Le projet de « Mois sans alcool », prévu en janvier dont des associations et des addictologues dénoncent l’abandon sous la pression du lobby du vin, n’avait « pas été validé par le ministère de la Santé », a affirmé jeudi la ministre Agnès Buzyn. Ou alors la nouvelle qui a fuité avait commencé à faire pas mal de vagues. Comment dit-on déjà : « tempête dans un verre d’eau… ou de vin » ?
« La campagne est en train d’être travaillée. Cette mesure n’a pas encore été validée par le ministère de la Santé, elle ne m’avait pas été proposée », a affirmé Mme Buzyn sur Franceinfo.
L’agence sanitaire Santé publique France n’a jamais annoncé officiellement le lancement de cette opération de sensibilisation aux risques de l’alcool. Mais une source interne a indiqué mercredi à l’AFP que le projet avait effectivement été préparé et aurait dû être officiellement dévoilé très prochainement, pour un lancement en janvier.
« Il y a eu des arbitrages sur un coin de table qui interrogent, alors que des budgets étaient fléchés et des gens au travail », a déclaré mercredi à l’AFP Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération addiction, qui s’est élevée contre une « dérobade de l’Etat ».
« Nous avons un comité interministériel dédié à la prévention en santé en février et c’est à ce moment-là que les programmes de prévention sont validés par le gouvernement », a poursuivi Mme Buzyn, confirmant donc implicitement que le Mois sans alcool n’aurait pas lieu en janvier.
« Les équipes de Santé publique France ont travaillé sur des campagnes qui ne sont pas encore abouties et sur lesquelles je dois prendre position mais ça n’est pas forcément ce format-là qui sera retenu », a-t-elle poursuivi.
Ce format est calqué sur un défi lancé en 2013 en Angleterre par l’association Alcohol Change. De plus en plus populaire outre-Manche, le « Dry January » (janvier sobre) consiste à cesser, ou au moins diminuer, sa consommation d’alcool pendant le premier mois de l’année. Or, la perspective de son adaptation en France sous l’égide des pouvoirs publics suscitait depuis plusieurs semaines l’opposition du lobby de l’alcool.
Interrogé par Sud-Ouest mi-novembre, Christophe Chateau du CIVB avait commenté : « C’est une fausse bonne idée. Notre filière doit déjà gérer la sortie du phytopharmaceutique et les nouvelles taxes imposée par les Etats-Unis. On est une fois de plus stigmatisés par les lobbies anti-alcool »
Le 14 novembre, lors de son déplacement en Champagne, le président de la République Emmanuel Macron a rencontré des représentants de la filière. « Vous pouvez faire savoir qu’il n’y aura pas de Janvier Sec », nous a-t-il dit », a alors assuré le coprésident du Comité Champagne, Maxime Toubart, au site spécialisé Vitisphère.
Interrogés mercredi par l’AFP, les services de l’Elysée n’ont ni confirmé ni infirmé les propos prêtés au président de la République. En France, un Mois sans tabac a lieu tous les ans en novembre depuis 2016, sous l’égide du ministère.
Pour célébrer les 100 ans à la tête de château Talbot, 4e cru classé de Saint-Julien, la famille Cordier et le site de vente en ligne Wine and Co proposent cette vente aux enchères chez Sotheby’s Londres le 11 décembre de 142 bouteilles de 1926 à 2010.
« C’est totalement unique de pouvoir revenir dans le passé et de pouvoir déguster ce millésime extraordinaire de 1926… »commente Bernard Le Marois Pdg de Wine and Co.
Des millésimes d’anthologie qui représentent un siècle de millésimes : 1926, mais aussi 1945, le millésime de la victoire des alliés, sans oublier les fabuleux 1961, 1982,1989 et plus récemment les 2000, 2005, 2009 et 2010, des millésimes de légende à Bordeaux, proposés en caisse bois (une ou deux bouteilles), et en bouteilles de 75 centilitres, magnums, double magnums et une impériale:
L’impériale de 1953, la contre-étiquette est unique à ce millésime, c’est le 500 e anniversaire de la bataille de Castillon à laquelle le maréchal Talbot qui a donné son nom à la propriété, est décédé », Jean-Michel Laporte directeur de château Talbot
« C’est une collection pour les collectionneurs réellement, on a un panel très large de ce qu’on sait faire à Talbot. Et surtout une preuve avec tous ces grands millésimes que Talbot est une propriété qui fait des vins qui vieillissent, qui s’embellissent dans le temps », complète Jean-Michel Laporte.
