16 Oct

Robert G. Wilmers, le propriétaire d’Haut-Bailly, devient Officier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur

Fin septembre, Bob Wilmers s’est vu décerner la prestigieuse distinction des mains d’Alain Juppé. Robert Wilmers est un banquier américain de l’Etat de New York et depuis 20 ans l’heureux propriétaire du château Haut-Bailly. C’est aussi un mécène extraordinaire de la culture à Bordeaux à travers des aides apportées aux musées, à l’opéra et à la Cité du Vin.

Robert Wilmers décoré du grade d'Officier dans l'Ordre National de la Légion d'Honneur © château Haut-Bailly

Robert Wilmers décoré du grade d’Officier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur © château Haut-Bailly

Robert G. Wilmers est un francophile convaincu. Il n’a jamais cessé de faire rayonner la culture française et de favoriser la coopération franco-américaine au sein du French Institute Alliance Française de New York, qu’il préside. Passionné de vin, il est tombé pour elle…la ville de Bordeaux, la capitale mondiale du vin, jetant notamment son dévolu sur le château Haut-Bailly, l’un des plus grands châteaux de Pessac-Léognan, il y a vingt ans.

Depuis Robert G. Wilmers et son épouse n’ont cessé de soutenir et d’accompagner la vie culturelle de cette ville, de son Opéra, et le projet de création de la Cité du Vin. Depuis 2015, les musées de Bordeaux bénéficient en prime d’un soutien généreux de sa part, leur permettant de réaliser des expositions de qualité.

Alain Juppé remettant les insignes d'officier le 21 septembre au © château Haut-Bailly

Alain Juppé remettant les insignes d’officier le 21 septembre au © château Haut-Bailly

Pour ces actions, mais aussi pour une carrière exemplaire, Robert G. Wilmers s’est vu décerner le grade d’Officier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur par Alain Juppé au château Haut-Bailly fin septembre. Ce grand Monsieur est avant-tout un banquier américain, qui dirige depuis 1983 l’une des plus importantes sociétés de portefeuille du secteur commercial et bancaire aux Etats-Unis: M&T Bank Corporation.

Gérée de manière avisée et intelligente, M&T Bank s’est distinguée durant la récente crise financière en étant l’une des deux seules banques de l’index S&P 500( Standard&Poor’s 500) n’ayant pas réduit ses dividendes. En 2011, Robert Wilmers a eu l’honneur d’être nommé « Banker of the Year » par le journal American Banker. Pour lui « la prospérité de la banque dépend du bien être des communautés qu’elle sert ».

Robert G. Wilmers a également soutenu depuis plus de 8 ans le Partner University Fund ( PUF). Ce programme a permis à plus de 97 universités et institutions de recherche françaises et américaines de collaborer dans le cadre de 87 partenariats ayant trait aux sciences et aux humanités. En soutenant la mobilité transatlantique de plus de 100 étudiants chaque année et le développement d’enseignements conjoints, le PUF a également contribué à former les futures générations de chercheurs.

12 Oct

Le CIVB et la filière vin de Bordeaux adoptent des mesures environnementales et le principe d’évitement des pesticides classés CMR

L’engagement s’intensifie ! Les avancées se font jour. 7 ODG, organismes de défense et de gestion ont inséré des mesures environnementales dans leur cahier des charges. Par ailleurs, le CIVB vient d’adopter le principe d’évitement des pesticides classés CMR.

Allan Sichel, tenait cet après-midi un point presse au CIVB © jps

Allan Sichel, tenait cet après-midi un point presse au CIVB © jps

UNE PREMIERE EN FRANCE

7 ODG, organismes de défense et de gestion, couvrant 80 % du vignoble ont adopté une modification de leur cahier des charges pour y insérer des mesures agroenvironnementales :

  • INTERDICTION DE L’USAGE DES HERBICIDES SUR LA TOTALITE DE LA SURFACE AU SOL, autrement dit la diminution devra se voir ou les herbicides être abandonnés
  • OBLIGATION DE CONNAITRE ET DE MESURER L’INDICE DE FREQUENCE DE TRAITEMENT pour les viticulteurs. Une nette avancée pour allr vers la diminution.
  • POSSIBILITE D’INTRODUIRE DES CEPAGES RESISTANTS (au max 5% de la surface) pour avoir moins recours aux traitements, comme chez les ignobles Ducourt
  • OBLIGATION DE S’ENGAGER DANS UNE DEMARCHE DE CERTIFICATION ENVIRONNEMENTALE

LE PRINCIPE D’EVITEMENT DES PESTICIDES CLASSES CMR

C’est dit et c’est officilel. Tous les viticulteurs sont invités à éviter l’utilisation dans le vigne 70 produits répertoriés dans une liste contenants des agents cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques. Une liste de produits alternatifs est mise en ligne sur le site professionnel du CIVB; toutefois cela ne veut pas dire que le CIVB interdit leur usage dans la mesure où chaque viticulteur est libre de faire le choix et de conduire son vignoble, mais le CIVB les invite désormais fortement, un dossier suivi notamment par Bernard Farges mais aussi le président Allan Sichel.

Le CIVB a mis par ailleurs un atlas des zones sensibles envoyé à plus de 900 viticulteurs concernés par l’arrêté préfectoral du 22 avril 2016, visant les lieux accueillant des personnes vulnérables aux risques phytopharmaceutiques, notamment les écoles : l’objectif désormais est de ne pas traiter durant la semaine (ce qui va plus loin que l’arrêté).

PULVERISATEURS DU FUTUR

26 candidatures ont été reçues dans le cadre de l’Appel à Manifesttaion d’Intérêt Innovation, et 13 projets soutenus par la Région. Il s’agit d’améliorer les pulvérisation ou les produits de bio-contrôle.

