01 Mar

L’image du jour, les Vins de Bordeaux saluent le départ du maire de Bordeaux : « c’est Alain Juppé qui a fait de la marque Bordeaux, une marque  forte »

 Ce soir à la Cité du Vin, la filière des Vins de Bordeaux voulait marquer le coup: remercier Alain Juppé et dire un dernier « au revoir » au maire de Bordeaux. Alain Juppé a remis ce jour sa démission du poste de maire, avant de de faire son entrée le 11 mars prochain au Conseil Constitutionnel. Alain Juppé a été un réel ambassadeur du vin de Bordeaux, créant notamment la Fête du Vin en 1998 et la Cité du Vin en 2016. Un moment d’émotion partagé avec les acteurs de la filière, CIVB et Fondation pour la Culture et les Civilisations du Vin.

Allan Sichel et Alain Juppé pour un moment de remerciements échangés © Civb

Allan Sichel, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, a d’abord tenu à rappeler qu’ « Alain Juppé a toujours eu une oreille bienveillante et attentive pour la filière viticole. Il a su, dès son arrivée, se rapprocher du négoce, des propriétés et des manifestations. Par ailleurs il a su comprendre filière, son fonctionnement, et les hommes et les femmes qui la font vivre. »

BORDEAUX, UNE RENOMMEE MONDIALE

Alain Juppé a donné à la ville « une renommée mondiale », tirant profit de ses deux passages au Ministère des Affaires Etrangères, de son poste de Premier Ministre, et de cette « sensibilité très forte à l’international », « et si nous bénéficions aujourd’hui de l’image et de la dynamique « Bordeaux la ville, Bordeaux le vin, » c’est grâce à Alain Juppé, c’est lui qui a rendu ces deux entités indissociables. »

Et le boss de la Maison Sichel de poursuivre : « c’est Alain Juppé qui a fait de la marque Bordeaux, une marque  forte, qu’il a valorisé au fil des années. » C’est clair que le placement Juppé était presque mieux qu’un placement en bourse, rajouterait Côté Châteaux, tant au niveau immobilier, qu’avec l’envolée en 20 ans des prix des vins de Bordeaux.

Et Allan Sichel de rappeler: « la transformation profonde de la ville initiée par Alain Juppé, avec ce vaste projet urbain qui a révélé la beauté et la modernité de notre ville.  Il nous a permis de ne plus tourner le dos à notre fleuve, de réunir les deux rives et de redécouvrir nos quais, avec notamment la façade historique du quai des chartrons intimement liée au monde du vin. »

BORDEAUX ET SA FETE DU VIN

« C’est Alain Juppé qui a eu l’idée de la Fête du Vin, il y a 20 ans, pour mettre le vin à l’honneur, et donner l’occasion aux vignerons, au contact d’un public enthousiaste, de mettre en valeur leur production et leur savoir-faire. » Un modèle qu’il a fait en sorte aussi de reproduire avec la copie de cette fête à l’étranger, en commençant par Hong-Kong, Québec, Bruxelles puis Liverpool.

BORDEAUX ET SA CITE DU VIN

« C’est Alain Juppé qui a aussi eu l’idée de la Cité du Vin, qui a ouvert ses portes en juin 2016. Il a su passer votre les réticences de certains, y compris au sein même de notre filière, puisque la Cité du Vin n’avait pas vocation à ne parler que des vins de Bordeaux. Mais aujourd’hui tout le monde salue le résultat, on parle des vins de Bordeaux et du monde et c’est comme cela que Bordeaux mérite le titre de « Capitale Mondiale du Vin », concluait Allan Sichel.

Et voici donc notre Sage de Bordeaux qui s’en va rejoindre d’autres sages du Conseil Constitutionnel. Un conseil, Mr Juppé ? Emmenez-leur quelques bouteilles de Bordeaux, histoire de continuer la promotion parisienne de ce nectar…

Côté Châteaux, qui ne dort pas, vous avait permis, en avant première, de vous rendre compte du legs d’Alain Juppé dans le précédent article le 19 février dernier, avec les réactions d’Allan Sichel, d’Olivier Bernard, de Stéphan Delaux et Sylvie Cazes, à retrouver ci-dessous.

Lire ou relire l’article :

Le legs d’Alain Juppé dans le monde du vin à Bordeaux : « très important, durable et structurant »

22 Fév

Le château de Pitray : un joyau néo-gothique en Castillon Côtes de Bordeaux

C’est un château qui surplombe les Côtes de Castillon, l’un des fleurons de l’appellation. L’étendard de la famille de Jean de Boigne y flotte. Une famille d’hommes illustres qui a écrit quelques pages d’histoire et de ce château en terre de Castillon.

Jean de Boigne espère transmettre à son tour les clés de Pitray plus tard à ses enfants © JPS

C’est le Comte Jean de Boigne qui m’invite à découvrir ce magnifique château à Gardegan-et-Tourtirac en Gironde : le château de Pitray, 600 ans d’histoire. Les origines de cette propriété viticole remontent à Jean de Las Symas dit Simard qui acheta une parcelle de vigne à son voisin de Saint-Emilion en 1466.

La construction du château féodal devait débuter au XVe siècle, un château qui a été détruit en 1860 puis reconstruit fin du XIXe au même emplacement pour lui donner la forme actuelle.

« Le château de Pitray est une propriété familiale depuis plus de 600 ans, je suis la 26e génération », commente Jean de Boigne. Vous pouvez voir dans cette pièce au mur des têtes de lions et les armoiries de la famille dont le nom complet est Simard de Pitray. »

Poussant la porte, dans le prolongement « là nous sommes dans la grande salle-à-manger…et vous pouvez voir ce bibelot au mur qui est la poupe d’un navire de guerre français qui s’appelait le Suffren (avec cette inscription « Dieu y Pourvoira »). « Suffren était un de mes ancêtres ». Le bailli Pierre-André de Suffren est l’un des plus fameux amiraux de l’histoire de France, reconnu pour sa bravoure, son instinct et son talent. Napoléon a d’ailleurs regretté de ne pas avoir eu un tel amiral dans sa marine pour contrer Nelson…« Le bailli de Suffren était un des amiraux de Lafayette qui est parti à la fin du XVIIIe siècle pour aider les Américains pour leur indépendance… »

Dans le vestibule, entrée principale du château trône fièrement le portrait du général Benoît de Boigne, commandant en chef de l’Armée des Mahrattes : « 6 générations au dessus de moi, un mercenaire qui est parti en Inde au XVIIIe siècle et qui pour un Prince Indien, le Maharadja Scindia a conquis tout le nord de l’Inde… », poursuit Jean de Boigne.

