16 Avr

Oenotourisme à Bordeaux: un coup d’arrêt enregistré déjà avant le confinement

Parmi les nombreux secteurs qui souffrent du manque de fréquentation, celui de l’oenotourisme est lui face à « un mur ». Un secteur à l’arrêt. Les annulations ont commencé avant le confinement, les touristes annulant les uns après les autres.  Réactions de Chloé Cazaux Grandpierre spécialiste des tours culinaires ou wine tours, et de Vincent Labergère, dont le château Rayne-Vigneau dans le Sauternais, a connu ces dernières années un fort développement oenotouristique. Ces acteurs attendent une embellie et ont de beaux projets à venir.

© Chloé Cazaux Grandpierre (à droite) faisait découvrir à de nombreux touristes le vignoble de Bordeaux, ici au château Guiraud

S’il y a bien un secteur en pleine explosion à Bordeaux et en Gironde, c’est bien celui de l’oenotourisme. Alain Juppé se vantait il y a moins de 3 ans, alors qu’il était encore maire, que le tourisme avait été multiplié par 3 à Bordeaux en 15 ans… Le classement de la ville au Patrimoine Mondial de l’Humanité en 2007 a eu un effet notable, mais pas seulement il y a eu la renaissance de la ville et aussi l’accueil dans les châteaux car parmi les touristes français ou étrangers interrogés, 46% reconnaissaient venir aussi pour visiter le vignoble bordelais.

Surfant sur cette déferlante, de nombreux acteurs oenotouristiques ont créé leur société et concept. C’est le cas de Chloé Cazaux Grandpierre avec C & W Expériences, une Sarl spécialisée comme elle me l’explique dans ce que les anglo-saxons considèrent comme « des tours culinaires », cela recoupe les vins, spiritueux, la gastronomie, la culture et le patrimoine.

Chloé Cazaux Grandpierre © Roger Savry

Chloé est guide conférencière, mais aussi diplômée en sommellerie et exploite un VTC, elle a ainsi créé sa micro-entreprise en 2012 puis une Sarl en 2017. Avec son concept Expériences by Chloé and Wines, elle proposait de nombreux wine tours, des tours pédestres de Bordeaux « le gourmet food tour » ou tour une véhicule de découverte de 3 vignobles, comme celui du Médoc entre Pauillac, Saint-Julien et Margaux, mais aussi rive droite avec Saint-Emilion et Pomerol, ou rive gauche avec Graves et Sauternais, mais aussi Cognac, etc…des formules très abouties où elle servait de guide-chauffeur et réalisait avec les châteaux les visites et dégustations. Tout marchait bien,  avec 357 personnes accueillies en 2018 et encore plus en 2019, jusqu’à cette sacrée épidémie de coronavirus…

Cela a commencé 15 jours avant l’annonce officielle de confinement du Président de la République, on a commencé à avoir des annulations avec remboursements, dans 95% des cas, ou des reports. Et quand Trump a annoncé la fermeture des frontières, cela a été la catastrophe, tout a été annulé », Chloé Cazaux Grandpierre

Chloé Cazaux Grandpierre reconnaît avoir pu travailler jusqu’à la mi-mars, mais « depuis je n’ai aucune réservation à venir, rien du tout, jusqu’en septembre où un tour a été reporté », il avait été réservé avec un bateau de croisière qui devait faire escale.

« Au début, cela a été très difficile de voir les annulations et de faire les remboursements d’acomptes, mais bon ce sont des cas de force majeure et donc avec les agences et les plateformes, on a remboursé bien sûr au client, mais je l’ai très très bien vécu, je suis restée philosophe. On est tous dans le même cas de figure et mieux vaut se concentrer sur l’après. »

Même si sa clientèle est à 100% internationale (90% d’américains, mais aussi des asiatiques de Hong-Kong, Singapour, du Canada ou d’Australie), Chloé sait qu’elle va rebondir, elle prospecte actuellement de nouveaux clients potentiels, relance son blog Chloé and Wines avec un article par semaine et commence une quinzaine digitale: « on va parler de vin, d’oenotourisme avec Rayne-Vigneau, de vin et musique avec Fleur Cardinale et de spiritueux avec Cognac et Rémi Martin, et de gastronomie avec le chef Stéphanie Bottreau de Cook and Tinem ». Un rendez-vous chaque soir sur Instagram à 18h. Chloé Cazaux Grandpierre continue donc d’occuper le terrain via internet et les réseaux sociaux, en attendant une embellie et le retour des touristes qui bien sûr vont chercher à revenir dans cette belle région viticole bordelaise.

Le château © Rayne-Vigneau, 1er cru classé de Sauternes situé à Bommes

Au château Rayne-Vigneau, Vincent Labergère reconnaît que l’oenotourisme « est une activité qui est devenue importante, depuis 2012 on a une progression à deux chiffres, cette activité connexe à la production de vin, permet de vendre du vin, d’établir un fichier client, d’avoir une visibilité et une certaine notoriété ».

On avait plein de projets de développement cette année, les projets pleuvaient de partout au niveau oenotouristique, mais aujourd’hui on est dans un mur, tout est annulé au niveau des groupes jusqu’à début juillet, » Vincent Labergère directeur du château Rayne-Vigneau.

© Rayne Vigneau à cheval permet une découverte du terroir de Sauternes

C’est une offre très complexe et complémentaire que Vincent Labergère a mis sur pied avec ses équipes : depuis la visite découverte avec dégustation de 3 vins, « Secrêt de Rayne-Vigneau » visite chais et propriété avec aussi dégustation,  à « Millésimez-vous  » avec une dégustation verticale de 6 vins de la propriété, sans compter un « atelier d’assemblage » pour se mettre à la place du maître de chai et repartir avec son propre vin, la visite des « 5 sens en éveil » (comment comprendre par exemple le parallèle de qualificatifs sur un vin entre le toucher et la dégustation « soyeux », « doux », « velouté » sur la base d’une palette à toucher…et une autre sur les couleurs…),la découverte du terroir à cheval, un escape game « Sweet Game » ou encore une « dégustation perchée » dans un cèdre à 12 mètre en hauteur…

Un véritable succès puisque le château a enregistré 7000 visites payantes en 2019, et si on ajoute le week-end des portes-ouvertes cela monte à 10 000 personnes. Une reconnaissance aussi par les Best Of Wine Tourism qui avaient consacré l’an dernier cette visite des « 5 sens en éveil » par un trophée Best Of d’Or.