DEVELOPPEMENT DU SME

Aujourd’hui 83 crus classés, dont une douzaine viennent de démarrer, sont engagés dans le Système de Management Environnemental, soit 45% des 185 crus classés : tout rentre en ligne de compte : eau, énergie, phytos, salariés et riverains. 700 entreprises sont engagées dans cette démarche SME à ce jour.

VIGNOBLE ENGAGE

Par ailleurs le CIVB a mis en place un site d’infos à destination du grand public : www.bordeauxvignobleengage.com

Ecoutez l’interview d’Allan Sichel réalisée par Jean-Pierre Stahl et Pascal Lécuyer :

11 Oct

Un festival de Portes Ouvertes dans les Graves et Sauternes, cet automne

« Prenons la route fleurie… celles des Vins de Bordeaux en Graves et Sauternes. Elle est en fête d’octobre à décembre avec 3 week-ends Portes Ouvertes. Des dégustations, visites dans une centaine de châteaux et quelques dîners , activités insolites, balades dans les Graves, Sauternes et Barsac et Pessac-Léognan.

© La Route des vins de Bordeaux

© La Route des vins de Bordeaux

CONVIVIALITE DANS LES GRAVES LES 21 ET 22 OCTOBRE

Les Graves lancent les festivités et proposent une plongée conviviale dans l’univers de leurs grands vins rouges, blancs secs et moelleux. Au lendemain des vendanges, les vignerons de cette appellation invitent les visiteurs dans leurs propriétés familiales pour partager un quotidien fait de passion et de savoir-faire.

Au programme : initiations à la dégustation avec l’école du vin du CIVB, accords mets et vins, animations musicales et artistiques, jeux concours, activités pour les enfants, repas vignerons et même un baptême d’ULM…!

SOUS LE CHARME DES SAUTERNES ET BARSAC LES 11 ET 12 NOVEMBRE

Fort de ses beaux paysages vallonnés et de ses somptueux Châteaux, le Sauternais ne laisse personne indifférent ! Lors des portes ouvertes, on laisse la magie opérer et l’on découvre les secrets de ces vins liquoreux d’exception.

Les vignerons d’une cinquantaine de propriétés dont une dizaine de Châteaux Crus Classés invitent à redécouvrir le Sauternes et le Barsac au travers d’escales gourmandes et culturelles, d’expositions, de concerts, d’animations ludiques et pédagogiques…

ENFIN LES PORTES OUVERTES EN PESSAC-LEOGNAN POUR LES 30 ANS DE L APPELLATION LES 2 ET 3 DECEMBRE 

Créée en 1987 sous l’impulsion d’André Lurton, l’appellation Pessac-Léognan est la plus jeune AOC de Bordeaux. Dynamique, elle puise ses lettres de noblesse sur ce terroir de Graves aux portes de Bordeaux.

Cette année, les propriétaires d’une quarantaine de Châteaux présenteront leurs vins rouges et blancs secs au travers de visites, dégustations, et dîners d’exception… pour une plongée à 360° dans leur univers prestigieux. L’occasion de découvrir d’illustres Crus Classés parmi les plus grands noms du bordelais comme les Châteaux Carbonnieux ou Olivier…

Pour plus d’infos : www.bordeaux-graves-sauternes.com

Avec la Route des Vins de Bordeaux

10 Oct

La Jurade de Saint-Emilion organise une soirée caritative au profit de Rose Association

La Jurade de Saint-Emilion, confrérie viticole huit fois centenaire fondée sur des valeurs de solidarité, ne pouvait rester indifférente face à cette cause. Elle a décidé de soutenir Rose Association qui édite notamment le Rose magazine et offre un lieu d’accueil et un accompagnement aux patients atteints de cancer.

© vin de Saint-Emilion

© vin de Saint-Emilion

Créée depuis 2000, Rose Association est une association dont le but est de soutenir, informer et défendre les femmes et les hommes touchés par le cancer. Devenu, en six ans d’existence, un acteur du changement au service des malades, Rose a su mobiliser une importante communauté ; elle édite également un magazine semestriel « Rose Magazine », qui apporte informations et conseils à ses lecteurs, et offre désormais un lieu d’accueil et un accompagnement aux patients dans « La Maison Rose » à Bordeaux.

Pour cette soirée caritative,  il y aura de la magie, des performances artistiques, des vins d’exception et un dîner étoilé… Une soirée organisée par la Jurade de Saint-Emilion au profit de l’Association Rose, samedi 21 octobre prochain, à Saint-Emilion.

Une soirée présidée par le comédien José Garcia, qui fut intronisé par la Jurade de Saint-Emilion, et au cours de laquelle sera organisée vente aux enchères caritative de avec des vins de Château Pétrus, Château Angélus, Château Lafite Rothschild, Château Cheval Blanc….

Cette vente sera orchestrée par la maison de vente Artcurial, qui proposera une vingtaine de lots exceptionnels tandis qu’une tombola organisée par l’Association Rose permettra de se procurer des pièces diverses parmi lesquelles des œuvres d’art, des produits de beauté, des bijoux, des vins… – Un dîner imaginé par Alain Passard, chef du restaurant l’Arpège*** à Paris, et élaboré par les équipes de Jean-Guy Humblot, sera accompagné de Grands Crus Classés et Premiers Grands Crus Classés de Saint-Emilion –

Si cet événement a lieu à Saint-Emilion cette année, c’est avec l’espoir que d’autres organisations puissent être inspirées par la cause défendue par l’Association Rose et la soutiennent dans sa démarche.

