07 Oct

Château La Tour Carnet : un sanctuaire pour expérimenter les meilleurs cépages à l’horizon 2050

 C’est un travail minutieux et empirique qui est mené à Saint-Laurent-de-Médoc. Bernard Magrez et le château la Tour Carnet expérimentent sur la durée 84 cépages français, européens et mondiaux en réel sur leur terroir de graves médocaines. Des micro-cuvées suivies au fil du temps pour voir leur évolution à l’horizon 2050.

Le château la Tour Carnet :  un sanctuaire qui expérimente les meilleurs cépages à l’horizon 2050… Le merlot ou le cabernet sauvignon majoritaires ici ont désormais sur deux parcelles des cépages expérimentaux comme voisins…

A chaque bout de rangs, des noms à l’accent méditerranéen comme le tempranillo de la Rioja espagnole, le néro d’avala cépage sicilien, ou encore le cépage Allicante ramassé ici en terre médocaine. « C’est un cépage français issu du croisement entre le petit bouchet et le grenache noir, croisement effectué en 1855, il est principalement cultivé dans le sud de la France, l’Espagne et le Portugal. Et donc du coup avec le réchauffement climatique il est intéressant d’étudier ce cépage du sud à Bordeaux…« commente Martin Clapaud adjoint au chef de culture.

La collection compte ici 84 cépages, une cinquantaine de rouge et une trentaine de blancs, étudiés en situation réelle comme cette année avec ces températures caniculaires qui augurent de celles qui seront monnaie courante en 2050. Outre les traditionnels merlot et cabernet, le malbec est ici réintroduit et étudié mais aussi toute cette collection de « cépages issus de tout le pourtour méditerranéen, donc des climats plus chauds plus secs que l’on étudie dans l’hypothèse que ces cépages pourraient apporter une réponse à l’adaptation au changement climatique de nos vignobles », selon Julien Lecourt responsable recherche et développement des vignobles Bernard Magrez.

« Le millésime 2022 d’après les prévisions météorologiques ressemblerait au millésime 2050. Et donc cela nous a permis cette année de caractériser d’un point de vue agronomique, on a regardé les rendements, la résistance au stress hydrique de tous ces cépages, les 84 cépages et maintenant on est en train de les vendanger, on va les vinifier à part et voir leur qualité oenologique se développer et voir si vraiment ils ont un intérêt dans le cadre de l’adaptation au changement climatique… »

A chaque rang correspond un cépage, des pieds de vigne qui bénéficient d’un système de chauffage si besoin (calqué sur ce squi se fait en aéronautique) pour voir leur réaction. Voici d’ailleurs le touriga nacional cépage portugais déjà introduit dans le cahier des charges des AOC de Bordeaux.

« C’est un cépage qui est plus tardif que les cépages qu’on a traditionnellement dans le bordelais et plutôt résistant aux maladies aussi…C’est pour cela qu’il a été sélectionné d’ailleurs et on est en train de l’essayer ici à plutôt grande échelle… », précise Julien Lecourt.

Dans le chai bien gardé d’expérimentation, ce sont 84 cuves thermorégulées de 1 à 4 hectolitres qui attendent chaque récolte identifiée avec un micro pressoir.

« On s’aperçoit avec le réchauffement climatique, que pour avoir une bonne maturité des tannins et de la couleur, on est quand même obligé d’attendre un certain temps, alors que les raisins avec la maturité technique c’est – à -dire le taux de sucre élevé et l’acidité assez basse lui avance énormément et plus vite avec le réchauffement climatique », « ce qui fait qu’on a un écart entre la maturité technique et la maturité phénolique… Cela nous oblige à ne pas vendanger au 15 août, ca serait très simple de vendanger quand le raisin fait 13° d’alcool et s’arrêter là, sauf qu’à ce moment là les tannins, les arômes, ne sont pas encore prêts…Donc c’est pour cela qu’on est obligé de vendanger à des dates qui avancent néanmoins mais qui restent éloignées… », selon Alix Combes, directeur du château La Tour Carnet.

Tous les 6 mois, ils vont déguster ainsi et regarder l’évolution des vins et de leurs qualités. Une chose est sûre, il faudra adapter le vignoble d’ici quelques années et introduire de nouveaux cépages.

 

05 Oct

Et voici le botrytis cinerea ou quand opère la magie de Sauternes

C’est parti pour les premières tries dans le Sauternais. A Barsac et Sauternes depuis cette semaine on s’active pour un premier ou deuxième passage pour ramasser les baies botrytisées… Reportage aux châteaux Cantegril et Rayne Vigneau avec de grands faiseurs de Sauternes, Jean-Jacques Dubourdieu et Vincent Labergère qui nous expliquent la formation de cette pourriture noble, nécessaire aux grands Sauternes.

