23 Mai

Lescaneaut : Malika et Pascal Boueix, un couple de vignerons de Castillon en bio depuis plus de 10 ans

Ce couple de vignerons de Saint-Magne-de-Castillon conduit son vignoble en mode bio depuis 2009 et désormais fait le choix de la biodynamie. Je vous propose de faire connaissance avec Malika Faytout-Boueix et Pascal Boueix du château Lescaneaut qui seront dans le Côté Châteaux n°24, diffusé sur France 3 Noa le 7 juin prochain.

Pascal Boueix et Malika Faytout Boueix du château Lescanaut © JPS

« Bonjour Jean-Pierre, bienvenue au château Lescaneaut, je suis Malika Faytout-Boueix et voilà Pascal mon mari, nous sommes vignerons ici au château et en bio depuis 2009 »... Par une belle journée à réjouir les grenouilles du châteaux, ce couple de vignerons me présente leur vignoble sous quelques giboulées de mai… « Ca c’est un pied qui a été gelé cette année, là ce sont des bourgeons gelés, bizarrement les bourgeons qui sont juste à côté sont repartis, enfin cela nous arrange, donc on pensait être un petit peu plus gelé que cela mais c’est en train de repartir… » m’explique Pascal Boueix devant un pied de vigne.

Leur vignoble de 8,8 hectares est planté à 75 % merlot, 15% de cabernet sauvignon, 10% de cabernet franc. Un vignoble qui est certifié bio depuis le millésime 2009.

« Le fait d’être en bio, cela signifie zéro produit chimique, pour faire très simple. On a droit à des produits, des produits organiques, mais pas d’insecticide, pas de désherbant, en revanche beaucoup de travail du sol pour enlever les herbes… » Et de montrer ce sol vivant : « la base du vin, c’est cela, un sol grumeleux, pour avoir un sol vivant, en forme, avoir une vigne en forme, et avoir des bons raisins et quand on a des bons raisins après c’est presque facile de faire du vin… » « Depuis 20 ans qu »on fait du vin, je trouve que tout le monde s’y met de plus en plus; maintenant à Castillon, on est 25% de bios, tous les jeunes qui s’installent ont plutôt cet état d’esprit, c’est plutôt pas mal pour le futur… » Et de faire remarquer à Pascal « t’es encore jeune toi  ! » « Si je suis encore jeune, oui il me reste encore 30 à 40 ans à travailler dans les vignes, jusqu’à 90 ! Tu seras là aussi pour nous filmer peut-être  ! » Bien évidemment…

Pascal, souvent en bermuda, me fait visiter son chai qui n’a rien à voir avec ces chais clinquants que j’ai pu vous faire découvrir récemment, mais bien sûr ce n’est pas aussi les mêmes budgets : « nous on a réalisé ce chai en 2002, 2003, quand on s’est installé, on a voulu un chai très pratique…Ce sont des cuves toutes simples en ciment, mais avec une très grande ouverture d’un mètre, on mouille le chapeau d’en haut à la main, cela permet d’arroser très facilement et de faire les vinifications très facilement dans ce genre de cuves. »

Et de déguster à la barrique le millésime 2019 toujours en élevage : « nous à Castillon, on a majoritairement du merlot et donc Castillon, c’est pareil 75% de merlot, le reste en cabernet sauvignon et cabernet franc… » « C’est le 2019 là, on fait un élevage 18 mois, il y a vraiment de bons arômes de fruits noirs, un panier de fruits noirs et rouges, avec un léger toasté… C’est un vin avec des tannins déjà soyeux, avec de la gourmandise… », commente Malika.

« Lescaneaut, c’est un domaine familial, de mon côté, il y a des vignes tout autour de Lescaneaut, c’est planté sur une veine de graves, ma grand-mère, la fille de la rivière, puisqu’il y a la Dordogne juste là, elle a épousé le fils des côteaux », explique Malika dans cette vieille demeure familiale. « C’est vraiment une belle histoire de famille entre la fille de la rivière et le fils des côteaux… »

Malika et Pascal, incarnent à leur tour une belle histoire de famille, elle psychologue et lui architecte, ils se consacrent beaucoup à leur passion et mènent quasiment à eux seuls le domaine qu’ils ont orienté en bio dans les années 2000, avec une certification en 2009;  « là, on va même un peu plus loin en faisant de la biodynamie. Il se trouve qu’on fait du vin, mais les vignes ce n’est pas la priorité, la priorité c’est la maison, c’est les champs, c’est les arbres, c’est l’éco-système en fait, les vignes en font partie et donc il faut préserver cet éco-système. »

Une belle rencontre à découvrir dans le n°24 de Côté Châteaux sur France 3 Noa, le 7 juin prochain à 20h05.

16 Mai

A l’aube de l’été, rendez-vous aux portes ouvertes des Estivales de Pessac-Léognan les 12 et 13 juin

Le 19 mai, les Français vont pouvoir à nouveau profiter de déjeuners en terrasses ; moins d’un mois plus tard, les Girondins et amateurs de vin et de patrimoine auront rendez-vous le week-end des 12 et 13 juin dans les châteaux de l’appellation Pessac-Léognan pour l’opération des Estivales. Des déjeuners champêtres auront lieu le samedi, sur réservation. A noter dans vos tablettes bien sûr.

Cette année, les châteaux revivent et fondent de nouveaux espoirs. Ce sont 29 châteaux de l’Appellation Pessac-Léognan qui vous proposent de faire visiter leur vignoble et leur patrimoine durant 2 jours, les 12 et 13 juin prochains.

De 10h à 19h, les propriétaires et responsables de ces domaines crus classés de Graves ou non classés, vous proposeront des visites, des ateliers d’animation pour découvrir le travail de vigneron et de nombreuses dégustations de leurs vins blancs et rouges renommés.

Le. samedi 12, des déjeuners champêtres seront organisés dans certains châteaux, si la météo est clémente, c’est en général un bon moment à vivre et à partager entre amis ou en famille avec les vignerons ou les accompagnants des propriétés.

Pour réservez des places ou pour tout renseignement, contactez le syndicat viticole de Pessac-Léognan au 05 56 00 21 90 ou par mail à info@pessac-leognan.com

15 Mai

Un avant-goût du Tour de France 2021 : Bernard Hinault intronisé par la Jurade de Saint-Emilion

La Jurade a tenu à rendre hommage au « monument » du cyclisme français, Bernard Hinault quintuple vainqueur du Tour de France, Champion du Monde, le cycliste aux 250 victoires. Il a été intronisé Pair au sein de la Jurade de Saint-Emilion en cette fin de matinée, pour non seulement l’honorer, mais aussi en clin d’oeil au prochain Tour de France dont la 20 étape un contre-la-montre sera disputée entre Libourne et Saint-Emilion le 17 juillet.

Habitué des maillots jaunes, Bernard Hinault a cette fois-ci enfilé la robe rouge et blanche de la Jurade de Saint-Emilion. Une émotion pour lui, mais j’allais dire aussi pour tous les français présents dans l’assistance, salle des Dominicains à Saint-Emilion en Gironde : les Jurats, bien sûr, le maire du village, un Bernard lui aussi, mais également le monde du vin et les journalistes. Car Bernard Hinault fait partie du patrimoine de la France.