07 Oct

La vigne, une affaire de famille : portrait croisé des soeurs Courselle et des frères Todeschini

C’est quasi-génétique. Elles ont, ils ont la vigne tatouée au coeur. Les soeurs Courselle et les frères Todeschini sont aujourd’hui les nouvelles générations douées du bordelais. Des vigneronnes et vignerons avant tout passionné(e)s  qui produisent de très grands vins.

Sylvie et Marie Courselle, co-gérantes du château Thieuley © Jean-Pierre Stahl

Sylvie et Marie Courselle, co-gérantes du château Thieuley © Jean-Pierre Stahl

D’un côté les soeurs Courselle, Marie et Sylvie, 41 et 39 ans, de l’autre les frères Todeschini, Karl et Yann, 35 et 33 ans.

Yann et Karl Todeschini, depuis tout petit dans la vigne, aujourd'hui de grands producteurs © Jean-Pierre Stahl

Yann et Karl Todeschini, depuis tout petit dans la vigne, aujourd’hui de grands producteurs © Jean-Pierre Stahl

Les premières sont à la tête du château Thieuley dans l’Entre-Deux-Mers, les seconds de Mangot en Saint-Emilion Grand Cru. Pour elles, pour eux, la vigne, c’est dans leurs gènes, c’est avant tout une affaire de famille.

Sylvie et Marie Courselle au petit matin pour démarrer les vendanges au château Thieuley © Jean-Pierre Stahl

Sylvie et Marie Courselle au petit matin du 15 septembre, pour démarrer les vendanges au château Thieuley © Jean-Pierre Stahl

Ces filles et ces garçons sont effet la 3e génération de vignerons. Tous ont poursuivi des études spécifiques poussées en BTS viticulture oenologie, Bts agricole ou encore à l’Ecole Supérieure d’Agriculture de Purpan-Toulouse, bref sont devenus oenologues et/ou ingénieurs en agriculture.

Rentrée de vendange de merlots au château Thieuley © JPS

Rentrée de vendange de merlots au château Thieuley © JPS

Vendredi 15 septembre, au petit matin à La Sauve, en Gironde… « Pas trop fatiguée ? T’as réussi à dormir un peu ? », interroge Sylvie la cadette, qui sait que sa soeur a quitté le chai très tard la veille.  « Oui, oui ça va…il fait beau, et c’est super joli ce que l’on rentre, je suis contente » « Je viens de regarder la météo, jusqu’à 11 heures cela tient. », confirme Sylvie.

Marie, la technicienne, au cuvier © JPS

Marie, la technicienne, au cuvier © JPS

Et Marie Courselle de regarder la vendange encore dans la benne rentrée la veille : « Il y avait urgence, avec le week-end qui s’annonce très très pluvieux, on voit que le botrytis commence à arriver et avec ce temps annoncé, ce n’est pas possible d’attendre. » Au chai, l’analyse des sucres la conforte : « potentiel 12,9 c’est pas mal quand même, cela fait une semaine qu’il pleut, donc on a dilué, on était plus élevé il y a une semaine. Il fallait qu’on ait une certaine maturité des pellicules et des pépins. Il n’y a pas que le sucre et l’acidité », explique Marie Courselle.

BB

Jean-Marie, le chef de culture, avec la machine à vendanger © JPS

Dans cette parcelle derrière le château Tieuley, Jean-Marie, le chef de culture, est entré en action avec l’une des deux machines à vendanger du domaine, sous les yeux écarquillés de Paul, 3 ans, le seul garçon de la famille et fils de de Marie.

Paul, le fils de Marie Courselle, les yeux écarquillés en regardant la machine à vendanger, ou comment naît la passion...© JPS

Paul, le fils de Marie Courselle, les yeux écarquillés en regardant la machine à vendanger, ou comment naît la passion…© JPS

« Outre l’intérêt économique de la machine à vendanger…

On peut vendanger la nuit ce qui est très intéressant pour avoir une vendange fraîche, donc pour nous qui produisons beaucoup de blancs, de rosés et clairets, (la machine à vendanger) c’est aussi un atout technique… » , Sylvie Courselle du château Thieuley.

Le château Mangot en Saint-Emilion Grand Cru à Saint-Etienne de Lisse © JPS

Le château Mangot en Saint-Emilion Grand Cru à Saint-Etienne de Lisse © JPS

Et dans la famille Todeschini, je voudrais le fils Karl… C’est lui l’aîné, mais il y a aussi le petit frère, Yann, des mordus de la vigne et aussi des techniciens très pointus. Il faut dire que tous deux sont tombés dedans déjà enfants: 

Les frères Todeschini et leur cousines au © château Mangot

Les frères Todeschini et leur cousines au © château Mangot

Tout petit, on était dans nos parcelles avec nos grand-parents et nos parents, on sortait de l’école, vite on retrouvait la machine à vendanger ou les vendangeurs dans les vignes, l’esprit du chai… », Karl Todeschini château Mangot.

« On a toujours été impliqué 7 jous sur 7 avec mes parents et on a toujours habité sur place et vécu le quotidien, donc ça se transmet… » ajoute Yann.

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Karl et Yann goûtent le raisin en train d’être vendangé sur un plateau épargné par le gel à 90 m en hauteur : « On a les deux visages ici à Saint-Etienne de Lisse à Mangot aucun problème (sur le plateau, car 40% de pertes) en revanche, au château la Brande on a tout perdu », explique Karl. « En Castillon, on a perdu 90% sur 30 hectares de vignes, il va falloir faire attention aux investissements dans les prochaines années. »

Jean Petit, le grand-père( aujourd'hui décédé), avec Yann, Jean-Guy (le père) et Karl Todeschini

Jean Petit, le grand-père( aujourd’hui décédé), avec Yann, Jean-Guy (le père) et Karl Todeschini

L’histoire a démarré en 1952 avec le grand-père maternel : « mes grand-parents sont vraiment partis de rien, ils ont constitué les 7 hectares ici  à Saint-Etienne-de-Lisse, en viager, petit à petit ils apportaient à la coopérative, et ont  commencé à faire du vin dans les années 75 au château. Ce sont vraiment mes parents qui ont apporté la qualité en restructurant le vignoble entre les années 90 et 2000″, explique Yann Todeschini. 

