26 Mar

Attention au gel dans les prochains jours: la préfecture rappelle les modalités de lutte pour les viticulteurs

Ce matin, le thermomètre a frôlé les 0° et est même descendu légèrement en dessous dans quelques rares endroits gélifs, mais pour les heures et jours qui viennent le phénomène pourrait devenir inquiétant alors que la vigne a débourré…Aussi la préfecture de Gironde rappelle les règles de lutte contre le gel, règles que connaissent bien les viticulteurs, mais on ne sait jamais…

Des températutures de -1,7 à -2°C sur les zones gélives de Saint-Emilion l’an dernier les 5 et 6 mai 2019 © Sophie Aribaud

Voici en substance les modalités de mise en œuvre des mesures de lutte contre le gel dans les cultures viticoles, un gel matinal qui pourrait intervenir prochainement, avec une vigne qui a commencé à pousser plus tôt que d’habitude :

• les opérations de brûlage doivent intervenir seulement lorsque le risque de gel est avéré et respecter les prescriptions du règlement interdépartemental de protection de la forêt contre les incendies du 20 avril 2016 dans les communes à dominante forestière ;

• les opérations de brûlage sont suspendues dès que le vent atteint ou excède 5m/seconde (soit 18 km/h) ainsi qu’en période d’épisode de pollution de l’air ;

• une surveillance humaine et constante sur place est obligatoire avec, à disposition immédiate, les moyens d’extinction nécessaires et proportionnés ;

• l’utilisation de dispositifs de type « contenant » (braseros, vasques, …) doit être privilégiée ;

• les foyers de plein air utilisés en vue d’assurer la protection des cultures et vignobles contre les gelées ne pourront être alimentés par des combustibles de nature à provoquer des fumées opaques ou des produits de combustion toxiques. Sont notamment strictement interdits, les brûlages de pneumatiques et les huiles de vidange (article 163 du règlement sanitaire départemental) ;

• les opérations de brûlage ne doivent en aucun cas gêner la circulation routière et en particulier la visibilité des usagers de la route, ni causer de nuisance au voisinage (irritation, picotement …) ;

• les opérations de brûlage doivent être organisées dans le respect des consignes de distanciation sociale et en respectant les gestes barrières ;

• toute opération de brûlage doit être précédée d’une information préalable du Maire et du centre de secours SDIS le plus proche.

Cédric Coubris réélu président des Vignerons Indépendants de Gironde

C’était le 7 mars, la réélection Cédric Coubris pour un 5e mandat comme président des Vignerons Indépendants de Gironde. A ce moment-là, les vignerons indépendants ne savaient pas encore qu’ils allaient deux jours plus tard reporter le salon de Bordeaux au mois de juin à cause du coronavirus. Une situation de crise que va devoir gérer le nouveau bureau.

© Les Vignerons Indépendants de Gironde avec au centre leur président Cédric Coubris

C’est désormais une figure bien connue des Vignerons Indépendants, Cédric Coubris est vigneron à Moulis-en-Médoc, où il exploite avec son frère avocat le château la Mouline. Ils représentent la 5e génération de vignerons à la tête de cette propriété.

Cette fédération de Gironde créée en 1986 est  l’une des 33 fédérations départementales au sein des Vignerons Indépendants de France. Elle défend ses vignerons et vise à pérenniser la structure familiale des exploitations viticoles. Ils sont ainsi 500 vignerons indépendants de Gironde qui produisent quelques 600 000 hectolitres et comptent plus de 2000 salariés.

Président : Cédric Coubris (Moulis), vice-présidents: Régis Falxa (Salleboeuf) et Isabelle Bouchon (Génissac); secrétaire générale: Florance Dans (ST Sulpice de Faleyrens), adjointe: Anne-Sophie Pages (Mesterrieux), Trésorier : Alain Appollot (Saint_Emilion), adjoint Thibaut Bardet (Vignonet)

Lire ou relire : Au final, le salon des Vignerons Indépendants de Bordeaux ne pourra pas se tenir en mars…reporté du 19 au 21 juin

25 Mar

Un bel élan de solidarité avec les soignants du CHU de Bordeaux

Les initiatives se multiplient. Elles partent de démarches souvent individuelles mais sont à souligner car elles partent du coeur. Ainsi un négociant en vins a fait jouer ses relations avec un supermarché qu’il connaît bien pour livrer des petits-déjeuners les services hospitaliers du CHU de Bordeaux, en cette période intense du fait du coronavirus. Un petit geste mais qui réchauffe le coeur des personnels soignants.

