Une bonne année à vous tous et aux amateurs de pépites… Côté Châteaux a choisi de mettre en avant ce grand rendez-vous de la dégustation de vins de Bordeaux, de Champagnes, Cognac et autres spiritueux. Un bel engouement qui a réunit quelques 6500 personnes du côté de la place de la Bourse les 11 et 12 décembre dernier.
Le Côté Châteaux n°37 est consacré à Bordeaux Tasting, le grand rendez-vous de la dégustation des pépites de Bordeaux, de Champagne et d’ailleurs, place de la Bourse qui a rassemblé 6500 amateurs le week-end des 10 et 11 décembre dernier.
Un vaste succès populaire organisé par le magazine Terre de Vins pour cette 11e édition qui a retrouvé sa vitesse de croisière. Les amateurs en témoignent : « on vient déguster tout plein de bonnes choses… Et là on va aller voir les vins rouges, passer un bon moment avec des amis… » Oui c’est un rendez-vous dont on parle depuis un moment… Effectivement on l’a calé depuis plusieurs mois… »
Pour moi Bordeaux Tasting, c’est un rendez-vous entre amis où on déguste du vin, on découvre des vins qu’on n’aurait pas bu au quotidien…« , un habitué
« Cela fait 8 ans qu’on vient, entre copains, c’est une bonne journée qu’on partage… » Et Anne Melchior de faire déguster ses 2012 et 2018 du château Lamothe-Bergeron en Haut-Médoc :« ils sont curieux de découvrir, de déguster de nouveaux vins, voir ce qui se fait dans la région et connaître l’histoire des propriétés, c’est un beau week-end et de belles rencontres. »
C’est aussi l’occasion de revenir sur la crise viticole qui secoue actuellement Bordeaux avec plus de 1200 vignerons qui ont manifesté le 6 décembre et réclament un plan d’arrachage primé.L’occasion d’en parler avec Xavier Leclerc directeur commercial du château Leroy-Beauval en Bordeaux Supérieur, lui-même était responsable du sourcing chez Auchan avant de devenir directeur commercial de Leroy-Beauval : « nous on est sur un terroir magique, en prix de sortie en rouge comme en blanc on est dans les 14€, prix public, et le rosé sort à 9€, et on s’aperçoit qu’il y a une demande dans cette catégorie de vin par le grand public qui est hyper importante à partir du moment où la qualité s’y retrouve… C’est vrai que j’arrive dans un secteur qui est en difficulté, voire très en difficulté, mais je suis là pour voir plutôt le côté positif, on ne veut pas se taire, la preuve c’est qu’on sait faire de très grands vins et même si le secteur est en difficulté, on doit pouvoir faire de très grands vins et pouvoir le dire…J’ai envie de fédérer un certain nombre de propriétés pour pouvoir se dire allez Bordeaux, c’est autre chose que le Bordeaux bashing et je pense qu’il va falloir vraiment se battre… »
Christophe Chateau directeur de la communication est également l’invité de ce numéro pour évoquer largement cette crise : « Bordeaux souffre aujourd’hui… Il y a deux phénomènes : déjà, la baisse de consommation en France : depuis une cinquantaine d’années la consommation de vin et notamment de vin rouge est en perpétuelle baisse, et forcément cela impacte les grandes régions de production de vin rouge dont Bordeaux. Et puis Bordeaux exportait énormément en Chine et la Chine est quasiment à l’arrêt ou au ralenti depuis 3 ans, donc nos deux premiers marchés sont en baisse et on a aujourd’hui un phénomène de déséquilibre entre l’offre et la demande… »
Quant à savoir s’il y a un million d’hectolitres en trop ? « Non ce n’est pas tout-à-fait cela, la production moyenne sur les 4 dernières années c’est 4,3 millions d’hectolitres, et la commercialisation l’année dernière c’est 4 millions d’hectolitresdonc on serait en sur production d’environ 300 000 hectolitres », poursuit Christophe Chateau. « On estime qu’il faut arracher environ 10% de notre vignoble. On est en train de mettre en place des plans stratégiques pour retrouver des équilibres offre et demande, notamment en réduisant l’offre avec de l’arrachage pour aider des gens qui sont en grande difficulté notamment des vignerons qui ont travaillé toute leur vie, qui veulent partir à la retraite et qui ont besoin d’être aidés pour partir décemment à la retraite…Donc on travaille là-dessus avec les pouvoirs publics, avec la région, avec l’Etat et avec l’Europe… » Oui mais pour l’heure en Europe les textes n’autorisent plus l’arrachage... « Oui, ils autorisent l’arrachage mais plus l’arrachage primé depuis 2008 donc il faut trouver de nouvelles solutions réglementaires pour aider ces gens à partir à la retraite… Malgré cela il ne faut pas oublier l’avenir, il y a 90% du vignoble dynamique, qui avance et on le voit à Bordeaux Tasting, les allées sont pleines avec plein de jeunes qui sont passionnés qui viennent déguster du vin… Donc il faut aussi travailler pour l’avenir, continuer à commercialiser et travailler sur des marchés prometteurs USA, Asie du sud-est ou encore l’Afrique marché assez dynamique aujourd’hui. »
Peut-être explorer aussi des marchés plus porteurs ceux des vins d’apéro blancs, rosés ou crémants ? « C’est déjà le cas, puisque la consommation de vin rouge est en baisse, les blancs les rosés, les crémants progressent, la production de crémants a été multiplié par 4 en 10 ans ».
Mais Bordeaux, c’est aussi un joli millésime 2022 qui va sortir des chais et peut-être permettre de relancer aussi les ventes de vin de Bordeaux comme vous le découvrirez aussi dans un reportage.
« Le millésime est très beau, cela redonne le moral aux vitis, en terme d’équilibre d’acidité, d’alcool, de buvabilité, de fraîcheur et de couleur tous les oenologues nous annoncent un millésime magnifique ! » Christophe Chateau du CIVB
La suite de ce Côté Châteaux nous emmène à l’Ecole du Vin de Bordeaux qui a proposé durant ces 2 journées une petite vingtaine d’ateliers, permettant une meilleure approche des goûts du vin et des associations mets et vins. « Là durant ces ateliers on a souhaité présenté le crémant de Bordeaux, car il y a un engouement sur ce produit qui est plébiscité, il y a aussi un effet de mode, il représente aujourd’hui 1% du volume mais avec une réelle augmentation…Blanc ou rosé, à l’occasion des fêtes il peut aussi remplacer le champagne ». Et pour les professionnels, on vous propose de découvrir ce focus sur une formation très pointue sur la dégustation avec le DUAD, le diplôme d’aptitude à la dégustation…
Bordeaux Tasting c’était aussi la possibilité pour certains privilégiés de déguster des Bordeaux de Légende comme les châteaux Trolong Mondot, Pichon Baron et les Carmes Haut-Brion avec leurs directeurs lors d’une master class de haut vol. « Trolong-Mondot fait partie des vins assez mythiques à Saint-Emilion et on a surtout un terroir et un vin très très différent des autres et on est là aujourd’hui pour pouvoir le montrer… », affirme Aymeric de Gironde son directeur. Pour Pierre Montégut dir technique de Pichon Baron dans le Médoc à Pauillac : « c’est un grand terroir, avec un autre cépage, différent de mes 2 collègues, une autre expression des grands Bordeaux » Il y a aussi Guillaume Pouthier pour les Carmes Haut-Brion « On a la chance d’être intra-muros dans un clos avec une dimension atypique , singulière où se fait le grand vin… » Un focus fera également découvrir château Lascombes racheté par un milliardaire américain.
Enfin ce numéro se terminera à l’espace des champagnes avec 20 maisons de champagne réunies pour fêter cette nouvelle année. A consommer avec modération.
Regardez le Côté Châteaux n°37 Spécial Bordeaux Tasting :
C’est le n°36 de Côté Châteaux, un numéro qui ne pouvait être que festif, à l’aube des fêtes de Noël et Nouvel An. Avec Alexandre Berne, je vous propose ce joli tour d’horizon entre les châteaux Caillou, Cantegril, Doisy-Daëne, Rayne-Vigneau, La Tour Blanche et Lafaurie-Peyraguey…
Voici un numéro qui va vous donner le liquoreux à la bouche… Ce Côté Châteaux n° 36 tourné entre deux averses début novembre, à la fin des tries.
Avec Alexandre Berne nous sommes allés à la rencontre de la famille Pierre qui détient depuis 1909 le château Caillou un grand cru classé 1855, Jean-Noël nous retrace l’histoire de ce domaine familial acheté par son arrière-grand-père et qu’il manage avec son frère Sébastien, c’est la 4e génération au manettes… Et la maman Marie-Josée de faire découvrir cette cuvée spéciale de 2001 sur des vieilles vignes qui ont plus de 100 ans, « une très très belle cuvée qui peut se déguster en fin de repas comme un digestif, elle a une telle complexité aromatique, c’est comme un vin de méditation… »
Et question méditation à Barsac les vignerons sont pas mal soignés avec ce terroir remarquable avec pas mal de fraîcheur…
On a à Barsac un sous-sol argilo-calcaire qui nous permet de faire des vins très complexes, dans la finesse et dans la fraîcheur… », selon Jean-Noël Pierre du château Caillou
Cette année a été particulière car le botrytis a eu du mal a démarrer : « cette année, oui cela a été très compliqué,même si on a fait les blancs secs au 15 août, pendant tout septembre le botrytis avait beaucoup de mal à s’installer, enfin des jours de pluie sont arrivés et là c’était le bonheur, avec aussi du très beau temps et le botrytis est enfin arrivé… »
Voilà et pour bien comprendre comment s’opère cette magie de la pourriture noble, vous pourrez voir ou revoir ce reportage réalisé début octobre au moment des premières tries aux châteaux Cantegril et Rayne-Vigneau…
L’occasion était toute trouvée pour rencontrer le co-président de l’appellation Barsac Sauternes, Jean-Jacques Dubourdieu au château Doisy Daëne, acheté par son arrière-grand-père en 1924 Georges Dubourdieu…
Sauternes Barsac, ce sont 140 vignerons répartis sur 1800 hectares et 5 communes », Jean-Jacques Dubourdieu président de l’ODG Barsac Saiuternes
Au niveau du millésime 2022 et de la production : « on est dans la moyenne, on espérait beaucoup au début, à la fin on est sur un rendement entre 10 et 15 hectolitres à l’hectare, et ici à Doisy Daene on est entre 17 et 18 donc c’est notre moyenne décennale… »
Quant à savoir si Sauternes revient sur le devant de la scène, en dehors des périodes festives de fin d’année : « oui ça revient, on est en nette augmentation, l’apéritif ça a été l’âge d’or de nos vins, le dessert c’est quelque chose d’assez moderne dans le mode de consommation de nos vins, mais aussi le fait de consommer au verre du Sauternes à l’apéritif dans toute la mouvance bars à vins, et nos vins liquoreux avec du salé notamment s’accordent particulièrement bien… »
Et pour se rendre compte de ce nouvel engouement pour Sauternes, vous aurez droit à un reportage de Taliane Elobo et Guillaume Decaix à l’occasion des portes ouvertes des 10, 11 et 12 novembre à Sauternes.
