En l’absence de Parker, certains sont déboussolés…Côté châteaux, non. Jacques Dupont pourrait aisément le remplacer, mais lui même ne le souhaiterait pas forcément. Pourtant, il ne manque pas de bon sens et fustige barratin, langue de bois et autre Gepetto faiseur de Pinocchios à Bordeaux. Relayons simplement ici son dernier papier tourné de main de maître, à consommer sans modération sur le Point.fr.
Primeurs jour 13. Bordeaux 2013 : année de la fraîcheur ou du baratin
Vessies, lanternes, canards sauvages et enfants du Bon Dieu, on ne confondra pas, de même qu’il ne faut pas laisser croire qu’un petit millésime peut en cacher un grand.
En ces périodes dominées par la politique intérieure, élections, remaniement, déclaration de bonnes intentions et coups de menton, refleurit – c’est le printemps – cette délicieuse langue de bois qui fait se redresser les vieilles promesses et les lendemains enchantés. Le « microcosme », comme le dénonçaitRaymond Barre, n’a pas le monopole du discours prêt-à-parler qui convient à toute situation et entretient les bonnes relations du sol au plafond. Raymond Barre disait aussi qu’il préférait « être impopulaire qu’irresponsable ».
À Bordeaux, tous ceux qui annoncent aux consommateurs que « certes le millésime fut difficile mais qu’on y trouvera des vins excellents, lalalère… » feraient bien de s’appliquer la formule barriste. Le millésime 2013, ce n’est ni 2004 ni 2002, comme on a pu l’entendre ou le lire ici ou là. Des millésimes de moyenne garde mais délicieux !
C’est davantage 1984 avec une bien meilleure maîtrise viticole de la part des vignerons. Point. (Mauvaise floraison en 1984, désastreuse sur les merlots et une fin d’été sous la flotte…)
Que ceux qui ont le devoir de vendre le vin, de faire vivre leurs entreprises fassent l’article et gonflent l’argumentaire de quelques superlatifs, soit. Ils sont dans leur rôle. Les autres, ceux qui s’adressent aux futurs acheteurs, non. Ils se doivent d’être critiques dans le sens noble du terme et le plus justement possible renseigner ceux qui les écoutent.
Il y aura de jolis vins en 2013 avec des fruités présents et de la fraîcheur. Il n’y aura pas de vins excellents capables de rivaliser avec ceux des grands millésimes. Comme nous le disait Anthony Barton (Léoville Barton) lors d’une dégustation, des 2006, une année en demi-teinte : « On ne peut pas faire des vins exceptionnels tous les ans, sinon ils ne seraient pas exceptionnels ! »
Toutes ses notes et comptes rendus de visite dans Le Point du 22 mai. Là, c’est juste l’apéritif !
La puissante Société des Alcools du Québec avait envoyé son directeur du service des achats pour les primeurs à Bordeaux. Gilles Goulet a l’accent des cousins et il nous confirme que la SAQ en est à sa 25ème campagne des primeurs. Une fidélité et un amour des vins de Bordeaux qui ne se démentent pas au fil des millésimes…
« Les primeurs, nous on les couvre depuis 25 ans, c’est pour vous dire l’importance ! »commence notre cousin Québecois, Gilles Goulet, à l’accent chantant (presque Robert Charlebois). « Les Bordeaux sont à Québec depuis 80 ans et le marché des primeurs, c’est la 25ème année. »
Quand a savoir si les primeurs représentent un sacré paquet d’argent: « les grosses années comme 2009 et 2010, 10 millions d’euros… » Effectivement, ça en impose, « mais les ventes de Bordeaux au Québec, ce sont 480 000 caisses de 9 litres (12 bouteilles) », renchérit-il.
Pourquoi venir à Bordeaux durant cette semaine des primeurs ?
