Ce sont 50 chefs d’entreprises qui cette année encore ont retroussé leurs manches pour récolter les grappes de raisin des 18e vendanges de l’aéroport. Un vignoble entretenu par Olivier Bernard et ses hommes du Domaine de Chevalier.
C’est la seule parcelle au monde plantée à l’entrée d’un aéroport. Et quelle parcelle, sans doute l’une des plus petites au monde avec ses 15 ares mais qui produit énormément de bouteilles… C’est ça la magie des vendanges de l’aéroport : des chefs parmi les chefs d’entreprises qui produisent chaque année le meilleur des millésimes sous le nom « la Croix de Guyenne ».
Ils étaient une cinquantaine de dirigeants d’entreprises hier à s’équiper de sécateurs, paniers et tabliers pour récolter ce fameux 2016; un moment convivial car quelque soit l’année, le temps, les intempéries,… ce sont 1200 bouteilles qui seront produites par ce vignoble envié du monde entier. Un moment de partage aussi où l’on pouvait déguster le millésime 2012, avec un bout de pain et de saucisson.
Pour cette année, le monde de l’entreprise a été de nouveau mis à l’honneur avec la participation Clubs d’entreprise ou associations de commerçants lauréats de «Challenges» et «Initiatives», deux concours qui récompensent des projets innovants pour les territoires.
Ce vignoble planté à 10 000 pieds à l’hectare est tenu de main de maître par le Domaine de Chevalier et son célèbre propriétaire Olivier Bernard, qui tout au long de l’année s’occupe de tout : taille, ébourgeonnage, pliage, épamprage, levage, dédoublage, vendange verte, effeuillage et bien sûr vendange manuelle.
Les deux parcelles de vigne sont plantées à l’instar des plus grands crus du bordelais (densité de plantation la plus élevée) à 40 % de cabernet sauvignon et à 60 % de merlot. Son terroir est constitué de sable noir et de fines graves blanches reposant sur un sous-sol de graves argileuses qui assure une alimentation hydrique d’une grande qualité, de quoi donner de très grands vins.
Le château du Taillan, comme le château de la Lagune, ont écrit une page récente de leur histoire au féminin. A la tête de chacun des deux domaines, des propriétaires, mais aussi des responsables techniques et maîtres de chais femmes qui toutes démontrent un savoir-faire et une expertise extraordinaires.
Au château du Taillan, on vit cette année des vendanges presque quasi féminines. Et pour cause, c’est Noëlle Bellido qui conduit la machine à vendanger, en tant que prestataire de services de la société Pascal Romain à Lussac.
« C’est assez bien perçu, une fois qu’on nous a vu travailler, je dirais, car ils s’aperçoivent qu’on est assez douce, on fait attention, on respecte la vigne », selon Noëlle Bellido.
Avoir recours à une femme conductrice d’engin ne fait pas peur à Armelle Cruse, oenologue et gérante du château du Taillan. Elle-même a été très tôt, à 27 ans, en responsabilités, avec ses 4 soeurs, héritant du domaine de leur père disparu trop rapidement.
Armelle Cruse commente : « Ca me tient à coeur de leur donner leur chance, parce que pour moi par exemple, il a fallu que je me batte pour avoir la place que j’ai, et donc dans le monde du vin, c’est vrai que ce n’est pas toujours évident pour les femmes. »
Armelle Cruse a été à l’origine de la création de l’association des Médocaines, des femmes-propriétaires de châteaux du Médoc qui depuis 2005 ont fait parlé d’elles et ont réussi à se faire une place dans ce monde quelque peu macho à la base.
Depuis 4 mois, Armelle Cruse vient de lancer également une étoile montante et de l’embaucher comme responsable technique : Joséphine Duffau-Lagarrosse (dont le père Vicent tient le domaine familial à Saint-Emilion), elle est oenologue titulaire d’un DNO mais aussi ingénieur agronome de l’ancien Enita, sans parler de son master de commerce international de l’ESC Dijon. Derrière elle, elle a une expérience en Nouvelle-Zélande, au Mexique et en Californie… On comprend pourquoi Armelle s’est précipité à lui donner sa chance.
« On travaille comme n’importe quel viticulteur, que ce soit un homme ou une femme, après ma différence, ce n’est pas que je sois une femme mais le fait que je soit jeune. »
A la tête du château La Lagune, depuis l’âge de 26 ans, Caroline Frey, oenologue, a été aussi l’une des plus jeunes à manager des équipes et à changer doucement mais sûrement le mode de culture du domaine :« il y a une sensibilité qui est la mienne…et j’ai réussi à la faire passer à toute l’équipe.