Toutes ces bouteilles, comme cette plus ancienne de 1898, ont été conservées au château dans les meilleures conditions de température et d’hygrométrie : « ces vins n’ont jamais bougé de ces différents chais, la poussière est d’origine, j’aurais tendance à dire…1919 le 1er millésime vinifié par la famille Cordier à Talbot, que nous avons ouvert l’année lors d’une grosse dégustation verticale pour célébrer déjà ce centenaire ; des vins qui leur leur équilibre et puissance tannique et leur acidité permet de traverser les décennies », explique Jean-Michel Laporte.
C’est un lot unique, de 1926 à 2010, la vente aux enchères le 11 décembre va être mondiale, on ne sait pas qui va acheter, mais en tout cas cela va partir sur un acheteur unique qui va pouvoir partager cela avec ses amis », Bernard Le Marois Pdg de Wine and Co.
De vieux millésimes comme ici ce 1975 qui s’apprécient toujours très bien, avec modération, tout comme cette étiquette spéciale centenaire de l’acquisition du château en 1918 par Désiré Cordier, étiquette qui rappelle l’architecture du chai à barriques, livré en 2011.
Et pour poursuivre cette vente qui peut paraître exceptionnelle et inaccessible pour certains, Wine and Co a prévu dès le lendemain, le 12 décembre, de vendre une quantitée limitée de bouteilles et vieux millésimes: ainsi 300 flacons ont été sélectionnés sur 13 millésimes de château Talbot de 1955 à 2009 (dont un fameux 64 ou encore 2009, 6 magnums de 1982 et deux double-magnums de 1989). Une part de rêve accessible aux amateurs, avec un sticker créé pour l’occasion : « Unique Talbot Collection – 100 years of Cordier Family ».
Porté par de bons chiffres, le Beaujolais a le coeur à la fête cette année pour son primeur lancé dès mercredi soir et surtout ce jeudi, même si le Brexit et les taxes américaines font planer des incertitudes sur ses ventes à l’export.
Depuis la fin des années 90, le Beaujolais était plongé dans une profonde remise en question. La fête, très marketing, autour du Beaujolais nouveau, ne prenait plus. Aujourd’hui, on ne parle plus d’un vin au goût de banane ou de fruits rouges, le mot d’ordre est le retour au terroir autour du gamay, et la montée en gamme.
Il y a une « premiumisation » du Beaujolais grâce à la jeune clientèle qui n’a pas vécu le Beaujolais nouveau des années 80. Ils consomment sans a priori, sont très ouverts », Grégory Large, directeur général du négociant Mommessin.
Pour séduire, des vignerons se lancent désormais dans des offres plus ciblées, comme le « sans sulfite » ou le rosé primeur, plus recherché par les jeunes que le rouge.
« Résultat, quand les ventes de vin en France se replient de 2% depuis janvier, les Beaujolais eux enregistrent une hausse de 11% », avance Grégory Large.
Les crus du Beaujolais, qui jouissent d’une image dynamique, authentique et d’un très bon rapport qualité-prix, restent la locomotive. Mais tout le vignoble profite de cette dynamique, même les primeurs qui représentent encore presque un
quart de la production.
En 2018, il s’est écoulé 22 millions de bouteilles de Beaujolais nouveau, un chiffre stable. Mais en valeur, les professionnels enregistrent une hausse d’au moins 5%, selon Monsieur Large.
Restent deux incertitudes à l’export. Premièrement le Brexit. « Pour l’instant on ne le sent pas dans les chiffres », explique-t-on à l’inter-profession – mais affaire à suivre. Même chose aux Etats-Unis où les taxes douanières sur les vins français ont augmenté de 25%, en raison d’un contentieux avec l’Europe lié au secteur aéronautique.
Producteurs, importateurs et distributeurs essayent de s’entendre pour faire en sorte que cette taxe ne se répercute pas sur le consommateur américain, mais ces solutions de court terme ne pourront sans doute pas durer.
Par ailleurs, l’inter-profession a choisi cette année de lancer le primeur au Japon, son marché numéro un en dehors de la France qui a vu ses ventes s’éroder.
Outre Tokyo, les premières bouteilles seront débouchées comme chaque année dans la capitale du vignoble, à Beaujeu, et à Lyon, au pied de la cathédrale Saint-Jean où les tonneaux rouleront avant d’être percés peu avant minuit mercredi.
Focus sur ces clubs oenologiques et de dégustation comme Vinoé. Un club fondé en 1993, qui compte 50 adhérents, très fidèles, qui font chaque mois une dégustation et 2 fois dans l’année une visite de propriété. Ce mois-ci, ils sont visité le château de Rouillac et ont été impressionnés par ce domaine de 36 hectares et la personnalité de son propriétaire, Laurent Cisnéros.
