15 Mai

Un avant-goût du Tour de France 2021 : Bernard Hinault intronisé par la Jurade de Saint-Emilion

La Jurade a tenu à rendre hommage au « monument » du cyclisme français, Bernard Hinault quintuple vainqueur du Tour de France, Champion du Monde, le cycliste aux 250 victoires. Il a été intronisé Pair au sein de la Jurade de Saint-Emilion en cette fin de matinée, pour non seulement l’honorer, mais aussi en clin d’oeil au prochain Tour de France dont la 20 étape un contre-la-montre sera disputée entre Libourne et Saint-Emilion le 17 juillet.

Habitué des maillots jaunes, Bernard Hinault a cette fois-ci enfilé la robe rouge et blanche de la Jurade de Saint-Emilion. Une émotion pour lui, mais j’allais dire aussi pour tous les français présents dans l’assistance, salle des Dominicains à Saint-Emilion en Gironde : les Jurats, bien sûr, le maire du village, un Bernard lui aussi, mais également le monde du vin et les journalistes. Car Bernard Hinault fait partie du patrimoine de la France.

Ainsi pour Alain Naulet, le maître de cérémonie, qui fait du vélo tous les jours, 160 à 180 bornes par semaines pour s’entretenir :

Bernard Hinault, c’est le Monument, c’est le Monument ! Avec autant de victoires sur tous les tours, la Vuelta, le Giro et le Tour de France, c’est synonyme de grand champion. C’est une époque que j’ai bien connue, il nous a fait rêver… » Alain Naulet de la Jurade

Franck Binard, le directeur du Conseil des Vins se souvient aussi de cette période: « en 1980 j’avais 8 ans, j’étais sur les bancs de l’école mais aussi devant la télé à regarder le tour. Bernard Hinault, c’est l’un des plus grands champions de tous les temps. 250 titres remportés, c’est un exemple pour de nombreux cyclistes d’hier et d’aujourd’hui. »

Bernard Hinault, pour moi c’est le vainqueur 5 fois du Tour de France, il a égalé Anquetil, pour moi il fait partie des plus grands cyclistes mondiaux, et en plus il est français, on est très fier, cocorico ! « , Jean-François Quenin du château de Pressac

Eh oui, car comme le rappelait Alain Naulet dans son discours d’intronisation, Bernard Hinault c’était la gagne : « tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, la course n’est ni gagnée, ni perdue ». Et de dégainer son fabuleux parcours qui l’a mené de sa Bretagne natale Yffiniac jusqu’au podiums sur les Champs-Elysées…

« Le plaisir de dominer les autres vous prodiguait une jouissance mentale et vous permettait de serrer les dents sur la douleur. Vous attribuez vos performances à vos aptitudes physiques, à votre goût de la compétitivité et à votre moral de tueur ». Et de rappeler aussi ce qu’il disait : « sans une bonne équipe, comme vous le disiez, vous n’auriez pas remporté toutes ces victoires. « 

Une énorme carrière, un sacré parcours, Alain Naulet presque en danseuse sur son pupitre, n’ a pas ménagé sa peine, sa sueur, sous sa robe, pour rappeler en une petite demi-heure son histoire française avec ses 5 victoires sur le tour avec de sacrés concurrents comme Laurent Fignon ou encore Joop Zoetemelk, qui a réussi a gagné un tour, car Bernard s’était retiré sur blessures en 1980. (un souvenir pour moi jeune qui créchait dans l’hôtel de l’équipe Mercier à Morzine pour regarder l’arrivée du tour). Son surnom que lui avait donné ses amis coureurs il l’aimait bien : « vous avez vite apprécié ce surnom de blaireau qu’on vous avait donné, quand on connaît l’animal…Et de lui faire dire « quand on m’emmerde, je rentre dans mon trou, et quand je sors je mords… » (Rires de Bernard Hinault).

Et Bernard Hinault d’apprécier ce long discours, car Bernard a toujours été comme un étendard un meneur de bataille, un conquérant qui annonçait ce qu’il allait faire et qui tenait parole. Alors aujourd’hui, il commente ainsi cette intronisation à l’aube du prochain tour de France :

Cela fait toujours plaisir, en plus ce n’est pas n’importe où, c’est dans de très grands vins et je leur dis merci. C’est de l’émotion, oui comme à chaque fois que l’on reçoit un diplôme ». La consécration d’une carrière bien remplie  ?, je lui demande. « Je pense », me répond-il avec des rires…Bernard Hinault.

Autre moment fort celui avec l’artiste de Royan Milcko Stack qui est venu lui remettre un tableau qu’il a peint en hommage au champion :

Jai toujours été fasciné par ce champion au potentiel hors norme, mais aussi par l’homme, sa détermination, son courage, son audace, sans oublier sa droiture », Milcko Stack artiste peintre.

Il y a quelques années l’artiste peintre, sculpteur de Charente avait demandé l’autorisation à Bernard Hinault de « pouvoir créer une oeuvre à son image… » Il a accepté spontanément et pour moi, c’est une belle faveur ». « Tu nous as fait craquer, je suis intimidé face à toi, parce que tu es un gars extraordinaire et un gars abordable. Merci Bernard d’avoir ce tempérament et d’être ce que tu es… »

François Despagne présentant son château Grand Corbin Despagne à Bernard Hinault

Et de dévoiler ce tableau avec à gauche Bernard Hinault, en danseuse sur son vélo, avec le maillot de champion du monde, puis au centre Bernard les bras levés avec le maillot de champion de France sur un fond d’hexagone, et enfin ce visage : « la gagne dans la rage, son regard de tueur, de gagneur, s’il vous a dans le collimateur, il ne vous lâche pas… »

 

Bernard Hinault ne s’attendait pas à retrouver ses victoires en bouteilles © Franck Binard

« Bernard Hinault, c’est un sportif hors norme… », complète François Despagne, lui aussi un grand coureur mais dans ses vignes, après le gel, où il a été durant 3 nuits sur le pont, à combattre le gel à coup de bougies et d’éolienne…François, il est comme moi, en admiration, « Bernard Hinault, c’est toute mon enfance… » Arrête François, tu vas finir à lui donner un coup de vieux. C’est qu’il a encore de l’énergie Bernard, à 66 ans et des conseils à prodiguer.

C’est chez François Despagne que Bernard Hinault a été invité à déjeuner et à découvrir ce cru classé de Saint-Emilion. Il incarne « le courage, la volonté, il dit ce qu’il va faire et il fait ce qu’il dit… Il a ce bon sens paysan » ajoute François Despagne qui sait que Bernard Hinault a monté en 1983 un élevage avant même sa fin de carrière pro sur le vélo, même s’il a toujours continué à donner des conseils et commentaires lors des tours de France qui ont suivi…

François Despagne lui a fait visiter son cuvier et ses chais, lui expliquant qu’il a commencé à passer en bio en 2004, parmi les premières échappées de vignerons, même si c’est très exigeant sous ce climat bordelais avec toutes ces pluies…Il a poursuivi l’expérimentation en passant tout le vignoble en 2010, avec une certification bio obtenue en 2013.

François Despagne n’a pas manqué de monter sur le podium aussi celui de la générosité, faisant non seulement goûter au champion un fabuleux millésime de 1961, proche de la date de naissance de Bernard Hinault, mais aussi en lui offrant une caisse de Grand Corbin Despagne avec les millésimes correspondant à chaque victoire du champion sur le Tour de France : 1978, 1979, 1981, 1982 et 1985.

En tout cas, merci Bernard, pour nous avoir tous fait rêver !

(Un reportage à voir dans le numéro 24 de Coté Châteaux le 7 juin prochain à 20h05 sur France 3 NOA.)

12 Mai

Côté châteaux n°23, le magazine spécial nouveaux chais du bordelais

Vous allez être subjugués par ces superbes chais, à la fois une ode au design et une prouesse technique et architecturale. Côté châteaux vous emmène visiter le nouveau chai du château Valandraud avec Jean-Luc Thunevin et Muriel Andraud. A Saint-Emilion, vous découvrirez également le nouveau chai de Figeac avec une visite guidée par la famille Manoncourt. Autre visite guidée étonnante avec Véronique Sanders et le chai-jardin de Haut-Bailly en Pessac-Léognan mais aussi celui de Latour-Martillac en compagnie de la famille Kressmann. Enfin, Lynch-Bages vous étonnera par son chai tout en transparence avec Jean-Charles Cazes. A voir sur France 3 Noa lundi 17 mai à 20H05.

Edouard Touton, architecte, Muriel Andraud et Jean-Luc Thunevin devant leur nouveau chai de Valandraud © JPS

C’est un très joli numéro de Côté Châteaux qui va vous faire rêver. A sillonner le bordelais et depuis ce premier magazine « Bordeaux, la métamorphose » diffusé sur France 3 Aquitaine sur une première salve de nouveaux chais livrés en 2017, je me suis dit qu’il fallait réactualiser le propos avec ces derniers chais sortis de terre….Et oh là là, je vois déjà poindre les critiques, mais oui ce magazine n’est pas exhaustif, et bien sûr je vais faire quelques déçus qui ont aussi rendu une belle copie, j’en suis navré, qu’ils veuillent bien m’excuser.

Ce n°23 de côté châteaux vous emmène déjà du côté de Saint-Etienne-de-Lisse à la rencontre de Jean-Luc Thunevin et Muriel Andraud, les propriétaires du château de Valandraud, « partis de rien en 1984 avec 100 000 francs » et qui aujourd’hui sont à la tête de 40 hectares à Saint-Emilion, 4 hectares à Pomerol, des hectares à Lalande-de-Pomerol et dans le bordelais….

Avec leur architecte Edouard Touton, vous allez découvrir le nouveau chai de Valandraud, véritablement encastré dans la colline : « la volonté initiale était de faire un batiment qui s’inscrive au mieux dans le territoire saint-emilionnais, enterré à 5,5 mètres au niveau des fondations, on ne pouvait pas aller trop profondément parce qu’il fallait intégrer tout le système de cuves, et le plus important était la technicité et l’usage des travailleurs du vin, donc on ne pouvait pas se permettre d’avoir des cuves trop hautes pour le travail… »

« L’idée de départ était de le rendre le plus discret possible, avec la géothermie adaptée, c’est presque un grand puis canadien par exemple », explique Jean-Luc Thunevin. « Il y a eu un vrai travail en amont avec l’architecte des bâtiments de France, les vraies références sont les hangars agricoles de nos régions qui sont d’une pureté et d’une beauté impeccable et qui se fondent dans le paysage, avec ces grands piliers de pierre et ces charpentes… », commente Edouard Touton. « Le projet était de créer une mini-centrale photovoltaïque, qui permette de pouvoir intégrer toute la consommation faite par le chai au moment des vendanges ».

Et de découvrir ces cuves d’une mixité incroyable : « il y a du bois, de l’inox, du bois tronconique normal et  de l’inox tronconique inversé…La c’est la tradition d’un côté avec le pigeage un peu dur car le marc se compresse en venant en haut alors que dans l’autre le marc est beaucoup plus mince et donc beaucoup plus facile à piger, donc l’extraction sera plus douce, on est dans une formule 1″…ajoute Jean-Luc Thunevin.

Le chai de Figeac © JPS

Durant 30 mois, château Figeac à Saint-Emilion a engagé des travaux dantesques, avec pas moins de 50 entreprises, des travaux sous l’égide du cabinet d’architectes bordelais A3A, pour un montant de 15 millions d’euros. « Le plafond est une vague qui fait son petit effet et nous sommes très contents d’avoir utilisé le bois, la pierre, l’acier, des beaux matériaux…Nous n’avons utilisé que des entreprises régionales, ça cela nous faisait plaisir…« commente Marie-France Manoncourt la propriétaire. 

Un toast avec le millésime 2015 en l’honneur de Figeac © JPS

« Nous entrons maintenant dans le cuvier de château Figeac », explique à son tout le directeur général Frédéric Faye. « Nous avons profité du relief collinaire de la propriété pour l’intégrer dans le sol, puisque 63% du projet se trouve sous le niveau du sol. Il était important pour nous d’équipe avec la dernière technologie l’ensemble de cet outil, mais toutefois cette technologie est cachée car ce n’est pas cela qui fait un grand vin, c’est la qualité du terroir de château Figeac ».