Moi je suis arrivée avec beaucoup d’humilité et de modestie, très respectueuse de ce qui s’était fait par le passé même si j’avais quelques idées déjà, de petites choses à améliorer : on a amorcé tous ces changements très progressivement, il y avait une volonté de ma part de passer en viticulture biologique, mais tout cela s’est fait dans le temps en une dizaine d’années ».
Depuis cette année 2016, La Lagune est certifiée bio et effectue ses premières vendanges certifiées sur tout le domaine.
Des vendanges suivies aussi avec une attention particulière par un maître de chai au féminin : Maylis de Laborderie:
« Un vin différent pas vraiment (par rapport aux hommes), disons qu’on apporte beaucoup plus de précision et de rigueur. La touche féminine, c’est pour moi apporter la précision surtout notamment dans les assemblages. »
Des destins de vigneronnes qui intéressent, outre Côté Châteaux, également la presse spécialisée étrangère : ainsi des journalistes chinois (dont la RVF Chine) sont venus faire un reporatge ce matin sur le château du Taillan, à l’occasion de ce coup d’envoi des vendanges en rouge dans le Médoc.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Nicolas Pressigout
Quand le soleil paraît, les vendanges en rouge peuvent commencer… Le roi des astres marié aux matinées fraîches, et après juste ce qu’il fallait de pluie, ce cocktail invraisemblable va donner un résultat à la hauteur de ces images : une bonne année pour le rouge !
« Ca se présente plutôt bien ! Mieux que ce que l’on présageait… », me confie Vincent Cruège des Vignobles André Lurton. « La pluie nous a sauvé et a relancé la maturation dans plusieurs endroits. Là on ramasse des raisins sains (à Cruzeau et Rochemorin en Pessac-Léognan), mais les conditions météos nous permettent de prolonger la maturation.
A Barbe-Blanche à Lussac, pour nous ce sera le démarrage de vendanges le plus tardif qu’on n’ait jamais fait : jeudi prochain, le 6 octobre », Vincent Cruège des Vignobles André Lurton.
Et d’ajouter : « on a ainsi des journées de maturations lentes, on est content, on avance à petits pas. »
A Léognan, les vendanges de merlot sont déjà à mi-chemin. Des vendanges dont le coup d’envoi général a été donné lundi dernier . Et toujours aux environs de 8 heures, à l’heure où le soleil offre ces jolies couleurs rouges, orangées, c’est le même rituel : le chant du sécateur et des grappes de merlot qui tombent dans les paniers. « Ce sera fini mercredi prochain, sauf pour La Louvière, on finira plus tard. »
Au château Smith Haut Lafitte, Fabien Teitgen, le directeur technique commente : « on a commencé les rouges la semaine dernière sur de jeunes vignes, mais on a démarré vraiment hier les merlots à Smith Haut Lafitte et on va continuer la semaine prochaine. »
Le ressenti est un peu comme le temps, ça va de mieux en mieux », Fabien Teitgen du château Smith Haut Lafitte.
« Les raisins se goûtent de mieux en mieux, il y a un goût de pulpe, de fruits, c’est super aromatique, on arrive à de très très belles maturités », continue Fabien Teitgen. » En fin de semaine prochaine, on aura fini le merlot, on va enchaîner sur le petit verdot et le cabernet sauvignon. Tout cela va nous mener jusqu’à la mi-octobre »
Ca tombe bien, la vigne aura commencé à prendre ses couleurs automnales, pour finalement finir sur le rouge. On est raccord !
Depuis le début de semaine, de nombreux domaines ont commencé les vendanges de merlot à l’instar du château de France. En Pessac-Léognan où les terroirs sont plus précoces, le gros des vendanges est lancé, en Saint-Emilion et Pomerol, ça a démarré pour certains, on annonce un démarrage plus important à partir de mercredi. Dans le Médoc, ce sera surtout « branle bas de combat » la semaine prochaine.
Depuis lundi, de nombreux châteaux de Pessac-Léognan ont lancé leurs vendangeurs dans les rangs de vigne : c’est parti à Haut-Bailly, mais aussi à Latour-Martillac, ça a continué à Haut-Lagrange (lancé mardi et mercredi), à Smith-Haut Lafitte (démarrage jeudi dernier) et au château de France, ce lundi.
Ce sont en effet 25 vendangeurs qui ont donné hier à 8 heures les premiers coups de sécateurs sur une « parcelle historique » du château de France à Léognan, au lieu-dit la Gravette. Ici étaient plantés de très vieux pieds, âgés de plus de 60 ans, ils ont été arrachés en 2010 et voici les nouveaux qui commencent à bien donner sur cette superbe croupe de Graves.