Petit focus au château La Tour Blanche en compagnie de Miguel Aguirre, directeur d’exploitation, et de Philippe Pelicano le maître de chai qui nous expliquent ces soutirages : « les fermentations du millésime 2022 viennent de se terminer et on est en train de mettre au clair les vins qu’on vient de réaliser pour les préparer progressivement aux événements primeurs courant mars… », explique Philippe Pelicano.
« Chaque année, c’est un enjeu, un nouveau challenge, en faisant les plus beaux raisins jusqu’au 15 septembre et après c’est au petit bonheur la chance en fonction des conditions climatiques… », selon Miguel Aguirre.Il y a eu certaines années d’ailleurs où il n’y a pas eu de production, « des années où le botrytis a été très capricieux et n’a pas pu s’installer comme nous on souhaitait… »
Et ces deux sympathiques vignerons de nous faire découvrir la nouvelle boutique or et noir du chateau La Tour Blanche pour une dégustation des millésimes 2014 et 2004: « l’oenotourisme est un axe de développement et c’est vrai qu’on a cet outil aujourd’hui qui est fabuleux pour accueillir dans de belles conditions nos clients et surtout leur faire vivre un moment d’émotion…' »
La dernière partie de ce côté châteaux nous mènera au Château Lafaurie-Peyraguey, à la rencontre du chef Jérôme Schilling, 2 étoiles au Guide Michelin depuis mars dernier avec son restaurant Lalique au sein du château et devenu Meilleur ouvrier de France en novembre à Grenoble. Un grand chef originaire d’Alsace…
L’Alsace est dans mon coeur et ma région natale, évidemment, c’est une grande fierté, 80 % de mes chefs étaient MOF donc c’est pour moi une grande fierté et un honneur de pouvoir rentrer dans leur famille« , Jérôme Shilling
Depuis 4 ans, au sein de Lafaurie-Peyraguey 1er grand cru classé 1855, il est devenu le « cuisinier des vignes » comme il aime à se définir, en jouant du Sauternes sous toutes ses formes et textures depuis le végétal, la macération, les sarments, les pépins et marcs de raisin, mouts, verjus, une créativité de tous les instants…
« On me qualifie de cuisinier des vignes, finalement ma cuisine est toujours axée sur tous les tenants et aboutissants du monde viticole, que j’associe avec ma cuisine, pour pouvoir avoir du sens à ce que l’on fait tous les jours et être de bon sens avec le lieu et l’histoire que l’on porte »
Regardez le Côté Châteaux n°36 Spécial Sauternes réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne :
Diffusion sur France 3 NOA le 14/12 à 20h30, vous pourrez le voir aussi les 18/12 à 13h45 et 20h30, le 19 à 20h10 et le 23/12 à 0h50. Puis le 24/12 à 12h30 et 20h00, ça c’est Noël… le 26/12 à 20h10 et le 28/12 à 3h20 sur France 3 NOA
Retour en 10 images sur cette 11e édition de Bordeaux Tasting, ce week-end place de la Bourse…Un nouveau succès populaire à vivre dans le prochain Côté Châteaux de janvier.
Samedi 10 et Dimanche 11 décembre, Bordeaux Tasting a rassemblé plus de 6 500 amateurs de vins, des épicuriens venus de Bordeaux, de son agglomération, de toute la Gironde et de Nouvelle-Aquitaine. Le palais de la Bourse était noir de monde, des queues à l’extérieur se sont formées devant les spots de dégustation de spiritueux au Musée de Douane et de champagne au Pavillon Patrimoine Mondial…
Un événement installé depuis plus de 10 ans et qui hormis la parenthèse des épidémies de covid a toujours rencontré un énorme succès variant de 6500 et parfois même 8000 personnes.
« Entrer à Bordeaux Tasting, c’est comme partir en week-end dans une ville européenne. Il faut un peu préparer son séjour, idéalement déguster les vins blancs en premier, les champagnes, les grands invités venus d’ailleurs et finir par une balade au fil des spiritueux. »
Il ne faut pas se ruer sur les grandes étiquettes mais flâner comme on flâne dans les ruelles de Venise ou de Soho et dénicher les pépites non classées qui font aussi la réputation de Bordeaux. Les valeurs sûres, les grands crus classés, viendront très logiquement valider et récompenser votre parcours et démontreront, au final, que Bordeaux tient son rang. Et qu’en les dégustant, on fait vraiment « waouh »… » , Rodolphe Wartel, directeur de Terre de vins
Ces amateurs et connaisseurs ont pu venir à la rencontre de quelques 200 propriétés de Bordeaux et d’autres régions viticoles pour déguster quelques jolis flacons parmi quelques 600 références.
Au total, ce sont 5 masterclass dont celle des 3 Bordeaux de légende et 23 ateliers de dégustations dont 19 réalisés par l’Ecole du Vin de Bordeaux qui ont également animé ce week-end.
Une organisation signée Terre de Vins et une machine bien huilées que vous découvrirez dans le prochain Côté Châteaux de janvier avec de nombreux reportages d’actualité et des intervenants des plus intéressants.
Pour ce numéro 35 de Côté Châteaux, Alexandre Berne et moi-même sommes allés en Périgord pour réaliser une émission spéciale millésime 2022 dans le vignoble de Bergerac. L’occasion de parler de ces vendanges précoces et de ce millésime qui a mûri sous un été très chaud et un mois de septembre plus clément. Retour sur ces vendanges en blanc et en rouge au château les Eyssards, focus également sur le château Monestier La Tour en biodynamie, et sur les vendanges en liquoreux avec le château de Monbazillac et le château Haut Bernasse. Vous découvrirez également la nouvelle scénographie du château de Monbazillac.
On se retrouve à Monestier en Dordogne en pleines vendanges des rouges avec Flavie et Pascal Cuisset, père et fille, de grands vignerons du bergeracois et du château des Eyssards… Les vendanges se poursuivent » des vendanges longues ! On a commencé les blancs le 22 août et là on est le 11 octobre et on finit nos merlots et il reste encore tous les cabernets francs et cabernets sauvignons…. » précise Pascal Cuisset. Alors que les vendanges en liquoreux par tries successives s’étalent également et ont commencé super tôt à la cave coopérative de Monbazillac comme le montre le reportage de Bertrand Lasseguette et Pascal Tinon.
« C’était une très longue année avec un épisode de gel au mois d’avril, un épisode de grêle sur une partie de la propriété au mois de juin et une sécheresse qui était imprévue et qui a été plutôt longue… », commente Flavie Cuisset. « Sur les blancs, on a démarré de bonne heure avec une très très jolie qualité, sur les rouges on a pris le pari d’attendre la pluie pour la 4e année et le pari a payé parce que les qualité ont remonté, les tannins sont bien extraits et les couleurs aussi, donc ça va être un très joli millésime, petit en quantité mais grand en qualité. »
« Si on regarde en 10 jours, puisqu’on a eu une semaine où on a eu 30 millimètres, on a gagné 17% de volume sur les baies, donc c’est phénoménal! » ajoute Pascal Cuisset. « L’intérêt de cette année, c’est qu’on va faire des tannins très riches, fondus et pas du tout agressifs… »
« En blanc on a fait beaucoup de technique…A savoir que les sauvignons blancs, comme on avait les grosses chaleur on ne les épointe pas, ca permet d’avoir encore des raisins à l’ombre et on conserve un potentiel aromatique très intéressant… Un millésime comme cette année, il faut travailler au vignoble, c’est au vignoble que tu fais ta qualité…
Si tu as fais de supers raisins, c’est trop facile à vinifier, si tu n’as pas des raisins au top cela devient très compliqué, donc mieux vaut jouer au cuisinier qu’au docteur, c’est beaucoup plus simple… » Pascal Cuisset vigneron du château des Eyssards
« C’est notre 4e millésime où on attend la pluie pour démarrer les vendanges, de rouge… »,nous explique Flavie dans leur salle de dégustation après d’autres millésimes solaires 2018,2019, 2020. « Cette cuvée s’appelle la vigne à Léonce (millésime 2019), une cuvée hommage à mon grand-père décédé à la même période que la plantation de cette vigne, un joli malbec sur la concentration avec de jolis tannins et de jolies couleurs… » Et question hommage, il y a celui rendu à la reine d’Angleterre; son fils Charles se trouve tout naturellement en photo dans la salle de dégustation : « pendant longtemps on a travaillé avec des agences en Angleterre, et chaque fois ils nous sollicitaient pour participer aux galas de charité de la Reine d’Angleterre. Et à chaque fois on donnait des vins de Saussignac pour finir les dîners de charité royaux. »
L’autre grand rendez-vous imaginé par Pascal Cuisset c’est le Winestock : un woodstock façon vin :« il y a 50 ans aux USA, il y a eu le woodstock qui a eu du succès, mais ici on a plus de wine que de wood ! L’idée simple est de communiquer différemment autour du vin, donc on va être une vingtaine de vignerons de toute la France où on va mettre en avant, le vin, la bonne bouffe et la musique ! »? commente Pascal Cuisset (Le winestock festival aura lieu du 28 au 30 avril, un concept très festif, musical et avec des masterclass).
Après un focus à Rosette, petite appellation de 43 hectares du Bergeracois qui redémarre, nous voilà de retour pour les tries qui se poursuivent au château Haut-Bernasse avec Romain Claveille, vigneron indépendant, par un temps idéal d’automne avec un brouillard qui favorise la formation du botrytis.
