21 Août

Pour le vin français, une course contre la montre pour s’adapter au changement climatique

« Le temps presse! » Face au changement climatique qui se confirme d’année en année, les viticulteurs français veulent passer à l’action pour adapter leurs vignes et leurs pratiques à la nouvelle donne.

« Nous sommes à un moment charnière. Le changement climatique est là, on le voit, on le subit », déclare à l’AFP Jérôme Despey, secrétaire général de la FNSEA, le syndicat agricole majoritaire.

L’avancée de la date des vendanges en est le premier signe: « un mois en 50 ans », selon Christophe Riou, directeur adjoint de l’Institut français de la vigne et du vin (IFV). S’y ajoute la tendance au bourgeonnement précoce de la vigne la rendant plus vulnérable au gel tardif comme cela a été le cas en avril. Mais aussi les chaleurs estivales intenses qui brûlent les feuilles dans le sud, les épisodes de sécheresse…

Après un travail de réflexion mené depuis 2017, la filière viti-vinicole remettra fin août au ministre de l’Agriculture Julien Denormandie un rapport proposant « 7 orientations et 40 actions », indique Jérôme Despey, viticulteur de l’Hérault (sud), sans les dévoiler.

« C’est maintenant qu’il faut vraiment apporter des orientations nouvelles dans les pratiques agricoles et viticoles », martèle-t-il alors que les experts de l’ONU sur le climat (Giec) prévoient un réchauffement de la planète plus rapide que prévu.

L’enjeu économique est de taille. La France est le deuxième producteur de vin au monde (46,6 millions d’hectolitres en 2020) juste derrière l’Italie. Et le premier exportateur en valeur avec 8,7 milliards d’euros de ventes en 2020, selon l’Office international de la vigne et du vin.

LE CHOIX DE L’INNOVATION

Pour évoluer, la filière peut s’appuyer sur les travaux de l’institut de recherche Inrae qui pilote depuis près de dix ans (2012-2021) un programme baptisé « Laccave », sur l’adaptation du vignoble au climat de demain.

Quatre scénarios possibles ont été soumis aux professionnels: ne pas faire grand chose, innover pour rester sur les territoires actuels, relocaliser les vignes
dans des endroits plus frais, ou encore tout déréguler.

Nous nous sommes positionnés sur le scénario où l’innovation permettrait de conserver la valeur de la filière viti-vinicole française », Jérôme Despey, président du conseil spécialisé Vin de l’organisme France Agrimer.

Pour la recherche, l’enjeu « est de jouer sur du matériel végétal adapté et notamment plus tardif pour permettre de revenir à des dates de vendanges plus normales et d’avoir des vins plus équilibrés », souligne Christophe Riou. Car le réchauffement climatique donne des vins plus lourds, plus riches en alcool et moins subtils.

Dans son laboratoire bordelais, Nathalie Ollat, ingénieure de recherche de l’Inrae et copilote du projet Laccave, étudie une cinquantaine de cépages non plantés qui pourraient regagner en intérêt en permettant aux vins de Bordeaux de garder leur profil. Ils proviennent de la région mais aussi d’autres vignobles français et de pays du sud et sud-est de l’Europe, explique-t-elle.

Des expérimentations sont en cours. L’Inao (Institut national de l’origine et de la qualité) a ainsi autorisé les AOC (Appellations d’origine contrôlée) Bordeaux et Bordeaux supérieur à tester six nouveaux cépages, dans des proportions limitées.

MODIFIER LES PRATIQUES

Dans le Languedoc, ce sont des cépages grecs et italiens qui sont expérimentés car plus tardifs et résistants à la sécheresse que les cépages locaux, souligne Jean-Marc Touzard, directeur de l’unité Innovation et développement dans l’agriculture
et l’alimentation à l’Inrae.

La création de nouveaux cépages plus résistants à la sécheresse est aussi en cours mais cela nécessite du temps, une quinzaine d’années, pour obtenir un résultat, dans la mesure où il faut procéder par croisements successifs.

Autre levier d’adaptation possible, le choix des porte-greffe (plante sur laquelle on vient greffer le cépage) qui peuvent permettre un enracinement plus en profondeur et une meilleure captation de l’eau, note Nathalie Ollat.

L’accès à l’eau constitue un autre enjeu majeur pour la survie du vignoble en cas de températures élevées. « Sans eau, demain on ne fera rien », assène Bernard Angelras, viticulteur dans les Costières de Nîmes et président de l’IFV.