Du brouillard et de la chaleur… Au château Cantegril, la magie de Sauternes opère enfin, avec l’influence de ces cours d’eau tout proches… Ils apportent l’humidité nécessaire à la formation de la pourriture noble…

« A 9 heures,  c’était juste massé sur la Garonne et le Ciron, et puis là cela commence à se diffuser partout…Donc, c’est cette hygrométrie qui fait que peu à peu le botrytis se développe…Et donc là vous avez un bon exemple de baie qui a été passeriée au démarrage et puis là ça commence à botrytiser… », commente Jean-Jacques Dubourdieu propriétaire de Cantegril et de Doisy Daëne.

Ce sont les premières coupes, les premières tries, comme on dit ici… Elles sont êtres successives, on va ainsi passer 3 à 4 fois, pour récolter les baies où s’installe progressivement le botrytis cinerea, pour donner ces vins liquoreux…

« Les belles après-midi, l’eau contenue dans le raisin commence à s’évaporer…Et c’est là que la baie se déforme et commence à devenir confite… », ajoute Jean-Jacques Dubourdieu.

Avec les pluies tombées la semaine dernière, au château de Rayne Vigneau l’impact de la sécheresse est moins flagrant…

« La sécheresse qu’on a eue sur le mois de septembre a décalé l’implantation du botrytis… Après on est à Sauternes, on sait attendre et on n’est que début octobre… », commente Vincent Labergère directeur du château  Rayne Vigneau.

Dans les chais, le gros de la récolte va rentrer entre le 10 et le 20 octobre… Mais déjà, dans cette barrique, la première trie se déguste…. »C’est pas hyper complexe parce qu’il n’y avait pas trop de botrytis, mais en fait c’est très très bon… »

« Le plus dur à obtenir dans un Sauternes, c’est la fraîcheur… C’est faire d’un vin qui est puissant, qui est long en bouche, d’en faire un vin désaltérant, c’est à dire qui finit tout en délicatesse, tout en fraîcheur… », selon Vincent Labergère.

Un travail d’orfèvre depuis la vigne jusqu’au pressurage de ces raisins botrytisés pour obtenir ces légendaires Sauternes au bout de 18 mois d’élevage…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Ludovic Cagnato et Xavier Granger :

 

03 Oct

Insolite : 24e vendanges au coeur de l’aéroport de Bordeaux

C’est toujours un événement à Bordeaux : ce sont les fameuses vendanges de l’aéroport ! Cette 24e édition a mis à l’honneur cette année 50 chefs d’entreprises primées tout au long de l’année par les trophées et challenges portés par la CCI de Bordeaux. Des apprentis vignerons investis dans leur tâche…

C’est insolite, c’est un vignoble en plein coeur d’un aéroport ! 2 symboles de Bordeaux réunis en un même lieu : vin et tourisme… Depuis 24 ans, ces vendanges sont orchestrées par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux qui a souhaité planté une vigne pour accueillir les touristes au sortir de leur avion…

Pour Patrick Seguin, président de la CCI de Bordeaux : « d’abord, c’est le seul aéroport au monde à avoir des vignes plantées sur son territoire c’est quand même unique et c’est la représentation de Bordeaux… »

« L’idée était déjà originale à sa création et 25 ans plus tard, on a un vignoble qui est bien là et qui est en forme », commente Olivier Bernard propriétaire du Domaine de Chevalier et responsable de ces 15 ares de vigne plantés comme un grand cru classé ( à raison de 10 000 pieds à l’hectare)…

Pour ces 24e vendanges, 50 chefs d’entreprise lauréats des trophées et challenge de la CCI de Bordeaux cette année se sont essayés au métier de vigneron… « Celle-ci, je n’arrive pas à l’enlever, c’est très ferme et très dense », commente une responsable d’entreprise… « Epuisé, cela fait 5 minutes qu’on coupe, c’est fatiguant »; plaisante bien sûr Cédric Janvier de l’Hôtel de Sèze.

Une bonne ambiance pour récolter ce millésime 2022 cultivé en bio, sur un terroir de graves…

« Un magnifique millésime 2022, je pense que les vignerons peuvent être ravis, le millésime s’annonce exceptionnel », selon Sylvain Boisvert directeur du Conseil des Grands Crus Classés en 1855. « Notre rôle est de préserver les traditions, c’est ce que l’on fait aujourd’hui« , commente de son côté le directeur de l’aéroport Simon Dreschel.

