait suivre dans la foulée de Paul Reynaud.

Au moment où de Gaulle s’envola pour Bordeaux, il ne connaissait pas ces derniers dénouements fâcheux. Il fut alerté à son attérissage et fila aussitôt au 29 de la rue Vital Carles rencontrer Paul Reynaud à l’Hôtel du Quartier Général :

 

Frédéric Béchir, guide conférencier pour l’Office de Tourisme, avec le Commandant Jean-Louis © JPS

« C’est là dans ce bureau que Paul Reynaud confirma au Général de Gaulle qu’effectivement il avait démissionné et qu’il ne serait plus Président du Conseil à partir de minuit », explique le Commandant Jean-Louis assistant du Général commandant la Région Nouvelle-Aquitaine.

Et de poursuivre ses explications sur ce moment : « de Gaulle lui dit : mais écoutez, ce n’est pas possible. On ne peut pas arrêter le combat, on a toujours été partant… Mais Paul Reynaud était las, mais il a quand même écouté de Gaulle, il a eu d’autant une oreille attentive car il a approuvé sa démarche mais surtout il lui a donné les conditions matérielles de pouvoir poursuivre le combat. Et en premier lieu c’était de lui donner de l’argent, 100 000 francs, car jusqu’à minuit il avait la possibilité de prélever sur les fonds secrets, et c’est ce qu’il fit. »

Moins de deux jours après cette rencontre, le général allait effectuer depuis Londres son Appel du 18 juin à la BBC, un appel très peu entendu des Français qui fuyaient alors les Allemands.

« Moi, général De Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique, ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes, ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi ».

La France a perdu une bataille ! Mais la France n’a pas perdu la guerre ! (…) Voilà pourquoi je convie tous les Français, où qu’ils se trouvent, à s’unir à moi dans l’action, le sacrifice et dans l’espérance » Charles de Gaulle 18 juin 1940 BBC.

Ce discours, « il fait écho à un discours radiophonique qui a été enregistré à Bordeaux dans le lycée Montesquieu (par le Maréchal Pétain) et qui demande la cessation des hostilités et l’annonce par la voie des ondes », commente le Commandant Jean-Louis. « En fin politique, de Gaulle reprend le lendemain par la voie des ondes à cet appel de cessation des hostilités et dit non le combat continue ».

L’Hôtel de Normandie d’où est parti le Général de Gaulle avant de s’envoler pour Londres et de prononcer l’Appel du 18 juin © JPS

A Bordeaux, durant ce séjour très court du général, où il est passé ensuite par l’Hôtel Montré pour rencontrer Spears et Campbell ambassadeur du Royaume-Uni, avant de se rendre à l’Hôtel de Normandie où il avait sa chambre. Le lendemain à 7 heures, il quitta le Normandie où son directeur de cabinet lui remit une enveloppe.

« Il est parti avec une enveloppe de 100 000 francs que Paul Reynaud lui avait promis, les clés d’un appartement à Londres (dans le quartier Mayfair) et des passeports pour sa famille » (pour leur permettre de quitter la France et de le rejoindre à Londres), commente Frédéric Béchir guide conférencier qui effectue actuellement avec l’Office du Tourisme de Bordeaux des visites « Sur les pas du Général de Gaulle », les 18, 20 et 21 juin (toutes déjà complètes ! Visites à reprogrammer donc…)

FFI à la libération à Bordeaux

La suite, on la connaît: 4 ans de lutte acharnée avec la Bataille d’Angleterre, les batailles en Afrique du Nord, la libération de l’Italie, de la Corse, et les débarquements de Normandie et de Provence. Bordeaux fut libérée le 28 août 1944. Jacques Chaban Delmas prépara le retour triomphal du Général de Gaulle le 17 septembre suivant où il fut acclamé par la foule :

Quatre ans et quelques mois plus tard, il retrouvait Bordeaux: des mauvais souvenirs mais aussi un contexte de fête et de célébration de la libération… « , Frédéric Béchir guide conférencier.