« Au-delà des critiques, oui, le consommateur Québecois est sensible aux critiques internationales mais il a une certaine fidélité. Et il veut qu’on vienne se rendre compte réellement de l’état du millésime. Au-delà de ce qu’on a entendu, voici en toute objectivité nos remarques. »
Un vrai sacerdoce cette semaine de dégustation ? « Oui, je dois vous avouer que c’est un travail très ardu, qui demande une bonne concentration tout au long de la semaine. C’est une semaine assez chargée: « on peut déguster entre 100 et 125 vins par jour donc c’est une concentration assez constante. »
Il y a une grosse attente des Québecois au niveau des primeurs; « je ne sais pas si c’est du aux origines francophones, mais ça fait de nous les plus gros consommateurs de vin en Amérique avec 23-24 litres par habitant. Donc, oui, Bordeaux a une place de choix chez nous. »
Et de conclure: « Les vins français, d’une manière générale, représentent 40 % de nos ventes dans le haut de gamme. Au total toutes nos ventes, ce sont 3 milliards de dollars. »
Regardez l’interview de Gilles Goulet, le directeur du service des achats de la SAQ réalisée par Jean-Pierre Stahl et Olivier Prax
Le jugement est tombé en ce début d’après-midi en Côte d’Or. Le tribunal correctionnel de Dijon condamne Emmanuel Giboulot à 1000 euros d’amende dont 500 assortis du sursis. Il est reconnu coupable de ne pas s’être conformé à un arrêté qui l’obligeait à traiter ses vignes. Présent à l’audience, et malgré le soutien encore de 120 personnes à l’extérieur du palais, Emmanuel Giboulot ne baisse pas les bras et compte bien faire appel.
Emmanuel Giboulot vient de recevoir le jugement à 13h30 comme un coup sur la tête…Il était poursuivi pour n’avoir pas traité ses vignes contre la flavescence dorée.
« Je ne me sens pas du tout coupable, c’est intolérable aujourd’hui d’être obligé de se masquer, d’être dans la peur quand on assume une position », a déclaré à la presse Emmanuel Giboulot à l’issue du délibéré. Le viticulteur a annoncé son intention de faire appel. Il encourait six mois d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende.
Le jugement est conforme aux réquisitions du ministère public puisqu’ à l’audience du 24 février dernier, le procureur avait requis une amende de 1 000 euros, pour moitié avec sursis contre Emmanuel Giboulot, qui exploite dix hectares en Côte-de-Beaune et Haute-Côte-de-Nuits en biodynamie.
Le parquet avait dénoncé le non-respect, « par choix idéologique », de l’arrêté préfectoral imposant de traiter, en 2013, les vignes de Côte-d’Or contre une maladie qui peut décimer le vignoble.
Alors que l’avocat d’Emmaneul Giboulot, Maître Benoist Busson, avait plaidé lui au contraire la relaxe, dénonçant le principe de précaution « complètement dévoyé ».
La flavescence dorée serait apparue en 1949 en Armagnac et touche désormais une bonne partie du vignoble en France. Elle s’est énormément développée depuis une dizaine d’années. Un important foyer avait été découvert en Saône-et-Loire en 2011, entraînant en Bourgogne l’arrachage de 11 hectares de vignes en 2012 puis 0,2 ha en 2013.
Mais le vigneron avait subi les foudres de l’interprofession et même d’une partie de la filière bio – pour qui l’affaire donnait une mauvaise image de la Bourgogne.
Les mesures de traitement avaient été prises « en accord total avec la profession, y compris la filière bio » avait précisé le directeur régional de l’Alimentation et de l’agriculture, Jean-Roch Gaillet.
« Dans les communes voisines, à Pommard, à Volnay, à Saint-Aubin, à Meursault, on a trouvé de la flavescence dorée »et « il n’y a que Giboulot qui n’ait pas traité. Ce qui compte, c’est qu’il y ait une condamnation », avait estimé Jean-Roch Gaillet au moment du procès.
Les explications de Michel Gillot avec :
Emmanuel Giboulot, viticulteur à Beaune
Jean-Michel Aubinel, président de la Confédération des appellations et des vignerons de Bourgogne / 21 février 2014
Jean-Marie Chaland, viticulteur à Viré (Saône-et-Loire) / 3 mai 2013
Conférence de presse du BIVB / 21 février 2014
Pourquoi Emmanuel Giboulot refuse-t-il de traiter ses vignes ?
Emmanuel Giboulot exploite dix hectares en biodynamie en Côte-de-Beaune et Haute-Côte-de-Nuits, deux appellations prestigieuses de vins de Bourgogne.
Il est opposé au « traitement systématique » des vignes. Il a aussi exclu d’utiliser des insecticides naturels comme la pyréthrine, qui selon lui « ne sont pas inoffensifs » et « détruisent la faune auxiliaire ». Pour le vigneron, tous ces traitements vont à l’encontre des « équilibres biologiques », principe fondamental de la biodynamie qu’il applique depuis les années 1970.
Michel Rolland revient sur le millésime 2013. Invité de Parole d’expert, l’homme qui conseille 250 châteaux dans le monde trouve le 2013 plaisant, honorable…bref à ne surtout pas jeter.
Michel Rolland, le célèbre oenologue mondialement reconnu @ Olivier Prax
Jean-Pierre Stahl: « Michel Rolland, au terme de cette folle semaine de dégustation des primeurs à Bordeaux, que vous inspire le 2013 ? »
Michel Rolland:« Je crois qu’il y a un peu de méprise dans l’esprit des gens: « quand on a une mauvaise climatologie, ça fait un mauvais millésime ». « On est en train de faire la preuve que non. On ne va pas dire que c’est un millésime d’anthologie, parce que ce n’est pas vrai ! C’est un millésime pour lequel la nature ne nous a absolument pas aidé et pour lequel on a trouvé des réponses : des réponses viticoles, par le effeuillages, les éclaicissages, par le tri car on fait de la chirurgie dans les parcelles qu’on avait peut-être jamais faite auparavant. Ensuite on a vinifié dans des contenants un peu plus petits pour séparer les origines de parcelles. L’assembleur que je suis a trouvé tout son bonheur et son plaisir. Ca a été plus complexe àassembler que des 2009 et des 2010, mais je pense que le résultat est assez positif. On a un millésime tout-à-fait honorable, acceptable, que l’on sera très content de boire dans 7,8 10 ans. Ce n’est pas un millésime à boire dans 30 ans ! »
JPS : « On le qualifie de millésime classique à Bordeaux, certains disent inégal, d’autres hétérogène, moyen voire petit ? »
MR : « Dans les crus, tout le monde a très bien travaillé et a dépensé une énergie jamais affichée auparavant ! Donc on a des vins tout-à-fait bons. Il est certain lorsque l’on descend dans les hiérarchies, ça se compliquait un petit peu parce qu’en face on n’avait pas toujours les mêmes moyens… »
« C’est un millésime où il faut déguster, où l’homogénéité n’est pas le maître mot. Mais ce n’est pas un millésime dont on peut dire que c’est un mauvais millésime ! C’est un millésime hétérogène, certes, mais il y a de très bonnes choses dans ce millésime. »
JPS:« Dans certains verres, certaines bouteilles que vous avez pu dégustés, quelles notes y avez vous trouvées ? »
MR: « Je crois que le piège de cette année c’était l’absence de maturité car on était sur un process tardif. On a eu un printemps qui était mauvais, juillet et août assez correct et puis on s’est retrouvé avec de la pluie au mois de septembre donc on était en retard sur notre cycle végétatif donc en fait on n’était pas mûr…Le piège, c’était qu’il ne fallait pas trop extraire. Il fallait être assez gentil pour faire des vins de plaisir pour faire des vins de plaisir où l’on trouve du fruit , un bonheur au niveau des tanins parce qu’ils peuvent être assez souples. Sitôt qu’on a cherché à extraire…bien sûr des tanins pas mûrs quand on cherche à les extraire, ça durcit, c’est anguleux et c’est tout sauf le plaisir ! »
« Je crois qu’on goûte des vins qui ne sont pas d’une grande concentration, mais qui peuvent donner beaucoup de plaisirs. Mais on a eu des exemples: 2002, 2007 étaient des vins qu’on a eu peu assassinés au départ et aujourd’hui on se régale avec ! »
Regardez l’interview réalisée par Jean-Pierre Stahl et Olivier Prax au château Marquis de Terme à Margaux où Michel Rolland est oenologue consultant.
Désormais inscrit au prestigieux label des « Monuments Historiques », le Château D’Agassac ouvre les portes de ses vins et de son histoire au grand public ce week-end. Une cinquantaine de propriétés viticoles participent à la 22e édition du Printemps des châteaux.
Des ateliers thématiques pour adultes…
Cette année le Château D’Agassac propose à ses visiteurs de découvrir la propriété au travers de visites sous forme d’ateliers thématiques : histoire, environnement, vigne, production. Le public est encouragé à circuler librement au cœur du domaine d’Agassac sans contraintes horaires, les différents ateliers restant ouverts et accessibles à tout moment. Chaque pôle présentera son spécialiste attitré qui renseignera et répondra aux questions des visiteurs.
… et des animations pour enfants
Pédagogique et ludique, les plus petits pourront réaliser un Jeu de piste, sur le vin et sa conception, qui les entraînera dans une course folle autour des différents pôles thématiques mis en place à l’occasion de ces portes ouvertes. Un concours de coloriage et des dégustations de jus de raisin artisanal leur seront également proposés.
Des dégustations
Sous les conseils et explications avisés d’un spécialiste de la propriété, le public dégustera les différents vins et millésimes du Château D’Agassac : le Pomiès-Agassac Tête de Cuvée 2008, L’Agassant D’Agassac 2010, le Château D’Agassac 2006 et 2009, La Précision D’Agassac 2009 et la dégustation en Primeurs du Château D’Agassac 2013. (à consommer avec modération)
À la rencontre des artisans locaux
Si le vin peut se déguster à table ou à l’apéritif, le Château D’Agassac marie ses talents à ceux d’autres producteurs locaux depuis de nombreuses années. Le confiturier Gondolo présentera son confit de vin D’Agassac, le chocolatier bordelais Saunion fera quant à lui déguster le chocolat spécialement créé pour accompagner le millésime primeur 2013.
Pour les gourmets, un déjeuner à Agassac
Les Portes Ouvertes du domaine se voulant festives, pratiques et gastronomes, Agassac et La Ferme du Moulinat (Loubens – 33) accordent leurs mets et leurs vins afin que les visiteurs qui le souhaitent puissent déjeuner sur place. Foies gras, magrets, cuisses confites et tournedos de canards accompagnés de vins D’Agassac ! Le restaurant éphémère sera ouvert lors de la nocturne du samedi 5 avril.
Mais aussi…
Une promotion spéciale à l’occasion de ces journées Portes Ouvertes avec la vente du millésime 2006 du Château D’Agassac.
Samedi 5 avril de 10h à 22h & dimanche 6 avril de 10h à 18h
Baisse de fréquentation pour la semaine des primeurs. L’Union des Grands Crus de Bordeaux annonce – 10 à – 15 % pour leurs spots de dégustation. Certains endroits affichent nettement moins.
Olivier Bernard, le Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, ce jeudi au Domaine de Chevalier en AOC Pessac-Léognan @ Jean-Pierre Stahl
« Parker n’est pas venu cette année, parce que mal au dos », selon Olivier Bernard, le Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux. C’est le plus illustre des absents de cette semaine de dégustation, le millésime n’aurait-il pas trouvé grâce à ses yeux ? Certains comme Jean-Luc Thuvevin assure qu’il viendra, mais un peu plus tard en mai.
« Ce millésime 2013 est peut-être un millésime d’opportunité », renchérit Olivier Bernard. « Il y aura des bonnes affaires à faire. Les gens sont arrivés ici on leur a dit que le film n’était pas bon. Finalement le film n’est pas mauvais, donc c’est l’agréable surprise, ils vont repartir de Bordeaux en se disant que ce millésime est un joli millésime. Ce sont des vins qui vont faire plaisir au consommateur dans les prochaines années, je n’ai aucun doute. »
« Sur les 250 marques de Bordeaux qui se vendent habituellement en primeurs sur un grand millésime, peut-être que cette année il y en a 100 ou 150 qui vont bien se vendre. Et peut-être qu’il va y avoir une centaine qui va avoir un peu plus de difficultés. Mais ces vins, qu’ils soient vendus en primeurs aujourd’hui, ou dans un peu plus d’un an ou deux ans au moment de la livraison, ils seront vendus. »
Les prix du millésime 2013 vont être raisonnables d’une manière générale, donc je n’ai aucune inquiétude sur le millésime ! »
Et Olivier Bernard de renchérir: « Ce qui est plus inquiétant, c’est le niveau de la production. Dans les propriétés, on a fait des petits volumes, donc on a des prix de revient élevé, un chiffre d’affaire qui est en baisse, donc on a cet effet de ciseau qui fait qu’on va sortir parfois des résultats négatifs. »
Le marché ne s’y trompe pas : « dans les dégustations des grands crus, il y a du monde, à 10 % près, dans les endroits qui ont été développés ces dernières années car tout le monde croyait qu’on pouvait vendre du vin en primeurs, mais les endroits qui ont des vins un peu moins côtés ont eu plus de casse au niveau visiteurs, ça c’est sûr ! »
Un négociant en vins de la place de Bordeaux nous confiait hier que pour lui « il y avait presque moitié moins de monde que pour les grands millésimes », les 2009 et 2010 présentés il y a respectivement 4 et 3 ans .
Que d’excitation ces derniers jours…pas forcément pour le millésime 2013 ! Mais davantage pour la venue à Saint-Emilion d’Adriana Karembeu. Alors que certains n’avaient d’yeux que pour le top model, d’autres continuaient le business sans se tourner vers l’étoile. A chacun son diamant…
Le top model, Adriana Karembeu, a fait de l’ombre mercredi au millésime 2013. Vus sa taille et ses hauts talons, quoi de plus normal, et vu le millésime 2013, facile aussi. Quand on voit les regards envoutés et médusés des oenologues, importateurs et critiques, on comprend mieux comment elle s’est fait remettre « les Clés de Châteaux »…
Michel et Dany Rolland l’avaient invitée à l’occasion des vendanges 2013 qu’elle était venu faire au château Marjollia chez Philippe Porcheron (surtout pour le fun et les photos). Elle avait promis de revenir pour les primeurs au château Beau-Séjour Bécot, 1er cru classé de Saint-Emilion, où Michel et Dany Rolland présentaient les 150 vins qu’ils conseillent sous le nom « les Clés de Châteaux ». Entre Adriana et Michel Rolland s’est nouée une certaine complicité.
Depuis elle s’est intéressée à l’art de la dégustation et elle a tenu promesse de revenir pour réhausser, vue sa taille, la campagne des primeurs à Saint-Emilion. Si elle a apprécié quelques vins bien faits, d’autres experts du monde du vin l’ont dégusté du regard…
Qui de la barrique ou d’Adriana valait son pesant d’or, la petite histoire ne le dit pas. En tout cas, ce fut un moment fort apprécié (de pure plaisir ?) qui a fait le tour de la toile sur Facebook chez Dany Rolland (remise des Clés de Châteaux) ou encore sur PurePeople qui lui a consacré un vrai roman photo (le diaporama vaut le détour avec un Michel Rolland dans tous ses états et on le comprend…)
Le millésime 2013 est incontestablement réussi…en liquoreux (et en blancs). Yquem et Pierre Lurton étaient fiers de présenter leur 2013, ce mercredi soir au Grand Théâtre de Bordeaux. Un millésime sur la fraîcheur et la complexité que le maître du domaine compare aux 2001 et 2007.
« Le malheur des uns fait le bonheur des autres », ainsi va la vie du 2013 où le roi botrytis a enchanté Sauternes mais a fait pleurer les rouges. Cette petitephrase, c’est Pierre Lurton qui me la confie, sur un ton plutôt humoristique qu’ironique, en avant propos de sa grande soirée Yquem au Grand Théâtre de Bordeaux.
Une soirée où toute la place de Bordeaux est présente, mais aussi des amateurs et acheteurs étrangers, sur invitations bien sûr. Avec comme grand chef Jean-Pierre Vigato, chef de l’Apicius à Paris
Le PDG d’Yquem poursuit « l’hétérogénéité de floraison a toujours craint pour les rouges », alors que pour les liquoreux, on peut dire que ça a profité à Yquem « dans un système complexe où le botrytis s’est développé à droite et à gauche. C’est une année à botrytis assez prolixe. On a fait 4 à 5 tris, en vendangeant du 28 septembre au 28 octobre. »
C’est un millésime de botrytis, avec ses arômes de rôti, d’abricot sec. Un millésime de fraîcheur: il faisait frais le matin et frais la nuit. Le 2013 a été arrosé aussi. La fraîcheur a maintenu l’acidité, il est très aérien avec un botrytis très précis. D’un grand équilibre. Les Sauternes, comme je les aime. Pierre Lurton, PDG d’Yquem.
L’or d’Yquem dans les ors du Grand Théâtre @ Didier Bonnet
On est allé dans la complexité…140 grammes de sucre résiduel, 4 grammes d’acidité et 13, 2 ° d’alcool.
Après les dégustations dans les dizaines et dizaines de spots de primeurs, les amateurs sont arrivés ce soir prêts à se laisser aller au rêve. Comme se plaît à le dire Pierre Lurton: « arrivé sur Yquem, c’est l’oasis où tu te complaît où que tu te trouves… »
Quant à savoir si on peut rapprocher ce 2013 d’autres millésimes d’Yquem ?