Photo © Eric Barrière pour la CCI de Bordeaux

1200 bouteilles seront produites en appellation Bordeaux sous la direction du Domaine de Chevalier, dans le but de communiquer sur l’image de Bordeaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Jean-Michel Litvine et Robin Nouvelle : 

27 Sep

Bordeaux Fête le Vin, c’est désormais la fête tous les ans !

C’était dans les tuyaux, c’est depuis dans le goulot et ça vient de sortir: Bordeaux Fête le Vin devient annuel. Prochaine manifestation du 20 au 25 juin 2023. La manifestation créée en 1998 était programmée en alternance avec la fête du fleuve. Les dernières manifestations avaient mixé un peu les deux manifestations. La crise sanitaire est venue perturber la bonne tenue sur 2 éditions de cette fête sur les quais de Bordeaux, c’est aujourd’hui un nouvel envol pour Bordeaux Fête le Vin qui l’été dernier a renoué avec son public. Côté châteaux vous avait proposé un magazine spécial: à revoir ici…

On s’en doutait… La ville était favorable, les vignerons, les restaurateurs et le CIVB aussi. Bordeaux Fête le Vin, ce sera tous les ans, qu’on se le dise ! Prochaine édition en 2023 du 20 au 25 juin, avec une séquence avant-première comme cette année à partir du 15 juin où les cavistes et restaurateurs seront associés à l’opération, avec des établissements aux couleurs de BFV et des vignerons présents qui feront déguster…

Cela me paraît plutôt pas mal, il y a un tel engouement, c’est plutôt sympa, on est ravi d’accueillir les touristes du monde entier », Benoît-Manuel Trocard de l’Ecole du Vin de Bordeaux

« Ce qui est bien c’est que cela va relancer les parties hôtellerie et restauration en amont. Et puis cela va redorer l’image des vins de Bordeaux, on en a bien besoin. L’Ecole du Vin participera avec de nouveaux ateliers, tous les ans on va se remettre en question. »

Christophe Chateau, commissaire général de Bordeaux Fête le Vin, confirme que la décision a été conjointe entre les CIVB, l’Office de Tourisme et la Ville de Bordeaux, mais « au final c’est Brigitte Bloch, la présidente de l’Office de Tourisme, qui a tranché ». « Tout le monde y était favorable. »

« Au départ il y avait une certaine incompréhension du public entre Bordeaux Fête le Vin et Bordeaux Fête le Fleuve, il avait du mal à faire la différence… On avait par ailleurs une demande pressante des tours opérateurs pour stabiliser l’événement et c’est ce qui a pesé. On est ravi, c’est une très bonne nouvelle pour le monde du vin.

C’est un événement fort à Bordeaux, on va faire une fête pour en faire un événement encore plus fort », Christophe Chateau commissaire général BFV

« Il y aura bien sûr la présence des grands voiliers, pour le moment on ne sait pas combien, mais depuis 2018 il y avait une vraie demande. Ces voiliers racontent l’histoire de Bordeaux, car les barriques étaient chargées depuis les quais de Bordeaux pour être expédiées dans le monde entier », complète Christophe Chateau.

Depuis 2018, Liverpool organisait une fête en amont début juin, pour l’heure on ne sait pas « c’est en train d’être voté du côté de Liverpool, qui doit accueillir par ailleurs l’Eurovision. »

Cette Fête du Vin affichera une image accessible, ouverte et engagée, avec une route des vins et ses 80 appellations de Bordeaux et de Nouvelle-Aquitaine le long des quais de Bordeaux entre le pont de Pierre et le hangar 14. Dès décembre des pass dégustations seront mis en vente avec des ventes « early birds » pour bien figurer au pied du sapin de Noël… Sapin de verre ou vrai sapin, ça c’est le petit clin d’oeil qu’on aime bien à Bordeaux.

26 Sep

Bordeaux : les petits vignerons qui souffrent misent sur un plan d’arrachage de la vigne

C’est un profond malaise pour certains qui n’arrivent plus à vendre… Et pourtant, ils sont amoureux de leur métier. Fabien Ribéreau, fait partie de ces vignerons qui n’ont pas attendu un hypothétique plan d’arrachage que financerait l’Europe, de concert avec le ministère de l’Agriculture…Il a commencé à le faire, pour mieux valoriser ses vins qu’il vend en vrac au négoce et abaisser ses coûts de production et d’entretien de son vignoble. Néanmoins il garde son amour pour la vigne et continue à aller de l’avant. Le collectif des viticulteurs réclame un plan d’arrachage de 10 à 20% du vignoble à Bordeaux.