Dans le grand salon « voici un portrait du général de Boigne qui a fait construire le château actuel de Pitray, il a détruit le manoir en 1860 pour faire reconstruire dans le style Viollet-le-Duc le château actuel par l’architecte bordelais Blaquière, c’était pour lui une espère de stature pour montrer qu’il avait bien réussi. »

Dans les étages, le passage obligé par la tour pour admirer le magnifique travail des compagnons qui ont refait toute la toiture du château en 2016… « bienvenue sur un des points culminants de la Gironde… Je me souviens encore de mon grand-père qui disait oh la la il faut refaire le toit, et puis j’ai entendu mes parents dire oh la la il faut refaire le toit, j’ai donc refait ce toit, un peu grâce à la grêle de 2013, parce qu’une partie de l’assurance a payé la toiture, mais la plus grosse partie a été auto-fiancée par la vente de vin. Prêt pour recevoir la 27, 28 et éventuellement 29e génération de Pitray. »

Et Jean de Boigne est tout aussi fier de me dévoiler son chai à barrique et notamment sa fameuses cuvée : « voici les barriques dans lesquelles nous vinifions la Cuvée Madame , mon haut-de-gamme, en fait c’est une cuvée qui est composée exclusivement de raisins provenant de très vieilles vignes, la plus pure expression de mon terroir..Ce sont des vins assez concentrés, veloutés en même temps, et j’essaie de garder beaucoup de fruits pour exprimer la qualité du terroir ici qui est argilo-calcaire ».

Le château de Pitray produit selon les années entre 350000 et 400000 bouteilles, il possède 60 hectares, avec aussi les vignes qu’il a repris en fermage de son oncle, celles du château Castegens.

Le Comte Jean de Boigne, une rencontre passionnante au château de Pitray © NoA

« Tout est mis en bouteille à la propriété, cela part vers le négoce bordelais qui le distribue un peu partout et puis je vends un peu en direct par exemple en Angleterre, aux Etats-Unis, en Chine pas mal et je vends aussi en France en restauration et chez les cavistes. »

Voilà un grand vin de Castillon à découvrir et pour les amoureux d’histoire et de vieilles pierres, la possibilité de séjourner au château de Pitray qui fait aussi chambres d’hôtes, comme la comtesse de Ségur qui s’est inspirée du château de Pitray pour plusieurs de ses romans, venez vous ressourcer et chercher l’inspiration.

Regardez le reportage sur Pitray signé Jean-Pierre Stahl (à 11’40) dans l’émission Côté Châteaux N°4 sur Castillon réalisée avec Sébastien Delalot : 

11 Jan

Guillaume Deglise : un nouveau challenge pour l’ancien directeur de Vinexpo, à la tête de la Maison Albert Bichot

C’est un nouveau départ. Un rebond pour l’ancien directeur général de Vinexpo. Guillaume Deglise prend la direction générale de la Maison Albert Bichot à Beaune.

© Guillaume Deglise, le nouveau DG de la Maison Albert Bichot

Guillaume Deglise a retrouvé une nouvelle chapelle : la maison Albert Bichot, une grande maison de Bourgogne, familiale fondée en 1831. Albert Bichot, ce sont 105 hectares de vignes, réparties sur 6 domaines dans les plus belles appellations de Bourgogne, mais également une expertise en tant que négociant-vivificateur et éleveur. Guillaume Deglise succède ainsi à Benoit de Charrette, qui dirigeait cette Maison depuis 27 ans, aux côtés d’Albéric Bichot président du Directoire.

C’est une chance d’intégrer la Maison Albert Bichot, au moment où l’entreprise connaît une croissance dynamique de ses activités opérationnelles et commerciales. Je suis impatient de relever de nouveaux défis aux côtés des équipes de la Maison », Guillaume Deglise.

Originaire de Lorraine, Guillaume Deglise revient sur des terres bourguignonnes qui ne lui sont pas étrangères; en effet, il a fait ses premières armes là-bas, diplômé de l’Ecole Supérieure de Commerce de Dijon. Sa première partie de carrière était effervescente, en Champagne, chez Bollinger puis Laurent-Perrier.

Guillaume Deglise s’est fait une stature internationale à la tête de Vinexpo en tant que directeur général de 2013 à 2018, réussissant un virage plus moderne pour ce salon mondial du vin et des spiritueux, dont la création par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux remonte à 1981 et qui manquait commençait à manquer de souffle.

Guillaume Deglise, DG de Vinexpo, de 2013 à 2018 © Jean-Pierre Stahl

Il a su impulser un nouvel élan, avec des rencontres plus professionnelles, remodeler le salon de Bordeaux, booster celui de Hong-Kong et mettre en place Tokyo, New-York, et Vinexpo Expoler qui sillonne les grandes régions viticoles mondiales. Lors du dernier Vinexpo 2017, il avait avec ses équipes tiré les enseignements (notamment face à la canicule) en avançant la date du prochain salon au mois de mai (le prochain est prévu à Bordeaux du 13 au 16 mai ), en créant un deuxième salon en France à Paris (en alternance avec celui de Bordeaux) en janvier 2020 pour contrer ProWein en Allemagne. ProWein, cet ogre allemand qui continue à attirer toujours de plus en plus de monde, 60 000 visiteurs l’an dernier, alors que Vinexpo a vu sa fréquentation s’effriter quelque peu à 40 000 visiteurs lors de l’édition 2017.

Pour Alberic Bichot : « en ce début d’année 2019, nous écrivons un nouveau chapitre pour notre entreprise. Je rends hommage à Benoît de Charrette avec lequel j’ai formé un tandem efficace et complice pendant toutes ces années.Je me réjouis d’accueillir Guillaume Deglise dans notre maison familiale. Sa vision internationale sera essentielle pour la poursuite du développement de l’entreprise. »

Félicitations à Guillaume Deglise pour ce nouveau défi qu’il va sans nul doute réussir à relever et comme on dit « good luck ».

06 Déc

Jacques Faurens, élu 1er président du Réseau Great Wine Capitals

Il était temps. Le Réseau Great Wine Capitals a quasiment 20 ans mais n’avait pas de président jusqu’ici. C’est désormais chose faite. Jacques Faurens, figure connue de la CCI de Bordeaux Gironde et chef d’entreprise, va remplir cette mission. Côté châteaux lui souhaite bonne chance.  

 Jacques Faurens à droite lors de la crémonie des Best Of Wine Tourism en octobre à Bordeaux © JPS

Great Wine Capitals ce sont les 10 métropoles connues de la vieille Europe ou du Nouveau Monde implantées au cœur d’une région viticole, elle-même renommée. Ce réseau s’est fait connaître depuis sa création en 1999 par la CCI Bordeaux Gironde grâce à l’œnotourisme qui s’est fortement développé depuis près de 20 ans, créant par ailleurs un concours Best Of Wine Tourism que toutes les propriétés de disputent.. 
Jacques Faurens, un Bordelais élu président 

Le Bordelais Jacques Faurens a donc été élu président, pour deux ans,à Adélaïde en Australie, lors de la dernière conférence internationale annuelle du réseau Great Wine Capitals. Ce réseau compte 10 villes membres: Adélaïde, Bilbao/Rioja, Bordeaux, Lausanne, Mayence/Rheinhessen, Mendoza, Porto, San Francisco/Napa Valley, Valparaiso/Casablanca Valley et Vérone. Jaucques Faurens s’est illustré déjà au sein de la CCI de BOrdeaux et a été une cheville ouvrière des écoles Worldsom et IPC Vins. Il va pouvoir préparer le 20e anniversaire du Réseau Great Wine Capitals qui sera célébré à Bordeaux du 3 au 7 novembre 2019 et qui devrait marquer une nouvelle étape vers un oenotourisme encore plus fort à l’horizon 2025.