« Je suis ravi, je sens qu’on va passer une belle soirée tous ensemble…. » D’emblée, les 37 adhérents du Club Vinoé sont mis en confiance par Laurent Cisnéros, qui poursuit ainsi : « je suis l’heureux propriétaire du château de Rouillac…que j’ai racheté en janvier 2010, je suis ce qu’on appelle un néo-vigneron… » Car Laurent Cisnéros a acheté cette propriété de 36 hectares, ancienne propriété du Baron Haussmann, avec à l’origine 16 hectares en production, après avoir réussi à la tête d’une entreprise charentaise de génie climatique qu’il avait portée de 10 à 80 salariés.
Après avoir reçu un premier verre de bienvenue, c’est alors pour tous la visite du château et de ses différents chais, dont un tout nouveau cuvier construit dès l’achat en 2010 pour recevoir la vendange d’une propriété montée à 26 hectares de vignes.
Puis le fameux chai à barriques où Laurent Cisnéros explique son goût du vin « moi, j’ai aimé les vins boisés, mais je n’aime plus, j’aime le bois mais fondu… » Tout en expliquant qu’aujourd’hui il recherche une chauffe moyenne des barriques à 170° et que ses vins sont suivis outre par sa maître de chai Sophie Burguet, par le célèbre oenologue Eric Boissenot qui donne ses conseils aux plus grands comme Lafitte-Rothschild.
C’est très impressionnant, car le propriétaire on le sent passionné par son métier du vin…Tous les mois on fait une dégustation différente et on visite un ou deux château par an« , me précise Claude Lafon de Lalande-de-Pomerol. « Château de Rouillac, je ne connaissais pas, mais j’en avais beaucoup entendu parlé tous les ans je me rends à Bordeaux Tasting et j’ai pu découvrir le propriétaire et dégusté ses vins, mais ici on est impreigné de cette propriété en découvrant les chais en visitant ce magnifique chai à barriques », selon Françoise Campech de Bordeaux.
Un tour d’horizon qui passe bien évidemment par les écuries, construites du temps du Baron Haussmann et auxquelles Laurent Cisnéros a redonné du lustre et de la vie en réintroduisant des chevaux : « la star des écuries, elle est là, je vous présente Titan de Rouillac, un percheron d’à peu près une tonne…avec lequel on va dans les blancs, » commente Laurent Cisnéros. « On a choisi de refaire une partie du labour de façon ancestrale, de façon traditionnelle ».
« C’est magnifique, quand vous voyez des bêtes comme ça, c’est une belle histoire, l’amour de tout, l’amour des bêtes, l’amour du vin et c’est vraiment superbe« , selon Catherine Huymans de La Rochelle.
Et de commencer la dégustation de 3 vins, avec notamment le « Dada de Rouillac », second vin en blanc (produit à un peu plus de 10000-12000 bouteilles, contre 3000 de 1er vin » : » là on est sur le millésime 2018, qui est un millésime avec beaucoup de fraîcheur, on est sur du sauvignon blanc et du sauvignon gris également, » précise Laurent Cisnéros
Pour le président, Gérard Montiel,à la tête de Vinoé, ce club de dégustation depuis 26 ans : « on découvre un terroir, des cépages, un lieu, et un persoonnage, un être attachant qui consacre sa vie au vin et qui cherche avant tout à travers le vin à faire plaisir. C’est un moment de partage et de convivialité. Vinovae, c’est le côté convivial, on se connaît tous et on reste ouvert à de nouveaux adhérents… »
Une soirée, qui bien sûr; passe par des accords mets et vins de la propriété, avec une participation de chaque table pour décrire le vin dégusté et l’association avec le plat…Et voici, l’une des impressions et commentaires : « la couleur, nous l’avons trouvée couleur rubis, élégant, fruité, et nous avons même été un peu plus loin nous avons trouvé que c’était des fruits rouges ».
Ce club compte 50 adhérents dont de nombreux membres sont présents depuis la création. Prochaine dégustation en décembre à l’Automobile Club du Sud-Ouest. Bao à tous ces passionnés.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Philippe Turpaud et Charles Rabréaud :
C’est une étiquette qui à coup sûr va frapper les esprits, elle est signée par l’artiste française Annette Messager. Et elle s’intitule « Hallelujah ».
C’est une tradition chez Mouton : confier à un artiste l’étiquette du millésime qui va sortir du chai et lui donner carte blanche.Une tradition depuis 1945, instaurée par le Baron Philippe de Rothschild, après une première expérimentation en 1924.