 « Jacques Chaban Delmas était passé le 6 septembre avant lui en tant que délégué militaire national pour remettre de l’ordre dans la ville où il y avait beaucoup de résistants, de maquisards, de franc-tireurs et d’espagnols, la tension était palpable avec tous ces hommes armés; Chaban a envoyé une partie dans le Médoc pour se battre dans la poche du Verdon, et ses hommes à lui ont été choisis pour tenir la ville. »

La statue de Jacques Chaban-Delmas place Peu-Berland à Bordeaux © JPS

Lors des journées du patrimoine les 19 et 20 septembre prochains, le public pourra visiter l’Hôtel du Quartier Général, un moment exceptionnel puisque finalement c’est dans cet immeuble que de Gaulle a choisi de poursuivre le combat…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sébastien Delalot, Charles Rabréaud et Vincent Issenhuth: 

16 Juin

Le Cap, en Afrique du Sud: 11e ville à rallier le Réseau des Capitales de Grands Vignobles

Et de 11. Mais où s’arrêteront-ils ? Il faut dire que de nombreuses villes de par le monde incarnent comme Bordeaux une région de production viticole. Les vins d’Afrique du Sud sont depuis des années réputés et il n’était pas idiot de les accueillir au sein de ce réseau créé par la CCI de Bordeaux et dont on a fêté les 20 ans l’an dernier à Bordeaux.

© Great Wine Capitals – Bloubergstrand

Adelaïde (Australie), Bilbao (Espagne), Bordeaux (France), Lausanne (Suisse), Le Cap (Afrique du Sud), Mayence (Allemagne), Mendoza (Argentine), Porto (Portugal), San Francisco/Napa Valley (Etats-Unis), Valparaíso (Chili) et Vérone (Italie), voici les 11 villes qui font partie de ce réseau formidable, qui incarne les plus grandes régions productrices de vin au monde.

Le Cap, Cape Town, surnommée la cité-mère, c’est la deuxième ville d’Afrique du Sud, au pied de la Montagne de la Table, une des sept nouvelles merveilles de la nature. Dans cette province qui aujourd’hui compte 4 millions d’habitants, on sait faire du vin et ce  depuis près de quatre siècles avec un premier millésime pressé en 1659 dans la Baie de la Table par Jan van Riebeeck.

Je me réjouis, je suis trop contente », commente ce matin Catherine Leparmentier de la CCI de Bordeaux, directrice du Réseau des Great Wine Capitals. « Cela fait patie de leur mesure de rebooster l’économie après le covid »:

On a besoin de cela pour revenir de manière plus forte en terme de développement d’image sur la scène internationale et au niveau de l’oenotourisme, m’ont-ils dit » Catherine Leparmentier de la CCI de Bordeaux

Cette région viticole bénéficie d’un climat méditerranéen, et du fait de cette influence, elle produit des vins rouges et blancs de haute volée. Les vins mousseux ne sont pas en reste et explosent.La plupart des 24 districts viticoles sont accessibles depuis Le Cap en 20 minutes pour les plus proches (Constantia) et en moins de 2 heures pour les plus éloignés (Robertson).

Pour Jacques Faurens, président du Réseau Great Wine Capitals : « Je suis très heureux de souhaiter la bienvenue à la belle ville du Cap et aux régions viticoles du Cap-Occidental de l’Afrique du Sud. L’histoire, le vin et le tourisme y sont de classe mondiale. Nous bénéficierons tous du partage des connaissances et savoir-faire qui résultera de cette intégration.

Le continent africain est ainsi superbement représenté avec cette adhésion qui renforce la légitimité et le prestige de notre Réseau. Dans le contexte très particulier de crise que nous traversons en ce moment, c’est une nouvelle très positive à partager avec le monde entier ! » Jacques Faurens

« Notre province produit des vins parmi les meilleurs au monde, et nous nous félicitons de ces nouvelles relations qui nous aideront à accroître la notoriété de notre production à l’international », ont commenté David Maynier, Ministre des Finances et des Opportunités économiques et Tim Harris, PDG de Wesgro, l’agence de développement du commerce et du tourisme de la région. Quand le tourisme reprendra, les visiteurs pourront profiter d’une expérience oenotouristique unique au Cap-Occidental. Nous sommes impatients d’être reconnus comme l’une des meilleures et incontournables destinations viticoles de la planète ! »

15 Juin

Les stocks s’accumulent dans le vignoble bordelais

Dans le vignoble bordelais, les stocks s’accumulent: jusqu’à 23 mois contre un an et demi d’habitude. Dans un contexte de crise qui n’en finit plus, exonération de charges, distillation, voire arrachage de vignes, tout est sur la table face à une situation « qui ne s’était pas vue depuis dix ans », selon la profession.