10 Nov

Nouvelle tendance : ces vignerons qui débarquent à Bordeaux et ouvrent leur bar à vin

C’est « un château en ville » qui a ouvert le bal il y a un an rue Saint-James. Aujourd’hui, Tutiac ouvre un tout nouveau Bar à Vin également central à Bordeaux : le Tutiac Direct Wine Bar. Comment ces vignerons décident de faire bouger les lignes et se diversifient. Côté châteaux vous dévoile leur démarche.

Le chef Frédéric Coiffé, Laurent Querion, Arnaud Courjaud vice-présidents de Tutiac, et Damien Malejacq responsable marketing © JPS

Attention, c’est une machine de guerre qui a décidé de frapper fort en ouvrant ce jour le Tutiac Direct Wine Bar, le premier bar à vin de coopérateurs en France. En circuit court, en direct !

L’ouverture était annoncée depuis plusieurs mois sur la vitrine cours Alsace-Lorraine © JPS

Tutiac, c’était jusqu’à récemment cette coopérative aux 450 adhérents, 4000 hectares de vignes, qui produit 220000 hectolitres, soit 30 millions de bouteilles à l’année.

Le lieu est vraiment proche de l’un des emblèmes de Bordeaux © JPS

Mais Tutiac s’est rapproché des caves d’ Unimédoc, de Lugon et de Sauternes, ce qui lui donne encore plus de puissance: « aujourd’hui, on produit 320000 hectolitres, l’équivalent de 40 millions de bouteilles… »

Au centre Eric Hénaux, le directeur de Tutiac, entouré de l’équipe du Wine Bar © JPS

Avant on produisait du vin de Blaye en vrac, puis du Blaye en bouteilles, et désormais on produit du vin dans 15 appellations de Bordeaux, on veut être une marque qui soit crédible sur la place de Bordeaux« , Eric Hénaux, directeur de Tutiac.

Bar à vin et caviste en même temps © JPS

« Tutiac compte désormais 650 viticulteurs sur 6000 hectares, on impacte la vie de 1500 familles ».

Cela faisait un moment que cette idée originale d’ouvrir un bar à vin central à Bordeaux leur trottait dans la tête.Tout s’est fait rapidement depuis février et en quelques mois, un superbe bar à vin traversant entre le Cours Alsace Lorraine et la place qui donne sur la Porte Cailhau, a vu le jour, un investissement de 500000 €.

« On a fait appel à l’agence Versions qui a réalisé les magasins pour Comtesse du Barry, on essaie à chaque fois de s’appuyer sur des gens dont c’est le métier ».

Après avoir réalisé son marathon de soirées inaugurales avec les salariés (mardi la 1ère à laquelle Côté Châteaux participait en primeur), les clients, les journalistes, les étudiants de Kedge, c’est aujourd’hui le grand jour, l’ouverture au grand public.

C’est le 1er bar à vin de coopérateurs en France. Un projet un peu fou. On veut toujours être en avance sur les tendances, avec un rapport qualité-prix juste. C’est du circuit court en plein coeur de Bordeaux. » Damien Malejacq responsable marketing.

Cela va être un bar à vin de producteurs, ce sont des vignerons qui sont derrière ce projet là. Tutiac affiche quelque 50 références, auxquelles s’ajoutent une quarantaine d’autres caves coopératives d’autres régions viticoles comme Vinovalie, Alliance Loire, Nicolas Feuillate, ou Wolfberger (2 à 3 référence par coopérative) : « ce sont les vins de coop…ains » me précise Eric Hénaux.

Le chef Frédéric Coiffé participe à cette nouvelle aventure de Tutiac © JPS

Derrière le zinc, il y a aussi un chef Frédéric Coiffé, avec pour objectif de « changer de la restauration traditionnelle, même si à midi il y aura un menu du marché à 16€, on ne va travailler qu’avec desd poroducteurs du Sud-Ouest comme les produits de Louis Ospital, d’autres aussi de la charcuterie Sylvain Andrieux, etc… mais c’est ici le vigneron la star. Il va y avoir des vignerons partout, avec des portaits accrochés au mur et avec un écran plat qui va projeter le travail de ces vignerons coopérateurs. » Des vignerons, qui tous affichent au minimum un label de développement durable HVE2 ou HVE3. « On veut montrer avec les vignerons de Tutiac que ce projet est possible et servir de modèle aux autres vignobles français », poursuit Damien Malejacq.

Cette démarche est assez innovante, même si depuis plus de 10 ans, ils ont compris qu’il fallait aller chercher le goût du consommateur, là ils vont chercher l’amateur de vin, qui ne fait pas toujours la démarche de se rendre dans les propriétés ou à la cave coopérative.

Le but, il est là, c’est de partager avec le consommateur, comment ça se passe à la vigne, comment on fait du vin, c’est vraiment de l’échange à 100%

Estelle Roumage, la première à avoir eu l’idée de rapprocher son château de Bordeaux © JPS

La pionnière a tout de même été Estelle Roumage, 5e génération de vignerons dans l’Entre-Deux-Mers. Avec son château Lestrille, elle a décidé de s’implanter juste à côté de la Grosse Cloche, rue Saint-James, en créant « un château en ville », un nom original où tout est dit.

Dans son chai à barriques, la vigneronne Estelle Roumage au château Lestrille à Saint-Germain-du-Puch © JPS

Estelle Roumage avait pourtant de quoi s’occuper avec ses 45 hectares de vignes à Saint-Germain-du-Puch où elle produit la moitié en blanc et rosé et l’autre moitié de vin en rouge (en cuve, en barriques et avec une cuvée supérieure le Secret de Lestrille, 100% merlot élevé en barriques de chêne, en bois neuf).

Une ambiance de chai avec ces tonneaux comme table, avec Joël Bureau, Diane et Jacqueline © JPS

Estelle Roumage a repris cette propriété familiale créée par son arrière-grand-père en 1901, au moment où celle-ci fêtait son centenaire en 2001. Depuis elle a su la faire avancer, améliorer encore la qualité de ses vins et se remettre totalement en question : « on a au château une boutique qui fonctionne bien, mais parfois les bordelais ne viennent pas jusqu’à nous alors on est venu à eux ».Et depuis le 1er décembre 2017, elle a su aménager un petit nid douillet réalisé par un brillant architecte de Libourne, Alain Arnaud, où elle propose, pour agrémenter ses vins, des planches de légumes et fruits frais, de charcuteries et fromages, mais aussi des assiettes d’huîtres,… servies par Mathieu Bureau et Jan Braun. Un château en ville qui a réussi à trouver ses marques et qui est ouvert du mercredi au dimanche midi, avec ses formules qui plaisent.

