Focus sur ces Anglais qui ont investi à Bordeaux. Sally Evans a acheté un domaine en AOC Fronsac qu’elle a baptisé du nom du futur roi George 7, comme un clin d’oeil à la monarchie britannique et la famille Sichel présente à Margaux depuis 1961 nous retrace le commerce important à travers les siècles avec les Anglais depuis l’époque d’Aliénor d’Aquitaine, en laissant aussi les unités de mesure comme le tonneau (de 900 litres) d’où ont découlé les barriques bordelaises de 225 litres et les bouteilles de 75 centilitres (300 contenues dans une barrique).
« Welcome to château George 7 » A 50 ans, Sally Evans a décidé de changer de vie… Après une carrière sans une société de conseil boulevard George V a Paris, elle a acquis en 2015 un domaine de 3 hectares à Saillans dans le Fronsadais (1er millésime en 2018). Elle l’a baptisé du nom d’un futur roi… Non pas Charles III mais de celui de son petit-fils Georges, le fils de William…
Le prochain roi George d’Angleterre sera George 7, et donc c’est un petit regard vers l’avenir… Sally Evans propriétaire du château George 7
Sally Evans produit ici 15 000 bouteille de vin rouge dont 1/3 est vendu en Angleterre, le reste à des particuliers au domaine et pour les marchés anglo-saxons et européens.
« Je me suis dit où est-ce qu’ils font du bon vin, apparemment à Bordeaux, je ne connaissais pas du tout Bordeaux, je suis venue dans la région, j’ai adoré la région et je me suis dit que c’est ici que je vais monter un projet de vin…Ici au château George 7 j’ai vraiment une combinaison d’un super terroir de Fronsac au sein de Bordeaux et je suis ici à Saillans parmi les très très bons châteaux qui font des très bons vins et je suis contente de travailler avec des consultants locaux ancrés dans le vin bordelais qui m’apprennent beaucoup de choses…
Et j’adore recevoir du monde, donc j’ai créé un endroit pour recevoir du monde, et j’adore pouvoir accueillir en anglais les Américains, les Anglais, les Néerlandais aussi et aussi les Français bien sûr… »
A Margaux, les Sichel originaires de Londres sont fiers d’afficher au château Angludet leur double identité et de hisser les deux étendards le drapeau français et l’Union Jack.
La famille ici est présente depuis 1961, ce sont mes parents qui ont fait l’acquisition à Angludet, et depuis les Anglais sont là ! » Benjamin Sichel
Ici on aime rappeler les liens étroits entre Bordeaux et l’Angleterre… Des liens qui remontent à Aliénor d’Aquitaine, mariée à Henri Plantagenêt le roi Henri II d’Angleterre… Elle favorisa un commerce outre-Manche avec des mesures anglaises qui sont restées à Bordeaux.
C’est ce qu’on essaie de cultiver aussi de plus en plus… La finesse, la précision… » la précision, l’expression, il faut que le vin parle… » Benjamin Sichel château Angludet
« Ces vins étaient transportés dans des grands tonneaux, et c’est là où a démarré l’unité de mesure que l’on utilise aujourd’hui encore pour mesurer le tonnage des bateaux, cela fait référence au tonneau de vin, qui était exporté depuis Bordeaux vers l’Angleterre à cette époque là… Donc un tonneau, c’est 900 litres et ensuite pour faciliter la manutention, a été inventée la barrique bordelaise, de 225 litres, ce sont des mesures qui remontent au XIIe, XIIIe siècle qui sont encore en vigueur aujourd’hui », commente Allan Sichel.
Ces Anglais ont tellement marqué Bordeaux de leur emprunte qu’aujourd’hui les bouteilles de 75 centilitres sont issues de cette norme puisqu’on compte 300 bouteilles par barrique… « Au tout début du XIVe sicle, quand on regarde les statistiques des exportations douanières de vin au départ de Bordeaux, à destination de Londres, cela représentait un total de 900 000 hectolitres, c’est absolument gigantesque…Mais au XIVe les vins partaient de bordeaux, ils avaient une provenance beaucoup plus large, que la Gironde actuelle, ce sont des vins qui arrivaient aussi de la région d’Albi, de Toulouse et parfois même du Languedoc, donc c’était la concentration de toutes les exportations vers l’Angleterre. Et aujourd’hui on exporte 150 000 hectolitres à destination de l’Angleterre…
La Grande-Bretagne reste le 3e marché à l’export de Bordeaux, la couronne d’Angleterre sait d’ailleurs bien apprécier ces vins, la Reine Elisabeth aimait le Sauternes, quand à Charles il dira prochainement lors de son voyage cet été ce qu’il aime. Il devait notamment se rendre au château Smith Haut Lafitte ce mardi. Mais les événements dus à la contestation de la réforme sur les retraites ont poussé au report de cette visite royale.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Dominique Mazères, Rémi Grillot :