18 Oct

Municipales à Besançon : à quoi jouent LREM et Alexandra Cordier ?

Alexandra Cordier le 21 avril 2018 (©f3fc)

La situation est confuse à Besançon du côté de La République En Marche et c’est… un euphémisme ! Eric Alauzet, député LREM, a été investi. Il a été préféré à Alexandra Cordier, référente LREM pour le Doubs, qui postulait également et qui refuse depuis de nombreux mois la décision de son parti. De plus, la chargée de communication du maire Jean-Louis Fousseret, dont elle est proche, ne semble pas vouloir jeter l’éponge. La dernière « conciliation » n’a rien donné et tous les deux sont d’accord sur un seul point : c’est la rupture. Etat des lieux….

Un peu de chronologie

La Commission Nationale d’Investiture a choisi Eric Alauzet pour défendre les couleurs de LREM en mars prochain et ce, à l’unanimité. Député inscrit au groupe LREM, ancien conseiller départemental, il siège également au conseil municipal.

Ensuite, au bureau exécutif, sa candidature a été également retenue (par 11 voix contre 8 à Alexandra Cordier) mais elle a suscité un débat acharné. Notamment parce que LREM ne présente pas suffisamment de femmes pour ce scrutin. Thèse défendue, entre autres, par Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat à l’égalité femmes-hommes. Pour Alexandra Cordier, cette raison n’était pas la seule. Elle soutient qu’elle est l’une des premiers référents historiquement parlant et que cette caractéristique lui donne une certaine légitimité. De plus, selon elle, elle a une équipe et un projet à défendre.

Elle ne veut pas se retirer ou accepter les propositions d’Eric Alauzet.

La rupture

Alexandra Cordier et Eric Alauzet se sont vus vendredi dernier, avec un représentant national venu jouer l’apaisement.

Elle souhaitait la deuxième place sur la liste et le poste de 1ère adjointe. Eric Alauzet voulait bien lui accorder la deuxième place et n’importe quel poste d’adjoint. Mais pas la fonction de première adjointe selon lui « qui nécessite une grande proximité avec le maire»…

Cette rencontre a abouti à une « rupture », mot corroboré par les deux protagonistes. Pour une fois, ils sont d’accord !

La position d’Alexandra Cordier

Jointe par téléphone le mardi 15 octobre, elle a éclairci sa position.

Qui la soutient ? Elle refuse de répondre. Combien de troupes derrière elle ? Là aussi, refus de donner des précisions. Pour « des raisons de confidentialité ». Elle ne souhaite donner ni noms, ni le nombre de divisions dont elle dispose mais elle répète : « je ne suis pas toute seule ».

Elle avance qu’elle a constitué « un noyau dur pendant la campagne des Européennes notamment avec Agir, le Parti Radical, l’UDI et le MoDem, sans oublier d’anciens PS ».

Elle déplore que « Eric Alauzet n’ait pas cette ouverture. »

Ces partenaires cités plus haut annoncent-ils un glissement vers la droite, un positionnement de sa part plus «  centriste, centre droit-droite » ? « Face au bloc de gauche, gagner sera très difficile. Jean-Louis Fousseret a déjà ouvert sa majorité, comme en accueillant Nicole Weinman en 2008. Si Ludovic veut ouvrir, je suis d’accord. » dit-elle au téléphone.

« Ludovic », c’est Ludovic Fagaut, vous l’aurez compris. Même son de cloche justement du côté de la tête de liste des Républicains. Mercredi 16 octobre sur France Bleu Besançon, il a déclaré « laisser sa porte ouverte » à Alexandra Cordier. Tiens, tiens, des rumeurs en provenance de Paris seraient-elles fondées ? Mais pas du tout !

Jeudi 17 octobre, nouvelle attitude : cette fois-ci, sur Macommune.Info, Alexandra Cordier dit non à une alliance avec Ludovic Fagaut. Une erreur d’interprétation de notre part ? Jointe par téléphone, cet après-midi, jeudi 17 octobre, elle confirme la rectification : elle est au stade de la réflexion. Pas question de rejoindre Ludovic Fagaut.

« Tout cela est monté en épingle ! » ajoute-t-elle… Oh, franchement, ces journalistes…

J’ai sûrement mal compris. Pourtant, elle aurait été tellement belle l’image d’un meeting de soutien à la liste Ludovic Fagaut – Alexandra Cordier avec, au premier rang, côte à côte, leurs mentors respectifs, Jacques Grosperrin, sénateur LR, et conseiller municipal d’opposition et Jean-Louis Fousseret, maire LREM, cette image nous ne l’aurons peut-être jamais.

La position d’Eric Alauzet

Investi officiellement depuis 10 juillet, la campagne de l’ex-Vert est polluée par cette dissidence annoncée et non encore aboutie. Une perte d’énergie dans cette campagne ? « On y a passé trop de temps. » concède-t-il…

Il affirme avoir de très nombreux soutiens, « bien supérieurs à ceux d’Alexandra Cordier ». Il annonce que 22 de groupes de travail se réunissent depuis plusieurs mois, soit plus de 130 personnes. Dont des personnalités qui sont apparues à ses côtés lors d’événements publics. Pour le fond, il met en avant une forme de démocratie qu’il souhaite mettre en œuvre, plus délibérative et contributive. Il veut même « lancer des référendums dont le résultat sera appliqué ».

Il promet la présentation de son programme pour d’ici la fin octobre avec des « propositions disruptives ».

En attendant, le temps joue contre lui.

Et maintenant ?

Une rumeur de suspension, voire d’exclusion de LREM contre Alexandra Cordier a couru. Des précédents existent et pas loin…

Christophe Perny, ancien président du conseil départemental du Jura, a été exclu de LREM alors qu’il était référent pour la ville de Lons-le-Saunier : il a maintenu sa candidature alors que son parti avait désigné un autre candidat, le premier adjoint du maire de droite Jacques Pélissard

Alors, deux poids, deux mesures ?

Stanislas Guérini, délégué général de la République en Marche, le grand manitou pour ces élections municipales, viendra le samedi 9 novembre à Besançon – officiellement – dans le cadre de son tour de France des villes LREM qui « font des choses bien pour le développement durable ». Officieusement, il passera plus de temps à  tenter de recoller les morceaux entre le candidat LREM et sa possible dissidente.

Mais n’est-il déjà pas trop tard pour le candidat LREM investi depuis 3 mois ?

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L’interview de Jean-Louis Fousseret

Joint par téléphone le jeudi 17 octobre en début d’après-midi, voici ce que dit le maire ex-PS de Besançon, Jean-Louis Fousseret, de cette campagne et de son rôle.

« Elle n’est pas seule. » C’est le premier point sur lequel il insiste à peine le téléphone décroché. Qui ? Combien de divisions ? Sa réponse : « Et Eric ? Nous, on a déjà rencontré 200, 250 personnes… »

Puis le programme, de 120 propositions, présenté à la Commission Nationale d’Investiture, était « un programme à amender, à étoffer ».

« Il faut rassembler, du centre droit au centre gauche, comme je l’ai toujours fait. J’ai accueilli Nicole Weinman, de droite, en 2008. C’est comme ça qu’on peut gagner. »

Selon lui, Eric Alauzet n’a pas entendu la volonté de rassembler. Ce verbe revient à plusieurs reprises : rassembler. Il entend dire que c’est lui, Jean-Louis Fousseret « le noeud du problème mais, à sa place, j’aurais discuté, fusionné les listes. » Mais il répète qu’il n’est pas candidat… sauf peut-être dernier de liste mais ce n’est pas à l’ordre du jour. Non, il ne tire pas les ficelles : « Alexandra n’a pas besoin qu’on lui dise ce qu’elle doit faire. Elle a suffisamment de caractère. »

A-t-il fait pression sur le bureau politique pour défendre Alexandra Cordier ? « Je n’ai pas fait pression. On a beaucoup travaillé ensemble. J’ai seulement dit que c’était un bon programme, avec 120 propositions, aux membres du bureau que je rencontrais… »

Alexandra Cordier est référente pour LREM dans le Doubs, candidate et chargée de communication à la ville de Besançon. Ce n’est pas incompatible ?

« Non, elle fait très bien son travail. C’est une bonne attachée de presse. C’est en règle, régulier. Je travaille avec elle depuis 11 ans. Et elle n’est pas encore candidate. »

« J’ai appris la candidature d’Alauzet dans la presse. Même si je m’en doutais. Eric Alauzet n’est jamais venu me voir. Jamais. Jamais. Jamais. Jamais. Jamais. » Oui, 5 fois.

Sur les réseaux sociaux et en ville, on parle «  d’une fin de règne difficile pour Jean-Louis Fousseret. »

La réponse du maire :

« Je n’ai jamais régné. Les gens que je rencontre me remercient plutôt pour le travail accompli. Oui, ils me disent merci. »

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