Les vins de Bordeaux en grande distribution – image d’illustration © JPS

Jérôme Eymas, viticulteur des appellations Blaye et Côtes-de-Bordeaux, a décidé de vendre une partie de ses vins en cuves, « les moins bonnes », pour la distillation, dit-il à l’AFP. « C’est un moindre mal, c’est mieux que zéro et ça permet de faire de la place pour les vendanges dans deux mois et demi », ajoute le viticulteur.

Et c’est partout pareil car avec une production moyenne de 5 millions d’hectolitres par an, le plus gros vignoble français n’a vendu que 4 millions l’année dernière.

Ainsi dans l’Entre-deux-Mers, « pratiquement tous les viticulteurs vont distiller. Il y en a qui n’ont rien vendu cette année », affirme Bernard Douence des distilleries Douence.

Chez les distillateurs, « c’est un peu l’affolement. On a beaucoup de contrats qui arrivent, avec des volumes assez importants », ajoute-t-il.

La chute de la consommation durant le confinement, avec la fermeture des bars et restaurants pour cause de coronavirus, n’a fait qu’accentuer une situation déjà tendue depuis deux ans.

Les ventes en Chine, premier marché à l’export, s’effondrent, le marché britannique est en berne avec le Brexit, tout comme Hong Kong qui connaît un crise sociale
depuis de nombreux mois.

A cela s’ajoute la baisse des exportations vers les États-Unis liée aux taxes imposées sur les vins non pétillants, victimes d’un contentieux UE-USA au sujet
de l’aéronautique, et un marché français en désamour avec Bordeaux, en particulier la grande distribution qui ne fait plus recette (-9% en un an).

CONTRAINTS DE BAISSER LES PRIX

L’État a débloqué au niveau national des fonds pour la distillation, mais ils sont prévus pour deux millions d’hectolitres alors que la profession estime les besoins à trois millions.

Quant à l’aide au stockage et l’exonération de charges, également annoncées fin mai par le gouvernement, les modalités n’en sont pas connues. Même le mot tabou d’arrachage a été prononcé, le président de la région Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset (PS) confiant au journal Sud Ouest que l’idée était « sur la table ». Côté Etat, aucun budget ne permet pour l’instant de le financer.

En recherche de trésorerie, les viticulteurs bordelais se voient aussi contraints de baisser les prix pour payer leurs charges et ne trouvent pas toujours preneurs, même à 680 euros le tonneau. « Le cours moyen du tonneau est à 950 euros. A 680 euros, ce n’est pas rentable, on appauvrit la viticulture », tempète le vice-président des négociants bordelais, Georges Haushalter, qui a « déjà connu ça avec la crise de 2008 ».

Pour lui, les mesures prises par le gouvernement sont conjoncturelles, sans plan de relance comme cela a été fait pour l’automobile ou l’aéronautique, et elles sont financées pour moitié par le budget de FranceAgriMer (80 millions d’euros) qui aurait pu être consacré à d’autres aides.

« Si on vide des cuves en distillation, c’est stupide de les remplir de nouveau dans trois mois sans plan de relance », dénonce le responsable également vice-président du conseil spécialisé vins de FranceAgriMer. « Le but, c’est d’agir pour relancer la demande rapidement avec la promotion des vins, l’abaissement de la TVA »…, conclut-il, accueillant favorablement l’élaboration en cours d’un plan de la région Nouvelle-Aquitaine pour les aider ces trois prochaines années.

AFP

14 Juin

La vente aux enchères solidaire des vins de Bordeaux au profit des soignants est en ligne

Plus de 600 lots de vins et de visites ou expériences oenotouristiques dans les domaines de Bordeaux sont mis aux enchères au profit des CHU de Bordeaux et du centre hospitalier de Libourne, qui sont depuis février-mars en 1ère ligne dans la lute contre l’épidémie de coronavirus. Une vente aux enchères qui se clôturera le 21 juin.

Cela a été une belle mobilisation de propriétaires de châteaux, de négociants, des caves coopératives et des acteurs de l’oenotourisme. Durant un mois, ils ont proposé quelques 400 lots de vins et 180 séjours dans des domaines ou châteaux viticoles, ainsi que des activités oenotouristiques, soit au total 609 lots donnés pour être vendus lors de cette vente caritative.

Parmi les lots des caisses de vins dans toutes les couleurs de Bordeaux et à tous les prix, des nuits en chambres d’hôtes, des ateliers de dégustation, des visites exclusives et atypiques, et dîners aux restaurants de châteaux.