Louis Monnier, négociant pour The Wine Merchant à Artigues-Près-Bordeaux a fait marché ses méninges : « l’idée m’a prise ce week-end. Mais déjà avec le confinement décidé lundi dernier et mis en place mardi, j’ai commencé à réfléchir compte tenu du travail assez réduit pour nous et du temps que j’avais de disponible. »

« Lundi, j’ai appelé Guillaume Halley, le propriétaire de Carrefour Market à Bordeaux Caudéran, que je connais bien, et je lui ai parlé de cette idée de porter des denrées aux différents services du CHU, il m’a dit « banco, tu as besoin de quoi ? »; on a demandé aux équipes de soignants qui voulaient surtout des petits déjeuners. C’est aussi grâce à Ariane Fragonard-Monnier qui travaille pour le laboratoire Roche, elle est en lien avec les services hospitaliers et on a d’abord livré la réanimation du CHU, demain ce sera la réa du service de maladies infectieuses, etc… je fais le relais aussi avec le professeur Patrick Dehail qui est à l’Agence Régionale de Santé,. l’idée c’est de faire tourner les services… »

« On leur a livré 300 à 400 dosettes de café, des centaines de gobelets, des dosettes de sucre, des jus de fruits, du pain de mie, du beurre, des confitures…grâce aussi à Olivier Cornouaille de Carrefour Market. On le fait pour les gens qui sont dans le feu de l’action, même si à l’hôpital ils le sont tous et tout le temps, au moment des relèves pour les petits-déjeuners, ils en ont pour 3 jours de réserves, en général. »

« En parallèle, j’ai créé une cagnotte leetchi pour le personnel hospitalier en réanimation, en plus de celle qui existe pour le matériel, afin de leur remettre bientôt, cela commence à tomber… » (Aider le Personnel du CHU de Bordeaux)

Ce jeudi matin, avec le professeur Cazenave au service des maladies infectieuses et tropicales © Louis Monnier

« Et puis j’ai pensé aussi pourquoi ne pas permettre aux salariés de donner une journée de RTT pour le personnel soignants, je vais en parler à Nathalie Delattre pour éventuellement une proposition de loi pour faire monétiser ces jours de RTT qui seraient donnés aux personnels hospitaliers… »

En voilà de bonnes idées qui fleurissent ici où là, bravo à ce bel élan de générosité et de solidarité pour le CHU de Bordeaux qui s’apprête à voir arriver une vague de malades dans les prochains jours.

24 Mar

Ce soir sur France 2, « Ensemble Avec Nos Soignants »

Ce soir, mardi 24 mars, à partir de 21 heures, France Télévisions propose une soirée spéciale en direct sur France 2 intitulée « Ensemble avec nos soignants »; une soirée en hommage à tous nos soignants en France sur le front de ce coronavirus et d’autres maladies qui continuent dans les services hospitaliers… Une soirée de soutien envers les hôpitaux et leurs personnels soignants, mobilisés 24 heures sur 24, qui font preuve d’un grand professionnalisme, d’abnégation et d’humanité malgré tout dans cette période difficile . Chapeau.

Dans le contexte actuel de crise sanitaire sans précédent, France Télévisions se mobilise au quotidien pour accompagner les Français et donner priorité à cette actualité majeure.

Cette grande émission de solidarité et de soutien, animée par Faustine Bollaert, Daphné Bürki et Samuel Etienne, produite par les équipes de DMLS TV et Réservoir Prod, s’articulera autour de prises de parole, de témoignages de soignants et de personnes touchées par le COVID 19.
De nombreux artistes, personnalités et anonymes, désireux d’apporter leur soutien aux professionnels de santé, seront présents tout au long de la soirée : Parmi les invités qui seront en vidéo depuis leur domicile, Patrick Bruel, Gautier Capuçon, Ari Abittan, Gad Elmaleh, Joyce Jonathan, Clara Luciani,  L’Artiste, Lara Fabian, Zazie, Julien Clerc, Claudio Capéo…

Tout au long de ce grand prime de solidarité, les besoins prioritaires des hôpitaux et des personnels de santé seront exprimés et relayés sur les antennes du groupe.

France Télévisions, avec le soutien de Radio France et de TV5 Monde, s’associe à la Fondation de France pour accompagner et mettre en oeuvre la collecte des dons du public.

