24 heures après la tribune de François Pinault, visant un projet de reprise des Girondins par le monde du vin, les réactions ne se sont pas faites attendre. Côté châteaux a fait son tour d’horizon pour voir si le projet était crédible. On va dire que l’idée est très bien accueillie, en revanche il faut un leader ou des individualités fortes pour prendre en mains ce projet, car comme le résume le porte parole du club de supporters des ultras, « seuls les actes comptent ». Réaction également du maire de Bordeaux Pierre Hurmic.
Bernard Magrez se dit prêt à participer © JPS
FRANCOIS PINAULT EN NUMERO 10
Vous adorez les métaphores, moi aussi. Sur le terrain, vous pouvez aligner tous les joueurs que vous voulez, mais si vous n’avez pas de numéro 10 (Zizou, Platoch, and co…), si vous ne marquez pas de but, eh bien vous pouvez annoncer que vous avez la capacité ou la meilleure équipe du monde, mais si le score au final reste nul ou que vous n’avancez pas, le salut ne peut arriver… D’un côté les intentions sont belles, mais vont-elles aller au bout ? J’ai ainsi essayé, en toute modestie et en mouillant le maillot, de décrypter cet épisode de plus qui vient bercer le sort d’un club culte les Girondins de Bordeaux, qui fêtent cette année leur 140 ans, mieux que Jeanne Calment, et là ça calme.
Parmi les buteurs, François Pinault aurait pu endosser le n°10, avec cette très belle initiative, soulignée hier, cette tribune, depuis laquelle on sent qu’il a voulu aller sur le terrain, cette lettre ouverte, bref cet appel à ses « collègues, propriétaires de grands crus » pour, je résume, sauver les Girondins. Avec ce sentiment qui vient du coeur : « associé depuis trente ans à la vie bordelaise, à travers Château Latour, je pense que l’existence du club mythique que sont les Girondins est importante pour Bordeaux, son rayonnement, son équilibre auxquels tous les propriétaires viticoles ne peuvent que s’identifier, » selon François Pinault.
François Pinault a montré par le passé que l’avenir du club rennais le préoccupait, amoureux du foot, il l’a acquis, mais malheureusement aujourd’hui, il ne peut faire de même pour les Girondins, car 2 clubs de Ligue 1 ne peuvent appartenir au même proprio… Dès lors, il interpelle les autres propriétaires de châteaux, les mettant devant cette responsabilité morale, doit-on laisser un club du patrimoine girondin à la dérive ou bien le sauver ? Il apporte la réponse ainsi : « je suis prêt à apporter mon soutien à toute opération montée par les acteurs du vin et je le ferai avec enthousiasme. J’appelle donc mes collègues propriétaires à se réunir afin de préparer un projet de reprise des Girondins ».
BERNARD MAGREZ NUMERO 9
Dès hier, son ami depuis toujours, Bernard Magrez, me confiait en exclusivité en fin d’après-midi, en digne avant-centre, n°9, qu’il a été durant toute sa vie: « je le soutiens, je répondrai positivement si son projet va jusqu’au bout car c’est un homme de qualité et les décisions que prennent les gens de qualité, cela mérite intérêt ! », même si par ailleurs il temporisait son propos : « oui, pourquoi pas à un projet de reprise, oui on soutiendrait, mais pas avec des sommes folles. Ce n’est pas parce que lui est prêt à mettre des millions, qu’on mettra des millions. Mais, il a raison, c’est un amoureux du foot, il comprend très bien le football. »
Allez on va dire qu’il peut y avoir aussi un rôle de pivot, assez primordial, dans la prise de position ou de ballon, de Philippe Castéjà, président du Conseil des Grands Crus Classés en 1855, qui accueille favorablement cette démarche :
Philippe Castéjà en mai 2019, lors de Vinexpo © JPS
Cette idée de Monsieur Pinault que des gens de Bordeaux s’orientent vers une possibilité de reprise des Girondins est une excellente idée », Philippe Castéjà, Président du Conseil des Grands Crus Classés en 1855
« François Pinault est lui même très intéressé par le foot… Cela posera des problèmes avec la loi Evin, car comme vous le savez, on est limité par cette loi. Mais qu’il faille réfléchir, oui. Au Conseil des Grands Crus Classés 1855, on ne peut pas faire grand chose, sauf canaliser les volontés personnelles des différents châteaux. Avec notre groupe Borie-Manoux, nous faisons déjà partie de l’accompagnement des Girondins avec des prises de places en location…On peut accompagner, après ce sera un long débat, il y a plein de questions qui vont se poser, mais pourquoi pas. »
Dans l’équipe, on peut toujours imaginer un Christophe Chateau, du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, qui a aussi eu son rôle de passeur, d’influencer ou de buteur, même si reconnaît-il « personnellement, je n’ai pas les sous… » Il n’empêche : nous avons des liens avec le club, qui comme les Vins de Bordeaux représente une marque au niveau culturel, mais nous ne pouvons, nous CIVB, pas être actionnaire dans le club, cela ne fait pas partie de notre objet. »
Christophe Chateau rappelle toutefois le soutien opéré depuis le gel de 2017 où les vignerons avaient perdu 39% de la récolte. « Allan Sichel a souhaité qu’on achète avec le CIVB 10 000 places à un prix préférentiel afin des les offrir aux salariés de la filière qui venait de subir le gel ». Ils ont pu voir ainsi Bordeaux-Monaco et il y a 2 ans Bordeaux – Saint-Etienne. Une opération renouvelée en théorie chaque année mais une opération interrompue avec la crise liée au coronavirus.
