06 Mai

« Le secteur du vin face aux défis et enjeux du changement climatique », la conférence à l’ouverture de Vinexpo le 18 juin

Le réchauffement et les changements climatiques seront au centre de la grande conférence qu’organise Vinexpo avec le Wine Spectator, le premier jour de Vinexpo Bordeaux, dimanche 18 juin.

A SaintEmilion, une vigne assez homogène aussi, seuls quelques jeunes plants peuvent souffrir du manque d'eau © JPS

La vigne à Saint-Emilion à l’été dernier, une vigne qui avait un peu souffert du manque d’eau, avant les quelques précipitations de septembre © JPS

L’impact du changement climatique sur la viticulture est un des grands défis auxquels la communauté internationale du vin est confrontée.

Pour faire face à cette problématique, Vinexpo, le partenaire de la filière du vin et des spiritueux et Wine Spectator organisent une conférence, dimanche 18 juin, à 15h00, à Vinexpo Bordeaux, sur « Le secteur du vin face aux défis et enjeux du changement climatique ».

Cette table ronde réunira des vignerons pionniers d’une viticulture durable, des scientifiques et des experts politiques.

Dana Nigro, rédactrice en chef adjointe du magazine Wine Spectator, animera les débats. Les spécialistes feront un point scientifique complet sur l’état actuel du changement climatique, le contenu de l’accord de Paris et autres initiatives intergouvernementales. Les vignerons aborderont les défis auxquels ils doivent faire face et les solutions qu’ils ont mises en place.

Le changement climatique est une préoccupation de plus en plus forte pour les viticulteurs. De faibles changements de température ou de niveau de pluie peuvent grandement influencer la production», Guillaume Deglise, Directeur général de Vinexpo.

« Vinexpo a étroitement travaillé avec Wine Spectator pour organiser cette table ronde qui constituera un formidable forum, pour partager, s’instruire et élaborer des stratégies gagnantes. »

Pour Marvin R. Shanken, rédacteur en chef et éditeur du magazine, « Wine Spectator a abordé le sujet de l’impact du changement climatique sur l’industrie du vin depuis des annéesNos intervenants sont des leaders quand il s’agit de comprendre et relever ces défis. Nous sommes ravis de pouvoir partager leurs expériences et leurs connaissances à travers cette présentation à Vinexpo Bordeaux. »

Un avant-goût des inetervenants :  

  • John P. Holdren, ancien conseiller du Président Barack Obama, Directeur de Recherche à Harvard et expert en sciences de l’énergie et des changements climatiques
  • Miguel A. Torres Sr., Président et Directeur général de la Bodegas Torres à Pacs del Penedes (Espagne)
  • Gaia Gaja, co-propriétaire des Vignobles Gaja à Barbaresco (Italie)
  • Kathryn Hall, ancienne ambassadrice américaine et consultante en commerce international, propriétaire de Hall Vineyards en Napa Valley (Etats-Unis), l’un des rares vignobles à avoir obtenu la certification LEED Gold.

Avec Vinexpo.

05 Mai

#Gel à Bordeaux : des pertes considérables pour le vignoble estimées entre 1 et 1,5 milliards d’euros

C’est aujourd’hui que doit se tenir une réunion de crise, pour faire un point sur la situation du vignoble touché par le gel à Bordeaux. Ce gel pourrait avoir « un impact de 40 à 60 % sur la récolte » selon Bernard Farges, vice-président du CIVB. En valeur, ce sera plus d’1 milliard de pertes, voire 1 milliard et demi.

A Laruscade, 90% touchés ici © JPS

A Laruscade, 90% touchés ici © JPS

Ce qui s’est passé, on ne peut le minimiser, c’est « très grave », « plus de 60 à 70% du vignoble atteint à des degrés divers, dont pas mal à 90 et 100% » commente Bernard Farges, vice-président du CIVB. C’est donc une épreuve qui s’annonce pour toute une filière à Bordeaux, et même si on se dit souvent, ça va aller, ça va aussi être super dur pour certains.

Pour Olivier Bernard, de l’Union des Grands Crus de Bordeaux, de grands châteaux en Pessac-Léognan ont sérieusement été impactés comme Fieuzal, de France, Léognan, de Sartre, parfois à 80-100% ; sur les 110 hectares qu’il gère en Pessac-Léognan 45 ha ont été bien touchés. « Bon c’est la vie d’agriculteur, philosophe-t-il, « mais le passé a montré sur des épisodes de gel, que les surprises vont toujours dans le mauvais sens ».