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Aujourd’hui, la famille Todeschini possède 34 hectares de vignes à Mangot en Saint-Emilion Grand Cru et 22 en Castillon au château la Brande. « On a des vignes, les plus jeunes ont 8 ans les plus vieilles 78 ans, tous les ans c’est de plus en plus qualitatif. Les parcelles qui sont sur les terrasses et que l’on est en train de vendanger remontent à 1997, ce sont des vignes qui ont 20 ans et qui rentrent maintenant depuis 4-5 ans dans le 1er vin. Elles sont aujourd’hui sélectionnées et bichonnées pour en faire vraiment le meilleur ».

Yann, Karl et Jean-Guy devant la machine de tri densimétrique © JPS

Yann, Karl et Jean-Guy devant la machine de tri densimétrique © JPS

Et au fil des générations, de père en fils, de nouvelles innovations se font jour comme cette machine de tri densimétrique testée pour la 1ère fois par les fils Todeschini : « tout ce qui ne nous intéresse pas, ce qui représente environ 3 à 4%, on le retire grâce à cette machine qui est un bain par flottation, tout ce qui est plus dense coule et est porté par ce tapis jusque sur la table de tri, et tout ce qui flotte est récupéré et éjecté de la machine », m’explique Karl.

Des baies heureuses qui virvoltent et vont être absorbées par la machine par tri densimétrique...au château Mangot © JPS

Des baies heureuses qui virvoltent et vont être absorbées par la machine par tri densimétrique…au château Mangot © JPS

Tout avance, donc il faut s’adapter en permanence, les tris changent complètement », commente son père Jean-Guy Todeschini « donc tous les ans, il faut continuer, continuer et avancer ».

Francis Courselle avec l'une de ses deux filles Sylvie ©JPS

Francis Courselle avec l’une de ses deux filles Sylvie, devant le château Thieuley © JPS

« C’est ta combientième de cuvée, papa ? » interroge à son tour, Sylvie en compagnie de son père Francis Courselle. « Quasiment 50 j’ai commencé en 1968… » Francis Courselle a repris en 1972 à la suite de son père qui acheta le domaine en 1950 et y créa un domaine viticole.

La famille de Francis Courselle au © château Thieuley à La Sauve

La famille de Francis Courselle au © château Thieuley à La Sauve

En 30 ans, il le fit allègrement prospérer puisque de 4 hectares, les vignobles Courselle sont passés à 80 hectares :

Les familles qui se renouvellent de père en fils ou de père en filles, depuis près d’un siècle, il n’y en a plus beaucoup à Bordeaux et il y en aura de moins en moins », Francis Courselle

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Francis Courselle fait partie de ces pionniers qui ont développé et amélioré la qualité des vins blancs secs dans l’Entre-Deux-Mers, comme André Lurton, selon la méthode de Denis Dubourdieu. Aujourd’hui les filles sont dans la lignée de ces vinifications mais elles se permettent aussi des fantaisies avec des cépages essayés à Bordeaux comme le chardonnay ou la syrah.  Pour Olivier Ricaud, « ce sont des passionnées, gourmandes, elles essaient de vinifier ce qu’elles aiment trouver sur les tables. Et ce sont des vins à leur image. »

Sylvie Courselle faisait découvrir les cuvées des deux soeurs en blanc et leur chardonnay en plusieurs millésimes…© JPS

Sylvie Courselle faisait découvrir les cuvées des deux soeurs en blanc et leur chardonnay en plusieurs millésimes…© JPS

« Il y a deux cépages avec Marie qui nous avaient quand même bluffés et amusés, la syrah et le chardonnay…et dès 2006, on en a planté un peu sur de jolis terroirs. On les revendique en vins de France, ils s’appellent « le bien élevé », explique Sylvie Courselle. Bien sûr, l’idée c’est de faire découvrir nos terroirs sur d’autres variétés ». 

Yann, Simone la grand-mère, Anne-Marie la maman, Jean-Guy, la secrétaire depuis 35 ans et Karl Todeschini © JPS

Yann, Simone la grand-mère, Anne-Marie la maman, Jean-Guy, la secrétaire depuis 35 ans et Karl Todeschini © JPS

Et ce mois de septembre, mois des vendanges, est pour la maman de Karl et Yann Todeschini, un mois tout-à-fait particulier et même une date prédestinée : « 

Je suis née ici, en 1959, pendant les vendanges, et pendant cette période de vendanges, comme toujours, le personnel est convié à notre table », Anne-Marie Todeschini du château Mangot.

IMG_0225A table également Simone, la grand-mère de Karl et Yann, mais aussi Louis 18 mois, le fils de Karl, déjà prêt à prendre la relève. En attendant cette nouvelle transmission, les frères Todeschini et les soeurs Courselle continuent de vinifier et d’exprimer leur talent… car pour eux, la vigne est avant tout une affaire de famille.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Rémi Grillot et Christian Arliguié : 

05 Oct

Benjamin Romeo, vigneron espagnol méconnu, et pourtant il obtient des notes de 100/100 attribuées par Robert Parker

Il est plutôt méconnu mais plus pour très longtemps. Benjamin Romeo, vigneron espagnol, s’est vu attribuer des notes de 100/100 par le célèbre critique américain Robert Parker pour deux de ses millésimes. 

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Benjamin Romeo sur sa page © Facebook Bodega Contador

Benjamin Romeo est mis à l’honneur par la revue de référence française Vigneron, dans sa dernière édition trimestrielle.