La vente aux enchères est déjà mise en ligne ici, elle se terminera le 21 juin à minuit. Cette initiative est partie de la filière des vins de Bordeaux, elle a obtenu les concours et soutien de la Maison de vente aux enchères Briscadieu Bordeaux, de l’Office de Tourisme de Bordeaux Métropole et de WS Logistics- Groupe Balguerie.

Les profits de cette vente iront exclusivement début juillet aux CHU de Bordeaux et CH de Libourne, qui ont été et sont toujours en lutte contre le Covid-19, pour l’achat de matériels et améliorer les conditions de travail du personnel soignants.

PAR ICI LA VENTE AUX ENCHERES

12 Juin

Bordeaux : une forte attaque de mildiou amplifiée par les pluies à répétition

 Le vigneron ne sait plus où donner de la tête. Dans chaque rang, le mildiou pointe le bout de son nez partout à Bordeaux. D’autres régions viticoles sont aussi atteintes. Des pertes estimées de 10 à 100% de la récolte 2020. Reportage à Montagne chez deux vignerons attaqués, l’un en conventionnel, l’autre en bio.

Des grappes atteintes par le mildiou à gauche et une grappe saine à droite

En janvier 2020, les vignerons se souhaitaient la bonne année: « 2020, l’année du vin ». En ce mois de juin, ils en plaisantent eux-mêmes : « 2020, l’année du rien… »

Bruno Marchand du château Haut-Bonneau, 25 hectares en Montagne-Saint-Emilion (vignoble conventionnel) et Pierre Taïx du château Gadet-Plaisance, 10 hectares en bio, également à Montagne, sont tous deux attaqués par ce satané mildiou, maladie provoquée par des microorganismes oomycètes, entre le champignon et l’algue brune…

Un mildiou de plus en plus vicieux, dans le temps on le trouvait sur feuilles, désormais on voit beaucoup de mildiou sur grappes, autant dire ces grappes attaquées vont toutes avorter… Du coup, les vignerons redoutent de perdre une bonne partie de récolte, pour quelques-uns il n’y en aura pas cette année.

« C’est vrai qu’il a tendance à être beaucoup plus présent sur grappes, le mildiou a muté génétiquement, on voit qu’il est devenu plus résistant à beaucoup de produits… Pas tellement dans la culture biologique car finalement il n’est pas devenu résistant au cuivre, mais on s’aperçoit qu’il est extrêmement virulent sur grappe… », témoigne Pierre Taïx.

C’est très inquiétant, on est début juin et le mildiou reste potentiellement actif et capable de détruire une récolte, au moins jusqu’à la véraison. » Pierre Taïx du château Gadet-Plaisance

La grêle du 17 avril dernier et le week-end de fortes pluies 3 semaines plus tard avec 60 millimètres d’eau tombés  en un jour ont eu pour conséquences des attaques de mildiou 10 à 15 jours plus tard. Hier encore il est tombé 25 millimètres de pluie ! De quoi « lessiver » les protections de la vigne et en climat océanique, cela ne pardonne pas.

On est confronté effectivement à des contaminations de mildiou quasi permanentes…avec des dégâts allant de 10-15% à parfois 100% et la destuction de la récolte complète chez certains viticulteurs », Bruno Marchand président du syndicat de Montagne-Saint-Emilion.

Bruno Marchand du château Haut-Bonneau et Pierre Taïx de Gadet-Plaisance © JPS

C’est vrai que les vignerons que nous sommes, nous nous posons beaucoup de questions sur nos parcours techniques, que ce soit des parcours techniques en viticulture conventionnelle ou en agriculture biologique, ou même biodynamique, aujourd’hui tout le monde est confronté à ce problème dramatique de mildiou, » commente encore Bruno Marchand.

Les produits qu’ils utilisent auraient-ils perdu en efficacité ? Certains se posent des questions, certains voidraient même attaquer les firmes…Depuis l’abandon de certains produits phytosanitaires les plus dangereux, cela pourrait être une explication, mais pas forcément. En conventionnel comme en bio, tous sont confrontés au même problème. Bruno Marchand en est lui à 7 ou 8 traitements, Pierre Taîx en bio effectuait ce matin son 11e traitement.