A noter que TV5 Monde diffusera l’émission dans le monde entier

#EnsembleAvecNosSoignants

La Chambre d’Agriculture de la Gironde reste mobilisée face au Covid-19

L’activité des agriculteurs est impactée aussi par la crise liée au coronavirus en France. Ceux-ci doivent malgré tout continuer à nourrir la population. La Chambre d’Agriculture reste joignable pour répondre aux interrogations des agriculteurs.

L’enjeu est de taille. certains fournisseurs et prestataires de service sont à l’arrêt et les travailleurs saisonniers étrangers ne peuvent pas venir en France, quant au confinement il handicape aussi le recrutement de la main d’oeuvre locale, alors que les récoltes d’asperges, de fraises et d’autres légumes ont commencé…

Pour répondre aux interrogations des agriculteurs et viticulteurs, la Chambre d’Agriculture reste mobilisée. Tous ses agents agents sont joignables par mail et aussi par téléphone au 05 56 79 64 00

« Il faut agir vite si l’on ne veut pas que la crise agricole s’aggrave », commente Jean-Louis Dubourg le président de la Chambre. « J’en appelle à la conscience d’entre nous,  ne délaissons pas nos points de vente locaux (marché de proximité, magasins de producteurs), ce sont nos producteurs qui produisent notre nourriture » tout en appliquant les mesures barrière, commentait hier Jean-Louis Dubourg.

C’était avant que le Premier Ministre n’annonce quelques restrictions plus tristes et supplémentaires, notamment la fermeture des marchés à l’air libre des marchés couverts, ajoutant qu’il sera permis aux préfets sur avis des maires de déroger cette interdiction. »

La Chambre d’Agriculture a lancé par ailleurs un recensement pour identifier les exploitations qui rencontrent des difficultés dans l’écoulement de leurs produits afin de trouver le dispositif le plus approprié à chaque exploitation.

LES PISTES DU DISPOSITIF DE LA CHAMBRE D’AGRICULTURE :

  • la vente sur les Drivefermiers de la Chambre d’Agriculture ou d’autres plateformes collectives : une solution qui peut s’avérer une solution logique en cette période de con- finement
  • la vente dans des points de vente collectifs déjà existants,
  • la mise en relation avec des coopératives, des centrales d’achats ou des associa-tions
  • la création de nouveaux points de vente de proximité chez des agriculteurs,
  • la mise en relation avec des acheteurs de la grande distribution
  • ou encore le don à des associations caritatives ou solidairesPour plus d’informations, contactez la Chambre d’Agriculture de la Gironde au 05 56 79 64 15.

UN APPEL A « L’ARMEE DE L’OMBRE » PAR DIDIER GUILLAUME

Ce matin, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a lancé un appel à « l’armée de l’ombre ». Il ainsi proposé aux personnes qui « n’ont plus d’activité » en raison de la crise du coronavirus, de « rejoindre la grande armée de l’agriculture française », en quête de main-d’oeuvre. « Il y a aujourd’hui la possibilité d’avoir 200 000 emplois directs dans les métiers de l’agriculture », privée de la main-d’œuvre notamment étrangère qu’elle emploie habituellement, a expliqué le ministre sur une chaîne info, demandant à ceux qui le souhaitent d’aller« dans les champs ».

23 Mar

La Médocaine VTT est bien sûr reportée, rendez-vous le 29 mai 2021

C’est une randonnée oeno-sportive très connue et fréquentée. La 22e édition de la Médocaine VTT  qui devait réunir quelques 6500 participants le samedi 30 mai est reportée à l’année prochaine au samedi 29 mai 2021.

La © Médocaine VTT en 2019

L’Association Vélo Toutes Vignes, organisatrice de la Médocaine VTT, a décidé d’annuler ce gros événement qui rassemble 6500 participants dans le Médoc, des VTTistes qui sillonnent les appellations viticoles Margaux, Haut-Medoc, Moulis, Listrac et Bordeaux Supérieur.

Une sage décision prise, pour endiguer l’épidémie de Covid-19, ainsi que pour assurer la sécurité des participants, une décision prise par son Conseil d’administration qui a ainsi choisi de  « reporter la 22e édition de la Médocaine VTT au samedi 29 mai 2021. »

Ainsi « l’AVTV organisera sa 22e édition, l’an prochain, le samedi 29 mai 2021, dans des conditions qui permettront à chacun de participer à la manifestation de façon plus festive. »

22 Mar

Caviste à Fronsac et à Paris, Thomas Noël a « décidé de fermer pour ne pas participer à la propagation du virus »