Les petits enfants du Baron Philippe et enfants de la Baronne Philippine, Philippe Sereys de Rothschild, Camille Sereys de Rothschild et Julien de Beaumarchais de Rothschild, ont ainsi confié l’étiquette du millésime 2017 à l’artiste française Annette Messager, 76 ans, originaire du Ch’Nord, de Berck dans le Pas-de-Calais; une artiste connue pour son talent de graphiste et de plasticienne.
Cette oeuvre titrée « Hallélujah » réunit un mode à la fois réaliste et symbolique, deux substances que la Bible associe fréquemment l’une à l’autre et dont elle chante les vertus, le lait et le vin.
Côté Châteaux vous offre, pour ces fêtes de fin d’année et sur NOA, un numéro tout en douceur sur Sauternes. Vous allez découvrir ce grand terroir de blancs qui favorise la formation du botrytis cinerea, avec la magie du Ciron , et la fabrication de grands liquoreux. Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot vous ouvrent les portes de 8 châteaux et vous font rencontrer des personnages hauts en couleur.
Côté Châteaux spécial Sauternes, un numéro 11 riche, non pas en sucrosité, mais en découvertes et en rencontres.
Tout démarre début octobre à Bommes en Gironde, pour les premières tries au château Sigalas-Rabaud (1er cru classé de Sauternes) avec Laure de Lambert-Compeyrot et son équipe qui nous expliquent le travail délicat de nettoyage de ces premières grappes, de ces premières baies à ramasser, des baies confites, botrytisées à souhait (c’est ce qu’on appelle la pourriture noble) pour réaliser ce fabuleux nectar de Sauternes, en jetant bien sûr la pourriture aigre.
Jean-Pierre Stahl, Béatrice et Eric Pothier du château Pick Laborde et Sébastien Delalot pour un numéro très suave de Côté Châteaux
Sauternes, ce ne sont pas que des crus classés, même s’il y en a beaucoup, nous avons en effet rencontré Eric Pothier vigneron à Preignac : « on existe depuis 1691, château Pick-Laborde n’est pas un cru classé, mais on tient notre rang à Sauternes avec toute l’existence de travail à Sauternes et la passion du botrytis.Je me suis installé en 2009 justement pour faire du botrytis. » Un vigneron qui a la foi ancrée au corps
Pour être vigneron en France, il faut avoir la foi, mais encore plus à Sauternes », Eric Pothier château Pick Laborde.
« On est vraiment dans un travail d’artisan, d’orfèvre, avec aucune garantie de réussite, il faut aimer l’aléatoire, la magie qui arrive ou qui n’arrive pas. Et cette année, on a ce qu’il faut. Pour celui qui est passionné de botrytis, il est arrivé subitement après beaucoup de galères, » explique Eric Pothier qui fait partie de la coopérative des Vignerons de Tutiac présents également dans le Sauternais.
Côté Châteaux a choisi également de faire le portrait de Luc Planty, 32 ans, pour qui ce sont ses premières vendanges en tant que responsable du château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes, l’histoire d’une transmission et d’une passion partagées avec son père Xavier figure et président de l’ODG Barsac Sauternes. « La transition, on a commencé à la préparer depuis de nombreuses années, avec des prises de responsabilités au fur et à mesure… »
Ce domaine a été fondé par Pierre Guiraud en 1766, un ancien négociant protestant de Bordeaux. Un domaine qui n’a jamais cessé d’être pionnier : « la particularité de Guiraud c’est d’essayer de se démarquer côté écologique avec depuis 1996 un travail sur la biodiversité. »Une voie qu’a tracée son père Xavier Planty, co-propriétaire du château avec les familles Peugeot, Neipperg et Bernard. Je les retrouve d’ailleurs tous deux dans le chai en train de déguster les premiers jus de ce millésime 2019: « là, c’est du grand botrytis, c’est épicé… » commente Xavier Planty.
Le botrytis, quand il arrive sur un raisin qui est mûr, mais pas surmûri, provoque une incroyable synthèse d’arômes, Xavier Planty château Guiraud.
