04 Juin

Vignoble bordelais : ras-le-bol de la grêle !

Encore un nouvel épisode de grêle ce jeudi en fin d’après-midi, assez localisé; après l’orage de grêle de lundi en Gironde. Trop c’est trop. Les viticulteurs du Bordelais voient ces épisodes se répéter et il reste plus de 3 mois avant la récolte !

La grêle cet après-midi saisies par © Fabian Goulard

Cette fois-ci l’orage de grêle a touché le sud-Gironde sur les secteurs de St Pierre de Mons et Mazeres. « C’est sans fin cette histoire, pour le moment je n’ai pas énormément d’informations, mais il y a eu en fin d’après-midi un orage qui a tourné en grêle au dessus de Mazères. Il semblerait qu’il y ait des dégâts. »

Pour l’heure, plusieurs vignerons que j’ai joints sont sur le terrain pour évaluer les dégâts. On va en savoir plus dans la soirée.

© Célia Carillo de Wine Ressource, environnée de vignes à Mazères

Loïc Pasquet, même s’il n’est pas touché, situé à 20 kilomètres de là, se sent solidaire et m’avait alerté: « je ne sais pas si on rentrera du raisin à la fin de l’année… » D’après lui les secteurs touchés seraient St Pierre de Mons, Mazères, le sud Gironde, du côté de Langon : « c’est resté sur la rive droite de la Garonne, c’est parti de Blaye et cela a longé la Garonne…et c’est venu décharger après Langon. C’est un truc de dingue. Dans le temps les vignerons disaient tu fais 4 récoltes de bonnes pour une de mauvaise, maintenant cela devient 4 de mauvaises pour une de bonne. » Et on ne parle pas non plus du mildiou sur grappe qui a l’air de s’en donner à coeur joie en ce moment, certains auraient déjà perdu à cause de cette maladie près de la moitié de leur récolte.

On distingue bien sur cette photo de Jean-Baptiste Duquesne les grains touchés par ces petits grêlons

Jean-Baptiste Duquesne du château Cazebonne a publié sur la page Bordeaux Pirate sur Facebook « des vins en dehors des sentiers battus » : « tout le travail d’une année peut être mis à mal par un orage de grêle. C’est ce que l’on craignait le plus cette année ».
« Des grêlons d’un demi centimètre sont tombés sur nos parcelles de Darche, Bouché, Peyron et Peyrous. Difficile de mesurer les dégâts à ce stade. Les feuilles sont abîmées, mais encore là, les grappes ont pris quelques impacts.
Maintenant, il va falloir sauver ce que l’on peut, cicatriser tout cela, dès demain matin, pour éviter que le mildiou nous prenne ce qu’il nous reste de récolte. Ras le bol. »

Décidément, c’est une année à grêle, quelle année de m…On a bien été touché avec des petits grêlons d’un demi-centimètre, mais ça suffit à ce stade à toucher les baies, j’ai un grain sur trois touché » Jean-Baptiste Duquesne.

© Célia Carillo a pu constater le déluge de grêlons à Mazères, il a duré 20 minutes peu avant 16 heures

Joint ce soir, Jean-Baptiste Duquesne a été impacté à Saint-Pierre de Mons sur ses parcelles citées ci-dessus : « j’ai 20, 30, ou 40% de perte…(sur ces parcelles). Cazebonne n’a pas été touché, mais on a aussi des vignes à Mazères et on est touché à Mazères. C’est assez localisé. »

Et de compléter : « après 2018 où on avait pris 100%, on reprend à nouveau. Heureusement la floraison était finie, mais la grappe est extrêmement sensible. Pour les 10% de cabernet-sauvignons pour lesquels la floraison n’était pas encore passée, cela va avorter.

C’est le 4e épisode de grêle cette année, c’est hallucinant » Jean-Baptiste Duquesne

« En plus de cela, il y a le mildiou, il faut être extrêmement vigilant sur les traitements…Je vais être sur le pont dès demain matin, pour essayer de sauver 60%.  »

Les petits pois touchés deviennent vite marron © Fabian Goulard

Un orage de grêle tellement pernicieux : « à première vue, si tu regardes le feuillage, il n’y a rien, les feuilles ne sont pas hachées…mais les grappes sont tellement fragiles, on sort à peine de la fleur, et elles ont tout pris…Les grains petits pois sont impactés… », commente ce vendredi matin Fabian Goulard du château Haut-Peyrous.

La réalité de la récolte ? « On sait ce qu’elle va être, on va maintenant travailler pour produire du bois… », poursuit Fabian Goulard. Depuis l’orage, la plante va se mettre en stress, favoriser le mildiou puis le botrytis, et on est en bio, il va y avoir « du maille », Demain on va passer la journée à faire un traitement de cicatrisation et prévenir les maladies.