« En bio, on est quand même limité par la quantité de cuivre à l’hectare, la norme maintenant c’est 4 kilos à l’hectare par an (au lieu de 6), donc il faut passer souvent avec des quantités relativement faibles, quasiment homéopathiques…Parfois cela ne suffit pas »  Pierre Taïx du château Gadet-Plaisance

Et de compléter : « si on anticipe mal les précipitations à venir, si on n’a pas été assez vigilant ou si les pulvérisateurs étaient mal réglés, on a vite des pertes importantes de récolte. » En 2018, ce vigneron en bio a perdu près de la moitié de ses récoltes sur ses 4 châteaux (Fongaban en Castillon, Rigaud (Puisseguin), la Mauriane et Gadet-Plaisance (Montagne St Emilion): 2050 hectolitres en 2018 contre 4050 en 2019… Pour Bruno Marchand, ce fut une perte de 15% : « Le mildiou détruit les parties vertes de la vigne, mais n’impacte aucunement la qualité de raisins et du vin vinifié…On a quand même pu avec des tries importantes avoir une belle qualité de raisin ».

Sur l’appellation Montagne-Saint-Emilion, nous avions des rendements de l’ordre de 38 hectolitres à l’hectare, quand en année normale on approche plutôt 48 à 50 hectos à l’hectare » Bruno Marchand.

Malheureusement la météo de la semaine à venir n’est pas vraiment favorable, des pluies et de l’humidité sont encore à redouter.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Philippe Turpaud et Boris Chague : 

10 Juin

Bordeaux : 3e épisode de grêle en 10 jours et ce n’est pas fini…

Les orages et la grêle n’en finissent plus… A Bordeaux, la saison semble bouleversée. Des épisodes à répétition qui touchent les vignerons, très souvent de manière localisée, mais avec une intensité impressionnante. Dernier épisode en date ce mardi après-midi, avec quelques endroits touchés en Gironde.

Les impacts de grêle sur les baies de raisin à Ladaux en Gironde © Jonathan Ducourt

1er juin, 4 juin et 9 juin. Trois épisodes, allez on va dire tous les 3 jours… Heu, ça commence à faire. Il semble que la saison des orages cette année est bel et bien avancée, elle a déjà causé d’énormes dégâts, notamment le 17 avril dernier. Il faut dire que l’été s’était invité très tôt à Bordeaux.

Hier après-midi, ce sont les vignobles Ducourt qui ont été touchés à Ladaux en Gironde:« il a grêlé en face de notre bureau, un orage violent, assez impressionnant » témoigne ce matin Jonathan Ducourt; « ce ne sont pas de gros grêlons, mais cela a percé les feuilles et les raisins sortis des rangs; ceux qui étaient sous les feuilles ont été moins touchés ».

« Là on a fait un tour des parcelles, mais les dégâts sont difficiles à estimer, ce n’est pas comme les années où il n’y a plus rien sur la vigne, là on voit juste des impacts sur certaines feuilles. Après, il faut voir, s’il pleut pendant 15 jours cela va pourrir, ou voir si cela va tomber, la saison est compliquée…Cela a touché Ladaux, Cantois, mais à 500 mètres en bas chez ma grand-mère, il n’y a rien ».

« Là, on a 15 jours d’orages, au final on verra bien à la fin…une fois que ce sera passé. Mais avec en plus la pression mildiou, et la pression commerciale, c’est une année tendue. »

« C’était un bel orage de grêle, tombé vers 14h, très puissant, qui n’a pas duré très longtemps, c’était de jolis petits grêlons qu’on voyait tomber sur le gazon, mais un spectacle moins sympathique sur la vigne car 5 hectares sur 20 ont été grêlés, côté nord… » commente à son tour Nathalie Ducourneau du château Vincent, en Bordeaux Sup. « Toutes les grappes ont été touchées, avec une moyenne de 10 impacts par grappe. C’était vraiment un couloir qui n’a pas touché tous les vignerons, mais ciblé sur le centre du village de Saint-Vincent de Paul…alors qu’on n’est pas trop sujet à cela sur la presqu’île d’Ambes. 

Ces petits grêlons semblent plus préoccupants que de gros selon Nathalie Ducourneau: « cela massacre un peu plus la vigne, cela hache; il va y avoir un stress, les grains ne vont pas gonfler, j’espère que cela ne va pas pourrir le reste de la grappe…On est passé de 6 millimètres de pluie avant l’averse à 22 après avec un bel arrosage » Et de philosopher : « c’est notre métier qui veut cela mais cela fait un peu râler… »

Joint ce matin également, Damien Landouar me confirme avoir été touché, pas au niveau de château Gaby, mais sur une autre propriété : « hier, on a eu un petit peu de grêlons au niveau de Saint-Aubin-de-Branne sur la propriété Auguste… Il est tombé 25 millimètres en 15-20 minutes, c’est tombé très fort. On a vu le nuage arriver, c’était chargé en plein milieu, on s’est douté que quelque chose de pas sympathique… »