« Les vendanges de liquoreux touchent à leur fin, on est sur le dernier passage de tries successives, avec cette parcelle de muscadelle. C’est un millésime très joli en qualité, avec un été très ensoleillé, le raisin s’est concentré, on a eu un peu de mal à voir apparaître le botrytis donc on a eu des vendanges sur des raisins dorés et passeriés au début et enfin la pluie et le brouillard sont arrivés. »
« Il nous faut de l’humidité comme ce matin, c’est l’exemple parfait, de l’humidité sur le sols, et des températures encore clémentes, on a une surmaturité des raisins à Monbazillac et à partir de cette surmaturité, où on peut atteindre les degrés requis pour faire du Monbazillac, on peut obtenir notre botrytis cinerea, qui se développe grâce à l’humidité et au soleil. »
Quand au fameux débat de savoir si ces vins liquoreux ne sont pas trop chargés en sucres résiduels : « notre première cuvée ici démarre autour des 60 grammes de sucres résiduels, avec des assemblages pour pouvoir développer l’aromatique au maximum…et des cuvées plus traditionnelles avec des élevages en barriques avec des cuvées autour des 100-120 grammes de sucres résiduels, en essayant de travailler au mieux des vins aromatiques, élégants avec une belle finesse et de la fraîcheur. »
La suite de ce Côté Châteaux nous emmène au château Monestier La Tour, l’un de fleurons du Bergeracois, dont les origines remontent au XIIIe siècle, un ancien monastère, aujourd’hui propriété viticole. Nous y rencontrons Matthieu Eymard, maître de chai et chai de culture qui va nous faire découvrir la tisanerie de ce château mené en biodynamie :
« on utilise toutes les plantes de notre jardin biodynamique qu’on met à sécher…Et ensuite en fonction de notre besoin, de la météo, on va utiliser l’ortie, la presle, qui viennent compléter nos traitements de cuivre et de soufre, et ce qu’il faut savoir c’est que les plantes permettent de diminuer la quantité de cuivre et ça ce n’est pas négligeable. »
Ce fut une volonté du nouveau propriétaireKarl-Friedrich Scheufele, de la Maison Chopard, de mener cette vigne en bio et biodynamie : « c’était la priorité de transformer le domaine en biodynamie (depuis 2014 pour le vignoble), de convertir les vins en bio (depuis 2018 pour les vins)…On le ressent beaucoup sur les vins, on sent que la biodynamie a fait son travail… Et de déguster le millésime 2018, avec « le cépage cabernet franc majoritaire, un élevage en barrique de 15 à 16 mois…Avec la biodynamie on va retrouver un fruit expressif, ce fruit noir, concentré, un côté tannin velours, des tannins soyeux, délicats… »
Plongeon dans la nouvelle scénographie du château de Monbazillac :« un monde d’art et d’arômes » :« la volonté était de pouvoir évoquer tous les arts, les arts de la vigne (l’art du travail de la vigne, l’art de la dégustation) mais aussi l’art du patrimoine et l’art contemporain… « , précise Guillaume Barou président de la Cave Coopérative de Monbazillac.
Avec à l’entrée déjà toute une série de portraits de vignerons de la cave coopérative qui accueillent le visiteur avant de pousser la porte du musée immersif et interactif dédié au Monbazillac…
Un univers totalement repensé, digne du XXIe siècle :« c’est un musée dédié au Monbazillac, à sa singularité la pourriture noble, avec en projection les paysages, puis la vinification, les métiers et donc ce sont les vignerons qui témoignent dans tous les visuels et expliquent leurs métiers… »
On ne pouvait pas faire un musée sur Monbazillac sans montrer le botrytis ce don du ciel, ce cadeau de la nature et donc là on a un time-lapse qui permet de voir au fil du temps la graine évoluer pour ensuite pourrir et nous permettre d’avoir ce vin liquoreux… » Guillaume Barou président de la Cave Coopérative de Monbazillac.
« C’est très réaliste, cela permet d’avoir une vision globale du domaine, c’est extrêmement bien fait dans le détail », témoigne un visiteur….
A l’intérieur du château, on retrouve Pauline Auban, responsable oenotourisme :« à l’intérieur du château on a souhaite développer différents univers : un univers historique avec 2 expositions, la première portant sur le protestantisme, une deuxième sur la famille de Bacalan qui a vécu au château au moment de la révolution française, on va suivre cette famille dans les 5 salles et chaque membre va développer sa vision des événements révolutionnaires…. » Autre univers artistique avec des expositions temporaires d’art contemporain et puis la rénovation des caves du château avec un parcours pour enfants sous forme de jeux, d’énigmes, très ludique sur le travail de la vigne… »
La visite se termine bien sûr par des dégustations, avec deux univers, une salle spécifique où l’on peut déguster jusqu’à 3 vins et à la toute nouvelle boutique « suivant la visite que l’on veut faire, si on vient plus pour la partie patrimoine et musée, on a une dégustation classique à 10e avec un petit verre à la fin pour découvrir le produit et pour les amateurs on offre une dégustation de 3 vins pour un prix de 15€ où on va découvrir avec une personne qualifiée les différences entre les différents produits…avec 3 vins pour s’immerger dans ce qu’est le Monbazillac, » précise Guillaume Barou.
Cet été c’était déjà pari gagné puisque le château de Monbazillac a touché plus de 38 000 visiteurs sur juillet, août et septembre….
Regardez ce Côté Châteaux n°35 spécial vendanges à Bergerac, à voir le 9 novembre sur France 3 NOA à 20h20, ou ici surYOu Tube
La Cité du Vin reprend des couleurs…En cet été, elle a explosé les chiffres de fréquentations avec 105 000 visiteurs. Une bonne santé qui lui redonne de jolis reflets. 6 ans déjà qu’elle fait parler d’elle à Bordeaux et dans le monde, les touristes viennent de toute la planète pour la visiter. Dans ce numéro tout en saveurs réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne, vous allez découvrir les acteurs de la Cité du Vin, ses dernières actualités et même un musée universal du vin en Chine qui s’en inspire…
Bonjour et bienvenue à la Cité du Vin, vous ne connaissez pas cette jolie dame aux reflets dorés et argentés en Bord de Garonne ? Vous allez la découvrir, à l’instar de ce groupe de jeunes élèves en BTS viticulture-oenologie Richemond venus de Cherves en Charente… « C’est une carafe », selon Hector Milord qui essaie de deviner comment est venue l’inspiration des architectes d’XTU Anouk Legendre et Nicolas Desmazières….
« C’est assez emblématique comme structure, c’est bien pensé, c’est un très joli bâtiment en tout cas….« commente Féliz Vergnaud.
La fréquentation repart et elle repart bien, car juillet août c’est pour nous le record de fréquentation qui datait de 2017, donc on va cumuler 105 000 visiteurs…
On a une progression des Bordelais, des Européens, Italiens, Espagnols et Allemands à la Cité du Vin, donc on est tous très très content après ces deux années compliquées… », Philippe Massol directeur de la Fondation pour la Culture et les Civilisations du Vin
Pour bien se rendre compte de cette parenthèse, nous allons faire un flash-back avec cette période de crise sanitaire de 2020, ce 1er confinement, et la réouverture qui s’en est suivie le 19 juin 2020…
Petite déambulation dans le fameux parcours permanent au 2e étage, dont la scénographie est signée par les Anglais de CassonMann.
Philippe Massol revient sur les 20 modules à l’origine de la construction qui vont connaître prochainement une évolution :« dès le mois de novembre, on va avoir une évolution des contenus des modules qui vont changer…comme le banquet des hommes illustres qui va devenir ça tourne donc le vin et le cinéma…et le gros changement on ferme en janvier et on rouvre début février, là ça va permettre pour nous de toucher les modules où il y avait de la scénographie… On a ainsi un projet de renouvellement de 8 millions d’euros… »
La suite va vous emmener du côté en Chine où vous allez découvrir le projet de Musée Universel du Vin souhaité par Mr Tang un riche Chinois qui a voulu aussi sa Cité du Vin adapté au public Chinois.
Petit détour au salon de lecture où nous allons vous présenter Véronique Lemoine, la responsable scientifique à la Cité du Vin qui avait planché sur les contenus du parcours permanent et là a été consultée par le projet chinois : « quand on dit les contenus sur un musée, ce n’est pas seulement une histoire à raconter, c’est aussi une façon de mettre en scène donc c’est un grand travail collectif… »L’inspiration, certes elle existe mais c’est beaucoup de sources, beaucoup d’informations que l’on trouve dans les ouvrages et aussi chez les experts, spécialistes de la Chine, de l’histoire de la Chine, et spécialistes de la façon de déguster le vin à la chinoise… »
Instant privilégié partagé avec Régis Delthil qui nous dévoile la fabuleuse cave de la Cité du Vin Latitude 20: « la forme ronde a été designée par un architecte parisien qui s’appelle Laurent Karst qui a imaginé cet espace qui a de bonnes ondes, un côté assez magique, la forme ronde évoque les cuves, la couleur noir les caveaux on est dans l’ambiance ! C’est la plus grande cave du monde par le nombre de pays représentés, il y a 800 références de vin dont un peu moins de 500 originaires de 72 pays…. Ici on vend 60 % de vins Français, 40% de vins du monde t et parmi les vins français la majorité c’est Bordeaux…
L’occasion était trop belle de vous faire partager également ce reportage sur les foires aux vins…
En ce mois de septembre, c’est aussi la présentation de la nouvelle saison culturelle de la Cité du Vin avec ses rendez-vous habituels et avec de nombreux afterworks que nous présente Elodie Gratuze : « on a une très belle programmation en vue, à la fois sur les événements conférences mais aussi les afterworks du soir: chaque jeudi on aura une programmation au 1er étage, à la salle de dégustation, on aura des thématiques liés à des produits phares comme le fromage, la charcuterie, le chocolat ou encore le caviar, et on poursuit avec des régions mises en avant comme le Pays-Basque, du Poitou ou du Périgord… Et à l’approche des fêtes des astuces sur comment accorder les vins durant ces fêtes… »
La Cité du Vin, c’est une centaine de salariés et notamment Christophe qui a intégré la cité du vin en septembre… « C’est vrai que cela fait rêver puisque c’est un lieu multiculturel, international, les visiteurs sont libres de choisir un parcours libre ou individualisé… »
Au 7e étage, de ce superbe bâtiment de 55 mètres, on va retrouver Nicolas Lascombes, le directeur du 7 le restaurant panoramique de la Cité du Vin: « Bordeaux est le centre du monde pour le vin, la Cité du Vin est un événement lorsqu’elle est arrivée, et nous on est au sommet donc on reçoit des gens du monde entier, donc c’est un privilège...
