14 Juin

Municipales à Besançon: le PS claque la porte des négociations avec les écologistes et les communistes

Nicolas Bodin (PS) le 26 mai 2019 à Besançon (©f3fc)

A Besançon, l’union de la gauche aux municipales a du plomb dans l’aile. Le Parti socialiste et son candidat, Nicolas Bodin, ont décidé de ne plus participer aux réunions préparatoires avec Europe Ecologie-Les Verts, le Parti communiste, Génération(s) et A gauche citoyens ! Les négociations entre ces différentes forces de gauche avaient débuté il y a plusieurs mois. Le PS prend acte de « désaccords profonds » sur le programme et surtout du refus des autres forces de gauche d’avoir un socialiste pour tête de liste.

« Pas de commentaires. Je communiquerai dans quelques jours »Nicolas Bodin n’avait rien à nous dire quand nous l’avons appelé au lendemain d’une AG du PS bisontin qui a acté la fin des discussions avec les autres partis de gauche en vue des municipales.

« Désaccord profond sur la question de la tête de liste »

Dans un courriel qu’il adresse à ses partenaires, le candidat socialiste annonce qu’il « n’est pas possible de poursuivre plus en avant cette phase de discussion entre nous », nous rapportent plusieurs sources.

L’actuel adjoint en charge de l’urbanisme constate en effet l’absence de « climat de confiance » entre les différents partenaires, il dénonce les « attaques » dont les élus socialistes sont « régulièrement la cible » au sein de l’équipe municipale. Surtout, Nicolas Bodin pointe un « blocage fondamental »: « nous sommes en désaccord profond sur la question de la tête de liste et de la présidence de la communauté urbaine. Le rejet affirmé de la possibilité qu’un socialiste puisse y prétendre n’est pas acceptable par nos militants ».

Rapport de force

« Pour moi, on est encore dans les discussions, dans le rapport de force », soupire Anne Vignot, candidate EELV pressentie pour mener cette liste d’union. Nos valeurs sont communes, mais nous n’avons pas le même cheminement pour apporter les meilleures solutions. Nous souhaitons un projet structuré par la pensée écologiste, avec au cœur de nos préoccupations la vulnérabilité des populations ». Aux socialistes qui lui demandent « des compromis dans les deux sens », l’adjointe écologiste répond que « cela fait des années, justement, que l’on va dans le même sens ». Comprenez dans le mur.

« Ils veulent la tête de liste, le plus gros problème c’est ça, décrypte le communiste Thibaut Bize. Un certain nombre de dirigeants socialistes n’ont pas encore intégré qu’ils n’étaient plus en mesure de la réclamer. Nous, au PCF, on sait très bien ce que l’on pèse ». 

« Il y a des désaccords profonds qui ne permettent pas de partir ensemble », confirme un responsable socialiste, qui conteste toutefois que le PS claque la porte. Les points d’achoppement ? le coût des transports en commun, le logement, l’attractivité de l’agglomération… et bien sûr la tête de liste, une question « légitime » pour ce dirigeant PS.

« Le choc des egos et des petites ambitions »

« C’était prévisible », constate de son côté Marcel Ferréol, de Génération(s). L’ancien socialiste, passé chez Benoît Hamon, ironise sur « le choc des egos et des petites ambitions pas à la hauteur ». Il assure avoir prévenu ses « copains écologistes »: « attention, ne pensez pas que votre heure est arrivée; croire que sociologiquement, l’électorat socialiste a disparu pour une municipale à Besançon, c’est une profonde erreur ».

Et ce militant d’une large union, du PS à la France insoumise, de remettre sur la table la candidature de Barbara Romagnan, l’ancienne députée PS frondeuse (2012-17) aujourd’hui membre de Génération(s). « Elle est au carrefour des diverses sensibilités de gauche et de la société civile, argue-t-il. Cela aurait du sens ».

« Notre porte reste ouverte »

En dépit de la dérobade socialiste, beaucoup croient encore à l’union. « Je suis persuadé que ce n’est pas définitif, affirme Thibaut Bize. Il faut que le PS accepte de passer de l’hégémonie au statut de simple partenaire, notre porte reste ouverte ». « Le bon sens l’emportera », veut croire Marcel Ferréol. « Je retiens qu’ils espèrent que l’union se fera », renchérit Anne Vignot.

En effet, en conclusion de son courriel, Nicolas Bodin soutient à ses partenaires qu’il garde pour « objectif de réunir les forces de gauche ». Tout en se retirant des négociations. En même temps, pour ainsi dire…

 

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