Sans attendre, les viticulteurs peuvent déjà commencer à modifier leurs pratiques:gestion des sols, de l’enherbement, de la taille, replantation d’arbres. Et analyser finement leur terroir pour rechercher les zones plus fraîches.

AFP

13 Août

Eric Chadourne, nouveau président de l’Interprofession des Vins de Bergerac Duras

Eric Chadourne, actuel président de la Fédération des Vins de Bergerac Duras a été élu président de l’IVBD, lors de l’assemblée générale du 29 juillet dernier. 

Eric Chadourne, nouveau président de © l’IVBD

La règle de l’alternance a été respectée, Eric Chadourne est devenu le 29 juillet dernier le nouveau président de l’interprofessiondes Vins de Bergerac Duras, élu lors de l’assemblée générale. Jusqu’ici il occupait les fonctions de président de la FVBD (Fédération des Vins de Bergerac Duras).

Il compte continuer les missions de communication, de valorisation et de porter haut les couleurs du Périgord et des vins de Bergerac et de Duras. Il va aussi continuer à veiller à la bonne transmission des entreprises viticoles et à aller plus loin en matière d’environnement.

Il va par ailleurs travailler au rapprochement entre la Fédération des Vins deBergerac Duras avec l’IVBD, le tout avec une équipe plus jeune et avec davantage de femmes…

09 Août

Cédric Coubris rempile pour un 6e mandat à la tête des Vignerons Indépendants de la Gironde

Cédric Coubris a été élu une fois de plus élu Président de la Fédération des Vignerons Indépendants de la Gironde. Un 6e mandat pour le propriétaire du château de la Mouline à Moulis en Médoc. Un mandat où il va encore falloir gérer la crise sanitaire avec les salons qui devraient reprendre et un redémarrage des marchés en France et à l’export.

Cédric Coubris, le Président des Vignerons Indépendants de Gironde dans son chai du château La Mouline à Moulis © JPS

Mieux qu’Alain Rousset, Cédric Coubris. Alors que le Président de Région est reparti fin juin pour un 5e mandat, Cédric Coubris lui  a été réélu pour un 6e. A ceci près, c’est que le mandat de Cédric Coubris n’est que d’un an contre 6 ans pour le Président de Région de Nouvelle-Aquitaine, et reconnaissons qu’il reste encore de la marge à Cédric Coubris pour rejoindre aussi la longévité de Fidel Castro…47 ans

Non 48 ans, c’est l’âge de ce « jeune » Président, propriétaire du château la Mouline à Moulis, avec son frère célèbre avocat Jean-Christophe Coubris. Un château qu’il dirige depuis 1993.

Cédric Coubris va continuer à oeuvrer dans l’intérêt commun de cette Fédération de Gironde, qui depuis 1986, représente les 500 vignerons indépendants de Gironde, 2200 salariés et 750 000 hectolitres de production.

Cédric Coubris dans son vignoble en mars 2020 © JPS

Le but est de suivre et pérenniser les exploitations familiales, de représenter les vignerons indépendants dans toutes les instances et de les accompagner dans les difficultés rencontrées au quotidien. Cette année a été particulièrement marquée par le gel et le mildiou, des difficultés commerciales et notamment la problématique des salons des vignerons indépendants qui ont été mis entre parenthèses depuis plus d’un an à cause de la crise sanitaire.

Pour tous les amateurs et connaisseurs qui attendent le fameux salons de Bordeaux, il se tiendra si tout va bien et on l’espère au Parc des Expositions du 11 au 13 mars 2022.

Le Nouveau Bureau :

Président : Cédric Coubris (Moulis) Vice-Président : Régis Falxa (Salleboeuf); Vice-Présidente: Isabelle Bouchon (Génissac)  Secrétaire générale : Florence Rossignol Xans (St Sulpice de Faleyrens); Secrétaire générale adjointe Anne Sophie Pages (Mesterrieux) Trésorier : Alain Appollot (Saint-Emilion) Trésorier adjoint : Thibaut Bardet (Vignonnet).

Voir ou revoir le magazine de Côté Châteaux sur les Vignerons Indépendants avec le portrait de Cédric Coubris à 4’53 »

08 Août

Production viticole 2021 : un niveau historiquement bas prévu en France, à cause du gel et du mildiou

Selon le Ministère de l’Agriculture, la production française de vin sera en baisse de 24% à 30% en 2021, ce qui augure d’un niveau « historiquement bas ». A cause du gel printanier et des attaques estivales de mildiou.

