Les Primeurs constituent un événement phare en avril à Bordeaux. De nombreux critiques et journalistes français et étrangers viennent déguster le millésime 2023 et donner leur avis qui sera suivi par les importateurs, négociants et acheteurs du monde entier. Côté châteaux a suivi Yves Beck, Jacques Dupont et des invités surprises comme l’acteur Pierre Arditi et Eric Beaumard directeur du Cinq au George V à Paris.
6000 personnes sont venues durant la semaine des primeurs déguster le millésime 2023, notamment au Hangar 14 avec l’Union des Grands Crus de Bordeaux; nous avons suivi Jean-Marc Quarin durant cette première journée de la semaine des primeurs (du 22 au 25 avril), il nous livre ses impressions sur le millésime et nous fait découvrir des pépites de Bordeaux… « Le cabernet sauvignon aide un peu plus à la construction des vins cette année, parce que le merlot, tout le monde sait qu’il a beaucoup plus souffert du mildiou. Il y a une aisance nouvelle dans ces 2023 qui plaira beaucoup aux jeunes générations parce qu’on n’est pas perturbé par la présence de tannins difficiles à analyser », poursuit Jean-Marc Quarin.
Les primeurs c’est cet exercice particulier de déguster le nouveau millésime fraîchement assemblé quelques semaines plus tôt pour donner son avis en vue de se positionner à l’achat dès la fin avril, et courant mai, sur ces vins qui vont terminer tranquillement leur élevage durant un an avant d’être livrés.
L’exercice est difficile, aussi ce sont des experts qui s’y collent, ce depuis des années à l’instar également de Jacques Dupont, journaliste critique du Point, qui vient depuis plus de 30 ans maintenant et sort son guide supplément du Point le 3e jeudi de mai. Nous l’avons suivi le 9 mai dernier en dégustation au château Montrose, Lafon-Rochet et Lynch-Moussas : « on arrive après 2022, un peu monstrueux et peut-être plus facile à boire qu’on ne le pense, très dense, et 2023 on est sur le retour d’un Bordeaux assez classique, qui me plait bien, on est en dehors des superlatifs, il est de facture classique, il y a moins de puissance que 2022, mais il y a beaucoup d’aromatique de plaisir fruité, et surtout il y a beaucoup de fraîcheur, beaucoup de vivacité en bouche, ce qui le rend très agréable à goûter… »
A ses côtés, Pierre Arditi qui suit ce groupe d’experts, invité par le Conseil des Grands Crus Classés en 1855 : « je suis venu souvent tourner à Bordeaux, moi je suis un défendeur historique et acharné des vins de Bordeaux, le Bordeaux bashing m’exaspère, en particulier quand on goûte ces vins formidables, je trouve comme Jacques de la vivacité dans ce vin, de l’élégance et de la finesse, moi je suis relativement client de ces vins qui ont une fraîcheur extraordinaire, il y a ds millésimes qui paraissent moins importants mais donnent un plaisir plus immédiat, qu’on n’est pas obligé d’attendre à ce point-là; maintenant à mon âge, je ne peux plus boire des vins qui vont m’enterrer, ceux-là en partie ne m’enterreront pas, parce que je les aurais bu avant qu’ils aient eu ma peau… »
Eric Beaumard n’est pas en reste et confie au château Lafon-Rochet que les rouges ont toujours de l’avenir, lui qui est ancien vice-meilleur sommelier du monde 1998 et dirceteur du restaurant le Cinq au George V à Paris : « même si on a une carte aux 2500 références, on se défendra toujours d’avoir des vins abordables de vignerons à partir de 47€, c’est quand même un 3 étoiles Michelin, le George V… »
Vous reverrez également le reportage sur la dernière tendance dans le Médoc de mettre en avant et produire des vins blancs secs, avec bientôt une AOP Médoc Blanc que l’INAO devrait valider.
L’autre dégustateur de renom que nous avons suivi est le Suisse Yves Beck, alias le Beckustator, en plein exercice de dégustation de pépite au château Edmus à Vignonet : « c’est un tout petit Saint-Emilion Grand Cru, 1 hectare 6, 5000 bouteilles par an », confie Laurent David son propriétaire… »L’important pour nous, c’est de trouver notre voie, de trouver des vins qu’on veut faire pour trouver des vins un petit peu différents… »
« On a moitié merlot, moitié cabernet franc, c’est le coup de moulin à poivre, très très aromatique, le merlot c’est le velours, il nous faut trouver un assemblage qui nous permet de réconcilier les 2 pour avoir un équilibre et une expérience autour de son verre de vin… Et Yves Beck de goûter le 100% cabernet franc du château : « c’est très floral, on est sur des classiques notes de violette et de pivoine, ça appelle la fraîcheur, il a du caractère ce cabernet franc… »
Et de poursuivre sa dégustation « un marathon » au château Canon à Saint-Emilion : « ce qui fascine ici il y a une magnifique fraîcheur, il y a une tension, des profils linéaires…Ca va droit au but…C’est un caractériel charmant… » Pour Nicolas Audebert, recevoir Yves Beck : « non ce n’est pas une pression, car Yves vient goûter ici depuis longtemps, le dégustateur qui vient à Canon vient chercher un style, une signature maison, ils savent que ce sont des maisons où on s’applique, où on aime le vin, on aime la vigne, on travaille avec application et ils viennent voir dans un millésime particulier, comment les choses se sont faites, c’est un moment de partage… »
Et durant ces primeurs de nombreux événements sont organisés comme vous le verrez dans le rendez-vous des primeurs étoilés au château la Dominique où 4 grands chefs, comme Christian le Squer, chef 3étoiles au Cinq à Paris, se sont succédés pour réaliser des accords mets et vins.
Les primeurs, c’est d’abord une question de feeling et d’assemblage, aussi sommes nous allés interroger un grand Monsieur du vin à Saint-Estèphe, Henri Duboscq, du château Haut-Marbuzet : « je réalise mes assemblages ici depuis 60 ans…Mozart disait je trouve l’harmonie en associant les notes qui sèment, eh bien un vinificateur trouve une harmonie en associant les saveurs et les senteurs qui se complètent, parce qu’un vin n’a jamais de génie que celui de son terroir. Je fais le vin que j’aime et par chance, ce que j’aime plaît au plus grand nombre…Je ne cherche pas à faire le meilleur vin du monde, mais je cherche à être le préféré… »
Vous redécouvrirez le portrait de la vigneronne de l’année Claire Villars-Lurton, un prix que lui a décerné en février dernier la Revue du Vin de France…
Le suivi des dégustateurs se fait au château Lynch-Moussas avec la délégation de Jacques Dupont chez Philippe Castéjà, propriétaire et président des Grands Crus Classés en 1855 : « la campagne des primeurs fait partie de l’ADN de Bordeaux, c’est un rendez-vous pour les négociants, distributeurs et consommateurs, c’est unique à Bordeaux… Aujourd’hui tout le monde sait que les choses sont difficiles, effectivement si on fait un signe au consommateur je pense que ce sera bien vécu et ils l’apprécieront. »
Et pour terminer ce Côté Châteaux, rien de tel que de prendre également la température chez Millésima, grande maison de négoce à Bordeaux de la vente en ligne…
« Ces primeurs, c’est un moment extrêmement important pour Bordeaux, pas que pour nous, pour l’ensemble de la place, aussi bien la propriété que le courtage et que le négoce…Je pense qu’un bon nombre de dégustateurs sont agréablement surpris par la qualité du millésime… » « On continue à acheter, car nos clients sont toujours là, ils achètent des vins d’un petit peu partout, c’est vrai qu’il y a une crise actuellement, de consommation, et mondiale, etpour les vins de champagne, d’Italie , d’un peu partout, ce n’est pas une crise propre à Bordeaux.C’est juste une consommation qui est un peu plus faible…Donc il faut qu’on continue à réadapter nos stocks… »
A VOIR LE COTE CHATEAUX SPECIAL PRIMEURS LE 23 MAI A 20H40 SUR FRANCE 3 NOA