Fabien Ribéreau, devant ses pieds de cabernet franc arrachés © JPS

Un amas de ceps de vigne et de piquets en bois… Ce n’est pas de gaité de coeur que Fabien Ribéreau, vigneron de 49 ans, a anticipé et déjà arraché de beaux pieds de cabernet franc sur un beau terroir argilo-graveleux…

C’est triste car c’est de la vigne que j’ai planté avec mon papa quand il était encore de ce monde… », Fabien Ribéreau, vigneron du château Bellevue à Cadarsac.

« C’est toujours un crève-coeur, réduire la production oui bien sûr pour rééquilibrer les marchés l’offre et la demande, je pense que c’est du bon sens cela paraît être une bonne mesure, cependant c’est quand même un aveu d’échec…Et c’est très triste pour le vigneron, je ne suis pas encore à l’âge de la retraite… Je ne pensais pas prendre cette décision là un jour, contraint et forcé… Je l’ai fait à frais pour que cela ne me coûte pas trop cher, histoire de tenir un peu plus gagner du temps en espérant des jours meilleurs… »

Depuis le printemps dernier, Fabien Ribéreau a arraché 9 hectares de vigne… Trop cher à entretenir… Il lui reste 50 hectares et il continue fièrement son métier, c’est toute sa vie… Sa nouvelle récolte de Bordeaux, comme toujours il va la vendre au négoce mais malheureusement en dessous du prix de revient.

« Bien que les raisins aient souffert de la sécheresse, il y a quand même de très beaux raisins de très belle qualité, c’est une vendange prometteuse. Il faut savoir effectivement qu’on risque de la vendre à perte… Ce qui est regrettable, on fait le même travail que nos voisins qui sont dans le monde du luxe, des grands noms du bordelais, on fait strictement le même travail avec les mêmes terroirs, les mêmes cépages, mais nous on a l’impression que notre travail ne vaut rien… »

Aujourd’hui on est à peu près à 1€ le litre, mais j’ai des confrères qui ont vendu cette année pour faire de la place à 70 centimes le litre, c’est ridicule ! Pour pouvoir vivre convenablement, il faudrait qu’on arrive à des niveaux de prix de 1,5 à 2€ le litre,  » Fabien Ribéreau vigneron.

Du libournais au langonnais, il n’est pas rare de trouver désormais quelques vignobles à l’abandon en AOP Bordeaux ou en Entre-deux-Mers. Même si ce n’est pour l’heure qu’une infime partie.  Ce sont souvent des fermages, des locations pour lesquelles les exploitants n’ont plus d’argent et ont baissé les bras. Pour le collectif de viticulteurs qui comptent des vignerons et des maires ruraux, il y a urgence… Ils ont lancé une pétition qui a déjà obtenu 800 signatures. L’arrachage va éviter la prolifération de maladies de la vigne, comme la cicadelle dorée ou le phylloxéra, et permettre à certains de prendre leur retraite quand il n’y a parfois pas de repreneur…

Cela fait quelques années qu’on alerte nos dirigeants qu’il y a trop de vin à Bordeaux, on le sait, il y a 1 million d’hectolitres de trop dans le département…Il faut qu’on adapte l’offre et la demande, donc il faut arracher…

Il faut arracher minimum 10 000 0 15 000 hectares pour rééquilibrer l’offre et la demande », Didier Cousiney porte-parole du collectif de viticulteurs.

« Nous regrettons le risque de drames humains car on sait très bien que la pression est très forte notamment des créanciers et de toutes les dettes qui pèsent de plus en plus sur le moral… Est-ce que la viticulture est un métier d’avenir pour eux tout le monde se pose la question », commente Bastien Mercier des vignobles Mercier viticulteur et maire de Camiran.. Et il y en a qui sont vraiment au bord du gouffre… « Oui car il y a une fierté paysanne qui fait qu’on parle très peu des problèmes, on les garde beaucoup pour soi, la pression monte et malheureusement ce qui arrive on le découvre trop tard… On a planté pendant des années, pour répondre à la demande, mais on n’a pas prévu pour demain… Aujourd’hui, il se passe quoi ? Les Français consomment de moins en moins de vin, une concurrence déloyale et beaucoup plus importante au niveau mondial  avec des différence de traitement, des différences de normes, de production…

Aujourd’hui beaucoup de pays se sont mis à faire du vin, donc forcément le marché et la part bordelaise baisse… De ces conclusions, on repère qu’on a une surproduction, d’un peu plus d’1 million d’hectolitres supplémentaires… » « Et du coup l’offre étant supérieure à la demande, nous faisons tomber le prix du tonneau…Et aujourd’hui, les infrastructures ne peuvent plus vivre car elles sont en dessous du prix de revient. »