« Les appellations des Graves et de Pessac-Léognan ont été très touchées, dans le Médoc c’est très localisé à Moulis et Listrac, plutôt proche de la forêt que de la Garonne, Saint-Emilion et Pomerol bien touché aussi (le plateau est plusou moins épargné mais dans les sables on a gelé à 80%), Saint-Emilion est très marqué en bas des coteaux ».

C’est sans aucun doute la gelée la plus meurtrière depuis 1991″, Olivier Bernard président de l’Unions des Grands Crus de Bordeaux.

« Heureusement 2017 est arrivée après deux belles années en 2015 et 2016, et puis qualitativement rien n’est perdu sur 2017; pour la suite, on a déjà donné, pas la peine de remettre un nouveau coup de pression ! »

Quant à chiffrer les pertes, c’est difficile, toutefois Bernard Farges se réfère aux 3,8 milliards que dégage la filière, il y aura sans doute plus d’un milliard, voire 1 milliard et demi. Derrière ces chiffres globaux, il y a surtout des viticulteurs amputés de 80%; selon que l’on a ou pas du stock, que l’on est nouvellement installé ou pas, selon les investissements, les choses seront plus rapides pour certains que pour d’autres. »

En espérant que la plupart de nos amis vignerons réussissent à passer cette douloureuse épreuve.

Elan de solidarité : la maison de négoce Jean-Pierre Moueix annonce une hausse de 100 € du tonneau pour soutenir les petits vignerons

Christian Moueix, Edouard Moueix et Laurent Navarre, négociants à Libourne, ont envoyé une lettre à leurs fournisseurs leur annonçant une bonne surprise : une hausse de 100 € des prix du vin en vrac de la récolte 2016, pour les accompagner dans l’épreuve difficile du gel, qui vient de les toucher de plein fouet. Interview de Christian Moueix, consacré « vigneron du mois » par Côté Châteaux.

A gauche une branche fructifère pas impactée, à droite un peu touchée par le gel © JPS

A gauche une branche fructifère pas impactée, à droite une autre touchée par le gel, qui va dépérir © JPS à Saint-Emilion

Quand la nature s’arrête, l’être humain s’arrête aussi…Le vigneron se prend la tête entre ses mains, comme pour se dire, ce n’est pas possible…un genou à terre…à regarder le désastre.

Le négociant, lui est aussi touché, car au fil des années, il est l’accompagnateur, le revendeur de ce produit de la terre, et il sait, oui il sait combien cela risque d’être une mauvaise passe pour le vigneron. Alors, lui aussi s’arrête, et dans cette lueur d’intelligence, il se dit que pourrais-je faire pour aider mon compagnon vigneron, sans qui je ne serais finalement pas là ?

Cette homme qui a eu cette vision d’aider, d’augmenter quelque peu le prix du tonneau, c’est Christian Moueix, négociant à Libourne, mais avant tout vigneron lui-même. « J’ai fait un grand tour de la région durant le wek-end du 1er mai et cela m’a révélé un désastre ».

« Je suis vigneron dans l’âme, avant d’être négociant, et je peux vous dire que

C’était triste à pleurer de voir ces vignes dévastées et en particulier dans la plaine de Saint-Emilion », Christian Moueix

Christian Moueix et son fils Edouard Moueix © château La Fleur Pétrus

Christian Moueix et son fils Edouard Moueix © château La Fleur Pétrus

« Vous savez, mon père est arrivé à Saint-Emilion, il y a 80 ans, et depuis on achète beaucoup de vins de Saint-Emilion, notre maison s’appelait d’ailleurs la maison de négoce des vins de Saint-Emilion, et cette région est sinistrée… On n’est pas insensible à leur malheur… »

Aussi Laurent Navarre, Edouard Moueix et Christian Moueix, respectivement directeur général,  directeur général délégué et président des Etablissements Jean-Pierre Moueix ont co-signé une lettre, datée du 2 mai, et qui s’assimile à un bel élan de solidarité, un geste du coeur, un geste humain, dont voici la teneur :

« Vous êtes tous plus ou moins sévèrement touchés, et la perte financière se double de sentiments de désespoir et d’injustice. »

« En tant que négociants en vins, nous avons eu le privilège d’acheter en vrac tout ou partie de votre bonne récolte 2016, aux prix du début de cette campagne.