« On a 7 hectares de touchés sur les 30 de la propriété, c’est sur le devant de la propriété à l’entrée du village : 25% des grappes sont touchées. A Fronsac, on a pris pas mal d’eau, 15 millimètres, ce n’est pas formidable avec la pression de mildiou, on est sur le qui-vive. Montagne, Lussac, St-Emilion, il y a quelques propriétés très sensibles au mildiou, c’est une année compliquée, il flotte, il fait chaud, on a des difficultés à passer avec les tracteurs…C’est une année de vigneron, pas facile. »

Une fois de plus les aléas climatiques se sont rappelés à quelques vignerons, bizarrement, cela tourne, pas forcément les mêmes endroits touchés cette année. On souhaite à tous bon courage et on croise les doigts pour la suite. En début de semaine prochaine, d’autres orages pourraient arriver.

09 Juin

L’image du jour : quand Reignac se met à faire de la bière, « qui l’eût cru » ?

C’est une affaire qui mousse du côté de Saint-Loubès… Le château de Reignac qui ne manque pas d’imagination a lancé des bières artisanales à partir de mout de merlot et de sauvignon. Etonnant au pays du vin, bravo pour cette idée très vin…solite.

L’équipe du château de Reignac avec Nicolas Lesaint à gauche et Marion Béchu au fond à droite © château de Reignac

Quand on me met la pression, je réponds « mousse, mousse, mousse… » Ce n’est pas à un Lorrain où l’Amos ou la Champigneulles coulait à flot qu’on l’a fait…Des bières, il en a vues (et bues…avec modération) du temps de son service militaire à Landau, le berceau de l’Allemagne, servant au « Second de Personne », le 2e Régiment d’Artillerie.

Alors quand on balance la grosse artillerie, digne de la grosse Berta, et qu’on me dit : « bien sûr, oui à Reignac on fait de la bière, cela fait même deux ans, tu savais pas ? » Là, la pression monte, la moutarde me monte au nez, et je dis que je suis comme Saint-Thomas, je demande à voir…

Et voilà-t-y pas que Reignyx et sa bande de vignerons me donne la preuve sur Facebook par l’image, « le poids des mots », non « le choc des photos »: oui ce midi à l’heure de l’apéro, ils ont fait péter leur fameuse « Qui l’Eût Cru », et là oui, j’y crois.

 « Cela ferait 4-5 ans que ma collègue Marion me disait : on fait de la bière, on fait de la bière… » me raconte Nicolas Lesaint, responsable du château de Reignac. « Je me suis rendu compte que c’était pas évident de faire de la bière moi-même, on a convaincu Monsieur Vatelot (le propriétaire du château de Reignac) et on a trouvé une brasserie pour faire de la bière au moût de raisin. On nous a aiguillé vers Nathanaël Rogier de Gasconha à Pessac. On s’est bien accordé avec lui, on a goûté des bières qu’on aimait au niveau de l’amertume proche du cépage. On a choisi une blonde désaltérante « pale ale » et on est parti sur le sauvignon gris. Cette cette base-là qu’on allait aromatiser, on a rajouté le moût à hauteur de 10% maxi pour garder la nomenclature bière ».

« Après le souci était de s’organiser et de trouver la bonne semaine, pas facile entre notre activité et celle de brasseur, on a congelé le moût et on l’a amené à brasser pour la première fois en novembre 2018. On en a sorti 3000 bouteilles avec le moût de sauvignon gris, cela a bien marché. Et donc la deuxième année, on est parti sur une bière ambrée, un peu plus torréfiée, avec plus d’amertume, de corps, avec laquelle tu peux manger… Rebelotte, on a congelé le moût de merlot, et en novembre 2019, la 2e Qui l’Eût Cru est arrivée ».

« Au départ on avait pensé à l’appeler P’tite Mousse pour rappeler le Père Noël, « c’est klug ! »mais finalement qui aurait cru qu’ont ferait une bière à Reignac, donc c’est devenu la « Qui l’Eût Cru. » En un an et demi, ça marche bien, on la trouve essentiellement à la propriété, c’est une bonne expérience. »

Bravo à l’équipe de Reignac, c’est une affaire qui mousse.

Pour info, le château de Reignac organise des portes ouvertes le 28 juin prochain.