A 53 ans, ce viticulteur de la Rioja, dans le nord de l’Espagne, fait pour Vigneron figure « d’avant-gardiste », vinifiant en bio, mais sans certification, car :

Il faut être libre pour penser avec la vigne, prendre soin d’elle et l’amener là où tu veux aller », Benjamin Romeo.

Il tient à rappeler qu’il a « tout appris de son père, Andrés ».

Son domaine, la Bodega Contador, s’étend en Rioja Alta, à San Vicente de la Sonsierra. sur 50 hectares et 70 parcelles, de 400 à 650 m sur les hauteurs de la chaîne montagneuse Sierra de Cantabria, le vigneron, face au réchauffement climatique, cherche à donner toujours plus de fraîcheur à son vin.

Ses bouteilles les plus précieuses, notamment la cuvée Contador, sont conservées dans des grottes anciennes creusées sous l’église gothique du XVIe siècle perchée au sommet de la bourgade.

Avec AFP.

03 Oct

Gel: campagne de solidarité pour les vignerons « sans raisin »

Après le gel mais aussi la sécheresse qui ont frappé le vignoble français et conduit à une récolte historiquement basse en 2017, la campagne « vendanges solidaires » vient d’être relancée pour la deuxième année consécutive afin d’aider des vignerons « sans raisins ». En voici une belle initiative.

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

Ouverte aux restaurateurs, cavistes ou bars à vins, mais aussi à tous les particuliers désireux d’aider les viticulteurs en détresse, la campagne ouverte jusqu’au 16
octobre, « espère réunir quelque 150.000 euros« , a indiqué à l’AFP son promoteur Julien Fouin, président de l’association.

La règle du jeu pour les professionnels: pour chaque bouteille de vin vendue, 2 euros seront reversés à l’association, qui avait réuni 52.319 euros l’an passé pour sa première édition et aidé 39 jeunes viticulteurs mis en difficulté par les aléas climatiques.

Depuis le 25 septembre, lancement de l’opération, une centaine de professionnels, grossistes en boisson, cavistes ou bars à vin, ont contacté l’association à l’adresse vendangessolidaires@gmail.com pour y participer, a indiqué M. Fouin, un ancien journaliste qui dirige sept restaurants et bars à vin à Paris.

En retour, ils reçoivent une affiche présentant l’opération et s’engagent à verser une somme en fin de campagne à l’association.

Nous, restaurateurs devons nous montrer solidaires des agriculteurs et des viticulteurs, car le vin représente souvent un tiers de notre chiffre d’affaires » Julien Fouin, président de l’association.

« Beaucoup de gens ne se rendent pas compte de l’impact des changements climatiques » sur l’art de vivre au quotidien et la gastronomie, selon lui. « Nous travaillons en direct avec des dizaines de vignerons qui nous appellent pour nous dire qu’ils ont perdu 40, 50 et parfois 70% de leur récolte ou plus, certains ne savent même pas s’ils vont pouvoir continuer leur activité », explique M. Fouin.

Jean-Christophe Saby au château Rozier très touché par le gel à Saint-Emilion © JPS

Jean-Christophe Saby au château Rozier très touché par le gel à Saint-Emilion en juin dernier  © JPS

Il s’est dit aussi « frappé par l’élan de solidarité international » l’an passé, également marquée par des épisodes de gel, destructeurs pour les vignes. Un bar à vin de New York, un brasseur bruxellois avaient tenu à participer l’opération.

« Le vin français a une aura internationale extraordinaire » a-t-il dit, en rappelant que les produits agricoles sont le deuxième pilier des exportations françaises derrière l’aéronautique.

Les particuliers désireux de participer, peuvent aller sur le site http://www.vendangessolidaires.com/fr/ et cliquer sur « cagnotte en ligne ».
Le choix des viticulteurs qui bénéficieront des mannes ainsi levées se fait via le bureau de l’association qui regroupe plusieurs amoureux du vin.

« Nous essayons d’aider en priorité des exploitations de moins de 10 ans dont la récolte a été détruite à 70% ou plus » pour mettre en place des projets concrets, que ce soit des achats de ceps, de vin ou des actions de vente directe, a précisé M. Fouin.

Avec AFP

30 Sep

Premières tries à Sauternes : la fête du botrytis cinerea commence

C’est parti pour la pourriture noble ! Celle  qui permet de réaliser de grands Sauternes et grands vins liquoreux, grâce à la magie du Ciron. Les amis de Côté Châteaux sont en éveil pour vous alerter : château Lamothe Despujols a démarré ce jeudi matin et cela augure de belles choses.

Le botrytis cinera s'est installé sur les grappes © Daniel Detrieux

Le botrytis cinera s’est installé sur les grappes © Daniel Detrieux

Château Lamothe Despujols a donné le coup d’envoi jeudi à 8h30. Ce sont 9 vendangeurs qui ont participé à la première trie, cette opération qui consiste à récolter successivement des raisins atteints de pourriture noble ou de son nom latin, le botrytis cinerea.

Guy Despujols, à la tête du château Lamothe depuis 1989 me confie : « cette année, dans les parcelles non gelées, cela s’est beaucoup accéléré, en une semaine, on devrait faire 3 tries et dans les parcelles gelées 2… »

Même si cela se goûte très bien et donne déjà des notes de fruits confits, il n’ y aura pas de gros rendement. D’habitude on fait 15 hectos à l’hectare, mais là « avec le gel on va être proche des 60% de pertes. C’est sur le versant ouest qu’il y a eu le plus de gel ».