« La seule conséquence positive de ce gel sinistre sera un raffermissement des cours, dont vous ne pourrez pas même bénéficier. En conséquence, il nous semble juste de rectifier les bordereaux vrac des vins de la récolte 2016 -enlevés ou non enlevés – en ajustant le prix initial pour tenir compte de cette hausse accidentelle. Nous souhaitons donc -en accord avec  votre courtier et quelque soit l’appellation concernée- majorer de 100 € le prix de chaque tonneau déjà acheté »  

Une lettre relayée dès le lendemain sur les réseaux sociaux et notamment par  le château Grand Tuilliac Elegance qui commente : « Je ne reviendrais pas sur les situations plus ou moins dramatiques que nous allons devoir affronter, mais plutôt sur l’attitude HUMAINE, RESPECTUEUSE, PROFESSIONNELLE et GENEREUSE, d’un de nos Négociant local: Les Etablissements JEAN PIERRE MOUEIX ».

Et Christian Moueix de continuer à m’expliquer : « quand on a acheté du 2016, il était au prix de l’époque, on ne savais pas qu’il n’y aurait pas de récolte pour certains en 2017 et peut-être moins en 2018,

Je trouve normal d’avoir eu ce geste symbolique, ce geste de solidarité », Christian Moueix.

« Depuis les prix du 2016 ont commencé à augmenter quelque peu de 10 à 20 %. Et de continuer à dépeindre le vignoble de Saint-Emilion, aujourd’hui, une semaine après le gel : « le plateau de Saint-Emilion est particulièrement indemne, et quand on regarde en bas de Saint-Emilion, c’est morne plaine, c’est dur de voir ce coup du sort sélectif. On n’est pas du tout insensible à ce qui s’est passé. »

Bravo pour cette belle initiative que Côté Châteaux se devait aussi de souligner.

04 Mai

La presse étrangère souligne « le plus dur épisode de gel de ce quart de siècle »

Pour le Wine Spectator « bon nombre de régions viticoles françaises ont subi le pire épisode de gel jamais connu » , Decanter parle d’un « jeudi noir » à Bordeaux qui va affecter la campagne des primeurs 2016.

WINESPECTATOR

Lire l’article du Wine Spectator par James Molesworth et Suzan Mustatich

CaptureLire l’article de Decanter par Jane Anson 

decanterLire l’article de Yohan Castaing – Photo de Jean-Bernard Nadeau

A l’aube de Vinexpo, le top ten des pays les plus gros consommateurs de vin au monde

Conséquences du #gel : les tonnelleries s’attendent à quelques baisses de commandes, mais devraient passer ce mauvais cap

La Tonnellerie Boutes, en pleine expansion depuis 3 ans, s’attend à légère baisse de ses commandes, qu’elle estime entre -20 et -30%, car l’épisode de gel a touché non seulement Bordeaux, mais aussi la France et même une bonne partie de l’Europe.

La Tonnellerie Boutes s'attend à une baisse de 20 à 30 % des commandes en 2017 © JPS

La Tonnellerie Boutes s’attend à une baisse de 20 à 30 % des commandes en 2017 © JPS

A Beychac-et-Caillau, la tonnellerie Boutes sait déjà qu’elle sera impactée par l’épisode de gel qui a touché Bordeaux, mais aussi la France entière, avec la Bourgogne ou encore la Provence. Car lorsque la Bourgogne avait connu un épisode similaire l’an dernier à la même date le 27 avril, les commandes ont nettement baissé de la part de cette région viticole. Julien Ségura a déjà fait une projection de ce qui pourrait être l’impact pour son entreprise : entre 20 et 30% de baisse des commandes, car Bordeaux représente 1/7e de leurs ventes :

Julien Ségura, directeur opérationnel de la tonnellerie Boutes © Jean-Pierre Stahl

Julien Ségura, directeur opérationnel de la tonnellerie Boutes © Jean-Pierre Stahl

C’est dramatique pour beaucoup de nos clients en France et en Europe en général et à Bordeaux en particulier qui est une zone d’activité forte pour nous, on estime à ce jour entre 20 et 30% les pertes en volumes de ventes, des estimations qui seront réajustées » Julien Ségura Tonnellerie Boutes.

La Tonnellerie Boutes est pourtant depuis ces dernières années en pleine expansion, elle avait acquis la Tonnellerie Garonaise à Marmande, le groupe emploie aujourd’hui une centaine de personnes.

La Tonnellerie Boutes à Beychac-et-Caillau en Gironde © JPS

La Tonnellerie Boutes à Beychac-et-Caillau en Gironde © JPS

Elle fabrique 30000 à 40000 barriques à l’année, une activité qui a pris de l’ampleur avec des marchés à l’export en plein développement comme aux USA « le marché américain explose », en Australie, en Argentine. Toutefois, certains gros marchés européens ont eux aussi été touchés par le gel, comme l’Allemagne, la Suisse et les deux autres gros pays producteurs de vin:

IMG_4946Il n’y a pas eu que Bordeaux, c’est une vague de foid généralisée sur l’Europe, qui sont des marchés importants pour nous. Même si on réalise 80% de notre chiffre d’affaire à l’export, le marché européen reste un marché très important avec notamment l’Espagne, l’Italie et la France qui n’ont aps été épargnés.

Il est hors de question de réduire la masse salariale, peut-être jouera-t-on un peu sur les mois de septembre-octobre sur les intérimaires qu’on a l’habitude de prendre, mais on ne touchera absolument pas à la masse salariale », Julien Ségura.

En 2015 et 2016, cette tonnellerie avait réalisé une belle campagne, elle a bien conscience qu’elle aussi s’inscrit dans cette filière agricole et qu’elle est tributaire des intempéries et de ce que Dame Nature peut donner. La tonnellerie Boutes sera fixée sur ses commandes pour le marché bordelais entre mi-août et fin novembre 2017.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Nicolas Pressigout :

03 Mai

Conséquences du #gel : moins de main d’oeuvre actuellement dans les vignes du bordelais

Première conséquence directe, les châteaux sévèrement touchés par le gel ont appelé les prestataires de service pour leur dire de ne pas venir pour le moment. De nombreux ouvriers viticoles appelés habituellement pour l’épamprage vont devoir attendre. Pourtant, il va y avoir du travail dès que la vigne va repousser…

Quelques ouvriers viticoles ce jours dans les vignes de Saint-Emilion, employés par Banton et Lauret © JPS

Quelques ouvriers viticoles ce jours dans les vignes de Saint-Emilion, employés par Banton et Lauret © JPS

UNE VOILURE REDUITE CHEZ LES PRESTATAIRES

« Aujourd’hui, on n’a pas la capacité d’employer tous les gens qu’on emploie habituellement » commente Benjamin Banton, gérant de la plus grosse entreprise prestataire de services pour les châteaux, avec 182 employés en CDI. – Banton & Lauret à Vignonet, non loin de Saint-Emilion.

Benjamin Banton, gérant du plus grand prestataire de travaux viticoles à Vignonet © JPS

Benjamin Banton, gérant du plus grand prestataire de travaux viticoles à Vignonet © JPS

On a entre 600 et 800 pendant cette période, et là sur le mois de mai, on va tourner entre 50 et 80 personnes », Benjamin Banton de Banton & Lauret.

Danny, chef d'équipe chez Banton et Lauret © JPS

Danny, chef d’équipe chez Banton et Lauret © JPS

Et d’ajouter : »Aujourd’hui, on a beaucoup de clients qui nous disent on avait prévu de faire les travaux avec vous, mais ne venez pas pour l’instant, ce n’est pas la peine… » Fort heureusement, tous les châteaux n’ont pas été touchés, il y a donc quelques travaux d’épamprage et de dédoublage dans la vigne épargnée, que l’on peut apercevoir, comme une note d’espoir et de nature qui va aussi reprendre ses droits.

A gauche une branche fructifère pas impactée, à droite un peu touchée par le gel © JPS

A gauche une branche fructifère pas impactée, à droite un peu touchée par le gel © JPS

« LES TRAVAILLEURS DES VIGNES, LES PREMIERES VICTIMES » 

Marilys Bibeyran, ouvrière viticole, se désole en voyant l’immensité des parcelles touchées par le gel :

Les travailleurs des vignes sont les premières victimes du gel. La passion et la douleur chevillées au corps, c’est le fruit de leur labeur qu’ils ont vu disparaître. « 

Pour Marie-Lys Bibeyran

Pour Marie-Lys Bibeyran : « Les travailleurs des vignes sont les premières victimes du gel » © JPS.

Et de dénoncer l’attitude de certains châteaux du bordelais qui pour l’heure donnent moins de travail ou prévoient moins de primes :

« je pense que c’est une solution de facilité d’amputer d’ores et déjà les travailleurs ou de leurs revenus -en les mettant au chômage technique- ou de leurs primes, primes saisonnières et primes de vendanges, il y a déjà des domaines viticoles qui ont averti leurs personnels que ces suppléments de salaires seraient déjà supprimé au moins pour l’année à venir, voire pour l’année prochaine ».

Une fois passé le cap des 15 prochains jours, et d’un mois de mai difficile, la vigne devrait repousser en buisson, et donner quelques grappes, mais de là à connaître exactement sa réaction : « personne n’est capable de dire, si on va avoir du raisin », ajoute Benjamin Banton. A l’été, il y aura sans doute des travaux d’effeuillage et de vendanges « en vert », normaux pour les vignes non touchées, mais très réduits pour les vignes impactées car les domaines ne vont certainement pas faire tomber le peu de grappes qui viendront à repousser.

A suivre…

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl et Nicolas Pressigout sur les conséquences sur les sous-traitants :

Gel à Bordeaux : la Chambre d’Agriculture considère que plus de la moitié du vignoble a été sévèrement touché.

La Chambre d’Agriculture de la Gironde et ses équipes de terrain sont fortement mobilisées depuis les épisodes de gel à recenser les parcelles touchées et venir en aide aux viticulteurs. Ce mercredi, ils sont une fois de plus sur le terrain et ils ont mis en place un numéro d’appel pour toute question des viticulteurs.

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

Les dégâts du gel dans le blayais © Jean-Pierre Stahl

> Accompagner les viticulteurs

Une mission d’évaluation se rendra demain, mercredi, sur le terrain.

Une réunion de crise se tiendra, vendredi 5 mai, à la Chambre d’Agriculture, avec tous les acteurs concernés afin de dresser un bilan plus complet des dégâts et appréhender les mesures à mettre en œuvre pour venir en aide aux viticulteurs et agriculteurs.

La Chambre d’Agriculture invite les agriculteurs du département à déclarer les dégâts subis directement en lignesur www.gironde.chambagri.fr afin d’évaluer de façon précise l’étendue du sinistre. Un numéro d’appel a également été ouvert pour répondre à leurs questions : 0800 002 220 (coût d’un appel local).

> Un premier bilan

  • Médoc : la moitié des surfaces est touchée de façon significative. Les zones intérieures sont très touchées alors que les parcelles de bord de Gironde ont été plus épargnées. Le Sud Médoc est tout particulièrement atteint ; sur de nombreuses zones, les dégâts atteignent les 80 voire 100%.
  • Haute-Gironde (Bourg-Blaye) : ces secteurs, cumulant les dégâts dus aux 2 épisodes successifs, sont particulièrement atteints.
  • Libournais : sur l’ensemble de la zone, nombre de parcelles sont touchées de 80 à 100%. Les zones situées autour des communes de Montagne et Saint-Christophe des Bardes ont cependant été épargnées.
  • Entre-Deux-Mers : de gros dégâts sont à déplorer dans la plaine de la Dordogne et de nombreuses parcelles sont très touchées dans l’ensemble de l’Entre-Deux-Mers.
  • Graves-Sauternais : de nombreuses parcelles sont détruites dans le Sauternais. Dans le reste de la vallée de la Garonne, un grand nombre est atteint à plus de 50%. Pour la plupart, la totalité de la récolte est perdue.

Avec chambre d’agriculture.

02 Mai

Bordeaux panse ses plaies : paroles de vignerons touchés par le gel

4 jours après les épisodes de gel à Bordeaux, Côté Châteaux a rencontré les vignerons des appellations de Blaye-Côtes de Bordeaux et de Fronsac Canon-Fronsac, deux appellations pas mal touchées, comme d’autres, par le gel. Tour d’horizon et notes d’espoirs.

Freddy et Benoît Latouche du château Camille Gaucheraud © Jean-Pierre Stahl

Freddy et Benoît Latouche du château Camille Gaucheraud © Jean-Pierre Stahl

Tout n’est pas rose en ce moment chez nos amis viticulteurs, surtout chez ceux qui en quelques jours ont vu leurs parcelles passer du vert au marron.C’est en effet quelques paysages de désolation, quasi-lunaires, qui s’offrent à vous quand vous sillonnez les différentes appellations de Bordeaux. Mais pour être tout-à-fait juste, vous alternez souvent de zones très vertes, vertes, ou encore moyennement vertes à des zones souvent marrons ou même grises, comme si l’automne était déjà là.

A Saint-Vivien-de-Blaye, au château des Graves, 80 à 90 % des vignes ont gelé © JPS

A Saint-Vivien-de-Blaye, au château des Graves, 80 à 90 % des vignes ont gelé © JPS

A Saint-Vivien de Blaye, au château les Graves, Jean-Pierre Pauvif est l’un des viticulteurs les plus durement touchés avec 80 à 90 % impactés par le gel, cela s’est passé en 3 matinées pour lui, et malheureusement il n’est pas assuré :

Sur 18 hectares, il reste 2 hectares intacts, le reste est touché entre 80 et 100 % », Jean-Pierre Pauvif vigneron en Blaye – Côtes de Bordeaux.

Michaël Rouyer, directeur du syndicat de Blaye et Jean-Pierre Paivif du château des Graves © JPS

Michaël Rouyer, directeur du syndicat de Blaye et Jean-Pierre Paivif du château des Graves © JPS

« Le vin, il n’est pas là, la récolte 2017 elle ne sera pas là, on est sur une propriété qui a gelé ici à 80 % », commente Michaël Rouyer, directeur du syndicat viticole de Blaye en Côtes de Bordeaux.; « c’est dramatique, on est très inquiet et on va tout faire, nous inter-profession et syndicats viticoles, pour soutenir nos vignerons. »

Sur les 430 vignerons de l’appellations, 50 ont fait la démarche de se signaler gelés au syndicat, mais ces chiffres ne sont pas définitifs, c’est surtout la chambre d’agriculture qui est chargée de remonter ces informations qui seront transmises au CIVB d’ici vendredi pour l’ensemble des 60 appellations de Bordeaux.

Dans les Côtes de Bordeaux, Stéphane Héraud confirme que 50 à 80 % des surfaces des 5 appellations sont touchées par le gel.

A Laruscade, 90% touchés ici © JPS

A Laruscade, 90% touchés ici au château Camille Gaucheraud © JPS

A Laruscade, au château Camille Gaucheraud, c’est le même topo, 90 % ont été gelé à cause des ces -3,1°C enregistrés jeudi au petit matin. Les frères Latouche, Benoît et Freddy, avaient eux pris une assurance en cas de coup dur. Celui-ci est arrivé la semaine dernière, ils nous montrent l’impact sur le raisin dont les grappes étaient déjà en formation (à l’état de mini-grappes bien sûr). Comme tous ces vignerons, ils espèrent une repousse et que la nature reprenne ses droits, même s’ils savent qu’ils ne pourront compter que sur très très peu de volume.

« Normalement cela doit tomber tout seul, ça a déjà commencé, cela doit tomber tout seul » affirme Freddy Latouche, et son frère, Benoït, d’ajouter : « on va laisser faire la nature, on pourrait faire passer des gens, mais cela a un coup supplémentaire, vu ce qui nous arrive. »

Xavier Buffo constate les dégâts sur les jeunes plants de blancs du château de la Rivière © JPS

Xavier Buffo constate les dégâts sur les jeunes plants de blancs du château de la Rivière © JPS

En AOC Fronsac, si les coteaux du châteaux de la Rivière ont été épargnés, les 2 hectares de jeunes plants de blancs en contrebas ont été meurtris comme le constate Xavier Buffo, directeur général du château de la Rivière:

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« On avait laissé deux bourgeons qui auraient fait la prochaine latte, ces bourgeons visiblement sont morts, et il faudra espérer que le pied, probablement reparte de la base, on aura perdu une année, Xavier Buffo du château la Rivière »

Benoît Manuel Trocard devant ses vignes éprouvées par le gel : allez ça va repartir © JPS

Benoît Manuel Trocard devant ses vignes éprouvées par le gel : allez ça va repartir © JPS

Ce sont ainsi 80 % des surfaces à Bordeaux qui ont été plus ou moins touchées (de 5% à 100%), ce qui en fait le plus gros épisode de gel depuis 1991; Benoît Manuel Trocard, qui gère château Couraze pour un groupe danois a vu les 95 % de ces 2 hectares de vignes gelés. Il espère malgré tout pouvoir faire 10-15 hectos si la nature est généreuse.

Je savais pertinemment que cela pouvait nous arriver tot ou tard, mon père a eu le gel de 91, il le connaît bien, il a mis 2 ou 3 ans pour s’en remettre, mais à Bordeaux on s’en est toujours remis. » Benoît-Manuel Trocard  château Couraze.

Le château Camille

Le château Camille Gaucheraud a fort heureusement un peu de stock et de la réserve Ÿ JPS

Certains vignerons vont pouvoir passer ce mauvais cap, d’autres non. Ceux qui avaient un peu de stock avec les 2015, 2016 voire encore du 2010 comme me l’explique Benoît Latouche vont pouvoir continuer à fournir du vin à leurs clients car c’est tout l’enjeu de conserver des marchés acquis parfois après plusieurs années de démarchage. Il y a aussi la réserve qu’ils ont pu se constituer les années fastes comme en 2015 ou 2016, c’est le surplus autorisé au-dessus du quota établi par le cahier des charges de l’appellation, une réserve qu’il est possible d’utiliser en cas d’année noire comme avec ces événements climatiques : « si la nature a été généreuse, si on a eu 5 hectos de plus (par rapport aux 52 du cahier des charges), on peut les mettre en réserve, et aujourd’hui on est content par rapport à ce coup dur qui vient de nous arriver de dire : c’est déjà ça de vin qu’on va pouvoir vendre. »

Et comme pour exorciser ce malheur ou garder le moral, Nicolas Pons à Lignan-de-Bordeaux a posté sur facebook sa chanson « ma vigne est folle mais j’en suis fou » histoire de traduire la pensée de tous ses confrères : la vigne on l’aime…malgré tout.

Regardez le reportage de Jean-Pierre Stahl, Thierry Julien, Boris Chague et Thierry Culnaert: 

Vignoble de Bordeaux : 80% des surfaces ont été touchées par le gel

C’est une semaine cruciale qui s’annonce à Bordeaux, celle du bilan suite aux remontées d’informations. Selon les premières estimations, 80% des surfaces ont été plus ou moins impactées. Certaines plus que d’autres. En volume, la production pourrait être de -35 à -40% sur le millésime 2017.

Jeudi matin une vague de gel intense a considérablement meurti le vignoble à Bordeaux, comme ici à Moulon © S Tuscq Mounet

Jeudi matin une vague de gel intense a considérablement meurti le vignoble à Bordeaux, comme ici à Moulon © S Tuscq Mounet

C’est du jamais vu, depuis 1991. 80 % des plus de 110 000  hectares de vignes à Bordeaux ont été touchés à des degrés divers. Il s’agit là sans doute de l’épisode le plus intense de ces 30 dernières années.

D’après Hervé Grandeau, le président de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux :« 80 % des surfaces ont été touchées, plus ou moins, difficile de donner une estimation de la récolte à venir », et comment la deuxième pousse va pouvoir se faire, si elle peut.

Les secteurs les plus touchés ont été Blaye et Bourg, Castillon et Saint-Emilion, Lalande-de-Pomerol, Listrac, une partie des Bordeaux et Bordeaux Sup le long de la Dordogne, impactés à plus de 75%.

Les remontées d’informations sont en cours sous l’égide de la Chambre d’Agriculture, le CIVB aura ce vendredi une réunion de crise à ce sujet, selon Christophe Château du CIVB. Quant aux volumes, Bordeaux produira sans doute une peu plus que la moitié de sa production habituelle, il va falloir voir comment cela repousse, ou autrement dit « au doigt mouillé 35 à 40 % de volume en moins ».

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