Oui, cela fait rêver, c’est panoramique c’est comme si on était en haut d’un phare, c’est la Tour Eiffel de Bordeaux en quelque sorte… » Nicolas Lascombes le 7 restaurant panoramique
Et puis la visite du parcours permanent se termine comme chacun sait par une dégustation d’un vin du monde avec les sommeliers et notamment Catherine Haurie qui va vous faire découvrir ce panel de 20 vins offerts à la curiosité des visiteurs…
On ne pouvait pas conclure ce côté châteaux, sans la présidente Sylvie Cazes : « cela a été une formidable aventure pendant les 8 années qui ont précédé et puis depuis ce 1er juin 2016 une aventure extraordinaire car dès le départ nous avons reçu plus de visiteurs que nous envisagions, plus de 400 000 visiteurs par an, nous avons dépassé les 2 millions il y a quelques mois, et nous sommes très heureux. »
Le time-lapse de Philippe Caumes, photographe d’architecture de l’atelier Caumes, retrace ces travaux titanesques avec ces 300 pieux en bétons de 30 mètres de profondeur qui soutiennent l‘édifice de 9000 m3 de béton, et avec ces panneaux de verre et d’aluminium qui lui donnent un aspect unique…
« C’était un pari puisque quand on a vu ce bâtiment pour la première fois,tout le monde était très étonné, on se demandait ça va marcher ou ca va pas marcher c’était vraiment exceptionnel, quand vous regardez autour de vous vous voyez que cette structure est faite de 575 arches en lamellé-collé, chacun a un moule différent… C’est une véritable prouesse architecturale… » conclue ainsi Sylvie Cazes, la présidente de la Fondation pour la Culture et les Civilisations du Vin.
A voir ce 34e numéro de Côté Châteaux par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne : mercredi soir à 20h20 sur France 3 NOA et dimanche à 13h45 et 20h30 (sur les box Orange 339, SFR 455, Free 326, Bouygues 337, ou en direct sur internet France 3 NOA), mais aussi ici sur You Tube
Pour cette rentrée de septembre, je vous propose avec Alexandre Berne un magazine Côté Châteaux très complet sur ces vendanges historiques qui ont débuté avant le 15 août en Pessac-Léognan pour les blancs et fin août pour les rouges à Léognan, à Pomerol et à Saint-Emilion. Joli tour d’horizon avec 4 reportages et 4 entretiens au milieu des vignobles de Grandmaison, Couhins-Lurton, La Louvière et Troplong-Mondot.
Le n° 33 de Côté châteaux, numéro de rentrée, est intitulé « sécheresse et vendanges précoces ». Un signe. Le réchauffement climatique s’accélère et cet été on était aux premières loges pour le voir. Aussi ai-je voulu revenir à travers 4 reportages et 4 grands entretiens sur ces épisodes de canicule et sécheresse qui ont touché non seulement les hommes mais la vigne…. Allez bienvenue dans ces rangs de vigne, sous un soleil de plomb, certaines après-midi à plus de 50°… »en plein cagnard »…
Ce millésime 2022 sauvé du gel aura été marqué par4 épisodes de canicule, une sécheresse qui a conduit parfois à certains phénomènes de blocage de la vigne avec des baies parfois plus petites, ce qui devrait augurer d’un millésime plus faible en volume. Alors que la qualité sera au rendez-vous.
Du coup les vendanges se sont accélérées avec un raisin arrivé à maturité plus rapidement, avec deux semaines d’avance en moyenne. Ainsi les blancs ont commencé à être vendangés à la mi-août en Pessac-Léognan et les rouges, phénomène exceptionnel, fin août, en Pessac-Léognan, Pomerol ou Saint-Emilion sur quelques domaines.
Des vendanges historiques par rapport au démarrage qui est le plus précoce depuis très longtemps…Ce qui fait que la vigne, le végétal, a mûri rapidement », comment François Bouquier du Domaine de Grandmaison.
Ce numéro spécial millésime 2022 nous emmènera tout d’abord aux châteaux Carbonnieux et Luchey Halde pour ces vendanges en blancs historiques, avec un entretien suivant au Domaine de Grandmaison avec François Bouquier qui nous parle de cette sécheresse et de la récurrence ou non de ces phénomènes de réchauffement, c’est tout de même l’été le plus chaud depuis 2003, qui a battu depuis de nombreux records de températures sur ces 3 mois.
« Tout dépend du cycle végétatif dans la saison, il faut voir le cumul des précipitations au fil des mois, effectivement on a constaté cette année très peu de pluies; l’état sanitaire du vignoble est très bon, la vigne travaille au maximum avec tout ce soleil. »
Y aura-t-il assez d’acidité pour atteindre les équilibres ?« Ce qui est important c’est de prendre en considération nos terroirs constitué d’argile et de sols graveleux…Le mixte permet de combiner la maturité des raisins sur l’ensemble de la propriété. Une année comme celle-ci, où il fait très chaud, les terroirs argileux ont garanti une alimentation en eau et permettent une maturité optimale et les terroirs graveleux sableux eux sont davantage intéressants quand il y a des années plus pluvieuses. Il faut repenser le travail du sol et la moindre goutte d’eau il faut savoir la garder pour qu’elle serve pour les pieds de vigne…. »
Quant au phénomènes de blocage ? « On craignait beaucoup la taille des baies, cela va se confirmer sur les sols un peu sableux, sur les terroirs argileux ils se sont mieux sorti et on a eu la chance d’avoir quelques épisodes de pluie… », complète François Bouquier.
De retour à la Louvière, nous avons interrogé Jacques Lurton, le président des Pessac-Léognan sur l’adaptation des cépages bordelais, les degrés d’alcool qui risquent d’augmenter mais qui sont compensés au niveau des équilibres grâce à la fraîcheur qu’apporte les bons terroirs.
« A part 2003 et 2020, nous n’avions jamais commencé si précocement… Il y a une accélération de la variation climatique, en terme de somme de chaleur on n’avait pas vécu cela depuis 2003 et en terme de sécheresse depuis 1976... Même si cela peut-être en dents de scie, l’an dernier année extrêmement froide et pluvieuse et cette année extrêmement sèche et chaude… Il y aura un peu plus de sucre, cela veut dire un petit peu plus d’alcool, une acidité un petit peu plus faible…
On va faire des vins mûrs, très ronds, très chaleureux, très souples, à consommer plus précocement, mais c’est intéressant aussi car je dis souvent ces années chaudes c’est à l’avantage du consommateur », Jacques Lurton président des vignobles André Lurton
Quant à savoir si on s’achemine vers des vins californiens à Bordeaux ? « Depuis 2 décennies, les vins de Bordeaux n’ont jamais été aussi bons, on réussit des années exceptionnelles avec de très grands vins parce que maintenant ils sont rentrés en compétition complète avec les vins du nouveau monde sur les mêmes cépages, des vins chaleureux souples, faciles à boire, un peu plus précocement. Mais maintenant on en a encore sous la pédale à Bordeaux on arrive à passer tous ces millésimes assez chauds avec des acidités naturelles. On a des cépages comme le sauvignon en blanc ou le cabernet sauvignon qui ont encore des beaux jours devant eux avant qu’on soit obligé d’intervenir différemment. »
Face à cette année super sèche où la vigne a souffert, des solutions ont pu être trouvées, avec l’arrosage de manière exceptionnelle accordé par l’INAO :« c’est assez exceptionnel car la règle en AOC c’est la non autorisation d’irriguer… Et dans notre cahier des charges en 2016 en Pessac-Léognan, nous avons introduit la possibilité de déroger à cette interdiction… Avec une demande auprès des services de l’INAO, avec un justificatif de photos des vignes en souffrance, et aussi le type de terroir et la surface que l’on compte arroser… A ce moment là, l’INAO nous délivre cette autorisation et cela permet d’apporter un peu d’eau à des vignes en difficulté… » Cela a représenté un peu moins de 2% de la surface de l’appellation.
« J’ai eu la malchance que mon vignoble australien soit complétement brûlé, nous avons ces phénomènes récurrents en Australie de feux de forêts avec les complications que cela peut avoir, et surtout la prévention à laquelle il faut s’astreindre, on a connu cela ici mais c’est quelque chose de nouveau pour nous… »
La suite de ce côté châteaux nous emmènera à Saint-Emilion au château Troplong Mondot, où l’œnologue Thomas Duclos a demandé aux équipe du château de commencer à vendanger dès la fin août les rouges et notamment les merlots.
« Pourquoi, tout simplement tout le monde a vécu un millésime plutôt sec, avec de fortes montées en températures… On a la chance d’avoir à Troplong Mondot un terroir qui réagit plutôt bien à ces conditions, car il y a ici de l’argile et du calcaire sur une partie… Les argiles ont cette capacité à garder l’eau et à restituer l’eau, petit à petit, et donc le vignoble a fonctionné de façon normale malgré le manque de pluie et gros coups de chaud… »
La recherche de l’équilibre c’est important dans les vins et même avec des vins qui vont monter en degrés d’alcool, comme on peut le voir sur le vignoble californien, peut-on avoir des vins qui restent digestes, buvables ? « Complètement le but dans cette quête est d’avoir le vin qui va avoir le goût de l’endroit, la notion d’équilibre où on va contrebalancer de l’alcool par une aromatique fraîche et de l’acidité. L’aromatique est très importante, il ne faut pas cramler le fruit, ce qui vous amène dans la confiture et amène votre cerveau dans des choses lourdes »
L’occasion d’évoquer le goûts des fumées, après le colloque organisé par les œnologues de France. Pour lui, il n’y aura aucune répercussion sur les vins.