Un dépaysement total avec cette dégustation perchée du © château Rayne Vigneau à 12 m de haut

Mais tout cela, c’était avant ce satané virus qui fait dire avec humour à Vincent Labergère « on va allumer un cierge pour se relancer ». Mais dans ce secteur, comme dans d’autres, c’est souvent le travail et l’originalité qui sont récompensés: « on va continuer notre communication sur les réseaux sociaux et continuer à travailler notre visibilité. On organise d’ailleurs actuellement un concours de coloriage pour les moins de 12 ans avec un tirage au sort pour permettre de gagner une dégustation perchée pour 4 personnes, il y aura aussi des ateliers d’assemblage et visites découvertes à gagner pour les parents bien sûr. On réfléchit aussi pour le retour à un week-end pétanque et à des visites dégustations. Je pense que en juillet et en août on va retrouver une clientèle spontanée et locale car les gens ne vont pas pouvoir partir à l’étranger a priori, et on devrait reprendre une activité normale en septembre. »  

Aujourd’hui l’absence de touriste et d’oenotouristes représente un grand vide, presque à donner le vertige quand on sait que 900 000 d’entre eux passent chaque année par l’Office de Tourisme de Bordeaux et qu’un tiers avouent avoir visité au cours de leur séjour au moins un château. 37% des ventes de visites à l’Office de Tourisme sont des visites dans le vignoble. Quant au nombre de nuitées vendues sur la métropole bordelaises, ce sont 6,35 millions qui ont été vendues en 2019, de quoi mesurer quelque peu le manque à gagner actuel tant pour les hôteliers, restaurants, guides, wine-tours que pour les châteaux.

Pour Sophie Gaillard, responsable de l’oenotourisme à l’Office du Tourisme de Bordeaux Métropole le contexte lui fait dire : « on ne va pas avoir de touristes étrangers ou très peu cet été, il va falloir trouver d’autres pistes; la clientèle française et locale vont être nos cibles privilégiées, mais ce ne sont pas les mêmes produits que l’on vend à des Français ou à des Américains. D’habitude notre offre de wine tours est pas mal ciblée sur une clientèle étrangère, désormais la tendance au locatourisme se profile. »

Allez on va positiver et on espère que cela va repartir dès que la situation sanitaire va s’arranger. Hauts les coeurs !

15 Avr

Primeurs à Bordeaux : il y a un certain appétit malgré la crise

C’est une année à marquer d’une pierre blanche. Une première depuis que le système des primeurs existe. Ni les propriétés, ni la place de Bordeaux, ni l’Union des Grands Crus n’ont pu faire déguster dans les mêmes conditions que d’habitude en mars-avril le millésime 2019 aux journalistes, critiques et distributeurs français et étrangers. Une campagne primeurs qui pourrait malgré tout se tenir… Enquête de Côté Châteaux.

Les Primeurs à Bordeaux, c’est la Grand-Messe où le nouveau né est présenté avec sa belle robe rouge ou or à de très nombreux parrains… C’est vrai, c’est quasi cérémonial, avec des  règles définies par l’Union des Grands Crus de Bordeaux qui organise la venue traditionnellement de 5000 à 6000 professionnels du monde du vin en mars et avril, avec une messe qui dure en général 4 jours, sur cette fameuse semaine (officielle) des Primeurs. Elle devait se tenir du 30 mars au 2 avril cette année, mais patatras, il y a eu ce que personne n’aurait imaginé il y a encore un an en arrière, une épidémie, une pandémie même qui a mis à genou l’économie mondiale car d’abord il fallait gérer cette crise sanitaire, que certains ont dépeint comme « une guerre ».

Jacques Dupont, dégustant les crus artisans du Médoc en avril 2018 © JPS

Jacques Dupont, journaliste du magazine le Point, est l’un des grands critiques, dont les paroles et les notes sont bues par de nombreux amateurs de vin; en général il ne fait pas trop de laïus, ce n’est pas le genre curé, il va à l’essentiel car chaque année il déguste plus de 2000 vins pour donner son avis sur le millésime, qui ne sera livré en général que 2 ans après. C’est ça les primeurs, un exercice assez périlleux et pointu, de donner un avis sur un vin qui n’a que 4 mois d’élevage. La propriété va le vendre au négoce, qui lui-même va vendre aux particuliers ou sociétés à partir de mai-juin, pour permettre au château de se faire de la trésorerie, avec en général un petit avantage sur le prix et une livraison près de 2 ans plus tard. Mais cette année a pour lui une saveur particulière…Il n’y aura pas de guide « Spécial Bordeaux » par Jacques Dupont comme de l’accoutumée dans le Point fin mai.

Jacques Dupont dégustant les primeurs en Fronsac et Canon Fronsac l’an dernier © JPS

« On devait démarrer le 15 mars, mais la veille on a entendu Edouard Philippe, avant de partir et avec Olivier Bompas on s’est concerté et on s’est dit on ne va rien faire, on a vu progressivement les châteaux annuler les uns après les autres, du coup on a tout annulé, car on ne voyait pas bien la porte de sortie… D’habitude Olivier part pour 3 semaines et moi 4 à Bordeaux pour déguster, là c’est un retard qu’on ne peut pas combler, même s’il y avait une tentative de sortie en primeurs en juin, je ne vois pas bien comment on pourrait faire. Déjà elle était mal en point cette campagne primeurs avec le marché américain qui a connu une hausse de 25% sur les achats qu’ils ont fait en primeurs sur les 2017 et 2018 avec les taxes Trump, certains qui ont acheté vont vendre à perte. Bon quand le négoce veut faire une campagne primeurs sur une quarantaine d’étiquettes, on peut les comprendre:  les négociants ont déjà goûté, les courtiers aussi, entre eux ils peuvent faire une campagne comme cela, mais la campagne ne sera pas une grande campagne, même si la place de Bordeaux fait toujours un boulot formidable avec les grands crus. Cela va peut-être mener à vendre des vins livrables, moins chers et qui se tournent plus vers la France car le marché de Bordeaux est atone et cela serait bien de faire redécouvrir les Bordeaux aux Français… »

Jane Anson, journaliste anglaise et critique pour Décanter reconnaît que c’est une année aussi particulière: « je ne vais pas publier de notes, je vais publier quelque chose pour donner un feeling global sur le millésime. J’ai pu déguster beaucoup de Crus Bourgeois ou des Crus de Saint-Emilion, ce sont des échantillons qui m’ont été envoyés, on respecte les consignes, on laisse les vins dans le garage pour 24h avant de déguster, je me débrouille ainsi… »

Didier Fréchinet, Miguel Aguirre de la Tour Blanche, David Bolzan de Lafaurie-Peyraguey, Vincent bergère de Rayne-Vigneau et Pierre Montegut de Suidiraut pour la dégustation des primeurs au Chapon Fin en 2019 © JPS

Rare sont ceux qui ont pu organiser des dégustations en public, avant la mise en place du confinement : il y a eu par exemple la dégustation des Fronsac et Canon Fronsac au Grand Hôtel de Bordeaux et des Sauternes comme d’habitude avant la semaine des primeurs comme me le précise Vincent Labergère, directeur du château Rayne-Vigneau (1er cru classé de Sauternes): « on a fait notre dégustation au Chapon Fin le 11 mars et cela s’est arrêté là, c’était le premier maillon de la chaîne des dégustations, mais après aucun client ou journaliste n’a pu déguster. La position de l’Union des Grands Crus était de ne pas faire circuler d’échantillons, mais on sait tous il y avait à droite ou à gauche une demande d’échantillons et de faire déguster. Il y a des notes de journalistes étrangers qui vont sortir car certains auront envoyé des échantillons.