Une semaine après l’annonce de la fermeture des commerces par le Premier Ministre, Thomas Noël caviste à Fronsac mais aussi à Paris, me confie son état d’esprit, sa décision de fermeture, pas facile à prendre car il n’a pas droit à des aides, comme d’autres cavistes d’ailleurs en France. Il revient aussi sur sa passion et espère des jours meilleurs pour tous. Il est ce mois-ci en focus dans la rubrique « le vigneron du mois »

Alexandra et Thomas Noël lors de l’ouverture du © Wine Shop à Fronsac en juillet 2019

Jean-Pierre Stahl: « Bonjour Thomas Noël, comment ça va ? Cela fait une semaine qu’Edouard Philippe a annoncé la fermeture samedi à minuit de tous les commerces non-alimentaires, cafés et restaurants, avec cette précision apportée le lundi suivant que les cavistes pouvaient rester ouverts s’ils le souhaitaient » ?

Thomas Noël : « On fait aller… Entre ce qu’on a le droit de faire et ce que l’on fait, c’est deux choses différentes. A titre personnel, j’ai décidé de ne pas être un point de relais de propagation du virus pour la santé de nos concitoyens… »

JPS : « C’est une décision sage… »

Thomas Noël : « Economiquement non, éthiquement oui, une décision que je ne regrette pas. Je suis super passionné de ce que je fais depuis longtemps, tant à Paris avec la Maison des Millésimes qu’à Fronsac avec le Wine Shop que je tiens avec mon épouse Alexandra. Au final grâce à Fronsac, cela va être un instinct de survie, en étant moins dépendant de Paris. »

JPS : « Comment cela se passe-t-il au niveau des aides ? »

Thomas Noël : « Cela change toutes les 5 minutes, mais aux dernières nouvelles, comme nous avons le droit d’être ouvert, nous n’avons pas le droit aux aides, tant à titre personnel qu’au niveau des salariés pour bénéficier du chômage partiel, donc c’est la double peine.

Mais qu’est-ce que l’économie par rapport à la santé, la question ne se pose pas, car si on n’est plus là, l’économie n’existe plus non plus, la santé doit primer avant tout. »

JPS : « A Paris, il y avait déjà une baisse ces dernières semaines ? »

Thomas Noël : « Avant l’annonce du Premier Ministre, je dois dire que c’est une cave pérenne et qui fonctionne bien, l’emplacement au 137 boulevard Saint-Germain est pas trop mal, mais nous avons subi la succession d’événements entre les attentats, les gilets jaunes et le coronavirus, cela a créé un climat d’anxiété, on n’est pas très serein et là où on est placé on voit ce qui se passe très très vite. Evidemment avant l’épisode du coronavirus, j’avais été impacté par ces autres événements, mais c’est une cave qui existe depuis 12 ans, ce qui fait qu’on a les reins solides, mais c’est beaucoup plus dur ces dernières années. »

JPS : « Il y a eu aussi le Bordeaux bashing, comment l’avez-vous ressenti ? »

Thomas Noël : « Depuis 12 ans, 80% des ventes que je fais, ce sont des vins de Bordeaux. Le Bordeaux bashing, je l’ai vécu à Paris, mais je n’ai pas vu spécialement de renforcement du Bordeaux bashing en mettant en avant des vignerons comme Olivier Techer avec Gombaude Guillot ou les frères Todeschini avec Mangot. Il y a beaucoup de gens qui se remettent du bashing, beaucoup qui gomment les excès que Bordeaux a pu faire par le passé. Il y a encore beaucoup de gens qui consomment du Bordeaux et qui me prennent des 24 bouteilles de Bordeaux. Bordeaux n’est pas forcément le plus pollueur, le plus impropre de tous les vignobles, il a eu une image injuste entretenue par les médias, entre Bordeaux et les pesticides, c’est vraiment très lourd et c’est handicapant… »

JPS : « Et vous avez aussi créé votre cave à Fronsac…le Wine Shop »

Thomas Noël : « On habite à Fronsac depuis 8 ans. L’histoire a été une belle rencontre avec la famille Ponty. Comme on avait un peu de temps, on a décidé d’ouvrir une cave avec tous les coups de coeur que j’ai eus en 18 ans de dégustations. C’est comme cela que j’ai pu avoir des allocations de Dujac (Morey Saint Denis), Ramonet (Chassagne Montrachet) ou Gangloff (Condrieu), je n’avais pas envie que cela ne soit disponible que dans les beaux quartiers de Paris ou dans les grands palaces. Beaucoup de vignerons ont joué le jeu pour m’octroyer ces allocations, d’un point de vue humain et éthique c’est très intéressant, 2 mois après avoir ouvert on avait ainsi des Gangloff à disposition à Fronsac. Ce sont donc mes 600 vins préférés au même endroit, c’est vraiment ma cave perso idéale, on trouve des vins de toute la région, des vins « nature », « bio », en « biodynamic », des vins plus traditionnels, bref tout ce qui est bon et sain.