On a du mal à attirer les bordelais, et on s’est dit puisque eux ne se déplacent pas vers nous, à nous de nous déplacer vers eux…Ce n’est pas un bar à vin classique, c’est vraiment le château qui s’est déplacé en ville. C’est un plus que l’on apporte, le côté local et en direct. » Estelle Roumage, château Lestrille.

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Alain Arnaud, Guillaume Puyo et Marie-Pierre Cosquier

Mes grand-parents étaient viticulteurs, et je retrouve ici l’ambiance, cela a un côté magique », Alain Arnaud.

L’originalité, c’est non seulement de trouver tous les produits du château Lestrille, de pouvoir les déguster à moindre coût en mangeant (avec une licence 2), de voir accroché au mur toute l’histoire de la famille Roumage dans la vigne depuis Eugène l’ancêtre.

 

Estelle Roumage et sa team Mathieu Bureau et Jan Braun de « un château en ville » © JPS

Et puis comme dit Estelle, cela permet de mieux passer certains moments délicats dans le vigne, car avec toutes ces intempéries, en 5 ans elle a perdu quasiment une récolte et demi. Pareil, pour Tutiac qui a perdu 30% avec la grêle du 26 mai dernier, « on a perdu 60000 hectolitres », selon Eric Hénaux.

Une nouvelle tendance et de belles initiatives saluées par Côté Châteaux, le blog du vin, qui prends le pouls de l’actu viticole.

Et pour être complet, le tout premier à avoir lancé l’idée, c’était François des Ligneris, du château Soutard qui avait ouvert l’Envers du Décor à Saint-Emilion, repris depuis par la famille Perse et Ronan Kervarrec.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Xavier Granger, suivi de la chronique de Frédéric Lot :

24 Oct

16e « Best Of Wine Tourism » : encore une belle récolte de trophées !

Hier soir le Palais de la Bourse s’est enflammé pour remettre les trophées des Best Of d’Or dans 7 catégories plus un bonus « coup de coeur ». Les Best Of Wine Tourism récompensent chaque année les efforts effectués par les châteaux dans le domaine de l’oenotourisme. La barre est très haute désormais.

Bertrand et Emmanuelle Amart du château Vénus, avec Kévin Gaillard © Jean-Pierre Stahl

Il y a 16 ans, en matière d’oenotourisme, Bordeaux était à la traîne. 16 ans plus tard, on ne sait plus où donner de la tête. « Certains ont été les précurseurs, ils nous ont mis sur la voie… Il y a une vingtaine d’année, au retour d’un voyage en Australie où on avait été formidablement accueillis, je m’étais dit : il ne suffit pas de produire, il faut aussi savoir accueillir ! », expliquait hier soir Bernard Artigue, président de la Chambre d’Agriculture de Gironde. Depuis de l’eau a coulé (sous le Pont de Pierre),1351 dossiers ont été présentés à Bordeaux pour 348 ont reçu un Best Of dont 102 d’Or. 

Une belle découverte et une belle rencontre château Vénus © JPS

Cette année, ce sont 22 sites qui ont été sélectionnés « à visiter absolument en 2019…ou avant », ils viennent d’être récompensés pour la qualité de leurs prestation et l’accueil réservé aux amateurs d’oenotourisme.« Les Best Of Wine sont importants tout au long de l’année. La notoriété est apportée par le prix, elle est normale et cette année on a jouté Lausanne, cela a vraiment un rayonnement international »,  selon Jean-Marie Marco directeur de Gironde Tourisme.

Cette moisson des Best Of Wine Tourism a été hier soir d’une grande qualité, comme les autres années me diriez-vous, oui un peu comme ça (et comme les millésimes toujours réussis à Bordeaux !), mais avec la particularité qu’ils étaient de haut vol. Au sens premier comme au figuré ! On avait connu la dégustation en l’air dans un vieux cèdre au château Rayne-Vigneau, voici Venus Air, le château à Illats qui a inventé le tour au dessus des vignes avec décollage et attérissage depuis les vignes…

Nous avons 3 pilotes, 3 avions, nous sommes des passionnés de vin et d’aviation. » Bertrand Gaillard, château Vénus Best Of d’Or (découverte et innovation)

C’est qu’il ne manque pas d’idées, avec ses 3 ULM Bertrand en un rien de temps propose un survol des vignobles de Sauternes, des Graves et de Pessac-Léognan, sans besoin de passer tous ces contrôles et d’arriver en avance 1 à 2 heures avant décollage : vous décollez au milieu d’un champs ? « Non, au milieu de la vigne, on a élargi les allées de vignes pour cela… » Bertrand et Emmanuelle Amart ont créé leur exploitation en 2005 : « on a racheté à d’autres vignerons, on a cherché à faire un château original qui met en valeur les vins et on a créé château Vénus, dont le nom évoque la déesse de la beauté, mais aussi le symbole de la féminité et de l’élégance. »

Château Guiraud récompensé pour sa Chapelle de Guiraud, nouveau restaurant à Sauternes dans un 1er cru classé, prix remis par 3 chefs cuisiniers © JPS

Parmi les autres Best Of d’Or, de très grands châteaux, crus classés, déjà récompensés par le passé, comme Smith Haut Lafitte dans la catégorie Art et Culture, la Tour Carnet pour l’Hébergement à la Propriété, château Guiraud pour la Restauration à la Propriété, mais aussi Prieuré-Lichine pour les services oenotouristiques, les Carmes Haut-Brion pour son chai très original signé Philippe Starck dans Architecture et Paysages, enfin Climens pour la valorisation des pratiques environnementales :

Bérénice Lurton, la magie du botrytis et un savoir-faire en biodynamie à Barsac © JPS

Cela fait plaisir, il y a un vrai travail d’une équipe avec une vrai passion,  il y a un esprit, une envie de partager ce que l’on fait« , Bérénice Lurton, château Climens (Best Of d’Or valorisation des pratiques environnementales).

« Mon assistante l’a appris chez elle, elle en pleurait « (de joie). Cela fait juste 26 ans que Bérénice Lurton est à la tête de Climens, 1er cru classé de Barsac, aujourd’hui comme j’a pu l’écrire ou me plaît encore à le dire, Bérénice peut être sacré la reine du botrytis, tant elle excelle à Climens pour réaliser ces liquoreux très fins, sans cette sucrosité écrasante, le tout en biodynamie certifiée depuis 2014. « On a vraiment une spécificité à Climens, on n’est pas dans quelque chose d’extraordinaire, de tape à l’oeil, c’est l’élégance au naturel et la profondeur de l’expérience qui nous intéresse. Il n’y a rien de superficiel, ni d’artificiel, et c’est vraiment sympa de recevoir ce prix. »

L’ambassadrice des Greats Wine Capitals, Florence Forzy-Raffard s’est dite « très heureuse de retrouver tous ces châteaux et « au nom d’Alain Juppé de les féliciter pour leur contribution au monde du vin ».