Le millésime est pourtant de grande qualité, mais au niveau de la mise en marché on est arrêté pour le moment. L’idéal serait une mise en marché au mois de juin pour Rayne-Vigneau, plus qu’au mois de septembre où le nouveau millésime va arriver, » Vincent Labergère directeur du château Rayne-Vigneau

Stéphanie de Boüard-Rivoal dans les chais d’Angélus en avril 2019 © JPS

Pour Stéphanie de Boüard-Rivoal, directrice du château Angélus (1er cru classé A de Saint-Emilion): « il faut envisager tous les scénaris, éviter les choses hâtives, Bordeaux est très solide et a montré sa capacité à surmonter les crises. A la propriété, on souhaite qu’il y ait une campagne sur le Millésime 2019, même décalée de quelques mois, dans le courant de l’été ou à l’automne, mais après cela serait trop tard. Juillet serait parfait, il n’est pas impossible d’envisager aussi à l’automne. Même si elle est a minima, elle permettrait de garder la dynamique, si on arrive à la faire cela voudrait dire que la crise est alors surmontée. Jusqu’ici, on n’a jamais fermé la porte aux dégustations à la propriété, demain matin on a un journaliste, mais ce sera le premier, avec des mesures sanitaires, et une personne à la fois. On n’a pas envoyé d’échantillon, mais on n’exclut pas quand cela sera possible de se déplacer dans quelques pays qu’on aura ciblé avec des échantillons, ce sont des hypothèses que l’on a en tête.  2019 est un millésime extraordinaire en profondeur et en densité et en tension apportée par le cabernet franc, qui me fait penser à 2001″.

Fabrice Bernard, le Pdg de Millésima au tasting des crus classés de Saint-Emilion au château Villemaurine  en 2017© JPS

Du côté du négoce, Fabrice Bernard PDG de Millésima me confie que la période est compliquée mais « oui la campagne, il faut qu’elle ait lieu. On a cet énorme avantage à Bordeaux avec ce système de primeurs, si elle s’arrête on va redevenir comme tous les autres vins d’autres régions viticoles. 

Cette campagne, elle aura peut-être lieu en juin ou juillet, il faut la faire, d’autant que ce sont des vins de qualité avec des volumes. Ce n’est pas un petit millésime, mais on a un bon millésime, plutôt sympa », Fabrice Bernard de Millésima.

« Mais il y a aussi le problème du prix : il faudra attendre cette sortie de crise, il ne faut pas que Bordeaux soit arrogant.Au contraire, les châteaux ont interrogé leurs importateurs britanniques ou américains, pour savoir si ils s’en sortent ou pas. On finira par trouver un consensus au bon moment et au bon prix, un prix raisonnable, en adéquation avec le marché et avec une baisse significative.

Yann Schÿler PDG de la Maison Schröder & Schÿler reste les pieds sur terre et ne veut pas d’une tonalité trop optimiste:

Régis Deltil et Yann Schÿler à la cave Latitude 20 à la Cité du Vin en 2017© Jean-Pierre Stahl

Il faut faire une campagne primeurs quand il y a un marché, et pas quand on a envie de la faire ! » Yann Schÿler de Schröder & Schÿler.

Et de préciser si elle a lieu : « elle pourrait avoir lieu en janvier ou en septembre à la rigueur, mais pas avant quand la moitié des pays sont confinés ou en confinement partiel. Là il n’y a pas d’acheteur ou alors pour une dizaine de marques, mais on ne fait pas une campagne juste pour 10 marques. En bourse, tous les actifs ont chuté, tout le monde a bu le bouillon, tous les opérateurs sont affaiblis, et les personnes fortunées sont confinées, donc c’est une crise qui touche tout le monde ».

« Aujourd’hui, le marché de demain, je ne le vois pas. Premièrement, il faut qu’il y ait des acheteurs, il n’y même pas eu de dégustation, comment faire monter la mayonnaise…? Et deuxièmement, pour faire une campagne primeurs il faut que 70% des vins trouvent preneurs… Les Usa ne vont pas bien du tout, les Chinois s’en remettent à peine et l’Europe n’est pas sortie non plus…Il faut être pragmatique, je pense comme Emmanuel Cruse pas avant septembre, et il ne faut surtout pas prendre ses désirs pour des réalités. »

Ronan Laborde, le président de l’UGCB  © JPS

Tous les regards sont dès lors tournés vers l’Union des Grands Crus de Bordeaux qui a les clés de cette campagne des primeurs. Joint également ce matin Ronan Laborde son président m’a confié tenir demain une réunion de son bureau qui va décider: « comme on avait dit que les primeurs étaient suspendus, on avait envisagé une déprogrammation ultérieure sur une nouvelle formule. Jusqu’à présent on a été très prudent, on avait recommandé de ne pas faire goûter et envoyer des échantillons, pour ne pas partir dans tous les sens, pour que tout se goûte au même moment. On est en concertation avec le négoce et les courtiers.On fera ce que le marché a envie de faire, il ya quand même pas mal d’acteurs qui sont intéressés par une campagne primeurs même une campagne dégradée.

Si les gens ne peuvent pas voyager, les marchandises peuvent voyager, ce sera un format nouveau vraiment exceptionnel, par son ampleur de travail et par les défis à relever. On a une envie et un intérêt sur le 2019″, Ronan Laborde président de l’UGCB.

La semaine des primeurs en 2017 pour déguster le fameux 2016 au château La Louvière © JPS

La campagne de primeurs à Bordeaux pourrait se tenir sur fin juin ou en juillet par exemple, « c’est le bureau qui va en décider, puis on va le soumettre au négoce. Mais on ne peut rien faire jusqu’au déconfinement, tant que les résultats de propagation de l’épidémie se font ressentir aussi, dans les 15 prochains jours, on connaîtra les conditions du déconfinement. On verra si on peut aussi accueillir dans une salle 20, 30 à 50 personnes, mais on sait que tout grand rassemeblement ne peut pas se faire avant mi-juillet. On reste prudent avec la visibilité nécessaire. »

14 Avr

Salon des Vignerons Indépendants: le salon va essayer de se tenir cet été, du 24 au 26 juillet à Bordeaux

Le salon des vignerons indépendants de Bordeaux devait se tenir du 13 au 15 mars dernier, mais il a été finalement reporté au mois de juin, du fait du début d’épidémie de coronavirus. Suite au discours hier soir du Président Macron, les Vignerons Indépendants vont s’adapter et devraient prochainement trouver une date pour qu’il puisse se tenir cet été.  Les dates finalement retenues sont du 24 au 26 juillet au parc des expositions de Bordeaux.

Salon des vignerons indépendants de Bordeaux en mars 2019 © JPS

C’est presque un roman feuilleton. Mais un roman qui se laisse boire. Et Dieu sait qu’il y a du monde qui attend cet événement.