Et de décrire ces arômes : « ce côté châtaigne, sous-bois, fumé et un côté tilleul qui après fermentation va avoir des notes mentholées… » « Guiraud apparaît aujourd’hui comme précurseur pour beaucoup de choses, depuis 1996 on est passé en agro-écologie, on a d’abord réfléchi comment relancer la vie microbienne des sols pour faire la qualité du vin. »
Et de déguster un millésime 2015 de Guiraud au restaurant La Chapelle (nouveauté au château depuis février 2018, qui va dans le sens d’un fort développement de l’oenotourisme) : « là on a une incroyable complexité », commente Luc Planty et Xavier Planty de compléter « il faut obtenir des vins où on a l’impression que la finale en bouche n’est pas sur le sucre ; et cette buvabilité s’explique par la fraîcheur aromatique que si on a de grands botrytis. »
Sauternes, Bommes, Preignac, Fargues et Barsac constituent les 5 villages emblématiques de l’appellation qui réalisent du Sauternes. A Barsac justement, nous rencontrons Bérénice qui excelle au pays du botrytis. C’est Bérénice Lurton bien sûr qui a pris très jeune les rênes du château Climens,1er cru classé de Barsac : « à l’âge de 22 ans en 1992, il y a presque 30 ans. » Les débuts on été délicats: « de 92 à 94, des années difficiles, beaucoup de pluie et des millésimes ingrats ».
Avec Bérénice Lurton, nous allons découvrir sa tisanerie : « c’est là que nous faisons sécher les plantes que nous utilisons pour la biodynamie (depuis 2010). Des plantes qui poussent dans les vignes, comme la camomille, au lieu de mettre des pesticides, on cueille des petites fleurs, c’est plutôt sympa. Beaucoup de plantes servent dans le protection contre le mildiou, comme l’osier ou la presle, qui sont des plantes qui poussent en milieu humide. » Est-ce des croyances ? « Si c’était juste des croyances, on ne serait plus là pour vous en parler, oui ça marche vraiment. »
Des vins réalisés en biodynamie: c’est quelque chose qui est du domaine de l’éclat,il y a une énergie que l’on ressent dans les vins avec un terroir très preignant, où la minéralisé est présente et où l’on a beaucoup d’éclat, » Bérénice Lurton château Climens.
Notre périple se poursuit au château d’Arche, cru classé de Sauternes, en pleines transformations qui me font dire « c’est la révolution ici » « révolution, faut quand même pas exagérer » rebondit Jean-LouisCouffinhal le délégué général du château. « Nous avons rénové le vignoble, pour le rendre un peu plus moderne, avec notamment un chai éco-responsable pour répondre aux grands défis du château d’Arche ».
De lourds investissements ? « A l’échelle sonnante et trébuchante, ce sont 5 millions d’euros, avec un toit végétalisé qui permet une grande inertie de température limitant l’utilisation de la climatisation l’été ». Un magnifique Cuvier en acier micro poli et en sous sol un chai contenant 370 barriques, deux fois plus que le précédent.
Autre rencontre privilégiée, celle de Philippe de Lur Saluces au château de Fargues :« bienvenue en notre forteresse médiévale, construite en 1306 à la demande de notre pape, le Pape Clément ». C’est en 1472 que Fargues a rejoint l’histoire de la famille Lur Saluces, « quand une Isabeau de Monferrand épouse un de mes ancêtres. »
L’histoire du vin de Sauternes toutefois est plus récente à Fargues, « elle débute après la 1ère guerre mondiale avec mon grand oncle….Bertrand de Lur Saluces, en rentrant de la guerre a décidé d’arracher les vignes en rouge et de planter des vignes en blanc dans le but de produire du vin de Sauternes. » Ce sont aujourd’hui 18 hectares en production, 80% sémillon et 20% sauvignon.
Le comte Philippe de Lur Saluces va aussi me faire faire le tour de la propriété et notamment du vieux château, autrefois incendié, qui progressivement va être restauré: « mon père s’est arrêté à 9 pièces, ce qui est déjà bien »
La forteresse a été partiellement restaurée, de 2009 à 2014, mon père dit que nous n’avons fait que la pré-inauguration, car l’inauguration est prévue pour 2500 à peu près » Philippe de Lur Saluces, co-propriétaire château de Fargues.