Lausanne rentre dans le club des Great Wine Capitals et de ses Best Of Wine Tourism © JPS

Et d’ajouter : « au sein du réseau, dans 10 villes on a reçu 384 candidatures pour ce prix international. Ce soir ce sont les trophées locaux, mais le 8 novembre ce sera les trophées internationaux à Adélaïde ».

Autre domaine primé qui a reçu un Coup de Coeur : le Domaine du Grand Mayne, fondé en 1985 sur les hauteurs des Côtes de Duras en Lot-et-Garonne. Une propriété originale car le domaine appartient à une communauté de plus de 600 clients devenus actionnaires et ambassadeurs du domaine, des passionnés qui vendangent eux-mêmes et inventent leurs étiquettes, un peu comme château Réaut à Bordeaux. La critique que l’on pourrait faire à ces récompenses, c’est peut-être de ne pas trop mettre en avant les petits ou moyennes propriétés (hormis Vénus et Grand Mayne), mais il est vrai que les investissements importants par ailleurs et sont remarquables, ils participent au rayonnement de Bordeaux et des vignobles du Sud-Ouest.

Les 3 chefs associés à la soirée Frédéric Lafon de L’Oiseau Bleu, Frédéric Schueller de Truck de Chef et Nicolas Frion de Porte Quinze © JPS

Parmi les partenaires des Best Of présents hier soir, Vinexpo, autre émanation de la CCI, créé en 1981, qui s’apprête à ouvrir son prochain salon nouvelle formule du 13 au 16 mai prochains à Bordeaux : « tous les acteurs économiques ont travaillé ensemble pour faire le succès de ce Vinexpo 2019 avec notamment Congrès et Expositions de Bordeaux pour un accueil plus proche des visiteurs, avec une gratuité des transports et un nouveau hall 2 dans lequel il y aura le symposium sur le réchauffement climatique, » expliquait Anne Cusson directrice de la communication de Vinexpo.

La « dream team » organisatrice de la soirée : Nada Mansour, Loïc Rojouan, Muriel Giralt, Lydie Bordes et Catherine Leparmentier © JPS

Autre partenaire, Terre de Vins, avec Rodolphe Wartel son directeur qui a annoncé la création en mars prochain des « Trophées Français de l’Oenotourisme » avec « cette envie de permettre à toutes ces propriétés de se challenger, de voir ce qui se passe ailleurs qu’à Bordeaux, en Provence, en Bourgogne ou en Alsace. Ce n’est pas une concurrence avec les Best Of d’Or qui d’ailleurs participeront. Nous avons déjà 200 inscrits pour ces Trophées à Paris en mars prochain. »

Va y a voir du sport comme on dit, en attendant si vous ne savez pas quoi faire, profitez de ces quelques beaux jours ou week-ends d’automne pour découvrir ces propriétés primées et sélectionnées pour être les fiers ambassadeurs du « bien recevoir » à la française dans les vignobles du Bordelais et du Sud-Ouest.

Et voici la liste des châteaux par catégories :

ARCHITECTURE ET PAYSAGES 
Château Les Carmes Haut-Brion (OR) 
Château Roquefort 
Château Lafon-Rochet 

ART ET CULTURE 
Château Smith Haut Lafitte (OR) 
Château Larrivet Haut-Brion 
Maison des Vins de Cadillac 

DECOUVERTE ET INNOVATION 
Château Vénus (OR) 
Château Monconseil-Gazin 
Château du Payre 
Château Marquis de Terme 

HEBERGEMENT A LA PROPRIETE 
Château La Tour Carnet (OR) 
Domaine de Chelivette 
RESTAURATION A LA PROPRIETE 
Château Guiraud (OR) 
Château Carbonneau 
Château de Candale 

La photo de famille des Best Of Wine 2019 © Jean-Pierre Stahl

VALORISATION PRATIQUES ENVIRONNEMENTALES 
Château Climens (OR) 
Château Vilatte 
Château de Chantegrive 

SERVICES OENOTOURISTIQUES 
Château Prieuré-Lichine (OR) 
Château Pape Clément 
Blast Bordeaux 

COUP DE CŒUR : Domaine du Grand Mayne

07 Sep

Du baume au coeur en Côtes de Bourg : les vendanges en blanc ont commencé, de quoi oublier les orages de grêle

Les vendanges ont commencé en Côtes de Bourg pour les blancs. Une appellation du Nord Gironde qui a été durement touchée par deux gros orages de grêle des 26 mai et 15 juillet dernier. Ces premières vendanges réchauffent le coeur de ces vignerons comme ici au château Mercier.

Début des vendanges à 7h à Saint-Trojan © JPS

En Côtes de Bourg, depuis 7 heures ce matin, les vendanges en blanc commencent au château Mercier entre chien et loup… La machine à vendanger s’active à ramasser ces sauvignons gris sur une parcelle de 80 ares. Un instant d’émotion pour la famille Chéty, victime de la grêle le 26 mai dernier.

Christophe et Isabelle Chéty, du chateau Mercier © JPS

« C’e n’est pas oublié, cela reste dans nos coeurs, on ne va pas tout vendanger mais là nos blancs sont magnifiques, il faut penser à ce qui est beau et là c’est notre 1er jour et là pour les sauvignons gris qu’on rentre il y a une maturité superbe. » commente Isabelle Chéty du château Mercier.

Vignerons depuis 1698, les Chéty ont bien sûr connu de nombreux orages de grêle en plus de 3 siècles, mais surtout 3 phénomènes intenses en 40 ans.

« Effectivement, on a environ 30% de la propriété qui a grêlé et dont une grosse partie à 100% », continue Christophe Mercier, son frère; « mais heureusement, on constate aujourd’hui que cet été a été tès clément pour nous et ce qui n’est pas grêlé semble pouvoir être de très bonne qualité, on a des raisins qui sont sains ».

      De quoi remonter le moral alors qu’Isabelle Chéty nous montre ces 12 hectares de merlot qu’il a fallu tailler juste après la grêle et qui ne donneront rien cette année.

« Le couloir a vraiment commencé ici, sur la commune de Teuillac, et il n’y avait plus rien. »

Entre l’orage de grêle du 26 mai et l’autre du 15 juillet, ce sont près de 2500 hectares qui ont été touchés à des degrés divers (dont 1000 très impactés pour lesquels il n’y avait plus rien). Ces pertes de volumes risquent de se traduire par des pertes momentanées de marchés.