Le propriétaire Guy Despujols posant pour l'une de ses salariée © Daniel Detrieux

Le propriétaire Guy Despujols posant pour l’une de ses salariée © Daniel Detrieux

Fort heureusement, Guy Despujols va lisser cette perte, d’autant qu’il a l’habitude de mettre en bouteille 30 mois après la récolte, et a du stock qui va faire tampon. « On vendra davantage ce millésime aux particuliers avec notre cave qu’on a en plein centre de Sauternes. »

Guy Despujols qui s’était lancé en 1989 avait connu deux très bonnes années 89 et 90 excellent, et juste après 91 l’année du gel. Un cap qu’il avait réussi à passer. Cette nouvelle épreuve qui s’annonce va être difficile mais quand on vit au pays du Sauternes et de la douceur de ces vins, on vient à oublier les soucis.

Une grande année en perspective ? Excepté le volume... © Daniel Detrieux

Une grande année en perspective ? Excepté le volume… © Daniel Detrieux

Courage à nos amis vignerons du Sauternais et des autres terroirs à liquoreux qui ont été victimes aussi du gel et parfois même de grêle comme à Cérons. Merci à Daniel Detrieux pour ses superbes photos qu’il nous fait partager du château Lamothe Despujols pour Côté Châteaux et ses lecteurs.

27 Sep

Comment faire un grand vin au moment des vendanges…

La question est primordiale. De nombreux vignerons se la posent depuis des années. Par empirisme, théories et technologies, la qualité s’est améliorée ces dernières années. Et ce n’est pas le fait du hasard. Eclairage avec Jean-Philippe Janoueix à Pomerol et Virginie Aubrion en Bordeaux – Bordeaux Supérieur. Explications dans la rubrique « Vigne et Vin ».

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Jean-Philippe Janoueix (4e génération dans le vin, son arrière-grand-père Joseph avait acquis Haut-Sarpe en 1929) © Jean-Pierre Stahl

Autrefois il y avait le ban des vendanges… Il avait tout simplement pour but de faciliter et de contrôler le partage de la récolte. Une date étant rigoureusement fixée pour le début des vendanges, ce qui n’a plus cours aujourd’hui. Et fort heureusement d’ailleurs, car les vignerons ont pris conscience qu’il fallait être au chevet de la vigne et de fixer parcelle par parcelle le coup d’envoi des sécateurs en vue d’une meilleure maturité (phénollique) comme nous l’explique Jean-Philippe Janoueix (4e génération dans le vin, une famille issue de Corrèze) à la tête des  châteaux Haut-Sarpe (depuis 1929), La Croix et la Croix Saint-Georges à Pomerol.

Il y a plusieurs critères pour démarrer une vendange, bien sûr c’est la maturité phénolique, ce qu’on appelle la maturité aromatique, c’est le moment où les raisins sont à leur paroxysme d’expression, » Jean-Philippe Janoueix du château la Croix Saint-Georges.

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Et d’ajouter : « il y a plusieurs petits éléments (comme signe de cette maturité) : la couleur de la peau des raisins et sa capacité à libérer de la couleur, il y a le pépin lui-même s’il est bien mûr ou pas. On peut aussi regarder le pinceau, la petite partie qui tient la baie quand je l’enlève est-ce que le pinceau est déjà coloré ou pas. Et puis il y a la couleur de la rafle, ce que l’on appelle l’aoûtement, lorsque la rafle commence à devenir brune, on voit que l’on approche de la maturité parfaite. » C’est ce même principe que l’on retrouve sur les fruits noirs et fruits rouges, quand le fruit est à son apogée mais quand il devient très fragile aussi.

IMG_9254Dès lors il faut avoir cette capacité à être prêt à ramasser la parcelle en un labs de temps très court. « Ici, à Pomerol, c’est un terroir chaud avec beaucoup de cailloux, très graveleux sur ce plateau, et en plus c’est combiné avec le cépage le plus précoce de Bordeaux qu’ est le merlot. C’est pour cela qu’en merlot, en raisin rouge, c’est souvent à Pomerol qu’on vendange en premier ».

Un raisin doit être respecté lors de la réception de vendange et jusqu’au cuvier de tel manière qu’il ne s’oxyde pas, « c’est pour cela qu’on aime bien vendanger le matin quand les températures sont très fraîches. Si les raisins arrivent entiers jusqu’à la table de tri ils n’ont pas le temps de s’oxyder et donc on préserve le fruit au maximum » précise encore Jean-Philippe Janoueix.

Et à chaque benne qui rentre dans la cour du château, les mêmes dégustations de baies : « c’est bien sûr pour goûter et vérifier que tout est bien homogène, (…) cela permet de faire des vins typiques du plateau de Pomerol : à la Croix St Georges, ce sont des vins charnus, très amples et un milieu de bouche toujours très onctueux. »

IMG_9252Ensuite après éraflage, les baies tombent sur une table de tri vibrante pour ôter les imperfections… Puis les baies entières vont tomber dans le fouloir où ces 2 rouleaux ne se touchent pas : « l’objectif est d’éclater légèrement la baie, ne surtout pas l’écraser pour ne pas toucher l’intégrité du pépin. C’est juste d’ouvrir légèrement la baie de façon à ce que les jus se libèrent facilement et que les levures puissent manger facilement les sucres ».

Une fois la vendange amenée à la cuve par un système de pompe, vont se dérouler les fermentations alcooliques, entre 6 et 9 jours. « La fermentation alcoolique va démarrer autour de 18-19 °, deux phénomènes lors de la fermentation alcoolique, un dégagement de gaz carbonique qui va faire remonter en haut de la cuve toutes les matières solides peaux et pépins, le jus sera dessous, et chaque fois qu’on transforme un degré d’alcool on gagne 1 degré de température. Donc si on démarre la fermentation autour de 18°C, on a un potentiel de degré d’alcool de 13°, 18+13=31, si on ne ralentit pas le pic de fermentation pourra monter autour de 30-31°C et la température joue un rôle sur l’extraction. Donc les remontages que l’on fait au début ne sont pas les mêmes que ceux à la fin, assez intense au début pour avoir une action d’extraction mécanique des tanins et de la couleur et plus doux après car le milieu est de plus en plus extractible ».