Ainsi pour Alain Naulet, le maître de cérémonie, qui fait du vélo tous les jours, 160 à 180 bornes par semaines pour s’entretenir :

Bernard Hinault, c’est le Monument, c’est le Monument ! Avec autant de victoires sur tous les tours, la Vuelta, le Giro et le Tour de France, c’est synonyme de grand champion. C’est une époque que j’ai bien connue, il nous a fait rêver… » Alain Naulet de la Jurade

Franck Binard, le directeur du Conseil des Vins se souvient aussi de cette période: « en 1980 j’avais 8 ans, j’étais sur les bancs de l’école mais aussi devant la télé à regarder le tour. Bernard Hinault, c’est l’un des plus grands champions de tous les temps. 250 titres remportés, c’est un exemple pour de nombreux cyclistes d’hier et d’aujourd’hui. »

Bernard Hinault, pour moi c’est le vainqueur 5 fois du Tour de France, il a égalé Anquetil, pour moi il fait partie des plus grands cyclistes mondiaux, et en plus il est français, on est très fier, cocorico ! « , Jean-François Quenin du château de Pressac

Eh oui, car comme le rappelait Alain Naulet dans son discours d’intronisation, Bernard Hinault c’était la gagne : « tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, la course n’est ni gagnée, ni perdue ». Et de dégainer son fabuleux parcours qui l’a mené de sa Bretagne natale Yffiniac jusqu’au podiums sur les Champs-Elysées…

« Le plaisir de dominer les autres vous prodiguait une jouissance mentale et vous permettait de serrer les dents sur la douleur. Vous attribuez vos performances à vos aptitudes physiques, à votre goût de la compétitivité et à votre moral de tueur ». Et de rappeler aussi ce qu’il disait : « sans une bonne équipe, comme vous le disiez, vous n’auriez pas remporté toutes ces victoires. « 

Une énorme carrière, un sacré parcours, Alain Naulet presque en danseuse sur son pupitre, n’ a pas ménagé sa peine, sa sueur, sous sa robe, pour rappeler en une petite demi-heure son histoire française avec ses 5 victoires sur le tour avec de sacrés concurrents comme Laurent Fignon ou encore Joop Zoetemelk, qui a réussi a gagné un tour, car Bernard s’était retiré sur blessures en 1980. (un souvenir pour moi jeune qui créchait dans l’hôtel de l’équipe Mercier à Morzine pour regarder l’arrivée du tour). Son surnom que lui avait donné ses amis coureurs il l’aimait bien : « vous avez vite apprécié ce surnom de blaireau qu’on vous avait donné, quand on connaît l’animal…Et de lui faire dire « quand on m’emmerde, je rentre dans mon trou, et quand je sors je mords… » (Rires de Bernard Hinault).

Et Bernard Hinault d’apprécier ce long discours, car Bernard a toujours été comme un étendard un meneur de bataille, un conquérant qui annonçait ce qu’il allait faire et qui tenait parole. Alors aujourd’hui, il commente ainsi cette intronisation à l’aube du prochain tour de France :

Cela fait toujours plaisir, en plus ce n’est pas n’importe où, c’est dans de très grands vins et je leur dis merci. C’est de l’émotion, oui comme à chaque fois que l’on reçoit un diplôme ». La consécration d’une carrière bien remplie  ?, je lui demande. « Je pense », me répond-il avec des rires…Bernard Hinault.

Autre moment fort celui avec l’artiste de Royan Milcko Stack qui est venu lui remettre un tableau qu’il a peint en hommage au champion :

Jai toujours été fasciné par ce champion au potentiel hors norme, mais aussi par l’homme, sa détermination, son courage, son audace, sans oublier sa droiture », Milcko Stack artiste peintre.

Il y a quelques années l’artiste peintre, sculpteur de Charente avait demandé l’autorisation à Bernard Hinault de « pouvoir créer une oeuvre à son image… » Il a accepté spontanément et pour moi, c’est une belle faveur ». « Tu nous as fait craquer, je suis intimidé face à toi, parce que tu es un gars extraordinaire et un gars abordable. Merci Bernard d’avoir ce tempérament et d’être ce que tu es… »

François Despagne présentant son château Grand Corbin Despagne à Bernard Hinault

Et de dévoiler ce tableau avec à gauche Bernard Hinault, en danseuse sur son vélo, avec le maillot de champion du monde, puis au centre Bernard les bras levés avec le maillot de champion de France sur un fond d’hexagone, et enfin ce visage : « la gagne dans la rage, son regard de tueur, de gagneur, s’il vous a dans le collimateur, il ne vous lâche pas… »

 

Bernard Hinault ne s’attendait pas à retrouver ses victoires en bouteilles © Franck Binard

« Bernard Hinault, c’est un sportif hors norme… », complète François Despagne, lui aussi un grand coureur mais dans ses vignes, après le gel, où il a été durant 3 nuits sur le pont, à combattre le gel à coup de bougies et d’éolienne…François, il est comme moi, en admiration, « Bernard Hinault, c’est toute mon enfance… » Arrête François, tu vas finir à lui donner un coup de vieux. C’est qu’il a encore de l’énergie Bernard, à 66 ans et des conseils à prodiguer.

C’est chez François Despagne que Bernard Hinault a été invité à déjeuner et à découvrir ce cru classé de Saint-Emilion. Il incarne « le courage, la volonté, il dit ce qu’il va faire et il fait ce qu’il dit… Il a ce bon sens paysan » ajoute François Despagne qui sait que Bernard Hinault a monté en 1983 un élevage avant même sa fin de carrière pro sur le vélo, même s’il a toujours continué à donner des conseils et commentaires lors des tours de France qui ont suivi…

François Despagne lui a fait visiter son cuvier et ses chais, lui expliquant qu’il a commencé à passer en bio en 2004, parmi les premières échappées de vignerons, même si c’est très exigeant sous ce climat bordelais avec toutes ces pluies…Il a poursuivi l’expérimentation en passant tout le vignoble en 2010, avec une certification bio obtenue en 2013.

François Despagne n’a pas manqué de monter sur le podium aussi celui de la générosité, faisant non seulement goûter au champion un fabuleux millésime de 1961, proche de la date de naissance de Bernard Hinault, mais aussi en lui offrant une caisse de Grand Corbin Despagne avec les millésimes correspondant à chaque victoire du champion sur le Tour de France : 1978, 1979, 1981, 1982 et 1985.

En tout cas, merci Bernard, pour nous avoir tous fait rêver !

(Un reportage à voir dans le numéro 24 de Coté Châteaux le 7 juin prochain à 20h05 sur France 3 NOA.)

12 Mai

Côté châteaux n°23, le magazine spécial nouveaux chais du bordelais

Vous allez être subjugués par ces superbes chais, à la fois une ode au design et une prouesse technique et architecturale. Côté châteaux vous emmène visiter le nouveau chai du château Valandraud avec Jean-Luc Thunevin et Muriel Andraud. A Saint-Emilion, vous découvrirez également le nouveau chai de Figeac avec une visite guidée par la famille Manoncourt. Autre visite guidée étonnante avec Véronique Sanders et le chai-jardin de Haut-Bailly en Pessac-Léognan mais aussi celui de Latour-Martillac en compagnie de la famille Kressmann. Enfin, Lynch-Bages vous étonnera par son chai tout en transparence avec Jean-Charles Cazes. A voir sur France 3 Noa lundi 17 mai à 20H05.

Edouard Touton, architecte, Muriel Andraud et Jean-Luc Thunevin devant leur nouveau chai de Valandraud © JPS

C’est un très joli numéro de Côté Châteaux qui va vous faire rêver. A sillonner le bordelais et depuis ce premier magazine « Bordeaux, la métamorphose » diffusé sur France 3 Aquitaine sur une première salve de nouveaux chais livrés en 2017, je me suis dit qu’il fallait réactualiser le propos avec ces derniers chais sortis de terre….Et oh là là, je vois déjà poindre les critiques, mais oui ce magazine n’est pas exhaustif, et bien sûr je vais faire quelques déçus qui ont aussi rendu une belle copie, j’en suis navré, qu’ils veuillent bien m’excuser.

Ce n°23 de côté châteaux vous emmène déjà du côté de Saint-Etienne-de-Lisse à la rencontre de Jean-Luc Thunevin et Muriel Andraud, les propriétaires du château de Valandraud, « partis de rien en 1984 avec 100 000 francs » et qui aujourd’hui sont à la tête de 40 hectares à Saint-Emilion, 4 hectares à Pomerol, des hectares à Lalande-de-Pomerol et dans le bordelais….

Avec leur architecte Edouard Touton, vous allez découvrir le nouveau chai de Valandraud, véritablement encastré dans la colline : « la volonté initiale était de faire un batiment qui s’inscrive au mieux dans le territoire saint-emilionnais, enterré à 5,5 mètres au niveau des fondations, on ne pouvait pas aller trop profondément parce qu’il fallait intégrer tout le système de cuves, et le plus important était la technicité et l’usage des travailleurs du vin, donc on ne pouvait pas se permettre d’avoir des cuves trop hautes pour le travail… »

« L’idée de départ était de le rendre le plus discret possible, avec la géothermie adaptée, c’est presque un grand puis canadien par exemple », explique Jean-Luc Thunevin. « Il y a eu un vrai travail en amont avec l’architecte des bâtiments de France, les vraies références sont les hangars agricoles de nos régions qui sont d’une pureté et d’une beauté impeccable et qui se fondent dans le paysage, avec ces grands piliers de pierre et ces charpentes… », commente Edouard Touton. « Le projet était de créer une mini-centrale photovoltaïque, qui permette de pouvoir intégrer toute la consommation faite par le chai au moment des vendanges ».

Et de découvrir ces cuves d’une mixité incroyable : « il y a du bois, de l’inox, du bois tronconique normal et  de l’inox tronconique inversé…La c’est la tradition d’un côté avec le pigeage un peu dur car le marc se compresse en venant en haut alors que dans l’autre le marc est beaucoup plus mince et donc beaucoup plus facile à piger, donc l’extraction sera plus douce, on est dans une formule 1″…ajoute Jean-Luc Thunevin.

Le chai de Figeac © JPS

Durant 30 mois, château Figeac à Saint-Emilion a engagé des travaux dantesques, avec pas moins de 50 entreprises, des travaux sous l’égide du cabinet d’architectes bordelais A3A, pour un montant de 15 millions d’euros. « Le plafond est une vague qui fait son petit effet et nous sommes très contents d’avoir utilisé le bois, la pierre, l’acier, des beaux matériaux…Nous n’avons utilisé que des entreprises régionales, ça cela nous faisait plaisir…« commente Marie-France Manoncourt la propriétaire. 

Un toast avec le millésime 2015 en l’honneur de Figeac © JPS

« Nous entrons maintenant dans le cuvier de château Figeac », explique à son tout le directeur général Frédéric Faye. « Nous avons profité du relief collinaire de la propriété pour l’intégrer dans le sol, puisque 63% du projet se trouve sous le niveau du sol. Il était important pour nous d’équipe avec la dernière technologie l’ensemble de cet outil, mais toutefois cette technologie est cachée car ce n’est pas cela qui fait un grand vin, c’est la qualité du terroir de château Figeac ».

(Retrouvez ici le reportage sur « Figeac : la renaissance de ce 1er grand cru classé de Saint-Emilion avec son somptueux chai »)

Véronique Sanders devant le nouveau chai jardin de Haut-Bailly © JPS

A Léognan, il y a de quoi être aussi subjugué, le château Haut-Bailly, cru classé de Graves vient de voir livré son chai-jardin. C’est Véronique Sanders qui nous y reçoit : « la grande force de ce batiment, c’est d’avoir été complétement intégré dans l’environnement, le jardin se prolonge et c’est comme une croupe de vigne qui vient s’élever un peu plus loin…On ne voit rien de l’extérieur, et néanmoins, on a un volume et un espace de travail à l’intérieur qui est sensationnel. »

« C’est Bob Wilmers, le propriétaire de Haut-Bailly, qui en juillet 2017 lorsqu’il a vu le projet a eu un coup de coeur comme nous tous…Il a donné son feu vert en disant de le faire rapidement, malheureusement il nous a quitté en décembre 2017 et le projet a été porté par la suite par sa famille. »

Ce jardin suspendu et ce chai d’élevage ont été réalisés par l’architecte Daniel Romeo : « c’est un chai qui a été conçu pour qu’on puisse circuler autour, c’est extrêmement fonctionnel, la particularité de ce chai, c’est qu’il n’y a aucun poteau, il y a une voûte d’un diamètre de 38 mètres et 1500 m 2  sans  un seul poteau et cette voûte contient des puis de jour, pour laisser passer la lumière naturelle, et imaginez aussi qu’il y aun jardin, donc vous voyez la performance technique et architecturale qui réside dans ce chai. »

En dessous, on découvre les 54 cuves disséminées sur tout le pourtour de ce chai pour faire du parcellaire: « au centre de ce cuvier nous avons une dizaine de cuves de 50 hectolitres, et puis nous avons des cuves de 70, 80, 85 et 90, ces cuves ont été réalisées par une entreprise qui a le brevet pour installer la thermorégulation dans la paroi de la cuve, ce qui nous évite d’avoir un serpentin au centre de la cuve. En dessous du cuvier, le chai à barriques également circulaire qui peut contenir jusqu’à 900 barriques, là sur un niveau car il contient la récolte 2020 qui était une récolte relativement petite, mais on pourrait très bien envisager que ces barriques soient sur 2 niveaux….Nous sommes ici enterrés à 10 mètres de profondeur, et comme vous pouvez le voir, il y a une température naturelle de 14° qui fait que nous n’avons quasiment pas besoin d’utiliser l’air conditionné. »

Sur la façade de ce chai circulaire est inscrit « Haut-Bailly Cru exceptionnel » : « c’est une référence à la grande et longue histoire de Haut-Bailly puisque c’est une mention qui a figuré sur nos étiquettes pendant pratiquement un siècle et qui faisait référence à ce terroir extraordinaire de graves et d’argile. C’est un petit clin d’oeil au passé », précise Véronique Sanders.

Lynch-Bages, un bâtiment élégant, réalisé en transparence © JPS

Le célèbre château Lynch-Bages, propriété de la famille Cazes, s’est doté aussi d’un joyau, un nouveau chai tout en verre, ultra-sophistiqué, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei et réalisé avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain. Un chai qui contient désormais 80 cuves inox pour faire du parcellaire, avec aussi en sous-sol 2000 barriques. C’est Jean-Charles Cazes, aux commandes de Lynch-Bages, qui me fait la visite guidée:

Jean-Charles Cazes dans le nouveau Cuvier de Lynch Bages © JPS

« Nous avons aujourd’hui 80 cuves, dans notre cuvier, nous en avions 40 auparavant, donc cela nous a permis de diminuer la taille moyenne de chaque cuve… et d’avoir des cuves plus adaptées à notre travail de sélection intra-parcellaire, cela fait partie des recherches que nous avons faites depuis une vingtaine d’années à Lynch-Bages pour plus de précision ».

Quand le passé et le futur se rencontrent à Pauillac, Lynch-Bages brille de mille feux © Jean-Pierre Stahl

Et de m’emmener visiter le gigantesque chai à barrique 2 niveaux en dessous: « nous voici dans le chai d’élevage, qui accueille aujourd’hui la récolte 2020 qui est le 1er millésime que nous avons vinifié dans ces nouvelles installations…et vous voyez que l’espace est assez vaste…puisque le chai a été conçu pour accueillir 2 récoltes avec 2000 barriques… Si on a deux récoltes successives de fort rendement, cela nous permet de ne pas à avoir à remonter les barriques en cuves pour faire la place à la récolte qui suit. On travaille  avec des chênes français de chauffe moyenne, et on a 70% de barriques renouvelées chaque année sur notre grand vin ».

(Retrouvez ici le reportage sur : Lynch-Bages: « un nouveau chai tout en verre doté des dernières technologies pour sublimer le vin »

Edouard et Tristan Kressmann, dans leur nouveau chai livré en 2020© JPS

Au château Latour-Martillac, ce sont Tristan et Edouard Kressmann qui nous recoivent et nous montrent ce chai très harmonieux qui s’intègre totalement dans l’existant. « Effectivement c’était un désir de la famille que ces bâtiments s’intègrent, on n’avait pas beaucoup de place, donc on ne voulait pas choquer avec l’ancien, la seule touche un peu moderne, cela va être cette boutique et ses verrières », commente Edouard Kressmann.

C’est un nouveau chai mais aussi pas mal axé sur l’oenotourisme : « il faut se mettre à la page et c’est vrai qu’on a profité de cette occasion pour aménager un espace pour accueillir nos visiteurs, tous les ans plus nombreux », selon Tristan Kressmann. C’était l’occasion de concevoir quelque chose de moderne qui raconte l’histoire de Latour-Martillac avec mon grand-père qui a acheté le château en 1930, les grands consultants qui nous ont rejoint Michel Rolland et avant Denis Dubourdieu.Bref toute la famille se retrouve représentée dans ces fresques réalisées par un peintre bordelais Max Ducos et c’est absolument formidable. »

Et les Kressmann de nous faire découvrir leur cuvier tout en inox : 22 nouvelles cuves, 16 de 125 hectolitres et 6 de 70 hectos. « Nous fonctionnons avec de l’inox depuis plus de 30 ans ici et on s’est rendu compte de l’efficacité et Denis Dubourdieu nous a dit surtout ne vous embêtez pas vous maîtrisez parfaitement ce mode de cuvaison. Gardez l’inox, vous serez plus tranquilles, » commente Tristan Kressmann.