JPS : « Alors, comment on s’occupe en ce moment ? »

Thomas Noël : « On s’occupe avec la réalisation d’un joli catalogue, on a beaucoup de demandes, on fait parvenir ce catalogue avec beaucoup de réservations. Les gens se montrent solidaires et comptent remplir leur cave. Pour l’instant je mets de côté et ils viendront chercher quand cela ira mieux. Après on peut ouvrir sur rendez-vous de manière exceptionnelle comme un « drive », on prépare une commande, il n’y a pas de contact les gens ne touchent pas les bouteilles en boutique, on se salue de loin, je fais quelques livraisons aussi avec toutes les précautions. Finalement à Fronsac, on va faire un bon mois de mars. C’est le projet d’une vie, on espère que l’aventure va continuer, avec la solidarité dont les gens font preuve envers le Wine Shop, on pourra redémarrer solidement dans 2 mois, je trouve cela extrêmement touchant. vraiment, c’est mon projet et celui de mon épouse, on est deux, je kiffe et j’ai hâte de réouvrir car il y a de  bonnes bouteilles que je vais encore rentrer. »

21 Mar

Le monde du vin aussi touché par le coronavirus, Loïc Pasquet témoigne…

Loïc Pasquet, le vigneron de Landiras qui produit Liber Pater, m’a prévenu jeudi qu’il était tombé malade dimanche, il reste à son domicile et son état s’est amélioré depuis… C’est l’occasion de recueillir son témoignage sur ce virus, cette maladie et son regard sur cette nouvelle société qui pourra découler de cette épreuve qui va toucher beaucoup de Français.

Loïc Pasquet dans son chai en juillet dernier © JPS

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Loic, comment ça va depuis ce message que vous m’avez envoyé jeudi « salut Jean-Pierre, je l’ai attrapé, ce con! » ?

Loïc Pasquet:  « Ca va beaucoup mieux depuis hier, j’ai eu les premiers symptômes dimanche, j’ai appelé le 15 et ils m’ont dit que c’était les symptômes du Covid 19, mais ils ne testent plus, si tu n’es pas un patient fragile ou ayant des problèmes de santé, sauf si tu as d’énormes symptômes… »

« Mais c’est un truc qui ne m’était jamais arrivé, quelque chose que tu ne connais pas, que tu n’as jamais eu. J’étais à Miami la semaine dernière, je pense que c’est là que je l’ai chopé, ou alors à Roissy-Charles-de-Gaulle. Dimanche, je me sentais fiévreux, mais sans trop de fièvre, nez bouché, yeux gonflés, tu tousses beaucoup, tu as l’impression que tu as les poumons qui se chargent, en glaires et tu n’arrives pas à recracher…Dans la nuit de mercredi à jeudi, je me suis mis à tousser énormément et à cracher énormément, et j’ai pu mieux respirer depuis… »

JPS: « Qu’est ce que vous ressentez par ailleurs, quel est votre quotidien et vis à vis de vos proches ? »

Loïc Pasquet: « Je suis énormément fatigué, je me lève à 11h le matin, c’est un truc qui ne m’arrive jamais, oui ça puis ça épuise énormément.Tu tournes au ralenti, je n’ai envie de rien faire. C’est pas la forme, mal aux jambes, mal aux reins, diarrhée, mais pas énormément de fièvre, c’est un truc à la con. Pour ceux qui sont fragiles, il faut qu’ils restent chez eux. Moi, je pense que je suis un cas non comptabilisé, quand ils te disent qu’il y a plus de 12 000 cas confirmés, si ça tombe il y en a 10 fois plus. Mais bon, on tombe malade, cela ne veut pas dire qu’on va mourir, mais on va se soigner… »

« Concernant ma famille, ma hantise est que ma femme tombe malade en même temps. Car comment on va faire avec nos deux gamines de 5 et 3 ans. On ne peux pas les donner aux grand-parents. Je n’ai jamais pensé que j’allais mourir, mais si je devais aller à l’hôpital et ma femme aussi, comment feraient les gamines… ? »

Loïc Pasquet avec ses amphores contenant son futur millésime 2018 en juillet dernier © JPS

JPS : « Et pour votre travail au quotidien à la vigne, où en étiez vous et comment allez-vous faire ? »

Loïc Pasquet : « Dans les vignes, il n’y a quasiment plus personne qui bosse, tout le monde est presque à l’arrêt. Tu ne peux pas reprocher aux gens de penser à leur santé, c’est humain. Moi j’ai deux salariés qui continuent, je fais tout par téléphone, ils connaissent leur travail. On n’était pas en retard. Le problème c’est que jeudi tout va avoir débourré, et la température pourrait tomber dans la nuit de mercredi à jeudi à 0°, il va falloir que je mette en route les machines « anti-gel ». Concernant les produits phytosanitaires, il n’y a plus de stock, moi il me reste un peu de cuivre. Je pense que ça va durer jusqu’à la mi-juillet cette histoire, c’est un virus, c’est un algorithme, c’est mathématique. Donc si tu ne traites pas, tu auras du mildiou. Ça tombe mal en ce moment, si cela s’était passé en été, cela aurait été différent. »

JPS : « Vous qui êtes connu du monde entier, quelle vision avez vous aujourd’hui des bouleversements qui devraient être opérés après cette épreuve et cette épidémie ? »

Loïc Pasquet : « La Chine redémarre, c’est le point positif. J’espère qu’on prendra la mesure de ce qui se passe, qu’on va revenir de l’agriculture intensive et de l’exploitation de la planète à outrance.Il faudra se poser des questions: est-il nécessaire d’avoir des fraises ou des tomates en décembre ? »

« Par ailleurs, est-ce qu’on va être capable de reproduire des médicaments, des masques en France ? Ma fille a eu la grippe en janvier, elle n’a pas eu d’antibiotique, la Chine était à l’arrêt. On est devenu trop, interdépendant.

Au niveau économique, il va y avoir non seulement des morts physiques mais économiques, quand tu n’as pas de trésorerie, tu fais comment ? Tout va être reporté sur septembre… »

« En tout cas il faut relocaliser, repartir autrement. Il faudra aussi se reposer la question sur la pollution en Chine et dans le monde, chez nous aussi avec les produits phytosanitaires,  elle fait 2,5 millions de morts alors que le coronavirus un peu plus de 3000 en Chine, officiellement.

« Et puis surtout, on a compris que notre système d’hôpitaux était complètement à genou.  On a trop fait dans l’économie de bouts de chandelles, on ne voulait pas débourser ici 40 millions, aujourd’hui ce sont des milliards qui doivent être sortis. C’est la faillite du système. L’Europe a 70 ans et on n’a réussi qu’à en faire une Europe commerciale et financière. C’est un échec. On voit maintenant qu’il n’y a pas d’Europe sanitaire, fiscale et sociale ».

« Bref un tout cohérent qui permette d’avoir une identité et faire face ensemble. La gestion a montré ce « chacun pour soi » et « sauve qui peut » ! La preuve avec le nombre de morts par pays. On voit bien que les systèmes hospitaliers ne sont pas les mêmes. Comment se fait-il qu’en Allemagne on a en pourcentage 0,2% de morts dus au coronavirus, qu’ils ont 25 000 lits en soins intensifs avec assistance respiratoire, et qu’en Italie cela monte à 8% des gens atteints ! »

JPS : « Effectivement, les soignants sont aujourd’hui en première ligne, qu’est-ce qu’ils vous inspirent ? »

Loïc Pasquet : « Je trouve que ce qu’ils font est fabuleux ! J’espère que l’Etat ne les oubliera pas et saura les remercier. Ils prennent des risques pour eux, pour leur famille pour nous soigner. Si je suis immunisé, je pourrais aller dans les hôpitaux les aider, je suis prêt à les aider si je peux à l’accueil ou ailleurs, mais bien évidemment ce n’est pas moins qui vais intuber les gens… »

« C’est pour les soignants un sacerdoce. On les applaudit tous les soirs à 20h avec les petites. On pense à eux, j’espère qu’on ne les oubliera pas. On va s’accrocher. Pour moi, c’est fait. »

On souhaite à Loïc Pasquet, ainsi qu’à tous les malades, un prompt rétablissement et on pense bien fort à nos personnels soignants, médecins, infirmières et aide-soignantes, qui aussi peuvent être touchés, et qui sont sur le front du coronavirus. Merci à eux. Et surtout #RestezChezVous, on voit encore trop d’attitudes irresponsables. Il n’y a que comme cela qu’on pourra aider nos soignants et tout le monde.

20 Mar

L’alimentation, nerf de la « guerre » contre le virus

De l’agriculteur dans son champ à la caissière de supermarché en passant par la boulangère de quartier, l’ouvrier-laitier d’une usine de fromage ou le transporteur-routier, les acteurs de la chaîne alimentaire sont stratégiques pour nourrir une population confinée à domicile et les hôpitaux, en pleine alerte sanitaire.

Les vins de Bordeaux en grande distribution, image d’illustration © JPS

1 – Quel est le poids du secteur agroalimentaire en France ?

L’agroalimentaire est le premier secteur industriel français avec un chiffre d’affaires de 176 milliards d’euros, et le premier employeur industriel avec 427.594 salariés, selon l’Ania (Association des industries agroalimentaires).

Le secteur est composé d’une myriade de petites et moyennes entreprises, beaucoup étant régionales, de quelques poids lourds mondiaux comme Danone, Lactalis ou Bel dans le lait, jusqu’à des acteurs du luxe comme LVMH qui possède quelques uns des plus grands crus classés dans le vin et de grandes marques de champagne.

S’ajoutent les coopératives qui transforment les produits agricoles (fruits, légumes, céréales, lait etc..) apportés par leurs adhérents agriculteurs.

Avec 85 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel, les 2.300 coopératives fabriquent à elles seules 40% de toute l’alimentation vendue en grandes surfaces en France, soit une marque sur trois environ (Candia, Paysan Breton, Jacquet, Brossard, Père Dodu, Beghin Say, Francine, Florette, Delpeyrat, Saveol, Nicolas Feuillate, Daucy…). Au total 1,2 million de salariés travaillent de près ou de loin pour le secteur, selon l’Ania.

2 – Quelle est la situation de ce secteur vis-à-vis du confinement et des restrictions de déplacement ?

Le secteur alimentaire dans son ensemble, est exempté des restrictions de déplacement et invité à travailler. « Dans ce moment difficile pour l’ensemble des Français, la fourniture de produits agricoles et alimentaires est en effet une priorité absolue », a indiqué la première organisation d’exploitants agricoles FNSEA mardi.

Le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a appelé l’ensemble des salariés de ces secteurs à se rendre « sur leurs lieux de travail » en prenant leurs précautions, pour garantir la « sécurité économique du pays » en pleine alerte sanitaire. Outre l’agroalimentaire, il a cité la grande distribution ou les déchets. « Il faut bien que nous puissions nous nourrir, que les familles françaises puissent se rendre dans les magasins de la grande distribution et acheter des produits alimentaires », a souligné le ministre, après la décision du gouvernement de confiner les Français chez eux pour éviter la propagation du coronavirus. « Il faut que de l’agriculteur jusqu’à la grande distribution, aux commerces de détail et aux marchés, les marchandises alimentaires puissent circuler », a-t-il insisté

3 – Quels sont les problèmes sanitaires particuliers rencontrés par ce secteur ?

– Absence de masques. Seul le secteur de la santé est considéré comme prioritaire. Dans l’agroalimentaire, certains salariés sur certaines lignes de produits frais ou délicats sont équipés de bonnettes et de masques, mais ce n’est pas le cas des livreurs, ni de tous les caissiers. « Notre objectif, c’est d’éviter que l’inquiétude puisse grandir », a déclaré à l’AFP Richard Girardot, président de l’Ania, pour qui « c’est clair qu’à un moment il faudra répondre positivement à cette demande des individus, des salariés et des organisations syndicales », concernant les masques.

L’Ania a ciblé quatre sociétés en France qui pourraient fournir des masques en tissu. Mais en attendant, ses adhérents s’efforcent d’être « créatifs », détournant des charlottes pour en faire des masques ou achetant des bandanas pour protéger le visage des employés.

– Contrôles policiers: Plusieurs acteurs du secteur ont fait état de difficultés rencontrées par les chauffeurs pour circuler du fait de contrôles de police ou pour accéder aux sanitaires lors de leurs livraisons. Les routiers n’ont plus de restaurants-routiers ouverts sur leurs parcours, ni de douches, ce qui complique singulièrement leur travail.

4 – Y a-t-il un risque de pénurie ?

