28 Sep

Après le grand chelem de la droite en Franche-Comté, quelles leçons tirer des sénatoriales ?

Les six sénateurs élus le 27 septembre en Franche-Comté (©France 3 Franche-Comté)

La droite qui fait carton plein, la gauche qui perd son dernier mandat de parlementaire à cause de ses divisions, La République en Marche en retrait, le Rassemblement national en recul. Voici ce qu’il faut retenir des élections sénatoriales de ce dimanche 27 septembre dans le Doubs, le Territoire de Belfort et en Haute-Saône.

La droite prend date

Ce grand chelem, 8/8 au Sénat, la droite en rêvait, le rêve est devenu réalité hier.

Les 4 sortants ont été réélus: les LR Cédric Perrin, Jacques Grosperrin, Alain Joyandet et l’UDI Jean-François Longeot. Olivier Rietmann (LR) remplace Michel Raison (LR) en Haute-Saône et dans le Doubs, Annick Jacquemet (divers droite et 2e sur la liste de Jean-François Longeot) arrache le dernier siège de parlementaire détenu par la gauche en Franche-Comté. 6 sur 6 sur le scrutin d’hier, auxquels il faut rajouter les deux sièges du Jura (renouvelables en 2023), occupés par la LR Marie-Christine Chauvin et la radicale Sylvie Vermeillet, qui siège au sein du groupe Union Centriste au Sénat, comme Jean-François Longeot et bientôt Annick Jacquemet.

La droite sénatoriale remporte donc ce scrutin haut la main en Franche-Comté. C’est aussi le cas au niveau national, avec un groupe LR renforcé.

Ces résultats confirment d’abord la grande stabilité politique de la chambre haute, ancrée historiquement à droite, à l’exception de trois petites années entre 2011 et 2014. Cela est dû au mode de scrutin et au corps électoral, ces fameux grands électeurs, principalement conservateurs, en particulier dans notre région où la droite détient la majorité des communes.

Ces résultats confirment aussi l’ancrage des Républicains et de leurs alliés dans notre région, traditionnellement conservatrice.

La droite en général et Les Républicains en particulier prennent date pour les prochains scrutins, notamment les départementales, où l’implantation dans les cantons sera primordiale, et bien sûr pour les régionales du printemps prochain.

Leçon de division à gauche

La gauche est la grande perdante de ce dimanche d’élection.

Inexistante ou presque dans le Territoire de Belfort et en Haute-Saône, elle perd son dernier siège de parlementaire, victime de ses divisions mortifères dans le Doubs. Le PS, qui détenait un mandat de sénateur avec Martial Bourquin, présentait Nicolas Bodin, soutenu par le PCF. Une liste concurrencée et finalement distancée dans les urnes par Barbara Romagnan, membre du parti Génération.s de Benoît Hamon.

L’ancienne députée socialiste rate l’élection au Palais du Luxembourg pour 8 voix seulement. Dans cette affaire, EELV, puissante montante à gauche, a observé une prudente neutralité, refusant de choisir entre deux personnalités candidates aux côtés d’Anne Vignot lors des municipales victorieuses à Besançon, entre l’actuel vice-président à l’économie au Grand Besançon et une figure emblématique de la gauche locale, frondeuse déterminée sous François Hollande, qui envisageait pourtant de siéger au sein du groupe écologiste en cas d’élection au Sénat.

Résultat, la gauche divisée a offert sur un plateau le 3e mandat de sénateur à la liste de Jean-François Longeot.

Pour les socialistes, qui ont perdu la moitié de leurs voix entre 2014 et 2020, la gueule de bois est terrible. La marque PS n’imprime plus, même chez les grands électeurs. Certains pointent aussi du doigt la stratégie déroutante de Martial Bourquin et de ses troupes, qui contre un plat de lentilles (en l’occurrence des vice-présidences) ont voté pour Charles Demouge, le candidat LR, à la présidence de l’agglomération de Montbéliard, il y a quelques semaines.

Déjà affaibli par la fuite d’une partie de ses cadres partis marcher avec LREM en 2017, le PS n’a pas gagné en crédibilité avec cette manœuvre politicienne, brouillant un peu plus son image.

Cet échec retentissant du PS dans le Doubs confirme en tout cas son déclin, au sein d’une gauche qui ne pourra rien espérer à l’avenir si elle n’arrive pas préalablement à s’unir.

LREM en retrait, le RN en recul

Autre perdant: La République en marche, mais peut-on perdre quand on rase ainsi les murs ?

Le parti présidentiel ne présentait aucun candidat, à l’exception de Bruno Kern, patron des marcheurs dans le Territoire de Belfort, qui s’affichait « sans étiquette » pour ces sénatoriales, c’est tout dire… Il a d’ailleurs été largement battu, avec six fois moins de voix que le sortant Cédric Perrin (LR). Le parti présidentiel, qui a pourtant 7 députés en Franche-Comté, avait clairement zappé ces sénatoriales, dans la foulée de municipales peu reluisantes. Les partisans d’Emmanuel Macron devront se remettre en marche pour les régionales, où l’impasse sera interdite.

Enfin, le Rassemblement national est lui aussi en net recul. Les candidats du parti de Marine Le Pen ont réalisé des scores inférieurs à ceux de 2014 dans les trois départements comtois. Là encore, c’est cohérent avec les résultats des élections municipales, et pas forcément de bon augure avant les régionales, une élection pour laquelle le RN se veut ambitieux.

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