L’endroit est assez magique, en pente, chose assez rare dans le Bordelais comparé aux coteaux de Bourgogne. Arnaud Thomassin, le propriétaire, est venu voir son équipe : « c’est une équipe très soudée, les vendangeurs viennent depuis plus de 10 ans ».
A Saint-Emiliion, le mythique Cheval Blanc, 1er cru classé A, a aussi donné le coup d’envoi, l’Union des Producteurs aujourd’hui, et château Fonroque en Saint-Emilion Grand Cru demain.
Même si sur cette parcelle les rendements ne sont pas plétoriques (à cause d’un peu de gel), « c’est très sain, très mûr, ça se présente pas mal commente Arnaud Thomassin. Il faut dire que le domaine repart d’un bon pied après avoir traversé quelques années difficiles : « en 2011, on avait brûlé, l’outil de production est parti en fumée ». Un tracteur avait en effet pris feu et les ateliers et le chai avaient été sérieusement touchés par cet incendie. Fort heureusement « la solidarité vigneronne a joué » et le château Haut-Bailly a pu prendre en compte la récolte des blancs, quant aux rouges ils étaient vinifiés au château Haut-Gardère.
Le propriétaire s’est battu et a pu reconstruire un nouveau chai de vinification, quant au hangard agricole, il est aujourd’hui séparé pour éviter les risques de propagation. La première vendange sous de meilleurs auspices s’est déroulée en 2014, depuis ce ne sont que de bons millésimes qui se succèdent.
Au niveau qualitatif, cela se présente très très bien, les couleurs sont jolies, les pellicules sont mûres, on est sur des tanins bien mûrs aussi, on est plutôt très content, cela envisage de très belles choses », Arnaud Thomassin du château de France.
« Par rapport à 2015, c’est un millésime différent, encore un millésime un peu inconnu pour nous car cela fait partie des climatologies qu’on n’a pas l’habitude d’avoir, on a eu deux mois et demi très très sec, sans eau, mais les vignes ont plutôt bien supporté, vous pouvez le voir, le feuillage reste vert, les vieilles vignes ont très très bien supporté cette chaleur et pour l’instant, on est sur des équilibres qui sont bien et par rapport à 2015, on est plutôt optimiste. »
Du côté du CIVB, Christophe Châteaux confirme la tendance à la mobilisation générale : « ça va démarrer partout cette semaine, mercredi et jeudi à Pomerol et Saint-Emilion, et dans le Médoc en fin de semaine mais le gros des vendanges en Médoc pour lundi. Les conditions demeurent favorables avec les températures fraîches le matin et agréables l’après-midi et en plus il n’y a pas d’eau annoncé pour les prochains jours. »
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Thierry Julien, Hugues Orduna et Thierry Culnaert diffusé au 19/20 :
Malgré le gel et la sécheresse, les vignerons de l’hexagone attendent un bon millésime. Alors que le Ministère de l’Agriculture annonçait fin août une baisse de 10% avec 42,9 millions d’hectolitres, le Bordelais, l’Alsace, le Beaujolais ou encore le Jura devraient tirer leur épingle du jeu, avec des volumes équivalents à ceux de l’année dernière, voire supérieurs.
Grêle, gel et sécheresse ont fortement endommagé une partie du vignoble français, surtout en Bourgogne, Champagne et dans le Val-de-Loire, provoquant une baisse des volumes, mais le millésime 2016 s’annonce globalement de « grande qualité ».
C’est une année atypique en terme de potentiel de production lié aux aléas climatiques, … en Champagne, Bourgogne, Val-de-Loire, Charentes, Languedoc-Roussillon, une des plus petites récoltes (cf 1993) mais globalement avec des vins de grande qualité », Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin de l’établissement public FranceAgriMer.
Le ministère de l’Agriculture prévoyait fin août une baisse de 10% de la production avec 42,9 millions d’hectolitres. Le Bordelais, l’Alsace, le Beaujolais ou encore le Jura tirent bien leur épingle du jeu, avec des volumes équivalents à l’année dernière, voire supérieurs.
Dans les régions touchées par les aléas climatiques, de fortes disparités existent. En Bourgogne, comme en Champagne, le gel, la grêle, le mildiou ou l’esca (maladie du bois) ont décimé certaines parcelles, alors que « d’autres offrent de belles grappes saines« , selon le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB).
Là où il y a un peu de récolte, ce sera un beau millésime en préparation avec une bonne teneur en sucre », Christine Monamy, de l’Observatoire du Millésime au BIVB.
Les vignerons prévoient en moyenne une baisse de 20 à 27%. Ainsi à Chablis, près de la moitié du vignoble a été fortement endommagée, entre 70 et 100%, par les différents épisodes de gel et de grêle. Seule « une demi-récolte » est attendue cette année.
