25 Oct

Jean-Louis Fousseret compare Alexandra Cordier et Paulette Guinchard, une comparaison qui ne passe pas !

Paulette Guinchard

L’Est Républicain de ce matin, vendredi 25 octobre, revient sur le climat délétère à La République En Marche à Besançon. Jean-Louis Fousseret, maire LREM, soutien d’Alexandra Cordier, face au candidat investi par LREM, Eric Alauzet. Il compare son attachée de presse à Paulette Guinchard, ancienne députée PS et secrétaire d’Etat du gouvernement de Lionel Jospin aux personnes âgées. Cette comparaison a fait réagir. Beaucoup. Fortement. Paulette Guinchard elle-même.

Rappel des faits : Alexandra Cordier, proche collaboratrice du maire Jean-Louis Fousseret, LREM, fait planer la menace d’une liste pour les municipales de mars prochain. Alors que, depuis juillet, LREM avait déjà investi, en respectant la procédure interne au parti, le député LREM du Doubs, Eric Alauzet, comme tête de liste. C’est la « rupture » entre les deux. Ils sont au moins d’accord sur ce point !

Un peu d’histoire

 

En 2000, un vote des militants socialistes a désigné Jean-Louis Fousseret face à Paulette Guinchard, adjointe et conseillère régionale. Donc, le maire, 3 mandats plus tard, revient sur cet épisode en disant que, lui, il a joué le rassemblement à l’époque.

Dans l’Est Républicain, Jean-Louis Fousseret raconte, selon lui, ce qui s’est passé : « J’ai donné l’exemple en 2001. Nous étions deux candidats à la succession de Robert Schwint, Paulette Guinchard et moi. J’ai eu l’investiture et j’ai tout de suite proposé la place de numéro deux sur la liste à Paulette Guinchard ainsi que le poste de première adjointe et de présidente de l’agglomération. Elle n’a pas voulu du poste de première adjointe ni de présidence de l’agglo mais nous avons bien travaillé ensemble. »

 

Réactions en chaîne

 

Ses propos font beaucoup réagir à Besançon. Notamment les deux proches collaborateurs de Paulette Guinchard de l’époque : Nicolas Perette et Simon Vouillot, tous les deux en vacances, loin de Besançon.

Nicolas Perette se dit « peiné pour Paulette. Je ne suis pas impliqué dans la campagne d’Eric Alauzet mais, là, Jean-Louis Fousseret y va fort. Ce n’est pas correct. »

 

Voici le texte envoyé par Nicolas Perette aujourd’hui :

« A la lecture de l’article ce matin dans l’Est sur Jean-Louis Fousseret relatant sa 1ère élection, je souhaite apporter quelques précisions, ayant été le plus proche conseiller de Paulette Guinchard à l’époque (attaché parlementaire puis conseiller ministériel). Jean-Louis avait bien proposé l’agglomération à Paulette mais ceci, avant le vote de désignation par les militants, il ne lui a pas proposé après. Quant à la seconde place sur la liste de Jean-Louis, Paulette l’a proposée pour aider Jean-Louis et le PS à l’époque, sans rien demander en contrepartie… Paulette a joué le jeu du rassemblement, à son initiative. C’est d’ailleurs cette attitude qui lui a valu d’être remarquée par Jospin qui décida, suite aux municipales, de nommer Paulette au gouvernement.

Je ne connais pas Alexandra Cordier mais je ne vois pas chez elle un tel sens des responsabilités, j’y vois surtout de l’ego et de l’ambition. Enfin, je suis un peu attristé que Jean-Louis Fousseret compare Mme Cordier à Paulette. Paulette a eu un parcours de femme et de politique absolument admirable de dignité et de responsabilité, jamais débordée par son ego ou son ambition. Elle a quitté la politique sans amertume et sans chercher un quelconque chaos après son passage. »

 

Joint par téléphone, Simon Vouillot, qui a été directeur de campagne de Paulette Guinchard lors de la législative gagnée en 1997 et conseiller ministériel, dit : « être d’accord à 100 % avec le texte que Nicolas Perette m’a envoyé. J’ai tout d’abord eu envie d’en rigoler. Puis, j’ai trouvé les propos de Jean-Louis Fousseret insultants vis-à-vis de Paulette. Je suis écoeuré, la ficelle est vraiment trop grosse. Jean-Louis découvre le combat féministe sur le tard. Il faut mettre en avant la logique de compétences, comme l’a toujours fait Paulette. Quand Lionel Jospin lui a proposé le secrétariat d’Etat aux personnes âgées, elle s’est interrogée : « Suis-je capable ? ». Ce n’est pas rendre service aux femmes. Il faut dire les choses : Alexandra Cordier est une création médiatique. »

Déjà une question se pose : Jean-Louis Fousseret fait-il ses propositions de place de première adjointe et présidence de l’agglomération avant ou après le vote des militants ?

La question a donc été posée à l’intéressé, le maire LREM de Besançon. Voici ce qu’il dit, par téléphone : «  C’est loin, cela fait 20 ans quand même… Avant ? Après ? Je pense que c’est après. Mais je ne veux pas qu’on casse les pieds à Paulette. Les équipes ont travaillé ensemble. Oui, Paulette n’a rien demandé en échange. Je ne veux pas de polémique. C’est une affaire terminée. Je ne compare pas Alexandra et Paulette. Je dis que c’est une situation équivalente. »

 

Paulette Guinchard réagit

Paulette Guinchard, elle-même, a réagi à cet article. Elle affirme que Jean-Louis Fousseret ne lui a jamais proposé la présidence du Grand Besançon. Ni avant. Ni après le vote des militants. Elle reconnait qu’elle a refusé l’autre proposition de Jean-Louis Fousseret, la place de première adjointe. Elle rappelle que, elle, elle avait accepté la décision du PS, ce que ne fait pas Alexandra Cordier pour la décision de LREM.

 

Décidément, comparaison n’est pas raison.

 

Autre réaction, reçue plus tardivement, en fin de journée, par communiqué ce même vendredi, celle de Simon Vouillot, l’autre proche collaborateur de Paulette Guinchard :

« A la lecture de l’Est Républicain ce matin, je n’ai pas pu m’empêcher d’éclater de rire.

Pour l’ancien militant et responsable politique que je suis, compagnon de route de Paulette Guinchard, il était déjà drôle de voir Jean Louis Fousseret enrôler le combat féministe pour masquer son soutien inconditionnel à sa jeune conseillère Alexandra Cordier. Certaines passions rendent aveugles, nous croyions tous Jean-Louis sincèrement motivé par la réussite de son parti LREM, je découvre aujourd’hui qu’il s’agit avant tout d’une affaire de personne.
Etant moi-même un homme, il m’est difficile de me prétendre féministe … j’ai pourtant toujours défendu et encouragé la carrière politique de femmes que je respecte et que j’admire :
– Marguerite Vieille-Marchiset, ancienne 1ère adjointe de Robert Schwint,
– Paulette Guinchard, dont je fus le directeur de campagne aux législatives de 2007 (à une époque où sa garde rapprochée se composait d’une poignée de personnes), puis le conseiller ministériel,
– Marie-Guite Dufay, dans une campagne difficile aux législatives de 2007,
– Danièle Têtu, qui fut mon adjointe de tutelle lorsque je débutais en politique, …

Le point commun entre toutes ces femmes ? la COMPETENCE reconnue. L’ESPRIT D’EQUIPE à toute épreuve. Aucune d’entre elle ne s’est jamais mise en avant autrement que par son travail et sa légitimité. Aucune n’a jamais joué sa carte personnelle. Aucune n’a jamais renié sa parole.
Jean-Louis Fousseret fait le parallèle avec l’âpre bataille pour l’investiture du parti socialiste en 2001, en vue des municipales de 2002, pour savoir qui succéderait à Robert Schwint ? Parlons-en …

COMPETENCE : à l’époque de ce duel, Paulette était déjà adjointe au maire, conseillère régionale (donc plusieurs fois élue au suffrage universel), et écoutée jusque dans le bureau du premier ministre de l’époque, Lionel JOSPIN, comme spécialiste nationale du vieillissement (je m’en souviens, je l’accompagnais …).

LEGITIMITE qui l’amena au gouvernement quelques mois plus tard. Ma vie professionnelle se déroule aujourd’hui dans le domaine gérontologique. Partout en France, 20 ans après, tout le monde parle encore avec respect de la ministre que fut « Paulette », qui créa l’APA, la loi de modernisation de 2002, les CLIC, présida de longues années durant la CNSA.

ESPRIT D’EQUIPE. Le soir de la primaire qui vit la victoire de Jean-Louis, un vieux militant P.S. me dit : « tu sais, j’ai finalement voté Jean-Louis parce que je savais que s’il obtenait l’investiture, Paulette allait jouer le jeu … alors que l’inverse n’était pas vrai ». Par esprit d’équipe, Paulette a toujours pratiqué le rassemblement. A aucun moment de sa carrière politique, elle n’a trahi sa parole. Jamais elle n’aurait mis en danger le rassemblement nécessaire à la victoire de ses idées, au nom de son ambition personnelle.

Le parallèle entre Paulette GUINCHARD et Alexandra CORDIER n’est pas seulement historiquement ridicule, il est insultant pour Paulette (mais ce n’est pas la première fois que Jean-Louis cherche à l’instrumentaliser …), mais aussi pour toutes les femmes. Finalement, je ne sais s’il me faut rire ou pleurer …

Simon VOUILLOT ; Ancien compagnon de PGK, ancien conseiller municipal délégué de Besançon et VP du Gd Besançon (1995-2001) »

 

 

Le Parti Socialiste s’en mêle…

Et puis, toujours suite à cet article de l’Est Républicain, voici le communiqué publié par le Parti Socialiste de Besançon et son responsable de section, Nicolas Bodin : adjoint de Jean-Louis Fousseret :

 

… Quant au fait de comparer les situations de 2001 lorsque Jean-Louis Fousseret et Paulette Guinchard ont fait liste commune, avec la réconciliation impossible au sein de LREM, nous ne pouvons que marquer notre profonde indignation.

En 2001, Paulette Guinchard était une députée qui avait déjà fait ses preuves en tant qu’adjointe et conseillère régionale. Il y a des parallèles qui ne sont pas tolérables.

Le débat politique mérite mieux que ça. »

 

Une chose est certaine, compte tenu des réactions multiples et énervées, c’est « Pas touche à Paulette ! »

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Dans son communiqué, Nicolas Bodin, adjoint de Jean-Louis Fousseret, critique vertement les commentaires du premier magistrat de Besançon.

« Archaïques ? Nostalgiques ? Non ! Fidèles et cohérents !

Après avoir été taxés d’archaïques par le candidat Alauzet, voici donc Jean-Louis Fousseret qui déclare dans l’Est Républicain du 25 octobre 2019 : « un certain nombre de partis de gauche, tétanisés par la nostalgie du passé, ne proposent plus d’alternatives crédibles ».En tant que socialistes, nous restons simplement fidèles et cohérents sur des valeurs qui nous sont chères et qui ne sont nullement portées ni par Monsieur Alauzet, ni par la collaboratrice de Monsieur Fousseret.

L’union qu’il revendique a d’ailleurs été faite avec ces mêmes partis en 2001, 2008 et 2014. On peut comprendre que la politique gouvernementale soutenue par le Député, ainsi que les récentes déclarations de la référente départementale LREM, montrent un rapprochement d’idées avec la droite.

Nous socialistes, avons juste fait preuve de constance et continuons à promouvoir des politiques qui ont permis les succès passés de Jean-Louis Fousseret et de sa majorité très majoritairement composée de socialistes, écologistes et communistes. »