Le président des Côtes de Bourg Stéphane Donze © JPS

« Le problème, c ‘est surtout pour les viticulteurs qui n’avaient pas de stock. Même si le manque à gagner et la trésorerie se répeccute sur plusieurs années derrière (on met au moins 4 ans à se remettre…). Mais ceux qui n’avaient plus de dernier millésime et qui ne peuvent pas mettre en marché, vont perdre desmarchés aujourd’hui », commente Stéphane Donze le président des Côtes de Bourg.

Au château Mercier, la production pourrait avoisinner 1500 à 1700 hectolitres 2500 à 2800 habituellement.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Ludovic Cagnato, Sabine Hostein, Isabelle Rougeot : 

06 Août

Disparition de Joël Robuchon, le plus grand chef étoilé au monde

Au revoir à l’un des génies de la gastronomie française, le grand chef étoilé Joël Robuchon, qui totalisait le plus grand nombre d’étoiles Michelin, 32, à travers ses restaurants en France et dans le monde. Un grand merci à Monsieur « Bon Appétit, bien sûr » qui avait voulu démocratiser la bonne cuisine, à travers ses rendez-vous quotidiens sur le petit écran.

Ouverture de l’Atelier © Joel Robuchon Montreal en décembre 2016

Comment résumer en un petit article un si grand Monsieur ? C’est le même défi rencontré il y a quelques mois pour Monsieur Paul Bocuse. A ceci près que Paul Bocuse s’en est allé à 92 ans et Joël Robuchon à 73, des suites d’une longue maladie, un cancer, une injustice de plus.

AU ZENITH DE LA GRANDE CUISINE : 32 ETOILES

Comme Monsieur Paul, Joël Robuchon est ce Monument qui va laisser un sacré leg à la Gastronomie Française. Sa purée de pommes de terre était devenue son plat le plus célèbre, et même iconique dès les années 80. Un kilo de pommes de terre rattes pour 200 grammes de beurre, une texture pommadée qui l’avait fait passer à la postérité…

Sacré meilleur cuisinier du siècle par Gault & Millau en 1990, il avait commencé très simplement à 15 ans un apprentissage de cuisinier-pâtissier auprès du chef Robert Auton, au Relais de Poitiers, à Chasseneuil-du-Poitou. Cet amoureux du travail bien fait, perfectionniste jusqu’au bout des ongles, qui avait pris comme sobriquet «Poitevin la Fidélité» en tant que Compagnon du tour de France des Devoirs unis, il devient chef d’une brigade de 90 cuisiniers au Concorde Lafayette (Paris XVIIe), en 1974, il n’a alors que 29 ans. Meilleur Ouvrier de France en 76, il prendra la place de chef cuisinier à l’Hôtel Nikko, où il décrochera ses deux premières étoiles Michelin puis 3 étoiles dans son propre restaurant Jamin (Paris XVIe), en 1984. En 1996, il avait souhaité faire un break face à la pression des étoiles, et s’était fait un point d’honneur de transmettre, il le fera avec brio à travers notamment de « Bon Appétit, Bien Sûr » de 2000 à 2009. Cela ne l’a pas empêché de poursuivre dans la grande gastronomie et de décrocher plus d’une trentaine d’étoiles. Suractif, il a ouvert avec ses seconds de nombreux grands restaurants à travers le monde et une quinzaine d’Ateliers Joël Robuchon.

LES HOMMAGES DE SES PAIRS ETOILES

Aujourd’hui de nombreux chefs étoilés sont dans la peine, une peine incommensurable comme me l’explique Alexandre Baumard du Logis de la Cadène à Saint-Emilion : « la tristesse est là, perdre Mr Paul a été terrible, perdre un des plus grands chefs au Monde est terrible, c’est toute la profession qui pleure la perte d’un pape… C’est un des maîtres de la transmission, combien de chefs étoilés sont passés par les cuisines Mr Paul et Mr Robuchon? Le chiffre doit être juste incroyable. 2018 est dure pour notre profession, que ça cesse ! »

Mr Robuchon a marqué son empreinte et la gastronomie française à travers le Monde, c’est incroyable, être au States, en Asie, en France… Il est de partout… C’est le chef qui connais le mieux La gastronomie Mondiale. Le chef Français le plus étoilé au MONDE. J’ai eu la chance de goûter sa cuisine à Paris, à Tokyo, à Bordeaux que dire ??? Exceptionnel ! », Alexandre Baumard chef étoilé du Logis de la Cadène.

Pour Michel Trama, 2** au Guide Michelin à Puymirol dans le Lot-et-Garonne : « on s’est rencontré en 83 la 1ère fois, on n’était pas du même sérail : lui était meilleur ouvrier de France, compagnon, il a tout fait et moi je n’ai rien fait… En 1983, je rentre de Bangkok, on venaît d’apprendre la 2e étoile que j’ai eue, et j’ai dis tiens on va manger dans un 2 étoiles à Paris chez Joël Robuchon… La claque que j’ai prise, mon pauvre ! La première fois de ma vie que je me suis senti démoralisé, l’année suivante il a pris la 3e étoile ».

C’est la perte d’un ami, mais surtout la perte d’un humaniste fantastique, d’un cuisinier technicien hors pair, un métronome ! », Michel Trama chef 2**

Et Michel Trama de compléter : « on disait qu’il était très dur, mais c’était de la rigueur, la frontière est là, c’était un rigoureux, un perfectionniste, à tel point qu’il a arrêté la cuisine à 51 ans en tant qu’exécutant, il était déjà fatigué. Joël est parti, comme j’ai dit pour Paul Bocuse, je serai leur marmiton là-haut, je serai le marmiton de Monsieur Joël ».

Pour Jérôme Schilling, le chef cuisinier de l‘Hôtel-Restaurant Lalique au château Lafaurie-Peyraguey : « Joel Robuchon est tout d’abord un infatigable perfectionniste et à été pour moi un pilier dans ma vie de cuisinier. Tout d’abord il m’a suivi pendant mon enfance par son émission « Bon Appétit Bien Sûr » que je suivais naturellement, malgré que j’étais qu’un enfant, certainement par ses propos tes précis et bien sûr un œil vitreux de passion. Lorsque j’ai décidé de faire ce métier cela a été évident d’officier pour lui.

Ça a été une chance de presque 3 ans à Monaco au Métropole avec une discipline à toute épreuve, une transmission de la passion et du travail bien fait. Il connaissait le prénom de chaque personne et avait toujours une attention particulière pour tout le monde. Un respect au plus au point », Jérôme Schilling chef Restaurant Lalique Château Lafaurie-Peyraguey.