Beaucoup ont du mal à vendre, le prix moyen du tonneau de 900 litres à Bordeaux est de 1000€ mais les petits se plaignent d’un prix de 600-650  pour l’appellation générique Bordeaux qu’on leur offre quand il y a des offres… Didier Cousiney nous montre ses chais qui sont encore pas mal remplis… « Tu vois les cuves blanches là, 1, 2 , 3 , 4 , 5  pleines…Invendues, invendues… 1200 hectolitres en rouge… »

Les méventes en Chine, aux Etats-Unis avec la taxe Trump, et en France en grande distribution, ou chez les restaurateurs durant la crise sanitaire, ont affaibli Bordeaux qui s’est retrouvé en surproduction quand la production dépassait les 5 millions d’hectolitres. Mais ces dernières années, le gel, la grêle et le mildiou ont permis un certain rééquilibrage.

« C’est une situation très très difficile pour les viticulteurs, bien souvent ce sont des viticulteurs qui sont en fin de carrière, qui n’ont plus à cause des sacrifices qu’ils ont du faire à cause des années précédentes et des pertes de récoltes, ils n’ont plus les capacités financières pour évoluer… Et nous sommes à leurs côtés et réclamons obtenir des aides pour faciliter cette fin de carrière et cet arrachage de vigne d’environ 10% du vignoble », commente Allan Sichel président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux.

Pour permettre ce plan d’arrachage, l’Europe va devoir l’autoriser de nouveau; le dernier plan s’est arrêté en 2008, à l’époque 3500 hectares ont été arraché à Bordeaux.

SOS vignerons et Florence Cardoso essaient d’accompagner au mieux ces viticulteurs et les incitent à se diversifier en misant davantage sur l’oenotourisme et en demandant des aides aussi en ce sens.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Laure Bignalet, Christophe Varone et Thierry Culnaert

24 Sep

La famille Castéja acquiert les châteaux Peyrabon et la Fleur Peyrabon

Déjà propriétaire de Batailley et Lynch Moussas, 5e crus classés 1855 dans le Médoc, la famille Castéja vient de racheter à Millésima et à la famille Bernard Peyrabon cru bourgeois supérieur.

Philippe Castéjà lors des primeurs à Batailley © JPS

Le château Peyrabon était dans les mains de Millésima, filiale du groupe Bernard, depuis 1998. Une propriété que les Bernard n’ont jamais cessé d’améliorer pour l’amener au rang de Cru Bourgeois Supérieur du Haut-Médoc. Cette cession à la famille Castéja va permettre à Millésima de se recentrer sur le e-commerce.

De son côté le groupe BCAP, famille Casteja, va continuer à améliorer cette propriété. Ce sont désormais plus de 300 hectares de vignes qui sont détenus par la famille Castéjà en Pauillac, Saint Estèphe, Saint-Emilion et Pomerol. BCAP c’est aussi 3 Maisons de Négoce Borie-Manoux, Mähler-Besse et A.de Luze, et 2 sites de e-commerce: LaGrandeCave.fr et 1jour1vin.com

23 Sep

Clos de l’Echauguette : il n’y a pas d’âge pour vendanger au coeur de la Citadelle de Blaye

Des images forts sympathiques ce matin de bambins de maternelles qui ont participé aux vendanges du clos de l’Echauguette à Blaye. Une tradition perpétuée par le syndicat viticole de Blaye qui exploite ce vignoble de 15 ares depuis 50 ans au coeur de la Citadelle construite par Vauban.

« Bienvenue à tous au Clos de l’Echauguette…Aujourd’hui, vous allez vendanger, c’est la première fois pour tout le monde ? Ouiiii…. » Des petits de maternelle dans le rôle de vrais vignerons… Ces 21 enfants de l’école Grospierre de Blaye attendaient de moment depuis longtemps. « On va ramasser des raisins…avec les mains… »

« Qui veut couper là ? » A 4 ou 5 ans, certains ont déjà la technique mais pas question de leur donner pour autant un sécateur… « Ce sont des petits ciseaux, à bouts ronds, donc on essaie de couper les raisins en plusieurs parties… », commente Cédric Grossard de la Maison des Vins de Blaye.

Et direction le tombereau pour déverser la précieuse récolte de merlot… « C’est quand même un grand moment pour eux car cela fait quand même deux ans qu’ils n’ont pas pu participer à ces vendanges donc c’est une euphorie pour tout le monde », commente leur professeur Clément Cheyroux de l’Ecole Grosperrin de Blaye.