Lur Saluces, un nom qui longtemps a été associé avec le château d’Yquem : « Laurent de Sauvage d’Yquem avait une fille Françoise-Joséphine qui a épousé un Lur Saluces, depuis le château est resté dans la famille jusqu’en 2001 »
Et de déguster avec le Comte Philippe une bouteille de château de Fargues 2016: « Fargues, dans sa jeunesse est d’une grande tension avec une pureté arômatique… En accord mets-vins, je le verrais bien avec une entrée fraîche, une salade de crabe ou des huîtres…Il faut que le sucre vienne comme une surprise… » En apothéose de ce portrait, une petite visite de la cave aux vieux millésimes avec une bouteille de 1943 : « tous ces millésimes représentent l’identité de Fargues, il n’y a qu’en maîtrisant ce passé, que l’on peut se projeter dans l’avenir et décider de ce que nous voulons faire du vignoble aujourd’hui. »
Toutes ces fabuleuses histoires sont encore pour beaucoup des histoires familiale à Sauternes comme en témoigne Gabriel de Vaucelles qui dirige avec son épouse (et pour le compte de la famille) le superbe château Filhot : « château Filhot est une propriété familiale, créée en 1709 par la famille Filhot, une famille de parlementaires qui avait acheté aussi château Coutet avant la révolution, une propriété familiale a priori qui restera encore dans la famille pendant longtemps; on a un potentiel phénoménal avec le 2e plus grand parc fermé de Gironde, avec des essences exotiques, vraiment un grand potentiel oenotouristique, comme les châteaux Lafaurie-Peyraguey, d’Arche, Guiraud, on va essayer de s’associer ».
Aujourd’hui, on ne produit pas du Sauternes comme autrefois avec un seul produit, il faut développer une gamme avec des produits plus légers qui correspondent à plusieurs marchés: la France reste le marché principal, mais le marché asiatique se développe et aussi énormément les USA » Gabriel de Vaucelles château Filhot.
L’image de Sauternes s’est énormément dépoussiérée ces dernières années, avec de nombreuses initiatives. Lafaurie-Peyraguey en est l’exemple type. Ce château acheté en 2014 par Silvio Denz, le président de la cristallerie Lalique, a entièrement été restauré pour en faire un superbe Hôtel Restaurant.
Dans ce lieu, David Bolzan, le directeur général des vignobles Silvio Denz, a imaginé avec les équipes du château et notamment le sommelier Adrien Cascio de nouvelles façons d’apprécier le Sauternes, en cocktail ou à l’apéritif mais pas seulement : « on revisite les grands classiques sur le repas un peu différemment que sur le traditionnel foie gras et en dessert, par exemple sur du poisson, des viandes blanches et du fromage.Au moment de l’apéritif aussi, on peut ajouter des glaçons et d’autres arômes comme des écorces d’orange ou de citron… » me précise David Bolzan.
Et pour couronner cette émission, le chef Jérôme Schilling (1* au Guide Michelin) nous a proposé un accord met-vin original, preuve que le Sauternes se marie parfaitement là où on ne l’attend pas forcément : « on est parti sur un millésime 99 du château Lafaurie-Peyraguey avec ses notes cuivrées, de café, réglisse et tabac, on a fait un ris de veau rôti au beurre noisette, céléri, café et poudre de réglisse ». Ce qui fait dire à David Bolzan: « on a choisi un millésime de 20 ans, on a voulu bousculer les codes et c’est juste sublime… »
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Avec une récolte 2019 estimée à 1,2 million d’hectolitres, l’une des plus petites en 20 ans, l’interprofession des vins de Bourgogne a présenté dimanche, avant la célèbre vente des Hospices de Beaune, un millésime marqué par des volumes en berne mais aussi sa « fraîcheur » et sa « gourmandise ».
« 2019, c’est une année singulière et extrêmement contrastée », marquée notamment par « des volumes très en dessous d’une année moyenne » (soit 1,4 million d’hectolitres, ndlr), a indiqué François Labet, le président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), lors d’une conférence de presse.
Ces chiffres sont « plus faibles que 2016 », année pourtant marquée par une récolte historiquement basse et « seule 2003 est plus en retrait depuis l’an 2000 », a-t-il ajouté. « C’est une baisse de 34% par rapport à l’année dernière », touchant en particulierle Mâconnais et les crémants.
Mais la qualité des vins « enthousiasme les professionnels au delà de leurs attentes », a poursuivi M. Labet. « Les vins de Bourgogne affichent une fraîcheur qui ravirales amateurs, accompagnée d’une gourmandise qui les séduira ».
Une tendance qui n’a pas épargné le domaine des Hospices de Beaune, qui met en avant des vins « superbes » mais ne proposent à la vente dimanche que 589 pièces (fûts de 228 litres), bien en deçà du record de 828 pièces mises en vente en 2018.
L’année 2019, marquée par une météo qui n’a laissé aucun répit aux viticulteurs, arrive après deux années qui avaient permis de reconstituer les stocks.
Le millésime 2018, surtout, « exceptionnel » tant en qualité qu’en quantité, représente « un phénomène rare, comme un vigneron en voit seulement une fois ou deux dans sa vie », selon un communiqué du BIVB.
L’interprofession a fait valoir, dimanche, les bons chiffres de vente des vins de Bourgogne, notamment à l’export: en hausse de 6,9% en volume sur les huit premiers mois de l’année (56 millions de bouteilles) et 9,3% en valeur (650 millions d’euros).
Cette hausse est due notamment aux Etats-Unis, premier marché export de la Bourgogne, « en attendant la chute » due aux droits de douane de 25% imposées depuis fin octobre outre Atlantique, s’inquiète le BIVB, qui déplore une conséquence d’un confit commercial
entre Airbus et Boeing.
Mais « ce n’est pas parce que nous connaissons quelques difficultés de cet ordre là qu’il faut se désintéresser des Etats-Unis, l’Amérique est irremplaçable pour la Bourgogne », a commenté Louis-Fabrice Latour, président délégué du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne.
La 159e vente aux enchères des Hospices de Beaune a totalisé dimanche soir 12,3 millions d’euros de recettes, moins que la somme record de 14 millions d’euros enregistrée en 2018 mais deuxième meilleur résultat en dépit de volumes plus faibles.
En incluant les frais, « l’ensemble de la vente totalise 13,1 millions d’euros, soit le deuxième meilleur résultat », ont indiqué dans un communiqué conjoint les Hospices civils de Beaune et la maison d’enchères britannique Christie’s.
Après deux années fastes consécutives, les organisateurs de la célèbre vente des Hospices de Beaune ne proposaient pourtant cette année à la vente que 589 fûts, 30% de moins qu’après l’exceptionnelle récolte de 2018, la faute à une météo capricieuse. Mais la qualité était au rendez-vous: ce sont des vins « très bourguignons, avec de beaux niveaux d’acidité et une volonté manifeste d’exprimer leur terroir », avait fait valoir la régisseuse du domaine des Hospices, Ludivine Griveau.
Le prix moyen pour une pièce s’en est ressenti, atteignant le chiffre record de 21.823 euros, en hausse de 29,5% par rapport à 2018. Un Bâtard-Montrachet Grand cru a été vendu pour 149.800 euros à un client américain au téléphone, là encore un record.
Un peu plus tôt dimanche, la pièce de charité, un Corton Grand cru Les Bressandes, avait été adjugée pour 260.000 eurosà un acheteur brésilien, Alaor Pereira Lino, qui s’offrait pour la deuxième année de suite cette pièce dite « des Présidents ».
En 2018, deux « pièces des Présidents » avaient été mises en vente et adjugées à 230.000 euros au profit de trois associations, loin du record de 2015 à 480.000 euros.
« Les vins de la pièce des Présidents sont des vins spéciaux. Le travail fait par les Hospices de Beaune est magnifique », a commenté M. Lino, importateur de vin au Brésil, avant d’ajouter: « Mais je fais une bonne affaire parce que je vais recevoir un vin merveilleux ».
La pièce des Présidents était vendue cette année au profit de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière ainsi que de l’association Autour des Williams, qui soutient la recherche contre le syndrome de Williams, une maladie génétique.
Les parrains de la vente, le basketteur Tony Parker, la journaliste Ophélie Meunier et les acteurs Christophe Lambert et François-Xavier Demaison avaient fait monter les enchères, ce dernier menaçant même d’arrêter de boire du Bourgogne si elles ne montaient pas assez. « Les ventes vont s’en ressentir », avait-t-il plaisanté. Au cours de ces enchères, Tony Parker a lui-même fait l’acquisition de deux pièces, fûts de 228 litres, soit l’équivalent de quelque 600 bouteilles.
Le domaine des Hospices, constitué au fil des siècles grâce à des donations, est classé pour 85% en Premier cru et Grand cru.
La recette -hors pièce de charité- sera reversée à l’institution hospitalière des Hospices fondée au XVe siècle, afin de financer la modernisation de l’hôpital de la ville et l’entretien du bâtiment historique de l’Hôtel-Dieu.
Noël approche, et les idées concernant de beaux livres sur le patrimoine viticole ne manquent pas. Voici un ouvrage intéressant sur ces domaines fabuleux que sont les Clos, des domaines réputés car entourés de murs et produisant des vins d’exception.
C’est un ouvrage inédit qui met en lumière ces vins appréciés dans le monde entier, des vins d’exception produits par des Clos. Les auteurs ont ainsi voulu mettre l’accent sur ces propriétés qui font rêver et dont la particularité est d’être ceintes de murs.
Benjamin Darreau, sommelier à l’atelier Joël Robuchon Paris, partage ici avec le lecteur ses dégustations et l’atmosphère des Clos, une collaboration avec Philippe Toinard journaliste et chroniqueur gastronomique, qui retranscrit également l’histoire, la géographie des Clos et les rencontres avec les propriétaires exploitants.
Ce sont ainsi 27 clos qui ont été immortalisés par Thibaut Voisin qui y dévoile aussi la spécificité de chaque parcelle et le savoir-faire de ces vignerons pour réaliser ces vins appréciés des amateurs du monde entier.
Champagne (Clos des Goisses, Maison Philipponnat, Champagne ; Clos du Mesnil, Maison Krug, Champagne ;Clos Sainte-Sophie, Champagne Jacques Lassaigne, Champagne
Jura (Clos de la Tour de Curon, Domaine André et Mireille Tissot – Stéphane Tissot, Arbois)
Loire( Clos du Bourg, Domaine Huet, Vouvray ; Clos du Bourg, Clos Rougeard, Saumur-Champigny ; Clos de la Coulée de Serrant, Vignoble de la Coulée de Serrant, Coulée de Serrant Clos Nouveau, Domaine du Bel Air, Bourgueil ; Clos du Puy, Domaine des Pothiers, Côtes Roannaises ; Enclos des Remparts, Domaine Vacheron, Sancerre
Bourgogne (Clos des Bouchères, Domaine Roulot, Meursault ; Clos de la Bussière, Domaine Georges Roumier, Morey-Saint-Denis ; Clos du Château, Domaine du Comte Liger-Belair, Vosne-Romanée ; Clos des Ducs, Domaine Marquis d’Angerville, Volnay ; Clos de Monsieur Noly, Maison Valette, Pouilly-Fuissé ; Clos de la Romanée-Conti, Domaine de la Romanée-Conti, Romanée-Conti Clos Saint-Jacques, Domaine Sylvie Esmonin, Gevrey-Chambertin ; Clos de Vougeot,; Domaine de la Vougeraie, Vougeot
Beaujolais (Clos de la Grand’Cour, Domaine de la Grand’Cour, Fleurie)
Bordeaux( Clos, Château d’Issan, Margaux ; Clos Fourtet, Clos Fourtet, Saint-Émilion ; Clos du Marquis, Château ; Léoville-Las Cases, Saint-Julien ; Enclos, Château Latour, Pauillac)
« Clos, un patrimoine viticole dans l’intimité de 27 clos » par Benjamin Darreau, Philippe Toinard et Thibaut Voisin 245 x 340 – 256 pages – 150€ aux éditions La Martinière
Le groupe « Les Sources de Caudalie » (hôtellerie, spas) qui a pour projet de « faire un cinq étoiles par grande région viticole », a annoncé jeudi à Bordeaux ouvrir son prochain hôtel au coeur des vignes à Cheverny (Loir-et-Cher) au printemps 2020, sur le même modèle que celui avec restaurants et spa-vinothérapie en Gironde.
« On a repris il y a deux ans un hôtel quatre étoiles. On y réalise le même projet hôtelier que celui de Martillac »(Gironde), a déclaré à la presse Jérôme Tourbier,qui a fondé il y a 20 ans avec son épouse Alice« Les Sources de Caudalie », aujourd’hui
classé palace.
« Par rapport à l’Australie, la Californie… il n’y a pas d’oenotourisme de cette grandeur en France. Notre objectif est de faire un cinq étoiles par grande région viticole: Alsace, Provence, Bourgogne et Champagne », a affirmé M. Tourbier, également président du réseau Small Luxury Hotels of the World.
Le couple a vendu début novembre Les étangs de Corot, établissement quatre étoiles situé entre Paris et Versailles, au groupe rennais Beautiful Life Hôtels pour se consacrer à l’oenotourisme avec son nouvel établissement « Les Sources de Cheverny ».
Comme pour Les Sources de Caudalie à Martillac (chiffre d’affaires août 2018-août 2019 17 millions d’euros), deux restaurants dont un gastronomique ouvriront à Cheverny, ainsi qu’un spa-vinothérapie qui proposera les soins avec des cosmétiques à base de raisin.
Le vin, marque de fabrique de leur établissement girondin situé face au château Smith Haut Lafitte appartenant aux parents, est également à l’honneur avec la plantation de 7 ha de romorantin, le même cépage qu’à Chambord. Leur exploitation est confiée à un vigneron de Cheverny, Philippe Tessier.
A Cheverny, sur les 45 ha au coeur des châteaux de la Loire et au milieu des vignes, 3.000 m2 du château du Breuil sont réhabilités auxquels s’ajoutent 2.000 m2 de construction par le même architecte des Sources de Caudalie en Gironde. L’investissement total pour ce nouvel hôtel, qui comptera 49 chambres, s’élève à 23 millions d’euros.