Même constat dans le centre de la France, où Chinon connaît jusqu’à 50% de pertes suivant les exploitations, en raison des gelées, et jusqu’à 60% dans le muscadet, entraînant pour de nombreux viticulteurs de graves problèmes de trésorerie.
La vendange 2016 sera certainement historiquement la plus basse du muscadet de tous les temps », François Robin de la Fédération des vins de Nantes.
Le volume estimé est d’environ 150.000 hectolitres contre 415.000 en 2015 « Par contre, on est très content de ce qu’on va récolter. Nous avons eu un bel été, très sec, donc très peu de foyers de pourriture dans le vignoble. On va vendanger mûr et dans de bonnes conditions ».
La sécheresse cet été, de Nice à Cahors, porte également un coup aux rendements. En Corse, où les vendanges ont dû démarrer une semaine plus tôt mi-août faute de pluie, la récolte sera inférieure de 5 à 8% à l’année dernière, selon les cépages.
Même constat dans le Languedoc-Roussillon: une baisse d’environ 9% a été annoncée fin août. Au stress hydrique se sont ajoutés des orages de grêle dévastateurs dans l’est héraultais et le Pic Saint-Loup avec près de 2.000 hectares impactés.
En Provence, les charges et poids des raisins seront inférieurs à la moyenne des deux dernières années. Mais « la qualité des premiers jus extraits semble très satisfaisante, avec un caractère fruité bien présent, une bonne souplesse et un bel équilibre des moûts, ce qui est de bon augure pour la vinification », pour le président du Conseil interprofessionnel des vins de Provence, Alain Baccino.
Même dans le Bordelais, où la Chambre d’agriculture de Gironde s’attend dans l’ensemble à un volume « un peu plus élevé que l’année dernière » et « un très bon millésime », quelques vignobles souffrent d’un manque de pluie, comme à Pomerol. A Saint-Emilion, la sécheresse a cependant permis d’écarter la menace du mildiou au printemps et les pluies du 13 septembre suivies du soleil de donner aux baies un peu plus de volume. « On attend que les pépins et la peau mûrissent davantage. Nous avons des raisins très sains, aucune crainte que cela pourrisse », a assuré Coraline Moreaud-McAllan, du Château Cormeil-Figeac. « On prend notre temps pour vendanger. Contrairement à l’année dernière, où la pluie avait précipité les récoltes ». Pour elle, comme pour la grande majorité, la vendange des rouges va commencer la semaine prochaine.
Qui n’a pas rêvé d’avoir la recette magique pour faire un grand vin ? Rencontre avec ces vignerons et oenologues de Bordeaux qui vous dévoilent l’alchimie pour réaliser ces vins blancs « friands et gourmands » d’Entre-Deux-Mers et ces grands blancs complexes de Pessac-Léognan. Entre les châteaux La Motte du Barry, Carbonnieux et Larrivet Haut-Brion, voici leurs petits secrets de fabrication.
Bruno Lemoine, oenologue et directeur général du Château Larrivet Haut-Brion, arpente au quotidien ses 10 hectares de vignes de sauvignons et sémillons. Pour lui l’heure de la récolte n’a pas encore sonné car l’alchimie ne s’est pas encore faite tout-à-fait. Avec ces matinées fraîches, ces belles et chaudes après-midis, ce n’est que du plus pour obtenir le meilleur, bref du cousu main : « C’est fondamental, on goûte nos raisins pour essayer de percevoir la maturité la plus optimum ».
« On est sur des vignes assez âgées, à enracinement profond, qui ont bien supporté la sécheresse de cet été, mais au goût on trouve que nos raisins manquent un petit peu de maturité, les peaux sont encore un petit peu élastiques, ça manque de finesse aromatique et donc nous avons décidé d’attendre et de ne pas commencer tout de suite nos vendanges de blancs ».
Des raisins bien mûrs donnent toujours des raisins plus riches, plus gras, plus aromatiques, bref des grands vins! » , Bruno Lemoine directeur du château Larrivet Haut-Brion.
Durant l’été, les ouvriers viticoles ont effectué un gros travail à la vigne pour avoir la récolte la plus qualitative comme le souligne Eric Perrin, propriétaire du château :« On a essayé d’avoir pas plus de 8 à maximum 10 grappes par pied, de façon à ce qu’aujourd’hui on ait des raisins entre 12,5 à 13 ° de degrés potentiels et même si les chaleurs de l’été ont été importantes, on se retrouve avec de futurs vins avec pas mal d’acidité. »
Acidité, fraîcheur, arômes, tous ces éléments doivent être conservés entre la vigne et le chai. Si l’on récolte le matin, par des températures plutôt fraîches, pour préserver la vendange, on refroidit de la même manière, une fois pressé, le jus par un système d’échangeur tubulaire pour éviter l’oxydation enzymatique.