Le résultat, on le retrouve ensuite dans le chai à barriques où les vins sont élevés durant plus de 12 mois :

Là on goûte un 2016, de la Croix St Georges, qui est un grand millésime : grande qualité et immense générosité, une magnifique récolte.

IMG_9314« Avec des conditions idylliques, un printemps pluvieux, et à partir de la floraison, un temps très sec, jusqu’à la fin de vendanges, ça a permis d’avoir suffisamment de réserve en eau dans les sols pour faire face à un été très sec, très ensoleillé ce qui a donné des peaux très épaisses et des baies toutes petites et donc de faire des vins très riches, très denses, très concentrés avec vraiment ce qu’on aime à Pomerol, cette richesse en milieu de bouche qui donne des vins très amples avec un velouté si spécifique, cette touche de tanins qu’on a uniquement sur le plateau de Pomerol ».

Au château Piotte, tenu par Virginie Aubrion en bio et biodynamie depuis 2009 © JPS

Au château Piote, tenu par Virginie Aubrion en bio et biodynamie depuis 2009 © JPS

Autre approche dans une appellation plus modeste que celle de Pomerol, en Bordeaux-Bordeaux Supérieur.

Virginie Aubrion avec Théodore, son fils en train de remplir une jarre © JPS

Virginie Aubrion avec Théodore, son fils en train de remplir une jarre © JPS

Virginie Aubrion a cette chance de porter un grand nom, sans le h. Pour autant, elle s’est faite toute seule depuis 1998 du côté d’Aubié-et-Espessas, non loin de Saint-André-de-Cubzac. En 2009, elle a fait passé ses 11 hectares en bio et biodynamie avec une leitmotiv :

Faire du bon, du sain, à prix abordable », Virginie Aubrion du château Piotte

Elle produit des vins dans toutes les gammes en blanc, rosé, clairet, rouge, en crémant rosé et blanc, avec 20% de cépages blancs et 80% de rouges. Sa production, ce sont 500 hectolitres à l’année, avec une originalité des vins vinifiés en jarres d’Italie.

Olivier Dauga, conseillant Virginie Aubrion © JPS

Olivier Dauga, conseillant Virginie Aubrion © JPS

A ses côtés, Olivier Dauga l’empêcheur de tourner en rond, et célèbre « Faiseur de Vin » et de vignerons…

Virginie, comme on l’a vu la semaine dernière, on est prêt à mettre en bouteilles », avance Olivier Dauga le Faiseur de Vin. « 

On a une couleur assez intense, un cabernet franc, on a un joli fruit qui est un petit peu sur des baies rouges et en bouche on a une très très belle fraîcheur avec beaucoup d’onctuosité » Olivier Dauga.

« Des tanins qui restent, » ajoute Virginie. « Oui mais les tanins sont soyeux », répond Olivier. « Cette jarre là il faut qu’on puisse la mettre en bouteilles Théodore, on va faire une analyse, il y aura très très peu de sulfites ou de SO2 dedans, juste pour éviter les évolutions et on va rester le plus proche du fruit et essayer de retrouver le goût qu’on avait dans la vigne. »

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« Ce qui me plaît dans cette méthode, c’est de retrouver le vrai goût du fruit. En fait, il faut s’imaginer qu’on se balade dans les rangs de vigne, on se balade, on prend une grappe de raisin et on la croque et on a vraiment ce goût de fruit à l’intérieur de la bouche », commente Virginie Aubrion.

L’intérêt, c’est qu’on a une micro-oxygénation naturelle car les pores de la jarre sont assez écartés, ce qui fait que l’air passe et le vin se vinifie en gardant tout son fruit, mais il y a cette micro-oxygènation, exhausteur de goût, » Virginie Aubrion château Piote.

« Après on trouve différents types de jarres celles cuites à 1000° avec des pores plus larges et celles à 1500° pour les vins blancs où les pores sont un peu plus resserrés, et il y a moins d’oxygènation ».  Virginie Aubrion a obtenu d’ailleurs une superbe note pour son sauvignon blanc de 2016, noté 91 par le Wine Advocate, une consécration pour ce travail bien fait.

Regardez le dossier réalisé par Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Boris Chague et Emmanuel Cremese suivi de la Chronique de Frédéric Lot:

26 Sep

Radioscopie des vendangeurs à Bordeaux : d’Albane, l’étudiante de 21 ans à Gilbert, le retraité avec 88 ans au compteur !

Ce sont des anonymes, mais ils ne manquent pas de personnalité. Ce sont les petites mains du vignoble qui remplissent les grandes hottes ou les cagettes du bordelais. Sans eux, les châteaux ne seraient pas ce qu’ils sont. Radioscopie de ces vendangeurs au grand coeur. Qui sont-ils, Côté Châteaux vous les dévoile en primeur.

Gilbert, toujours partant pour une petite vendange © JPS

Gilbert, toujours partant pour une petite vendange © JPS

D’emblée, tous montrent qu’ils ont la patate à l’instar de Gilbert 88 ans et toujours bon pied bon oeil dans les rangs de vigne : « comme dit mon ami Macron, on n’est pas tous des fainéants… »

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« Je fais les vendanges parce que j’en ai besoin, j’ai une petite retraite agricole, avec à tout cassé 800 € ça fait un peu juste, donc il faut faire un petit peu avec des à côtés. Et puis il y a les petits enfants à aider aussi. Tant qu’on est en bonne santé, on continue ». Des vendanges que Gilbert réalise depuis 18 ans durant tout le mois de septembre « et même plus s’il y en a. Et on recommencera cet hiver pour tirer les bois. Encore un petit peu, encore deux ans. »  Gilbert affiche 88 ans au compteur ! « Et j’espère aller jusqu’à 90 dans les vignes… » 

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Angélique, Jennifer et Morgane à la pause de 10h © JPS

Au château Mangot, ici à Saint-Emilion, la troupe de coupeurs et porteurs est employée par la plus grosse société de services, en fonction de la demande du château. On y trouve aussi Sandrine, 44 ans, de Sainte-Foy-la-Grande, inscrite au pôle emploi : « moi, cela va faire 10 ans que je les fait les vendanges. C’est agréable et il y a une bonne ambiance, et puis par besoin aussi. Pour l’instant c’est une activité principale. On peut arriver à travailler 15 jours ou 3-4 mois, cela dépend ». (avec les travaux en vert et la période de taille de la vigne).

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Sandrine effectue les vendanges depuis 10 ans © JPS

Parmi les plus jeunes, trois amies Angélique, Jennifer et Morgane, 26, 27 et 21 ans se disent satisfaites de cette période qui marque aussi le début de l’automne : « ça se passe bien il y a une bonne équipe. C’est génial les vendanges » confie Angélique pépiniériste également, alors que ses deux collègues travaillent toute l’année dans la vigne : « dès qu’il y a du travail, ils nous rappellent et puis après cela continue tout le temps », précise Jennifer.

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Un groupe d’étudiants venus vendanger au château de Piotte © JPS

En Bordeaux et Bordeaux Supérieur, au château Piotte ce sont aujourd’hui des vendanges un peu spéciales car la propriétaire Virginie Aubrion ne comptait pas forcément vendanger car ses vignes ont gelé à presque 100% en avril dernier : « exactement, on n’avait pas prévu de faire de vendange cette année, mais on a quand même nos jarres à développer et on aimerait quand même faire une cuvée rescapée… », explique Théodore Aubrion.

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La famille Aubrion constate une assez faible récolte, à cause du gel © JPS

Dans la mesure où certains pieds ont moins souffert que d’autres ou qu’il y a eu une petite repousse, la famille Aubrion s’est dit qu’il fallait remplir ses jarres pour ses macérations intégrales. Son fils Théodore a alors fait jouer ses contacts et de nombreux étudiants ont répondu à l’appel comme Albane 21 ans, appelée la veille : « je viens juste pour la journée, aider avec des amis, au milieu des mes études j’avais un peu de temps. J’avais déjà fait d’autres travaux saisonniers, mais là c’est la première fois que je fais des vendanges. »

Sébastien, 24 ans, est assez décontenancé par le spectacle de désolation : « c’est assez catastrophique, ça fait 5 ans que je viens ici et c’est la première année que je vois aussi peu de raisins, mais quand même il y a ce petit air de vendanges, de copains et la famille Aubrion qui est là. Et ça fait toujours plaisir de récolter avec la bonne humeur et de boire le vin récolté  précédemment ».

Et puis il y a le poète, Joseph 25 ans, en études de commerce vin et spiritueux : « c’est la 1ère fois de ma vie que je fais les vendanges,  et ça se passe très bien. Pour moi c’est important de les faire, d’être au coeur du métier, vu que cela fait partie de mes études. Cela fait partie d’un cycle, de faire cette poésie qui jaillira comme une rare fleur, en le vendangeant on fait partie de ce cycle et en le buvant ça jaillira vers Dieu. C’est le don de la nature, le don de Dieu et le travail des hommes. »

Victor et Liliana en train de couper les grappes © JPS

Victor et Liliana en train de couper les grappes © JPS

Au château Haut-Bacalan, en Pessac-Léognan, ce sont 35 vendangeurs qui sont venus pour ces vendanges parcellaires.  Depuis 6 ans ce château fonctionne avec une société de prestations des services de Libourne Vinum Vinea services dirigée par Laurent Placier. La troupe compte moitié de gens de la région et moitié de Bulgares installés depuis plusieurs années à Bordeaux, ce ne sont pas des travailleurs détachés, ils sont payés normalement au smic, comme Victor : « c’est bien, impeccable, rapide et efficace ».

Le château Haut-Bacalan à Pessac, propriété de la famille Gonet © JPS

Le château Haut-Bacalan à Pessac, propriété de la famille Gonet © JPS

Pour Charles-Henri Gonet propriétaire du château Haut-Bacalan, ces vendanges ont un goût particulier : « cette année on n’est trop contrarié, si on a 20% d’une vendange normale on sera content. Les merlots ont été gelé, les cabernets un peu pareil, ce qui fait que ce n’est pas trop compliqué sur cette vendange-là, autant l’année précédente on avait cherché à recruter davantage de monde, là c’est vrai qu’une petite équipe suffit et j’ai un prestataire qui gère l’ensemble des dossiers d’emplois, c’est beaucoup plus simple, sinon il me faudrait du personnel supplémentaire dans les bureaux, donc je préfère passer par un prestataire qui gère cela en direct et a cela dans sa structure. »

Un ramassage en cagettes pour ne pas abîmer le raisin © JPS

Un ramassage en cagettes pour ne pas abîmer le raisin © JPS

Cette année, le vignoble de Bordeaux aura donné un peu plus de travail dans la vigne fin mai et en juin pour les travaux en vert et suite au gel. En revanche, les récoltes auront été moins longues à l’instar de Haut-Bacalan qui traditionnellement vendange ses merlots en 2 semaines, là une petite semaine aura suffit.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Pascal Lécuyer, Rémi Grillot et Christian Arliguié :