Attaque de mildiou sur des cépages de merlot en Côtes de Bourg © JPS

On se souvient des faibles récolte en 1991 et en 2017, qui avaient été sévèrement touchées par le gel notamment. Eh bien 2021, pourrait être à un niveau jamais vu depuis 45 ans, en baisse de 24 à 30%, plus faible que 1991 et 2017…

9000 bougies au château Figeac © JPS

Les explications sont déjà dues au gel du mois d’avril qui a été particulièrement intense durant 15 jours sur les différentes régions viticoles, alors que la vigne avait précocement débourré du fait d’un hiver très doux, trop doux même, à cause du réchauffement climatique. Le Ministère de l’Agriculture avait déjà avancé qu’il s’agissait sans doute d’une des plus grandes catastrophes agronomiques du XXIe siècle, également pour les cultures arboricoles, et ce malgré la lutte intensive avec des éoliennes, bougies, hélicoptères pour réchauffer l’atmosphère, ou encore par de l’aspersion.

L’autre grande raison est liée au mildiou et à l’oïdium, maladies de la vigne, qui se sont propagées à une vitesse fulgurante à cause de la pluviométrie infernale des mois de mai, juin, et juillet. Du coup, Agreste estime que la production de vin en France devrait se situer entre 32,6 et 35,6 millions d’hectolitres, bref un rendement des plus faibles proche de celui de 1977 marqué par le gel sévère et des précipitations estivales…

07 Août

Disparition de Pierre Dubourdieu : « un personnage hors du commun, intuitif et intemporel »

Pierre Dubourdieu est décédé avant-hier midi alors qu’il allait avoir 98 ans le 27 août prochain. Propriétaire de Doisy-Daëne, ce travailleur acharné, intuitif, fan d’innovation a passé sa vie à rechercher l’excellence avec son fils Denis, lui-même disparu en 2016. Un vigneron et grand-père inoxydable que me raconte l’un de ses petit-fils, Jean-Jacques Dubourdieu. 

Pierre Dubourdieu en octobre 2017, entouré de ses petit-fils Jean-Jacques et Fabrice, lors d’un hommage vibrant à Denis Dubourdieu à l’ISVV © Jean-Pierre Stahl

Jean-Pierre Stahl: « bonjour Jean-Jacques, toutes mes condoléances, j’ai appris pour ton grand-père, qu’est que tu as envie de me dire pour un petit hommage »

Jean-Jacques Dubourdieu : « le pauvre, il nous a quitté avant-hier midi. Il allait avoir 98 ans dans 22 jours, le 27 août, il était né en 1923. Il était en pleine forme jusqu’à fin juin; il avait un suivi cardio qui faisait son chemin et cela s’est détérioré subitement en juin, il est devenu plus fragile et avec un peu moins le moral.Je me suis installé avec lui à Doisy, il y a deux semaines et demie, ensuite il y a eu cette descente hyper rapide… »

« C’est dur car depuis 5 ans, je me suis beaucoup occupé de lui, suite au décès de mon père. Il a eu à vivre cela, la perte de son fils unique en 2016 et de sa femme 6 mois plus tard. C’est pour moi un exemple, car il a surmonté tout cela, il a survécu à ces épreuves , en allant voir sa vigne, en continuant d’aller sur le Bassin et au restaurant. C’est un exemple de ténacité et de courage. Il aura vu naître son arrière petit-fils Augustin, il y a 5 mois et demi, il aura vu aussi la rénovation de Doisy Dubroca, qui jouxte Doisy. »

Il m’a toujours impressionné, il a donné un bel exemple à toujours aller de l’avant, ce malgré la perte de son fils et de sa femme à 93 ans, certains ne s’en remettent pas de ce genre de pertes… »

JPS : « Quels étaient ses traits de caractère et qu’a-t-il apporté à Doisy-Daëne ? »

C’était un énorme travailleur, une force de la nature, il a commencé à travailler à 17 ans, il travaillait comme un fou. C’était un intuitif qui aimait améliorer la copie, il a passé sa vie à améliorer les choses pour rendre le travail moins pénible »

Il est passé du cheval de trait au tracteur repéré par GPS et au drone…Il a aussi imaginé des effeuilleuses, des presses automatiques, il a développé tout cela, il a été à l’origine de la stabulation à froid, de manière empirique…où on refroidit les blancs, les moûts, avant fermentation et où on pouvait contrôler la turbidité.