Les joueurs de l’UBB lors des dernières vendanges avec les Côtes de Bourg en octobre 2019, avec Stéphane Donze (2e depuis la droite) © JPS
PARMI LES DEFENSEURS LES COTES DE BOURG
S’il y en a bien des gaillards vignerons qui ont eu la fibre sportive durant toutes ces années, ce sont les vignerons de Côtes de Bourg. Ainsi, il ont su tisser des partenariats avec l’UBB d’abord, puis les Girondins de Bordeaux ensuite. Des partenariats avec un aspect de soutien financier avec des locations de loges au Stade Chaban ou au Matmut jusqu’à aujourd’hui. Malheureusement, la crise viticole est passée par là et Stéphane Donze, président du syndicat viticole des C^tes de Bourg le confiait : « nous on arrête le partenariat qui nous liait avec les Girondins pour des raisons financières, il faut qu’on dégage du budget pour se recentrer sur les réseaux sociaux où on était plutôt absent. On s’était engagé depuis 3 ans, on avait un salon de 90 places loué par les Girondins et Matmut… De même, on avait un partenariat avec l’UBB duquel on se retire aussi, en fait cela touche tous les partenariats sportifs. On se recentre sur la promotion des vins dans cette période un peu compliquée. L’an dernier, les vins en vrac ne sortaient pas des chais, là cela reprend et commence à être correct, mais on avance au fur et à mesure. »
Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, en gardien, gardien du temple pour veiller à une bonne bonne reprise © JPS
PIERRE HURMIC ENTRAINEUR OU SUR LE TERRAIN ?
Le Maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, joint également ce midi, ne souhaite pas rester sur le banc des remplaçants, il s’est levé, a presque enfilé le short et chaussé les crampons et m’a déclaré en réaction à l’initiative de François Pinault: « j’en pense du bien ! Il ne faut pas que le pouvoir économique et le pouvoir politique se montrent défaillants comme en 2018, où on a accepté les yeux fermés la vente du club à un fonds de pension américain, avec tous les dangers que cela représentait, avec notamment des risques de rentabilité à court terme. Les conditions doivent changer…
« Le 22 avril quand j’ai appris que le président des Girondins a décidé de placer le club sous protection du Tribunal de Commerce avec un mandataire ad hoc, j’ai dit qu’il fallait que les politiques se mobilisent pour que le club ne se vende plus au plus offrant, car:
Le club des Girondins est notre patrimoine depuis 140 ans, c’est le patrimoine des Bordelais, et il y a une attente d’eux et des supporters. Aussi, je regarde d’un très très bon oeil que le monde économique et viticole. Je pense que c’est une opportunité pour que le club tombe entre de bonnes mains, » Pierre Hurmic Maire de Bordeaux.
LES SUPPORTEURS ATTENDENT DES ACTES
1500 supporters samedi place Pey Berland © France 3 Aquitaine
Florian Brunet, porte-parole des Ultramarines reste prudent par rapport à cet échauffement depuis hier :« on ne croit que ce qu’on voit. Les belles paroles ne mènent absolument à rien ».
Il est très gentil Monsieur Pinault, c’est sympa, cela valorise le club, mais seuls les actes comptent. Cela sera bien avec celui qui mettra l’argent sur la table, celui qui mettra l’argent pour relancer le club, » Florian Brunet, porte parole des Ultramarines
Samedi dernier, les supporters avait mobilisé non pas 11 joueurs mais 1500 personnes sur la place Pey-Berland de Bordeaux, devant la mairie, pour réclamer le sauvetage du club et la démission du président actuel. Pour sûr qu’ils vont être attentifs et suivre, non pas devant leur écran, mais dans l’arène tout projet de reprise, qu’il émane du monde du vin ou d’ailleurs.
Enfin, mouillant le maillot, jusqu’au bout, en se disant on se sait jamais… j’ai appelé Jean-Louis, non pas des « Petits Mouchoirs », mais Jean-Louis Triaud, l’ancien Président des Girondins, qui a marqué le club durant de nombreuses années avec ces titres magnifiques comme champions de France (1999, 2009) ou de coupe de la Ligue (2002, 2007 et 2009). Heureux de m’avoir en ligne, il m’a gentiment répondu : « j’ai dit que je ferais plus de commentaire à la presse et quoiqu’il en soit je ne dis plus rien. » A la question, un peu comme un tir osé de 30 mètres, de savoir s’il rempilerait…Sa réponse est assez amusante : « mon handicap en golf s’est amélioré de manière significative. »
Bernard Magrez se dit prêt à participer © JPS
Allez, on y croit, il reste pas mal de n°10, des Martin Bouygues (propriétaire de Montrose), Pierre Castel (N°1 mondial des marques de vin), la famille Dassault (château Dassault), ou Bernard Arnault 1ère fortune de France (LVMH, Yquem, Cheval Blanc)….et on ne parle pas des Rothschild avec Lafite, Mouton, du Prince de Luxembourg avec Haut-Brion, de Corinne Chryssoula Mentzelopoulos (Margaux), allez avec Bernard Magrez et François Pinault, je pense qu’on a l’équipe, le onze qu’il faut.