Les acteurs de l’agroalimentaire interrogés par l’AFP sont unanimes: à ce jour, le risque de pénurie alimentaire est nul. « A ce jour, il n’y a pas de problème de production », a affirmé M. Girardot à l’AFP. « On tient le maximum de 10% d’absentéisme, ce qui ne déséquilibre pas les processus de production », a-t-il indiqué, évoquant le chiffre de 8% d’absentéisme depuis le confinement. « Aujourd’hui, il n’y a pas de problème de stocks, il n’y aura pas de problème d’approvisionnement, et il n’y aura pas de problème de rupture pour le consommateur », indiquait lundi le PDG du groupe Panzani, Xavier Riescher.

« Nos salariés sont mobilisés pour assurer la continuité de la chaîne alimentaire et assurer l’approvisionnement des magasins alimentaires, en France et en Europe », a indiqué pour sa part le groupe fromager Savencia, fabricant des Caprice-des-Dieux, Tartare et Saint-Albray, entre autres.

AFP

17 Mar

#Coronavirus : recours aux forces de police pour accompagner le confinement

Quand la capitale du vin passe du Bordeaux aux bleus… Cet après-midi, de très nombreux policiers ont été déployés sur le terrain pour vérifier que les gens commencent à rester chez eux. C’est obligatoire depuis ce midi et pour 15 jours au minimum pour éviter la propagation du coronavirus. Ne pourront se déplacer que de manière dérogatoire les gens munis de l’attestation de déplacement dérogatoire.

Démarrage à 13 heures place de la Bourse des contrôles avec la FMUD © JPS

A 13h, les forces de l’ordre ont procédé au Miroir d’Eau et sur les quais de Bordeaux aux premiers contrôles… Un dispositif impressionnant avec les motards de la FMUD Formation Motocycliste Urbaine Départementale de la Gironde et la Compagnie Départementale d’Intervention.

Aujourd’hui c’était avant tout pour informer et contrôler les attestations des gens, demain il y aura des PV qui seront dressés à 38€ puis rapidement à 135 €. Ce déploiement fait partie des mesures prises après le discours du Président Macron d’hier soir qui demande désormais aux Français de rester chez eux.

Le Commandant de Police qui coordonne l’opération confie : « On est là pour faire de la formation, de la prévention,leur dire qu’il y a un dispositif mis en place de confinement, avec des exceptions comme pouvoir sortir faire ses courses, pouvoir s’aérer un petit peu mais jamais regroupé, des exceptions permanentes pour des gens qui ont une nécessité absolue d’aller travailler, mais ce sont des professions qui sont listés…Pour toutes ces raisons, nous avons ces fameuses attestations que l’on doit avoir pour chaque déplacement. » (Si vous avez besoin d’une attestation à télécharger, c’est ici)

 

La rue Sainte-Catherine habituellement vivante et noire de monde était sous cloche, vidée de toute vie ce midi © JPS

Un peu plus loin, ce sont des contrôles des piétons, promeneurs ou jogueurs qui sont opérés sur les quais de Bordeaux par la Compagnie d’Intervention. Là aussi, ils doivent présenter une attestation de déplacement, sinon les policiers leur en fournissent une, de manière exceptionnelle.

Voici la réaction d’une mère de famille qui revenait du skate-park avec son enfant, une réaction de bon sens : « Le confinement, c’est nécessaire en fait, je pense que nous les Français on a eu tendance à faire ce qu’on voulait, moi-même j’avoue que je me suis dit que cela allait passer mais en fait non, les Italiens nous ont prévenu qu’on ne prenait pas la mesure… » Un autre joggeur : « apparemment, c’est nécessaire, c’est bien, par contre je crois qu’il ne faut pas céder à la morosité, à la peur, je crois qu’il faut rester positif, humain… »

A midi, il y avait encore quelques promeneurs et des touristes qui se promenaient devant la place de la Comédie, comme ces Américains de l’Arkansans qui ont été obligés d’écourter leur séjour, lui travaille aussi pour Dassault Aviation : « maintenant on doit partir, notre hôtel nous a demander de passer à la réception aujourd’hui… »

Il en va de la santé de tous et surtout c’est un soutien sans faille qu’il faut apporter à nos personnels de santé qui sont en première ligne et qui vont voir les services de réanimation de plus en plus sollicités. En France, il n’y avait pour l’heure que 5000 places, celles-ci pourraient être doublées voire triplées comme l’ont confirmé hier soir des responsables de l’AP-HP et de l’Hôpital Pompidou à Paris, mais il ne faudrait surtout pas que cela devienne totalement incontrôlable. Il en va de la responsabilité de tous : #restezchezvous

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Sylvie Tuscq-Mounet, Eric Delwarde et Rémi Grillot :