Bernard Magrez et Joël Robuchon dans les cuisines de la © Grande Maison à Bordeaux en 2016

LES DEUX ETOILES DECROCHEES A LA GRANDE MAISON

Joël Robuchon est ce grand chef qui aimait relever les défis, il avait proposé ses services à son ami Bernard Magrez ici à Bordeaux, qui venait d’acheter un hôtel particulier pour en faire un Hôtel. Cela deviendra l’Hôtel-Restaurant   « la Grande Maison Bernard Magrez-Joêl Robuchon », un restaurant pour lequel il avait décroché aussitôt 2 étoiles. Bernard Magrez me confie : « c’était un ami et je suis quand même très triste, c’est un homme que je connais depuis plus d’une vingtaine d’années, il était de la « race des gens » qui vivaient debout ».

Joël Robuchon allait vers l’excellence, pour l’excellence, c’était un type droit, rigoureux », Bernard Magrez propriétaire de la Grande Maison.

L’équipe de © la Grande Maison avec Tomonori Danzaki, Bernard Magrez et Joël Robuchon en 2015

Et Bernard Magrez de poursuivre : « son plus à ce garçon, je dis ce garçon car il a 11 ans de moins que moi, était d’impressionner l’autre, il cherchait à vous comprendre, toujours avec le sourire. Il avait l’obligation de bien connaître ses collaborateurs, les valeurs des autres, et il n’avait autour de lui que des gens qui partageaient ses valeurs. A Bordeaux, il avait visité l’immeuble que j’avais acheté en face de Labottière, je voulais en faire un hôtel de 9 ou 10 chambres, mais il m’a dit « on va faire un hôtel-restaurant, et ça va être la 1ère fois dans la vie du Guide Michelin qu’on aura ensemble 3 étoiles d’un seul coup. Finalement, ce n’est pas un hasard si nous n’avons pas eu 3* car l’économie c’est l’économie de la région qui l’explique et qui est là. » 

C’est un choc pour toute la Gastronomie, tous les cuisiniers, et sa famille,  je me souviens que c’est qui m’a remis ma médaille de Mof, meilleur ouvrier de France, et avec la disparition de Paul Bocuse, je perds deux chefs qui m’ont touché, orienté et poussé à être ce que je suis aujourd’hui », Philippe Etchebest chef étoilé du 4eMur.

Ronan Kervarrec, autre grand chef qui vise les 3 étoiles, en a déjà décroché 2** pour l’Hostellerie de Plaisance à Saint-Emilion et aussi 2 auparavant à la Chèvre d’Or à Eze : « lorsque j’ai commencé la cuisine, je suis monté à Paris pour travailler pour Joel Robuchon… Lorsqu’il est entré dans la cuisine, accompagné de ses adjoints, tous MOF, je devais dresser le coulis de tomate sur le caviar d’aubergine ! Je tremblais tellement j’étais impressionné que le coulis allait partout sauf sur le caviar 😂😂😂

Un homme d’une telle précision, il avait le savoir de capter les saveurs comme personne et d’équilibrer les goûts, un perfectionniste !« , Ronan Kervarrec Chef 2** de l’Hostellerie de Plaisance.

« Un honneur de l’avoir rencontré » confie Pascal Pressac sur sa page Facebook ajoutant « condoléances »

AVEC « BON APPETIT, BIEN SUR », L’ENVIE DE TRANSMETTRE

Autre chef étoilé à réagir Pascal Pressac de la Grange aux Oies à Nieuil en Charente : « J’ai eu la chance de participer à l’émission « Bon appétit Bien Sûr », plusieurs jours avec Mr Robuchon. Pour l’enregistrement des émissions,  je lui avais présenté une recette du Poitou Charentes, sa région , qu’il appréciait beaucoup : c’était un fromager, un dessert a base de fromage de vache frais « le Manslois «  je me souviens de sa surprise de retrouver ce dessert, il adorait le goûter et m’a demandé de lui en faire un autre le lendemain.

Un chef qui aimait les choses simples les recettes du terroir, les recettes qui ont une histoire, il avait ce talent de remettre des recettes du terroir au goût du jour comme sa fameuse purée de pommes de terre « , Pascal Pressac chef étoilé de la Grange aux Oies.
Et de compléter : « nous nous sommes souvent croisés en l’occurrence à Poitiers, pour les anniversaires du FuturoscopE et il avait toujours ce mot gentil  » tu m’as fait mon fromager ? ». Nul doute que mon ami Pascal Pressac n’aura de cesse de penser à lui les prochaines fois qu’il en préparera et pourquoi pas lui en envoyer un, car il est monté auprès des Saint de la Gastronomie Française, et puis un autre à Saint Pierre.

30 Mai

Solidarité avec les vignerons grêlés : revoir l’émission spéciale « Nouvelle-Aquitaine les ravages de la grêle »

France 3 Nouvelle-Aquitaine a pris la mesure du cataclysme subi par les vignerons de Bordeaux et de Cognac, et a réalisé une émission spéciale, d’une heure, mardi matin, notamment depuis les vignobles meurtris.

En direct de Samonac, en Côtes de Bourg, j’ai souhaité redonner la parole à Cyril Giresse, très touché par l’orage de grêle intense qui a ravagé sa propriété et notamment cette parcelle de 9 ha d’un seul tenant en bas du château Gravettes Samonac :

« En m’approchant samedi, j’ai vu des vignes de plus en plus détruites, j’ai ressenti un sentiment d’énorme tristesse tout d’abord puis d’abattement ensuite. C’était une sorte de tourbillon… »

Celui aussi de l’emballement médiatique où Cyril qui n’était pas préparé à cet événement climatique, n’était pas plus habitué à voir déferler l’ensemble de la presse locale, régionale et nationale sur sa propriété. Cela peut être parfois mal ressenti, une sorte de pression supplémentaire et puis quand on quitte les lieux un grand vide. Si nous sommes arrivés les premiers chez lui, nous avons aussi décidé de revenir et d’occuper le terrain.

Les dégâts samedi au château Gravettes Samonac, peu de temps après les chutes de grêle © Côtes de Bourg

« J’ai reçu beaucoup de soutiens, ça m’a vraiment fait chaud au coeur, c’est dans ces moments-là qu’on se dit qu’il faut qu’on reparte…Alors, on essaie de trouver des solutions, on se parle entre collègues et ici sur des vignes aussi détruites que, celles-là on a pris le parti de les tailler pour essayer de sauvegarder l’année prochaine, de concentrer les réserves de la plante et pour avoir de bons bois pour tailler. Sur d’autres vignes touchées en partie, on a appliqué des traitements cicatrisants pour essayer de sauvegarder ce qui peut l’être. »

Damien Labiche, président des Jeuanes Agriculteurs, JPS et Cyril Giresse du château Gravettes Samonac © Pascal Lécuyer

Ce sont 5500 hectares de vignes dans le nord Gironde entre le Bourgeais et le Blayais qui ont été touchées, dont 3000 à 80%, comment se remet-on de ces phénomènes climatiques ?