« On est très enthousiasmé par le millésime 2013 d’Yquem.C’est le grand vin du millésime. Cette année, la grande réussite est à Sauternes. » (à décripter dans tous les sens par rapport aux rouges et par rapport à 2012 puisque Yquem n’avait pas sorti de grand vin.)
80 000 bouteilles de 2013 sortiront des chais d’Yquem, une année plutôt moyenne en volume où la selection a été rude. Quant à son prix ? Trop tôt. En primeurs ? Sans doute. « Ca ne va pas être en tout cas l’envolée lyrique des prix » assure Pierre Lurton.
Regardez l’interview de Pierre Lurton, Pdg d’ Yquem, réalisée par Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet
Il fait référence dans le monde du vin à Bordeaux et en France, Stéphane Derenoncourt, le self-made-man, à la tête de Derenoncourt Consultants, qualifie le 2013 de millésime moyen, léger, sur le fruit, qu’il faudra boire assez rapidement. Il revient également sur le lynchage qu’il a vécu après son interview dans le Figaro où il annonçait que château Malescasse ne sortait pas de 2013. Ce château n’est pas le seul à ne pas sortir de 1er vin, il a 10 absents à « la Grappe », sa dégustation en primeurs, essentiellement dus aux ravages de la météo et de la grêle. L’histoire lui donne raison et Côté Châteaux soutient les gens qui défendent leurs idées. Et peut importe si le système à du mal à entendre des vérités. Ses paroles se boivent car il est dans le juste !
Jean-Pierre STAHL: « Vous organisez au château la Gaffelière (1er grand cru classé B de Saint-Emilion) la dégustation des vins en primeur, des domaines pour lesquels vous êtes consultant. Est-ce que cette année, pour le millésime 2013, il y a des absents ? »
Stéphane DERENONCOURT: « On conseille à peu près 65 châteaux à Bordeaux, on a 10 absents. Souvent localisés dans les appellations de Côtes de Bordeaux et de l’Entre-deux-Mers parce qu’il y a eu des gros problèmes de grêle. Et aussi, par malchance, des gens ont été pris par le botrytis, souvent par des infections avec les orages du mois d’août. L’orage, c’est très jaloux ! Il y a des gens qui ont pris beaucoup d’eau et ça a été très compliqué de tenir l’état sanitaire, donc ils ont vendangé trop tôt et les vins n’étaient pas au niveau d’honorer leur étiquette, donc ils ne présenteront pas. »
« Mais bon an mal an, les gens qui sont là, il faut les saluer surtout dans les petites appellations, car c’est quand même un millésime qui demandait beaucoup, beaucoup de moyens. Et il fallait un travail dans les vignes impeccable,une prophylaxie impeccable, et tout cela c’est de la main d’oeuvre, quoi ! Donc souvent ces crus qui n’ont pas les moyens, c’est avec leur passion qu’ils ont réussi à aller au bout et à présenter des vins qui sont étonnants de qualité dans ce millésime ! »
JPS : « Certains ont qualifié ce millésime d’inégal (cf OIivier Bernard, Président de l’Union des Grands Crus de Bordeaux), vous vous diriez quoi ? Moyen ? »
SD : » Moi, j’ai toujours dit que c’était un millésime moyen. C’est un millésime moyen. Il y a des réussites incontestables. Par bonheur, il n’exprime pas des notes végétales. On n’a pas des vins avec des goûts de poivron, de lierre ou de légumes.
Dégustation à « la Grappe » chez Derenoncourt @ Jean-Pierre Stahl
« On est plutôt sur des vins plutôt fruités, des jolies acidités, parfois un peu marquées. Disons que le problème du millésime, c’est un petit peu la concentration, ça manque de concentration, ce qui fait que ce sera un millésime léger. Mais quand on est parti sur des extractions douces, des recherches d’équilibre, ça donne un millésime qui est charmant, qui se boira plutôt vite. »
« Mais il ne faut pas oublier que ce millésime représente l’identité et la force de Bordeaux: on fait beaucoup de médiatisation sur des millésimes exceptionnels, mais si l’on regarde, il y en a deux à trois par décennie. Ca veut dire que dans 70 à 80 % des cas, quand on ouvre une bouteille de Bordeaux, ce n’est pas un millésime exceptionnel.Si Bordeaux est là où il est est en termes de notoriété et de reconnaissance mondiale de qualité, c’est grâce aux petits millésimes.Donc voilà, il faut le raconter tel qu’il est, l’assumer tel qu’il est. Le fait d’avoir eu une campagne un peu mouvementée fait que les gens ressortent de la dégustation agréablement surpris, parfois même impressionnés par certains produits. Donc je ne pense pas que ce sera un accueil qui sera mauvais au contraire. »
JPS : « La campagne a été justement mouvementée avec Malescasse qui n’est pas sorti, vous qui avez ouvert le bal en vous exprimant là-dessus, ça a été difficile à vivre cela ? »
SD : » Ca a été difficile à vivre, car en fait c’est une interview dans le Figaro qui a été mal tournée pour moi ! Je devais communiqué sur la décision qui a été prise à Malescasse, qui était une décision complètement isolée dans le contexte. Ensuite on a parlé du millésime et j’ai choisi d’en parler avec une certaine sincérité, j’ai dit ce que j’ai vécu: c’est un millésime moyen. On avait des vins réussis mais la plupart du temps assez légers, et si on n’avait pas mis tout en oeuvre pour réussir ce millésime, et bien on aurait fait des vins parfois médiocres. »
« Dans le Figaro, il ont eu la « bonne idée » de mettre en Une « Bordeaux 2013 un mauvais millésime », donc évidemment les Bordelais, qui ont lu cet article, l’ont lu d’une manière un peu biaisée. Après, ça a été une interprétation sauvage dans tous les sens. Ca s’est enflammé. Car aujourd’hui, il n’y a pas que la presse, mais aussi les blogs et les réseaux sociaux. C’est parti dans tous les sens et j’ai été un peu l’homme à abattre pendant quelques temps. »
JPS : » Donc un millésime moyen, petit, mais agréable ? »
SD : « Exactement.Et un millésime hétérogène surtout où chacun doit se remettre à faire son boulot. Les gens qui achètent du vin doivent venir sélectionner, certainement le négoce aussi, ils doivent défendre des produits sur lesquels ils sont attachés. Pour la production, c’est un millésime blanc, pour arriver à présenter ce genre de vin, et même chez les petits, il y a des sélections monumentales ! La floraison était mauvaise, on part sur une petite récolte et en plus il a fallu dans la plupart des cas sélectionner beaucoup. Donc c’est un millésime qui a coûté tellement qu’il ne rapportera pas. Surtout dans un monde à deux vitesses, où quand on demande 30 % de réduction à un cru qui vend ses bouteilles entre 100 et 200 euros, ce n’est pas le même jeu que celui qui vend entre 5 et 10. Ca aussi, c’est souvent un amalgame qui se fait souvent à Bordeaux et qu’il faudrait reconsidérer ! »
Décrié avant même sa sortie, le millésime 2013 est « inégal » pour les uns, « petit » pour les autres, « moyen » pour la majorité et « classique » comme le disent avec malice les Bordelais. Bref, ce n’est pas un millésime d’anthologie. Il y a de bonnes surprises et des déceptions.
On ne se bouscule pas cette année, comme en 2010 pour la sortie du 2009 ou encore pour le superbe millésime qui a suivi, le 2010. Inutile d’avancer comme les autres années qu’il y a 6 000 professionnels venus de toute la France et de l’étranger, car on ne les a pas vus (aussi nombreux que les années précédentes).
Ce matin pour la dégustation des 200 Crus Bourgeois du Médoc présentés au Château d’Arsac, il n’y avait que 500 pré-inscriptions, contre 650 il y a deuxans au même endroit pour le millésime 2011.Philippe Raoux, le propriétaire du Château d’Arsac, espère malgré tout « 1 500 professionnels » sur ces 3 jours.
Pour Laurent Gilbert, négociant à Bordeaux, à la tête de « Wine and Trust », ce millésime n’est pourtant pas à enterrer de suite, bien au contraire. » Les attentes sont tellement basses, la presse a été , je pense, et certains critiques, un peu rapide (s)…et j’ai été personnellement agréablement surpris. » Et de nommer ces pépites qui l’ont enchanté depuis lundi comme Pressac, Bellefont-Belcier ou Arsac…
Il faut dire que ce printemps frais et pluvieux a retardé la floraison, il y a eu pas mal de coulure, sans compter les orages de grêle durant l’été qui ont ravagé certains vignobles et il n’y a pas eu de véritable été indien, mais de la pluie fin septembre qui a précipité les vendanges et la pourriture…
Il y a 30 ans, il n’ y aurait sans doute pas eu de millésime. Franck Bijon, directeur technique du château Larose-Trintaudon affirme: « très honnêtement les progrès de la viticulture et de l’oenologie font qu’aujourd’hui, même dans des situations compliquées, et il faut dire que 2013 était compliqué, les viticulteurs sérieux font de bons vins. »
A Saint-Emilion, aux primeurs qui portent le joli nom évocateur de « la Grappe », c’était la queue à l’entrée vers 10h. Ici, pas de pré-inscription, c’est un peu plus décontracté. On est au château la Gaffelière, qui accueille Stéphane Derenoncourt, le self made-man consultant, qui conseille des dizaines et des dizaines de châteaux en France et quelques-uns à l’étranger.
Cette année, « on a 80 vins à la dégustation, ce ne sont que nos clients » confie-t-il. Du chablis aux côtes du Rhône, de la Toscane au Marcoc (tiens justement au Maroc c’est un très beau millésime frais, ça a été un avantage pour eux, en Toscane, très bon également…)
Les châteaux de Bordeaux qu’il conseille sont traditionnellement au nombre de 65 présents, mais cette année il en manque 10 qui n’ont pas sorti de 1er vin pour les primeurs. « Pas mal de propriétés n’ont pas eu de chance, pour elles la qualité été trop médiocre pour honorer leur étiquette. »
Finalement pour ceux qui sont venus aux primeurs, « ils sont agréblement surpris car il y a eu une information assez précoce et juste de la situation. »
C’est un vin léger, qui manque de puissance, de soleil. Mais quand les vins sont légers, ils sont plus faciles à goûter. Les gens qui ont fait des extractions softs, des élevages moins boisés ont tiré leur épingle du jeu. » Stéphane Derenoncourt
Et Stéphane Derenoncourt de continuer: « c’est une millésime assez moyen. Il a demandé beaucoup d’investissement dans la vigne et un peu de chance. C’est la froideur du printemps qui a condamné le millésime. Ce qui fait le Bordeaux ici c’est l’été indien, mais on ne l’a pas eu… »
Jean-Luc Thunevin, propriétaire de château Valandraud et négociant @ Jean-Pierre Stahl
Malgré tout Stéphane Derenoncourt est satisfait des vins présentés et notamment des petits comme Jean Faux dans l’Entre Deux Mers. Au niveau fréquentation, » il y a eu plus de monde que ce qu’on croyait. On était blindés dimanche et hier lundi ».
Dans le centre de Saint-Emilion, aux primeurs chez Thunevin, dans son célèbre garage (cf « les vins de garages »), il y a un dédale de petits et plus grands producteurs qui présentent leur 2013.
L’ami de Robert Parker nous dit « c’est un peu bizarre des primeurs sans Parker ». C’est la première fois depuis le début des années 80 qu’il n’est pas venu, il faut dire qu’il a fait une tournée en Asie, toutefois, nous confie-t-il, « il devrait passer en mai… »
Est-ce que nos clients vont vouloir l’acheter en primeurs ? Ca on peut s’imaginer que ce sera difficile voire impossible, sauf pour les 30 à 50 grandes marques. Pour la qualité des vins, il y a longtemps qu’à Bordeaux on sait faire avec des petits millésimes. » Jean-Luc Thunevin, propriétaire de Valandraud et négociant en vins
Des thés fabuleux de la région de Pu’Er en Chine également à la dégustation chez Thunevin Jean-Pierre Stahl
Les Chinois, et certains américains, ont déjà annoncés ne pas être intéressés par ce 2013 en primeur. Reste à lui souhaiter une destinée qui pourrait s’apparenter au 2007. Il avait également été décrié à l’époque, on disait « ah ces années en « 7 » comme 1997 ! » Aujourd’hui, c’est un millésime que l’on redécouvre, pas si mal au contraire. A la différence près: les professionnels annoncent qu’il faudra boire vite le 2013 ! Mais pas façon alcool de riz !
Et pour ceux qui recherchent l’étonnement en 2013, on pouvait également le trouver chez Thunevin, où de sympathiques chinoises qui manient bien la langue française proposaient de fabuleux thés de la région de Pu’Er à la dégustation.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Didier Bonnet.