Redémarrage de la Cité du Vin le 19 juin après 3 mois de fermeture

C’est officiel. Le feu vert a été donné. La Cité du Vin va ouvrir de nouveau ses portes le vendredi 19 juin. Des mesures sanitaires seront effectives afin de garantir une expérience sympathique et en toute sécurité aux visiteurs.

Philippe Massol, le directeur général de la Cité du Vin © Jean-Pierre Stahl

La Cité du Vin avait fermé le 14 mai dernier, quelques jours avant le confinement proprement dit. Aujourd’hui le feu vert a été donné par la Préfecture avec l’aval de la mairie de Bordeaux pour une réouverture fixée au 19 juin, selon les voeux de la fondation pour la Culture et les Civilisations du Vin. Des mesures d’accès un peu plus réduit, port du masque obligatoire et gel Hydro-alcoolique seront en vigueur.

C’est une satisfaction  pour toute l’équipe de la fondation pour la culture et les civilisations du vin de pouvoir accueillir renouveau le public », Philippe Massol directeur général.

La capacité d’accueil sera divisée par 2 dans le Parcours Permanent et par 3 dans le Belvédère afin de garantir la règle de distanciation, un sens de circulation sera aussi effectif, comme le port du masque obligatoire à partir de 11 ans et un lavage de mains régulier avec du gel hydro-alcoolique, les écrans tactiles seront recouverts d’un film anti microbien, et les visiteurs pourront prendre leurs propres écouteurs…Les compagnons de visites seront aussi régulièrement nettoyés.

Dans l’immédiat, la salle d’expos, l’auditorium, la salle de dégustation et le salon de lecture resteront fermés. En revanche, boutiques et restaurants vont aussi reprendre leur activité normale avec quelques places en moins.

Et pour célébrer cette réouverture et faire un geste envers les familles, la gratuité sera de mise pour les moins de 18 ans, jusqu’au 31 août.

03 Juin

Le Festival Confluent d’Arts avec Catherine Ringer reporté en 2021 : « c’est comme ça… »

Confluent d’Art qui devait se tenir en juillet avait été reporté en septembre du fait du contexte lié au covid-19. Finalement trop d’incertitudes planent sur le festival en septembre, les organisateurs ont préféré reporter en 2021;  le concert de Catherine Ringer aura lieu le 1er juillet 2021.

Xavier Buffo était fier en janvier dernier de me présenter Catherine Ringer à l’affiche de son prochain festival Confluent d’Art initialement prévu en juillet 2020 © JPS

Quand ça veut pas, ça veut pas. Et pourtant c’est pas faute de vouloir. Les Suisses ont ce dicton très à propos « qui ne peut, ne peut… »

Forcément après le report décrété en avril dernier, tout le monde retenait son souffle pour re-chanter Marcia Baila et Andy en septembre, mais trop d’incertitudes ont eu raison de cette nouvelle date du festival Confluent d’Arts dont la vedette cette année était Catherine Ringer.

A l’heure actuelle, nous sommes dans l’impossibilité de savoir comment organiserl’accueil du public, et personne n’est en capacité ne nous apporter des précisions. »

Les organisateurs n’ont pas pu obtenir des réponses à leurs interrogations légitimes. Si on en sait un peu plus sur les salles de spectacles, avec port du masque obligatoire et règles de distanciation, concernant les manifestations en plein air, mis à part un nombre maximum de 5000 personnes en septembre, rien n’est très explicite, notamment s’il y aura des règles de distanciation aussi à tenir.

Trop de flou, face à l’esprit de convivialité avec le cocktail de musiques et spectacles, de bar à vins et food-trucks qui ont fait le succès de ce festival. Bref « les conditions pour vivre un festival en toute liberté ne sont pas réunies ». Après discussion des membres du l’association, du Rocher de Palmer et du responsable de la tournée de Catherine Ringer, il a été plus sage de décider le report en 2021, les 1-2 et 3 juillet au château de la Rivière, avec un concert très Rita Mitsouko le 1er juillet.

Et pour soutenir les intermittents en cette période difficile, il a été décidé de verser un défrisement de 30% des cachets. Les billets resteront valables l’an prochain ou pourront être remboursés.

Grêle dans le Bordelais : à Moulis, Cédric Coubris a perdu une bonne partie de sa future récolte

C’est un épisode d’orage et de grêle supplémentaire. Un de plus. Il y en a quasiment tous les 10 jours ces derniers temps. Moulis, Listrac ont pas mal été touchés dans le Médoc. Cédric Coubris gérant du château la Mouline revient ce matin pour Côté Châteaux sur ce nouvel aléa climatique qui a touché de plein fouet la propriété qu’il manage avec son frère.