Moment d’émotion aussi et d’échanges avec Guy Bénéteau, 93 ans, l’ancien président de l’appellation et du syndicat viticole de Blaye. « Quand le vignoble a été planté, j’ai fait beaucoup de fête et même intronisé plusieurs ministres ici dans la confrérie de Guyenne » « C’est un très beau projet, une très belle initiative de Guy, puisque le Clos est toujours là et on peut voir l’effervescence qu’il y a autour de ces vendanges. Et pour nous c’est une très belle visibilité : une parcelle de vigne dans un bâtiment inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco, cela permet de faire connaître et rayonner notre appellation à travers le monde… », commente Thibaut Layrisse, directeur des Vins de Blaye.

En plus c’est un très grand gage de qualité dans cette parcelle de vigne et dans cette vendange, le Clos de l’Echauguette que l’on vend uniquement à la Maison des Vins de Blaye est ce que l’on fait de mieux en terme de qualité, sur l’appellation, c’est un vignoble qui est en agriculture biologique depuis 2016. » Thibaut Layrisse, directeur des Vins de Blaye.

C’est lui qui est à l’origine de ce projet avec le maire de l’époque en 1968; un vignoble de 15 ares planté en plein coeur de la citadelle Vauban, et qui a vu le jour en 1972.

Et ce sont des souvenirs à jamais gravés pour ces vignerons en herbe, remerciés par une haie d’honneur à leur sortie, par leurs aînés…

17 Sep

Château Carbonnieux : le pacanier, l’arbre symbolique offert par Thomas Jefferson n’est plus…

C’est un crève-coeur, un symbole qui s’en va… Le pacanier planté lors de la visite par Thomas Jefferson en 1787, avant qu’il ne devienne le futur président des Etats-Unis, n’a pas supporté la sécheresse de cet été, ou peut-être les vents du sud… Voilà ce qu’écrivait le château sur Facebook en fin de semaine.

Le pacanier du © château Carbonnieux avait 235 ans

« Notre Roi est mort!
Notre plus vieil arbre, le Roi parmi tous nos grands arbres, un des emblèmes du Château Carbonnieux s’est cassé dans la nuit.
Il s’agit d’un pacanier (noyer américain qui produit les noix de pécan), mais pas n’importe quel pacanier, notre pacanier offert par Thomas JEFFERSON aux Moines bénédictins propriétaires du domaine en 1787.
Toujours dans le ciel de Carbonnieux, au-dessus des tours, cet arbre magnifique, vieux de 235 ans a rendu les armes. La sècheresse et les vents forts de ces derniers jours ont eu raison de sa vieillesse.
Heureusement, aucun dégât matériel ou humain ».
Pour en savoir plus sur cet arbre ou l’histoire du Château:

15 Sep

Et voici le nouveau Châteaux Bordeaux par Corbeyran et Espé : n°12 le sommelier

 C’est une réussite, une série qui continue à ravir les passionnés de BD et de vin. Les éditions Glénat viennent de publier un nouveau numéro intitulé le Sommelier avec comme scénariste Corbeyran et comme dessinateur Espé.

Pas de repos pour Alexandra Baudricourt dont le domaine viticole risque toujours la faillite.

Désormais séparée de son mari, elle est bien décidée à trouver les moyens nécessaires pour garantir l’indépendance de sa propriété et à faire évoluer ses méthodes de production, jonglant en permanence entre progrès oenologiques et retour à une culture plus saine.

Acculée, trompée, elle va très progressivement remonter la piste de ceux qui veulent lui fairedu tort et faire éclater la vérité sur l’accidentqui a coûté la vie de son chef de culture.

Le dernier épisode de la saison 2 de Châteaux Bordeaux nous entraîne au coeur d’une industrie en pleine mutation, où tous les coups sont permis. Entre deux rebondissements, cette saga familiale qui prend les allures d’un thriller, nous invite à découvrir l’univers des grandscrus et le quotidien mouvementé d’une femmequi ne recule devant rien pour protéger ce qu’elle a créé.

Châteaux Bordeaux – Tome 12 Le Sommelier 48 pages aux Editions Glénat par Corbetyran et Espé, 14,5€

14 Sep

Côté châteaux n°33 : un numéro de rentrée consacré à la sécheresse, au réchauffement climatique et aux vendanges précoces

Pour cette rentrée de septembre, je vous propose avec Alexandre Berne un magazine Côté Châteaux très complet sur ces vendanges historiques qui  ont débuté avant le 15 août en Pessac-Léognan pour les blancs et fin août pour les rouges à Léognan, à Pomerol et à Saint-Emilion. Joli tour d’horizon avec 4 reportages et 4 entretiens au milieu des vignobles de Grandmaison, Couhins-Lurton, La Louvière et Troplong-Mondot.