Souvenez-vous, le salon des Vignerons Indépendants devait se tenir du 13 au 15 mars, comme de l’accoutumée, au parc des expositions de Bordeaux Lac. Bon, il a été dans un premier temps confirmé car passant en dessous su seuil de 5000 personnes en même temps en un même lieu, et puis reporté quelques jours plus tard, la barre était descendue à 1000 personnes le 8 mars…

Le lendemain les Vignerons Indépendants annonçaient le report du salon du 19 au 21 juin, en même temps que Bordeaux Fête le Vin. Mais hier soir le Président Macron a calmé les ardeurs de ceux-ci dans la mesure où il a spécifié que « les grands festivals et événements avec un public nombreux ne pourront se tenir au moins jusqu’à mi-juillet prochain… » (dans son « ne », il faut entendre « ne… pas », bien sûr, il suffit d’utiliser la traduction google…) Et d’ajouter : « la situation sera régulièrement estimée à partir de mi-mai, chaque semaine… »

Alors pour qui sait lire entre les lignes du message présidentiel, bref si trou de souris il y a, faites confiance aux vignerons indépendants pour s’y faufiler, tout en respectant les gestes barrières (un morceau de comté avec un verre de vin du jura). Non, sans rire ils appliqueront bien sûr toutes les précautions qui seront en vigueur à ce moment-là.

« Nos vignerons ont besoin de clients, leurs ventes actuellement sont presque insignifiantes », me confie Cédric Coubris le Président des Vignerons Indépendants. « Il n’y a plus d’export et la grande distribution n’est pas suffisante. Aussi vis-à-vis de nos vignerons, il faut repenser à repartir, on espère avoir un visitorat même en juillet, car les caves se vident… On sait que la Foire Internationale de Bordeaux essaie aussi de reporter durant la deuxième quinzaine de juillet, on est en pour-parlers avec le Parc des Expositions… »

Et ce mercredi 15 avril Côté Châteaux apprend que le salon se tiendra normalement du 24 au 26 juillet au parc des expositions de Bordeaux.

Pas de déconfinement pour tous dès le 11 mai: un coup de massue pour les restaurants de Gironde

Après l’annonce du Président Macron de prolonger le confinement jusqu’au 11 mai et d’en sortir progressivement, les cafés et restaurants de la Gironde ne savent pas quand ils pourront  réouvrir. Emmanuel Macron a précisé que ces établissements resteront fermés à ce stade. Réactions des restaurateurs de Gironde qui attendent un plan de relance.

Hervé Valverde, à la tête du Bistro du Sommelier à Bordeaux © JPS

« Les lieux rassemblant du public, cafés, restaurants, cinémas, salle de spectacle et musée, resteront fermés à ce stade », cette phrase prononcée hier par le Président de la République a été ressentie par certains comme une douche froide…

A QUAND LA REOUVERTURE DES RESTAURANTS ?

Pour Hervé Valverde, patron du Bistro du Sommelier depuis 1987 à Bordeaux : « cela fait 41 ans que je travaille, j’ai connu des périodes difficiles dans ma carrière mais pas une période comme celle-là. Je pense qu’il va y avoir de la casse dans la restauration, des gens qui ne pourront pas rouvrir…C’est surtout les petites structures qui vont être mises à mal. C’est difficile pour nous quand on a 5 ou 6 clients à table, comment on va faire pour les espacer, et pour les brasseries parisiennes ou bistrots où tu es épaule contre épaule, et le personnel, il va falloir qu’il travaille avec un masque ?…C’est quand même triste, on crée un lien social… Après je n’en veux à personne, malheureusement c’est un aléa de la vie, qui est très très lourd. Dans ma profession, on avait plaisir à se retrouver au marché ou chez Métro, pour s’approvisionner et boire un café, là il n’y plus cela… »

« Personnellement, et même avec des amis restaurateurs, on s’en doutait », commente ce matin également Romain Cazalas du Bistrot Le Coq à Bordeaux.  « C’était compliqué de se dire que demain on allait pouvoir réouvrir nos cafés et restaurants, très honnêtement je ne suis pas étonné, mais la date de peut-être mi-juillet cela fait un peu loin…Les rassemblements comme les Epicuriables (allées de Tourny à Bordeaux), auxquelles je participe depuis 3 ans ne sont pas autorisés… Quand j’ai vu la semaine dernière l’annulation de la Fête du Vin, là j’ai compris, on s’y attendait pour cet événement aussi. » 

Romain Cazalas, lors de l’opération Blaye au Comptoir en février 2019 © JPS

Pour ce restaurateur à la tête de 3 établissements, il a du comme les autres s’adapter en mettant ses « 5 salariés au chômage partiel, mettre les projets en stand-by et tout décaler à 3 mois: on se met dans la difficulté. »

Sur la première période, on a pu bénéficier du report des charges Urssaf qu’il faudra de toute manière assumer, l‘autre difficulté c’est de sortir les loyers », Romain Cazalas du Bistrot Le Coq

« Avec ma propriétaire sur Le Coq on a pu s’arranger, quant aux encours avec les banques, on a pu décaler les crédits. C’est surtout l’après qu’il faut anticiper…Il y a eu ce prêt d’Etat auquel on a pu souscrire mais avec au bout d’un an un remboursement sans trop de frais ou alors étalé sur 5 ans. Notre plus grande demande, c’est que les assureurs jouent le jeu, que la perte d’exploitation puisse être assurée au moins sur une partie du chiffre d’affaire, pour les restaurateurs c’est le plus important. »

DES ANNULATIONS DE CHARGES TRES ATTENDUES

Au Café de la Gare 1900, c’est un coup dur aussi pour Dominique Clément et son associé Stéphane Coeuret, qui venaient de racheter cet établissement, relancé par Jean Lissague en face de la gare de Saint-André-de-Cubzac, qui en avait fait un endroit très prisé parmi les brasseries de Gironde: « c’était il y atout juste un an, cela se passait bien, on faisait un peu plus de 200 couverts par jour, 7 jours sur 7, avec 18 salariés…

« Le confinement, on respecte le choix et après il y a l’aspect économique. Le déconfinement est prévu à partir du 11 mai sauf pour les restaurants, nous nous ne sommes pas concernés, quand on va réouvrir on ne sait pas, un mois après ? Et comment cela va se passer ? Une table sur deux ? La capacité va dégringoler et est-ce qu’on va être soutenu financièrement ? »

« Le prêt d’Etat ce n’est pas une subvention, ce sont des difficultés pour nos entreprises plus tard. S’il y a des suppressions de charges, ça c’est bien, ça va nous aider car on est inquiet et on se demande si on va pouvoir conserver les employés. La banque a réagi très rapidement pour débloquer les fonds, cela a permis de payer tout le monde. Mon inquiétude est vraiment l’aspect économique car il faut 70 000€ par mois pour couvrir les frais fixes, loyer, électricité, etc tous frais compris, c’est lourd. Ce qui a été fait, c’est vraiment bien, mais s’il y a des annulations de charges, ça va nous soulager (comme l’a laissé entendre le Président Macron). Dominique Clément confie par ailleurs qu’ils avaient aussi comme projet de refaire la cuisine et les toilettes de l’établissements, pour 180 000€ d’investissements hors taxe, « tout cela est reculé… »

L’allocution du Président Emmanuel Macron, hier soir © JPS

IL FAUDRA REPRENDRE UNE ACTIVITE NORMALE SELON L’UMIH

« On n’a pas de visibilité, mais ce n’est la faute de personne, ni des politiques, ni des médecins, ni de l’ARS; personne n’a les clés de lecture », commente tout d’abord Laurent Tournier, le président de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie de Gironde qui regroupe 4000 établissements (cafés, hôtels, restaurants) avec 25 000 salariés.