Les dégâts de la grêle de lundi après-midi à al Mouline pris en photos mardi matin © Cédric Coubris

 Jean-Pierre Stahl: « Bonjour Cédric Coubris, comment allez-vous ce matin ? »

Cédric Coubris : « Fatigué moralement ! Avec déjà les aléas économiques que l’on connaît : les taxes Trump, la chute des exportations vers la Chine, le Brexit, le Covid… Là, cela a mis en l’air les seuls et derniers sentiments de liberté qu’on ressentait dans le travail de la vigne. Là on te coupe les deux pattes… Moralement, c’est très difficile. On disait que 2020 c’était l’année du vin…oui, mais quelle année ! »

JPS : « Comment avez-vous vécu lundi ce nouvel épisode de grêle ? »

Cédric Coubris : « Je n’habite pas sur place, alors je ne me suis pas inquiété outre mesure, j’ai vu que ça montait et beaucoup de pluie… En tant que président des vignerons indépendants de Gironde, je m’inquiétais surtout pour les autres. La grêle n’est tombé quasiment nul part, sauf chez moi, le coeur du noyau. En fait, cela a tout de même touché plusieurs propriétés sur Moulis et sur Listrac ». 

Certains ont pris beaucoup d’eau, moi j’ai pris des cailloux, j’ai des grappes marrons au bout de 24 heures et ça c’est perdu… » Cédric Coubris château la Mouline

Après les techniciens sont arrivés assez rapidement, ils ont mis un cicatrisant, un anti-mildiou et un anti-botrytis, car avec la semaine qui arrive, on nous annonce encore des orages et beaucoup de pluie, on fait le maximum pour sauver ce qu’il y a à sauver.

Les épisodes de grêle, c’est tous les 10 jours, et dans des parties différentes du bordelais, cette année cela va être une année compliquée.

JPS : « Surtout que vous avez déjà vécu d’autres épisodes climatiques, ces derniers temps ? »

Cédric Coubris : « En 2017, j’ai perdu 80% de la récolte à cause du gel. En 2018, on est passé à travers le mildiou. En 2019, on a perdu 3 hectares à cause du gel à nouveau, 150 hectolitres, cela fait 15% sur la propriété.

« Pour 2020, j’annonçais hier 90% de pertes mais j’espère n’être qu’à 60 à 70%, ce qui est déjà énorme. Après, la pression mildiou est bien là, cela risque de lessiver tout cela, et on n’est qu’en début de saison, il y a encore 3 à 4 mois à souffrir… »

Cédric Coubris, le Président des Vignerons Indépendants de Gironde dans son chai du château La Mouline à Moulis début mars 2020 © JPS

JPS : « J’imagine que vous étiez assuré ? »

Cédric Coubris : « Oui, depuis les aléas de 2017. J’avais été assuré pendant plus de 20 ans mais en 2008 j’ai pris la grêle, je payais 18 000 € d’assurance, il faut les sortir, mais cela n’a servi à quasiment rien; alors depuis j’ai pris le minimum entre 4000 et 5000 € mais je vais toucher 3 miettes…C’est un choix financier qui ne me permet pas de faire autrement. »

JPS : « Malgré tout, malgré ce nouvel épisode, vous aviez quelques lueurs d’espoirs de reprise ? »

Cédric Coubris : « Forcément, quand on voit que les restaurants et les caves peuvent de nouveau accueillir du public. Même si durant le confinement les cavistes ou les propriétés pouvaient recevoir du monde, personne n’y allait vraiment, là on a de nouveau un sentiment de liberté. Les gens reviennent dans les commerces. Pour pouvoir vendre du vin, c’est une bonne chose. »

« Sur internet j’ai triplé mes ventes en ligne et depuis le confinement, les 500 adhérents des vignerons indépendants sur le site des VI ont multiplié par 4 leurs ventes. Le déconfinement se passe bien, il y a une lueur d’espoir de se dire on redémarre et on va pouvoir débloquer les choses. »

Concernant la campagne des primeurs, on voit les maisons de négoce intéressées qui nous demandent de leur envoyer des échantillons. Donc oui, il y a un espoir.

« Si d’ici la fin de l’année on trouve un vaccin, il y aura à nouveau une confiance et une activité économique qui va repartir, avec une croissance dans 6 mois. Avec le covid, nous avons appris à vivre au jour le jour. Il faut espérer qu’il ne nous arrive pas d’incident sur notre parcours, car cela nous fragiliserait davantage ».

