En 1855, Bordeaux a acquis une notoriété mondiale avec le classement de ses châteaux. Un siècle et demi plus tard, la légende continue avec ses nouveaux chais. Tour d’horizon des chais de dernière génération livrés à l’occasion des primeurs de Bordeaux et de certains autres qui depuis 5 ans font parler d’eux.
A COMME ANGELUS
En 10 ans, on peut considérer que les châteaux ont encore muté. S’il fallait commencer par le commencement, ce serait la lettre A comme Angélus. La métamorphose a été totale. Des travaux gigantesques lancés par Hubert de Boüard et Jean-Bernard Grenier, avec aujourd’hui une nouvelle génération aux commandes Stéphanie de Boüard-Rivoal et Thierry Grenié-de Boüard. Angélus a été inauguré fin mars 2014, et consacré en 2012 en tant que 1er grand cru classé A de Saint-Emilion.
UNE SALVE D’INAUGURATIONS DANS LE MEDOC
Mais les châteaux qui font l’actualité cette année pour les primeurs sont plûtôt rive gauche, dans le Médoc avec Calon Ségur (3e cc de Saint-Estèphe), qui a inauguré ses nouveaux chais le 20 mars dernier, très récemment Kirwan (3e cc de Margaux) vendredi soir et Beychevelle (4e cc de Saint-Julien) hier soir.
Chacun y va de sa patte, de sa touche perso, avec des signes de reconnaissance en façade comme le pied de vigne gigantesque de Kirwan ou bien ces vagues ondulées à Beychevelle, il y a aussi ce sanctuaire ce long tunnel à Calon qui va conserver les plus belles bouteilles de la propriété.
Cet élan de talents n’est pas prêt de s’arrêter, d’autres chais sont déjà annoncés comme celui de Lynch-Bages qui sera réalisé par Chien Chung Pei dont le père a signé la Pyramide du Louvre à Paris, rien que cela. Et c’est sans parler de Margaux, Talbot, Gloria et autres Cos d’Estournel qui ont aussi voulu marquer d’un signe architectural fort leur restructuration ces dernières années.
DE GRANDES SIGNATURES AUSSI RIVE DROITE
Il y a toutefois des points communs et des passerelles (en inox), entre la rive gauche et la rive droite, on peut ainsi retrouver des signatures communes comme celle d’Arnaud Boulain à Beychevelle comme à Angélus, ou encore les cuves en béton de Kirwan qui comme celles de Cheval Blanc ont été réalisées en Italie.
JEAN NOUVEL ET PHILIPPE STARCK, DES NOMS QUI FONT PARLER
Cheval Blanc (1er cc A de Saint-Emilion) puis La Dominique (cc de Saint-Emilion) ont été les projets sans doute les plus osés de cette dernière décennie à Saint-Emilion. C’est une vague qu’a souhaité créer Christian de Portzamparc au mythique château Cheval Blanc, un véritable exploit car la végétation sur le toit fait que ce chai se fond dans son environnement.
Juste à côté Jean Nouvel a joué sur 6 nuances de rouge avec son chai du château la Dominique qui est venu se poser dans la cour intérieure du château en pierre acheté en 1969 par Clément Fayat. Un château qui a explosé au niveau oenotouristique avec 10 à 12000 visites payantes par an et 50000 personnes qui viennent déjeûner et admirer la vue depuis le restaurant « la Terrasse Rouge ».
LIGNES EPUREES
Des chais, qui bien sûr conservent leur objectif premier de vinifier avec des cuviers dignes de Stark Trek, (« vitesse lumière capitaine Kirk »), baignés de lumière tant à la Dominique qu’à Beychevelle.
Des chais résolument modernes comme ceux des 2000 m2 de Clinet finalisés en 2015, avec un bardage bois qui se fond parfaitement dans paysage.
Ici l’objectif pour Ronan Laborde est clair de souhaiter se diversifier et développer une marque de Bordeaux Ronan By Clinet depuis Pomerol.
Mais le fin du fin, c’est encore l’idée de Gérard Perse en 1998, d’acquérir les vieilles arcades de l’ancienne gare d’Orléans de Bordeaux pour en faire un chai sur deux niveau à Pavie et tout refaire en 2013 à partir de ce chai historique, avec l’architecte Pinto.
Certains sont totalement novateurs à l’image des Carmes Haut-Brion qui a inauguré son chai signé par l’architecte Luc-Arsène Henry et le designer Philippe Starck lors de Bordeaux Fête le Vin 2016 : « pour moi, c’est la lame d’une charrue, qui est en train de rentrer dans la terre, dans l’eau, d’ouvrir la terre pour faire accoucher ce mystère qu’est le vin. »
Regardez le magazine « Bordeaux, la métamorphose » sur ses nouveaux chais par Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Christophe Varone et Emmanuel Cremese :