Et de nous inviter à déguster dans leur chai à barriques le millésime 2020 qui a eu la chance d’inaugurer dès septembre ce nouveau chai: « c’était un millésime très compliqué à la vigne avec les fortes pluies à la vigne qui ont amené du mildiou et la sécheresse de juillet, mais heureusement on a eu des raisins très concentrés, et au final on a un super vin, typiquement Bordeaux…avec de la fraîcheur, du fruit, des jolis tannins, une très jolie structure en bouche, vraiment un régal », selon Edouard Kressmann. Et pour Tristan Kressmann : « c’est une série absolument magique, 2018, 2019, 2020 une série incroyable… »

Un numéro savoureux de Côté Châteaux réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Alexandre Berne, à voir le lundi 17 mai à 20H05 sur France 3 NOA et aussi sur You Tube : 

27 Avr

Girondins de Bordeaux : les réactions plutôt positives du monde du vin… sur le terrain de la reprise

24 heures après la tribune de François Pinault, visant un projet de reprise des Girondins par le monde du vin, les réactions ne se sont pas faites attendre. Côté châteaux a fait son tour d’horizon pour voir si le projet était crédible. On va dire que l’idée est très bien accueillie, en revanche il faut un leader ou des individualités fortes pour prendre en mains ce projet, car comme le résume le porte parole du club de supporters des ultras, « seuls les actes comptent ». Réaction également du maire de Bordeaux Pierre Hurmic.

Bernard Magrez se dit prêt à participer © JPS

FRANCOIS PINAULT EN NUMERO 10

Vous adorez les métaphores, moi aussi. Sur le terrain, vous pouvez aligner tous les joueurs que vous voulez, mais si vous n’avez pas de numéro 10 (Zizou, Platoch, and co…), si vous ne marquez pas de but, eh bien vous pouvez annoncer que vous avez la capacité ou la meilleure équipe du monde, mais si le score au final reste nul ou que vous n’avancez pas, le salut ne peut arriver… D’un côté les intentions sont belles, mais vont-elles aller au bout ? J’ai ainsi essayé, en toute modestie et en mouillant le maillot, de décrypter cet épisode de plus qui vient bercer le sort d’un club culte les Girondins de Bordeaux, qui fêtent cette année leur 140 ans, mieux que Jeanne Calment, et là ça calme.

Parmi les buteurs, François Pinault aurait pu endosser le n°10, avec cette très belle initiative, soulignée hier, cette tribune, depuis laquelle on sent qu’il a voulu aller sur le terrain, cette lettre ouverte, bref cet appel à ses « collègues, propriétaires de grands crus » pour, je résume, sauver les Girondins. Avec ce sentiment qui vient du coeur : « associé depuis trente ans à la vie bordelaise, à travers Château Latour, je pense que l’existence du club mythique que sont les Girondins est importante pour Bordeaux, son rayonnement, son équilibre auxquels tous les propriétaires viticoles ne peuvent que s’identifier, » selon François Pinault.

François Pinault a montré par le passé que l’avenir du club rennais le préoccupait, amoureux du foot, il l’a acquis, mais malheureusement aujourd’hui, il ne peut faire de même pour les Girondins, car 2 clubs de Ligue 1 ne peuvent appartenir au même proprio… Dès lors, il interpelle les autres propriétaires de châteaux, les mettant devant cette responsabilité morale, doit-on laisser un club du patrimoine girondin à la dérive ou bien le sauver ? Il apporte la réponse ainsi : « je suis prêt à apporter mon soutien à toute opération montée par les acteurs du vin et je le ferai avec enthousiasme. J’appelle donc mes collègues propriétaires à se réunir afin de préparer un projet de reprise des Girondins ».

BERNARD MAGREZ NUMERO 9

Dès hier, son ami depuis toujours, Bernard Magrez, me confiait en exclusivité en fin d’après-midi, en digne avant-centre, n°9,  qu’il a été durant toute sa vie: « je le soutiens, je répondrai positivement si son projet va jusqu’au bout car c’est un homme de qualité et les décisions que prennent les gens de qualité, cela mérite intérêt ! », même si par ailleurs il temporisait son propos : « oui, pourquoi pas à un projet de reprise, oui on soutiendrait, mais pas avec des sommes folles. Ce n’est pas parce que lui est prêt à mettre des millions, qu’on mettra des millions. Mais, il a raison, c’est un amoureux du foot, il comprend très bien le football. »

Allez on va dire qu’il peut y avoir aussi un rôle de pivot, assez primordial, dans la prise de position ou de ballon, de Philippe Castéjà, président du Conseil des Grands Crus Classés en 1855, qui accueille favorablement cette démarche :

Philippe Castéjà en mai 2019, lors de Vinexpo © JPS

Cette idée de Monsieur Pinault que des gens de Bordeaux s’orientent vers une possibilité de reprise des Girondins est une excellente idée », Philippe Castéjà, Président du Conseil des Grands Crus Classés en 1855

« François Pinault est lui même très intéressé par le foot… Cela posera des problèmes avec la loi Evin, car comme vous le savez, on est limité par cette loi. Mais qu’il faille réfléchir, oui. Au Conseil des Grands Crus Classés 1855, on ne peut pas faire grand chose, sauf canaliser les volontés personnelles des différents châteaux. Avec notre groupe Borie-Manoux, nous faisons déjà partie de l’accompagnement des Girondins avec des prises de places en location…On peut accompagner, après ce sera un long débat, il y a plein de questions qui vont se poser, mais pourquoi pas. »

Dans l’équipe, on peut toujours imaginer un Christophe Chateau, du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux, qui a aussi eu son rôle de passeur, d’influencer ou de buteur, même si reconnaît-il « personnellement, je n’ai pas les sous… » Il n’empêche : nous avons des liens avec le club, qui comme les Vins de Bordeaux représente une marque au niveau culturel, mais nous ne pouvons, nous CIVB, pas être actionnaire dans le club, cela ne fait pas partie de notre objet. »

Christophe Chateau rappelle toutefois le soutien opéré depuis le gel de 2017 où les vignerons avaient perdu 39% de la récolte. « Allan Sichel a souhaité qu’on achète avec le CIVB 10 000 places à un prix préférentiel afin des les offrir aux salariés de la filière qui venait de subir le gel ». Ils ont pu voir ainsi Bordeaux-Monaco et il y a 2 ans Bordeaux – Saint-Etienne. Une opération renouvelée en théorie chaque année mais une opération interrompue avec la crise liée au coronavirus.

Les joueurs de l’UBB lors des dernières vendanges avec les Côtes de Bourg en octobre 2019, avec Stéphane Donze (2e depuis la droite) © JPS

PARMI LES DEFENSEURS LES COTES DE BOURG

S’il y en a bien des gaillards vignerons qui ont eu la fibre sportive durant toutes ces années, ce sont les vignerons de Côtes de Bourg. Ainsi, il ont su tisser des partenariats avec l’UBB d’abord, puis les Girondins de Bordeaux ensuite. Des partenariats avec un aspect de soutien financier avec des locations de loges au Stade Chaban ou au Matmut jusqu’à aujourd’hui. Malheureusement, la crise viticole est passée par là et Stéphane Donze, président du syndicat viticole des C^tes de Bourg le confiait : « nous on arrête le partenariat qui nous liait avec les Girondins pour des raisons financières, il faut qu’on dégage du budget pour se recentrer sur les réseaux sociaux où on était plutôt absent. On s’était engagé depuis 3 ans, on avait un salon de 90 places loué par les Girondins et Matmut… De même, on avait un partenariat avec l’UBB duquel on se retire aussi, en fait cela touche tous les partenariats sportifs. On se recentre sur la promotion des vins dans cette période un peu compliquée. L’an dernier, les vins en vrac ne sortaient pas des chais, là cela reprend et commence à être correct, mais on avance au fur et à mesure. »

Pierre Hurmic, le maire de Bordeaux, en gardien, gardien du temple pour veiller à une bonne bonne reprise © JPS

PIERRE HURMIC ENTRAINEUR OU SUR LE TERRAIN ?