« Pour mon cas, cela risque d’être difficile en 2021 et 2022, si je n’ai pas de 2020 à vendre. Il va falloir que je vois si je peux prendre chez des voisins des vignes en fermage. Je pourrai peut-être aussi acheter de la vendange, mais pour commercialiser en vin de table ou en Médoc ou Haut-Médoc. Ma priorité pour le moment est de sauver mes vignes… »

Bon courage en tout cas à Cédric Coubris et aux autres vignerons qui ont aussi été victime de ce dernier épisode de grêle.

02 Juin

Réouverture des cafés et restaurants de Bordeaux : un moment de bonheur partagé

Depuis ce matin, les cafés, brasseries et restaurants ont retrouvé leurs clients. Un moment attendu depuis 2 mois et demi, depuis le confinement, par ces établissements et les consommateurs. Réactions en immersion au Café Régent et à la Brasserie la Belle Epoque

Derniers préparatifs et mise en place de la terrasse ce matin à la Belle Epoque © JPS

C’est presque un sentiment d’euphorie, un bonheur retrouvé pour ces premiers clients attablés dès midi à la Belle Epoque, cette brasserie bordelaise véritable institution depuis 1865 sur les quais. Les réactions sont unanimes: « du plaisir, surtout à Bordeaux, moi qui ne suis pas d’ici, je suis Parisien… » « C’est vrai que cela fait un bien fou de pouvoir être dehors avec des gens, discuter et être au restaurant, c’est un vrai plaisir » « Etre confiné, ne pas pouvoir humer, voir ou sentir les autres, simplement par la vue c’est un manque et pour notre équilibre mental on a vraiment besoin de se connecter à l’autre. »

Cet établissement est passé de 45 places dans sa grande salle aux décor de faïences Vieillard à 20 et de 20 à 6 côté bar; en terrasse c’est aussi moitié moins car il a fallu respecter les règles de la distanciation. Fort heureusement il y avait de l’espace. « Je suis heureuse de retrouver l’endroit, c’est ma cantine chaque fois que je viens à Bordeaux. C’est une renaissance pour ces brasseries et pour les clients, c’est assez français. »

Romain Bolot, chef, et Baptiste Vaubourg, commis de cuisine © JPS

En cuisine, même s’ils ne se retrouvent que 2 cusiniers au lieu de 4, plus une personne  à la plonge, l’équipe montrait une certaine impatience d’en découdre et de retrouver la clientèle:

C’est un renouveau, un recommencement, je pense que tout le monde attendait cela, tout le monde est content de reprendre le travail. Moi, je n’ai pas beaucoup dormi, je n’ai dormi que 3 heures, j’étais comme une pile électrique, je n’avais qu’une envie, c’était de revenir » Romain Bolot chef de la Belle Epoque

Sophie Wolff, co-gérante de la Belle-Epoque servant sa première pression ce matin © JPS

« On est content, il fait beau, pour nous c’est important d’avoir le soleil sur les quais parce que cela change tout », confie Sophie Wolff co-gérante de la Belle Epoque.

 On a hâte de retrouver tous nos clients même si on sait que cela sera dur et qu’une bonne partie de notre clientèle ne sera pas au rendez-vous cet été » Sophie Wolff co-gérante la Belle Epoque

Car ce restaurant fonctionne le midi avec une clientèle locale et d’affaires, mais aussi avec pas mal de touristes étrangers et des croisièristes. Ces deux derniers font pour l’instant défaut; à chaque saison ce sont 50 à 60 bateaux de croisières qui font escale dans le port de la lune avec des touristes qui dépensent en moyenne 150 à 200 € par jour comme le soulignait Marcello Roudil, co-associé ce midi sur notre antenne de France 3 Aquitaine. Ce restaurant a déjà du se séparer de 2 collaborateurs vu les pertes durant ces 2 mois et demi et le manque à gagner sur l’année 2020. Néanmoins l’optimisme est là avec une carte renouvelée avec des spécialités locales.

La terrasse du Café Régent déjà bien fréquentée dès ce midi © JPS

En face du Grand Théâtre, place de la Comédie, le Café Régent a aussi fait le plein sur sa terrasse. Il a réouvert dès 7 heures ce matin et c’est reparti jusqu’à 2 heures…30 tables ont été redisposées en terrasse et une sur deux à l’intérieur pour respecter la distance d’un mètre.

