C’est une crise sans précédent à Bordeaux, une crise qui touche la consommation de vin et la commercialisation de rouge surtout en berne. Côté Châteaux consacre un magazine de 30 minutes avec des réactions de petits vignerons en difficulté, le collectif viti 33 qui a relancé ses manifestations. Un joli tour d’horizon du plus grand vignoble de France qui a arraché plus de 10% de sa superficie pour diminuer sa production, vous verrez des entretiens avec les syndicats en charge de ces dossiers et l’interprofession, mais aussi avec les courtiers qui accompagnent ces viticulteurs. Ces petits vignerons font aussi preuve d’imagination avec de l’oenotourisme à la propriété pour s’en sortir. Un magazine réalisé par Jean-Pierre Stahl et Vincent Rivière.
Pour ce Côté Châteaux n° 54, nous avons décidé de nous attarder sur la crise viticole. Une crise profonde qui touche Bordeaux, d’autres régions viticoles de France et dans le monde. Une crise qui s’est traduit dès le 14 novembre par une reprise des manifestations de viticulteurs : voir le magazine ici https://www.france.tv/france-3/nouvelle-aquitaine/cote-chateaux/6683150-bordeaux-la-crise-viticole.html
Pour démarrer ce magazine, vous découvrirez justement le portrait de Damien Labiche, vigneron du château Tour Birol, et figure également des manifestations de l’hiver dernier. Nous l’avons rencontré au moment des vendanges de ses rouges en Côtes de Bourg et avons échangé sur ses difficultés avec la baisse de consommation et de production avec un mildiou très prégnant cette année.
Côté Châteaux va vous faire partager le désarroi de ces vignerons qui ne comptent pas leurs heures tout au long de l’année pour produire. A l’instar d’Amandine Noriega du Domaine du Berneuilh à Arbis Porte-de-Benauge, cette vigneronne a fait un burn-out en septembre dernier durant les vendanges, elle était au bord de l’épuisement et s’est retrouvée aux urgences durant un week-end. Elle travaille 80 heures par semaine, en ne réussissant pas à se dégager un salaire, avec la baisse des ventes de vin. Dans ce contexte de crise, elle a abandonné ses fermages et réduit son domaine de 90 à 40 hectares, arrachant 6 hectares de vigne par ailleurs ; elle continue à se réinventer en faisant de l’accueil à la propriété avec des camping-cars et une tiny-house pour vendre des séjours et ses vins en les faisant déguster sur sa propriété.
Face à ces situations qui se multiplient dans le Bordelais, le collectif viti 33 a décidé de manifester ce 14 novembre à Planète Bordeaux, le siège du syndicat viticole des Bordeaux et Bordeaux Supérieur. Vous entendrez de nombreux vignerons en grande difficulté ainsi que Didier Cousiney et Bastien Mercier du collectif viti 33 ; l’objectif est de demander aux instances nationales et locales une véritable prise de conscience et un soutien encore plus important, alors que de nombreux vignerons entament des procédures de redressements judiciaires et que quelques-uns ont connu des liquidations judiciaires.
Sur site, Bernard Farges vice-président du CIVB reviendra sur les 3 campagnes d’arrachage qui ont conduit à plus de 10 000 hectares déjà arrachés dans le Bordelais , soit plus de 10% du vignoble, entre les arrachages primés pour renaturation, pour diversification et aussi des arrachages individuels sans aide. Prochaine campagne en 2025 pour toute la France avec une dotation de 120 millions d’euros ( 4000 euros par hectare).
Stéphane Gabard, président des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, dit comprendre cette manifestation et s’associe à la détresse de ces vignerons (lui-même connaît des problèmes de commercialisation) ; avec ses collègues représentants viticoles, il va porter au niveau du gouvernement la volonté de garantir pour les vignerons un prix décent de vente de leurs vins avec une nouvelle loi Egalim.
Sur les quais de Bordeaux, nous sommes allés à la rencontre de ces courtiers comme Charles Ripert et Thimothée Bouffard qui sont ces courtiers de campagne qui accompagnent au mieux les petits vignerons pour vendre leur vins ; souvent il n’y a plus de débouchés pour ces petits vins qui étaient vendus au négoce et en grande distribution (45% de baisse des ventes en GD depuis 10 ans pour les rouges).
D’autres acteurs de la filière sont aussi touchés comme les verriers et les tonneliers. Nous avons fait un focus sur deux entreprises, les tonnelleries Sylvain et Demptos en Gironde qui enregistrent aussi des baisses de commandes conjoncturelles sur le millésime 2024 qui sera très faible en volume, avec aussi les incidents climatiques et le mildiou qui a été très important sur la récolte 2024.
Allan Sichel, président du CIVB, évoque également la campagne d’arrachage qui se poursuit, les volumes qui de production qui cette année seront plus faibles que ceux de commercialisation dans l’ensemble, ainsi que les perspectives sur les grands marchés à l’export en Chine et aux Etats-Unis avec une crainte de nouvelle taxation des vins de Bordeaux avec le retour de Donald Trump au pouvoir.
Et pour terminer ce Côté Châteaux nous avons décidé de vous dévoiler les époux Cardoso à Belvès-de-Castillon ; Florence et Paul Cardoso ont vécu le terrible épisode de grêle en 2013, ainsi que plusieurs aléas climatiques en 10 ans, sans compter une baisse de commercialisation de leurs vins avec le négoce. Pour autant, ils n’ont pas baissé les bras et ont lancé un grand projet oenotouristique « le Coteau des Sens » sur leur domaine : ils ont construit une grande salle de dégustation avec un superbe roof top, 3 chambres d’hôtes, piscine et jacuzzi en plein cœur des vignes. Une initiative qui recueille un bel engouement du public et des camping-caristes. Un projet qui leur permet de voir un avenir un peu plus serein. »