Le Maire de Bordeaux, Pierre Hurmic, joint également ce midi, ne souhaite pas rester sur le banc des remplaçants, il s’est levé, a presque enfilé le short et chaussé les crampons et m’a déclaré en réaction à l’initiative de François Pinault:  « j’en pense du bien ! Il ne faut pas que le pouvoir économique et le pouvoir politique se montrent défaillants comme en 2018, où on a accepté les yeux fermés la vente du club à un fonds de pension américain, avec tous les dangers que cela représentait, avec notamment des risques de rentabilité à court terme. Les conditions doivent changer…

« Le 22 avril quand j’ai appris que le président des Girondins a décidé de placer le club sous protection du Tribunal de Commerce avec un mandataire ad hoc, j’ai dit qu’il fallait que les politiques se mobilisent pour que le club ne se vende plus au plus offrant, car: 

Le club des Girondins est notre patrimoine depuis 140 ans, c’est le patrimoine des Bordelais, et il y a une attente d’eux et des supporters. Aussi, je regarde d’un très très bon oeil que le monde économique et viticole. Je pense que c’est une opportunité pour que le club tombe entre de bonnes mains, » Pierre Hurmic Maire de Bordeaux.

LES SUPPORTEURS ATTENDENT DES ACTES

1500 supporters samedi place Pey Berland © France 3 Aquitaine

Florian Brunet, porte-parole des Ultramarines reste prudent par rapport à cet échauffement depuis hier :« on ne croit que ce qu’on voit. Les belles paroles ne mènent absolument à rien ».

Il est très gentil Monsieur Pinault, c’est sympa, cela valorise le club, mais seuls les actes comptent. Cela sera bien avec celui qui mettra l’argent sur la table, celui qui mettra l’argent pour relancer le club, » Florian Brunet, porte parole des Ultramarines

Samedi dernier, les supporters avait mobilisé non pas 11 joueurs mais 1500 personnes sur la place Pey-Berland de Bordeaux, devant la mairie, pour réclamer le sauvetage du club et la démission du président actuel. Pour sûr qu’ils vont être attentifs et suivre, non pas devant leur écran, mais dans l’arène tout projet de reprise, qu’il émane du monde du vin ou d’ailleurs.

Enfin, mouillant le maillot, jusqu’au bout, en se disant on se sait jamais… j’ai appelé Jean-Louis, non pas des « Petits Mouchoirs », mais Jean-Louis Triaud, l’ancien Président des Girondins, qui a marqué le club durant de nombreuses années avec ces titres magnifiques comme champions de France (1999, 2009) ou de coupe de la Ligue (2002, 2007 et 2009). Heureux de m’avoir en ligne, il m’a gentiment répondu : « j’ai dit que je ferais plus de commentaire à la presse et quoiqu’il en soit je ne dis plus rien. » A la question, un peu comme un tir osé de 30 mètres, de savoir s’il rempilerait…Sa réponse est assez amusante : « mon handicap en golf s’est amélioré de manière significative. »

Bernard Magrez se dit prêt à participer © JPS

Allez, on y croit, il reste pas mal de n°10, des Martin Bouygues (propriétaire de Montrose), Pierre Castel (N°1 mondial des marques de vin), la famille Dassault (château Dassault),  ou Bernard Arnault 1ère fortune de France (LVMH, Yquem, Cheval Blanc)….et on ne parle pas des Rothschild avec Lafite, Mouton, du Prince de Luxembourg avec Haut-Brion, de Corinne Chryssoula Mentzelopoulos (Margaux), allez avec Bernard Magrez et François Pinault, je pense qu’on a l’équipe, le onze qu’il faut.

26 Avr

François Pinault invite les propriétaires de grands crus du bordelais à se réunir pour un projet de reprise des Girondins de Bordeaux

Dans une tribune envoyée à la presse, François Pinault -fondateur du groupe Kéring (anciennement Pinault Printemps Redoute) et propriétaire de château Latour, 1er grand cru classé de Pauillac- adresse une « lettre ouverte à ses collègues, propriétaires de grands crus bordelais. »  Il les invite à « se réunir afin de préparer un projet de reprise des Girondins ». « Prêt à apporter mon soutien à toute opération montée par les acteurs du vin et je le ferai avec enthousiasme », ajoute-t-il.

VOICI LA TRIBUNE ADRESSEE CE JOUR PAR FRANCOIS PINAULT 

« Lettre ouverte à mes collègues, propriétaires de grands crus bordelais »

« Comme tous les Français amoureux du football, je suis ému à l’idée de voir les Girondins de Bordeaux en risque de disparaitre. Breton et propriétaire du Stade Rennais, je mesure depuis des décennies combien l’identité d’un club et si possible ses succès participent du contrat social dans une région.

Associé depuis trente ans à la vie bordelaise, à travers Château Latour, je pense que l’existence du club mythique que sont les Girondins est importante pour Bordeaux, son rayonnement, son équilibre auxquels tous les propriétaires viticoles ne peuvent que s’identifier.

Quelle est la force économique qui, dans cette région, peut se donner l’objectif de sauvegarder les Girondins et de les développer ? Le monde du vin et en particulier les propriétaires de grands crus.

Les règles légitimes en matière de possession des clubs m’interdisent de monter un projet de reprise des Girondins, dès lors que mon groupe est l’actionnaire unique du Stade Rennais. En revanche, je suis prêt à apporter mon soutien à toute opération montée par les acteurs du vin et je le ferai avec enthousiasme.

J’appelle donc mes collègues propriétaires à se réunir afin de préparer un projet de reprise des Girondins ».

François Pinault »

LES PREMIERES REACTIONS DU MONDE DU VIN

Parmi les premiers à réagir, l’autre grand propriétaire bordelais, Bernard Magrez, propriétaire de 4 grands crus classés à Bordeaux et de plus de 40 châteaux et domaines en France et dans le monde, que j’ai aussi joint cet après-midi par téléphone, se dit favorable à cette initiative:

« François Pinault, pour moi est un ami avec un grand A, un vrai ami, donc tout ce qu’il fait est bien…Oui pourquoi pas à un projet de reprise, oui on soutiendrait, mais pas avec des sommes folles. Ce n’est pas parce que lui est prêt à mettre des millions, qu’on mettra des millions. Mais, il a raison, c’est un amoureux du foot, il comprend très bien le football. Je le soutiens donc, je répondrai positivement si son projet va jusqu’au bout car c’est un homme de qualité et les décisions que prennent les gens de qualité, cela mérite intérêt ! »

Pour Ronan Laborde, président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, actuellement en pleine semaine des primeurs : « François Pinault appelle à une communauté d’individus à s’unir à un projet de rachat. C’est bien que des personnalités comme François Pinault soient « moteur » dans un projet de reprise d’un club qui fait partie du patrimoine de notre région. » Effectivement, le club remonte à 1881…

Il est clair que de nombreux grands acteurs du monde économique en France sont également propriétaires de châteaux, et que cet appel pour sauver les Girondins de Bordeaux peut avoir un écho favorable. Nous ne manquerons pas de suivre…

Pour rappel, les Girondins de Bordeaux sont actuellement dans une situation difficile car le fonds d’investissement américain King Street, ne souhaite plus soutenir et financer le club, qui a été placé sous la protection du Tribunal de Commerce de Bordeaux. Plus d’un millier de supporters s’est réuni samedi place Pey-Berland, appelant à sauver le club de leur coeur. Bordeaux, actuellement 16e de Ligue 1 doit accueillir Rennes dimanche…

Lynch-Bages: « un nouveau chai tout en verre doté des dernières technologies pour sublimer le vin »

Le célèbre château Lynch-Bages, propriété de la famille Cazes, s’est doté d’un joyau, un nouveau chai tout en verre, ultra-sophistiqué, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei et réalisé avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain. Un chai qui contient désormais 80 cuves inox pour faire du parcellaire, avec aussi en sous-sol 2000 barriques. Visite guidée avec Jean-Charles Cazes, aux commandes de Lynch-Bages. Un portrait à retrouver dans le n°23 de Côté Châteaux spécial nouveaux chais du bordelais.

Quand le passé et le futur se rencontrent à Pauillac, Lynch-Bages brille de mille feux © Jean-Pierre Stahl

« Bonjour Jean-Pierre, bienvenue à Lynch-Bages… », ainsi m’accueille Jean-Charles Cazes, co-propriétaire et directeur général, à l’entrée du bâtiment tout en verre qui se reflète de manière originale dans une fenêtre de l’ancien bâtiment en pierre conservé juste à côté. Une nouvelle page d’histoire s’écrit depuis ce fameux cru de Lynch à Lynch-Bages aujourd’hui.