« A partir du pressurage, on est équipé maintenant de nouvelles technologies d’inertage avec l’azote, pour éviter le contact de l’oxygène avec tous les arômes du sauvignon qui sont sensibles à cette oxydation », précise Romain Racher, oenologue et maître de chai du château Carbonnieux.
Après une première étape de macération pelliculaire à froid, de pressurage, de collecte des jus, de clarification , d’ensemencement, la fermentation va se faire dans un premier temps en cuve inox avant de continuer en barrique d’ici 5 jours, un élevage en barriques sur lies avec bâtonnage, selon la méthode préconisée par Denis Dubourdieu.
En Bordeaux blancs, il n’y a pas que les Graves ou Pessac-Léognan, il y a aussi Blaye et l’Entre-Deux-Mers, et d’autres encore comme ces expériences heureuses avec ce chardonnay « Dubreuil » de Saint-Emilion… sans oublier ces Sauternes qui font du blanc comme le G de Guiraud ou Y d’Yquem !
On essaie de faire des vins de copains, des vins friands, gourmands, on essaie d’aller chercher surtout du fruit, du fruit exotique , des agrumes avec une belle acidité qui vous ouvrent les papilles », Joël Duffau château La Mothe du Barry.
Et son oenologue appelé « le Vinoelogue » renchérit : « ce qui plaît au public, c’est l’authenticité avant tout ; ce sont des vins qui ne sont pas des vins de cépages mais des vins d’assemblages, le tout est de trouver le bon équilibre entre les cépages et de garder une bonne fraîcheur pour que le vin reste plaisant à consommer en toute circonstance ». Et les circonstances ne manquent pas entre l’apéritif entre amis ou encore en début de repas sur des poissons, des crustacés ou une entrée…
L’alchimie se fait aussi lors de l’élevage avec, comme le montre Bruno Lemoine au château Larrivet Haut-Brion, des barriques de chêne neuf en 225 l, des barriques de chêne autrichien (grain plus fin) en 500 litres ou encore ces petites cuves pour obtenir plus ou moins de boisé ; il y a aussi dans cette panoplie de contenants des oeufs en béton pour jouer davantage sur la minéralité.
« En fait ça va nous donner la possibilité d’avoir un panel de goûts, d’arômes qui vont nous servir pour notre assemblage final, pour faire la recette du chef », explique Bruno Lemoine.
Sur ce vignoble à 10 ha, comme dans d’autres plus petits (Malartic par exemple), on fait du cousu main et on échange constamment entre l’oenologue Bruno Lemoine, le maître de chai François Godichon ou encore le nouveau consultant Stéphane Derenoncourt pour améliorer encore la qualité.
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Xavier Granger, Christian Arliguier
Ecoutez l’éclairage apporté par Frédéric Lot avec Sandrine Papin :
C’est parti pour les vendanges de sauvignons blancs ce matin dans plusieurs châteaux de Pessac-Léognan. Les sauvignons se goûtent merveilleusement bien mais les baies sont légèrement plus petites par endroits. Fort heureusement, les réserves en eau du sous-sol, grâce au printemps pluvieux, ont permis d’avoir une qualité gustative certaine. Les volumes pourraient être plus faibles qu’en 2015.
8h, au château Bouscaut, cru classé de Graves, les premiers vendangeurs arrivent par grappes et saluent Laurent Cogombles :« on va rempiler une fois de plus », plaisante l’un des vendangeurs.
Parmi la troupe de 25 coupeurs et porteurs, pas mal d’habitués et de gens du secteur comme Annie qui habite à 5mn à Cadaujac ou encore Auguste, le plus anciens des porteurs: « ça fait 20 ans, oui ça fait 20 ans que je fais ces vendanges ici, tous les ans, oui un fidèle on peut dire. »
Il y a aussi Martha qui fait partie de la jeune génération de coupeurs à Cadaujac : « pour moi, c’est ma deuxième année, ça se passe très bien, il faut juste faire attention aux grains pourris, il faut qu’on les enlève, sinon ça se passe très bien. »
Ces vendanges se déroulent par des matinées relativement fraîches et uniquement les matins par des températures oscillant entre 16 et 24° histoire de ne pas altérer la qualité des raisins, pas question de poursuivre l’après-midi quand les températures dépassent les 30°C comme le précise Fabien Teitgen, directeur technique du château Smith Haut Laffite, autre cru classé des Graves à Martillac : »pour nous les vendanges s’arrêtent à 11h et on va reprendre demain matin« .
Par endroits, on peut trouver quelques baies grillées ou dessèchées, mais c’est une infime partie, l’ensemble de la récolte n’a pas énormément souffert car les réserves en eau du sous-sol étaient suffisamment importantes du fait d’un printemps très pluvieux, toutefois il est temps de ramasser ces sauvignons blancs comme le précise Laurent Cogombles, président de l’AOC Pessac Léognan : « c’est un peu hétérogène, ça va être des vendanges assez techniques mais assez simples dans le sens où il n’a pas vraiment de pourriture, ça s’annonce très propre, il va falloir suivre chaque parcelle de façon précise car la maturité a été affectée par ce stress hydrique, de façon ponctuelle. »
Et Laurent Cogombles d’ajouter: « mais les raisins se goûtent bien, car la vigne a pu malgré tout avancer ce travail de maturité, on arrive à des arômes qui sont intéressants et c’est pour cela que l’on commence maintenant car on ne voudrait pas que ces arômes soient grillés par les fortes chaleurs, l’acidité a beaucoup baissé ces deux dernières semaines, les degrés sont là, la qualité arômatique est intéressante, c’est une belle promesse, à vérifier maintenant dans les chais. »
Au château Smith Haut Laffite, ce sont une bonne trentaine de vendangeurs qui se sont attaqués aux 50 ares de sauvignons blancs derrière les Sources de Caudalie. Ici, au total, 12 ha de blancs vont être vendangés en 3 semaines, entre les cépages plus tardifs comme les sauvignons gris et les sémillons, et les maturités différentes selons les sols.
« Ca s’annonce avec de belles maturité et des acidités qui se maintiennent assez bien, c’est un peu la surprise, on pensait qu’elles allaient baisser avec la chaleur mais elles se maintiennent assez bien« , explique Fabien Teitgen le directeur technique du château SHL. « Les réserves en eau dans les sols permettent à la vigne de fonctionner et préservent cette acidité. Les terroirs qui souffrent le moins ce sont ceux de graves mais avec des sous-sols plus argileux comme ici. »
Fabien Teitgen est alors rejoint par Daniel Cathiard le propriétaire, ceux -ci échangent alors leurs points de vue : « plus d’acidité par contre petites baies, petites grappes » explique Fabien, « oui on va faire de bonne choses mais on n’en fera pas beaucoup » renchérit Daniel Cathiard« mais ça nous va quand même, je préfère ça que l’inverse. »
Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :
Les hostilités entrent dans le dur lundi. Même si déjà les crémants de Bordeaux ont commencé à vendanger quelques parcelles cette semaine du côté de Génissac, un autre grand château de Bordeaux, le 1er cru classé Haut-Brion, a aussi donné ses premiers coups de sécateurs. Mais lundi, mardi, mercredi marqueront le coup d’envoi général des vendanges sur les terroirs les plus précoces de Pessac-Léognan.
Le mythique château Haut-Brion, 1er cru classé en 1855, a démarré jeudi à 7h :« il est tôt mais le temps est déjà splendide pour accueillir les vendangeurs au Château Haut-Brion. Les vendanges du millésime 2016 ont débuté ce matin, avec un cépage de blanc, le Sauvignon Blanc. Les raisins sont gorgés de soleil après cet été exceptionnel, qui se prolonge en ce mois de septembre. Dans les rangs où l’on coupe délicatement les grappes, l’humeur est au beau fixe : toutes les conditions sont réunies pour envisager ce millésime qui est en train de naître avec optimisme ».
Château Bouscaut annonce ses vendanges pour lundi, ainsi que Smith Haut Laffite. Mardi, ce sera au tour de Carbonnieux, ainsi que du château de Latour-Martillac, mercredi le tempo sera donné par Larrivet-Haut-Brion.
« Globalement il y a beaucoup de vignobles où c’est super joli, mais on attend de voir le rendement jus qui risque d’être faible par endroit.Peut-être moins de jus mais une belle concentration, ce qui va faire la différence c’est le type de terrain : sur un terrain argileux, ça résiste un peu mieux, on a de belles graves avec de l’argile un peu rouge notamment sur les plateaux de Pessac-Léognan où ça sera bien, pour les graves fines ce sera un peu plus compliqué », confie ce soir Laurent Cogombles le président de l’AOC Pessac-Léognan.
« Après le 2015, le 2016 s’annonce tout aussi prometteur », commente également Tristan Kressmann du château Latour-Martillac.Le printemps particulièrement arrosé (820 mm de pluie) a permis de reconstituer largement les nappes phréatiques. Malgré les conditions fraîches et humides de juin, la floraison s’est déroulée convenablement. Hormis un peu de coulure sur certains merlots, les sauvignons, sémillons, petits verdots, et cabernets sauvignons présentent des grappes pleines et homogènes. Les attaques de mildiou…ont été importantes mais fort heureusement ralenties par des conditions climatiques favorables : chaleur et faible pluviométrie dès le début de l’été ».
Et d’ajouter : « la période estivale s’est déroulée sous un temps stable et la contrainte hydrique observée à la fin de la nouaison a limité le grossissement des baies. Les quelques vagues de chaleur rencontrées au fil de l’été n’ont pas impacté la qualité de nos raisins ; nos vignes labourées ont puisé leurs ressources dans des nappes largement reconstituées. Les nuits fraîches du mois d’août ont même été très bénéfiques pour le caractère aromatique et la fraîcheur du millésime. (…) Toutefois on observe quelques échaudages sur sauvignon et cabernet sauvignon, survenus après les fortes chaleurs du week-end du 15 août avec 38,5°C; nos jeunes vignes dont le système racinaire est moins profond ont souffert de cette semaine de canicule ».
Mais au final « cet été exceptionnel par sa sécheresse nous laisse espérer un très joli millésime. »
Tous les vignobles français sont dans les starting-blocks pour les vendanges de septembre, mais les espoirs sont contrastés selon les régions. Voici un tour d’horizon des récoltes prévisibles de quelques régions viticoles de l’hexagone.
Retour à un calendrier classique avec les zones les plus précoces de la partie méridionale de la vallée du Rhône qui vont commencer à récolter le raisin autour du 10 septembre tandis que les secteurs septentrionaux les plus tardifs débuteront les vendanges fin septembre.
« On retrouve le différentiel habituel d’une quinzaines de jours (entre les deux zones), l’année est classique à plus d’un titre », souligne Françoise Dijon, responsable de l’Observatoire de la qualité et du vignoble pour Inter-Rhône, l’interprofession des vins de la vallée du Rhône. « Cet été on a été à l’abri, il n’y a pas eu d’accidents phytosanitaires ni climatiques », hormis un épisode de grêle sur les vignes de Tain-l’Hermitage (Drôme) en juin, ajoute-t-elle.
Les conditions climatiques sèches et chaudes pour la basse vallée du Rhône, mais sans pics de chaleur, ont été bénéfiques au vignoble qui présente « de beaux feuillages, des sorties de raisin régulières » avec néanmoins « quelques coulures sur le grenache en altitude dans les dentelles de Montmirail » (Vaucluse). Côté volume, les premiers prélèvements de maturité effectués laissent apparaître « des poids de baies très inférieurs par rapport à l’année dernière », mais les raisins sont encore en phase de maturité. Cependant, « si le phénomène de sécheresse se poursuit, ça peut impacter le volume à la baisse », souligne Françoise Dijon. Dans les vignobles septentrionaux, arrosés par des pluies régulières, « la charge est classique et confortable, sans excès, il n’y aura pas de petites récoltes. C’est plutôt bien », se réjouit l’oenologue.
CHAMPAGNE
L’Aisne se prépare avec anxiété. Au même titre que la Marne et l’Aube, 39 communes de l’Aisne se trouvent dans l’aire géographique de l’appellation Champagne et se tiennent donc prêtes pour les vendanges qui devraient démarrer aux alentours du 20 septembre. Environ 8.000 vendangeurs sont attendus pour travailler dans les 3.270 ha de vignes axonaises, selon les chiffres du Syndicat général des vignerons de la Champagne. La récolte s’annonce médiocre, l’Aisne n’ayant pas échappé aux aléas météorologiques de cette année. « Certains vignerons ont eu du gel au printemps puis de la grêle autour du 14 juillet, sans compter les gros écarts de température cet été », indique Isaline Sanches-Rego, exploitante viticole à Essômes-sur-Marne.
Après la prolifération du mildiou, les parcelles pourraient être touchées par la pourriture. « Nous sommes dans l’incertitude et tout va se jouer au dernier moment », admet-elle. Comme tous les vignerons champenois, les exploitants axonais pourront toutefois compenser leur mauvaise récolte en puisant dans leur réserve constituée de vin issu des récoltes précédentes.
BORDEAUX
Tous les signaux sont au vert.« « La floraison s’est très bien déroulée avec un bon potentiel à la sortie, la véraison s’est passée dans de très bonnes conditions et les maladies ont été contenues par les fortes températures, il y a aujourd’hui un joli état sanitaire au niveau du feuillage ».
Il y a de quoi être très optimiste car les conditions météorologiques ont été exceptionnelles », Paul Godard de Beaufort, oenologue-conseil à la Chambre d’agriculture de la Gironde.
On dit que le mois d’août fait la qualité du moût et il a été très sec avec des nuits assez fraîches, donc parfait ». Les vendanges devraient débuter début septembre pour les crémants, du 10 au 20 septembre pour les blancs et pas avant début octobre pour les rouges, soit un peu tardivement, mais tout dépendra de la climatologie de l’automne. « Un peu d’eau, quelques jours début septembre, ferait le plus grand bien avant les vendanges », espère-t-il.