« Il a aussi développé Doisy-Daëne, c’était une toute petite propriété en 1947 quand il l’a reprise, il en a fait un village en rachetant les maisons autour. Il avait un grand ami, Pierre Coste, négociant à Langon, avec qui il avait développé la distribution de ses vins partout.

Mon père est arrivé aussi avec sa carrière d’enseignant et de chercheur, ils ont fait un super duo de 1976 à 2016, c’était quand même une sacrée équipe »

« Ils ont développé ensemble Clos Floridène, certes propriété de mes parents, mais qu’il suivait, il était en permanence sur le terrain, il a d’ailleurs arrêté sa carrière à 81 ans. Il est une partie aussi de la réussite de mon père, il l’a aidé d’une certaine manière. »

JPS : « Un sacré personnage… »

Jean-Jacques Dubourdieu : « Il avait la réputation d’un caractère affirmé. Il n’aimait pas la médiocrité, l’à peu près, il n’aimait pas ni le mauvais vin, ni la mauvaise bouffe, c’était un hédoniste.

« Il était assez direct, parfois un peu trop, beaucoup de gens s’en souviennent, il ne mâchait pas ses mots, et même en famille, on entendait des trucs un peu rudes, c’était pour nous un moteur… »

« Quand j’étais plus jeune, il me disait, tu n’as rien sans rien, si tu veux que ce soit bien fait, il faut se battre, chaque détail compte, et dans le vin la liste de recette est longue, lui était très sensible à cela et il m’a formé comme cela. A 20 ans, je trouvais qu’il en faisait trop, mais aujourd’hui à 40 je trouve qu’on n’en fait beaucoup plus que ce qu’ils nous a dit de faire… J’ai appliqué cela ».

Mon grand père était inoxydable, il était sur son tracteur à un moment donné et l’heure d’après il était capable d’être en complet et de recevoir des gens du bout du monde. »

« Mon grand-père était aussi un fana d’innovations : il a eu la 1ère bagnole, le 1er téléphone portable, 1ère voiture électrique et 1er vélo électrique…Quand la LGV est arrivée en 2018, mon grand-père a voulu connaître ce TGV qui mettait Paris à 2 heures de Bordeaux à plus de 300 km/h, on a fait un aller-retour dans la journée pour déjeuner à la Tour d’Argent. »

« J’ai eu mon père et mon grand-père à mes côtés, c’est une chance. Un grand-père qui a donné sa vie à son village, à Barsac. Il a choisi de mourir dans sa maison, à Barsac, on l’a accompagné. Un jour et demi avant de mourir, il nous avait demandé si on avait vendu assez de vin. Jusqu’en dernier, c’était lui le patron. C’était quelqu’un hors du commun, de très intuitif et au final intemporel. »

06 Août

La 10e Nuit du Terroir, c’est samedi en Côtes de Bourg

C’est un événement attendu depuis longtemps. Il va se tenir selon le respect des règles et avec pass sanitaire samedi soir à Bourg en Gironde. Au programme de nombreux concerts, barbecue et dégustations des vins des Côtes de Bourg.

Au départ, cet événement est né de l’idée de copains, de jeunes viticulteurs, qui avaient envie d’animer l’été bourgeais chaque 1er samedi d’août…D’un petit événement, la Nuit de Terroir a grossi et est devenu un véritable événement festif, avec toutefois cette année une jauge limitée.

Rendez-vous donc au Parc de l’Esconge à partir de 17h ce samedi et jusqu’à 1h, pour une fête épicurienne qui a fait ses preuves et rassemblé 4000 personnes en 2019, personne en 2020 car les grands rassemblements étaient interdits, moins cette année bien sûr qu’en 2019 mais avec pass sanitaire.

Au programme, il y aura les Dätcha Mandala, en tête d’affiche, quelques autres groupes, comme Benjamin Bobenrieth Quartet (jazz manouche), Chelabôm, et aussi la banda l’Impériale de Bordeaux, bien connue de Côté Châteaux.

Pour en savoir plus : c’est ici

03 Août

Boire avec les Dieux, la fabuleuse exposition à déguster juqu’au 7 novembre à la Cité du Vin

A voir sans modération. Cette exposition Boire avec les Dieux est l’une des plus réussies des expositions temporaires de la Cité du Vin de Bordeaux. Près de 50 oeuvres de la civilisation greco-romaine faisant référence à Dionysos ou Bacchus sont à découvrir jusqu’au 7 novembre. Une exposition préparée par Jean-Yves Marin et Isabelle Tassignon, co-commissaires de l’exposition.