« Pour l’heure et dans un premier temps, on s’occupe de confiner nos entreprises correctement, ce qui n’est pas forcément le cas:

0 chiffre d’affaire devait correspondre à 0 charge, on n’y est pas. Il faut que les banques, assureurs, bailleurs et prestataires prennent la mesure de l’événement et nous permettent de franchir le gué »  Laurent Tournier, président UMIH Gironde.

« Dans un deuxième temps, le déconfinement doit être ON ou OFF; un déconfinement partiel serait dommageable pour nos établissements (on ne peut pas couper en deux le personnel ou les clients, avec limitation de 100 personnes par exemple). Il faudra reprendre une activité normale pour refaire de la trésorerie et faire repartir la machine ».

LA QUESTION DES AIDES

Quand aux aides, comment les perçoit-il ? « Les aides elles sont là mais il faut déjà bien les mettre en place. Le système bancaire est complètement engorgé par les fortes demandes de prêts, il y a une demande extraordinaire et le problème c’est la réponse. Aujourd’hui tout le monde n’a pas droit aux prêts et notamment au prêt d’Etat, les banques font un tri entre les bonnes entreprises et les moins bonnes, des entreprises déjà fragilisées depuis plus d’un an à cause des mouvements sociaux des ilets jaunes et des retraites.

On milite pour que tous les petits dossiers inférieurs à 30 000€ soient acceptés, mais aussi pour une exemption totale de charges » Laurent Tournier, président UMIH Gironde.

Il est clair que la réouverture doit être accompagnée, avec des aménagements et un vrai plan de relance, « l’Etat a fait un gros travail en mettant nos salariés au chômage partiel, mais nos entreprises ont encore 15% de charges fixes. Il faut que cette partie-là soit prise en charge par les assurances, l’Etat, des prêts bancaires pour ne pas mettre à mal nos entreprises. C’est pour cela que l’on demande un exemption ou un allégement des charges pour faire face à la reprise. »

« La vraie casse va intervenir avec les plus fragiles. ma peur est davantage tournée vers l’hiver prochain » Laurent Tournier, président UMIH Gironde.

« En général au printemps, l’été et à l’automne c’est là qu’on engrange une bonne partie de trésorerie, mais quand on impacté un tiers ou la moitié, cela va faire défaut en janvier ou février quand nos entreprises sont en veille. On n’échappera pas à des mesures d’accompagnement pour éviter cet hiver trop rigoureux et que certaines entreprises ne fassent défaut… »

Le Président de l’UMIH national a interpelé ce matin le Ministre de l’Economie Bruno Le Maire à ce sujet ainsi que Jean-Baptiste Lemoyne secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères.

Quant aux restaurateurs, ils préparent déjà le jour de réouverture « on va faire une carte plus réduite et baisser les prix sur certains vins, et on va relancer comme cela », confie Hervé Valverde du Bistro du Sommelier.

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Comment les chefs cuisiniers vivent le confinement…

13 Avr

Pour la 1ère fois de son histoire, la cérémonie des étoiles du Guide Michelin se fera à Cognac en 2021

C’est une première dans l’histoire du célèbre guide rouge: décentraliser la cérémonie des étoiles tant convoitées de Paris en province, et notamment à Cognac, histoire de mettre en avant la richesse de nos régions et l’hospitalité charentaise.

Présentation en mars dernier avec Michel Gourinchas, Maire de Cognac, Jérôme Sourisseau, Président de Grand Cognac, Jean-Hubert Lelièvre, Président de Charentes Tourisme porte-parole et initiateur du projet Cognac territoire hôte 2021, Gwendal Poullennec, Directeur international des Guides Michelin, Vincent Chappe, Représentant de la filière Cognac, François Bonneau, Président du Conseil départemental de la Charente © Guide Michelin

Quand le Guide décide, c’est que le Guide Suprême (de volaille) a toujours raison. Ce n’est pas Mao qui va dire le contraire, lui aussi fut un guide rouge, à la différence c’est que notre Guide Rouge bien français dicte toujours sa loi dans le monde de la gastronomie et cela fait 120 ans que cela dure.

La prochaine cérémonie de remise des étoiles du Guide Michelin se tiendra donc à Cognac le 18 janvier prochain, si le chemin (de table) est encore long, il s’agit de mettre les petits plats dans les grands pour accueillir la crème de la crème, toutes ces grandes toques de la gastronomie qui recevront pour certaines leur première étoile, pour d’autres passeront à l’échelon supérieur et pour quelques rares, pour ne pas dire très rares grands chefs sioux, gagneront leur 3e étoile…alors que d’autres en perdront, ainsi le dit le Guide Suprême…

Chaque année, le Guide MICHELIN valorise la gastronomie de toutes les régions de France à travers sa sélection de restaurants. Dans le Guide France 2020, nous recensons 465 restaurants dans Paris intra-muros et 2970 restaurants en province »Gwendal Poullennec, directeur international des Guides Michelin.

© Guide Michelin

C’est donc le 18 janvier que l’équipe du Michelin occupera de nombreux médias depuis Cognac. Pourquoi Cognac ? Et pourquoi pas? C’est l’une des régions de France qui est fière de son patrimoine gastronomique riche  (trufficulture, affinage, ostréiculture, pisciculture…) et de ses appellations importantes outre le Cognac, le Pineau des Charente et les vins d’IGP Charentais. Et puis le Guide avait décerné cette année une 3e étoile à Christopher Coutanceau, chef de La Rochelle, non loin de là.

Ce sera l’occasion aussi de mettre à l’honneur les différents métiers de salle et notamment le noble métier de chef sommelier. « Le déplacement de notre cérémonie des étoiles de Paris à Cognac est une preuve supplémentaire due l’engagement du Guide auprès des terroirs, des producteurs locaux et de la filière alimentaire de qualité », continue Gwendal Poullennec. « Le rôle du Guide Michelin est d’être un porte-voix pour rapprocher les talents qui oeuvrent en cuisine du plus grand nombre de gourmets. Nous souhaitons également mettre en lumière les artisans et leur région, source d’inspiration inépuisable des Chefs qui ancrent leur cuisine dans leur environnement immédiat et dans les saisons. »

11 Avr

Hôpitaux de Gironde: « les vins de Bordeaux leur disent Merci »

C’est une opération caritative que lancent les vins de Bordeaux, qui seront présents à la même période que Bordeaux Fête le Vin (reporté) par cette vente aux enchères au profit exclusif des Hôpitaux de Gironde, du 15 au 21 juin. Entretien avec Christophe Chateau du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux.