Comme on le voit la terrasse est fréquentée, les gens sont heureux de pouvoir retrouver une terrasse au soleil à Bordeaux ils aiment beaucoup cela » Guillaume Barillo co-gérant du Café Régent

Le Café Régent autre institution bordelaise s’est aussi adapté © JPS

« Pour la réouverture on a réussi à mettre le même nombre de tables, plus espacées, la terrasse plus étirée; après à l’intérieur c’est différent, on a enlevé une table sur deux et on n’a pas beaucoup de clients aujourd’hui. »

« Qu’est ce qu’on ressent ? Un plaisir d’être à l’extérieur et de profiter, mais en réalité, je pense que tout le monde va rentrer dans cette dynamique et reprendre le cours de la vie normale »

Tous espèrent retrouver non seulement la clientèle bordelaise et girondine, mais aussi tous les touristes nationaux et européens qui devraient faire leur retour cet été pour profiter du patrimoine et de l’art de vivre à Bordeaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Philippe Turpaud, Charles Rabréaud suivi de l’interview en direct dans le 12/13 de Marcello Roudil:

31 Mai

Happy birthday, la Cité du Vin : 4 ans déjà !

C’était il y a tout juste 4 ans l’inauguration par le Président François Hollande de la Cité du Vin. 4 ans, 4 photos qui ont marqué l’histoire de ce remarquable édifice signé Anouk-Legendre et Nicola Desmazières architectes d’X-TU et dont le parcours permanent a été réalisé par les Anglais de Casson Mann. La Cité du Vin avait réussi à rassembler entre 419 000 et 447 000 visiteurs chaque année, stoppée dans son élan par l’épidémie de coronavirus. Allez réservez lui encore de beaux jours elle le mérite.

Sylvie Cazes devant la Cité du Vin © Jean-Pierre Stahl

Nicolas Desmazières (architecte de la Cité du Vin XTU), Sylvie Cazes et Philippe Massol (Fondation pour la Culture et les Civilisations du Vin) et Anouk Legendre (architecte -XTU de la Cité du Vin)

Les scénographes du Parcours Permanent de CassonMann, Dinah Casson, Gary Shelley et Roger Mann © JPS

Anouk Legendre et Nicolas Desmazières devant la Cité du Vin © Jean-Pierre Stahl

Voir ou revoir le magazine sur la genèse de la Cité du Vin écrit et réalisé par Jean-Pierre Stahl, Guillaume Decaix, Eric Delwarde, Xavier Granger, Francis Lassus-Lalanne et Véronique Lamartinière pour France 3 Aquitaine.   

Lire ou relire :

La Cité du Vin au confluent des civilisations : le magazine qui retrace toute l’épopée

30 Mai

Philippe Hébrard : « le rapport qualité-prix est très bon à Bordeaux, on a toutes les armes pour redémarrer »

Le directeur de la cave de Rauzan-Grangeneuve est plutôt optimiste, ce qui tranche de la morosité d’autres acteurs: avant le confinement, les chiffres étaient repartis à la hausse; là les gens devraient repartir à l’achat et rechercher le bon rapport qualité-prix; pour lui Bordeaux a toutes ses chances.

Denis Baro et Philippe Hébrard, le président et le directeur des Caves de Rauzan Grangeneuve, en février 2019 © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : Bonjour Philippe Hébrard, comment va la cave de Rauzan, est-ce que vous vivez aussi une période difficile ?

Philippe Hébrard : « Ces deux derniers mois ont été extrêmement compliqués, à Bordeaux le Covid a accentué des difficultés dans une filière qui n’allait pas bien déjà… Mais, moi je fais partie des gens optimistes : la veille du confinement, les chiffres pour Bordeaux montraient qu’il y avait un redémarrage avec +22% en sortie de chais, on était enfin sur des chiffres qui repartaient à la hausse.

On avait été pénalisé sur le millésime 2017, du fait du gel et de la perte de récolte (cf -40%) on avait perdu des marchés, comme ce qu’avaient pu vivre d’autres régions viticoles. Mais là, on était en train de reprendre des parts de marchés. Je sais que durant le confinement les gens ont consommé plus de vin. Ils vont acheter moins chers que précédemment; le rapport qualité-prix est très bon à Bordeaux, on a toutes les armes pour redémarrer… »

JPS : « Et pour Rauzan spécifiquement, est-ce que les cuves sont pleines comme pour certains, où en êtes vous ?