Le n° 33 de Côté châteaux, numéro de rentrée, est intitulé « sécheresse et vendanges précoces ». Un signe. Le réchauffement climatique s’accélère et cet été on était aux premières loges pour le voir. Aussi ai-je voulu revenir à travers 4 reportages et 4 grands entretiens sur ces épisodes de canicule et sécheresse qui ont touché non seulement les hommes mais la vigne…. Allez bienvenue dans ces rangs de vigne, sous un soleil de plomb, certaines après-midi à plus de 50°… »en plein cagnard »…

Ce millésime 2022 sauvé du gel aura été marqué par 4 épisodes de canicule, une sécheresse qui a conduit parfois à certains phénomènes de blocage de la vigne avec des baies parfois plus petites, ce qui devrait augurer d’un millésime plus faible en volume. Alors que la qualité sera au rendez-vous.

Le Domaine de Grandmaison a vu ses vendanges de merlot démarrer le 2 septembre © JPS

Du coup les vendanges se sont accélérées avec un raisin arrivé à maturité plus rapidement, avec deux semaines d’avance en moyenne. Ainsi les blancs ont commencé à être vendangés à la mi-août en Pessac-Léognan et les rouges, phénomène exceptionnel, fin août, en Pessac-Léognan, Pomerol ou Saint-Emilion sur quelques domaines.

François Bouquier, vigneron propriétaire du Domaine de Grandmaison © JPS

Des vendanges historiques par rapport au démarrage qui est le plus précoce depuis très longtemps…Ce qui fait que la vigne, le végétal, a mûri rapidement », comment François Bouquier du Domaine de Grandmaison.

Ce numéro spécial millésime 2022 nous emmènera tout d’abord aux châteaux Carbonnieux et Luchey Halde pour ces vendanges en blancs historiques, avec un entretien suivant au Domaine de Grandmaison avec François Bouquier qui nous parle de cette sécheresse et de la récurrence ou non de ces phénomènes de réchauffement, c’est tout de même l’été le plus chaud depuis 2003, qui a battu depuis de nombreux records de températures sur ces 3 mois.

« Tout dépend du cycle végétatif dans la saison, il faut voir le cumul des précipitations au fil des mois, effectivement on a constaté cette année très peu de pluies; l’état sanitaire du vignoble est très bon, la vigne travaille au maximum avec tout ce soleil. »

Y aura-t-il assez d’acidité pour atteindre les équilibres ? « Ce qui est important c’est de prendre en considération nos terroirs constitué d’argile et de sols graveleux…Le mixte permet de combiner la maturité des raisins sur l’ensemble de la propriété. Une année comme celle-ci, où il fait très chaud, les terroirs argileux ont garanti une alimentation en eau et permettent une maturité optimale et les terroirs graveleux sableux eux sont davantage intéressants quand il y a des années plus pluvieuses. Il faut repenser le travail du sol et la moindre goutte d’eau il faut savoir la garder pour qu’elle serve pour les pieds de vigne…. »

Quant au phénomènes de blocage ? « On craignait beaucoup la taille des baies, cela va se confirmer sur les sols un peu sableux, sur les terroirs argileux ils se sont mieux sorti et on a eu la chance d’avoir quelques épisodes de pluie… », complète François Bouquier.

L’autre souci va être de trouver des vendangeurs surtout quand on commence de plus en plus tôt… Ces vendanges sont l’occasion également d’aller à la rencontre des petites mains de la vigne, sans qui il n’y aurait pas de vendange…

Le château la Louvière à Léognan © JPS

De retour à la Louvière, nous avons interrogé Jacques Lurton, le président des Pessac-Léognan sur l’adaptation des cépages bordelais, les degrés d’alcool qui risquent d’augmenter mais qui sont compensés au niveau des équilibres grâce à la fraîcheur qu’apporte les bons terroirs.

« A part 2003 et 2020, nous n’avions jamais commencé si précocement… Il y a une accélération de la variation climatique, en terme de somme de chaleur on n’avait  pas vécu cela depuis 2003 et en terme de sécheresse depuis 1976... Même si cela peut-être en dents de scie, l’an dernier année extrêmement froide et pluvieuse et cette année extrêmement sèche et chaude… Il y aura un peu plus de sucre, cela veut dire un petit peu plus d’alcool, une acidité un petit peu plus faible…

On va faire des vins mûrs, très ronds, très chaleureux, très souples, à consommer plus précocement, mais c’est intéressant aussi car je dis souvent ces années chaudes c’est à l’avantage du consommateur », Jacques Lurton président des vignobles André Lurton

Quant à savoir si on s’achemine vers des vins californiens à Bordeaux ? « Depuis 2 décennies, les vins de Bordeaux n’ont jamais été aussi bons, on réussit des années exceptionnelles avec de très grands vins parce que maintenant ils sont rentrés en compétition complète avec les vins du nouveau monde sur les mêmes cépages, des vins chaleureux souples, faciles à boire, un peu plus précocement. Mais maintenant on en a encore sous la pédale à Bordeaux on arrive à passer tous ces millésimes assez chauds avec des acidités naturelles. On a des cépages comme le sauvignon en blanc ou le cabernet sauvignon qui ont encore des beaux jours devant eux avant qu’on soit obligé d’intervenir différemment. »

Un reportage sur la sécheresse nous conduira dans les Graves au château du Tros et dans l’Entre-Deux-Mers avec le Président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur.

Jacques Lurton et son Jack Russel dans son chi de blancs de la Louvière © JPS

Face à cette année super sèche où la vigne a souffert, des solutions ont pu être trouvées, avec l’arrosage de manière exceptionnelle accordé par l’INAO : « c’est assez exceptionnel car la règle en AOC c’est la non autorisation d’irriguer… Et dans notre cahier des charges en 2016 en Pessac-Léognan, nous avons introduit la possibilité de déroger à cette interdiction… Avec une demande auprès des services de l’INAO, avec un justificatif de photos des vignes en souffrance, et aussi le type de terroir et la surface que l’on compte arroser… A ce moment là, l’INAO nous délivre cette autorisation et cela permet d’apporter un peu d’eau à des vignes en difficulté…  » Cela a représenté un peu moins de 2% de la surface de l’appellation.

Dans les chais nous parlerons avec Jacques Lurton aussi des incendies de cet été qui ont ravagé la Gironde et se sont déclenchés non loin des vignes, avec son expérience en Australie où il a connu pareil phénomène…Et évoquerons le colloque des oenologues de France organisé le 31 août dernier à l’ISVV sur la problématique des goûts de fumées dans les vins.

« J’ai eu la malchance que mon vignoble australien soit complétement brûlé, nous avons ces phénomènes récurrents en Australie de feux de forêts avec les complications que cela peut avoir, et surtout la prévention à laquelle il faut s’astreindre, on a connu cela ici mais c’est quelque chose de nouveau pour nous… »

La suite de ce côté châteaux nous emmènera à Saint-Emilion au château Troplong Mondot, où l’œnologue Thomas Duclos a demandé aux équipe du château de commencer à vendanger dès la fin août les rouges et notamment les merlots.

« Pourquoi, tout simplement tout le monde a vécu un millésime plutôt sec, avec de fortes montées en températures… On a la chance d’avoir à Troplong Mondot un terroir qui réagit plutôt bien à ces conditions, car il y a ici de l’argile et du calcaire sur une partie… Les argiles ont cette capacité à garder l’eau et à restituer l’eau, petit à petit, et donc le vignoble a fonctionné de façon normale malgré le manque de pluie et gros coups de chaud… »

Thomas Duclos, oenologue goûtant les merlots de Troplong Mondot et donnant le coup d’envoi des vendanges © JPS

La recherche de l’équilibre c’est important dans les vins et même avec des vins qui vont monter en degrés d’alcool, comme on peut le voir sur le vignoble californien, peut-on avoir des vins qui restent digestes, buvables ? « Complètement le but dans cette quête est d’avoir le vin qui va avoir le goût de l’endroit, la notion d’équilibre où on va contrebalancer de l’alcool par une aromatique fraîche et de l’acidité. L’aromatique est très importante, il ne faut pas cramler le fruit, ce qui vous amène dans la confiture et amène votre cerveau dans des choses lourdes »

L’occasion d’évoquer le goûts des fumées, après le colloque organisé par les œnologues de France. Pour lui, il n’y aura aucune répercussion sur les vins.

Enfin nous nous retrouverons avec Aymeric de Gironde, le directeur, dans le tout nouveau cuvier de Trolong Mondot pour goûter avec son oenlogue les premiers jus de ce millésime 2022, très prometteurs. « ce chai nous l’avons attendu durant 4 ans, 4 années de réflexion, de discussions et de petites baguarres interne. Mais ça y est il est en service depuis le millésime 2021, donc c’est notre 2e millésime à l’intérieur de ce chai… »

Et avec la palette des terroirs de Troplong, cela nous permet d’avoir toutes les identités, toutes les couleurs pour faire le tableau le plus complexe possible et le plus unique aussi dans l’idée de ce qu’est Troplong Mondot »

Côté Châteaux n° 34, un magazine de 26 minutes, réalisé par Jean-Pierre Stahl et Alexandre Berne à voir mercredi 21 septembre à 20h20 sur France 3 NOA et ici sur You Tube