ALSACE
Retour à la normale en vue. « Nous attendons une belle récolte, de l’ordre de 1.180.000 hectolitres, qui constituera un retour à la normale après trois années de petites récoltes déficitaires », estime le directeur du Comité interprofessionnel des vins d’Alsace (CIVA), Jean-Louis Vézien.
« Alors que nous avons eu ces dernières années des vendanges précoces, celles-ci devraient commencer à une date plus proche des moyennes historiques, traditionnellement début septembre pour les crémants, et à partir de la mi-septembre pour les vins tranquilles, du fait d’un printemps froid et pluvieux qui a retardé la floraison. L’Alsace a été épargnée cette année par les catastrophes climatiques: ni gel, ni grêle dans le vignoble. Et le mildiou a été maîtrisé, malgré quelques dégâts ici ou là ».
JURA
Des dégâts mais du volume. « Le vignoble du Jura a échappé aux gelées printanières et il a été épargné par la grêle, mais 20 à 25 % des grappes ont disparu à cause du mildiou et l’esca, une maladie qui conduit à la mortalité des pieds de vigne, a également fait des dégâts avec un taux de mortalité des ceps de 5%. Deux cépages, le savagnin, avec lequel on fait le vin jaune, et le trousseau ont été particulièrement touchés », détaille Jean-Charles Tissot, président du Comité interprofessionnel des vins du Jura. Mais malgré ces maladies, il espère une récolte « globalement supérieure à celle de l’année dernière » (70.000 hectolitres en 2015). Les vendanges jurassiennes débuteront entre le 20 et le 25 septembre.
Bordeaux Wine Trip vous propose une « journée terroir et vendanges ». L’occasion insolite de participer aux vendanges sur une demi-journée, de visiter et déguster des vins à Planète Bordeaux et de participer à un déjeûner champêtre au château la Lande de Taleyran.
Venez découvrir les charmes des appellations Bordeaux et Bordeaux supérieurs à l’occasion de cette journée vendanges !
Le temps d’une journée, venez savourer un instant gourmand entre repas au château et atelier vendanges, des activités qui enchanteront les vignerons amateurs et oenophiles !
09h00 : Rendez-vous avec votre guide devant l’Office de Tourisme de Bordeaux
09h15 : Départ de l’Office de Tourisme en direction de Planète Bordeaux, un lieu unique qui invite le visiteur, néophyte ou amateur à un voyage multisensoriel dans l’univers des AOC Bordeaux et Bordeaux Supérieur
09h45 – 11h00 : Visite de l’espace interactif et dégustation de 3 vins des appellations Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Au travers de techniques audiovisuelles et scénographiques spectaculaires, tous les secrets qui entourent la naissance et la vie du vin sont révélés (le terroir, les cépages, les paysages, le cycle de la vigne et du vin…).
11h00 – 12h15 : Un atelier culinaire vous sera proposé en compagnie du chef Olivier Straehli. Vous serez alors guidés dans la confection de 2 bouchées apéritives ; à la fin de cette matinée, vous pourrez déguster les mets réalisés par chacun d’entre vous qui seront accordés avec les vins les plus appropriés de notre cave.
13h00 – 14h30 : Arrivée au Château La Lande de Taleyran où un repas champêtre vous sera offert en présence du proprietaire Mr Arnaud BURLIGA. Un déjeuner composé de savoureuses spécialités locales vous sera servi accompagné des vins du château : charcuterie – grillades – pommes de terre au four et crème aux herbes -tarte vergeoise aux pommes ou clafoutis – café.
14h30 – 17h30 : La journée se poursuit par un atelier vendanges au château La Lande de Taleyran où vous pourrez appréhender de plus près le métier de vigneron, à l’époque où la récolte bat son plein dans le vignoble : participation à la cueillette du raisin, dégustation de différentes baies de raisin dans les vignes, visite des chais, explications sur les différentes techniques de vinification, dégustation des moûts de raisins. Pour finir la journée, vous aurez à nouveau l’opportunité de déguster les vins de la propriété et la possibilité d’acheter les vins proposés.
18h00 : Retour à Bordeaux
Information Circuit
Rendez-vous à 9h00, à l’Office de Tourisme de Bordeaux 12 cours du XXX Juillet Le Mercredi 28 septembre 2016, de 9h15 à 18h00.
Un minimum de 15 personnes est nécessaire pour confirmer la réalisation du tour. Merci de contacter visites@bordeaux-tourisme.com la veille pour savoir si le tour est confirmé.