Philippe Hébrard : « Sur le 2018, tout est vendu. Et on a vendu ou on positionne 75% de la récolte 2019. En même temps, d’habitude ce sont 95% à cette de la récolte qui sont vendus. Il est évident qu’il faut que tout redémarre car on ne va pas pouvoir tenir trop longtemps, même si en coopérative on a les reins assez solides. Il va falloir revoir sans doute le potentiel de production : on a parlé de distillation, mais il va peut-être falloir reparler d’arrachage car les surfaces ont énormément augmenté dans les années 90 et certainement un peu trop. On a surplanté et donc il va falloir réajuster si on veut que les gens continuent à vivre de la viticulture dans le Bordelais. »

JPS : « Et en volumes pour vous, quelle est la conjoncture ? »

Philippe Hébrard : « On a perdu 40% sur les sorties du mois d’avril, ce qui n’est pas si mal par rapport à d’autres secteurs de l’activité économique. Depuis le début d’année, on est à -20%, dans le contexte de coronavirus c’est pas si mal que cela; il y a eu une période difficile à passer, avec des aides de trésorerie, mais on est loin d’être les seuls.

Il faut relativiser car chez nous on n’a pas eu de malade grave ni parmi les salariés ni parmi les adhérents et c’est pas mal. »

JPS : « Concernant vos marchés, comment les dispatchez-vous ? »

Philippe Hébrard : « 75% sont placés auprès du négoce bordelais. Pour les autres 25%, on travaille en direct avec différents réseaux professionnels. On travaille en majorité à l’export de manière positive avec des pays comme le Canada, les USA: les Nords-Américains ont consommé plus de vin durant le confinement, les magasins sont restés ouverts et cela se reflète dans les ventes. Chez les Américains, les achats se font souvent quelque temps avant la dégustation, ils n’ont pas forcément de cave comme en France.

« On a donc progressé à l’export, en grande distribution on s’est maintenu, et cela s’est écroulé pour la restauration. A noter également des signaux très encourageants sur la Chine, il y a un redémarrage à noter sur la Chine. »

 

29 Mai

Le « Grand Frère » Cognac Gautier de 1762 adjugé plus de 131 000 euros chez Sotheby’s

C’était une vente exceptionnelle pour un flacon rarissime : une bouteille de cognac de la Maison Gautier, remontant à Louis XV, 27 ans avant la Révolution Française,  a été adjugée jeudi plus de 118.000 livres (131.000 euros), un record dans ce domaine, selon Sotheby’s.

On discerne bien le millésime 1762 sur cette étiquette de cognac Gautier © Sotheby’s

C’est un collectionneur privé asiatique qui a remporté la précieuse mise pour 118.580 livres exactement, a précisé Sotheby’s dans un communiqué.

Appelée “Grand frère”, il s’agit de l’une des 3 dernières bouteilles de Cognac Gautier de 1762 existant à ce jour. Et c’est même la plus grande

Elles sont restées dans la même famille durant des générations depuis la fin du XIXe siècle, selon Sotheby’s. Elles avaient été laissées chez les arrières-grands-parents du vendeur par un orphelin, Alphonse, qu’ils avaient accueilli chez eux. Alphonse avait quitté sa famille adoptive dans les années 1870 pour travailler dans la région de Cognac. Il était revenu chez elle une décennie plus tard avec un chargement de bouteilles de cette eau-de-vie, qui lui auraient été données en guise de salaire après la destruction d’une grande partie du vignoble par l’insecte phylloxéra. Parmi elles, les trois bouteilles Gautier, avec des étiquettes en parfaite condition. Parti à la guerre en 1914, Alphonse n’en est jamais revenu, a poursuivi la maison de vente.

Un cognac © Gautier de 1762, estimé entre 80 000 et 160 000 livres sterling

Comme le “Grand frère”, le “Petit frère” avait été vendu aux enchères, à New York en 2014, tandis que la “Petite soeur” est conservée au Musée Gautier, dans le sud-ouest de la France. “Elle devrait encore pouvoir se boire”, avait commenté, avant la vente de la bouteille jeudi, Jonny Fowle, spécialiste des spiritueux chez Sotheby’s, dans le journal The Times.

Les boissons à forte teneur en alcool “se conservent très bien”, a-t-il ajouté, sans exclure toutefois un “effet vieille bouteille”, qui développe “parfois des notes tropicales très agréables, et parfois des notes moins attirantes assimilées au porridge”.

Avec AFP

28 Mai

Réouverture des cafés et des restaurants le 2 juin confirmée

Cette décision annoncée par le Premier Ministre était attendue depuis de longues semaines par tous ces établissements qui ont énormément perdu. Mardi 2 juin, ils vont pouvoir rouvrir avec un protocole sanitaire à respecter partout en France, et en Ile-de-France seulement en terrasses. Un ouf de soulagement pour bon nombre d’établissements.