« Les vins de Bordeaux leur disent MERCI », c’est une idée qui a germé depuis quelque temps au sein du CIVB et des viticulteurs de Gironde. Continuer la lecture

10 Avr

Les réactions du monde du vin à l’annonce du report de Bordeaux Fête le Vin

C’est officiel, Nicolas Florian, le Maire de Bordeaux, vient d’annoncer lors de son point presse le report de Bordeaux Fête le Vin en 2021, cet après-midi depuis la Mairie de Bordeaux. Les réactions du monde du vin et des internautes saluent ce report sage, auquel quelques-uns s’attendaient. Bordeaux Fête le Vin se tiendra ainsi du 17 au 20 juin 2021.

Bordeaux Fête le Vin en 2016, avec un stand de l’Ecole du Vin très prisé pour apprendre à déguster, sur les appellations et les terroirs © JPS

« Quel dommage ! » ou « cela paraît sage », ce sont les premières réactions d’internautes, fidèles de Bordeaux Fête le Vin sur la toile, apprenant la nouvelle.

La manifestation qui a fêté ses 20 ans en grandes pompes en 2018 ne va donc pas se tenir en 2020, prévue initialement du 18 au 21 juin. C’est la crise actuelle liée à la pandémie de coronavirus ou civid-19 qui a justifié cette décision.

Nicolas Florian, Stephan Delaux et Régis Labeaume, lors de la dernière fête du vin fin août 2019 à Québec © Laurent Moujon

Cela a été une décision difficile, le report de la Fête du Vin, l’un des plus gros rassemblements qui puisse exister. On l’a reporté en juin 2021.On a pris cette décision avec le CIVB. On s’est posé la question de savoir si on pouvait envisager Bordeaux Fête le Vin à l’automne mais on sait que ce sont les vendanges à ce moment là. « , Nicolas Florian.

Nicolas Florian, le Maire de Bordeaux, annonçant le report à 2021 de Bordeaux Fête le Vin © Nicolas Corne

Et de poursuivre : « à un moment donné il faut que je prenne mes responsabilités et pour ne pas mètre en difficulté nos partenaires et prestataires, j’ai voulu anticiper, car je ne sais pas si on sera encore en confinement total ou partiel à ce moment là. Donc en 2021, ce sera Bordeaux Fête le Vin et en 2022 Bordeaux Fête le Fleuve » a-t-il précisé.

BORDEAUX FETE LE VIN DU 17 AU 21 JUIN 2021

Bordeaux Fête le Vin se tiendra donc du 17 au 21 juin 2021, les pass déjà achetés restent valables pour la prochaine édition, une manière de soutenir aussi l’événement dans une période complexe, il y a aussi la possibilité de se faire rembourser en envoyant un mail à bfv@bordeaux-tourisme.com

Pour Michel Rouyer, directeur du syndicat des Côtes de Blaye, syndicat présent sous le pavillon des Côtes de Bordeaux :

Michaël Rouyer à la Maison du Vin de Blaye en février dernier © JPS

Michaël Rouyer à la Maison du Vin de Blaye en février dernier © JPSC’est le bon sens qui l’a emporté, déguster avec des masques cela aurait quand même été un peu compliqué...Michaël Rouyer directeur Blaye côtes de Bordeaux

On s’y attendait, c’était quasiment acquis qu’il n’y aurait pas de Bordeaux Fête le Vin. Il ne va rien se passer en terme d’événementiel jusqu’à fin juin… »

« Très honnêtement, les conditions ne permettaient pas la tenue de Bordeaux Fête le Vin dans des conditions normales », commente à son tour Mayeul L’Huillier, directeur du syndicat des Graves. « Cela a beaucoup de retentissement, Bordeaux Fête le Vin brasse énormément de monde.

Mayeul L’Huillier aux côté de Xavier Perromat du château e Cérons © JPS

Je préfère avoir un Bordeaux Fête le Vin dans des conditions normales qu’un Bordeaux Fête le Vin réduit, avec des mesures de distanciation » Mayeul L’Huillier directeur du syndicat des Graves de Bordeaux

Cela n’aurait pas été simple.C’est un mal pour un bien.L’année prochaine, ce sera un Bordeaux Fête le Vin normal et cela nous permettra de reprendre la marche normale, même si on avait envie de faire la promotion de nos vins, mais il semble que ce ne soit pas le moment. »

Pour Didier Gontier, directeur du syndicat des Côtes de Bourg : « c’est une décision sage car on n’a pas de visibilité sur ce que sera le contexte. Surtout avoir un événement de cette ampleur, cela paraissait compliqué de le maintenir.

Didier Gontier, le directeur des Côtes de Bourg en octobre 2018 © JPS

Didier Gontier, le directeur des Côtes de Bourg, au bar à vins des Côtes – en octobre 2018 © JPSJour après jour, c’est un cumul d’annulations, d’événements ou de salons, qui vous enlèvent des opportunités de communication et de mettre en valeur nos produits », Didier Gontier directeur des Côtes de Bourg.

« Il est sage de le reporter en 2021, on sera d’autant plus fort collectivement pour parler des vins de Bordeaux. On revoit actuellement notre programme 2020 pour relancer des actions sur le second semestre. Pour l’heure, on ne sait pas ce qu’il en sera de Vinexpo à Hong-Kong en juillet, la Fête du Vin à Bruxelles est pour l’instant maintenue… »

UNE GRANDE OPERATION SOLIDAIRE ENVERS LES HOPITAUX

Histoire de ne pas être en reste, la filière des Vins de Bordeaux et l’Office de Tourisme lancent une grande opération de solidarité, destinée à soutenir les professionnels des hôpitaux de Gironde, aux dates initiales de Bordeaux Fête le Vin: l’opération LES VINS DE BORDEAUX LEUR DISENT MERCI est une vente aux enchères ouverte au grand public du 15 au 21 juin, avec des vins offerts par les châteaux et négociants, dont le fruit sera reversé aux hôpitaux impacté par le Covid-19.