Boire avec les Dieux, l’expo temporaire à voir jusqu’au 29 août à la Cité du Vin © JPS

Si vous le l’avez pas vue. Je vous la conseille. Boire avec les Dieux, c’est l’exposition temporaire que vous pouvez découvrir seule ou bien en jumelant votre ticket d’entrée avec le parcours permanent de la Cité du Vin.

La libation, rituel de partage du vin avec les Dieux…Décrite par Homère dans l’Illiade dans la société aristocrate; rhyton conique avec rosettes venant de Grèce (Santorin) 1600 avant JC Musée d’Athènes © JPS

Cette expo explore l’Antiquité, retrace l’évolution du rôle du vin dans la civilisation greco-romaine et dévoile les liens étroits entre le vin, les Dieux et les hommes.

Des oeuvres magistrales sont à admirer : des céramiques, sculptures peintures, dont les plus anciennes remontant à plusieurs siècles avant Jésus Christ. Des oeuvres antiques, provenant de célèbres musées comme le Musée du Louvre à Paris ou encore le Musée National Archéologique d’Athènes, mais aussi du street art avec des créations monumentales que l’on doit à 3 artistes contemporains.

Heureusement pour vous, l’exposition a été prolongée, elle devait se terminer le 29 août et au final vous aurez jusqu’au 7 novembre pour pour la découvrir. Carpe Diem avec un peu de culture.

 

29 Juil

Mildiou à Bordeaux : pour certains, une année plus sévère qu’en 2018

Le mildiou n’en finit pas de faire parler de lui. Avec plus de 300 millimètres de pluies tombées ces 2 derniers mois, certains domaines, en bio, comme en conventionnel, ont longtemps combattu cette maladie, qui a fini par s’installer, plus ou moins. Certaines parcelles de merlot sont sérieusement touchées, d’autres moins, néanmoins cette pression de pluies et de mildiou a été des plus intenses sur ces 2 derniers mois.

Attaque de mildiou sur des cépages de merlot en Côtes de Bourg © JPS

2021, une année à mildiou,aussi violente voire pire que 2018, pour David Arnaud du château Tour des Graves à Teuillac. Il a vu ses parcelles de merlot (cépage plutôt sensible au mildiou) sévèrement attaquées…

On a le mildiou sur feuilles,  donc on voit bien les taches d’huile, qui sporulent, c’est un champignon, avec la pluie cela va tomber sur les grappes et infecter les grappes. On voit bien sur un pied comme cela, il y a 70 à 80% de pertes », David Arnaud du château Tour des Graves à Teuillac en Gironde.

A ce jour, ce vigneron compte 15 traitements à base de cuivre, des traitements qui ont souvent été lessivés par la pluie, avec plus de 300 millimètres d’eau tombés sur 2 mois. « On s’est battu tant qu’on a pu, on n’a pas de regret, on a fait ce qu’on a pu, mais la maladie a gagné. »

Côtes de Bourg, Blayais, tout le Bordelais dans son ensemble a été touché de l’ordre de 5 à 100 % (selon le CIVB), selon les parcelles et propriétés (les chiffres seront officialisés avec les compte-rendus de récolte à la fin de l’année). Au château Peyreyre à Saint-Martin-Lacaussade en Blaye Côtes de Bordeaux, l’oenologue Jean-Luc Buetas n’en revient toujours pas:

Moi, dans ma carrière, c’est la 1ère fois que je vois une année aussi pluvieuse sur la période végétative ! C’est une très grande inquiétude, on peut estimer 20 à 30 % de perte, on a la pression de la pluie et du mauvais temps qui est constante, ce qui nous amène à une inquiétude forte… », Jean-Luc Buetas du château Peyreyre

2021, une année de gel, de coulure et de mildiou, qui laisse présager aussi une perte de 30% de récolte pour le château Tour des Graves… « Si on n’a pas de vin, on ne rentre pas d’argent, derrière cela demande de la trésorerie qu’on va chercher à la banque, de l’endettement…et il y a aussi la problématique des marchés… », commente David Arnaud.

Un contexte économique très difficile pour ces vignerons en proie également depuis un an et demi à la crise du coronavirus.

« Tout notre commerce est basé sur les restaurants, clientèle particulière et restaurants qui étaient fermés, donc ca devient extrêmement difficile; si le mildiou en rajoute une couche cela devient très très dur »,commente encore Jean-Luc Buetas.

La bonne nouvelle, c’est que le raisin commence sa véraison, ce passage de la baie de vert à rouge, va bloquer le mildiou. On devrait malgré tout avoir une récolte suffisante à Bordeaux.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Margot Michele et Corinne Berge:

27 Juil

Le Conseil d’Etat renforce les règles d’épandage de pesticides

Le Conseil d’Etat, dans une décision rendue lundi, demande au gouvernement de renforcer sous six mois la réglementation encadrant l’épandage des pesticides « pour mieux protéger la population ». Les réactions des collectifs et associations anti-pesticides, de vignerons et présidents de syndicats viticoles et agricoles.

Pulvérisation de produits phyto-sanitaires dans des vignes du Médoc – image d’illustration  © Jean-Pierre Stahl

Après plusieurs mois de polémiques, le gouvernement avait fixé en décembre 2019, les distances minimales à respecter entre les zones d’épandage de produits phytosanitaires et les habitations: cinq mètres pour les cultures dites basses comme les légumes et céréales, et dix mètres pour les cultures hautes, fruitiers ou vignes.

Le décret prévoyait également des dérogations ramenant ces distances à trois mètres pour les cultures hautes et cinq pour les basses, dans le cadre de « chartes d’engagement départementales » proposées par les utilisateurs de produits phytosanitaires et validées par les préfets après avoir été soumises à concertation publique.

« Ces distances minimales et les conditions d’élaboration des chartes ont été contestées devant le Conseil d’État par des associations, communes et agriculteurs bio qui les jugeaient insuffisamment protectrices, et par des agriculteurs et une chambre d’agriculture qui les considéraient excessives », rappelle le Conseil d’Etat dans un communiqué.

Le Conseil d’Etat indique que l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) « recommande une distance minimale de 10 mètres entre les habitations et les zones d’épandage de tout produit classé cancérogène, mutagène ou toxique, sans distinguer si leurs effets sont avérés, présumés ou seulement suspectés ».

Par conséquent, la plus haute juridiction administrative française juge que « les distances minimales d’épandage des produits dont la toxicité n’est que suspectée, qui ont été fixées à cinq mètres pour les cultures basses comme les légumes ou les céréales, sont insuffisantes ».

Il demande aussi au gouvernement de « prévoir des mesures de protection pour les personnes travaillant à proximité d’une zone d’utilisation de pesticides, ce que la règlementation en vigueur ne fait pas ». Il estime que « les chartes d’engagements d’utilisation doivent prévoir l’information des résidents et des personnes présentes à proximité des zones d’épandage en amont de l’utilisation des pesticides ».

Le Conseil d’Etat donne six mois au gouvernement pour revoir sa copie. Il annule par ailleurs les conditions d’élaboration des chartes et leur approbation par le préfet « car celles-ci ne pouvaient être définies par un décret, mais uniquement par la loi » conformément à une décision du Conseil constitutionnel rendue en mars

AFP

LES COMMENTAIRES COLLECTES CE JOUR PAR COTE CHATEAUX ET FRANCE 3 AQUITAINE (Marie-Neuville- Karim Jbali)

  • Marylis Bibeyran du Collectif Info Médoc Pesticides : « Pour ma part, c’est surtout le volet des travailleurs des vignes qui m’intéresse: c’est une sacrée avancée car jusqu’ici il n’y a rien a part le bon sens qui interdisait les pulvérisations de pesticides à côté de salariés qui travaillaient à côté…

Ils devront aussi au niveau des habitations être informés des traitements: c’est quelque chose qu’on demandait depuis longtemps… On nous disait que c’était impossible à mettre en place, les responsables de propriétés ont souvent du mal à communiquer entre eux, là désormais avec cette obligation d’informer, on va pouvoir espérer que ce soit mis en place…

C’est une bonne chose que les 2 textes de 2019 soient invalidés…Puetêtre qu’on va enfin remettre tout à plat et revoir ces pulvérisations à proximité. En soi, c’ets une très bon décision, qui maintenant doit être appliquée.. »

  • Samuel Eynard, président de la FDSEA Gironde et vigneron en Côtes de Bourg : « Il va surtout falloir que le gouvernement s’y penche, c’est une claque de plus pour tous ceux qui sont dans les ministères… Si des produits sont reconnus comme extrêmement dangereux, eh bien que l’Anses les interdise… Car pour l’heure, ils sont autorisés, alors s’ils sont dangereux à ce point-là ils devraient être interdits. »

« On va compliquer de plus en plus la vie des viticulteurs français et faire disparaître des lieux de production. C’est de la perte alimentaire, qui va au-delà du vin. Il faut que les ministères fassent une fois pour toutes les choses comme il faut et qu’on ne revienne pas 25 fois sur un texte, produit à la va-vite entre Noël et Nouvel An. Vu ce que pèse les familles de viticulteurs et d’agriculteurs 400 000 familles, c’est quantité négligeable …?! Après, bon on s’adaptera… » 

  • Sophie Nony : le Conseil d’Etat répond à 10 requérant et il répond que oui l’arrêté de 2019 n’est pas assez protecteur, notamment il prévoyait une distance entre les habitations et les épandages de 20 mètres pour les produits les plus dangereux et 10 mètres pour les autres qui pouvaient encore être réduits par les chartes départementales…Et le Conseil d’Etat dit non, les produits qui sont suspectés d’être les plus dangereux cancérigènes soient concernés par une distance incompressible…et il ajoute qu’il faut qu’il y ait une information des riverains avant les épandages. Dans les chartes, il est prévu l’envoi de sms, mais on a vu que l’envoi de sms par les agriculteurs la veille de l’épandage était facultatif et étaient de plus en plus rare, nous dans la région on en a plus du tout… »
  • Valérie Murat d’Alerte aux Toxiques : « le Conseil d’Etat dit que nos organisations ont raison et il dit que désormais les pesticides pulvérisés sur les parcelles ne doivent plus sortir de ces parcelles. La grande nouveauté, c’est pour les ouvriers agricoles et de la viticulture, qui ne seront plus obligés de travailler à côté de parcelles qui sont pulvérisées... Dorénavant les agriculteurs qui persisteront à utiliser des pesticides et qui les pulvériseront devront non seulement prévenir les riverains, c’est la première victoire, et la seconde grande victoire pour les ouvriers agricoles et les invisibles, c’est qu’ils devront aussi être prévenus et ne plus subir ces pulvérisations qui ont lieu à côté des parcelles sur lesquelles ils travaillent; la troisième victoire, c’est que tous les produits classés en catégorie 2 c’est à dire les cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques suspectés seront sous le coup d’une obligation de respecter 20 mètres incompressibles lors de chaque pulvérisations, et ça ce ne sont pas nos organisations qui le disent mais le Conseil d’Etat, qui a donné raison à nos organisations, et qui le dit et exige que le gouvernement prenne sous 6 mois des mesures pour appliquer ces nouvelles données. »
  • Nicolas Carreau, président de Blaye Côtes de Bordeaux : « c’est une obligation de plus très certainement, c’est sûr que dans un moment où la viticulture vit une période très difficile c’est quelques chose de pas très agréable, les viticulteurs y feront face comme ils ont toujours fait, quand la décisions de mettre des distance entre les zones de traitement et les habitations, cela s’est fait il y a un an et demi, les viticulteurs s’y sont pliés, ont investi dans du matériel également pour pouvoir respecter les chartes départementales, ce que j’espère c’est que ces investissements ne vont pas être inutiles, ça c’est certain, parce que les finances des exploitations sont actuellement très compliquées…La problématique des viticulteurs à l’heure actuelle c’est plutôt de payer leurs salariés voire de se payer eux-mêmes, mais bon on s’y pliera. La campagne de traitement 2021 s’est bien passée, je n’ai pas eu de retour entre les riverains et les vitis de l’appellation Blaye Côtes de Bordeaux. Je n’ai rien contre le Conseil d’Etat, mais laissons faire les gens, instaurons le dialogue et ça peut bien se passer aussi… »

24 Juil

Dans l’estuaire de la Gironde, Cordouan, le « roi des phares », sacré par l’Unesco

Surnommé le « roi des phares » pour son histoire et sa prestance, Cordouan, sentinelle maritime battue par le vent et la houle depuis 400 ans, entre océan Atlantique et estuaire de la Gironde, est entré samedi au patrimoine mondial de l’humanité de l’Unesco. Voici donc un nouvel emblème qui outre le vignoble de Bordeaux va attirer encore davantage de touristes du monde entier…

Le roi des phares : Cordouan © France 3 Aquitaine

Dernier phare de mer habité en France et deuxième phare inscrit par l’Unesco après celui de La Corogne, en Espagne, l’imposante tour tronconique de pierre claire balise l’entrée du plus grand estuaire d’Europe, aux courants capricieux et rochers piégeux, à sept kilomètres du Verdon-sur-Mer (Gironde) et dix de Royan (Charente-Maritime).

Les ministres de la Culture Roselyne Bachelot et de la Mer Annick Girardin se sont félicitées de cette décision. C’est « une victoire pour le patrimoine maritime français mais qui implique une grande responsabilité, celle de continuer à préserver ce site exceptionnel pour les générations futures », a salué Mme Girardin dans un communiqué.

Bâti sur un plateau qui se dévoile à marée basse dans des reflets verts et bleus, tranchant avec le jaune des bancs de sable, et ceint d’un épais mur de pierres qui le protège des assauts de l’eau à marée haute, tel un bouclier, Cordouan ne se dévoile au public qu’à la belle saison et seulement si la mer le veut bien.

« Superbe », « classieux », « bluffant »... C’est peu de dire que le phare, entré à l’inventaire des Monuments historiques dès 1862, comme Notre-Dame de Paris, fait impression. Des visiteurs s’étonnent que l’Unesco n’ait pas reconnu plus tôt sa « valeur universelle exceptionnelle ».

« Son aspect, son architecture, son état de conservation, son histoire, l’accès compliqué… C’est un château ! », remarque Jacques, retraité de 69 ans et « fan de phare » venu de Nantes. « En plus, c’est un phare riant, avec sa couleur moins austère que celle du granit de Bretagne ».

« Cordouan, c’était la première chose à faire sur ma liste de jeune retraitée. Cette richesse, ces sculptures… Je ne le voyais pas aussi grand à l’intérieur », glisse Martine, une Girondine de 61 ans.

Débarqués du bateau à marée basse, les visiteurs (environ 24.000 par an hors crise sanitaire) sont instruits de la riche histoire et la valeur patrimoniale du lieu par des gardiens qui vivent dans ce bâtiment propriété de l’Etat mais géré par le Syndicat mixte pour le développement durable de l’estuaire de la Gironde (Smiddest).

Voulu par Henri III pour remplacer une vieille tour à feu anglaise, construit sous Henri IV et rehaussé sous Louis XVI, le phare est inauguré en 1611 comme un bâtiment « à la mesure du pouvoir royal » dans un pays sortant à peine des guerres de religion, expliquent-ils.

Une fois franchi le portique à colonnes qui marque l’entrée de cette tour de 67 mètres, avec ses pierres ouvragées et ses mascarons, figures humaines de style grotesque, il y a 301 marches à gravir pour passer de la mer au ciel.

Il faut traverser l' »appartement du Roi » – où jamais roi n’a mis les pieds -, puis une chapelle à vitraux et au sol de marbre – où quelques visiteurs allument des cierges -, et emprunter un escalier hélicoïdal de pierres, comme suspendu, pour rejoindre la coursive extérieure, juste sous la lanterne.

De là-haut, un panorama à 360 degrés, de Soulac-sur-Mer à La Palmyre, s’offre au visiteur dont l’oeil aiguisé peut distinguer la forme de proue de navire de l’église en béton brut de Royan.

C’est à Cordouan, expliquent les gardiens, que le scientifique Augustin Fresnel a expérimenté sa fameuse lentille en 1823. Depuis, ce dispositif de plaques de verre, qui permet « d’aplatir le faisceau lumineux pour l’intensifier », équipe tous les phares du monde. Ici, une simple ampoule de 250 watts porte le signal lumineux à 39 km.

Venu à la force des bras, en kayak de mer, Christophe Bonnin – visiteur régulier de l’édifice – se félicite des toutes dernières campagnes de travaux effectuées pour la candidature Unesco: « Le phare est vraiment tout beau, tout propre ». Renforcement du chemin d’accès, reprise de pierres rongées par le sel, restauration de la chapelle… Maçons, cordistes, sculpteurs et tailleurs de pierres se sont succédé l’hiver, depuis 2019, pour un coût de 2 millions d’euros supporté par l’Etat et les collectivités territoriales.

En quittant Cordouan, visiblement à regret, un homme lance aux gardiens: « Vous avez une très belle résidence secondaire! ». Une habitude pour eux: « Il y en a toujours un qui demande à rester à notre place ».

AFP

 Regardez le reportage de Marie-Eve Constans et Iban Carpentier : 

RSS