Hervé Valverde retrouve le sourire, en photo le 1é septembre dernier © JPS

La réaction d’Hervé Valverde, patron du Bistro du Sommelier, le 1er resto bar à vins créé il y a plus de trente ans à Bordeaux, est une réaction mêlée de joie et de sérieux: « j’étais en train d’écrire justement un mot sur Facebook… » me dit-il : « La date de reprise est enfin connue, on va pouvoir vous accueillir de nouveau, dans un premier temps l’équipe va remettre en ordre de marche le restaurant 2 mois fermés c’est très long, il faudra aussi apprendre à sourire avec un masque, au plaisir de vous revoir toutes et tous… »

Mais Hervé Valverde a fait le choix de ne pas mettre la pression sur son équipe: « mardi tout le personnel va revenir, on va relancer toute la cuisine dans laquelle j’ai 2-3 fours avec ordinateurs, on a pas mal de travail pour refaire les sauces, … on  va tout bien préparer mais je n’ouvrirai qu’à partir de mercredi 3 juin à midi. On a été fermé deux mois et demi, on n’est pas à un jour près. »

Le but est bien évidemment de tout mettre en oeuvre et notamment les règles sanitaires préconisées à savoir : « un mètre de distance entre les tables des différents convives, j’ai ainsi estimé que mon restaurant va pouvoir faire 80 couverts; pas plus de 10 par table, j’ai une une réservation pour 14 donc je ferai deux tables de 7, j’ai pris parmi mes employés un qui sera chargé des règles sanitaires, de nettoyer les portes, les sanitaires, etc… Pour les cartes, j’ai trouvé un système avec un écran qui sera présenté par le serveur, une tablette de 80×90 centimètres, le serveur attendra la commande… »

Je vais ouvrir mercredi, j’ai déjà une quarantaine de couverts réservés », Hervé Valverde du Bistro du Sommelier.

Et de philosopher : « oui, j’ai perdu de l’argent, mais je suis en vie, mes gars sont en bonne santé, tout le monde va bien. Mardi avec eux, on va commencer par boire un café, on va travailler toute la journée et ils auront leur soirée de libre. Mercredi tout le monde redémarra normalement.On va faire aussi un système de plats à emporter le midi avec au choix 2 entrées, 2 plats et 2 desserts. Je pense que les gens ont envie de revenir, bien sûr il y aura toujours des anxieux  mais tout le monde fera attention. »

Les 3 associés de la Belle Epoque : Sophie Wolff, Marcello Roudil et Laurie Mouyen en juin 2019 © JPS

Autre réaction, celle de Sophie Wolff de la Belle Epoque, autre restaurant historique de Bordeaux au décor en faïences Vieillard :

Heureux de réouvrir, on n’avait pas envisagé qu’il dise non. Tout le monde brique, nettoie et s’active depuis le début de semaine », Sophie Wolff de la Belle Epoque

« On est ravi bien sûr, très content, d’autant qu’on a un espace étalé, une grande terrasse et même côté bar, où on va pouvoir s’exprimer, alors que certains n’auront pas la place avec un mètre entre les tables…On recommence avec un peu de monde en moins, on aura encore du chômage technique. Je ne pense pas pouvoir une foule délirante à partir de la semaine prochaine, les jeunes seront là notamment le soir pour tout ce qui est bar, ils sont d’ailleurs déjà sur les quais tous les soirs, les autres viendront au fur et à mesure. »

Son associé Marcello Roudil confirme « on retravaille depuis cette semaine sur une configuration a minima; car il manque les paquebots, tous les étrangers et les touristes français nationaux. On a une clientèle composé 1/4 de chaque avec les locaux en plus bien sur. En prime, il y a encore un tiers des gens encore en télétravail, qui normalement viennent se restaurer le midi.On table sur 30 à 40% d’un chiffre d’affaire normal en étant optimiste. On est quand même une ville avec 7 millions de touristes, moitié touristes d’affaire et touristes particuliers. A partir de la deuxième quinzaine de juin, on va avoir plus de touristes nationaux mais c’est surtout juillet qui va être intéressant. »

Partout en France, cafés et restaurants sont donc autorisés à rouvrir à partir du 2 juin, avec une distance d’un mètre entre les tables, une capacité maximale de 10 par table. Il y a du mieux, toute la carte de France est en vert excepté Paris, Mayotte et la Guyane qui restent en orange. Le déconfinement sera plus prudent pour ces 3 départements ou région, pour l’heure seules les terrasses pourront fonctionner en Ile de France.

Primeurs à Bordeaux : les dégustations de l’UGCB démarrent la semaine prochaine

L’Union des Grands Crus de Bordeaux l’avait annoncé: les primeurs vont se tenir, mais dans un format allégé, pour tenir compte des règles de sécurité sanitaire liées au Covid-19. Ce sont donc une cinquantaine de sessions qui seront organisées jeudi et vendredi prochain à Bordeaux, des sessions de dégustations par petits groupes comme me l’explique en exclusivité le président de l’UGCB Ronan Laborde.

