17 Sep

HVE : le label mis en cause par Alerte aux Toxiques, Interprofession et vignerons dénoncent une interprétation fausse…

Et voici une polémique de plus, un nouveau focus sur Bordeaux… Alerte aux Toxiques a envoyé cette semaine aux rédactions une étude qui porte sur des analyses sur 22 châteaux labélisés HVE (Haute Valeur Environnementale). Des traces de résidus de pesticides ont été retrouvées, mais en quantité très faible précise le laboratoire Dubernet. CIVB et vignerons dénoncent cette nouvelle campagne qui fait suite au Bordeaux bashing de 2014 alors que des efforts ont été faits. Ils se réservent le droit de porter plainte.

Valérie Murat, d’Alerte aux Toxiques © JPS

Alerte aux Toxiques a fait analyser 22 bouteilles de domaines estampillés du label HVE pour Haute Valeur Environnementale. Des bouteilles dans lesquelles des traces de résidus de pesticides ont été retrouvées, mais en quantité très faible selon le laboratoire Dubernet joint ce matin par téléphone.

Valérie Murat, lanceuse d’alertes, qui a fait réaliser ces analyses grâce à un crowfunding qui avait rapporté 5000 euros commente : « ce que j’ai voulu montrer la réalité des pratiques et surtout alerter les consommateurs  sur ce  label  qui se voudrait équivalent à la viticulture biologique ou en biodynamie et qui en est très très loin…parce que dans toutes les bouteilles, nous avons retrouvé 4 à 16 substances actives en résidus de pesticides et des pesticides de synthèses parmi les plus dangereux, des CMR et perturbateurs endocriniens ».

Selon le laboratoire, « les teneurs retrouvés sont tout-à-fait classiques pour la zone de production et plutôt faibles, rien d’alarmant » commentait ce matin par téléphone Vincent Bouazza responsable en chimie fine. Le laboratoire Dubernet a envoyé cet après-midi un communiqué de presse où il est écrit « les teneurs en résidus dans les vins, quand nous en trouvons, sont très faibles, toujours très en dessous des LMR  (limites maximales de résidus) (en moyenne de l’ordre de 0 à 3 % selon les molécules). La situation des vins en France est donc très loin de poser des problèmes vis-à-vis des limites légales. Nous savons aussi que, en raison des progrès permanents des outils d’analyse, des teneurs autrefois non détectées le sont devenues, alors même qu’elles se situent à des seuils infinitésimaux ». 

Jean-Samuel Eynard du château Genibeau Blanchereau © JPS

Aujourd’hui les vignerons contestent l’interprétation qui est faite par Alerte aux Toxiques de cette étude, parmi les 22 vignerons en question bon nombre sont responsables de syndicats viticoles, comme Jean-Samuel Heynard, ancien président des Côtes de Bourg et depuis 2 ans président de la FNSEA Gironde: « c’est une atteinte intolérable à la réputation d’une entreprise, ces analyses, quoiqu’ils en disent prouvent une seule chose c’est que je travaille bien, ils n’ont trouvé que des produits autorisés et à des doses extrêmement faibles, puisque nous sommes entre 120 et 5000 fois en dessous du seuil autorisé », précise Jean-Samuel Eynard du château Genibeau Blanchereau.

Le Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux encourage avec le Ministre de l’Agriculture venu en Côtes de Bourg en septembre cette certification HVE. 65 à 70% sont estampillés HVE, bio ou byodynamie en Gironde. Certes le label HVE ne signifie nullement bio, il vise à aller vers moins de traitements, la plantation de haies ou de bois en bordure de vignoble et le traitement des eaux usées. L’association Alerte aux Toxiques souligne de son côté une augmentation de l’utilisation de pesticides, notamment en 2018 de plus de 20% (année où le mildiou avait été intense, comme en 2020).

Christophe Chateau et Marie-Catherine Dufour du CIVB © JPS

« C’est l’utilisation de chiffres avec des interprétations qui sont fausses, jouer sur l’émotion des consommateurs, et puis quelque part attaquer plus de 1000 exploitations qui partent dans cette démarche sur la Nouvelle Aquitaine et plus de 5000 exploitations à l’échelle française », précise Marie-Catherine DUFOUR directrice technique du CIVB.

Le CIVB et les vignerons réfléchissent à porter plainte contre l’association à l’origine de ces analyses qui abondent dans un retour du Bordeaux bashing.