Enfin nous nous retrouverons avec Aymeric de Gironde, le directeur, dans le tout nouveau cuvier de Trolong Mondot pour goûter avec son oenlogue les premiers jus de ce millésime 2022, très prometteurs. « ce chai nous l’avons attendu durant 4 ans, 4 années de réflexion, de discussions et de petites baguarres interne. Mais ça y est il est en service depuis le millésime 2021, donc c’est notre 2e millésime à l’intérieur de ce chai… »
Et avec la palette des terroirs de Troplong, cela nous permet d’avoir toutes les identités, toutes les couleurs pour faire le tableau le plus complexe possible et le plus unique aussi dans l’idée de ce qu’est Troplong Mondot »
Côté Châteaux n° 34, un magazine de 26 minutes, réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne à voir mercredi 21 septembre à 20h20 sur France 3 NOA et ici sur You Tube
Le 32e numéro du magazine Côté Châteaux va vous emmener au coeur de la 11e édition de Bordeaux Fête le Vin, tellement attendue du public car cela faisait 4 ans qu’elle ne s’était pas tenue sur les quais de Bordeaux. Alexandre Berne et moi-même, nous donnons la parole aux amateurs de vin, aux vignerons exposants, vous allez découvrir 4 reportages réalisés à l’occasion de BFV dont un sur le terrible épisode de grêle. De nombreux entretiens avec les acteurs de la filière également, allez entrez Côté Châteaux Bordeaux Fête le Vin c’est chai vous !
Bordeaux Fête le Vin 2022, l’édition des retrouvailles !Un public d’amateurs de vin et de cette grande fête populaire enthousiaste à l’idée de revenir sillonner les 1200 mètres de quais dédiés à ce patrimoine culturel qu’est le vin… « J’adore tellement la ville de Bordeaux que dès que je peux, je viens à la fête du vin… »
Depuis 2018, l’édition des 20 ans il n’y avait pas eu de fête du vin. Aussi anglais, belges, suisses, espagnols sont revenus en nombre :« nous on vient de Suisse , pour moi c’est une découverte, ce n’est que du bonheur… » « Je suis plus que prêt à faire la fête, Bordeaux c’est le QG du vin dans le monde, où voulez-vous trouver meilleur vin? « commente cet anglais.
Et entre deux averses, les éclaircies ont tout de même prévalu, notamment les jeudi et vendredi soirs : « c’est super, la température est parfaite et il fait beau », « c’est bon, c’est frais, là à l’heure de l’apéro, c’est extra, il ne manque plus que le saucisson… » « c’est super sympa, cela a manqué ces dernières années avec le covid, on est vraiment content de retrouver tout cela… C’est une super ambiance dans tous les stands, dans toutes les animations… » « C’est vraiment formidable sur les quais dans un cadre magnifique », autant de réactions plutôt emballées par cette 11e édition.
L’objectif sur ces quais c’est de faire déguster des vins de terroirs…« C’est exactement cela, et cela permet au consommateur de découvrir plein d’autres vins, on partage, on leur transmet notre passion et on peut prendre le temps quand il n’y a pas trop de monde de leur expliquer ce que l’on fait et de partager un moment, la convivialité », commente Pierre Rebaud du château de la Rivière... « quand on fait un bon travail à la vigne, après c’est beaucoup plus facile au chai et on fait des belles choses. »
Cette édition, c’est aussi une démarche environnementale un peu plus affirmée, voulue notamment par la mairie verte de Bordeaux, comme le souligne Julie Mounet Brun du château Moulin des Laurets en Puisseguin: « beaucoup de châteaux sont certifiés aujourd’hui, on ressent effectivement que c’est une demande des consommateurs, de voir des vins qui correspondent au profil gustatif qu’ils recherchent …mais aussi avec des manières de produire aujourd’hui où on fait attention à la biodiversité, à la manière où on consomme de l’eau et où on rejette des effluents dans la viticulture… Effectivement c’est une des attentes des consommateurs de vins aujourd’hui… »
Vous verrez également à travers un reportage que Bordeaux Fête le Vin aura commencé une semaine plus tôt avec les avant-premières de Bordeaux Fête le Vin et les restaurants et cavistes de Bordeaux Métropole qui ont été associés…
C’est aussi l’occasion de retrouver sur les grilles du Jardin Public une magnifique exposition signée par Guillaume Bonnaud, photographe à Sud-Ouest, qui a avec Xavier Sota sorti un ouvrage intitulé les « Gueules de Bordeaux » : « sur les grilles du Jardin Public, ce sont 23 belles gueules des Bordeaux Supérieur… Au total, il y avait 50 vignerons représentés dans le livre (sorti aux éditions Sud-Ouest), cela montre le travail du vigneron tout au long d’une année », à l’instar de Sylvie Courselle du château Thieuley dans sa cuve: « elle en bave, elle en bave, elle est rentrée dans la cuve pour sortir après tout le raisin, après la fermentation alcoolique, c’est très physique, on rentre dans la cuve et on a toutes les émanations du vin, et ensuite il faut sortir le mou, pour pouvoir le jeter et ensuite nettoyer la cuve… »
Une séquence tournée sous la pluie et qui n’est pas sans rappeler tous ces aléas climatiques, gel, grêle, sans parler du mildiou et des maladies… Une grêle qui a touché plus de 14000 hectares en juin dans le bordelais et notamment les soeurs Rozier du château des Arras à Saint-Germain :« on peut vraiment penser à elles, elles ont tout perdu, la grêle est passée, et déjà en 2017 quand j’ai commencé ce travail là on a été confronté au gel et on a failli arrêter carrément le reportage sur ces 50 vignerons car beaucoup avaient gelé… On a pris le parti de continuer car cela fait partie des aléas du viticulteur , mais c’est vrai que pour Anne-Cécile Rozier, sa soeur et sa mère, c’est gravissime… » Vous aurez l’occasion d’ailleurs de voir ou revoir un reportage qui leur a été consacré le 24 juin dans le jt de France 3 Aquitaine. « Je suis fière de nous car on a monté cela (une visite des autorités sur leur vignoble très touché), on s’est dit ce n’est pas possible faut qu’on se réunisse, il faut qu’on soit soudé », témoigne Marie-Caroline Rozier, du château des Arras…« Les vins que je vends aujourd’hui paient les avances que j’ai faites pour la récolte précédente, mais cette récolte que je ne vais pas avoir ne va pas payer ce que j’ai avancé ces derniers mois. »
Entre 2 averses, l’occasion est trop belle de se retrouver à la Cité du Vin au bout des quais, remplie de monde, avec Frédéric Lot et Gérard Spatafora qui ont écrit et co-produit un documentaire de 90 minutes narré par Jeffrey Davies « Eastbound Westbound, a winemaker’s story from Bordeaux and California », un film réalisé et co-produit par Julien Couson: « le coeur du sujet c’est comment se sont mises en place les relations culturelles entre les vins de Bordeaux, la France et les Etats-Unis et les vins californiens en l’occurrence… ce par l’intermédiaire d’un personnage clé, historique Thomas Jefferson, futur 3e président des Etats-Unis« , commente Frédéric Lot.
« Jeffrey Davies est le narrateur et co-auteur du film, il suit cette enquête à travers des rencontres », selon Gérard Spatafora : « il est allé voir la famille Tesseron, avec ses enfants, et puis Madame Adams qui est américaine et qui a un château à Saint-Emilion, nous avons aussi Claire et Gonzague Lurton , et puis bien sûr le Prince Robert du Luxembourg, sans oublier une personnalité très importante qui est Robert Parker… »
Un film docu présenté à Cannes « dans le cadre du marché du film qui est un salon business à la fois films, documentaires, séries, fictions, nous avons fait la même choses à La Rochelle consacré aux documentaires et nous avons inscrit également ce film dans douze festivals… »
Au Belvédère de la Cité du Vin nous retrouvons Christophe Chateau commissaire général de BFV, l’organisateur qui apporte son éclairage sur cette édition particulière avec ces vignerons (dont Yann Arthus Bertrand a tiré le portrait de ceux de Blaye en expo dans les jardins de la Cité du Vin et qu’il inaugure ce lundi 11 juillet) ont subi de gros dommages au mois de juin : « ça a été très dur de démarrer la semaine avec ce terrible orage de grêle lundi soir (20 juin) qui a dévasté près de 10 000 hectares du vignoble, le moral des troupes n’est pas au beau fixe, il faut l’avouer, mais au contraire on se serre les coudes et il faut regarder devant, reconstruire et on essaie de célébrer la fête et venir rencontrer les consommateurs pour remonter le moral des vignerons sinistrés. »
Avec nous il y a le ministre belge, président de la région Bruxelles-Capitale, Rudy Vervoort : « nous participons avec les vins de Bordeaux à une activité tous les ans qui s’appelle « Eat! Brussels, drink ! Bordeaux », c’est l’occasion pour nous de faire venir les vignerons bordelais pour qu’ils présentent leurs produits dans un cadre festif, de partager le travail des vignerons et celui de nos chefs, nos grands cuisiniers…Ce sont des journées où on célèbre l’amitié entre Bordeaux et Bruxelles. »
Bordeaux Fête le Vin a énormément été dupliqué ces dernières années et récemment à Liverpool : « tout-à-fait, on était il y a 15 jours à Liverpool, Liverpool nous avait invité en 2018 quand Bordeaux accueillait la Tall Ship Regatta, les bateaux partaient de Liverpool pour aller à Bordeaux et on a noué des liens très forts avec eux et on a fait un Taste Liverpool, drink Bordeaux où ils se sont un peu inspiré de l’idée bruxelloise pour mettre en avant la gastronomie et les chefs de Liverpool, et cela a été une très très belle édition… », selon Christophe Chateau.
Par rapport à l’édition 2018, beaucoup moins de bateaux présents le long des quais mais tout de même le Belem et puis le Nao Victoria (réplique du 1er bateau de Magellan à avoir fait le tour du monde) où l’on retrouve Romain Bertrand de Gironde Tourisme, en charge de l’oenotourisme au sein de Bordeaux Wine Trip : « c’est le réseau qui rassemble l’ensemble des acteurs qui font de l’oenotourisme en Gironde, essentiellement des châteaux viticoles, mais aussi des hébergeurs, des restaurateurs, des prestataires d’activités de pleine nature, tout ceux par qui on peut découvrir ce qu’est le vignoble bordelais. »
« On a un site Bordeaux Wine Trip qui est le portail de l’oenotourisme en Gironde, où l’on retrouve toute l’offre qui existe…Et on a souhaité créer depuis 3 ans Pulpe, un média pour rendre tout cela plus vivant et montrer ce qu’est le vignoble bordelais…. »
La fin de ce numéro spécial est toute aussi spéciale, puisqu’elle se termine en musique et en dégustation ludique sur le stand de l’Ecole du Vin qui chaque soir propose des ateliers Rock and Wine… « Super, alors là c’est fantastique, c’est vraiment top, top, top…. »« On a vraiment une très grosse ambiance, on voulait au départ un atelier extrêmement ludique, en alliant un groupe de musique qu’on connaît bien et le vin, en montrant qu’à chaque étape de la dégustation on pouvait aussi accorder la musique et le vin… Le public est super enthousiaste, on essaie de les faire danser à la fin, parce qu’on est sur Bordeaux Fête le Vin et il faut impérativement que les gens s’amusent… », commente Benoît Manuel Trocard de l’Ecole du Vin.
A vos tablettes… Ce numéro spécial dégustations primeurs du millésime 2021 arrive le 18 mai à 20h10 sur France 3 NOA. Vous aurez la primeur des analyses pertinentes de Jacques Dupont, Yves Beck et Jean-Marc Quarin, mais aussi celle de nombreux dégustateurs, importateurs, vignerons et de Ronan Laborde, président de l’UGCB. Un très joli numéro de haute tenue réalisé par JPS avec Alex Berne. Yep.
Durant cette semaine, les dégustateurs ont l’embarras du choix… Par où commencer, Bordeaux est tellement vaste. En ce lundi 25 avril, il faut bien se décider. Côté châteaux vous emmène tout d’abord en Pessac-Léognan au château Latour-Martillac…
Dans ce chai de dégustation, on y croise déjà 2 Champenois Olivier Gayet et son frère Jérôme, heureux d’être de retour pour ce bel événement : « nous cela fait plusieurs années qu’on n’a pas pu en profiter, et en plus on découvre un château méconnu, et en plus on a le beau temps qui est avec nous dans un endroit chaleureux, il n’y a pas trop de monde c’est bien distancé, tout est au rendez-vous pour passer un bon moment… »
Pour Thimothée Bouffard, célèbre courtier en vins de la place de Bordeaux :« C’est un millésime remarquable sur tout point de vue, nous avons des vins de bonne qualité grâce essentiellement au cabernet quand même, pour ceux qui ont pu attendre la maturité optimale nous avons de très très bons vins…et je me régale, je suis en très de goûter tous les blancs c’est remarquable… »
Pour Richard Bampfield, dégustateur indépendant : « je viens d’Angleterre, on savoure vraiment le rouge, il se boit facilement, il est frais, il est aussi très fruité… Je le trouve beaucoup plus léger que les millésimes précédents, mais je crois que c’était attendu…C’est vraiment un millésime très agréable qu’on nous propose durant les primeurs, d’abord parce qu’il est facile à boire, il y a une grande variété en fonction des domaines notamment pour les rouges… C’est une vraie chance de les découvrir, et maintenant je vaius m’attaquer aux blancs… » Prêt pour les acheter ? « Bien sûr je suis Anglais et toujours fidèle aux Bordeaux… »
« Très beau nez, fin, du floral, un miel très léger… » commente d’emblée Alain Segelle sommelier-conseil et EcriVin pour qui : « c’est ma 37e année, j’ai toujours été un fervent des primeurs, j’ai une belle clientèle qui me suit… Plusieurs de mes références seront manquantes cette année notamment à cause du gel et du mildiou. Ce qu’on goûte là est très très joli, les blancs sont magnifiques. Ceux qui vont jouer sur l’assemblage, sur le travail au chai devraient faire de très jolis vins… »
Pour José Rodrigues-Lalande, ingénieur onologue propriétaire des châteaux Pont-Saint-Martin et Roche-Lalande en Pessac-Léognan :« c’est un très beau millésime, difficile en 2021, mais je pense qu’ici la plupart des viticulteurs ont réussi à extraire le fruit, le peu de fruit qu’il y avait mais joli et comme on a eu des rendement un peu faibles, on a quand même une belle extraction; ce sont des vins qui vont être assez puissants, limités en volume mais de très grande qualité… »
Confirmation auprès de Jacques Lurton, le tout nouveau Président du Syndicat Viticole des Vins de Pessac-Léognan : « absolument un millésime de vigneron mais avant tout un millésime de terroir, puisque ce sont les meilleures parcelles qui se sont révélées cette année dans un millésime un peu frais, un peu compliqué, et effectivement un millésime de vigneron à cause de la gelée on n’a pas bénéficié de l’ensemble du potentiel de nos raisins et on a été obligé de travailler avec tout ce que nous avons pu récolter… »
Effectivement, cela devient dur à Bordeaux avec ces aléas climatiques et aussi ce réchauffement avec la pousse de la vigne qui l’an dernier a eu 15 joursà 3 semaines d’avance, et puis encore cette année sur le millésime 2022 : « oui, mais heureusement cette année la vigne n’avait pas d’avance car on a eu un très bel hiver, il y a eu une belle dormance, la vigne a commencé à se développer tout début avril…Et quand est arrivée la gelée début avril il y avait très peu de bourgeons sortis, d’une façon générale ici les gens ont perdu entre 5 et 10% et ce n’est pas le drame que nous avons subi l’an dernier. »
Ces primeurs sont un grand show, est-ce que cela se joue sur quelques marques ou d’autres vignerons peuvent en profiter ? « Cela crée un phénomène d’entraînement, il y a d’autres gens qui en bénéficient un petit peu, mais moi qui ai un pied dans l’Entre-deux-Mers, je peux vous dire qu’il y a certaines régions de Bordeaux qui n’ont rien à voir avec les primeurs…Il n’en bénéficient pas (directement) mais ils bénéficient de la notoriété que cela attire à Bordeaux car grâce aux primeurs nous attirons le regard des acheteurs du monde entier, qui viennent à Bordeaux et portent un intérêt sur notre région…. »
Focus sur la tournée de Jacques Dupont, journaliste du Point dans le Médoc, accompagné d’ERic Beaumard directeur du Cinq du Georges V à Paris. POur Jacques Dupont : C’est un millésime très différent des millésimes solaires qu’on a connu en 2018, 19 et 20… », commente Jacques Dupont. « C’est un millésime plus frais, et en plus avec une météo compliquée à gérer, on est sur des vins beaucoup plus légers, plus tendres que les 3 précédents… »
La climatologie de 2021 a été très particulière avec un fort épisode de gel du 6 au 8 avril sur le bordelais, un peu moins sur ces terroirs du Médoc visités ce matin, et plus de 200 millimètres de pluie tombés en juin (entraînant du mildiou), un millésime qu’il ne fallait d’abord pas louper à la vigne.
« On a eu la chance de ne pas avoir de gel, de traiter en temps et en heure les vignes…. », commenteMichel Reybier propriétaire du château Cos d’Estournel.« Et à la sortie, on a un millésime qui est rempli d’équilibre, qui a des tanins et une qualité qu’on n’avait pas vue depuis quelques années et qui va être pour moi un millésime extrêmement bordelais et qui va se garder dans le temps… »
« Le timbre estextrêmement dynamique avec des vins moins fort en alcool,qui nous permettent d’associer des vins et des mets beaucoup plus facilement et avec un éclat de fruit exceptionnel. L’intérêt c’est surtout la diversité des climats et des millésimes, ce qui fait que c’est unique pour cela… », selonEric Beaumard directeur du Cinq.
« C’est la fashion week du vin, tout le monde est là, tous les grands dégustateurs, tous les grands critiques, et il faut que nos vins plaisent, il faut montrer le style de l’année et c’est bien entendu un enjeu économique il faut que le vin se vende et dans 4 0 5 mois on a un nouveau millésime qui arrive », selonPhilippe Castéja Président du Conseil des Crus Classés en 1855.
Le deuxième énorme spot de la dégustation de ces primeurs est bien sûr le Hangar 14 sur les quais de Bordeaux avec le grand rendez-vous de l’Union des Grands Crus qui organise la Semaine des Primeurs. Nous y retrouvons Jean-Marc Quarin, dégustateur indépendant des vins de Bordeaux : « j’en ai déjà goûté entre 250 et 300, je viens ce matin pour vérifier certaines choses puisque je goûte à peu près 2 ou 3 fois et j’aime bien vérifier… Et avec quelques belles surprises : « ce qui est étonnant, c’est de voir des notes de dégustations aussi hautes alors que les conditions climatiques ne laissaient pas espérer cela. C’est la bonne surprise, après c’est un millésime hétérogène, mais le plus important c’est de dire que la dégustation nous donne une photo de cette année qui n’est pas tout-à-fait en correspondance avec ce qu’on pouvait craindre… Et il y a des résultats qu’on ne pouvait pas prévoir de mon point de vue aussi hauts… »
Et de déambuler dans les allées, entre les différents villages et AOC viticoles Margaux, Saint-Estèphe, Pauillac…. Et de s’arrêter par exemple en Saint-Julien au château Gruaud-Larose…« Toutes les couleurs cette année sont belles, le plus important ce sera la fraîcheur du nez et la pureté du nez… Là c’est très délicat, assez intense, très subtil, c’est un millésime très aromatique et après en bouche, j’essaie de voir ce qui se passe à l’entrée, au milieu, très important cette année car les conditions climatiques n’ont pas généré tout le temps un milieu de bouche, là c’est la qualité des assembleurs c’est leur boulot et après c’est la finale… On constate cette année une volonté dans le Médoc de mettre un peu plus de cabernet sauvignon que d’habitude… Bordeaux redécouvre cette année des millésimes avec des petits degrés d’alcool, mais avec un savoir faire acquis sur plus de 10 ans… «
Petit arrêt chez château Siran que Jean-Marc Quarin qualifie d' »outsider » : « beaucoup de fruit, un moelleux délicat, pas de tannins, du parfum qui reste c’est ça aussi la caractéristique du millésime… » « Un millésime classique, comme on faisait dans le passé, très cabernet, très petit verdot, en recherchant la délicatesse et le fruit… », commente Edouard Miaihle du château Siran.
Puis dégustation de Jean-Marc Quarin à château Angludet : « un vin dont le goût est supérieur à ce que l’étiquette laisse paraître, ici pas de classement, mais en appellation Margaux, il ont décidé de ne pas gonfler le vin, tout dans la finesse… »Daisy Sichel, directrice communication et marketing du château Angludet : « on a réussi à faire un vin dont on est très très fier, on a tenu bon, jusqu’au bout, après le gel à répétition et la pression mildiou assez intense…et des vendanges très compliquées et très tardives.. »
Vous pourrez voir aussi dans ce magazine qu’à Bordeaux il y a aussi des vignerons qui se défendent en dehors des crus classés et même des appellations avec des vins sans Indication Géographique, des vins de France : lire ou relire ici « Bordeaux : ces vignerons qui ont une patte et s’éclatent en vins de France »
Et d’avoir l’expertise de Ronan Laborde, le président de l’Union des Grands Crus depuis le Hangar 14 derrière ces fabuleuses lettres illuminées de primeurs : « c’est l’édition des retrouvailles ! Les 2 dernières éditions des primeurs ont eu lieu de façon déployée, dans le monde entier, dans chaque grande métropole on avait organisé des sessions de dégustation, parfois on envoyait des services de dégustation, et après 3 ans d’absence c’est le retour à Bordeaux… »
On est agréablement surpris par la fréquentation : plus de 5000 personnes enregistrées de plus de 70 nationalités, plus d’étrangers que d’habitude, sensiblement plus d’américains, plus d’anglais et d’européens, un peu moins de français, et moins d’asiatiques, 500 manquent à l’appel, on espère les retrouver très prochainement », Ronan Laborde président de l’UGCB.
« Il y a un engouement, beaucoup d’intérêt, on verra l’état d’esprit de nos clients à l’issue de cette semaine mais déjà les retrouvailles et les sourires sont très agréables. «
Quand au sytème des primeurs va-t-il perdurer ? « La réponse, on l’a eue il y a deux ans, la période covid nous a amené à faire une introspection, à réfléchir, sur beaucoup de sujets, commerciaux, primeurs, environnementaux, et les réponses on les a… On a eu une campagne 2019 qui a été stratosphérique, avec de belles valorisations, confirmées par la campagne primeurs 2020, et aujourd’hui on voit avec ce millésime 2021 il y a énormément d’intérêt…donc oui la majorité des grands crus sont engagés fidèlement dans ce système des primeurs…. »
Malgré l’absence de Robert Parker qui a marqué ces primeurs durant des années, il y a désormais une multitudes de dégusateurs :« je crois qu’il faut que toutes les sensibilités puissent s’exprimer, un vin c’est comme une oeuvre d’art, on aime on peut moins aimer il y a des choses objectives, d’autres subjectives, aujourd’hui on a la chance d’avoir une grande richesse au sein de la critique, avec une influence internationale ou un peu plus locale…mais nous on aime s’enrichir de tout cela… »
La dernière partie de Côté Châteaux vous transporte rive droite à Saint-Emilion avec des importateurs venus du monde entier en avion et en bus jusqu’aux propriétés comme ici à château Pavie, 1er cru classé A de Saint-Emilion…
« Oui c’est important, c’est la première fois pour moi en 4 ans, qu’on peut revenir déguster le nouveau millésime et en plus avec le beau temps au rendez-vous… », témoigne Lee Crymble, importateur britannique… Quant à savoir comment il joue ce 2021 ? « C’est plutôt une bonne surprise jusqu’à présent… Là, c’est encore un peu tôt pour se faire une opinion, il reste encore toute la semaine… »
Parmi les invités de marque, Yves Beck, the Bechustator, accueilli par Angélique Perse-Da Costa… » C’est Taritol, le directeur commercial de YvesBeck.Wine… Il me suit partout, quand je déguste mal il grogne…mais ça va là pour l’instant il est content… »
Et comment trouve-t-il Yves Beck ces 6 vins des propriétés présentés par la famille Perse : « c’est totalement différent des 3 millésimes précédents , c’est peut-être un retour aux sources, il tombe bien ce millésime finalement…On est sur des profils plus élancés, plus tendus, plus frais, sur des alcools plus bas, en fait il a tout fait ce que les marchés demandent…On peut se dire que c’est sympa, il y a des structures acides qui vont mener ce millésime très loin…Avec une colonne vertébrale de ce type, on n’a vraiment pas de souci à se faire quant aux capacités de vieillissement. Les gens décident eux-mêmes quand ils veulent boire le vin…Et ils ont bien raison. Ils auront beaucoup de plaisir dans 10 ans et leurs petits-enfants dans 30ans…
On a des tannins qui arrivent rapidement, ils sont serrés, mais ils sont veloutés, les résultats sont franchement convaincants…. »
Quant aux prix ? Il va falloir que ce soit en dessous des 2018 ? « Je vois mal une baisse de prix dans le contexte actuel… Il y a eu de dégâts de gel… Allez demander à des vignerons qui ont eu 40, 50 à 60% de pertes d’aller baisser les prix, je ne suis pas convaincu qu’ils vont se réjouir à cette idée… Les vins très chers à Bordeaux, il y en a une vingtaine très chers et quelques milliers qui sont compétitifs, très intéressants au niveau prix, c’est peut-être de ceux -là dont il faut parler… tout le monde rêve peut-être de rouler en Ferrari mais finalement il n’y en a pas beaucoup qui en achètent ! »
Un bon mot pour rappeler que rien ne sert de courir…il faut partir à point et que dans les vins, les pépites ne manquent pas du moment où l’on sait les chercher.
Bon choix de vins en primeurs ou en livrables. Carpe Diem. Et n’oubliez pas chers amis épicuriens ce beau numéro réalisé avec mon compère Alexandre Berne à voir le 18 mai à 20h10 sur France 3 NOA.
C’est un nombre tout rond, un numéro 30, déjà. Côté châteaux souhaitait marquer le coup et pour l’occasion vous propose de faire connaissance avec une nouvelle génération de vigneronnes… Alex Berne et moi-même, nous allons vous présenter les soeurs Rozier du château des Arras, Estelle Roumage du château Lestrille avec son équipe féminine et Mélanie Cisnéros du château de Rouillac…
Bienvenue au château des Arras à Saint-Gervais en Gironde. Ce sont Marie-Caroline Rozier, 36 ans, et Anne-Cécile, 34 ans qui nous accueillent en descendant l’escalier à double révolution de ce château du XVe siècle…
Pour elles le fait de bousculer un peu l’ordre établi et cette profession à la base surtout masculine, en fait « on n’y pense pas trop » confie Anne-Cécile... »On ne se pose pas trop de question , en tout cas on avance, ce sont des challenges au quotidien, être viticultrice c’est ça le challenge, plus que le fait d’être une femme peut-être… », renchérit Marie-Caroline. « On est en bio, certifié sur le millésime 2021, et en fait le plus compliqué ce sont les années en amont car on ne valorise pas le produit, qui nous demande beaucoup plus de temps et de moyens donc oui cela a été un gros challenge… »
Anne-Cécile est elle directrice technique du domaine ce qui lui confère une double casquette cheffe de culture et maître de chai... »Oui, triple et même quadruple, j’ai arrêté de les compter, mais oui je m’occupe surtout des vignes et du chai.. » Un boulot pas de tout repos car confrontée aux aléas climatiques et notamment au gel : « ben, ça n’arrête pas en fait en 2016, 17, 18, 19 et 20…On a toujours un petit bout qui a gelé et le pire ça a été en 2017 où on a perdu 80% »
Ce château c’est un peu la maison du bonheur avec pas mal de mascottes entre les chiens, les chats, les chevaux et les brebis maintenant... »Oui on est bien entouré… Gaïa c’est elle qui nous a inspiré pour les étiquettes…J’ai nommé le vin blanc de son nom car je voulais faire un petit clin d’oeil avec Anne-Cécile qui a créé cette cuvée ce vin blanc qui du coup s’appelle la cuvée Gaïa, car Gaïa c’est la déesse grecque de la terre mais aussi la chienne bien bruyante qui nous accompagne tous les jours… » Il y a aussi Valencia : « on avait fait une cagnotte pour les 60 ans de maman, on pensait qu’elle allait s’offrir un voyage et au final on lui a acheté un poney… »
Depuis l’époque de la maman Claudine où il n’y avait que 3 cuvées, la gamme a augmenté : « on en a une dizaine, du blanc au rouge, et on a aussi le rosé depuis toujours… C’est vrai qu’il faut étoffer la demande avec notre merlot, notre cabernet sauvignon et notre clos d’Elles et cette année on lance aussi le moelleux avec la muscadelle, parce qu’on voit qu’il y a aussi une demande sur le sucré en fait pour attirer les jeunes consommateurs qui découvrent l’univers du vin… »
Preuve que ces jeunes en veulent et se font déjà remarquer, Anne-Cécile a fait la couverture du livre Gueules de Bordeaux réalisé par Guillaume Bonnaud et Xavier Sota aux éditions Sud-Ouest…
Petit détour dans l’Entre-deux-Mers à Saint-Germain-du-Puch, nous voici au château Lestrille en compagnie d’Estelle Roumage : « je suis revenue à la propriété en 2001, c’est mon père qui était viticulteur à l’époque et le passage de témoin s’est très bien passé en douceur… »
Cette propriété a la particularité d’être très féminisée : « effectivement à Lestrille il y a en proportion 2/3 de femmes et 1/3 d’hommes, on est 5 aujourd’hui, voilà Laetitia qui s’occupe de toute la commercialisation en France et de l’administratif également, Fanny s’occupe de la boutique, des événements et de la location de la salle de réception et des réseaux sociaux, Valérie et Sylvia travaillent ensemble Sylvia est maître de chai et Valérie est polyvalente aussi bien au chai qu’à la vigne… C’est vrai il y a 20 ans quand je suis revenue les femmes étaient plus cantonnées aux métiers de commercialisation et de marketing, et puis petit à petit les métiers se sont développés sur la partie vinicole, gestion du chai et sur les direction techniques. » Dans les chais on a un petit peu plus de femmes, c’est aussi lié à la sensibilité un peu particulière des femmes, qui sont aussi un peu plus soigneuses du travail à faire sur les barriques… Cela évolue avec de plus en plus de promotions d’oenologues de plus en plus féminines, je pense que maintenant on a dépassé les 50-50, on doit être plus 60-40 au niveau des femmes… »
Avec son domaine de 44 hectares, Estelle Roumage a pas mal privilégié les vins blancs secs:« c’est vrai lorsque je suis revenue sur la propriété, je revenais de Nouvelle-Zélande où j’avais fait des vinifications dans la région de Malboro spécialisée dans les vins blancs…et cela m’a vraiment donné envie de produire plus de blancs sur la propriété, donc on est passé de 2 hectares il y a 20 ans à 15 hectares maintenant… Estelle a eu le nez creux car aujourd’hui les blancs secs ont le vent en poupe comme vins d’apéros : « oui tout-à-fait c’est vraiment une porte d’entrée pour nous, à l’export on rentre souvent chez de nouveaux clients grâce à notre Entre-deux-Mers, et ensuite cela nous permet de vendre nos rouges également… »
Un domaine qu’elle amène de plus en plus vers une démarche environnementale : « j’ai eu la chance de revenir sur un domaine qui était déjà en agriculture raisonnée depuis le début des années 80, on est HVE depuis une dizaine d’années et en 3e année de conversion bio, donc l’année prochaine si tout va bien on sera certifié…On est certifié bee briendly aussi pour la protection des abeilles… Donc on est vraiment dans cette démarche là, oui… »
Notre dernière partie nous emmène au château de Rouillac, propriété de la famille Cisnéros, à Canéjan où Mélanie nous accueille dans cette fameuse propriété qu’avait acquise le Baron Haussmann en 1864 et où il avait fait construire de fabuleuses écurie que font revivre la famille Cisnéros : « exactement, nous on a remis en couleur ces écuries, car moi je suis passionnée par le monde du cheval depuis l’âge de 4 ans et devenue passionnée par le monde du vin quand on a racheté le domaine en 2010 et on travaille les vignes avec des chevaux de trait. Sur 26 hectares, on travaille avec eux 18 à 20 hectares du vignoble… »
« Je vous présente Titan de Rouillac qui est là depuis qu’il a 3 ans(c’est la mascotte du château), maintenant il en a 11et il travaille pleinement sur le domaine… » Un beau bébé qui pèse tout de même 900 kilos… « Et on a une femme, Lise comme meneuse pour nos chevaux de trait… »« Il y a plusieurs travaux dans la vigne, qui permettent de gérer l’enherbement, aérer les sols et éviter les tassements…Avec les chevaux on évite ce phénomène et on conserve comme cela des sols vivants, meilleurs pour la vigne et le vin… », commente Lise Benard
Ce château c’est bien évidemment l’histoire aussi du papa Laurent Cisnéros : « mon père a changé de vie, il a une une première tranche de vie dans le foot puis l’énergie chauffage pour arriver en 2009-2010 dans ce magnifique domaine viticole ». « C’est avant tout une fierté et une belle émotion, quand chaque jour je vois ma fille qui ardemment s’occupe de la propriété, et fait vivre ce terroir, évidemment il y a une fierté de papa qui est immense… », commente Laurent Cisnéros.
Quid de l’âge quand on va sur des salons comme Bordeaux Tasting, est-ce facile de se faire reconnaître ? « Oui, il y a de plus en plus de jeunes, de plus en plus de femmes, dans ce milieu et nous on a notre identité bien à nous aussi, avec notre histoire un peu particulière. Làj’ai choisi le blanc de Rouillac (à déguster), car on a la chance de travailler avec Sophie Burguet qui est là depuis le début, depuis le commencement et à Rouillac sur nos 26 hectares on a 3 hectares de blanc….Avec, le Dada de Rouillac, on est là sur la cuvée spécial avec des vins sur la vivacité, plus sur le minéral, facile à boire, sur sa jeunesse, à l’apéritif… »
Et question dada, Mélanie conjugue son autre dada : « exactement nous on est passionné par le monde du cheval, on a dans nos écuries nos chevaux de sport car on fait de la compétition, du jumping, père et fille, on a nos 3 chevaux, donc on a nos 3 dada… On a notamment gagné le jumping de Bordeaux sur la dernièer édition en 2020, avec mon père et une amie de la famille… »
Côté Châteaux, à voir ce soir mercredi 20 avril à 20h15 sur France 3 NOA, réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne :
A voir le 23 mars prochain sur France 3 NOA à 20H20, ce numéro 29 tout en saveurs de Côté Châteaux. Votre magazine sur les terroirs de Nouvelle-Aquitaine s’attarde sur les 700 ans du Consulat de la Vinée. Un sacré anniversaire qui ne nous rajeunit pas et qui sera fêté en juillet prochain à Bergerac. Un numéro réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne.
16 janvier 1322 – 16 janvier 2022… 700 ans, rien que cela. Bergerac s’apprête à célébrer cet acte par lequel le seigneur de Bergerac Renaud de Pons a octroyer l’apposition de la marque à feu (une patte de griffon) sur les fûts de vins de Bergerac…
Nous commençons ce Côté Châteaux en plein travaux dans la vigne du châteaux Court-les-Mûts à Razac de Saussignac avec Yohan qui réalise pas mal de travaux de remise en état de la vigne à travers « la taille, le tirage des bois, le carrassonnage et le pliage… » Et au beau milieu des vignes, une forêt de fleurs jaunes nous interpelle avec « la ravanelle cousin du navet, « ca peut se manger en soupe, et les feuilles en salade… »
Dans son chai nous attend, Pierre Jean Sadoux, vigneron depuis 1971, issu d’une longue tradition, il nous fait découvrir une photo de 1919 avec son grand-père qui était compagnon tonnelier et une autre « des vendangeurs de 1891 avec une équipe de 70 personnes,… des dames qui coupaient le raisins et aussi 2 gamins qui avient une douzaine d’années et qui pouvaient travailler un petit peu. »
Et de revenir sur la marque à feu : « c’était tout simplement pour contrôler la qualité des vins et être sûr de leur authenticité et leur permettre par la suite de partir par le port de Bergerac, bref cela prouvait que c’était des vins de bonne qualité, qui étaient « loyal » et « marchand »…
Et de découvrir les vins le trésor de Pierre-Jean Sadoux, ses vins élevés en barriques « au dernier salon que nous avons fait, on a eu des gens qui nous ont dit, on a dégusté une bouteille à vous qui avait 12 ans, 15 ans, ils nous font quelques compliments et cela sert à continuer le métier… » Et de déguster un de ses blancs secs fermenté et élevé en barrique durant 9 mois…
Et de rappeler la consécration des vins de Bergerac avec la création des AOC à partir de 1936... » mais on peut remonter aussi aux années 1300 et à 1254 où le roi d’Angleterre avait donné des privilèges aux vignerons de Bergerac, et après avec le Consulat de la Vinée qui était le conseil d’administration de Bergerac et c’est ces gens là qui décidaient de la commercialisation, de l’avenir et du bon cheminement des affaires des vignerons de Bergerac… Bergerac a eu ses heures de gloire et on se sert de son passé pour aller vers l’avenir, Bergerac a des atouts importants avec nos sols, terroirs et vignerons… »
Et même si le terroir peut donner de bons vins, les quantités ne sont pas toujours là comme en 2021 : » ah oui, ça c’est le métier de vigneron, toujours sur le fil du rasoir, notre propriété est réputée non gélive et là elle a gelé non seulement en 2017 mais elle a regelé en 2021… » En 2021, justement on a produit en Bergerac et Duras seulement 425400 hectolitres, alors qu’habituellement on dépasse les 500 000… »
L’histoire du Consulat et notre périple se poursuivent à Monbazillac, à la rencontre de Francis Borderie, 3e génération de vigneron au château Poulvère, une dépendance du château de Monbazillac remontant au XVIe siècle… A partir de cette époque là le territoire de la Vinée s’est étendue au sud de la Dordogne…
Il y a eu à cette époque une forte commercialisation des vins de Monbazillac avec la Hollande et notamment de ce château qui a l’époque s’appelait Poulvère Rose Boissière… « A Monbazillac et Bergerac, il y avait beaucoup de protestants à cette époque là, ils sont partis en Hollande au moment de l’Edit de Nantes et avec eux ils sont partis avec le vin de Monbazillac car ils adoraient les vins blancs doux et il y avait un commerce florissant….Et d’ailleurs il y a eu un bateau l’Amsterdamer qui avait coulé au sud de l’Angleterre qui avait coulé avec toute sa production de Monbazillac, et cela j’en garde un souvenir incroyable car on est allé à Amsterdam en 1989, et on a découvert ces bouteilles un peu bizarres de 1747 et on l’a dégusté et c’était top… »
Francis consacre la moitié de ses 107 hectares de vignes à produire ces vins liquoreux… « On n’a pas à se plaindre à Monbazillac car tous les clients nous trouvent nos vins très fruités, pas trop sirupeux, avec un bon équilibre… »
Ce Côté Châteaux se poursuit bien sûr en bord de Dordogne à la rencontre de 3 consuls en habits et aussi avec le témoignage au cloître des Récollets de Yan Laborie, historien…« La culture de la vigne à Bergerac comme dans toute la vallée de la Gascogne est quasiment bi-millénaire, mais le vignoble de Bergerac n’a pris sa réalité commerciale, dépassant le stade de l’approvisionnement local pour devenir un vignoble exportateur, à partir du bas moyen-âge et jusqu’en 1320-1330… »
« En moins d’un siècle les bourgeois de la ville vont s’emparer de la maitrise de la culture de la vigne et de l’écoulement des fruits qu’elle donnait… Et naturellement l’ouverture vers l’Angleterre a été le premier marché des vins de Bergerac… Dans l’espace gascon, Bergerac se singularise dès cette époque en possédant une capacité d’écouler librement vers la mer sa production, en échappant au protectionnisme qu’essaie de mettre en place Bordeaux très tôt. Et l’outil majeur de cette liberté bergeracoise a été d’acquérir la libre descente en toute saison des vins par la rivière Dordogne… »
Et de rencontrer Anthony Castaing à Pomport qui incarne la nouvelle génération, avec son château Grange Neuve, mais qui déjà est membre du Consulat de la Vinée : « ca en jette, cela fait un grade, même si le titre n’est qu’honorifique, c’est une reconnaissance de la profession, une petite fierté de participer à la promotion des vins de Bergerac à travers cette confrérie… »
Comment se projette t on dans l’avenir « d’un côté positif car c’est une passion, mais avec le réchauffement climatique, avec de nombreux défis à faire face à l’avenir, avec le gel, le mildiou… »« La pate de griffon… On va continuer à faire perdurer cette tradition de Bergerac, mais le vin va encore évoluer par rapport aux défis climatiques, on voit bien qu’on a déjà des taux de sucres qui montent dans les vins, il va falloir s’y adapter, on doit faire avec moins de chimie… L’environnement c’est le défi d’aujourd’hui, il y a plein de vignerons qui sont en HVE, d’autres comme moi sont en conversion bio, et d’autres le sont déjà depuis quelques années… » Voilà donc une histoire et une transmission séculaire qui perdure et se transmet en Bergerac, grâce à ces vignerons et au Consulat de la Vinée…
Regardez le n°29 de Côté Châteaux réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne :