24 Mai

Arrachage de la vigne : les vignerons attendent toujours le dispositif à Bordeaux

Les vignerons du Bordelais sont toujours l’expectative, la plateforme pour les pré-candidatures devait ouvrir ce 22 mai, elle est retardée à début juin. Certains vignerons en difficulté s’impatientent alors que des précisions se font jour, les vignes devront avoir été en capacité de produire durant les 5 dernières années et jusqu’en 2022. Les vignes laissées à l’abandon depuis plus ne bénéficieront pas de prime de 6000€ mais pourraient être arrachées pour être reboisées avec un dispositif bas carbone…

Marie-Claude Béarnais vigneronne dans l’Entre-Deux-Mers © JPS

Vigneronne pour une cave coopérative, et proche de la retraite, Marie-Claude Béarnais n’a pas trouvé de repreneur à Saint-Félix-de-Foncaude dans l’Entre-deux-Mers… Elle vit comme bon nombre les difficultés de vente des vins de Bordeaux. Elle souhaite désormais arracher l’intégralité, ses 25 hectares de vigne, mais le dispositif tarde trop...« Il est reporté de 15 jours en 15 jours, cela devait être hier, maintenant on nous parle de début juin, mais c’est quand…entre le 1er et le 15 juin, on approche des vendanges, il faut quand même qu’il se passe des choses… C’est dramatique, parce qu’on nous écoute pas, on ne nous entend pas et j’ai même à la limite l’impression qu’on nous méprise…. », commente Marie-Claude Béarnais.

Didier Cousiney, avec Marie-Claude Béarnais © JPS

Pour le collectif des vignerons de Gironde, les conditions pour bénéficier de l’aide à l’arrachage sanitaire sont trop contraignantes. Il faut que la vigne ait été en capacité de produire durant les 5 dernières années et jusqu’en 2022.

« Pour l’arrachage, il faut que cela soit simple ! », selon Didier Cousiney, porte parole du collectif des viticulteurs de Gironde. Vous vous rendez-compte: « arrachez une vigne comme cela qui a 3 ans avec une reconversion de quoi derrière ? Sans savoir si cela marche… On nous demande de planter de l’olivier, du chanvre, de laisser en friche pendant 30 ans, excusez-moi mais quel est le con derrière un bureau qui a pondu des trucs comme cela… Il faudrait que le ministre vienne vraiment à la campagne voir comment cela se passe… » « ca devait être très simple, maintenant il faut que la vigne ait été entretenu durant les 5 dernières années, au début il faut vendanger en 2023 pour arracher… Est ce que les 2000 ha de vignes en friche depuis des années, est-ce qu’elles vont être arrachées ? »Le préfet a dit ouvertement qu’on ne laisserait personne au bord de la route, mais je pense qu’il va rester énormément de monde au bord de la route, et je pense que s’il y a trop de contraintes, si c’est une usine à gaz, les gens ne vont pas le faire… »

 

Pour les 1500 à 2000 hectares de vignes en friche, qui font peser une menace de maladie, comme la flavescence dorée sur d’autres vignes, des solutions devraient être trouvées selon le président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur :

Stéphane Gabard, vigneron à Galgon et pdt des Bordeaux et Bordeaux Supérieur © JPS

« Ces vignes ne pourront pas disposer du dispositif d’arrachage primé sanitaire à 6000 euros, par contre l’ensemble de la profession a travaillé pour essayer de trouver des solutions et on a une solution avec le label bas carbone, et la possibilité de boiser ces parcelles là, si ces personnes s’engagent dans un boisement avec un label bas carbone, l’entreprise de boisement est capable d’arracher sans aucun frais   pour le propriétaire ou le fermier l ‘ensemble des parcelles et les boiser sans que cela ne coûte rien au propriétaire… », selon Stéphane Gabard, président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.

Dans l’attente des aides de 57 millions d’euros (19 millions financés par le CIVB et 38 par l’Etat), prévues pour l’arrachage, 4 réunions d’informations sont prévues et organisées par le syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur dès ce soir à Beychac et Caillau et 3 autres d’ici fin mai.