05 Fév

La Cave de Rauzan demande à ses adhérents d’abandonner les CMR

C’est un signal fort donné à la viticulture girondine. La Cave de Rauzan a pris une décison en conseil d’administration : l’arrêt de l’utilisation des pesticides les plus dangereux pour la santé, ceux qualifié de CMR (cancérogène, mutagène et reprotoxique). Les vignerons seront accompagnés par des techniciens durant cette transition.

Denis Baro et Philippe Hébrard, le président et le directeur des Caves de Rauzan Grangeneuve © Jean-Pierre Stahl

Denis Baro, le président de la Cave de Rauzan, nous montre son local de produits phyto-pharmaceutiques. Un local où il ne reste que quelques cartons et bidons de produits de traitements pour éviter les malaldies de la vigne comme le mildiou.

« La mesure que l’on a prise c’est inciter les adhérents à ne plus utiliser les CMR produits, qui sont très décriés », commente Denis Baro président des Caves de Rauzan et Grangeneuve « On va bien évidemment continuer à traiter nos vignes car c’est la base de notre revenu, donc traitons mais de manière plus naturelle, même si entre le bio et le tout conventionnel, il y a un juste milieu que nous essayons de mettre en place (en diminuant aussi les intrants) sur notre coopérative ».

Aussitôt le courrier envoyé le 22 janvier aux 340 adhérents de Rauzan-Grangeneuve, la Confédération Paysane a réagi : « un grand bravo à la cave de Rauzan ». Elle salue ainsi cette demande de la cave « d’arrêter les CMR » tout en invitant « ceux à qui cela poserait un problème à se rapprocher des techniciens vigne de la cave. »

Dominique Techer, secrétaire de la Confédération Paysanne de Gironde © JPS

La Confédération rappelle que depuis Cash Investigation en mars 2016, « nous avions invité publiquement tous les acteurs à prendre en compte les évolutions de notre société et arrêter les CMR. » Elle pose aussi un problème et s’interroge par rapport à la baisse des ventes de Bordeaux ces derniers mois : « dans les foires aux vins de fin d’année, pour l’ensemble des appellations on était 2-3% de baisse (en France) et pour Bordeaux on était à -18%, il faut se poser des questions sur son image et voir comment on peut renouer avec la clientèle qu’on avait quoi. Je pense que ce qu’a décidé la cave de Rauzan, cela va  dans le bon sens. »

« Aujourd’hui, on a des clients qui nous demandent d’assurer l’absence de résidus de produits CMR dans les vins et donc après avoir sensibilisé fortement nos adhérents depuis quelques années, on a pris la décision d’arrêter les CMR cette année. »

Cette évolution, la Cave de Rauzan la considère comme naturelle, elle qui s’est engagée depuis plusieurs années dans le développement durable et le sociétal. La cave voit également depuis quelque temps la proportion de vignerons qui choisissent de faire du bio un peu plus importante.

16 Jan

Disparition de Gérard Basset, le meilleur sommelier du monde 2010

C’est une bien triste nouvelle tombée cet après-midi. Le décès de l’ami Gérard Basset, meilleur sommelier du monde, âgé de 61 ans, des suites d’une longue maladie. Une nouvelle qui plonge le monde du vin dans un grande tristesse. Les réactions sur Côté Châteaux.

La Team de Terre de Vins : Noëlle Arnault de Canal Com, les journalistes Laure Goy et Laura Bernaute de Terre de Vin entourant Gérard Basset meilleur sommelier du monde 2010, lors de Bordeaux Tasting 2016 © Jps

Parmi les premiers sommeliers à réagir, le très doué Alexandre Morin, ancien chef sommelier du Chapon Fin à Bordeaux : « Gérard Basset faisait rayonner la sommellerie française à l’international. Je l’ai reçu plusieurs fois au Chapon Fin, j’ai fait quelques montages de start-ups avec lui, je l’ai côtoyé plusieurs fois oui. C’était un modèle pour nous. Il a été à la fois Master of Wine, Master Sommelier et Meilleur Sommelier du Monde, il a cumulé plusieurs titres. Une réussite à l’anglo-saxonne qui a fait rayonner la Sommellerie Française à l’international.Je le trouvais extrêmement humble et bourré de savoirs, alors qu’il était N°1 dans le vin, il était incroyable avec sa bonhomie. Il a fait beaucoup pour la sommellerie française comme à l’étranger. C’est une perte considérable. »

Un plateau relevé pour ces Matserclass avec Gérard Basset meilleur sommelier du monde, Hubert de Boüard (Angelus), Gérard Perse (Pavie) et Rodolphe Wartel, en décembre 2015 © JPS

Philippe Faure-Brac, meilleur sommelier du monde 1992 est bien sûr « très triste, c’est le 1er de la famille des meilleurs sommeliers du monde à disparaître. »

« On se connaît depuis très longtemps. mon 1er souvenir, c’est quand il est venu manger au Bistrot du Sommelier. Au cours du repas, il me dit qu’il prépare le concours de meilleur sommelier du monde pour l’Angleterre, et moi, je le préparais pour la France. Il m’a demandé si cela ne me dérangerais pas s’il venait en stage chez moi pour apprendre un peu plus. Il a donc travaillé avec moi pendant une dizaine de jours. On a ainsi partagé plein de choses sur le métier et sur la vie. Et puis on s’est retrouvé pour la compétition à Rio : j’ai gagné le concours, il est arrivé 2e. Ce sont des liens indélébiles. La photo de nous deux à Rio est depuis 1992 au dessus des clés du resto. Je pense à lui tous les jours depuis septembre 1992.

Gérard, c’est quelqu’un de calme, exceptionnel, attentif, un grand professionnel. Il était Meilleur Sommelier du Monde, Master of Wine, il a décroché quasiment tous les diplômes de la Sommellerie », Philippe Faure-Brac meilleur sommelier du monde 1992.

C’est un ami fidèle, un grand professionnel un ami tout simplement. Il était arrivé en Angleterre seul, il a travaillé comme plongeur, serveur puis sommelier. Il s’est passionné par cet univers qu’il a su partager. Il s’est beaucoup impliqué dans la formation et dans la transmission. »

Justement, il fut parmi les 4 mousquetaires meilleurs sommeliers du monde à former des élèves en sommellerie internationale à Bordeaux, à Worldsom, créée par la CCI de Bordeaux. Jacques Faurens commentait cet après-midi : « Nous apprenons avec infiniment de tristesse le décès de Gérard Basset, meilleur sommelier du monde et diplômé de Kedge Business School.
Il avait accompagné la création de Worldsom aux côtés de Serge Dubs, Philippe Faure Brac et Paolo Basso ». Josy Himmelberger, la 1ère directrice de Worldsom : « quelle triste nouvelle ! Un homme exceptionnel qui laisse le souvenir indélébile d’un immense professionnel et d’un homme de cœur et de passion. Mes pensées les plus sincères à toute la famille. RIP Gerard et continue à illuminer le ciel comme tu nous as illuminé ici bas. »

Dominique Noël, chef sommelier installé à Hong-Kong se souvient :   » je l’ai rencontré plusieurs fois, il y a 20 ans, lorsque je travaillais à Londres entre 1997 et 2002, dans des dégustations et à des repas avec d’autres sommeliers…

C’était un homme très gentil et généreux de son temps avec les autres. C’était une personnalité, le type de personne qui inspire par sa passion et son savoir. Il avait déjà énormément de connaissance sur le vin, la cuisine et l’art de la table en général; très humble et d’un charisme très doux, très posé. Il a toujours été une grande source d’inspiration pour tous les sommeliers du monde, y compris moi » Dominique Noël chef sommelier.

Gérard Basset, Jean-Philippe Delmas et Rodolphe Wartel, à Bordeaux Tasting en décembre 2014 © Jean-Pierre Stahl

A Bordeaux, Rodolphe Wartel, directeur de Terre de Vins me rappelle que Gérard Basset avait participé à 4 Bordeaux Tasting et un Lyon Tasting en 2017 : « le monde du vin perd une personnalité de grand talent et de grande humanité. Il nous a accompagné à Terre de Vins depuis de nombreuses années. Il était d’une famille modeste, un gamin de Saint-Etienne,c’était d’ailleurs un grand passionné de foot et un inconditionnel de l’AS Saint-Etienne.  Il s’était dirigé vers le monde de la sommellerie et avait pris le chemin de l’Angleterre et c’est justement en représentant de l’Angleterre qu’il a gagné le titre de meilleur sommelier du monde. Il était un gros travailleur, il a concouru à 5 reprises, pendant 20 ans. Il avait un coach, pour tout ce qui était mémo-technique. Il avait cette grande modestie qui faisait qu’on n’avait pas l’impression qu’il avait tout ce savoir. Il a réussi à la force du poignet et du travail. Il écrivait pour Terre de Vins, il était très attachant, on va beaucoup le regretter. On pense beaucoup à sa femme Nina qui tenait avec lui l’hôtel-restaurant qu’il avait à Southampton. »

Côté Châteaux s’associe à la peine de l’ensemble de ses amis sommeliers et présente ses plus sincères condoléances à sa famille.