05 Mar

Conflit Airbus/Boeing et taxes sur les vins : la hache de guerre est pour l’heure enterrée entre l’Europe et les Etats-Unis

C’est une heureuse nouvelle. L’Europe et la nouvelle administration de Joe Biden sont parvenues à un accord mutuel en vue d’une suspension réciproque et pour 4 mois des taxes afférentes au conflit Airbus-Boeing et aux autres taxes dont celles qui plombaient les exportations de vin vers les USA avec les 25% ajoutés sur la valeur des vins.

Le Président Biden et moi-même sommes convenus de suspendre tous nos tarifs imposés dans le cadre des litiges Airbus-Boeing, tant sur les produits aéronautiques que non aéronautiques, pour une période initiale de quatre mois”, a annoncé la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, après un échange fructueux avec Joe Biden.

L’Union Européenne et les Etats-Unis sont ainsi parvenus à un accord mutuel pour la suspension réciproque pour 4 mois ds taxes au sujet du désaccord Boeing et Airbus. La suspension concernera toutes les taxes , non seulement celles sur l’industrie aéronautique, mais aussi sur les autres produits. On se souvient en effet qu’en octobre 2019 les USA ont été autorisés à imposer des taxes sur près des 7,5 milliards de dollars de biens et services européens importés, notamment de 25% de taxes supplémentaires sur les vins et 15% sur les avions Airbus. L’OMC avait par ailleurs autorisé Bruxelles à mettre en place des taxes sur les produits importés des USA, cela portait sur 4 milliards de dollars d’exportations US. Cette suspension sera mise en place dès que les procédures internes des 2 côtés seront complètes…

MILLESIMA NEW-YORK: HORTENSE BERNARD PREMIERE A SE REJOUIR

Hortense Bernard, en novembre dernier à Bordeaux  © JPS

Hortense Bernard, gérante de Millésima à New-York a été la première à réagir pour le blog Côté Châteaux :

La suppression de ces tarifs pendant 4 mois est un excellent début vers des négociations. Nous ne sommes pas à l’abris de la conservation de ces tarifs après cette période, néanmoins nous pouvons espérer des changements telle qu’une réduction ou suppression. Nous sommes ravis de pouvoir à nouveau servir nos clients américains avec des vins français.  » Hortense Bernard Millesima USA

100 MILLIONS DE PERTES EN 2020 POUR LES VINS DE BORDEAUX

Le monde du vin bordelais se réjouit à l’instar de Véronique Dausse directrice de Phélan Ségur « très bonne nouvelle » ou encore de Christophe Château pour le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux qui commente ce soir « la filière se réjouit de cette excellent nouvelle… » tant il est vrai que de nombreux viticulteurs en France ont vu leurs exportations fondre sous le soleil de l’Oncle Sam depuis le 18 octobre 2019. « Pour Bordeaux, pas de baisse en volume +1% mais forte baisse en valeur -29% en 2020″, poursuit Christophe Château. Et d’ajouter : « avec la reprise du marché chinois, cela va redonner un peu d’optimisme à tous les exportateurs bordelais. »

Bernard Farges, le président du CIVB interviewé ce samedi matin via skype © JPS

Nous accueillons avec beaucoup de satisfaction cette annonce évidemment, cela signifie l’arrêt des taxes de 25% sur chaque vin entrant sur le territoire américain. Cela a eu un impact considérable, environ 100 millions de pertes pour la filière des vins de Bordeaux » Bernard Farges président du CIVB

Il s’agit d’une “première étape dans le processus de désescalade” commerciale, a salué le ministre français au Commerce Extérieur Franck Riester, tout comme le ministre de l’Economie Bruno Le Maire.

LA REACTION DU CHATEAU CARBONNIEUX

Eric, Andrea, Philibert et Marc Perrin, dégustant un 2003 dans leur chai à Léognan © JPS

On va ouvrir une bonne bouteille à midi. C’est le soulagement, cela nous fait plaisir, on revient à la situation d’avant…Ce qu’il faut estimer désormais, ce sont les dégâts collatéraux car les Italiens s’en sont donnés à coeur joie et ont pris tous les créneaux possibles » Philibert Perrin du château Carbonnieux.

Et d’ajouter : « On a constaté un ralentissement des enlèvement à la propriété, il n’y avait quasiment plus d’habillage avec contre-étiquette pour les USA, il va donc falloir refaire un travail de terrain, de promotion, de campagne avec des gratuits » pour essayer de casser cette dynamique italienne qui a explosé… »Mais on est optimiste,le millésime 2019 avait été annoncé en baisse de prix… »

Anthony Moses dans les chais de Twins Bordeaux © JPS

REACTION DE LA MAISON DE NEGOCE TWINS

Pour Anthony Moses de la maison de négoce Twins à Bruges : « Ca fait plaisir, évidemment. Cela fait 17 mois que l’on vit avec… » Ce négociant pour qui les USA sont le 1er marché à l’export avec 30 millions d’euros de chiffre d’affaire, c’est un bonne nouvelle, d’autant que chez lui les pertes ont été importantes, de l’ordre de plus de 10 millions d’euros. « Je reste mesuré toutefois, car ceal aura un impact positif qu’à partir de septembre. Nous avons des milliers et des dizaines de milliers de vins vendus à expédier en priorité, qui n’ont pas pu être expédiés à cause des taxes. Là nous sommes dans un contexte compliqué avec une pénurie de bateaux et de containers en ce moment. »

La Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux de France se félicite de cette annonce : « nous remercions les négociateurs de ce premier résultat encourageant », selon César Giron. « Toutefois, ce n’est que le début du chemin,: il faut désormais transformer l’essai, en mettant à profit ces 4 mous pour trouver une solution définitive à cet interminable conflit sur l’aéronautique et ainsi sécuriser nos entreprises sur le marché américain. »

« En outre, cette annonce très positive ne doit pas faire oublier les dommages endurés par nos entreprises dans un environnement économique très dégradé : il appartient à l’Etat de les soutenir maintenant, pour leur permettre de rebondir rapidement et regagner les parts de marchés aux Etats-Unis qu’ils avaient perdues. »

Bien évidemment, les filières des vins de Bordeaux et des vins français vont maintenir la pression sur le gouvernement par rapport aux aides demandées : « nous avons subi ces taxes de manière totalement injuste, et nous avons demandé depuis presque 18 mois et au moins depuis un an lorsque  nous avons rencontré le président de la République, des compensations qui ne sont pas encore arrivé…Nous n’étions pas la cause de ce conflit entre les Américains et les Européens, il aurait été normal que nous puissions avoir des compensations fortes parce que plusieurs centaines de millions d’euros c’est évidemment colossal, dans un contexte déjà difficile pour les exportations de nos vins.« 

Quant à la mesure qui pour l’heure ne semble que transitoire, « nous savons qu’il faudra des mois pour être sorti de ce risque là, pour autant le contexte est quand même bien différent, au mois de janvier nous avions eu une aggravation des taxes, et aujourd’hui nous avons un allégement donc nous sommes dans le bon sens, les discours de la présidente de la commission et du président américain vont dans le sens des discussions, donc on a bon espoir... », conclue Bernard Farges du CIVB.