« on s’en remet difficilement car la viticulture, c’est des cycles longs : on réalise des cultures, puis on élève le vin et on le vend par la suite…Donc pour se remettre d’un épisode climatique, il faut un peu de temps, reconstituer les stocks, reconstituer une trésorerie, pour se remettre d’un épisode, d’une catastrophe, on dit souvent qu’il faut 3 ans. Plusieurs à suivre, évidemment, c’est compliqué. Je pense aussi à mes collègues, je sais qu’il y en a beaucoup en difficulté. On pourra s’en sortir malgré tout, mais c’est très difficile quand c’est consécutif. »

Damien Latouche le président des JA des Côtes de Bourg en appelle au Président Macron © PL

LA SOLIDARITE ENTRE VIGNERONS ET AVEC LES POUVOIRS PUBLICS ?

La solidarité s’est exprimée de suite « par des coups de téléphones à des copains pour prendre des nouvelles », commente Damien Labiche, président des Jeunes Agriculteurs des Côtes de Bourg. « On a commencé par faire un constat… savoir dans quel état était le vignoble. Hier soir on s’est retrouvé et pour se remonter le moral, on a bu un petit verre de vin tous ensemble, on discute de ce qui vient de nous arriver et on essaie de trouver des solutions… Comment on va pouvoir faire face à un tel incident voire à un tel drame ? Car pour nous, c’est dramatique, en 10 minutes, on a tout perdu. Bon moi j’ai eu la chance de ne pas geler l’année dernière, mais je pense à mes collègues qui eux ont tout perdu l’année dernière et qui viennent encore de tout perdre cette année, vraiment c’est dramatique ! »

« Nos attentes vont clairement vers nos pouvoirs publics et vers l’Etat, on espère que notre Président (Emmanuel Macron) ne va pas nous oublier car c’est certes les vignerons qui sont touchés mais aussi tous les acteurs qu’il y a autour (salariés, marchands de matériel, oenologues, c’est vraiment une filière complète qui est impactée aujourd’hui. Et franchement si on ne nous aide pas, j’ai peur que la moitié de nos confrères disparaissent ».

Ce n’est pas comme si le nombre de vignerons n’avait pas déjà été divisé par deux en 20 ans, Bordeaux ne compte plus que 5800 exploitants à ce jour. » Toujours moins.

Revoir l’émission spéciale « Nouvelle-Aquitaine : les ravages de la grêle », présentée par Serge Guynier, avec en direct Jean-Pierre Stahl depuis Samonac, Bruno Pillet depuis le vignoble de Cognac et Emmanuel Brault depuis Saint-Mathieu (87) et comme invités en plateau :

  • Lydia Héraud, conseillère régionale Nouvelle-Aquitaine, déléguée viticulture et spiritueux.
  • Eric Hénaux, le directeur-général de la Coopérative des Vignerosnde Tutiac
  • Frédéric Lot, expert en vins
  • L’assureur Pierre-Marie Gauthier, directeur-général adjoint de Filhet-Allard.

Réalisation Fabien Roy – Rédaction en Chef : X.Riboulet F.Bidault S.Leclère B.Tavitian

26 Avr

Timothée Bouffard : 30 ans de métier et le « spirit » de courtier en vins

Son rôle est souvent méconnu, mais c’est l’un des plus vieux métiers de la place de Bordeaux. La profession de courtier en vins est un métier d’intermédiaire entre le vigneron et le négoce, un rôle de conseil et de vente primordial pour les viticulteurs. Rencontre avec Timothée Bouffard et ses collaborateurs.

Thimothée Bouffard, du bureau Ripert, courtier en vins depuis 30 ans © JPS

Figure incontournable de Bordeaux, Timothée Bouffard est courtier en vins depuis déjà 30 ans.

C’est un métier plus que centenaire (édit de Saint-Louis en 1243), que l’on trouve dans bon nombre de régions viticoles, un métier que Timothée Bouffard exerce au sein du bureau Ripert à Bordeaux, un bureau de courtage familial depuis 3 générations.

Ce métier de courtier en vins est un métier d’intermédiaire entre le vigneron qui a du vin à vendre, comme ici au château Monbrison, propriété de Laurent Vonderheyden (15 hectares en AOC Margaux), et le négoce, qui cherche à acheter pour ses clients.

Un rôle primordial à chaque campagne de primeurs (spécificité bordelaise où les vins sont en vente avant d’être livrés), après avoir été dégustés lors de la fameuse semaine des primeurs début avril.

« On essaie d’être diplomate, autant que faire se peut, et puis on leur donne nos avis et c’est à eux à prendre la décision, parce que ce sont leurs vins, leurs productions, ils connaissent aussi leurs importateurs, leurs distributeurs », précise Timotée Bouffard.

« Avec l’ensemble des informations qu’ils peuvent avoir de par le monde maintenant, avec une information qui circule beaucoup plus vite, ils savent ce qu’ils peuvent faire ou ne pas faire, ou quelle est la fourchette de prix dans laquelle ils peuvent se trouver. »

Le courtier en vins a vraiment un rôle de conseiller tout au long de l’année, il est rémunéré à hauteur de 2% sur le montant des transactions. Le prix de chaque millésime dépend de la qualité, mais aussi des millésimes antérieurs.

Timothée Bouffard, le courtier en vins, avec le propriétaire de château Monbrison Laurent Vonderheyden

« On est obligé de trouver un espèce d’équilibre quelque part, non pas sur la quantité de vin que nous mettons en marché, mais sur le positionnement is-à-vis de notre consommateur, » commente Laurent Vonderheyden du château Monbrizon.

Stéphanie Robert est courtier de campagne, ici au château Tour des Graves © JPS

Stéphanie Robert, est également courtier en vins depuis 20 ans au bureau Ripert, qui compte 8 salariés et associés. Elle est plutôt courtier de campagne, elle s’occupe plus précisément des petites propriétés comme ici la Tour des Graves, en Côtes de Bourg.

Stéphanie Robert, courtier en vins, avec David Arnaud, du château Tour des Graves © JPS

« On propose des lots en vrac, du vin en vrac à la citerne, on a aussi des demandes sur de la bouteille et du vrac rendu mise, c’est à dire que le négociant mandate un metteur en bouteilles sur la propriété pour conditionner lui même le vin » selon Stéphanie Robert.

David Arnaud, le propriétaire de ce château, vend entre 20 et 30% de ses 1500 hectolitres produits annuellement au négoce bordelais.

« On travaille ensemble depuis près de 10 ans, on se connaît, on s’est comment on réagit, elle elle connaît mes vins, c’est cela aussi qui est important », commente David Arnaud. « Pour faire le sourcing, il faut savoir où aller chercher quel type de vin on a besoin, c’est primordial pour son métier et même pour moi d’avoir cette relation-là. »

Sur le millésime 2017 où bon nombre de propriétés ont gelé, il pourrait y avoir une certaine tension sur les prix. le rôle du courtier est aussi de faire prendre conscience que les prix ne doivent pas s’envoler et être sans doute un peu en dessous des millésimes 2015 et 2016.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Robin Nouvelle et Véronique Lamartinière :