« Une entrée en fanfare, » commente le papa Jean-Michel, très célèbre figure du Bordelais qui a été aux commandes de Lynch-Bages jusqu’en 2006 (de retour sur la propriété en 1973) mais aussi Grand Maître de la Commanderie du Bontemps et qui a aussi créé le village…« Ca vous plait ? Magnifique… La où c’est le plus beau c’est quand le soleil est couché et que le ciel reste clair. »

Jean-Charles Cazes, dans le nouveau cuvier de Lynch-Bages © JPS

Ce nouveau chai de 11 000 M2 s’inscrit à la perfection entre le château de Lynch-Bages et le village de Bages. Un projet démarré en 2017, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei, que Jean-Michel Cazes avait rencontré avec son père Ieoh Ming Pei il y a 30 ans lors de la construction de la pyramide du Louvre, un chai construit en collaboration avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain, : « nous voici dans les nouveaux bureaux de Lynch-Bages après 4 ans de travaux, là vous êtes dans l’accueil déjà avec les peintures d’un peintre local qui s’appelle Julien Calvet et dont la famille était propriétaire au XIXe de Croizet Bages », commente Jean-Charles Cazes.

UN BATIMENT MODERNE ET FONCTIONNEL AU SERVICE DU VIN

« Ici nous nous trouvons à l’étage supérieur du cuvier, où on découvre notre système de vinification gravitaire, on a la réception de vendange en contre bas et vous avez ici les ovides dans lesquels sont élevées les baies une fois éraflées, et on se trouve à l’étage supérieur au niveau des cuves où nous encuvons par gravité les raisins. »

Une originalité et prouesse technique avec ces cuves ascenseurs © JPS

« Nous nous trouvons à côté des cuves ascenseurs, ces cuves ascenseurs sont utiles durant les périodes de vinification, car elles nous permettent de faire des opération de macération assez importantes, car car on fait ce qu’on appelle des délestages, nous les remplissons par gravité et une fois remplies, la cuve remonte à l’étage supérieur pour redéverser le jus de raisin en fermentation sur le chapeau de marc et permette ainsi une meilleure macération ».

Un batiment élégant, réalisé en transparence © JPS

« Nous avons aujourd’hui 80 cuves, dans notre cuvier, nous en avions 40 auparavant, donc cela nous a permis de diminuer la taille moyenne de chaque cuve… et d’avoir des cuves plus adaptées à notre travail de sélection intra-parcellaire, cela fait partie des recherches que nous avons faites depuis une vingtaine d’années à Lynch-Bages pour plus de précision ».

« Là je vous emmène au chai Skawinski, qui est le chai du XIXe, il a été l’inspiration de cette réalisation puisqu’on a repris ces procédés de vinification gravitaire qui avaient été inventés par Skavinski au XIXe…Ce chai a été construit en 1860 et a été utilisé jusqu’en 1975 qui a été le dernier millésime vinifié dans ce cuves, il s’avère aujourd’hui que c’est le dernier exemple de chai du XIXe de vieux chai bordelais qui soit conservé intact dans son jus »

Et de m’emmener visiter le gigantesque chai à barrique 2 niveaux en dessous: « nous voici dans le chai d’élevage, qui accueille aujourd’hui la récolte 2020 qui est le 1er millésime que nous avons vinifié dans ces nouvelles installations…et vous voyez que l’espace est assez vaste…puisque le chai a été conçu pour accueillir 2 récoltes avec 2000 barriques… Si on a deux récoltes successives de fort rendement, cela nous permet de ne pas à avoir à remonter les barriques en cuves pour faire la place à la récolte qui suit. On travaille  avec des chênes français de chauffe moyenne, et on a 70% de barriques renouvelées chaque année sur notre grand vin ».

Et de continuer cette fabuleuse visite avec un escalier monumental, véritable oeuvre d’art qui mène du chai à barrique au cuvier et aux bureaux à l’étage: « ces escaliers-là sont une prouesse technique, ce sont des escaliers auto-portés, qui n’ont pas de points d’ancrage sur les côtés, ils sont uniquement reliés au sol et à l’arrivée…  « De retour dans le cuvier où la luminosité naturelle du cuvier… La façade ici au sud est abrité par la maille inox qui agit comme brise-soleil, et permet d’éviter le rayonnement direct… ».

UNE FUTURE SALLE DE DEGUSTATION AVEC VUE SUR LE VILLAGE 

Tout est fait en transparence et en subtilité, poussez encore 2 grands battants et vous atterrissez dans la future salle de dégustation : « elle permettra d’accueillir les visiteurs dès que nous pourrons rouvrir au public, on est intégré dans le village avec le voisinage des bâtiments anciens…du café Lavinal qui va j’espère réouvrir bientôt… »

Tout en faisant le tour du nouveau bâtiment, on imagine la rentrée de récolte avec une immense porte:  « ici c’est la réception de vendange, c’est une grande porte avec une inspiration japonisante, puisque cela ressemble à ces parois de riz japonaise, qui nous permet d’ouvrir sur un espace de 400 m2, où on accueille 3 lignes de réception de vendange, l’important du projet c’est d’être capable d’avancer très vite, si la météo nous presse, et on doit pouvoir ramasser avec notre équipe de 150 vendangeurs, de pouvoir ramasser 12 hectares ».

La visite se termine par une séquence dégustation sur le millésime 2018 : « Le terroir de Lynch Bages, il est assez regroupé ici sur ce plateau, c’est assez simple de définir ce qu’est un grand terroir à Bordeaux, il suffit d’être sur une butte, sur une petite élévation, de regarder à ses pieds et de voir si on a de la grave et puis d’avoir une vue sur la Gironde, cela détermine un peu le micro-climat de la parcelle… On est sur des terroirs qui sont relativement précoces, peu gélifs, des terroirs de grands cabernet-sauvignons… » ajoute Jean-Charles Cazes.

« Nous voilà équipés pour les décennies qui viennent avec cet outil flambant neuf, c’est le début d’une aventure, 2020 a été le 1er millésime, et voilà on est très content et on va pouvoir chaque année s’améliorer un petit peu…et faire de plus grands vins encore. »

22 Avr

Investir pour combattre le gel : la Préfète de Nouvelle-Aquitaine au château de Sénéjac pour dévoiler les dispositifs de France Relance

2 semaines après les épisodes intenses de gel à Bordeaux des 7 et 8 avril, Fabienne Buccio s’est rendue ce matin dans un château du Pian-Médoc en Gironde qui a valeur d’exemple. Doublement touché par les gels de 2021 et 2017, il s’est équipé de tours anti-gel et compte en implanter une autre avec le dispositif d’aide de France Relance et de France Agrimer. Voici les pistes d’investissements et de recherche pour essayer de mieux appréhender le phénomène de gel de la vigne qui avec le réchauffement climatique devient récurrent.        

Fabien Fort, directeur d’exploitation du château de Sénéjac © JPS

 « Là, vous voyez, on est à plus de 10 jours de gel et c’est complétement sec… » Fabien Fort, directeur d’exploitation au château de Sénéjac, 40 hectares de vigne au Pian-Médoc, constate les dégâts dus au gel de ce printemps 2021. 30% de la propriété a été impacté à des degrés divers, il a fait -3,5°C, les 7 et 8 avril derniers.

« Le gel ne disparaîtra pas, bien au contraire, ce qui était exceptionnel il y a 10 ans va devenir récurrent dans les années à venir, certainement lié au changement climatique », commente Fabien Fort.

L’idée, c’est de réfléchir, trouver des solutions, tailler plus tard les vignes, peut-être laisser des rameaux avec tous les bourgeons (…), cela va être aussi des équipements anti-gel comme l’installation à Sénéjac de tours anti-gel, complétées par des systèmes de bougies sur des bordures pour avoir une efficacité maximale, » Fabien Fort directeur d’exploitation château de Sénéjac

Ces solutions, il les a amorcées depuis le fameux gel du 27 avril 2017 où 95% de la propriété de la famille Bignon-Cordier avait été touchée. Ainsi il a commencé à se doter de tours anti-gel et il en prévoit une supplémentaire; Il a constitué un dossier en janvier dernier qui devrait aboutir avant juin, avec un investissement de 60 000 euros, dont 30% de la somme sera financé dans le cadre de ce plan France Relance.

Pour le gel, c’est très clair, nous finançons tout ce qui va pouvoir aider les agriculteurs à lutter contre ce gel et maintenant on se rend compte que l’occurence est malheureusement de plus en plus fréquente, donc il faut travailler sur les cépages, sur la recherche, tout cela est financé par le plan de relance et tout ce qui est équipement comme ici ces tours anti-gel », Fabienne Buccio Préfète de Nouvelle-Aquitaine.

D’autres pistes sont aussi évoquées comme l’aspersion ou encore l’installation de fils chauffants, des investissements lourds mais qui seront aussi étudiés. Ce plan France Relance est doté d’un buget conséquent d’1,5 milliard et vise également à amener l’agriculture, l’alimentation et la forêt  vers une transition écologique, vers davantage de respect environnemental.

Depuis l’annonce samedi par le Premier Ministre Jean Castex d’un fonds de solidarité d’un milliard d’euros pour les dégâts dus au gel en agriculture, les viticulteurs attendent aussi ces aides qui, en plus de l’investissement seront les bienvenues…

« Il y aura des réductions de cotisations sociales pour les plus impactés, c’est ce qui se passe à chaque fois, il y a la mise en place du dispositif de chômage partiel, applicable à toutes les activités qui ont eu des conséquences liées au gel. Donc cela est une décision qui a été prise aussi très rapidement, sachant que les conséquences peuvent être sur du long terme… », précise Jean-Louis Duboug, président de la Chambre d’Agriculture de la Gironde.  » Si on prend l’exemple des caves coopératives, si une cave coop se retrouve avec 30 à 50% de vendange en moins, il y aura peut-être du personnel qui ne sera pas utilisé et donc cela pourra être utilisé à ce moment là…et puis pour les travaux dans les vignes, s’il y a moins de travail, les viticulteurs pourront utiliser ces dispositifs. »

Dans le cadre de France Relance, déjà 600 dossiers ont été déposés en Nouvelle-Aquitaine. Les aides attribuées seront de 30% de l’investissement avec un plafond de 40 000 €.

21 Avr

Le millésime 2020 vu par les oenologues et consultants : « c’est une régalade ! »

Petit tour d’horizon des oenologues et consultants du bordelais pour recueillir leur avis sur le millésime 2020. Un millésime « assez exceptionnel » qui s’ajoute à 2018 et 2019, et déjà on parle d’une nouvelle trilogie d’anthologie. Bizarres ces années en 8,9 et 0, qui depuis 40 ans sont gages de succès à Bordeaux. Les avis de Stéphane Toutoundji, Stéphane Derenoncourt, Hubert de Boüard, et Julien Viaud, actuellement en Argentine.

Stéphane Toutoundji, dégustant ce matin le 2020 dans son © laboratoire Oenoteam à Libourne

QUE PENSEZ-VOUS DU 2020 ?

Stéphane Toutoundji (Oenoteam) : « c’est un millésime assez exceptionnel. Avec beaucoup d’équilibre et un gout extraordinaire en bouche. On a eu un hiver et un printemps très pluvieux, vraiment doux, dès lors une vigne qui était prête à encaisser une situation estivale « costaud ». La floraison a été précoce, signe de millésime qualitatif à Bordeaux, puis un été sec et frais, favorable à la croissance des raisins, de belles accumulations d’anthocyanes et de tanins.Au niveau maturation, les températures chaudes en journée et la très grande amplitude thermique entre le jour et la nuit favorisent ainsi à Bordeaux les grands millésimes comme ce 2020″.

Stéphane Derenoncourt (Derenoncourt Consultants): « 2020, c’est une très très grande surprise, quant à l’identité des vins. On a des vins extrêmement frais, des tanins mûrs mais très doux, enveloppés, pas fatiguants  jolis, qui ont gardé énormément de fraîcheur »  

Pascal Chatonnet (Laboratoire Excell): « ce millésime, je trouve qu’il a une belle gueule. Ce n’était pas gagné, pas si facile que cela avec un printemps très compliqué, en plus avec le covid on n’était pas assuré d’avoir de la main d’oeuvre, dans les vignes c’était aussi compliqué avec le mildiou, bref assez chaotique jusqu’à fin juin. Puis début juillet, l’été est apparu avec une caractéristique peu connue à Bordeaux : une période de sécheresse, plus de 50 jours sans pluie. Cela a changé considérablement le profil du millésime et d’une année mal barrée c’est redevenu une année à potentiel énorme. Les pluies d’août sont arrivées plus tardivement que prévues avec  une hétérogénéité marquée. En septembre juste assez de pluies pour que la maturité se passe dans de bonnes conditions jusqu’à début octobre. Quant aux vendanges, les premiers blancs fin août, on a vendangé les rouges 2e quinzaine de septembre, sans pression.

« A la fin cela a donné une qualité assez intéressante. Des vins très denses, très frais, très aromatiques avec des tanins très souples. »

Hubert de Boüard © Bee Bordeaux

Hubert de Bouard (Hubert de Boüard Consulting et Oeno-Lab)  « C’est un millésime assez reposant, presque un pêcher mignon. Je le représenterais un peu comme un super 2001 rive droite et entre un 2008 et 2010, avec cependant moins riche en alcool que le 2010, et un peu plus chaleureux que 2019. C’est un millésime intéressant, avec des pluies présentes de novembre à juin, on a eu peur avec le mildiou, mais finalement cela a bien tenu. Il a fait chaud mais finalement rien caniculaire, un grande sécheresse c’est vrai cet été, avec un vignoble qui a souffert mais sans pic. C’est construit, c’est un millésime dans l’harmonie, on a une vraie identité, de très belles couleurs, des vins magnifiques partout, avec une typicité marquée, en Côtes de Blaye, Pessac-Léognan, Graves, Nord-Médoc, un côté salin qui donne de la fraîcheur. Depuis 20 ans que je fais du consultant, ce sont les meilleurs merlots que j’ai goûté pour la rive gauche. »

Julien Viaud (Michel Rolland): « C’est un millésime avec ce qu’il faut de petits tanins et d’arômes, il a fallu se faire violence pour garder tout cet équilibre, il fallait ne rien faire, ce qui est une épreuve pour nous et assez drôle. C’est un millésime récolté précocement , éclatant de fruits. Finalement l’équilibre a eu tendance à bouger très rapidement, les raisins étaient bons plus tôt et donc on a anticipé les vendanges de 5 à 6 jours pour garder cet éclat de fruits et cette fraîcheur aromatique. »

Stéphane Derenoncourt (à gauche), dans sa salle de dégustation à Sainte-Colombe lors du Palmarès Castillon en novembre dernier © JPS

2018, 2019 PUIS 2020, UNE SACREE TRILOGIE

Julien Viaud : « Avec ce 2020, on vient de faire un troisième bon millésime après 2018 et 2019. Il ne faut pas s’en excuser. Des trilogies comme celle-là, il n’y en a pas beaucoup. 2018 était plus solaire, 2019 plus en puissance et 2020 très soyeux. Aujourd’hui, on travaille les vins plus en délicatesse. »

Stéphane Toutoundji : « on est sur 3 grands millésimes… 2018, très pur, intéressant par le côté chaleureux; 2019, avec une belle précision aromatique, 2020 un millésime de très haut niveau, avec un bel équilibre, de la fraîcheur et un gout extraordinaire. »

Hubert de Bouard : « c’est une vraie trilogie bordelaise et il n’y en a pas beaucoup. 2018 était très solaire, 2019 avait cette typicité, cette verticalité et ce classicisme bordelais, 2020 plus harmonieux, de la suavité, un coté salin, une vraie appétence tanins-fraîcheur. « 

Stéphane Derenoncourt : « En 2018, 19 et 20, ce sont des millésimes sans excès de style, on retrouve le traditionnel équilibre bordelais, avec de la maturité, de la fraîcheur, les 3 sont réussis, avec pas de gros rendements, comme pour ce 2020 où la floraison n’était pas géniale, beaucoup de sécheresse des peaux épaisses et peu de jus. »

Pascal Chatonnet : « La trilogie 18,19, 20, moi elle me fait penser à 2008, 09,10… Le 2020, je trouve que c’est un hybride entre 2018 -puissance, fraîcheur, densité- et 2019 -souplesse-finesse… Globalement, c’est bon partout, c’est assez hétérogène sur les rendements, dans le Médoc on a eu moins de cabernet sauvignon que prévu.Sur la rive droite, cela a été hétérogène à cause des événements climatiques (grêle du 17 avril). Pour ceux qui ont ramassé un peu tard, il y a eu un phénomène de concentration sur pied avec des rendements encore plus faibles, notamment sur des sols argileux. »

Julien Viaud en pleine dégustation © Mika Boudot

LES MILLESIMES EN 8,9 ET 0 DEPUIS 40 ANS SEMBLENT BENIS A BORDEAUX, 40 ANS DE TRILOGIES ?

Stéphane Derenoncourt : « c’est vrai, c’est assez juste et un peu plus homogène dans la qualité. En 2008, c’était très frais, 2009 très solaire et 2010 mûr et frais. On retrouve cela aussi 10 ans plus tôt. Et puis en 88, 89, 1990 on a retrouvé une homogénéité. 

Stéphane Toutoundji : « Je n’ai pas d’explication particulière, et pourquoi les années en 7 gèlent aussi ? 2020, on était parti pour faire un millésime épouvantable et au finale c’est un millésime de surprise, de régalade. C’est le hasard, 4 fois trois grands millésimes en 40 ans… »

Hubert de Bouard : « C’est vrai, on a cette année encore une trilogie construite. En 2008, 09 et 10, on avait une trilogie mais en 2008 un beau millésime mais pas du même niveau que 2009 et 2010. De même, pour le 88 en dessous de 1989 et 1990. Cette année tous les 3 sont du même niveau mais dans des profils différents. Je suis pragmatique, je regarde cela avec intérêt, je n’ai pas d’explication, je laisse cela à ceux qui ont des explications ésotériques. En tout cas, c’est formidable pour Bordeaux, à une période où Bordeaux souffre, il y a beaucoup de fresh air avec des notions de salinité et d’appétence sur le 2020. »

Julien Viaud : « En comparaison, il y en a toujours un plus faible: ainsi le 2008 est plus faible que 2009 et 2010 qui sont monstres; en 1998, 1999 et 2000, on a souvent parlé de la qualité du 2000 car c’était aussi un millésime avec trois zéros, le prochain le 3000 on ne le verra pas ! Mais 2001 en suivant était à mon avis meilleur. Ensuite 88, 89 et 90: 89 et surtout 90 était meilleur que 88. Après,il n’y a pas de problème mais 3 millésimes d’un même niveau, il y en a peu.

Pascal Chatonnet : (rires) « Peut-être bien, oui. Absolument, mais on s’améliore avec les années, les dernières trilogies sont meilleures que les plus anciennes. En tout cas très content du millésime, en qualité ce sera très bon et il y a une accessibilité organoleptique. Le 2020 est plus subtil que le 2010 qui est plus massif. »

13 Avr

Figeac : la renaissance de ce 1er grand cru classé de Saint-Emilion avec son somptueux chai

Figeac, un nom mythique à Saint-Emilion. Le nom d’un 1er grand cru classé, 54 hectares dont 41 de vigne qui vient de terminer des travaux titanesques qui ont duré 30 mois et coûté quelques 15 millions d’euros. Tour d’horizon avec la famille Manoncourt qui me sert de guide et Frédéric Faye, le directeur général du château. Ce chai et cette histoire seront dans le prochain Côté Châteaux spécial nouveaux chais du bordelais en mai prochain sur France 3 Noa.

Une partie de la famille Manoncourt devant la bâtisse historique de Château Figeac © JPS

« Bonjour Jean-Pierre, je suis heureuse de vous recevoir, bienvenue, bienvenue à château Figeac ! Je vous présente Blandine, une de mes filles, Hortense, une autre de mes filles… La famille est ici depuis 1892,ce n’était pas un millésime terrible mais 1893 était très très bon », commente la maman  Marie-France Manoncourt. « Figeac vit depuis très longtemps avec ce nom de figeacus qui date d’un Romain qui était dans les lieux…au 2e siècle… »

Et Blandine de Brier-Manoncourt de me montrer cette cloche qui fait partie intégrante de la famille et des traditions dans ce magnifique château : « c’est la cloche qui permet d’appeler les enfants et les membres de la famille à passer à table… Quand c’est prêt, en général on nous appelle comme cela, ce qui est amusant car cela date d’avant le téléphone portable, mais on utilise toujours la cloche parce qu’on l’aime bien, on y est attaché… »

Blandine de Brier-Manoncourt, Marie-France Manoncourt et Hortense Idoine Manoncourt © JPS

« Depuis bientôt 2 millénaires, il y a toujours eu des constructions à Figeac », commente Hortense Idoine Manoncourt. « Cela a toujours évolué et à un moment donné, il faut savoir se mettre à la page… » Et Marie-France de me montrer le magnifique portail qui ouvre sur le tout nouveau chai de Figeac : « vous voyez cette frise, elle a été dessinée par mes petites filles, pendant le confinement, elles se sont rendues utiles durant le 1er confinement avec ce côté artistique, avec aussi l’ajout de la chèvre et du lion, emblèmes de la famille aussi. Et suivant la lumière cette frise rayonne de façon différente…

Le portail du nouveau chai avec ses lettres découpées au laser et la frise réalisée par les enfants Manoncourt © JPS

Durant 30 mois, château Figeac a engagé des travaux dantesques, avec pas moins de 50 entreprises, des travaux sous l’égide du cabinet d’architectes bordelais A3A, pour un montant de 15 millions d’euros. « Le plafond est une vague qui fait son petit effet et nous sommes très contents d’avoir utilisé le bois, la pierre, l’acier, des beaux matériaux…Nous n’avons utilisé que des entreprises régionales, ça cela nous faisait plaisir…« commente Marie-France Manoncout.

L’extérieur du nouveau chai en partie enterré © JPS

« Nous entrons maintenant dans le cuvier de château Figeac », explique à son tout le directeur général Frédéric Faye. « Nous avons profité du relief collinaire de la propriété pour l’intégrer dans le sol, puisque 63% du projet se trouve sous le niveau du sol. Il était important pour nous d’équipe avec la dernière technologie l’ensemble de cet outil, mais toutefois cette technologie est cachée car ce n’est pas cela qui fait un grand vin, c’est la qualité du terroir de château Figeac ».

Le chai de Figeac, doté de 32 cuves inox et 8 cuves bois © JPS

Toutes ces cuves ont été faites sur mesure, 32 cuves inox et 8 cuves bois, en relation avec nos parcelles voire nos intra-parcelles… » « Nous avons demandé au tonnelier Seguin-Moreau de nous mettre 2 douelles transparentes qui permettent d’observer ce qui se passe dans la cuve. Personnellement, j’aime beaucoup au moment de la fermentation, coller mon oreille contre la cuve car on entend tous les glouglous de ce qui se passe lors de la transformation des sucres en alcool. »

A l’étage, « nous sommes ici au dessus du cuvier bois, et une part d’innovation pour nous est liée à l’ergonomie et à la qualité de travail pour le personnel. Pour preuve ici un couvercle qui est manipulable par une seule personne… L’entreprise qui a créé cette cuve a fait appel à une entreprise qui travaille pour le théâtre et qui utilise des contre-poids. » « Cela a démarré par quelque chose qui est très tourné vers mle process, le confort de travail et le confort aussoi de la vie sur Figeac…Figeac, ce n’est pas seulement un vignoble, c’est un ensemble, avec une famille qui vit dans le château, une équipe qui travaille juste à côté dans les chais »

« Là, nous allons présenter, l’âme, la mémoire de Figeac, dans ce caveau qui est dédié à l’ensemble des millésimes, le plus ancien remonte à 1893, premier millésime de la famille Manoncourt… »

Et de passer à la partie dégustation commentée par Frédéric Faye, dans la magnifique salle qui surplombe le grand chai flambant neuf: « château Figeac 2015, très grande réussite, superbe réussite, solaire dans le bordelais, où Figeac révèle toute la fraîcheur toute la subtilité de ses graves, avec des fruits rouges, des fruits noirs, des épices… »

« On construit un chai pour durer, on fait des vins pour durer, Figeac s’inscrit dans un temps long »,  Blandine de Brier-Manoncourt.

Un toast avec le millésime 2015 en l’honneur de Figeac © JPS

Et de porter un toast, « au nouveau chai, longue vie à Figeac », « bravo à l’équipe », remercie Marie-France Manoncourt.