Ronan Laborde, en avril 2019 lots de sa première campagne primeurs en tant que nouveau président de l’UGCB © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl : « Bonjour Ronan Laborde, comment ça va, il paraît que vous organisez les primeurs la semaine prochaine ? »

Ronan Laborde : « Oui ça prend forme, on a plusieurs étapes. Ce sont des formats intimistes et privés où les professionnels se sont enregistrés au préalable. On commence la semaine prochaine à Bordeaux, c’est ouvert aux professionnels, courtiers et négociants de la place de Bordeaux…

500 personnes vont pouvoir découvrir, déguster le millésime 2019 à travers des sessions intimes de 5 à 8 personnes, accompagnées de 2 serveur les 4 et 5 juin à Bordeaux », Ronan Laborde président de l’UGCB

« On a précisé un cadre assez strict avec le bureau Veritas pour éviter le risque de contamination ».

JPS : « Je crois savoir que vous allez organiser d’autres dégustations ailleurs sur la planète »

Ronan Laborde : « D’abord, on a collecté des échantillons auprès des producteurs qui ont été envoyés aux critiques et prescripteurs comme le Wine Spectateur, le Wine Advocate, James Suckling ou encore Décanter. C’est en cours d’envoi, ils vont pouvoir perfectionner leur rapport sur le 2019 dans 15 jours ».

« Par ailleurs, on a 8 autres villes Paris, Bruxelles, Zurich, Franckfort, Hong-Kong, Shangai, Tokyo et Singapoure, où entre le 22 et le 29 juin, des petits groupes de journalistes locaux et importateurs de ces pays vont être invités à déguster. On a 3 autres villes pour lesquelles on doit aménager ces dégustations un peu plus tard Londres, New-York et San Francisco, soit parce qu’il y a encore le confinement ou si elles sont en déconfinement cela ne permet pas d’organiser des sessions ».

« Il y a des dizaines de distributeurs qui vont recevoir un set de dégustation de l’ensemble des châteaux de l’Union des Grands Crus de Bordeaux: entre 115 et 120 sur les 134 de nos membres se sont inscrits pour envoyer ce set ».

JPS : « D’habitude la semaine des primeurs à Bordeaux rassemblait 5000 à 6000 personnes, là c’est un contexte particulier, combien au total ? »

Ronan Laborde : « Bonne question, pour l’instant nous n’avons pas de chiffres à communiquer. A Bordeaux, c’est clos. L’an dernier nous avions 520 personnes, là 448 inscrits, il n’y a pas une grosse différence. A l’étranger, on ne sait pas comment les gens vont répondre. On dévoile les dates à nos membres aujourd’hui et on lance aussi aujourd’hui les invitations, les gens ont quelques jours pour s’inscrire et s’organiser. « 

JPS : »J’imagine il y a une grosse attente sur le 2019 ? »

Ronan Laborde : « Oui, surtout depuis que la petite musique dit que les choses se précisent et qu’une campagne s’annonce. On a beaucoup de demandes. Encore ce matin, avant 10h, j’ai du rédiger 3 mails pour répondre à des Bordelais qu’ils ne pourraient pas venir à la dégustation la semaine prochaine. Néanmoins, les propriétés et châteaux sont ouverts, y compris à Clinet, certains l’ont déjà fait. »

JPS : « Alors comment s’annonce ce 2019 ? »

Ronan Laborde : « Comme on l’avait déjà dit, on a eu une bonne floraison, un été plutôt chaud et très sec, des pluies en septembre juste ce qu’il fallait pour parfaire la maturité:

Nous avons des blancs secs éclatants, un millésime solaire sur les vins rouges, avec de belles couleurs et concentrations, des tanins voluptueux, même s’il y a un certain degré d’alcool, il y a de la fraîcheur et une belle précision. »

Pour les liquoreux, le millésime est bon mais les volumes sont à la baisse du fait de l’arrière saison. »

JPS : « Et les prix, ils devraient logiquement baisser ? »

Ronan Laborde : « Oui, malheureusement, on s’attend à se serrer la ceinture, les prix s’adaptent au contexte, il n’y a rien d’inflationniste aujourd’hui et tout ce qui touche au luxe est amené à subir aujourd’hui une déflation. Ce ne sera pas une surprise si aujourd’hui les prix sont à la baisse, certains sont déjà sortis » (comme Pontet-Canet ce jour à 30% de moins), « cela risque même d’être l’affaire de la décennie: de superbes vins avec des prix en baisse. «