(Retrouvez ici le reportage sur « Figeac : la renaissance de ce 1er grand cru classé de Saint-Emilion avec son somptueux chai »)

Véronique Sanders devant le nouveau chai jardin de Haut-Bailly © JPS

A Léognan, il y a de quoi être aussi subjugué, le château Haut-Bailly, cru classé de Graves vient de voir livré son chai-jardin. C’est Véronique Sanders qui nous y reçoit : « la grande force de ce batiment, c’est d’avoir été complétement intégré dans l’environnement, le jardin se prolonge et c’est comme une croupe de vigne qui vient s’élever un peu plus loin…On ne voit rien de l’extérieur, et néanmoins, on a un volume et un espace de travail à l’intérieur qui est sensationnel. »

« C’est Bob Wilmers, le propriétaire de Haut-Bailly, qui en juillet 2017 lorsqu’il a vu le projet a eu un coup de coeur comme nous tous…Il a donné son feu vert en disant de le faire rapidement, malheureusement il nous a quitté en décembre 2017 et le projet a été porté par la suite par sa famille. »

Ce jardin suspendu et ce chai d’élevage ont été réalisés par l’architecte Daniel Romeo : « c’est un chai qui a été conçu pour qu’on puisse circuler autour, c’est extrêmement fonctionnel, la particularité de ce chai, c’est qu’il n’y a aucun poteau, il y a une voûte d’un diamètre de 38 mètres et 1500 m 2  sans  un seul poteau et cette voûte contient des puis de jour, pour laisser passer la lumière naturelle, et imaginez aussi qu’il y aun jardin, donc vous voyez la performance technique et architecturale qui réside dans ce chai. »

En dessous, on découvre les 54 cuves disséminées sur tout le pourtour de ce chai pour faire du parcellaire: « au centre de ce cuvier nous avons une dizaine de cuves de 50 hectolitres, et puis nous avons des cuves de 70, 80, 85 et 90, ces cuves ont été réalisées par une entreprise qui a le brevet pour installer la thermorégulation dans la paroi de la cuve, ce qui nous évite d’avoir un serpentin au centre de la cuve. En dessous du cuvier, le chai à barriques également circulaire qui peut contenir jusqu’à 900 barriques, là sur un niveau car il contient la récolte 2020 qui était une récolte relativement petite, mais on pourrait très bien envisager que ces barriques soient sur 2 niveaux….Nous sommes ici enterrés à 10 mètres de profondeur, et comme vous pouvez le voir, il y a une température naturelle de 14° qui fait que nous n’avons quasiment pas besoin d’utiliser l’air conditionné. »

Sur la façade de ce chai circulaire est inscrit « Haut-Bailly Cru exceptionnel » : « c’est une référence à la grande et longue histoire de Haut-Bailly puisque c’est une mention qui a figuré sur nos étiquettes pendant pratiquement un siècle et qui faisait référence à ce terroir extraordinaire de graves et d’argile. C’est un petit clin d’oeil au passé », précise Véronique Sanders.

Lynch-Bages, un bâtiment élégant, réalisé en transparence © JPS

Le célèbre château Lynch-Bages, propriété de la famille Cazes, s’est doté aussi d’un joyau, un nouveau chai tout en verre, ultra-sophistiqué, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei et réalisé avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain. Un chai qui contient désormais 80 cuves inox pour faire du parcellaire, avec aussi en sous-sol 2000 barriques. C’est Jean-Charles Cazes, aux commandes de Lynch-Bages, qui me fait la visite guidée:

Jean-Charles Cazes dans le nouveau Cuvier de Lynch Bages © JPS

« Nous avons aujourd’hui 80 cuves, dans notre cuvier, nous en avions 40 auparavant, donc cela nous a permis de diminuer la taille moyenne de chaque cuve… et d’avoir des cuves plus adaptées à notre travail de sélection intra-parcellaire, cela fait partie des recherches que nous avons faites depuis une vingtaine d’années à Lynch-Bages pour plus de précision ».

Quand le passé et le futur se rencontrent à Pauillac, Lynch-Bages brille de mille feux © Jean-Pierre Stahl

Et de m’emmener visiter le gigantesque chai à barrique 2 niveaux en dessous: « nous voici dans le chai d’élevage, qui accueille aujourd’hui la récolte 2020 qui est le 1er millésime que nous avons vinifié dans ces nouvelles installations…et vous voyez que l’espace est assez vaste…puisque le chai a été conçu pour accueillir 2 récoltes avec 2000 barriques… Si on a deux récoltes successives de fort rendement, cela nous permet de ne pas à avoir à remonter les barriques en cuves pour faire la place à la récolte qui suit. On travaille  avec des chênes français de chauffe moyenne, et on a 70% de barriques renouvelées chaque année sur notre grand vin ».

(Retrouvez ici le reportage sur : Lynch-Bages: « un nouveau chai tout en verre doté des dernières technologies pour sublimer le vin »

Edouard et Tristan Kressmann, dans leur nouveau chai livré en 2020© JPS

Au château Latour-Martillac, ce sont Tristan et Edouard Kressmann qui nous recoivent et nous montrent ce chai très harmonieux qui s’intègre totalement dans l’existant. « Effectivement c’était un désir de la famille que ces bâtiments s’intègrent, on n’avait pas beaucoup de place, donc on ne voulait pas choquer avec l’ancien, la seule touche un peu moderne, cela va être cette boutique et ses verrières », commente Edouard Kressmann.

C’est un nouveau chai mais aussi pas mal axé sur l’oenotourisme : « il faut se mettre à la page et c’est vrai qu’on a profité de cette occasion pour aménager un espace pour accueillir nos visiteurs, tous les ans plus nombreux », selon Tristan Kressmann. C’était l’occasion de concevoir quelque chose de moderne qui raconte l’histoire de Latour-Martillac avec mon grand-père qui a acheté le château en 1930, les grands consultants qui nous ont rejoint Michel Rolland et avant Denis Dubourdieu.Bref toute la famille se retrouve représentée dans ces fresques réalisées par un peintre bordelais Max Ducos et c’est absolument formidable. »

Et les Kressmann de nous faire découvrir leur cuvier tout en inox : 22 nouvelles cuves, 16 de 125 hectolitres et 6 de 70 hectos. « Nous fonctionnons avec de l’inox depuis plus de 30 ans ici et on s’est rendu compte de l’efficacité et Denis Dubourdieu nous a dit surtout ne vous embêtez pas vous maîtrisez parfaitement ce mode de cuvaison. Gardez l’inox, vous serez plus tranquilles, » commente Tristan Kressmann.

Et de nous inviter à déguster dans leur chai à barriques le millésime 2020 qui a eu la chance d’inaugurer dès septembre ce nouveau chai: « c’était un millésime très compliqué à la vigne avec les fortes pluies à la vigne qui ont amené du mildiou et la sécheresse de juillet, mais heureusement on a eu des raisins très concentrés, et au final on a un super vin, typiquement Bordeaux…avec de la fraîcheur, du fruit, des jolis tannins, une très jolie structure en bouche, vraiment un régal », selon Edouard Kressmann. Et pour Tristan Kressmann : « c’est une série absolument magique, 2018, 2019, 2020 une série incroyable… »

Un numéro savoureux de Côté Châteaux réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Alexandre Berne, à voir le lundi 17 mai à 20H05 sur France 3 NOA et aussi sur You Tube : 

26 Avr

Lynch-Bages: « un nouveau chai tout en verre doté des dernières technologies pour sublimer le vin »

Le célèbre château Lynch-Bages, propriété de la famille Cazes, s’est doté d’un joyau, un nouveau chai tout en verre, ultra-sophistiqué, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei et réalisé avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain. Un chai qui contient désormais 80 cuves inox pour faire du parcellaire, avec aussi en sous-sol 2000 barriques. Visite guidée avec Jean-Charles Cazes, aux commandes de Lynch-Bages. Un portrait à retrouver dans le n°23 de Côté Châteaux spécial nouveaux chais du bordelais.

Quand le passé et le futur se rencontrent à Pauillac, Lynch-Bages brille de mille feux © Jean-Pierre Stahl

« Bonjour Jean-Pierre, bienvenue à Lynch-Bages… », ainsi m’accueille Jean-Charles Cazes, co-propriétaire et directeur général, à l’entrée du bâtiment tout en verre qui se reflète de manière originale dans une fenêtre de l’ancien bâtiment en pierre conservé juste à côté. Une nouvelle page d’histoire s’écrit depuis ce fameux cru de Lynch à Lynch-Bages aujourd’hui.

« Une entrée en fanfare, » commente le papa Jean-Michel, très célèbre figure du Bordelais qui a été aux commandes de Lynch-Bages jusqu’en 2006 (de retour sur la propriété en 1973) mais aussi Grand Maître de la Commanderie du Bontemps et qui a aussi créé le village…« Ca vous plait ? Magnifique… La où c’est le plus beau c’est quand le soleil est couché et que le ciel reste clair. »

Jean-Charles Cazes, dans le nouveau cuvier de Lynch-Bages © JPS

Ce nouveau chai de 11 000 M2 s’inscrit à la perfection entre le château de Lynch-Bages et le village de Bages. Un projet démarré en 2017, dessiné par Chien Chung (Didi) Pei, que Jean-Michel Cazes avait rencontré avec son père Ieoh Ming Pei il y a 30 ans lors de la construction de la pyramide du Louvre, un chai construit en collaboration avec l’architecte bordelais Arnaud Boulain, : « nous voici dans les nouveaux bureaux de Lynch-Bages après 4 ans de travaux, là vous êtes dans l’accueil déjà avec les peintures d’un peintre local qui s’appelle Julien Calvet et dont la famille était propriétaire au XIXe de Croizet Bages », commente Jean-Charles Cazes.

UN BATIMENT MODERNE ET FONCTIONNEL AU SERVICE DU VIN

« Ici nous nous trouvons à l’étage supérieur du cuvier, où on découvre notre système de vinification gravitaire, on a la réception de vendange en contre bas et vous avez ici les ovides dans lesquels sont élevées les baies une fois éraflées, et on se trouve à l’étage supérieur au niveau des cuves où nous encuvons par gravité les raisins. »

Une originalité et prouesse technique avec ces cuves ascenseurs © JPS

« Nous nous trouvons à côté des cuves ascenseurs, ces cuves ascenseurs sont utiles durant les périodes de vinification, car elles nous permettent de faire des opération de macération assez importantes, car car on fait ce qu’on appelle des délestages, nous les remplissons par gravité et une fois remplies, la cuve remonte à l’étage supérieur pour redéverser le jus de raisin en fermentation sur le chapeau de marc et permette ainsi une meilleure macération ».

Un batiment élégant, réalisé en transparence © JPS

« Nous avons aujourd’hui 80 cuves, dans notre cuvier, nous en avions 40 auparavant, donc cela nous a permis de diminuer la taille moyenne de chaque cuve… et d’avoir des cuves plus adaptées à notre travail de sélection intra-parcellaire, cela fait partie des recherches que nous avons faites depuis une vingtaine d’années à Lynch-Bages pour plus de précision ».

« Là je vous emmène au chai Skawinski, qui est le chai du XIXe, il a été l’inspiration de cette réalisation puisqu’on a repris ces procédés de vinification gravitaire qui avaient été inventés par Skavinski au XIXe…Ce chai a été construit en 1860 et a été utilisé jusqu’en 1975 qui a été le dernier millésime vinifié dans ce cuves, il s’avère aujourd’hui que c’est le dernier exemple de chai du XIXe de vieux chai bordelais qui soit conservé intact dans son jus »

Et de m’emmener visiter le gigantesque chai à barrique 2 niveaux en dessous: « nous voici dans le chai d’élevage, qui accueille aujourd’hui la récolte 2020 qui est le 1er millésime que nous avons vinifié dans ces nouvelles installations…et vous voyez que l’espace est assez vaste…puisque le chai a été conçu pour accueillir 2 récoltes avec 2000 barriques… Si on a deux récoltes successives de fort rendement, cela nous permet de ne pas à avoir à remonter les barriques en cuves pour faire la place à la récolte qui suit. On travaille  avec des chênes français de chauffe moyenne, et on a 70% de barriques renouvelées chaque année sur notre grand vin ».

Et de continuer cette fabuleuse visite avec un escalier monumental, véritable oeuvre d’art qui mène du chai à barrique au cuvier et aux bureaux à l’étage: « ces escaliers-là sont une prouesse technique, ce sont des escaliers auto-portés, qui n’ont pas de points d’ancrage sur les côtés, ils sont uniquement reliés au sol et à l’arrivée…  « De retour dans le cuvier où la luminosité naturelle du cuvier… La façade ici au sud est abrité par la maille inox qui agit comme brise-soleil, et permet d’éviter le rayonnement direct… ».

UNE FUTURE SALLE DE DEGUSTATION AVEC VUE SUR LE VILLAGE 

Tout est fait en transparence et en subtilité, poussez encore 2 grands battants et vous atterrissez dans la future salle de dégustation : « elle permettra d’accueillir les visiteurs dès que nous pourrons rouvrir au public, on est intégré dans le village avec le voisinage des bâtiments anciens…du café Lavinal qui va j’espère réouvrir bientôt… »

Tout en faisant le tour du nouveau bâtiment, on imagine la rentrée de récolte avec une immense porte:  « ici c’est la réception de vendange, c’est une grande porte avec une inspiration japonisante, puisque cela ressemble à ces parois de riz japonaise, qui nous permet d’ouvrir sur un espace de 400 m2, où on accueille 3 lignes de réception de vendange, l’important du projet c’est d’être capable d’avancer très vite, si la météo nous presse, et on doit pouvoir ramasser avec notre équipe de 150 vendangeurs, de pouvoir ramasser 12 hectares ».

La visite se termine par une séquence dégustation sur le millésime 2018 : « Le terroir de Lynch Bages, il est assez regroupé ici sur ce plateau, c’est assez simple de définir ce qu’est un grand terroir à Bordeaux, il suffit d’être sur une butte, sur une petite élévation, de regarder à ses pieds et de voir si on a de la grave et puis d’avoir une vue sur la Gironde, cela détermine un peu le micro-climat de la parcelle… On est sur des terroirs qui sont relativement précoces, peu gélifs, des terroirs de grands cabernet-sauvignons… » ajoute Jean-Charles Cazes.

« Nous voilà équipés pour les décennies qui viennent avec cet outil flambant neuf, c’est le début d’une aventure, 2020 a été le 1er millésime, et voilà on est très content et on va pouvoir chaque année s’améliorer un petit peu…et faire de plus grands vins encore. »

27 Mar

Côté Châteaux n°22 spécial Crus Bourgeois, un an après leur nouveau classement

Voici le nouveau magazine que vous attendez tous. Ce mois-ci Côté Châteaux est parti dans le Médoc à la rencontre des Crus Bourgeois, un an après le nouveau classement établi pour 5 ans. Vous allez faire connaissance avec la jeune génération de vigneronnes comme Eléonore Pairault du château Corconnac et Alice de Courcel de Saint-Ahon, mais aussi rencontrer Pierre Cazeneuve qui a transformé Paloumey et qui conduit ce vignoble en bio, également les Cruse, une famille de femmes à la tête du château du Taillan, sans compter le domaine incroyable de Malleret avec son haras. Le tout agrémenté d’un entretien avec le Président des Crus Bourgeois Olivier Cuvelier et de sa cousine Sara au château Le Crock à Saint-Estèphe. A voir sur France 3 Noa, ce numéro 22 de Côté Châteaux, réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Alexandre Berne, lundi 29 mars à 20h05

Eléonore Pairault au château Corconnac, cru bourgeois à Saint-Laurent du Médoc © JPS

C’est un nouveau Côté Châteaux tout en rondeur et en saveur. On y découvre des jeunes, des moins jeunes, des vignerons qui osent, qui passent au bio, des portraits de gens attachants, avec chacun sa  particularité, du cru bourgeois tout court au cru bourgeois supérieur et au cru bourgeois exceptionnel, Côté Châteaux, Jean-Pierre Stahl et Alex Berne  ont sillonné une bonne partie du Médoc pour vous.

Pierre Cazeneuve avec son nouveau toit photovoltaïque à Paloumey © JPS

Ce numéro 22 fait la part belle aux jeunes générations, à commencer par le portrait de Pierre Cazeneuve qui a succédé à sa mère Martine (l’une des pionnières en tant que femme vigneronne) à la tête du château Paloumey à Ludon-Médoc. Une rencontre alors que se terminent d’importants travaux sur le domaine : « on est en plein travaux, comme tu le vois, on est en train de travailler à la finalisation de la pose de nos panneaux photovoltaïques avec une ombrelle qui fait 400 m2…qui va nous permettre d’être autonome, même un peu plus, en production d’électricité. J’avais pour idée d’investir vraiment dans cette énergie renouvelable…en plus cela a un côté esthétique, comme une cathédrale des photovoltaïques qui va nous engager sur les 30 prochaines années. »

Une belle reprise en main du château, le faisant entrer dans le XXIe siècle, et alors même que la vieille batisse du XIXe avait connu un incendie le 9 janvier 2020 aux alentours de 20h: « il y a des membres de ma famille à qui cela a foutu un coup, qui ont même pleuré et c’est tout-à-fait compréhensible parce que nous y avons vécu…Mais d’un accident, d’un point négatif, on va essayer d’en faire quelque chose de positif, et notamment dans sa capacité à être mieux isolé ou adapté aux usages de son temps…. »

Pierre Cazeneuve dégustant son premier millésime 2016 en conversion bio, avec Adeline Warthmann © JPS

Et alors que château Paloumey produit en  moyenne 180 000 à 200 000 bouteilles, Pierre Cazeneuve me fait découvrir son terroir fait de grave très maigre, c’est la caractéristique du terroir du sud Médoc, avec une nouvelle parcelle de 4 hectares qu’il vient d’acquérir et qu’il va consacrer en agroforesterie en plantant quelques 150 arbres autour de sa vigne. Un vignoble qu’il a souhaité passé en conversion bio dès sonb arrivée en 2016  :

Le passage en bio, c’était comme une évidence, je suis arrivé en août 2015, une évidence personnelle car c’est quelque chose que je voulais faire à la fois vis-à-vis de mes employés et de mes enfants, et j’avais l’impression que cela me permettrait d’aller plus loin encore dans l’expression de mes vins… », Pierre Cazeneuve du château Paloumey

Eléonore Pairault, pilote de drone pour son château Corconnac © JPS

Ce Côté Châteaux se poursuit par une rencontre assez étonnante d’une jeune fille Eléonore Pairault, au profil assez atypique, qui manage avec ses parents le château Corconnac à Saint-Laurent-du-Médoc :  » effectivement je fais partie de la jeune génération des viticulteurs médocains, et j’ai un parcours atypique parce que j’ai des études de droit spécialisé en droit aéronautique, droit spatial, et j’ai fait des stages chez Dassault Aviation, Airbus Hélicoptère, avant de rejoindre l’aventure viticole familiale… C’est pour cela auissi que j’utilise mon  dro,ne dans la vigne car cela me permet d’allier aéronautique et vin: cela nous sert pour faire des images et pour la communication du château, mais aussi pour faire des analyses de vigueur, de pieds manquants pour le vignoble. Dans tous les cas, cela fait partie des innovations et des progrès que l’on veut apporter… »

Philippe et Eleonore dans le chai dessiné par Philippe Pairault lui-même © JPS

L’épopée continue dans le chai avec le papa Philippe Pairault, qui a acheté avec son épouse Corconnac il y a une trentaine d’années, alors même qu’il ne venait pas d’un milieu viticole « à la base je suis architecte des Beaux Arts à Paris, Fabienne et moi étions très occupé à Paris, mais il nous manquait un côté concret, et c’est pour cela qu’on a décidé un dimanche matin d’acheter un château (Teynac à St Julien) et puis finalement on en a acheté deux (avec Corconnac) »; et aujourd’hui ils produisent un grand cru Bourgeois, avec davantage de merlot que de cabernet sauvignon  : « nous on se définit juste comme modeste fournisseur sels minéraux, d’oligo-éléments, et de plaisir sur la planète », « cette année, on a eu, alors qu’on présente très peu de concours 3 médailles d’or et 2 d’argent. » Un instant privilégié dans ce chai terminé en 2012 qu’il a lui-même dessiné avec ces cuves inxox : « on a visé le confort de travail, la praticité, ce sont quand même les premières cuves à éclairage led du monde ! L’acoustique a été étudiée, le résultat a un peu dépassé nos espérances car c’est devenu une salle de concert, dans laquelle se produisent des concerts spontanés, c’est tout-à-fait étonnant… »

Dans le chai du XVIe, Armelle et Caroline Cruse © JPS

Parmi les autres figures des Crus Bourgeois du Médoc, je vous propose de rencontrer les soeurs Cruse, 5 soeurs qui tiennent le château du Taillan, un château familial depuis 1896 au Taillan-Médoc: partout sur la propriété, les femmes sont présentes, comme Tatiana l’une des 3 filles d’Armelle Cruse qui s’occupe de e-commerce et de la communication globale mais aussi Marie-Caroline l’une des soeurs d’Armelle qui s’occupe de la logistique, de l’habillage des bouteilles, et de la gestion des stocks…

Tatiana, Caroline, Armelle et Guillemette Cruse © JPS

Ensemble, elles vont déguster dans leur fameux chais du XVIe siècle à l’ambiance très humide, avec Gérald Verrac : « autrefois, on élevait lot par lot les merlots et les cabernets, etc, mais aujourd’hui on a changé notre méthode, depuis l’arrivée de Gérald et depuis qu’on travaille avec Axelle Marchal, et donc on fait l’assemblage… » La touche apportée par la famille Cruse et toute cette génération féminine, elle a son empreinte », avance Gérald Verrac, « et l’idée c’est de continuer à la révéler et à la porter au plus haut niveau… » Et Armelle Cruse de commenter : « bon, on n’a pas eu une grosse récolte en 2020, mais franchement cela va être super.. ». Le château du Taillan produit en moyenne 100 000 bouteilles de premier vin, 20 000 de second, 20 000 de blanc sec et 6000 de rosé.

Entre une ambiance de dégustation du rosé de la propriété avec des touristes du Calvados  avec Johanna Videau responsable oenotourisme et dégustation du rouge du Taillan avec Armelle Cruse, vous allez aussi découvrir l’intérieur et l’histoire de ce château classé dès 1932, et rencontrer également la maman de ces 5 filles, Guillemette Cruse…

Sara et Olivier Cuvelier au château Le Crock © JPS

A Saint-Estèphe, Olivier Cuvelier en compagnie de sa cousine Sara vont nous parler de ce nouveau classement des Crus Bourgeois :

249 châteaux au total, 179 crus bourgeois, 56 crus bourgeois supérieurs et 14 crus bourgeois exceptionnels, ce classement est sorti le 20 février 2020 ; à l’origine, l’idée était de faire ressortir des châteaux de qualité derrière le classement de 1855″, Olivier Cuvelier président des Crus Bourgeois.

Alexandre Berne de France 3 NOA avec les Cuvelier dans le chai à barrique © JPS

« Ce n’était pas un vrai classement en 1932 mais un palmarès, par la suite il y a eu un classement et notamment en 2003 qui a été annulé en 2007, après on a eu à nouveau un classement annuel à partir de 2010 et nous sommes arrivés sur un classement quinquennal, assorti des 3 niveaux.  La qualité du vin est la porte d’entrée pour entrer dans la famille des crus bourgeois, c’est-à-dire, le classement a été élaboré d’abord par une dégustation de 5 millésimes à l’aveugle, les propriétaires pour accéder aux mentions complémentaires « supérieur » ou « exceptionnel » devaient fournir un dossier complet et il y avait également une visite des propriétés qui était prévue, et à la fin le jury en compilant ces notes de dégustation et de dossier établissait le classement ». Il y avait aussi un volet environnemental « le fameux HVE dont tout Bordeaux parle aujourd’hui, quand on a démarré il y a 6 ans on avait pensé qu’un volet environnemental était absolument nécessaire, HVE décrié à tort parce que c’est un chemin vertueux, maintenant je fais partie des gens qui pensent que d’ici 10 ans on sera tous bio parce qu’on ne pourra pas faire autrement… »

Aymar du Vivier devant le château de Malleret cru bourgeois exceptionnel © JPS

Parmi les autres focus incontournables, il y a bien sûr le château de Malleret qui a aussi réaliser d’importants travaux de rénovation de ses chais qu’Aymar du Vivier et Paul Bordes me font découvrir : « Cette propriété était endormie, on l’a réveillée…sans trop de difficultés, d’abord par le vignoble en adaptant les cépages les porte-greffes au sol, et puis de faire un cuvier où l’on puisse faire du parcellaire…Ici on a 50 cuves en ciment, designées par Sylvain Dubuisson, l’architecte de ce batiment…c’est l’architecte de Cartier. elles ont été fabriquées en Italie, à côté de Venise et cette couleur ressemble à la terre cuite…et on dirait un peu des amphores…

Paul Bordes et Aymar du Vivier dans le nouveau chai à barrique designé par

Et de déguster le millésime 2020 pour ce cru classé exceptionnel avec le cépage emblématique du Médoc très mûr avec des arômes de fruits noirs, un fraîcheur et des tannins hyper soyeux…

Un grand moment également partagé dans le Haras de Malleret, véritable pension haut de gamme pour purs sangs avec Barcelona montée par Pauline la cavalière : « une jument sélectionnée aux championnats du monde l’an dernier »… »Au départ quand il monte cette écurie au XIXe, c’est le balbutiement c’est le début des courses en France, on est obligé de faire venir des lads d’Angleterre, qui étaient logés au dessus du balcon-galerie », commente Aymar du Vivier.

Pauline, la cavalière du HarAs de Malleret © JPS

Aujourd’hui la tradition perdure avec Gérald Martinez co-propriétaire qui a mis l’accent sur ce Haras de luxe: « c’est considéré comme l’une des plus belles écuries en France et en Europe, avec chose fabuleuse une balnéothérapie pour chevaux…avec aquatrainer où les chevaux peuvent aller jusqu’à 9 km/h en immersion partielle avec de l’eau douce à 15°C », explique Paul Bordes directeur du château de Malleret. « Tout a été réfléchi par Géradl Martinez pour que les chevaux aient un confort total en venant ici. C’est exceptionnel de trouver cela dans la région et on a des clients qui viennent d’un peu partout puisque ce cheval est un cheval de l’Aga Khan. »

Enfin, ce Côté Châteaux se termine en beauté avec un château qui a misé aussi sur l’oenotourisme à Blanquefort: Alice de Courcel nous fait visiter son château Saint-Ahon et son parcours de plus de 1 km qui explique ce que représente les Crus Bourgeois, mais aussi les 4 cépages (cabernet sauvignon, merlot, cabernet franc et petit verdot),qui entrent dans les assemblages des vins du château... « C’est une propriété familiale, un château qui a été construit au XIVe siècle, puis a été détruit et reconstruit, le château que vous avez devant vous date de l’après guerre… En 2011, nous avons souhaité faire une balade oeno-ludique, vraiment pour les familles ou pour les personnes qui ne sont pas du tout du monde viticole…. », explique Alice de Courcel. « Sur une année normal on peut accueillir 5 à 6000 personnes »

Alice de Courcel devant le château Saint-Ahon à Blanquefort © JPS

Et avant la séquence dégustation, nous ferons connaissance avec Mirabel l’ânesse, mascotte du château Saint-Ahon, qui a donné son nom au rosé de la propriété. « Là on va être sur le millésime 2014, on va être sur un vin qui va avoir 4 cépages différents : 60% de cabernet sauvignon, 30% de merlot, 5% de petit verdot et 5% de cabernet franc, travaillé un an en barrique, donc cela va être un élevage assez long…qui va nous permettre d’avoir un vin sur la structure, sur les tannins, et assez en finesse. Un vin typique du Médoc qui va être sympa à déguster sur une côte de boeuf ou un magret de canard…ou encore sur des plats en sauce comme du boeuf bourguignon… »

Côté Châteaux N°22 Spécial Crus Bourgeois, réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Alexandre Berne, à voir sur France 3 NOA le lundi 29 mars à partir de 20h05-20h10.

18 Fév

Les femmes du vin à l’honneur dans le prochain Côté Châteaux

Je vous propose un numéro spécial Femmes du Vin à l’aube de la Journée Internationale du Droit des Femmes le 8 mars. Vous allez faire connaissance de jeunes vigneronnes, pour certaines fraîchement installées comme Noémie Tanneau à Lussac, ou à la tête de châteaux comme Céline Lannoye qui dirige Ambe Tour Pourret à Saint-Emilion et aussi les Crémants Célène à Bordeaux. Vous ferez la connaissance aussi de winemakers comme Axelle Courdurié à Croix de Labrie et d’Anne le Naour qui dirige CA Grands Crus. Un très joli numéro où Côté Châteaux vous fera découvrir Juliette Bécot à la tête du 1er cru classé Beau-Séjour Bécot. Côté Châteaux à 20h05 le 22/2  et le 8 mars, à 17h30 et 20h, sur France 3 NOA, réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Alexandre Berne.

Noémie Tanneau la nouvelle génération au château St Ferdinand © JPS

Les femmes du vin, Côté Châteaux vous avait proposé un premier numéro spécial il y a 2 ans. Eh bien, ce magazine va réitérer ce focus sur les femmes avec d’autres personnalités: de jeunes vigneronnes, winemakers, oenologues et propriétaires de châteaux et crémants sur Saint-Emilion, le Médoc et à Bordeaux.

Vous ne la connaissez peut-être pas et pourtant Noémie Tanneau, 33 ans, incarne la nouvelle génération de vigneronnes. Elle a repris le château Saint-Ferdinand à Lussac en Gironde, un château qui compte 6,5 hectares. « C’est une propriété que j’ai reprise après une reconversion du secteur social vers le domaine de la viticulture et de l’oenologie… » Noémie m’accueille en pleine période de taille de la vigne, un art pour lequel « il faut être rapide et aussi se projeter vers les années futures. Ce travail-là va impacter directement notre récolte et  donc il faut être vigilant sur ce que l’on fait. Là, moi je fait du guyot simple donc je laisse un cot d’un côté et une aste de l’autre côté… Ce que l’on dit c’est que chaque taille est propre à son vigneron en fait… »

Dans son chai à barrique est élevé son « premier millésime qui est 2020, j’ai vinifié une partie en cuve et une partie en barrique, avec des barriques de 400 litres de chêne français mais aussi de chêne américain, et puis des barriques qui ont déjà eu un vin et d’autres deux vins, car quand on s’installe, il faut savoir prendre des barriques qui ont déjà été dans d’autres exploitations… »

Et Noémie Tanneau de déguster des échantillons de chaque barrique « l’idée de la dégustation est de bien noter chaque lot et de faire en sorte que la barrique donne de la rondeur, de la souplesse aux tannins en peu plus qu’en, cuve…. » Noémie donne un aperçu de ce qu’elle conçoit de son métier de vigneronne et vinificatrice :

Je suis quelqu’un d’épicurienne, je suis une hédoniste, donc du coup j’aime bien quand c’est fruité, gourmand, c’est ce que je recherche avant tout dans mes vins » Noémie Tanneau vigneronne château Saint-Ferdinand.

Céline Lannoye au château Ambe Tour Pourret © JPS

La suite de ce Côté Châteaux nous amène à un entretien avec Céline Lannoye, 33 ans également, un autre profil, qui dirige le château Ambe Tour Pourret à l’entrée de Saint-Emilion: un château de 5 hectares acquis en 2007 avec sa mère Françoise Lannoye : « cette passion du vin me vient de ma mère qui a commencé son aventure viticole en 2001, son rêve était de devenir vigneronne, elle avait un autre métier avant…Aujourd’hui c’est une propriété où on a passé l’agrément agriculture biologique depuis quelques années, on est certifié depuis le millésime 2014. »

Ambe Tour Pourret, c’est une propriété où l’on a développé énormément l’oenotourisme où l’on organise des visites, dégustations traditionnelles, mais aussi des cours de cuisine car on a ouvert notre école de cuisine, il y a maintenant 7 ans. Une propriété assez dynamique, on reçoit 15000 visiteurs par an » Céline Lannoye du château Ambe Tour Pourret.

La touche féminine se décline également par « ces vins assez fins, élégants produits ici, on ne surboise pas, on ne recherche pas des vins forcément bodybuildés mais plus dans l’élégance et la finesse. On fait des vins assez jeunes qui ont une bonne buvabilité, qu’on n’a pas besoin d’attendre 25 ans pour boire. On est plutôt sur le côté plaisir, nous c’est ce qui nous intéresse dans le vin »

« Des femmes aujourd’hui on en trouve dans tous les domaines, à la vigne, au chai, en marketing, à tous les stades de la production du vin et aussi pour la partie oenotouristique…Je trouve qu’aujourd’hui, il n’y a plus du tout de métier réservé, bien sûr il y a des métiers un peu plus physiques, mais on trouve des femmes à tous les postes », confie Céline Lannoye.

Axelle Courdurié du château Croix de Labrie © JPS

Et parmi ces femmes qui ont véritablement marqué de leur empreinte le vignoble de Saint-Emilion, il y a aussi Axelle Coudurié, qui a acquis il y a 7 ans avec son mari Pierre le château Croix de Labrie, sur la commune de Saint-Christophe-des-Bardes sur le plateau de Saint-Emilion : « on a démarré notre aventure en 2013 avec mon mari, on avait un peu plus de 2,5 hectares et aujourd’hui on a un peu plus de 5 hectares. On s’occupe des vignes en bio et biodynamie, on travaille les sols à cheval…On est planté majoritairement en merlot, un petit peu de cabernet franc et un tout petit peu de cabernet sauvignon. »

Et alors que je la retrouve également en pleine taille de la vigne, selon le « cordon de royat;, un taille un peu plus à la bourguignonne », on la suit également dans son chai à barrique sur la dégustation de merlot de 2020 « les merlot de chaque parcelle sont entonnés et vinifiés séparément…Là on est sur le fruit, c’est puissant, on a une longueur de bouche extraordinaire, moi j’adore avec ce type de barriques avec un grain extra-fin on a toujours l’impression que le vin n’est pas passé en barrique…On apporte juste ce qu’il faut de tannins, c’est-à-dire des tannins soyeux… »

Axelle et Pierre Courdurié travaillent de concert © JPS

« C’est une véritable vigneronne, elle travaille son vignoble tous les jours, elle est vraiment au contact de la matière… », commente son mari Pierre Courdurié. »Définitivement elle amène sa patte, quand on pige à Croix de Labrie, on fait des pigeages manuels et quand c’est Axelle qui le fait ou moi qui le faut, quand on goûte les jus après, on voit des différence au niveau des grains et du toucher de bouche, etc, définitivement elle amène beaucoup à Croix de Labrie, elle prend le temps, elle n’est pas pressée dans le travail dans le chai, elle a ce côté artiste qui fait q’elle a un toucher qui est une signature dans les vins… »

Juliette Bécot, à la tête d’un 1er cru classé de Saint-Emilion © JPS

Des femmes, dans le monde du vin, historiquement il y en a toujours eu, notamment lors des transmissions de propriété. Aujourd’hui c’est le cas encore mais avec un pouvoir décisionnaire sans doute plus marqué que par le passé. Nous avons rencontré une personnalité Juliette Bécot à la tête d’un 1er cru classé de Saint-Emilion château Beau-Séjhour Bécot : « c’est une propriété familiale qui a été achetée par mon grand-père, au départ mon arrière grand-père Pierre Bécot et Georgette son épouse avaient le château le Châtelet qui est à proximité et dans les années 50 ils ont acquis le château la Carte et c’est mon grand-père qui a pris la suite avec ses fils Gérard et Dominique. Avant d’être une femme, je considère que je suis une petite fille, une fille, une collaboratrice puisqu’avant tout c’est une équipe qui travaille au sein d’un vignoble et cela c’est extrêmement stimulant, c’est c’est une très belle émulation… C’est vraiment un collectif qui tout entier va essyer de jouer dans le même sens.« 

Depuis 2017, elle et son mari Julien Barthe, directeur du château, ont donné une nouvelle impulsion au château Beau-Séjour Bécot : « c’est vrai qu’il y a eu un changement d’oenologue, nous étions très satisfait de la collaboration de Michel Rolland qui a participé à l’ascension de la propriété en 1er grand cru classé…

Quand nous avons repris, la génération des petits-enfants, nous avons ressenti le désir de montrer la propriété sous un style plus pur, plus authentique, nous souhaitions mettre en valeur le terroir, et nous avons eu le plaisir de rencontrer Thomas Duclos qui était en phase avec cette envie et ce projet. » Juliette Bécot du château Beau-Séjour Bécot.

Juliette Bécot et Julien Barthe au château Beau Séjour Bécot © JPS

Son mari confirme au détour de la dégustation de Joanin Bécot et Beau-Séjour Bécot 2018 : « cette sensibilité qu’a Juliette, qu’a toute l’équipe et que Juliette nous inculque, c’est une sensibilité de mettre en avant le terroir, l’origine, ce terroir magique et unique qu’on a ici à Beau Séjour Bécot ».

Vous allez aussi faire connaissance avec Anne le Naour, directrice exécutive de CA Grands Crus, rencontrée au château Grand Puy Ducasse en bord de Gironde à Pauillac... Elle manage 5 propriétés du Crédit Agricole : Grand-Puy Ducasse, Meyney (St-Estèphe), Blaignan (Médoc), Clos Saint-Vincent (Saint-Emilion) et Santenay (en Bourgogne). Je la rencontre alors que Grand-Puy Ducasse commence son déménagement avec des travaux pharaoniques qui s’annoncent avec le projet Renaissance qui va voir un énorme lifting de ce château pour les mois à venir : » là les chais sont pratiquement vides, ce sont les dernières barriques qu’il nous restent à transférer, là on va faire une petite dégustation comme chaque fois qu’il y a un transfert… »

Anne le Naour dirige CA Grands Crus © JPS

Anne Le Naour va expliquer son parcours sans faute qui l’a menée jusqu’à la direction de CA Grands Crus : « déjà je crois qu’il faut une base solide en terme de connaissances techniques, c’est valable qu’on soit un homme ou une femme mais encore plus quand on est une femme dans ce milieu-là… Pour ma part je suis passée par une école d’ingénieurs en agronomie et je suis titulaire du diplôme national d’oenologue. Et puis ensuite je crois qu’il faut faire ses preuves sur le terrain, j’ai eu la chance de travailler pour un propriétaire exigeant qui est Bernard Magrez pendant de nombreuses années. Cela m’a permis d’évoluer dans différents milieux…sur différentes structures, tailles de vignobles, types de sols, types de vins, je crois qu’il faut aussi être curieux pour en arriver là, en terme de vision et stratégie d’entreprise aussi, la distribution, la communication autour du vin, tous ces sujets m’ont toujours intéressé, et puis j’ai eu aussi la chance d’avoir des actionnaires qui m’oint fait confiance et m’ont permis de passer de la direction technique à la direction générale plus globale… »

Un côté châteaux qui va suivre dans ses tâches administratives, sur le terrain et dans les chais Anne le Naour au château Meyney également avec de nombreuses séquences en ambiance et en commentaires sur la dégustation du millésime 2020.

Céline Lannoye à la tête des crémants Célène Bordeaux

Et qui dit femme, dit champagne ! Ou plutôt crémant, Céline Lannoye a réalisé pour elle un rêve celui de reprendre et de faire fructifier l’entreprise de crémants Ballarin à Haux en Gironde: « je me suis lancée dans cette aventure en 2015, j’ai racheté la société Ballarin que j’ai renommée Célène et qui élabore des vins en méthode traditionnelle, une entreprise qui était pionnière sur l’AOC « Crémant de Bordeaux » « Les bulles oui, ça fait rêver les femmes, commente Céline Lannoye, mais en réalité pas tant que cela, la bulle rosée oui un peu plus, c’est surtout une boisson festive, c’est ce qui m’a plu sur le crémant, c’est un savoir faire unique, c’est un vin qui est en perpétuelle évolution, un univers vraiment passionnant… »

Et pour partager la passion et l’univers de ces femmes du vin, VOICI LE MAGAZINE diffusé sur France 3 NOA le lundi 22 février à 20h05 pour la première diffusion, et ce 8 mars à 17h30 et 20h,  réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Alexandre Berne :

26 Jan

Côté Châteaux n°20 : une émission spéciale Madiran pour bien débuter l’année

C’est une bouffée d’air frais, celui qui nous vient des Pyrénées. L’appellation Madiran au pied de ces montagnes ne manque pas de charme entre ses figures, ses châteaux, son célèbre cépage du sud-ouest le tannat et sa cave coopérative de Crouseilles. Côté Châteaux, Jean-Pierre Stahl avec Charles Rabréaud vous offrent un dépaysement assuré et une découverte de cette appellation à cheval sur 2 régions, la Nouvelle-Aquitaine et l’Occitanie, et 3 départements, à voir le 1er février à 20h10 sur France 3 NOA et en avant première sur Côté Châteaux.

 Un numéro 20, ça se fête ! Côté Châteaux, le magazine 100% digital, tourné à l’iphone sur les terroirs de Nouvelle-Aquitaine, vous offre un dépaysement assuré. Un numéro 20 en terre de Madiran, par -3° en ce mois de janvier, histoire de réchauffer les coeurs en vous parlant de tannat et de Pacherenc-du-Vic-Bilh

Notre première rencontre nous mène chez Denis Degache, un vigneron nouvellement installé, dont le nom ne doit pas vous être étranger, si vous êtes de fidèles lecteurs de Côté Châteaux, puisqu’il était jusqu’à très récemment directeur de la Cave de Crouseilles dans les Pyrénées-Atlantiques. Là, nous l’avons retrouvé en pleine période de la taille de la vigne et des bois à tirer sur sa propriété de Saint-Lanne dans les Hautes-Pyrénées.

Denis Degache s’est installé vigneron, un joli pari à plus de 50 ans © JPS

Ce qui m’a poussé à venir à la vigne, c’est la passion, c’est la fibre paysanne, j’ai toujours rêvé un jour de devenir paysan. Et puis à l’âge que j’ai j’ai passé le demi-siècle, c’était maintenant ou jamais ! » Denis Degache vigneron.

« L’occasion s’est présentée, et depuis mars 2020, j’ai repris 6 hectares de vigne en location en Madiran et Pacherenc du Vic Bilh, sur les cépages tannat et petit manseng. Le tannat, c’est un cépage local bien adapté à nos conditions climatiques, à nos terroirs ici, qui sont divers, là on est sur des argilo-calcaires, mais on a aussi des argiles graveleuses, et des galets roulés. Et ce tannat, ma foi, il est parfaitement bien acclimaté à nos terroirs, à notre terroir du piémont-pyrénéen… On pratique ici les vendanges en vert, parce que la qualité est fonction du rendement et ce rendement doit être maîtrisé quand on veut faire des grands vins en Madiran, c’est 4 à 5 grappes par pied, une grappe par rameau…

L’équipe de tournage Jean-Pierre Stahl et Charles Rabréaud avec au centre Denis Degache © Amélie Carré

Le tannat, un cépage autrefois pas mal assemblé avec le cabernet sauvignon, et même parfois masqué par celui-ci, et aujourd’hui : « effectivement on a développé au siècle dernier le cabernet franc et le cabernet sauvignon qu’on assemblait avec le tannat, car le tannat avait comme particularité de libérer trop de tannins… Aujourd’hui grâce à la maîtrise que nous avons de ce cépage, on parvient à faire des vins délicieux, 100% tannat, sur le fruit, sur la gourmandise… »

Côté Châteaux vous dresse aussi le portrait d’une famille emblématique la famille Laplace, avec François le père (et 3e génération de vigneron, associé avec ses 2 frères et sa soeur), Camille et Grégory, ses enfants, mais aussi Bastien un de ses neveux. Tous 4 exploitent le château d’Aydie, 80 hectares dans les Pyrénées-Atlantiques. Grégory va vous parler de cette période de taille de la vigne, une taille douce, et de ce cépage tannat, sur une parcelle de vignes qui ont 10 ans et qu’il va mener jusqu’à une quarantaine d’années, car « l’intérêt pour faire du bon vin c’est d’avoir de vieilles vignes. »

François Laplace va nous ouvrir les portes de ses chais à barriques et cuviers, où sont élevés déjà en blancs le Pacherenc du Vic Bilh en fut d’acacia, sur le cépage petit manseng, un vin liquoreux qui représente 15 % de la production du domaine, 60 000 bouteilles, aux arômes de fruits exotiques, ananas, pamplemousse, quand on le déguste jeune.

Ce Madiran 2017 qui va être mis en bouteille au mois d’avril, 15 % a été élevé durant les 18 premiers mois en futs de chêne, tout le reste étant élevé en cuve « pour mettre en avant l’aromatique du tannat: avec ce côté fruits noirs, fruits rouges, arômes de griottes… »,François Laplace château d’Aydie.

Quant à la jeune génération Laplace qui est à la manoeuvre désormais, Bastien Caubère-Laplace précise : « on essaie d’innover, d’amener notre plus, en gardant nos racines, mais en travaillant nos Madiran, en 100% tannat sur 2 cuvées; on peut les ouvrir maintenant comme se faire plaisir en les gardant entre 5 et 10 ans… Derrière on a aussi un 100% tannat en cuve béton pour avoir le fruit du tannat qui est en fait un vin et un jus bistronomique… On a  aussi créé d’autres cuvées qu’on a nommées la basse cour pour faiure aussi un petit clin d’oeil à l’agriculture environnante en Béarn… »

« Le fait qu’une nouvelle génération arrive, c’est donner une nouvelle image à travers les bouteilles mais aussi on continue comme chaque année à faire des événements au domaine, qu’on va développer tous les étés pour montrer à tout le monde qu’Aydie est un village où on peut se retrouver et partager de bons moments tous ensemble »…complète Camille Laplace, en charge de la partie administrative financière.

Loïc Dubourdieu, oenologue, responsable de la cave de Crouseilles © JPS

Petit détour par la cave coopérative de Crouseilles, avec Loïc Dubourdieu l’oenologue qui va nous servir de guide… « Voici le chai de nos Madiran, avec le 2019 en barrique, ce sont nos grands vins, nos châteaux, nos sélections de terroirs. On va élever ce vin en fût pendant une durée de 12 mois…. Avec le bois, on ne cherche pas à aromatiser mais plutôt à apporter de la complexité aromatique. On va travailler sur l’affinage de ces tannins qu’on a extrait durant ces macérations… On va apporter de la sucrosité au vin et le rendre plus gourmand. Avec le tannat, on obtient ces notes de fruits noirs et toujours de la fraîcheur, une certaine tension, ce qui en fiat des vins gourmands et accessibles… »

Un peu plus haut, nous rencontrons le président de la Cave au château de Crouseilles Paul Dabadie: « je vous souhaite la bienvenue à la cave et au château de Crouseilles qui réunissent 120 vignerons de la’appellation Madiran et Pachernec du Vic Bilh… » « L’appellation a eu un renouveau juste après guerre et la cave a été construite en 1950… On vient de fêter les 70 ans de notre cave. Et les vignerons ont eu l’opportunité de reprendre ce vieux château du XVIIIe siècle, ils l’ont rénové pour en faire un lieu d’accueil et de réception. »

Loïc Dubourdieu, oenologue et Paul Dabadie, président de la Cave © JPS

Aujourd’hui la gamme à la cave est très étoffée, « c’est l’avantage d’avoir plusieurs domaines, plusieurs terroirs… On a le pacherenc du vic Bilh sec élaboré avec du gros et petit manseng, du petit courbu, la ruffiac… Les Pacherenc doux sont toujours élaborés avec du petit manseng… » Et de déguster ensemble une belle bouteille de Prélude à l’Hivernal.

La Cave de Crouseilles représente environ la moitié de la production de l’appellation: « on vend 3 millions de bouteilles par an, beaucoup sur le marché français bien sûr, mais également partout en Europe », et ailleurs sur la planète.

Parmi les figures emblématiques de l’appellation, j’ai aussi souhaité rencontrer le pape de Madiran, Alain Brumont à la tête du château Montus à Castelneau-Rivière-Basse dans les Hautes-Pyrénées. « Je suis heureux de vous accueillir au château Montus. Sur le plan historique, il s’est passé énormément de choses sur 2 siècles, nous avons eu les Wisigots, les Romains, et puis nous avons eu une époque très intéressante l’époque napoléonienne :

« Ici dans ce château, il y a eu 3 frères, 3 généraux d’Empire, qui s’appelaient Nogues. Ces 3 généraux d’empire ont permis à château Montus d’être dégusté par Napoléon 1etr et Napoléon III », Alain Brumont du château Montus.

Alain Brumont va permettrre à Côté Châteaux de découvrir ce fabuleux château dans ses moindres recoins, qui accueille quelques 35 000 visiteurs à l’année, entre ses chambres d’hôtes décorées sur les thèmes de Bacchus et Dyonisos « ce qui lui donne un charme tout a fait original dans la région », et ses visites de chais.

La Cathédrale du Tannat avec Alain Brumont © JPS

Et de me faire découvrir ce que certains de mes confrères ont qualifié de « Cathédrale du Tannat », son immense chai à barriques, avec des barriques à en faire pâlir plus d’un maître de chai : « ici vous avez les 20 meilleurs tonneliers français et mondiaux, avec l’autrichien Stockinger ou le un grand tonnelier en Bigorre Ana. « Si vous voulez faire un grand vin, il faut savoir choisir ses barriques, le mérandier et le tonnelier. »

Petit saut au château Bouscassé dans le Gers à Maumusson-Laguian, « c’est là où je suis né, le berceau de la famille, où on est vigneron depuis 7 ou 8 générations ou même plus… », un château où Alain Brumont met un point d’honneur de goûter ses vins avec ses oenologues, tous les jours, pour voir leur évolution. Des oenologues fidèles à Alain Brumont comme Alain Dutil : « je suis arrivé en 1987 dans l’entreprise Brumont et j’ai eu l’honneur d’accompagner Alain pendant plus de 30 ans, j’ai pu assister à l’évolution et à l’explosion du château pendant les années 90 »  Alain Dutil, oenologue est en passe de donner le flambeau à une nouvelle génération dont fait partie Antoine Véry « la nouvelle génération pour les 40 ans à venir… »

Alain Brumont possède 85 hectares sur château Montus et 90 sur Bouscassé, il est très fier de me montrer ce terroir magnifique, magique,sur la « parcelle mythique de la Tyre », où il y a installé 4 grandes lettres blanches, rappelant quelque peu la colline d’Hollywood. Il faut dire que ce n’est pas du cinéma malgré tout c’est « la parcelle qui nous a donné le meilleur vin jusqu’à présent, le terroirr le plus haut de l’appellation, ici passait une rivière il y a 2,5 millions d’années qui nous a déposé ces galets ». Un topo assez incroyable qu’il me fait dans sa cabane perchée dans un arbre vieux de 250 ans. Alain Brumont n’est pas peu fier également de me dire « nous nous trouvons dans la première région gastronomique au monde qu’est le Sud-Ouest…avec le foie gras, le noir de Bigorre, la truffe ou encore le caviar… « Et quand nous recevons nos invités on veut leur faire percevoir la qualité de cette région. »

La fin de ce Côté Châteaux nous emmène du côté de Lembeye dans les Pyrénées-Atlantiques, à la rencontre du chef Steffan Cauchois du restaurant de la Tour, en compagnie bien sûr de Paul Dabadie, de la Cave de Crouseilles.

Le chef Steffan Cauchois avec Paul Dabadie © JPS

Vous vous en doutez, vous commencez à connaître la recette du succès de Côté Châteaux, c’est toujours de terminer par un accord met et vin de l’appellation. En l’occurence, le chef nous propose « un pigeonneau à la madirannaise, avec échalottes, vin cuit, raisins, foie gras, des chips de jambon de pays, un peu de chocolat, cacao, avec une sauce à base de la Folie du Roy ». Voilà et Paul Dabadiue de nous proposer un Crouseilles Côte Abeilles : « on est vraiment sur l’élégance, on n’a poas cherché de surextraction, on est vraiment sur des sélection de raisins très fruités, l’élégance de ce vin se mariera très très bien avec ce pigeonneau. »

Voilà un numéro tout en saveur de Côté Châteaux à voir le 1er février sur France 3 NOA dès 20h10. Carpe Diem.

Regardez ici Côté Châteaux N°20 Spécial Madiran réalisé par Jean-Pierre Stahl et Charles Rabréaud avec iPhone : 

13 Déc

Côté Châteaux n°19 : un magazine spécial crise du coronavirus et monde du vin

Avec Noël et Nouvel An, décembre est traditionnellement synonyme de fêtes. Mais cette année, décembre se ressent comme l’achèvement d’une année 2020 particulièrement difficile avec cette pandémie de coronavirus qui elle n’est pas encore arrêtée. Fort de ce ressentiment, Côté Châteaux a décidé de vous proposer un tour d’horizon des professionnels du monde du vin qui ont été touchés par cette crise de méventes tant en France qu’à l’étranger. Un magazine de 22 minutes réalisé par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot à voir lundi 14 décembre à 20h15 sur France 3 NOA

Guillaume Gresta ou le symbole des bars à vins fermés durant ces confinements © JPS

Ils sont ainsi vignerons, cavistes, restaurateurs, négociants, ou encore gérants de bars à vins, tous ont été impacté à des degrés divers par la covid-19, directement ou indirectement, avec des commandes parfois à l’arrêt et la fermeture de leur établissement. Certains souffrent terriblement, d’autres vont sans doute réussir à surmonter cette crise, mais au prix d’adaptations, d’ajustements, de licenciements parfois. 62 000 faillites d’entreprises pourraient intervenir en France en 2021, tous secteurs confondus.

Benoît-Manuel Trocard est allé chercher les clients chez eux… en livrant à domicile dès le 1er confinement © JPS

Ainsi pour le 1er reportage de ce magazine, j’ai suivi Benoît Manuel Trocard, vigneron à Fronsac, qui a décidé dès le 1er confinement de miser sur la livraison à domicile sur la région bordelaise, pour s’en sortir, « une question de survie » comme il dit, pour continuer à vivre de son travail, car il a cette passion chevillée au corps étant issu d’une très vieille famille bordelaise les Trocard, vignerons depuis 1628. Un joli challenge, où chaque semaine, lui ou sa collègue sillonne l’agglomération pour apporter sur le pas de la porte les cartons de 6 bouteilles aux clients, avec les règles sanitaires de distanciation et muni de son gel hydro alcoolique. Un bel instant de partage et une démonstration que le mental est plus fort que tout en ces périodes où les commandes ont chuté pour bon nombre de producteurs de la région de Bordeaux et d’ailleurs aussi.

Jacques Lurton au château Bonnet, c’est d’ici que partent les livraisons pour les particuliers © JPS

Pour le 1er entretien, nous sommes allés à la rencontre de Jacques Lurton, président des vignobles André Lurton, qui avec 300 hectares de vignes en Entre-deux-Mers et 600 au total, s’est lui-même adapté à cette crise de marché. Premier constat, la grande distribution a été plutôt un marché porteur car les super et hypermarchés sont toujours restés ouverts, les vins de la famille ont aussi réussi à l’export à limiter la casse, mais il y a eu comme pour tous les viticulteurs une baisse conséquente des commandes par toute la filière HCR, les hôtels, cafés et restaurants qui ont été fermés pendant 5 mois de l’année 2020 et ce n’est pas fini.

Le nouveau site-boutique en ligne lancé fin juin par les vignobles André Luton © JPS

Les vignobles André Lurton ont décidé au terme du 1er confinement de lancer une boutique en ligne, alors que précédemment ils vendaient mais par le biais de sites de vente en ligne traditionnels. C’est ainsi que cette boutique en ligne a vu le jour au début de l’été dernier, permettant ainsi aux clients en France de se fournir en direct via ce site, une mini-révolution en somme…profitant d’offres aussi pour être compétitifs.

Un grand vide avec cette clientèle désespérément absente au bar à vins du CIVB

Parmi les secteurs qui ont payé un lourd tribu, celui des bars et de la restauration. A Bordeaux, on en compte plusieurs centaines qui sont bien impactés par ces fermetures à répétition. Parmi eux, un emblème en plein coeur du triangle d’or, le bar à vins du CIVB, géré par Guillaume Gresta. Un moment poignant partagé avec lui dans ce lieu qui respirait jusqu’ici la joie de vivre et la découverte par les amateurs de vin et les touristes qui fréquentaient assidument l’endroit à l’heure de l’apéro…

Guillaume Gresta directeur du bar à vins et Christophe Chateau, directeur communication CIVB © JPS

Aujourd’hui, ce lieu mythique est totalement vide avec des employés mis au chômage partiel. Sur l’année ce sera entre 60 et 70% de moins de fréquentation, 50 à 60000 clients en moins. Une fermeture qui va encore durer, on parlerait d’une réouverture des bars qu’au 1er février.  Un coup dur alors que l’établissement avait redonné un coup de neuf et avait totalement changé le mobilier. A travers ce focus, Christophe Chateau pour le CIVB reviendra sur l’impact de ces fermetures et de la conjonction de différents facteurs qui ont touché la filière durant cette année avec la taxe Trump aux USA, les difficultés en Chine, le Brexit en prime de la crise du coronavirus.

Le chef du Bistro du Sommelier préparant les plats à emporter fin novembre © JPS

Petit arrêt au Bistro du Sommelier, un endroit traditionnellement couru des amateurs de vin et de gastronomie tenu depuis près de 35 ans par Hervé Valverde, sommelier qui avait commencé sa carrière chez Dubern ou encore à l’Elysée du temps du président Giscard Destaing.

Hervé Valverde, patron du Bistro du Sommelier © JPS

Il nous reçoit juste après avoir lancé la vente à emporter, un nouveau challenge pour lui et son chef Christophe Richard, mais néanmoins beaucoup d’investissements humains pour finalement une formule pas si rentable. Il va se livrer sans détour sur cette crise qui touche de plein fouet tous les restaurateurs. Ce lundi est prévue une manifestation à Paris de ces professionnels qui réclament la réouverture de tous ces établissements qui se meurent à petit feu, d’autant que le ministre de l’économie Bruno Lemaire ne voit pas de réouverture avant le 20 janvier…

Il nous reçoit au lendemain de la déclaration du Président Macron qui a annoncé des mesures de compensations financières : « Tous les bâtiments qui resteront fermés administrativement se verront verser 20% de leur chiffre d’affaires si cette aide est plus avantageuse que les 10 000 euros versés dans le cadre du fonds de solidarité. Cette aide exceptionnelle sera maintenue jusqu’au 20 janvier ». Des aides qui sont certes bienvenues mais souvent en deçà des charges très importantes qui pèsent sur toutes ces entreprises, comme nous l’explique encore Hervé Valerde.

Thomas Noël, caviste du Wine Shop à Fronsac, en octobre dernier © JPS

Le dernier portrait de ce magazine vous amène à faire connaissance avec Thomas Noël, un caviste qui tient depuis un an et demi le Wine Shop à Fronsac avec son épouse Alexandra. Lui aussi a été impacté car traditionnellement il avait une belle clientèle de touristes. Autant dire durant le 1er confinement, cela a été plutôt difficile, après durant l’été il a pu voir revenir les touristes et a pu compter fort heureusement sur une sacrée clientèle d’habitués et notamment du monde du vin qui sait apprécier chez lui des flacons de vignerons, souvent sur allocations.

Un instant privilégié où vous allez toucher de près la passion qui l’anime, son franc parler, sa bonhommie et son envie de partage. Il va aussi raconter son histoire de son autre boutique la Maison des Millésimes à Paris qui se situe boulevard Saint Germain et qui a été radicalement touchée par l’absence de touristes étrangers dans la capitale, une cave qu’il compte relancer en la revoyant de fond en comble selon le même modèle qu’il a créé à Fronsac et l’appeler le Wine Shop Paris.

La Vinothèque s’est adapté aux nouvelles formes de consommation © JPS

Enfin, nous terminerons ce numéro spécial par une rencontre tout aussi intéressante avec Robert Cottin, PDG de la Maison Dubos et de la Vinothèque de Bordeaux. Il nous raconte ce coup d’arrêt durant le 1er confinement où la Vinothèque est restée fermée, pour jouer le jeu de combattre la propagation du virus. Vinothèque qui s’est adaptée pour le second en restant ouverte avec des horaires moins étendus que d’ordinaire, avec aussi un système de livraison à vélo Delivino, mais aussi un drive en passant commande par téléphone ou en click and collect en passant commande sur le site. Noémie Lavigne à ses côtés, la directrice de la Vinothèque, nous explique fort heureusement que le site a été pour eux un lien toujours très vivant avec la clientèle qui a eu tendance à commander via internet. Une Vinothèque qui a vu durant cette période de morosité sa fréquentation certes baisser mais qui elle n’a pas baissé les bras et a décidé de s’adapter à ces nouvelles formes de consommation et avec une Vinothèque renouvelée dès janvier.

Noémie Lavigne et Robert Cottin souhaitant de bonnes fêtes de fin d’année © JPS

Un Côté Châteaux qui n’oubliera pas de souhaiter avec Robert Cottin et Noémie Lavigne à ses téléspectateurs et fidèles followers du web de passer de bonnes fêtes de fin d’année, en dégustant une bouteille d’un 1er cru classé de Sauternes, Rabaud Promis qui a su aussi innover, avec les larmes de Rabaud, pour conquérir une nouvelle clientèle, notamment de jeunes ou féminine, avec un vin plus facile à déguster à l’apéritif que parfois un Sauternes traditionnel.

Carpe Diem et passez de joyeuses fêtes de fin d’année.

Côté Châteaux n°19 spécial coronavirus et monde du vin, ce lundi 14 décembre à 20H15 sur France 3 NOA (sur les box Free 326, SFR 455, Bouygues 337, Orange 339, ou sur internet France 3 NOA en direct): réalisé par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot: 

04 Nov

Côté Châteaux n°18 : un spécial Sainte-Croix-du-Mont avant les fêtes de fin d’année

Côté Châteaux aime vous faire plaisir et vous offre une douceur, un mois avant Noël, avec ce focus sur la belle appellation de Sainte-Croix-du-Mont en Gironde. Une petite appellation qui produit des vins liquoreux, petite par la taille mais grande par sa renommée séculaire. 311 hectares pour 35 vignerons tous autant passionnés, les uns que les autres, par la magie du botrytis cinerea.

Michel de Vathaire co-propriétaire du château Jean Lamat © JPS

Ce mois-ci Côté Châteaux est parti à la rencontre des vignerons qui sans aucun doute réalisent l’un des vins les plus difficiles à produire : le vin liquoreux de Sainte-Croix-du Mont. Difficile car il faut que s’opère la magie du botrytis, cette pourriture noble qui s’installe sur les baies de cépages blancs, en général sémillon et sauvignon, parfois avec un peu de muscadelle.

Ce Côté Châteaux n° 18 démarre en pleine trie, en pleine récolte de raisins botrytisés début octobre au château Jean Lamat à Sainte-Croix-du-Mont. Un château familial tenu depuis plus de 200 ans par la famille de Vathaire. Michel nous présente l’équipe de vendangeurs basés sur « la famille et les amis de la famille. »

Alors que Nicolas Obin nous explique la difficulté de vendanger « heureusement qu’on est aidé par les aînés pour nous montrer le bon du moins bon », Marie de Vathaire explique « j’enlève les petits grains qui sont trop secs qui ne donneront pas de jus, et j’enlève surtout la mauvaise pourriture, car souvent elle se met bien dans le milieu de la grappe. » Michel de Vathaire dépeint ce « terroir argilo-calcaire où parfois la roche est affleurante, et il existe un fameux banc d’huîtres qui donne parfois un caractère particulier à cette appellation. »

Si le château Jean Lamat ne représente que 2,5 hectares de vigne et a une production intimiste de 5000 bouteilles de vin liquoreux, peu importe toute la famille et toute l’équipe mettent du coeur à l’ouvrage pour ne récolter que les bons grains botrytisés ou passerillés, un travail de « chirurgie très fine pour obtenir la bonne qualité du vin ensuite » selon Michel de Vathaire à la réception des paniers qui opère encore quelques petites sélections.

La famille de Vathaire avec ses amis vendangeurs et Philippe Maurange © JPS

S’en suit une séquence repas de vendangeurs au château dans son jus, avec dégustation de Jean Lamat 2014 à l’apéritif et sur le repas : « les habitudes évoluent et on peut le déguster sur d’autres mets, finalement cela s’accorde bien sur de la volaille blanche, même avec du fromage ». Philippe Maurange, son neveu et aussi co-propriétaire du château complète  : « à la différence des liquoreux qu’on buvait au XIXe ou au milieu du XXe siècle, où c’était des liquoreux très riches, puissants, avec une richesse en sucre très importante, on a évolué vers de vins plus légers, plus désaltérants, des vins d’apéritifs, plus faciles à boire notamment pour conquérir une nouvelle clientèle, qui s’attache à des vins moins sucrés. Donc on travaille davantage sur des équilibres aujourd’hui qui vont plus vers l’acidité, le côté un peu plus vif des liquoreux… »

Angélique Armand du château La Rame © JPS

La suite de ce magazine nous emmène à la rencontre d’Angélique Armand au château la Rame qui nous explique comment s’opère la magie du botrytis :

La magie du botrytis se réalise avec du brouillard le matin, comme actuellement, c’est un très bon cas de figure, beaucoup d’humidité et l’après-midi un ensoleillement qui permet le développement du botrytis. Une fois qu’il est installé, cela se développe tout naturellement », Angélique Armand au château la Rame

2020, c’est quand même un millésime particulier car on a eu énormément de pluies et le botrytis a non seulement tardé à s’installer mais aussi les tries ont été moins nombreuses 2 à 3 contre 3 à 5 habituellement : « oui, c’est l’année atypique : un printemps extrêmement pluvieux, ensuite de fortes chaleurs en juillet, août et même mi-septembre, ce qui fait qu’il manquait ce côté humidité pour que cela puisse s’installer et il a fallu attendre les premières pluies de septembre pour qu’il commence à s’installer. Ce sont des raisins qui sont rabougris et qui permettent les grands liquoreux, tant qu’on n’a pas cette concentration on ne pourra pas faire de grands liquoreux »

Quant à savoir si la consommation de ces vins repart, Angélique explique l’évolution : « on a fait des vins qui étaient extrêmement riches, extrêmement concentrés, c’est ce que demandait la clientèle et ce que demande toujours une catégorie de clients un peu plus âgés… La nouvelle génération aime les liquoreux, pour peu que vous ayez un peu plus d’acidité et ce côté fruité. Donc il nous faut jongler sur différents styles de vins pour pouvoir satisfaire différents types de clientèle. »

Nicolas Solane, le président du syndicat viticole de Sainte-Croix-du-Mont devant le banc d’huîtres fossilisées © JPS

Ce qui fait l’originalité de Sainte-Croix-du-Mont, c’est son terroir unique au monde que nous présente Nicolas Solane, le président du syndicat viticole et propriétaire du château Crabitan-Bellevue, au pied du château-mairie et de l’église du village :

Des huîtres fossilisées qui remontent à 20 millions d’années © JPS

« oui cette colline d’huîtres fossilisées date d’une vingtaine de millions d’années, à l’époque où l’Aquitaine était sous les eaux, et au retrait des eaux on a pu apercevoir des amas d’huîtres fossiles…C’est assez unique de les voir surtout à cette altitude ». La balade vaut vraiment le détour et de plus en plus de Bordelais ou Girondins viennent passer un bon moment les soir l’été ou en arrière saison aux beaux jours pour se balader ici, admirer ce cadeau de la nature et déguster les vins de Sainte-Croix-du-Mont à l’heure de l’apéro.

Les Sainte-Croix-du-Mont profitent de ce terroir avec des sous-sols calcaires et surtout de multiples petits coteaux assez venteux en général, tout cela fait que les vins de Sainte-Croix-du-Mont sont spécifiques avec une bonne richesse et gardent de la fraîcheur avec le sol argileux et le sous-sol calcaire… »Nicolas Solane, le président du syndicat viticole

Hervé Chouvac du château du Mont © JPS

Parmi les 35 vignerons de Sainte-Croix, 311 hectares en Gironde, il y a aussi Hervé Chouvac vigneron du château du Mont, un château qu’il tient de son arrière-arrière-grand-mère. Il nous présente son millésime 2019 toujours en barrique, avec « un élevage de 15 mois, fermentation et élevage compris, qui sera mis en bouteille en février, mars ». « c’est un millésime très généreux où on a pu faire de vins de longue garde. On est sur l’abricot, l’ananas, la figue. 2020 sera un millésime plus sur la fraîcheur, de l’élégance, de la finesse. »

Et de montrer dans sa salle de dégustation l’évolution de couleurs de ses vins fonction du millésime d’une belle robe dorée pouvant tirer sur l’orangé, voir le marron : « il peut y avoir deux types de Sainte-Croix-du-Mont, des vins plus sur la fraîcheur, sur la jeunesse, sur un équilibre avec peu de liqueur…et des vins pour une longue garde avec plus de richesse en sucre, un élevage souvent en barriques, des vins qui ont des potentiels de plus de 50 ans de garde… »

Ce magazine se termine au château du Pavillon, un magnifique château du XVIIIe siècle, propriété d’Olivier Fleury, par ailleurs négociant aussi à Langon, qui va nous proposer des association de mets et de vins de son château, en compagnie aussi de Yu-Yung Lin, assistante marketing du château Laurette, une propriété acquise par un groupe chinois.

On peut faire tout un repas aux liquoreux, c’est ce qu’il se faisait il y a quelques décennies, chez nos grand-parents…On va ainsi déguster des huîtres du Bassin d’Arcachon, c’est justement la spécificité de notre terroir. Juste derrière mon château vous avez des grottes d’huîtres fossiles, et le château est installé sur des éboulis d’huîtres fossiles, qui donnent de la minéralité à tous les vins de Sainte-Croix-du-Mont… » Olivier Fleury château du Pavillon.

« Le Sainte-Croix est aérien, il a ce côté minéral comme peuvent l’avoir certains vins du chablisien, de Sancerre, puisqu’on a ce terroir issu de fossiles, et comme ce sont des vins liquoreux, légers, ils passent aussi bien à l’apéro, qu’ensuite sur des huîtres, sur du foie gras, de la charcuterie, de la volaille, on peut faire tout un repas avec des liquoreux, c’est ce que je fais beaucoup ici et qui surprend les dégustateurs, en fait c’est revenir aux sources de ce que l’on faisait il y a plus de 50 ou 60 ans et qui a fait la réputation de nos vins. »

Des vins qui sont de plus en plus appréciés en Chine, comme en témoigne Yu-Yung Lin assistante marketing du château Laurette : « en effet, pour notre palais et nos plats qui sont souvent sucrés-salés, épicés aussi, le vin liquoreux s’apprécie beaucoup en Chine. »

Olivier Fleury, propriétaire du château du Pavillon © Jean-Pierre Stahl

Un magazine tout en saveurs, avec « ces vins issus du botrytris mais avec cette pointe d’acidité, et fruités mangue-coing-ananas, qui permettent l’association avec de nombreux plats sans que ce soit lourd, contrairement à d’autres liquoreux où là on va chercher la structure, la puissance et où on ne pourra pas les servir tout au long d’un repas… »

Vive la tradition, la gastronomie et les vins de Sainte-Croix-du-Mont à découvrir dans ce numéro 18 de Côté Châteaux dès le 16 novembre sur France 3 Noa à 20h15, réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Sébastien Delalot et à voir ici sur YouTube :

04 Oct

Côté Châteaux n°17 : Saussignac la petite appellation du Bergeracois, petite par la taille mais grande par ses vignerons

C’est un nouveau Côté Châteaux tout en saveur que je vous propose le 19 octobre à 20h15 sur NOA. Vous allez partir à la rencontre de ces vignerons du Bergeracois de la petite appellation de Saussignac, 35 hectares, qui produit du liquoreux mais aussi des vins de toutes les couleurs en Bergerac. Ce magazine de 16 minutes vont emmène de Monestier à Razac et Saussignac à la découverte de ce terroir magique, de ses hommes et d’un grand chef cuisinier. Réalisé par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot.

Pascal Cuisset, un vigneron dont la passion est tatouée au coeur © JPS

Allez je vais vous mettre l’eau ou plutôt le vin doux à la bouche. En cette période d’automne, à mi-chemin entre les rouges qui viennent d’être récoltés et des liquoreux qui commencent à l’être par tries successives, je vous emmène en Dordogne…

Bienvenue à Saussignac, cette petite appellation intimiste mais oh combien réputée. Petite par la taille avec seulement 35 hectares de vigne, elle ne compte aussi que  23 vignerons qui occupent pas mal le devant de la scène de ce Côté Châteaux n°17.

S’il est bien un personnage truculent, attachant, charismatique et surtout vigneron, c’est Pascal Cuisset avec qui Côté Châteaux a décidé de débuter ce numéro. J’ai rencontré sous la flotte ce grand gaillard, « vigneron du Sud-Ouest » comme il aime se définir, d’abord dans sa cuisine, pour prendre un café, se réchauffer (9° ce matin-là), faire connaissance avec ses chiennes dont Yquem, cela ne s’invente pas, sa passion pour la tauromachie et l’entrecôte…« T’aurais pu venir un autre jour », me dit-il, lui qui nettoie sa machine à vendanger qui ronge son frein et attend de continuer sa tache dans ses 55 hectares de vigne à vendanger ce qu’il reste de merlots et de cabernets sauvignons…

Le 2020 ? Ce millésime est dans la continuité des précédents, à savoir des hivers très doux, des risques de gel au printemps, été très sec, fortes chaleurs et précocité puisqu’on a commencé le 25 août à vendanger, cela ne nous était jamais arrivé » Pascal Cuisset Domaine des Eyssards.

« On a eu la chance d’avoir un peu de pluie au mois d’août, ce qui a permis de rentrer des sauvignons de très belle qualité, cela fait des secs de très belle facture, les moelleux idem et pour les rouges, les quelques pluies qui sont arrivées au bon moment nous permettent d’avoir des rendements corrects et de très jolie qualité dans des états sanitaires parfaits. »

Pour s’occuper durant cette pluie diluvienne, Pascal Cuisset et son équipe mettent en bouteille la cuvée prestige du château en 2018, une équipe un peu particulière puisque tous font partie de la banda In Vino Veritas, banda officielle des vins de Bergerac, qui envoie du bois…Instant privilégié où il m’explique que son vin est essentiellement destiné à la restauration, cette dernière « a été bien l’été, mais là avec les nouvelles mesures c’est un peu plus inquiétant pour nos clients et pour les ventes aussi. »

Et puis vient la séquence dégustation, oh non pas de toute la gamme, mais un bel échantillon avec déjà son Bergerac 2019, un blanc sec assemblage de sauvignon blanc, dont il produit 180 000 bouteilles, qu’il commercialise un peu partout, pas mal à l’export avec notamment le Japon, « où on s »‘éclate car on y juge les vins sur le rapport qualité-prix et pas sur leur origine, le seul pays où j’ai ma tête en 4 par 3 dans une cave… » Puis viennent ses cuvées de mono-cépâges « les Francs » 100% cabernet franc, ou Sementhal 100% cabernet sauvignon (« sur les fruits mûrs, un cabernet sauvignon qui sent la piperade ça m’inspire pas trop » me dit-il avec humour): « avec 55 hectares on est obligé de multiplier les offres et le marché est toujours demandeur de nouveautés. L’idée est de faire une carrière en ne faisant pas tout le temps la même chose »;

Flavie Cuisset est d’ailleurs dans les traces de son père car elle a voulu planter 2 hectares de pinot noir pour faire un effervescent et un autre mono-cépage…Ils sont comme cela les Cuisset, ils s’amusent.

Faire du vin, c’est d’abord faire du raisin, et là on cooconne le vignoble de A jusqu’à Z » Pascal Cuisset

Des vins d’une majesté, d’un goût royal, à tel point qu’il est référencé et fournit régulièrement les dîners de charité à la cour royale d’Angleterre, avec un joli portrait du Prince Charles qui trône dans sa salle de dégustation. God Save the Cuisset.

Au château le Payral à Razac-de-Saussignac © JPS

Et puis c’est presque une dynastie cette famille Cuisset car il sont 5 à exploiter des vignes à Saussignac. Le magazine se poursuit avec un bel entretien avec Thierry Daulhiac, qui a épousé une Cuisset, il est vigneron bio à Razac-de-Saussignac depuis 2003, certifié depuis 2008 et même en biodynamie depuis 2010. Pour lui ces vendanges sont déjà terminées : « on a eu une précocité phénoménale, 15 jours à 3 semaines d’avance, à partir du moment où on a du beau temps on a des états sanitaires exceptionnels, derrière de belles vinifications, même si l’été les vignes ont quand même un peu souffert, quelques après-midi où cela pouvait monter à 35 à 38°, c’est vrai il y a quand même eu des effets de grillures (surtout sur les jeunes plants), mais c’est un très très beau millésime », mais avec une quantité moins importante.

Avec lui nous allons goûter ses Saussignac, jeunes et vieux millésimes, une appellation qui se défend face à Sauternes ou Monbazillac :

Thierry Daulhiac du château le Payral © JPS

Saussignac, c’est une appellation de liquoreux qui fait partie de ces grands noms d’appellations de liquoreux dans le monde, il n’y en a pas tant que cela, qui ont les cépages, qui ont  le terroir et le savoir-faire pour faire des liquoreux » Thierry Daulhiac du château le Payral.

« A Saussignac, sur nos calcaires, on a toujours de belles acidité, de belles fraîcheurs, qui font que nos vins tiennent très très bien dans le temps. »Quant à la sucrosité de ces vins, Thierry Daulhiac s’est adapté aux consommateurs qui recherchent toujours « du light », « le consommateur ne veut plus dans l’alimentation ces produits avec trop de sucre, à la propriété par exemple je suis revenu à des concentrations moindres…pour avoir des choses beaucoup plus fines, légères avec plus de fraîcheur, et à boire beaucoup plus rapidement pour profiter de ces fruits frais »

Thierry Daulhiac va nous expliquer également son parcours dans le bio initié il y a presque 20 ans, une transformation de son vignoble qui vise un respect de la nature et des sols avec la biodynamie, un parcours suivi également par un autre jeune vigenron dont j’ai tiré le portrait à Saussignac.

Dans le chai à barriques du château les Miaudoux, en bio et biodynamie, à Saussignac © JPS

Samuel Cuisset (encore un…), est âgé de 34 ans, il est à la tête du châteaux les Miaudoux, 35 hectares de vigne et prune en bio et biodyynamie. Il vient à me montrer ce qu’il donne à manger à ses sols : « ça ce sont des graines d’avoine, que je vais mélanger avec tout un tas d’espèces, féveroles, pois, vesse, etc...pour semer dans les vignes et faire un couvert végétal, de l’engrais vert qui va fertiliser le sol… »

Séquence où il déguste aussi avec son oncle le millésime 2019 à la barrique, « on a déjà une belle expression de fruits rouges, de cassis de mûres »….une cuvée en bio : « le bio est porteur, le conventionnel n’est pas porteur du tout », selon lui, il vend ses vins 1500 hectolitres (600 en rouge, 500 en blanc sec, 200 de liquoreux et 150 de rosé) sur « le marché français, en Dordogne et départements autour, avec aussi pas mal de marché historiques à l’export…Le gros de notre clientèle, ce sont des cavistes ou des magasins spécialisés en bio. »

Olivier Roche du château le Tap © JPS

Au beau milieu des vignes, Olivier Roches du château Le Tap nous montre ses raisins qui ne sont pas encore botrytisés mais vont commencer à l’être : « le cahier des charges de notre appellation (depuis 2005) est très restrictif, puisqu’on ramasse minimum à 17°, aucune technique de soustraction, de concentration, ce n’est que sur pied, il faut vraiment attendre l’installation du botrytis ou du passeriage pour pouvoir concentrer les graines.

Quant à la commercialisation, « à la mi-mars jusqu’à fin avril, cela a été compliqué, on s’est posé beaucoup de questions, mais juin juillet et août ont été de très très bons mois, depuis mon installation depuis 19 ans, ce sont mes 3 meilleurs mois. Preuve que les touristes et notamment les touristes français étaient bien présents en Dordogne et ont consommé…

La fin de ce Côté Châteaux nous amène au château des Vigiers où le chef étoilé Didier Casaguana du restaurant les Fresques nous propose une jolie association met-vin de Saussignac:

Le chef du restaurant les Fresques du château des Vigiers, Didier Casaguana © JPS

Un ris-de-veau braisé au vinaigre de figues, accompagné d’un foie gras poelé, avec mousseline de topinambour mi-fumées, pour essayer d’amener un peu d’acidité au vin de Saussignac, un peu de gras avec ces produits de saison, et le côté fumé se marie très bien avec le vin de Saussignac, » commente Didier Casaguana.

« Des ris-de-veau avec du liquoreux, c’est quelque chose qu’on ne connaît pas, puisque les liquoreux on les met souvent en entrée sur du foie gras ou en dessert, là il y a avec ce ris-de-veau qu’il a proposé et nos vins, il y a une belle fraîcheur, une belle acidité, avec le côté sucré cela relève bien… » commente pour sa par Olivier Roches.

Bref un numéro 17 de Côté Châteaux, très dense avec de l’authenticité, du goût et des saveurs, comme j’aime vous les proposer.

Côté Châteaux n°17 spécial Saussignac, à voir à partir du lundi 19 octobre sur France 3 NOA.

Regardez ce magazine spécial Saussignac ici sur You Tube réalisé par Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot:

20 Sep

Côté châteaux n°16 sur NOA : un spécial « vendanges précoces et réchauffement climatique »

C’est un numéro tout chaud. Forcément avec la chaleur de ce printemps et de cet été, la vigne a eu une croissance assez exceptionnelle et les vendanges se sont annoncées plus tôt dans la saison. Eh oui, on peut se demander si le réchauffement climatique est bien là, Côté Châteaux a essayé d’y répondre et d’envisager les solutions à travers ses 3 reportages et ses 3 invités dans ce numéro spécial Vendanges Précoces en Bordelais. Un magazine réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Charles Rabréaud. A voir dès demain soir à 20h15 sur France 3 NOA.

Les deux symboles de ce millésime 2020, une belle grappe de sauvignon, tenue par Eric Perrin, dans le contexte de crise sanitaire © JPS

A bien y réfléchir, une seule idée s’est imposée à moi en ce mois d’août. Bon sang, mais c’est bien sûr, ce sont déjà les vendanges à la mi-août ! Ni une, ni deux, je me suis dit qu’il fallait vivre ce moment et consacrer le prochain numéro 16 de Côté Châteaux (qui fait sa rentrée) à un magazine spécial « Vendanges Précoces et Réchauffement Climatique » de 20 minutes qui va être diffusé demain soir à 20h15 sur France 3 NOA.

Le coup d’envoi des vendanges en blancs a été donné le 17 août en Pessac-Léognan et le 18 à Léognan… Mon premier reportage a été réalisé à la fraîche dès 7 heures au château Carbonnieux qui a lancé sa troupe de vendangeurs à l’heure du laitier où le ciel se pare de rouge-orangé. Le tournage a lieu le 24 août (eh oui, jour de mon retour de vacances) avec les frères Perrin, Eric et Philibert, très heureux de démarrer cette belle semaine de vendanges de sauvignon. Des vendanges qui cette année ont une saveur particulière, marquées par la crise sanitaire et les mesures qu’il a bien fallu prendre pour la sécurité de tous. Ainsi des masques ont été distribués aux vendangeurs et des casques avec visière protectrice pour les porteurs, un camion plate-forme a été aménagé avec une énorme citerne d’eau et des distributeurs de savon et de gel hydro-alcoolique pour permettre au bout des rangs de se laver régulièrement les mains. Les distances sont aussi respectées dans les rangs de vigne avec des coupeurs qui ne se font pas face.

Ce sont les 4e vendanges les plus précoces qu’a connues Eric Perrin depuis ces 25 dernières années : il y a eu 1997, 2003, 2011 et aujourd’hui 2020. L’état sanitaire de la vigne et les sauvignons affichent une maturité optimale, avec de belles acidités et de bons arômes, préservés avec une récolte réalisée de bonne heure, ici à partir de 7 heures, certains ont même déclenché des vendanges bien plus tôt à 5 heures du matin, car les après-midi sont trop chaudes encore dépassant les 30°C.

Eric, Andrea, Philibert et Marc Perrin, dégustant ce fameux 2003© JPS

Au chai, son fils Andrea oenologue et maître de chai surveille l’arrivée des bennes, une belle récolte qui rentre, avec aussi un travail important à la table de tri. Après une séquence dégustation aux différentes cuves des premiers jus en fermentation avec Andrea at son frère Marc, voici une autre séquence chargée en émotion dans le chai de blancs avec la dégustation d’un millésime solaire avec Eric, Philibert, Andrea et Marc Perrin…

Les vendanges des merlots ont débuté le 9 septembre au château Haut-Bailly © JPS

La suite de ce Côté Châteaux réalisé par votre serviteur avec Charles Rabréaud nous transporte au château Haut-Bailly le 9 septembre, où nous couvrons les premiers coups de sécateurs dans ce châteaux prestigieux de Pessac-Léognan, propriété qu’avait acquise l’américain Bob Wilmers, banquier amoureux de la France et de ses vins (aujourd’hui tenue par son fils).

Jean-Pierre Stahl, véronique Sanders du château Haut-Bailly et Charles Rabréaud © JPS

Nous allons interroger Véronique Sanders la directrice générale du Domaine sur la précocité de ces vendanges. Certes ce sont des vendanges en rouge très précoces, mais elle-même en a connu plusieurs depuis son arrivée en 1993 à la tête du domaine, et elle s’est plongée dans un ouvrage et l’histoire des vendanges dans le Bordelais, où l’on voit qu’il y avait déjà eu par le passé des vendanges précoces comme en 1822 ou 1865,… et bien d’autres.

C’est l’occasion d’évoquer avec elle la problématique du cépage merlot qui va avoir du mal dans les années qui viennent à supporter ce réchauffement climatique, la solution sera sans doute de privilégier les cabernets, mais aussi le rôle du terroir qui finalement peut arriver à garder de la fraîcheur, la question de l’irrigation comme en Napa Valley n’est pas encore d’actualité, même si certains réfléchissent à cette solution.

L’objectif étant bien sûr de continuer à réaliser ici comme partout dans le bordelais des vins fins, et de maîtriser les degrés d’alcool.

Le salon des vignerons bio de Nouvelle-Aquitaine ce 31 août à la faïencerie de Bordeaux © JPS

Cette question de l’adaptation des vignerons à ce climat changeant est bien sûr de plus en plus d’actualité mais en prime elle touche tout le monde.

Aussi j’ai trouvé intéressant de donner la parole aux vignerons Bio de Nouvelle-Aquitaine qui tenaient leur salon de dégustation en ce 31 août à la Faïencerie de Bordeaux pour faire déguster leur millésime 2019 qui avait aussi connu deux épisodes caniculaires en juin et juillet l’an dernier.

Laurent Cassy, le président des vignerons bio de Nouvelle Aquitaine © JPS

Bérangère Quellien du château Luseau, Pierre-Henri Cosyns du château Grand Launay, Pascal Boueix du château Lescaneault, ou encore  Laurent Cassy président des Vignerons Bio de Nouvelle-Aquitaine, répondent sans détour à ces adaptations et à l’effeuillage qui ces dernières années est beaucoup moins intéressant.

Jean-Jacques Dubourdieu, devant le château Reynon pour le coup d’envoi des vendanges 2020 © JPS

Autre grand invité de ce numéro tout en saveurs, Jean-Jacques Dubourdieu qui a aussi lancé ses vendanges le 9 septembre au château Reynon à Beguey en Gironde.

Le fils du grand professeur d’oenologie Denis Dubourideu, disparu en 2016, va évoquer également ces changements climatiques et ce virage dans l’encépagement qu’il va falloir opérer dans les années qui viennent.

Dégustation par Jean-Jacques Dubourdieu du 100% petit Verdot 2019 dans les chais de Reynon © JPS

Ici la propriété a déjà anticipé avec davantage de cabernets mais aussi 15% de petit Verdot… Jean-Jacques a même réalisé une cuvée 100% petit Verdot,  « Hommage à Denis Dubourdieu »  qui avait souhaité réintroduire ce cépage bordelais plus tardif pour répondre aux changements qui allaient se dessiner et à la complexité des vins de Bordeaux.

 

Loic Pasquet devant ses cépages oubliés à Landiras © JPS

Ce qui m’a amené tout naturellement à rencontrer Loïc Pasquet qui remet en avant les cépages oubliés de Bordeaux, des cépages d’avant phylloxéra en franc de pied à Landiras.

Loic Pasquet dégustant sur une jarre de castets. © JPS

Il mène son vignoble à la manière d’un OVNI pour certains à Bordeaux mais apparaît pour d’autres comme un génie, un ingénieur qui a mené une réflexion avec le castets, le saint-macaire, mais aussi le tarnay, des cépages historiques de Bordeaux plus tardifs que le merlot, très intéressants avec des goûts de fruits incroyables (surtout le tarnay) qui pourraient être une réponse au réchauffement climatique dans les prochaines années.

Une réflexion et une vision à méditer qui s’appuient sur les cépages plantés autrefois à Bordeaux avant que le merlot ne devienne le cépage roi plus productif aussi mais en passe de poser problème aujourd’hui.

L’autre expertise intéressante pour conclure ce magazine est celle du professeur Cornelis van Leeuwen, professeur de viticulture à l’Institut des Sciences de la Vigne et du Vin et à Bordeaux Scinces Agro. Il mène avec les équipes de l’ISVV et de l’INRAE des expérimentations sur 50 cépages à Bordeaux pour voir leur adaptation avec les hausses de température et par rapport à la sécheresse.

On le retrouve en pleins prélèvements, 200 opérés chaque semaine en ce mois de septembre pour voir les bonnes maturités et quand il faudrait donner le coup d’envoi par la récolte de chaque type de cépage. Il nous confirme également que les cabernets sauvignon et franc vont pouvoir être une réponse dans les années à venir mais aussi pourquoi pas des cépages méditerranéens, comme le Touriga Nacional, produit dans la Vallée du Douro au Portugal, qui déjà est autorisé à hauteur de 5% maximum en appellation Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Ce qui peut aussi faire bondir certains puristes.

En tout cas le réchauffement climatique est bien là, les observateurs et scientifiques envisagent une augmentation de 2° à l’avenir, avec des changements qui vont s’imposer à nous tous et aux vignerons. Certaines zones de production plus au nord pourraient se développer énormément, notamment les vins dans le Val de Loire. On a vu de plus en plus de vignerons se lancer dans la production de vins effervescents en Grande-Bretagne et pourquoi pas de vins rouges… L’été sera chaud, l’été sera chaud…une chanson qui pourrait revenir en boucle…

Côté Châteaux n°16 spécial « vendanges précoces et réchauffement climatique », réalisé par Jean-Pierre Stahl avec Charles Rabréaud. A voir à partir de lundi 21 septembre à 20h15 sur France 3 Noa et à voir ici: