18 Nov

Côté Châteaux n°11: Sauternes et sa magie du botrytis

Côté Châteaux vous offre, pour ces fêtes de fin d’année et sur NOA, un numéro tout en douceur sur Sauternes. Vous allez découvrir ce grand terroir de blancs qui favorise la formation du botrytis cinerea, avec la magie du Ciron , et la fabrication de grands liquoreux. Jean-Pierre Stahl et Sébastien Delalot vous ouvrent les portes de 8 châteaux et vous font rencontrer des personnages hauts en couleur.  

Luc et Xavier Planty, l’histoire d’une transmission en terre de Sauternes © JPS

Côté Châteaux spécial Sauternes, un numéro 11 riche, non pas en sucrosité, mais en découvertes et en rencontres.

Tout démarre début octobre à Bommes en Gironde, pour les premières tries au château Sigalas-Rabaud (1er cru classé de Sauternes) avec Laure de Lambert-Compeyrot et son équipe qui nous expliquent le travail délicat de nettoyage de ces premières grappes, de ces premières baies à ramasser, des baies confites, botrytisées à souhait (c’est ce qu’on appelle la pourriture noble) pour réaliser ce fabuleux nectar de Sauternes, en jetant bien sûr la pourriture aigre.

Jean-Pierre Stahl, Béatrice et Eric Pothier du château Pick Laborde et Sébastien Delalot pour un numéro très suave de Côté Châteaux

Sauternes, ce ne sont pas que des crus classés, même s’il y en a beaucoup, nous avons en effet rencontré Eric Pothier vigneron à Preignac : « on existe depuis 1691, château Pick-Laborde n’est pas un cru classé, mais on tient notre rang à Sauternes avec toute l’existence de travail à Sauternes et la passion du botrytis. Je me suis installé en 2009 justement pour faire du botrytis. » Un vigneron qui a la foi ancrée au corps

Eric Pothier et son épouse Béatrice au château Pick Laborde à Preignac © JPS

Pour être vigneron en France, il faut avoir la foi, mais encore plus à Sauternes », Eric Pothier château Pick Laborde.

 « On est vraiment dans un travail d’artisan, d’orfèvre, avec aucune garantie de réussite, il faut aimer l’aléatoire, la magie qui arrive ou qui n’arrive pas. Et cette année, on a ce qu’il faut. Pour celui qui est passionné de botrytis, il est arrivé subitement après beaucoup de galères, » explique  Eric Pothier qui fait partie de la coopérative des Vignerons de Tutiac présents également dans le Sauternais.

Luc Planty a repris la direction de château Guiraud à seulement 32 ans © JPS

Côté Châteaux a choisi également de faire le portrait de Luc Planty, 32 ans, pour qui ce sont ses premières vendanges en tant que responsable du château Guiraud, 1er cru classé de Sauternes, l’histoire d’une transmission et d’une passion partagées avec son père Xavier figure et président de l’ODG Barsac Sauternes. « La transition, on a commencé à la préparer depuis de nombreuses années, avec des prises de responsabilités au fur et à mesure… »

Ce domaine a été fondé par Pierre Guiraud en 1766, un ancien négociant protestant de Bordeaux. Un domaine qui n’a jamais cessé d’être pionnier : « la particularité de Guiraud c’est d’essayer de se démarquer  côté écologique avec depuis 1996 un travail sur la biodiversité. »Une voie qu’a tracée son père Xavier Planty, co-propriétaire du château avec les familles Peugeot, Neipperg et Bernard. Je les retrouve d’ailleurs tous deux  dans le chai en train de déguster les premiers jus de ce millésime 2019: « là, c’est du grand botrytis, c’est épicé… » commente Xavier Planty.

Le botrytis, quand il arrive sur un raisin qui est mûr, mais pas surmûri, provoque une incroyable synthèse d’arômes, Xavier Planty château Guiraud.

Et de décrire ces arômes : « ce côté châtaigne, sous-bois, fumé et un côté tilleul qui après fermentation va avoir des notes mentholées… » « Guiraud apparaît aujourd’hui comme précurseur pour beaucoup de choses, depuis 1996 on est passé en agro-écologie, on a d’abord réfléchi comment relancer la vie microbienne des sols pour faire la qualité du vin. »

De nombreuses visites oenotouristiques au château Guiraud © JPS

Et de déguster un millésime 2015 de Guiraud au restaurant La Chapelle (nouveauté au château depuis février 2018, qui va dans le sens d’un fort développement de l’oenotourisme) : « là on a une incroyable complexité », commente Luc Planty et Xavier Planty de compléter « il faut obtenir des vins où on a l’impression que la finale en bouche n’est pas sur le sucre ; et cette buvabilité s’explique par la fraîcheur aromatique que si on a de grands botrytis. »

Les châteaux Rayne-Vigneau et Lafaurie-Peyraguey se font face à Bommes © JPS

Sauternes, Bommes, Preignac, Fargues et Barsac constituent les 5 villages emblématiques de l’appellation qui réalisent du Sauternes.  A Barsac justement, nous rencontrons Bérénice qui excelle au pays du botrytis. C’est Bérénice Lurton bien sûr qui a pris très jeune les rênes du château Climens,1er cru classé de Barsac : « à l’âge de 22 ans en 1992, il y a presque 30 ans. » Les débuts on été délicats:  « de 92 à 94, des années difficiles, beaucoup de pluie et des millésimes ingrats ».

Bérénice Lurton et sa tisanerie au château Climens à Barsac © JPS

Avec Bérénice Lurton, nous allons découvrir sa tisanerie : « c’est là que nous faisons sécher les plantes que nous utilisons pour la biodynamie (depuis 2010). Des plantes qui poussent dans les vignes, comme la camomille, au lieu de mettre des pesticides, on cueille des petites fleurs, c’est plutôt sympa. Beaucoup de plantes servent dans le protection contre le mildiou, comme l’osier ou la presle, qui sont des plantes qui poussent en milieu humide. » Est-ce des croyances ? « Si c’était juste des croyances, on ne serait plus là pour vous en parler, oui ça marche vraiment. »

Bérénice Lurton dégustant son millésime 2014 du château Climens © JPS

Quant au goût est-ce que cela se ressent ?

Des vins réalisés en biodynamie: c’est quelque chose qui est du domaine de l’éclat, il y a une énergie que l’on ressent dans les vins avec un terroir très preignant, où la minéralisé est présente et où l’on a beaucoup d’éclat, » Bérénice Lurton château Climens.

L e nouveau chai éco-responsable du château d’Arche © JPS

Notre périple se poursuit au château d’Arche, cru classé de Sauternes, en pleines transformations qui me font dire « c’est la révolution ici » « révolution, faut quand même pas exagérer » rebondit Jean-Louis Couffinhal le délégué général du château. « Nous avons rénové le vignoble, pour le rendre un peu plus moderne, avec notamment un chai éco-responsable pour répondre aux grands défis du château d’Arche ».

Jérôme Cosson et Jean-Louis Couffinhal du château d’Arche dans leur nouveau chai à barriques © JPS

De lourds investissements ? « A l’échelle sonnante et trébuchante, ce sont 5 millions d’euros, avec un toit végétalisé qui permet une grande inertie de température limitant l’utilisation de la climatisation l’été ». Un magnifique Cuvier en acier micro poli et en sous sol un chai contenant 370 barriques, deux fois plus que le précédent.

La forteresse du château de Fargues © JPS

Autre rencontre privilégiée, celle de Philippe de Lur Saluces au château de Fargues :« bienvenue en notre forteresse médiévale, construite en 1306 à la demande de notre pape, le Pape Clément ». C’est en 1472 que Fargues a rejoint l’histoire de la famille Lur Saluces, « quand une Isabeau de Monferrand épouse un de mes ancêtres. »

L’histoire du vin de Sauternes toutefois est plus récente à Fargues, « elle débute après la 1ère guerre mondiale avec mon grand oncle….Bertrand de Lur Saluces, en rentrant de la guerre a décidé d’arracher les vignes en rouge et de planter des vignes en blanc dans le but de produire du vin de Sauternes. » Ce sont aujourd’hui 18 hectares en production, 80% sémillon et 20% sauvignon.

Le comte Philippe de Lur Saluces va aussi me faire faire le tour de la propriété et notamment du vieux château, autrefois incendié, qui progressivement va être restauré: « mon père s’est arrêté à 9 pièces, ce qui est déjà bien »

La forteresse a été partiellement restaurée, de 2009 à 2014, mon père dit que nous n’avons fait que la pré-inauguration, car l’inauguration est prévue pour 2500 à peu près » Philippe de Lur Saluces, co-propriétaire château de Fargues.

Lur Saluces, un nom qui longtemps a été associé avec le château d’Yquem : « Laurent de Sauvage d’Yquem avait une fille Françoise-Joséphine qui a épousé un Lur Saluces, depuis le château est resté dans la famille jusqu’en 2001 »

Et de déguster avec le Comte Philippe une bouteille de château de Fargues 2016: « Fargues, dans sa jeunesse est d’une grande tension avec une pureté arômatique… En accord mets-vins, je le verrais bien avec une entrée fraîche, une salade de crabe ou des huîtres…Il faut que le sucre vienne comme une surprise… » En apothéose de ce portrait, une petite visite de la cave aux vieux millésimes avec une bouteille de 1943 : « tous ces millésimes représentent l’identité de Fargues, il n’y a qu’en maîtrisant ce passé, que l’on peut se projeter dans l’avenir et  décider de ce que nous voulons faire du vignoble aujourd’hui. »

Amicie et Gabriel de Vaucelles au château Filhot, qui possède l’un des plus grand parc de Gironde © JPS

Toutes ces fabuleuses histoires sont encore pour beaucoup des histoires familiale à Sauternes comme en témoigne Gabriel de Vaucelles qui dirige avec son épouse (et pour le compte de la famille) le superbe château Filhot : « château Filhot est une propriété familiale, créée en 1709 par la famille Filhot, une famille de parlementaires qui avait acheté aussi château Coutet avant la révolution, une propriété familiale a priori qui restera encore dans la famille pendant longtemps; on a un potentiel phénoménal avec le 2e plus grand parc fermé de Gironde, avec des essences exotiques, vraiment un grand potentiel oenotouristique, comme les châteaux Lafaurie-Peyraguey, d’Arche, Guiraud, on va essayer de s’associer ».

 Aujourd’hui, on ne produit pas du Sauternes comme autrefois avec un seul produit, il faut développer une gamme avec des produits plus légers qui correspondent à plusieurs marchés: la France reste le marché principal, mais le marché asiatique se développe et aussi énormément les USA » Gabriel de Vaucelles château Filhot.

Côté Châteaux, une émission tournée avec des smartphones © JPS

L’image de Sauternes s’est énormément dépoussiérée ces dernières années, avec de nombreuses initiatives. Lafaurie-Peyraguey en est l’exemple type. Ce château acheté en 2014 par Silvio Denz, le président de la cristallerie Lalique, a entièrement été restauré pour en faire un superbe Hôtel Restaurant.

Adrien Cascio, le chef sommelier du château Lafaurie-Peyraguey avec le Sweet’Z © JPS

Dans ce lieu, David Bolzan, le directeur général des vignobles Silvio Denz, a imaginé avec les équipes du château et notamment le sommelier Adrien Cascio de nouvelles façons d’apprécier le Sauternes, en cocktail ou à l’apéritif mais pas seulement : « on revisite les grands classiques sur le repas un peu différemment que sur le traditionnel foie gras et en dessert, par exemple sur du poisson, des viandes blanches et du fromage. Au moment de l’apéritif aussi, on peut ajouter des glaçons et d’autres arômes comme des écorces d’orange ou de citron… » me précise David Bolzan.

Le chef Jérôme Schilling proposant un ris de veau présenté dans de feuilles de tabac pour ce vin Sauternes © JPS

Et pour couronner cette émission, le chef Jérôme Schilling (1* au Guide Michelin) nous a proposé un accord met-vin original, preuve que le Sauternes se marie parfaitement là où on ne l’attend pas forcément : « on est parti sur un millésime 99 du château Lafaurie-Peyraguey avec ses notes cuivrées, de café, réglisse et tabac, on a fait un ris de veau rôti au beurre noisette, céléri, café et poudre de réglisse ». Ce qui fait dire à David Bolzan: « on a choisi un millésime de 20 ans, on a voulu bousculer les codes et c’est juste sublime… »

Côté Châteaux n°11 spécial Sauternes : à voir sur NOA (sur les box Orange 339, Bouygues 337, SFR 455, Free 326 et sur internet en direct)

  • lundi 18 novembre à 20H10 et 23H
  • mardi 19 novembre à 10h30
  • mercredi 20 novembre à 12H30
  • jeudi 21 à 10h30 et 17h30
  • vendredi à 8h15, 12H15

Bourgogne: l’une des plus petites récoltes en 20 ans malgré un millésime « frais » et « gourmand »

Avec une récolte 2019 estimée à 1,2 million d’hectolitres, l’une des plus petites en 20 ans, l’interprofession des vins de Bourgogne a présenté dimanche, avant la célèbre vente des Hospices de Beaune, un millésime marqué par des volumes en berne mais aussi sa « fraîcheur » et sa « gourmandise ».

© BIVB

« 2019, c’est une année singulière et extrêmement contrastée », marquée notamment par « des volumes très en dessous d’une année moyenne » (soit 1,4 million d’hectolitres, ndlr), a indiqué François Labet, le président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), lors d’une conférence de presse.

Ces chiffres sont « plus faibles que 2016 », année pourtant marquée par une récolte historiquement basse et « seule 2003 est plus en retrait depuis l’an 2000 », a-t-il ajouté. « C’est une baisse de 34% par rapport à l’année dernière », touchant en particulier le Mâconnais et les crémants.

Mais la qualité des vins « enthousiasme les professionnels au delà de leurs attentes », a poursuivi M. Labet. « Les vins de Bourgogne affichent une fraîcheur qui ravira les amateurs, accompagnée d’une gourmandise qui les séduira ».

Une tendance qui n’a pas épargné le domaine des Hospices de Beaune, qui met en avant des vins « superbes » mais ne proposent à la vente dimanche que 589 pièces (fûts de 228 litres), bien en deçà du record de 828 pièces mises en vente en 2018.

L’année 2019, marquée par une météo qui n’a laissé aucun répit aux viticulteurs, arrive après deux années qui avaient permis de reconstituer les stocks.

Le millésime 2018, surtout, « exceptionnel » tant en qualité qu’en quantité, représente « un phénomène rare, comme un vigneron en voit seulement une fois ou deux dans sa vie », selon un communiqué du BIVB.

L’interprofession a fait valoir, dimanche, les bons chiffres de vente des vins de Bourgogne, notamment à l’export: en hausse de 6,9% en volume sur les huit premiers mois de l’année (56 millions de bouteilles) et 9,3% en valeur (650 millions d’euros).

Cette hausse est due notamment aux Etats-Unis, premier marché export de la Bourgogne, « en attendant la chute » due aux droits de douane de 25% imposées depuis fin octobre outre Atlantique, s’inquiète le BIVB, qui déplore une conséquence d’un confit commercial
entre Airbus et Boeing.

Mais « ce n’est pas parce que nous connaissons quelques difficultés de cet ordre là qu’il faut se désintéresser des Etats-Unis, l’Amérique est irremplaçable pour la Bourgogne », a commenté Louis-Fabrice Latour, président délégué du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne.

Avec AFP

Hospices de Beaune: 12,3 millions d’euros, deuxième meilleure vente malgré un volume plus faible

La 159e vente aux enchères des Hospices de Beaune a totalisé dimanche soir 12,3 millions d’euros de recettes, moins que la somme record de 14 millions d’euros enregistrée en 2018 mais deuxième meilleur résultat en dépit de volumes plus faibles.

La foule devant les Hospices de Beaune pour suivre en direct la vente des vins grâce à la retransmission de France 3 Bourgogne Franche Comté © Samuel Peltier

En incluant les frais, « l’ensemble de la vente totalise 13,1 millions d’euros, soit le deuxième meilleur résultat », ont indiqué dans un communiqué conjoint les Hospices civils de Beaune et la maison d’enchères britannique Christie’s.

Après deux années fastes consécutives, les organisateurs de la célèbre vente des Hospices de Beaune ne proposaient pourtant cette année à la vente que 589 fûts, 30% de moins qu’après l’exceptionnelle récolte de 2018, la faute à une météo capricieuse. Mais la qualité était au rendez-vous: ce sont des vins « très bourguignons, avec de beaux niveaux d’acidité et une volonté manifeste d’exprimer leur terroir », avait fait valoir la régisseuse du domaine des Hospices, Ludivine Griveau.

Le prix moyen pour une pièce s’en est ressenti, atteignant le chiffre record de 21.823 euros, en hausse de 29,5% par rapport à 2018. Un Bâtard-Montrachet Grand cru a été vendu pour 149.800 euros à un client américain au téléphone, là encore un record.

Même le Highlander était de la fête © Samuel Peltier

Un peu plus tôt dimanche, la pièce de charité, un Corton Grand cru Les Bressandes, avait été adjugée pour 260.000 euros à un acheteur brésilien, Alaor Pereira Lino, qui s’offrait pour la deuxième année de suite cette pièce dite « des Présidents ».

En 2018, deux « pièces des Présidents » avaient été mises en vente et adjugées à 230.000 euros au profit de trois associations, loin du record de 2015 à 480.000 euros.

« Les vins de la pièce des Présidents sont des vins spéciaux. Le travail fait par les Hospices de Beaune est magnifique », a commenté M. Lino, importateur de vin au Brésil, avant d’ajouter: « Mais je fais une bonne affaire parce que je vais recevoir un vin merveilleux ».

La pièce des Présidents était vendue cette année au profit de l’Institut du cerveau et de la moelle épinière ainsi que de l’association Autour des Williams, qui soutient la recherche contre le syndrome de Williams, une maladie génétique.

Les parrains Tony Parker, Christophe Lambert Ophelie Meunier et François Xavier Demaison © Samuel Peltier

Les parrains de la vente, le basketteur Tony Parker, la journaliste Ophélie Meunier et les acteurs Christophe Lambert et François-Xavier Demaison avaient fait monter les enchères, ce dernier menaçant même d’arrêter de boire du Bourgogne si elles ne montaient pas assez. « Les ventes vont s’en ressentir », avait-t-il plaisanté. Au cours de ces enchères, Tony Parker a lui-même fait l’acquisition de deux pièces, fûts de 228 litres, soit l’équivalent de quelque 600 bouteilles.

Le domaine des Hospices, constitué au fil des siècles grâce à des donations, est classé pour 85% en Premier cru et Grand cru.

La recette -hors pièce de charité- sera reversée à l’institution hospitalière des Hospices fondée au XVe siècle, afin de financer la modernisation de l’hôpital de la ville et l’entretien du bâtiment historique de l’Hôtel-Dieu.

AFP

16 Nov

« Clos, un patrimoine viticole »: Benjamin Darreau, Philippe Toinard et Thibaut Voisin vous font découvrir l’intimité de 27 clos

Noël approche, et les idées concernant de beaux livres sur le patrimoine viticole ne manquent pas. Voici un ouvrage intéressant sur ces domaines fabuleux que sont les Clos, des domaines réputés car entourés de murs et produisant des vins d’exception. 

C’est un ouvrage inédit qui met en lumière ces vins appréciés dans le monde entier, des vins d’exception produits par des Clos. Les auteurs ont ainsi voulu mettre l’accent sur ces propriétés qui font rêver et dont la particularité est d’être ceintes de murs.

Benjamin Darreau, sommelier à l’atelier Joël Robuchon Paris, partage ici avec le lecteur ses dégustations et l’atmosphère des Clos, une collaboration avec Philippe Toinard journaliste et chroniqueur gastronomique, qui retranscrit également l’histoire, la géographie des Clos et les rencontres avec les propriétaires exploitants.

Ce sont ainsi 27 clos qui ont été immortalisés par Thibaut Voisin qui y dévoile aussi la spécificité de chaque parcelle et le savoir-faire de ces vignerons pour réaliser ces vins appréciés des amateurs du monde entier.

Liste des 27 clos présents dans le livre

Alsace (Clos des Capucins, Domaine Weinbach, Riesling, Pinot Noir Clos Sainte-Hune, Maison Trimbach, Riesling
Clos Windsbuhl, Domaine Zind-Humbrecht, Riesling, Pinot Gris)

Champagne (Clos des Goisses, Maison Philipponnat, Champagne ; Clos du Mesnil, Maison Krug, Champagne ;Clos Sainte-Sophie, Champagne Jacques Lassaigne, Champagne

Jura (Clos de la Tour de Curon, Domaine André et Mireille Tissot – Stéphane Tissot, Arbois)

LoireClos du Bourg, Domaine Huet, Vouvray ; Clos du Bourg, Clos Rougeard, Saumur-Champigny ; Clos de la Coulée de Serrant, Vignoble de la Coulée de Serrant, Coulée de Serrant Clos Nouveau, Domaine du Bel Air, Bourgueil ; Clos du Puy, Domaine des Pothiers, Côtes Roannaises ; Enclos des Remparts, Domaine Vacheron, Sancerre

Bourgogne (Clos des Bouchères, Domaine Roulot, Meursault ; Clos de la Bussière, Domaine Georges Roumier, Morey-Saint-Denis ; Clos du Château, Domaine du Comte Liger-Belair, Vosne-Romanée ; Clos des Ducs, Domaine Marquis d’Angerville, Volnay ; Clos de Monsieur Noly, Maison Valette, Pouilly-Fuissé ; Clos de la Romanée-Conti, Domaine de la Romanée-Conti, Romanée-Conti Clos Saint-Jacques, Domaine Sylvie Esmonin, Gevrey-Chambertin ; Clos de Vougeot,; Domaine de la Vougeraie, Vougeot

Beaujolais (Clos de la Grand’Cour, Domaine de la Grand’Cour, Fleurie)

Rhône (Clos Florentin, Domaine Jean-Louis Chave, Saint-Joseph)

Bordeaux( Clos, Château d’Issan, Margaux ; Clos Fourtet, Clos Fourtet, Saint-Émilion ; Clos du Marquis, Château ; Léoville-Las Cases, Saint-Julien ; Enclos, Château Latour, Pauillac)

« Clos, un patrimoine viticole dans l’intimité de 27 clos » par Benjamin Darreau, Philippe Toinard et Thibaut Voisin 245 x 340 – 256 pages – 150€ aux éditions La Martinière

15 Nov

Oenotourisme: Les Sources de Caudalie ouvrent en 2020 à Cheverny

Le groupe « Les Sources de Caudalie » (hôtellerie, spas) qui a pour projet de « faire un cinq étoiles par grande région viticole », a annoncé jeudi à Bordeaux ouvrir son prochain hôtel au coeur des vignes à Cheverny (Loir-et-Cher) au printemps 2020, sur le même modèle que celui avec restaurants et spa-vinothérapie en Gironde.

Les Sources de Caudalies se situent en face du château Smith Haut Lafitte tenu par la famille Cathiard © JPS

« On a repris il y a deux ans un hôtel quatre étoiles. On y réalise le même projet hôtelier que celui de Martillac » (Gironde), a déclaré à la presse Jérôme Tourbier, qui a fondé il y a 20 ans avec son épouse Alice « Les Sources de Caudalie », aujourd’hui
classé palace.

« Par rapport à l’Australie, la Californie… il n’y a pas d’oenotourisme de cette grandeur en France. Notre objectif est de faire un cinq étoiles par grande région viticole: Alsace, Provence, Bourgogne et Champagne », a affirmé M. Tourbier, également président du réseau Small Luxury Hotels of the World.

Le couple a vendu début novembre Les étangs de Corot, établissement quatre étoiles situé entre Paris et Versailles, au groupe rennais Beautiful Life Hôtels pour se consacrer à l’oenotourisme avec son nouvel établissement « Les Sources de Cheverny ».

Comme pour Les Sources de Caudalie à Martillac (chiffre d’affaires août 2018-août 2019 17 millions d’euros), deux restaurants dont un gastronomique ouvriront à Cheverny, ainsi qu’un spa-vinothérapie qui proposera les soins avec des cosmétiques à base de raisin.

Le vin, marque de fabrique de leur établissement girondin situé face au château Smith Haut Lafitte appartenant aux parents, est également à l’honneur avec la plantation de 7 ha de romorantin, le même cépage qu’à Chambord. Leur exploitation est confiée à un vigneron de Cheverny, Philippe Tessier.

A Cheverny, sur les 45 ha au coeur des châteaux de la Loire et au milieu des vignes, 3.000 m2 du château du Breuil sont réhabilités auxquels s’ajoutent 2.000 m2 de construction par le même architecte des Sources de Caudalie en Gironde. L’investissement total pour ce nouvel hôtel, qui comptera 49 chambres, s’élève à 23 millions d’euros.

AFP

Grosse vente de grands crus chez Sotheby’s New-York à 3,6 millions de dollars

Fin octobre, la vente aux enchères de 4 caves a abouti à une sacrée journée chez Sotheby’s. 692 lots ont été enlevés pour la jolie somme de 3,6 millions de dollars. Le lot le plus important fut la vente de 6 bouteilles de La Tache 1943 du Domaine de la Romanee Conti qui a doublé son estimation initiale de 43000$ à 93000$.

Les 6 bouteilles de La Tâche 1943 DRC vendues 93000$ © Sotheby’s New-York

Et une vente de plus dont Sotheby’s a le secret. Connor Kriegel en charge de cette vente commentait : «nous avons eu le plaisir de présenter aux enchères 4 caves fabuleuses, une offre spéciale composée d’impressionnantes sélections de quatre collections bien connues de Sotheby’s Wine,  pour leurs palais distingués et leur sourcing impeccable. Des vins de la Bourgogne légendaire méticuleusement conservée en RDC, Rousseau, Roumier, Mugnier et René Engel, ainsi que pour les vins les plus convoités du Rhône septentrional, notamment Guigal «La-Las» et Chave Hermitage de Guigal. »

Voici les 10 enchères les plus importantes de cette vente  qui a totalisé  la somme de 3 615 158 $ en 692 lots : 

Lot

Wine

Low Estimate

High Estimate

Price Realized (Aggregate)

456

DRC La Tâche 1943 (6 bts)

$30,000

$42,000

$93,000

36

Clos de la Roche, Cuvée Vieilles Vignes 1985 Domaine Ponsot (1 mag)

$8000

$11,000

$18,600

579

Chave Hermitage 1990 (9 bts)

$4,000

$6,000

$11,780

54

Guigal, Cote Rotie, La Mouline 1983 (6 bts)

$6,000

$9,000

$18,600

347

Domaine du Comte Liger-Belair, La Romanee 2006 (12 bts)

$30,000

$40,000

$39,680

468

Domaine Leroy, Romanee St Vivant 2001 (6 bts)

$18,000

$24,000

$27,280

113

Château Haut Brion 1989  (12 bts)

$15,000

$20,000

$29,760

409

Chateau Montrose 1990 (24 hb)

$5,500

$7,500

$14,880

459

Armand Rousseau, Gevrey Chambertin, Clos St Jacques 1999 (12 bt)

$11,000

$15,000

$22,320

479

Rene Engel, Grands Echezeaux 2002 (2 mags)

$3,500

$4,800

$6,820

482

Domaine d’Auvenay, Bonnes Mares 1994 (4 bts)

$2,200

$3,000

$9,920

 

14 Nov

Pour les fêtes de fin d’année, Lafaurie-Peyraguey lance une série limitée de bouteilles parées d’or

Après l’or de Sauternes, voici l’or de Lafaurie-Peyraguey. En prime de ce sublime vin liquoreux en 2016 (1er cru classé 1855), les amateurs de belles bouteilles vont être heureux de découvrir ces bouteilles « Femme et Raisin » de René Lalique parées d’or, réalisées par la célèbre manufacture alsacienne.

© Château Lafaurie-Peyraguey

« Il est l’or, il est l’or Monseignor, l’or de se réveiller… », souvenez-vous de cette réplique d’Yves Montand à Louis de Funes, mais non vous ne rêver pas, le Château Lafaurie-Peyraguey vient d’éditer une série limitée de bouteilles parées d’or. « Une folie des grandeurs », pas forcément mais le goût prononcé pour réaliser une oeuvre d’art.

Une nouvelle initiative du Château Lafaurie-Peyraguey que Côté Châteaux vous avait présentée en exclusivité, en février dernier, avec la présentation de la barrique en cristal.

Depuis le millésime 2013, la gravure « Femme et Raisin » réalisée par René Lalique en 1928, qui orna les célèbres wagons-lits du train « Côte d’Azur Pullman-Express », est reproduite sur les bouteilles de Sauternes du Château Lafaurie-Peyraguey.  Pour les fêtes de fin d’année, David Bolzan (directeur général) et Silvio Denz (propriétaire du château)ont souhaité marquer le coup en lançant une série limitée pour laquelle la gravure de René Lalique va être parée d’or.

De l’or sur la gravure, c’est ajouter à la qualité de ce grand millésime 2016, l’élégance avec « Femme et Raisin » et le raffinement ultime avec l’or », me confie David Bolzan, directeur général des Vignobles Silvio Denz.

Les bouteilles vides ont été envoyées à la célèbre manufacture Lalique en Alsace à Wingen-sur-Moder afin d’être dorées avant de revenir au château pour la mise en bouteille du Sauternes. La pose d’or s’effectue à froid par tamponnage d’or liquide, sur la gravure, puis la bouteille passe au four une nuit à 510°C pour réaliser un émaillage de l’or dans le verre. Chaque flacon est ensuite signé à la main par un ouvrier de la manufacture.

La barrique en cristal signée Lalique pour le château Lafaurie-Peyraguey © Jean-Pierre Stahl

99 bouteilles du millésime 2016 en 75 cl sont mises en vente en cette fin d’année 2019 au château à Bommes et à la boutique Lalique de Bordeaux, et 70 en demi. Le prix ? Allez, on vous dit tout: 180€ la bouteille ou 120 la demi-bouteille… « Il est l’or, il est l’or, Monseignor… », l’histoire ne dit pas si on peut payer avec un Napoléon, la pièce de 20 francs or…

Le Château Lafaurie-Peyraguey s’était déjà illustré avec la réalisation d’une barrique en cristal, contenant l’or de Sauternes, l’or du Château Lafaurie-Peyraguey.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer réalisé en février 2019 :

13 Nov

Commercialisation des vins de Bordeaux : un net ralentissement des ventes

4 millions d’hectolitres commercialisés sur les 12 derniers mois contre 4,7 en 2018; le marché de Bordeaux subit un contexte difficile sur ses grands marchés à l’export (Chine, Hong-Kong, Etats-Unis, Grande-Bretagne) et en grande distribution avec -10% en foires aux vins cet automne. Le prix du tonneau de Bordeaux en vrac est largement repassé en dessous des 1000 euros, un prix en dessous duquel les vignerons ne peuvent pas vivre…

On ne peut pas dire que tous les indicateurs sont au rouge, mais pas loin… C‘est difficile, en ce moment, de vendre du rouge ! Et cela fait 18 mois que cela dure.

Que vous soyez petit vigneron, grand propriétaire, courtier ou négociant, c’est toute la filière qui est touchée. Avec un ressenti plus fort pour les petits qui vendent en vrac du vin qui souvent ne trouve pas preneur, d’où un effondrement des cours comme le souligne Xavier Coumau président du syndicat des Courtiers de Bordeaux : « on a du mal à trouver des débouchés à 800 €, quelques fois à 700… A l’heure actuelle, « ce sont 10000 hectolitres qui se commercialisent par semaine, alors qu’habituellement on arrivait à 30 000 hectolitres. » Un coup d’arrêt ? Pas sûr, mais un marché atone, morose qui ne semble pas rebondir dans l’immédiat.

DES MARCHES A L’EXPORT COMPLIQUES

Comment expliquer ce désamour de Bordeaux ? En fait, c’est compliqué et surtout multifactoriel… « Quand on est en direct avec le consommateur, cela se passe bien, comme Blaye au Comptoir Paris qui s’est très bien passé« , me précise Michaël Rouyer, directeur du syndicat des Blaye Côtes de Bordeaux. « Mais quand on parle du grand export et de la grande distribution, c’est compliqué. On est à -20% et -13% en GD. Et ce n’est même pas une question de prix, , c’est plutôt l’image de Bordeaux qui n’est pas top en ce moment. Alors, il faut se bouger en restauration, chez les cavistes, on a des vignerons présents sur le terrain, comme sur nos opérations Blaye au Comptoir »

Jean-Pierre Rousseau de la Maison de Négoce Diva © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Rousseau, dirigeant de DIVA, maison de négoce franco-chinoise basée à Bordeaux connaît parfaitement le marché asiatique premier marché à l’export des vins de Bordeaux : « les Chinois adorent toujours nos vins, mais ils ont du mal à sortir l’argent et la porte arrière Hong-Kong est toujours bouclée, cela n’a pas l’air de s’arranger. « 

Nous prenons des claques de tous les côtés, nous prenons des claques à Hong-kong compte tenu des événements qui ne font que s’aggraver, la Chine a du mal à sortir le cash, même s’ils en ont beaucoup … les Etats Unis nous ont taxé à hauteur de 25%, mais 25% ce n’est que la partie émergée de l’iceberg », Jean-Pierre Rousseau Maison de Négoce Diva

Et le négociant de compléter: « à la fin l’augmentation avec une accumulation de taxes et de profits pourrait être de 50% sur l’étagère comme on dit, le Brexit après-demain…sans parler de la grande distribution française un peu fâchée aussi, donc on ne voit pas vraiment d’où viendrait le soleil… »

LES PETITS VIGNERONS SUBISSENT

Paul Cardoso exploite 13,5 hectares de vignes en Castillon Côtes de Bordeaux © JPS

Paul Cardoso, petit vigneron à Belvès-de-Castillon me confirme n’avoir pas encore vendu tout le millésime 2018, alors même qu’il a fallu rentrer le 2019 « avec la petite récolte de 2017 due au gel, on a pu loger le vin…Mais depuis la mi-mai il y a un ressenti au niveau trésorerie. » Ce sont ainsi 400 hectolitres qui sont toujours à la vente sur 630 de la récolte 2018.

C’est très très compliqué, nous avons vinifié le 2019 avec pratiquement tout le 2018 dans le chai, on a vendu une petite partie du 2018 avec un suivi que nous avons, mais tout le reste n’a pas été vendu et c’est très très compliqué financièrement parlant » Paul Cardoso vigneron.

Florence Cardoso, son épouse, qui est co-présidente de Solidarité Paysans d’Aquitaine et de SOS vignerons, accompagne les viticulteurs en difficultés et dresse ce constat : « le téléphone de Solidarité Paysans ne cesse de sonner, les vignerons ont eu déjà d’énormes difficultés pour financer leurs vendanges, puisque le 2018 est resté dans le chai, et ils ne savent pas comment passer le cap… » Et Florence Cardoso de traduire la détresse vécue par certains : « malheureusement on a des gens qui sont au bord du suicide, à ce moment-là on va chez eux, on essaie de faire un état des lieux, et on les accompagne pour arriver à trouver des solutions, des procédures de redressement judiciaire en cas de cessation de paiements. Et puis, il y a des vignerons qui nous appellent car ils se rendent compte que cela va être compliqué, mais qui ne sont pas encore en cessation de paiements, et là on va les accompagner dans, ce que l’on appelle, la procédure de sauvegarde… » (Florence Cardoso conseille à tous ces vignerons d’appeler Solidarité Paysans afin de s’organiser au plus tôt face aux difficultés car « plus on est en avance, plus facile est le remède »).

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, Dominique Mazeres, Floriane Pelé diffusé dans le 12/13 de France 3 Aquitaine ce 13 novembre : 

Encore beaucoup de 2018 à vendre à Bordeaux © JPS

LE CIVB EVOQUE DES ACTIONS EN JANVIER

De son côté, le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux s’apprête à communiquer début décembre sur des pistes d’action, qui sont encore en pour-parlers au sein de l’institution.

Toutefois, les chiffres parlent d’eux mêmes: « on a vendu 4 millions d’hectolitres sur les 12 derniers mois, et en 2018 on en a produit 5,1 millions » commente Christophe Chateau, directeur communication du CIVB. Néanmoins il faut prendre en considération la production sur ces 3 derniers millésimes : « 3,5 millions de vins de Bordeaux produits en 2017 (année du gel avec -40% de récolte), 4,7 millions vendus en 2018 ; 5,1 millions produits en 2018 et 4 millions vendus en 2019. Si on additionne ces deux années on obtient 8,5 millions produits et 8,7 millions vendus… mais on a encore le 2019 qui devrait avoisiner les 5 millions d’hectolitres »

A l’export, Bordeaux subit une baisse de -11% en volume sur les 12 derniers mois (mais +11% en valeur). Cette baisse est importante et entraînée par la Chine -29% en volume (+2 en valeur) et Hong-Kong (-20%) en volume sur les 6 derniers mois, avec une légère reprise en Chine intérieure où la baisse n’est plus que de -6% sur les 3 derniers mois, en affinant, mais aussi avec une baisse plus importante de -33% sur Hong-Kong sur ces 3 derniers mois qui correspondent à la crise vécue sur place.

« Tout confondu, Bordeaux recule de -16 à -17% sur les 12 derniers mois. A cause de la baisse de 40% de la récolte sur le 2017, les prix ont augmenté de 1100€ à 1500€, mais avec une perte de marchés sur les entrées de gamme. Puis les prix se sont cassés la figure en 2018 avec un contexte pas bon, notamment du au libre échange Chine-Australie, à la « guerre civile » à Hong-Kong, aux +25% de taxes de Trump aux USA et au Brexit. On attend les chiffres de la grande distribution, qui ne sont pas très bons, notamment les foires aux vins ont baissé de l’ordre de 10%. »

« Le prix du vrac est de 850 à 900€ en moyenne, avec un premier prix à 750, mais à ce prix là les gens ne peuvent pas vivre », commente encore Christophe Chateau, (ce sont environ 38% des volumes commercialisés (en vrac)).

Charles Ripert du bureau Ripert, courtier en vins quai de Bacalan à Bordeaux © JPS

DES JEUNES A CONQUERIR OU RECONQUERIR

Pour Charles Ripert, célèbre courtier en vins de la place de Bordeaux, on paie aussi de nombreux reportages ciblant Bordeaux  » : effectivement, le Bordeaux bashing joue, mais c’est pour moi exagéré ! On n’utilise pas plus de pesticides à Bordeaux qu’ailleurs, on en utilise autant que partout en France, sauf qu’on est la plus grande région viticole donc la plus grosse consommatrice en volume, il y a un problème d’image aussi: Bordeaux a une image statutaire par forcément fun pour les jeunes, et donc il y a du travail à faire. Au niveau typicité des vins, beaucoup de travail a été fait et la qualité a été largement améliorée aussi. »

Les pistes de travail sont comment développer la demande et peut-être aussi réduire l’offre. Pour développer la demande, le week-end de la Saint-Vincent (patron des vignerons) des 24 et 25 janvier, les vignerons iront faire déguster dans les bars, restaurants, chez les cavistes et en grande distribution leurs vins, il y aura également des bons de réductions qui devraient être mis en place avec les tickets de caisse en supermarchés.

 

BORDEAUX SERA TOUJOURS BORDEAUX

Bordeaux a déjà subi des crises par le passé, celle-ci ne pourrait être que conjoncturelle, mais certains pensent qu’elle semble être davantage structurelle et sur le long terme, sauf que Paul Cardoso me confie « on ne pourra pas supporter 3 millésimes dans le chai »…

Il va donc falloir faire preuve d’imagination et aller non seulement à la rencontre des acheteurs traditionnels mais aussi des jeunes générations, qui par manque d’information peut-être, ont ces derniers temps boudé Bordeaux et essayé d’autres régions viticoles en France ou ailleurs sur la planète vin. Et pourtant Dieu sait qu’à Bordeaux, il y en a pour tous les goûts et à tous les prix. A méditer devant un verre de Bordeaux bien sûr…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, Dominique Mazeres, Floriane Pelédiffusé dans le 19/20 de France 3 Aquitaine ce 13 novembre :

12 Nov

Vin de paille: le Conseil d’Etat valide l’AOC Corrèze

Le Conseil d’Etat a rejeté jeudi la requête des viticulteurs du Jura qui réclamaient l’annulation de l’appellation d’origine contrôlée (AOC) Corrèze, lui permettant d’utiliser la mention « vin de paille » sur ses bouteilles de liquoreux, a-t-on appris vendredi auprès de la Fédération des vins de la Corrèze.

Vin Paillé de la Corrèze © Domaine de Chirac

« On est heureux et soulagé. Le Conseil d’Etat n’a pas suivi le rapporteur public », a déclaré à l’AFP le président de cette Fédération, Jean Mage. Une trentaine de vignerons corréziens exploitent au total une centaine d’hectares, principalement du rouge, mais aussi du blanc, du rosé et, sur 20 hectares, du vin de paille, de part et d’autre de Brive-la-Gaillarde.

« Les gens vont pouvoir faire des investissements dans cette nouvelle AOC car jusqu’à présent, c’était quand même incertain », a-t-il poursuivi, espérant avec cette décision augmenter les ventes, attirer de nouveaux vignerons pour remplacer ceux qui partent à la retraite et permettre de nouvelles plantations.

Selon l’arrêt du Conseil d’Etat consulté par l’AFP, « la Société de viticulture du Jura n’est pas fondée à demander l’annulation de l’arrêté qu’elle attaque ». L’organisme de défense et de gestion (ODG) des vins jurassiens contestait cette reconnaissance devant le Conseil d’Etat, qui leur avait donné raison en 2014, interdisant la mention « vin paillé » sur les bouteilles corréziennes.

Le Jura, principal producteur de vin de paille en France, estimait avoir l’antériorité – le vin de paille figurait déjà au premier concours des vins du Jura en 1836 – et faisait valoir que le cahier des charges corrézien, en particulier la liste des cépages et les conditions de production, ne correspondait pas à la définition européenne du vin
de paille.

Le Conseil d’Etat a estimé que l’AOC Corrèze, constituée en 2017, remplissait les critères prévus par le règlement communautaire et pouvait apposer la mention « vin de paille ». Quant au manque d’antériorité, la haute juridiction administrative a, au contraire, souligné qu’elle était suffisante. « Ce cahier des charges comporte (…), outre le rappel des étapes historiques du développement de la vigne depuis l’époque gallo-romaine dans l’aire concernée et des techniques traditionnelles de fabrication du vin « paillé » dans cette zone, des indications relatives aux facteurs humains propres à la viticulture (…), qui assurent les caractéristiques et la qualité décrites
de l’appellation », écrit le Conseil d’Etat.

La Société de viticulture du Jura s’est dite vendredi « abasourdie » et « très surprise » par cette décision qu’elle « ne comprend pas ». « Le rapporteur public demandait l’annulation.

On va regarder si au niveau européen, on peut se défendre », a indiqué à l’AFP son président Nicolas Caire.  « On espère que les consommateurs ne seront pas dupes. Le vin de paille, historiquement, c’est ici, pas en Corrèze », a-t-il poursuivi.

Ce liquoreux est issu des meilleurs raisins sélectionnés à la main pendant les vendanges. Ils sont ensuite séchés pendant au moins six semaines sur des claies, autrefois en paille. Sans sulfite ajouté, ce vin est ensuite élevé trois ans, avec un passage en tonneau pendant 18 mois.

En Corrèze, quelque 50.000 bouteilles de ce liquoreux sortent des chais chaque année, petit rendement oblige, contre 200.000 dans le Jura. Les Corréziens produisent également 400.000 bouteilles de rouge et de blanc tandis que les AOC jurassiennes en font 10 millions.

AFP

11 Nov

29e Accabailles: quand les Crus Classés de Graves rendent hommage à la gastronomie française

C’était hier la traditionnelle soirée des Accabailles, organisée cette année par la famille Perrin au château Carbonnieux avec les Crus Classés de Graves. Un dîner qu’ils avaient confié à Hélène Darroze, avec comme mission de s’inspirer de la cuisine du Sud-Ouest. Une soirée dont l’objectif est de remercier les chefs et sommeliers des grandes tables, qui au quotidien mettent en avant ces crus classés de Graves à leur carte.

Les Italiennes de l’Hôtel Villa Abbazia avec Rémi Edange et Olivier Bernard du Domaine de Chevalier © JPS

29 ans que cela dure et c’est un rendez-vous toujours très prisé des chefs cuisiniers et chefs sommeliers pour son ambiance, pour se retrouver et se raconter des nouvelles.

Philibert et Christine Perrin du château Carbonnieux, avec Hervé Valverde du Bistro du Sommelier © JPS

La formule est bien rodée et débute toujours par la dégustation des vins des propriétés en blanc (millésime 2017) et en rouge (millésime 2016). Ainsi pouvait-on croiser un Oliver Bernard du Domaine de Chevalier (« un domaine qui existe depuis 5 siècles », Olivier un peu moins) toujours fidèle au poste, prêt à faire découvrir tant son 1er vin que son second, l’Esprit de Chevalier en blanc : « ça ce sont des vins à boire relativement jeune, à partir de 3-4 ans c’est super bon, alors que le 1er vin le Domaine de Chevalier blanc il faut l’attendre un peu plus longtemps. Ce millésime 2017 (qui avait connu le gel dans bon nombre de propriétés de Bordeaux) est un millésime bon en rouge mais en blanc c’est super bon. » L’occasion de rencontrer avec lui également Christina Putz qui met les vins de Graves et Pessac-Léognan à l’honneur dans son établissement l’Hôtel Villa Abbazia, un Relais&Châteaux à 50 kilomètres au nord de Venise en Italie « pas mal fréquenté par des touristes du monde entier et notamment américains qui viennent passer quelques jours à Venise et profite ici de leur séjour. »

Bénédicte Pinero et Véronique Sanders du château Haut-Bailly © JPS

L’occasion de croiser aussi Véronique Sanders du château Haut-Bailly, propriété de la famille Wilmers; un château qui s’apprête à dévoiler l’an prochain un fabuleux chai circulaire, confié à un jeune architecte assez brillant Daniel Romeo, qui faisait partie de l’équipe de Christian de Porzamparc : « une prouesse technique et environnementale, qui va se marier parfaitement dans le paysage, un chai en partie enterré, de 8 mètres 50 de hauteur, qui favorise le gravitaire et l’économie d’énergie, on va gagner en fraîcheur…Il sera opérationnel aux vendanges 2020″. Quant aux dernières vendanges, « 2019 est superbe, on en est très content, tant en qualité qu’au niveau des rendements plus importants par rapport aux deux dernières années, où on avait gelé en 2017 et subi le mildiou en 2018. Cela fait partie de ces grandes années avec pas mal d’homogénéité avec un merlot flamboyant et un cabernet très racé. Je pense que l’assemblage sera magnifique. »

Les vins étaient servis par les élèves sommeliers du Lycée Hôtelier de Talence et du CAFA

Ces Accabailles ont pour origine le terme en ancien occitan « acabar qui signifie achever terminer », précise Eric Perrin co-propriétaire du château Carbonnieux. « Quand on termine nos vendanges, on aime parcourir nos campagnes et aller chercher nos ressources dans nos bois, comme des cèpes et des palombes… »

Ronan Kervarrec et Jérôme Schilling, les chefs très doués de l’Hostellerie de Plaisance et de Lafaurie Peyraguey © JPS

Ce sont ainsi 184 dignes représentants de la gastronomie française qui sont présents ce soir-là, des chefs et sommeliers de « 63 établissements: 61 étoilés dont 9 deux étoiles et 2 triple étoilés », précise Jean-Jacques Bonnie, président des Crus Classés de Graves. Parmi ces grands chefs, Philippe Etchebest du 4e Mur à Bordeaux, Ronan Kerverrec 2** de l’Hostellerie de Plaisance à Saint-Emilion, qui tous deux seront présents sur le salon Exp’Hôtel du 24 au 26 novembre au Parc des Expositions de Bordeaux Lac, mais aussi Jérôme Schilling de l’Hôtel Restaurant Lalique au Château Lafaurie-Peyraguey en AOC Sauternes qui s’apprête à organiser « le dîner des grands » avec Yquem et Pierre Lurton lundi 25 novembre à Lafaurie-Peyraguey, sans oublier Pascal Pressac de la Grange aux Oies au château de Nieuil qui prépare les Gastronomades à Angoulême les 29, 30 novembre et 1er décembre. Hervé Valverde du Bistro du Sommelier a été de toutes ces Accabailles, « je suis venu à toutes, même l’an dernier à Paris avec le chef Gomez, le chef de l’Elysée, c’est un événement fabuleux. »

Hélène Darroze et Eric Perrin à l’ouverture de ces 29e Accabailles

Ces Accabailles avaient une saveur particulière au château Carbonnieux, ce lieu chargé d’histoire comme le rappelle Jean-Jacques Bonnie, dont les origines remontent à 1234 (cela ne nous rajeunit pas), un domaine tenu encore en 1740 par les moines de l’Abbaye Sainte-Croix d’où le nom du second vin et la coquille Saint-Jacques sur l’étiquette de Carbonnieux. Un château renommé déjà au XVIIIe siècle qui eu la visite de Thomas Jefferson en 1787 avant que celui-ci ne devienne président des Etats-Unis d’Amérique. Un château dont l’histoire s’est écrite avec la famille Perrin dès 1956 avec Marc et son fils Anthony, une famille de Bourguignons qui était partie en Algérie et sentant le tournant de l’histoire, s’est installée en terre de Léognan. Une famille aujourd’hui incarnée par Eric, Christine et Philibert, de grandes personnalités du monde du vin.

L’association remercie les chefs et sommeliers qui mettent les vins sur le carte en avant: ici le chef cuisinier Jérôme Schilling (1*) et le chef sommelier Adrien Cascio du Château Lafaurie-Peyraguey © JPS

Le choix du chef a été opéré par la famille Perrin, de concert avec l’association des Crus Classés de Graves: « je voulais quelqu’un du Sud-Ouest, j’ai tout de suite pensé à Hélène Darroze », chef 2** au Guide Michelin, chef de deux restaurants à Paris et du Connaught Hotel à Londres, qui a remporté en 2015 le prix « Veuve Cliquot » du meilleur chef féminin au monde. « C’est quelqu’un d’emblématique, une générosité de cuisine du Sud-Ouest, c’est le cèpe, la palombe et le foie gras, l’identité de notre gastronomie du Sud-Ouest, avec aussi un fabuleux baba à l’Armagnac. »

« la palombe, le foie ras des Landes et les cèpes… »Wellington » par Hélène Darroze

Un moment intense en émotions avec aussi l’évocation de la disparition de deux grands chefs l’an dernier Paul Bocuse et Joël Robuchon, suivie par celle de deux grands viticulteurs : « après avoir déploré la perte de deux grands chefs, je voulais rendre hommage à deux personnages emblématiques et fondateurs de notre appellation: une pensée émue pour André Lurton, créateur de l’appellation Pesac-Léognan en 1987 qui a révélé nos vins à un large public d’amateurs et à Jean-Bernard Delmas, l’un des fondateurs de notre classement de Graves en 1953 par l’INAO, l’un est disparu au moment de la fleur et le second à la fin des vendanges. »

Hélène Darroze, sa team, le traiteur Monblanc et les élèves sommeliers de l’école de Talence et du CAFA remerciés par Jean-Jacques Bonnie, pdt des crus classés de Graves © JPS

Bravo à tous nos chefs cuisiniers, pâtissiers, sommeliers, ambassadeurs de la gastronomie et de l’art de recevoir à la française, passeurs de mémoire, de traditions et de créativité. Carpe Diem.