INQUIETUDE SUR L’OENOTOURISME ET LA COMMERCIALISATION

« Bordeaux Fête le Vin reporté, comme le Printemps de Blaye, c’est pour mieux les faire l’année prochaine, plus beaux et plus forts », continue Michaël Rouyer. L’inquiétude est maintenant sur l’oenotourisme, au niveau des visites des châteaux et des propriétés, quid de la saison ? Beaucoup de viticulteurs ont fait des investissements dans des chambres d’hôtes ou dans du réceptif et salles de mariage. S’il faut prendre des mesures de sécurité, avec port du masque obligatoire, cela peut être compliqué à gérer. Et puis au niveau de la situation économique, c’est une situation qui ne va pas s’arranger dans les mois qui viennent. Il y a la question des traitements de la vigne avec l’achat de produits phytosanitaires et pas mal de vin dans les chais encore à vendre, avec une nouvelle récolte qui va arriver. Même si les propriétés peuvent bénéficier d’un report de 3 mois de prêts, ce n’est qu’une solution provisoire, on entend à nouveau parler d’arrachage et de distillation pour vider les chais… »

On le voit bien, les vignerons sont toujours autant préoccupés par leur quotidien à gérer au delà du festif, entre la production à la vigne et au chai et la commercialisation. Elle n’était déjà pas simple et elle l’est d’autant moins avec cette crise sanitaire mondiale. On espère tous une embellie et on l’espère rapidement pour ces vignerons.

09 Avr

Bordeaux Fête le Vin devrait être finalement reporté à l’année prochaine

Une petite exclu… L’annonce devrait être faite demain par le Maire de Bordeaux Nicolas Florian. La version que l’on connaît de Bordeaux Fête le Vin ne devrait  pas se tenir comme prévue initialement du 18 au 21 juin.

L’une des entrées su site Bordeaux Fête le vin en 2018 © JPS

Selon les informations de Côté Châteaux, Bordeaux Fête le Vin ne se tiendra pas en juin prochain, mais en 2021. C’est une décision sage prise par Nicolas Florian de concert avec les organisateurs, le CIVB et Bordeaux Grands Evénements; le Maire de Bordeaux tiendra demain un point presse pour expliquer plus en détails ce report. Ce qui a motivé cette décision c’est le manque de perspectives sur la sortie de crise actuelle liée au coronavirus.

C’est une décision sage, vus les moyens qui devaient être engagés par la filière où généralement les 65 appellations de Bordeaux et celles du grand sud-ouest sont présentes, sans parler de grandes maisons de négoce, vue aussi la fréquentation de masse où généralement on considère que près de 500 000 personnes sont assidues à l’événement durant ces 4 jours de festivités.

Comment les chefs cuisiniers vivent le confinement…

Ils ont brutalement arrêté leur activité le 14 mars à minuit, prévenus 4 heures avant par le Premier Ministre.  Voilà bientôt 4 semaines qu’ils sont fermés, comment vivent-ils cette période jamais vue, quelles répercussions économiques sur leurs établissements et comment vont-ils préparer l’après. Eléments de réponse avec plusieurs de chefs de la région.

Le chef Ronan Kervarrec dans sa cuisine de l’Hostellerie de Plaisance au printemps 2019 © JPS

C’est un confit… mais pas de canard. Un confit…nement. 4 semaines de cuisson, à feu doux, sans oublier de mettre le couvercle…Au delà de la métaphore, on ne peut pas dire que les chefs soient comme ils disent d’habitude « dans le jus », mais plutôt qu’ils vivent « une vie de retraité » comme le souligne Ronan Kerverrec, chef 2** à l’Hostellerie de Plaisance à Saint-Emilion (33). C’est pour eux, une première historique, de nombreux chefs ont commencé dès l’âge de 14-15 ans et n’ont jamais sur s’arrêter comme Michel Guérard, 3* des Prés d’Eugénie à Eugénie-les Bains 40), toujours derrière ses fourneaux à 87 ans, incroyable. Incroyable fut aussi ce séisme pour la profession:

Quand on t’annonce à 20h que tu fermes à minuit, on a été vachement secoué…Les clients aussi. Il y avait du coup une ambiance on veut rester à table, on ne veut pas partir…Ils se sont dit intérieurement, c’est notre dernier repas avant je ne sais pas quand, il y avait une chouette ambiance dans la salle, » Ronan Kervarrec.

L’équipe de l’Oiseau Bleu avec Frédéric Lafon et François Sauvêtre lors de l’obtention de la première étoile au © guide Michelin en janvier dernier 

Frédéric Lafon de l’Oiseau Bleu à Bordeaux, récemment étoilé par le guide Michelin, avoue également « on n’a pas très bien vécu cela, l’annonce a été un peu brutale, si on nous l’avait dit au moins 2-3 jours à l’avance… mais bon, on est solidaire, on confine. S’il faut en passer par là pour sauver des gens, on est solidaire.

Quant aux pertes de matières premières, « on n’en a pas eu car on était samedi soir et on n’ouvre pas le dimanche, on avait donc les frigos à moitié vide »continue Frédéric Lafon, de même pour Ronan Kervarrec « au niveau de la marchandise, on n’a pas eu de perte, car je travaille à flux tendu qu’avec des petits producteurs, un produit ne fait pas plus de 24h, pour garder de la fraîcheur et de la saveur. Mais en une soirée et le lendemain, il a fallu tout nettoyer comme si on partait en vacances et cela faisait bizarre… »

A Puymirol (47), Michel Trama, chef de l’Aubergeade essaie d’être philosophe : « il y a déjà deux mois, quand j’ai perdu la deuxième étoile (avec ou sans raison), il a fallu se réinventer une vie et là plus que jamais, la façon de recevoir les gens chez nous. Mais ce ne sera plus jamais comme avant, la nature se révolte…

L’homme a mis la main sur la nature et on ne doit pas trop se servir de la nature, il faut préserver la nature et se servir raisonnablement », Michel Trama

En octobre dernier, le chef 3 étoiles Michel Guérard (à gauche) et le chef 2 étoiles Michel Trama (au centre), parrains du Gault et Millau Tour 2019 © JPS

Il faut privilégier l’agriculture bio, c’est la moins pire, voilà mon état d’esprit. Quand on fait une compote de pommes avec des pommes qui ont eu plusieurs dizaines de traitements, c’est une compote de pesticides. On n’a jamais vu cela, c’est pas loin de la fin du monde. Et le gouvernement ne sait pas un coup c’est blanc, un coup c’est noir, mais moi je pense avant tout aux SDF. J’ai eu une chance dans ma vie, quand on a de la chance on gagne au loto, ou quelqu’un vient vous chercher à l’orphelinat quand vous avez 11 ans, j’ai eu cette chance là. SdF, cela peut être quelqu’un d’entre nous un jour ou l’autre, tu perds ton logement et tu te retrouves dans la rue, cela peut arriver à tout le monde. »

Les chefs ont lancé cette campagne pour sensibiliser la population sur l’utilité de rester confiné © Michel Trama

En ce moment, Michel Trama, ce chef au grand coeur, comme il le fait durant novembre et décembre avec les Bouffons de la Cuisine (son réseau d’ amis chefs cuisiniers qu’il sollicite pour les fêtes de fin d’année pour les plus démunis), se mobilise pour être solidaire : « je fais des trucs pour récolter un peu de sous pour les hôpitaux ou pour ceux qui y font le ménage, on est plusieurs Bouffons de la Cuisine à faire cela. Je fais aussi des petits cours de cuisine sur comment faire cuire des pommes de terre, du riz ou comment faire un riz au lait, des choses simples que les gens ne savevnet pas forcément faire. »

Pour garder le contact avec l’équipe, « j’envoie régulièrement des petits textos pour savoir comment ils vont ainsi que leur famille, pour savoir s’ils ne sont pas touchés. Après, on ne sait pas quand cela va redémarrer et c’est hyper angoissant pour tous, » commente Ronan Kervarrec.

« Nous on a deux restos, l’Oiseau Bleu et Côté Zinc, qu’on a racheté l’an dernier juste à côté avec une formule le midi à 18€ et le soir une formule tapas, 2 ambiances différentes, c’est sympa. Les deux sont bien sûr fermés », continue Frédéric Lafon.

« D’un point de vue économique, c’est pas évident pour tous, mais nous cela fait 20 ans qu’on a ouvert l’Oiseau Bleu donc on a un peu de trésorerie, en plus on a mis en place du chômage partiel, on a décalé les prêts… J’ai un peu plus peur de la reprise car on va réouvrir sans doute après tout le monde. A l’Oiseau Bleu, c’est un gastro, on ne peut pas faire de la vente à emporter, l’autre peut-être » explique Frédéric Lafon.

Enfin le plus stressant, le plus dur à accepter, c’est de ne pas savoir quand on va réouvrir » Frédéric Lafon

Des questions, tous s’en posent sur le déconfinement et les règles à observer : « on ne sait pas si tout le monde va être testé, comment on va reprendre, dans une cuisine c’est compliqué car on n’est souvent à moins de 1 mètre de distance. Les règles d’hygiène, on les a toujours eu en se lavant les mains tout le temps, du gel hydro alcoolique on en a toujours eu bien avant, on désinfecte les portes tous les jours… »

« Financièrement, cela va être une catastrophe pour toute une profession », renchérit Ronan Kervarrec. « Tout le monde va souffrir…vignerons, cavistes et nous. Les Français resteront en France et vont sans doute se rabattre sur de la petite restauration qui va reprendre, mais pour la gastronomie ou le luxe, ça risque d’être un peu plus compliqué, surtout pour nous à Saint-Emilion. Les Etats-Unis, cela va mettre du temps à reprendre, les Chinois ne vont pas bouger de sitôt, de même pour les Brésiliens ou la Grande-Bretagne, cela m’étonnerait. J’espère une reprise en Europe, cela va être dur. 

« L’ironie du sort, c’est qu’on avait du mal à trouver des chefs de rang ou de partie, et là après on n’embauchera pas, on va mettre au chômage partiel, voire licencier, oui ça va être dur. Ceux qui ont de la trésorerie vont pouvoir tenir, mais pour ceux qui n’en n’ont pas ou pas assez il va y avoir beaucoup de casse dans les commerces de bouche ».

« Dans cette catastrophe, la chose à souligner c’est que les Français se retournent vers les petits producteurs, eux s’en sortent bien et j’espère que cela va rester, car c’est dur d’habitude pour eux. Et on continue, nous, à les aider, comme Luc Alberti notre maraîcher qui continue à livrer ses cagettes à des particuliers; j’ai contacté beaucoup de potes et je regroupe les commandes qu’ils viennent chercher, pareil pour notre producteur d’agneau (pour les fêtes de Pâques) ou d’huîtres d’Yvon de la Cabane au Ferret. On essaie de continuer à les faire travailler, c’est ma façon de les soutenir, de ne pas les laisser tomber du jour au lendemain ».

« Sinon, je fais à manger pour ma famille en ce moment et je trouve de nouvelles idées, j’essaie de nouvelles recettes, il faut que je continue à faire évoluer le niveau, il y a toujours une motivation et un engouement dans la maison ». 

Bon courage à tous les chefs de France et de Navarre en cette période délicate, on pense aussi à eux.

Et voici les bons conseils du moment de Michel Trama pour réussir un riz au lait :

08 Avr

A visiter cette expo virtuelle sur le Vin et les Arts Visuels

Dans ce contexte de coronavirus, le Musée du Vin et du Négoce aux Chartrons à Bordeaux a fermé provisoirement ses portes…mais il ne s’avoue pas vaincu… Ainsi, faisant preuve d’imagination il propose une visite virtuelle qui parle de l’Univers du Vin et de son Histoire. C’est très bien réalisé, et c’est à voir sans modération.

Directement  «chez vous» sans besoin de sortir, voici le meilleur de l’univers du Vin et de son Histoire ! C’est raconté de manière ludique, en visite virtuelle par Wine Tv Bordeaux, où vous voyez passer les BD réalisées notamment par Corbeyran, les affiches de films qui parlent de vin (« Ce qui nous lie », « Tu seras mon fils », « Premiers Crus », « L’Aile ou la Cuisse », « Saint-Amour » « Garçon », « La Traversée de Paris », « Un singe en hiver » ou le doc « Mondovino »), et des peintures consacrées aux châteaux, au vin, et à l’univers de Bacchus et retraçant le transport maritime des vins depuis La Rochelle ou Bordeaux..des scènes majoritairement du XVIIIe au XXe siècle.

Dans cette période de confinement, le Musée du Vin et du Négoce de Bordeaux est convaincu que l’accès permanent à la culture permet de rompre plus facilement l’isolement, »  Grégory Pécastaing président du Musée du Vin et du Négoce.

« On est parti dans l’idée avec un ami de partager un moment convivial, à travers cette visite virtuelle. Vu qu’on ne sait pas pour combien de temps, on est parti dans le confinement. C’était déjà un peu compliqué pour le tourisme et le négoce, il va falloir qu’on rebondisse tous ensemble. Il va falloir qu’on commercialise différemment pour Bordeaux et pour la filière et qu’on trouve des alternatives. C’est vrai qu’on a besoin de parler de Bordeaux en ce moment, on a des vignerons qui ont leurs chais encore pleins, qui vont voir arriver les prochaines vendanges, et on réfléchit à les aider à vendre leurs vins. Avec le Musée, on essaie de regarder comment faire une plateforme pour vendre leurs vins. »

Ensemble soutenons nos vignerons, nos négociants et leur Musée du Vin et du Négoce de Bordeaux face à la crise économique et aux dégâts du gel de printemps, en dégustant un bon verre de vin devant celle belle expo virtuelle de 4mn »

« Là on est déjà en train de réaliser un numéro 2 sur Bordeaux, le négoce et les vignerons et le vignoble bordelais, car on a besoin de faire la promotion de Bordeaux en ce moment. Les gens ont souvent l’impression de bien connaître leur vignoble et malheureusement pas. C’est pareil pour d’autres régions viticoles, si on veut on peut s’amuser avec toutes les régions viticoles, » commente encore Grégory Pécastaing pour Côté Châteaux. Bravo pour ces initiatives.

L’ expo virtuelle le Vin et les Arts Visuels est à voir ici: