05 Juin

Le Livre des 100 ans de Bentley… à 230.000 € l’exemplaire !

La prestigieuse marque automobile fête ses 100 ans et tient à marquer le coup (ainsi que le portefeuille des acquéreurs de cet « opus » de luxe).

Ce livre réalisé par l’éditeur Opus, spécialisé dans les éditions de luxe, est à la démesure de la marque. Il pèse 30 kilos et mesure près d’un mètre une fois ouvert. Dans sa version la plus luxueuse, il est incrusté de diamants ! Il coûte 200.000 livres l’unité, soit près de 230.000 euros !!

Il est proposé en trois versions en édition ultra limitée : la « Mulliner » (100 ex à 16.000 $), la « Centenary »(500 ex à 3.200 $) et la « 100 Carats ».

Dans son coffret intérieur, La « Mulliner », contient un petit bout de gomme Michelin prélevé sur le pneu avant gauche de la Speed 8 victorieuse des 24 Heures du Mans en 2013 !

Quant à la « 100 Carats », seuls 7 seront édités (un pour chaque continent), la plus exclusive sertie de 100 carats de diamants incrustés et son logo en or blanc ou en platine.

Ecrit par le patron actuel de la marque, Adrian Hallmark, le livre retrace en 800 pages les hauts faits de la marque depuis les années 20. Il s’ouvre sur une préface du créateur de mode américain, et collectionneur d’automobiles, Ralph Lauren. et se termine par un chapitre chapitre dédié à l’avenir de la marque.

Crédits photos ©Bentley

L’ACO célébrait aussi l’événement de fort belle manière en exposant une collection historique de Bentley SUR le circuit des 24 Heures du Mans (entre la sortie des stands et le Dunlop) accessible au public toute la journée du vendredi précédant la course.

Retour en images…

Crédits photos ©Bob Garcia

01 Juin

« BMW Art Cars » : le livre d’Antonia Niederlander et l’exposition « BMW L’Art et la victoire »

BMW sort en octobre 2018 en collaboration avec l’éditeur allemand Hatje Cantz un beau livre intitulé « BMW Art Cars » signé Antonia Niederlander et consacré à l’histoire des Art Cars, voitures dont les livrées ont été réalisées par des peintres célèbres.

En 200 pages et 148 illustrations, le lecteur découvre l’histoire de cette collection automobile de prestige, créée par les plus grand artistes d’art contemporain : Franck Stella (1976), Roy Lichtenstein (1977), Andy Warhol (1979), David Hockney (1995) ou plus récemment Jeff Koons (2010).

Dix-sept artistes se sont prêtés au jeu des « Art Cars » sur des modèles allant de la BMW 3.0 l CSL à la BMW M3 GT2, en passant par la BMW 850 CSI et la V12 LMR.

Alors même que se déroule la journée test de la 87ème édition des 24 Heures du Mans, le musée des 24 Heures du Mans propose une exposition intitulée « BMW L’Art et la Victoire » dédiée à ses victoires et à ses Art Cars.

« Lire délivre » a visité l’exposition pour vous. Retour en images sur quelques « sculptures roulantes »…

Allez au Musée des 24 Heures du Mans pour découvrir cette formidable exposition temporaire, jusqu’au 6 octobre 2019 ! Vous n’êtes pas au bout de vos surprises !!

Mais les 24 Heures du Mans 2019 nous prouvent que la tradition des Art Cars est bien vivante. Rebellion Racing a créé l’événement en créant la première Art Car LMP1. Les R13 n°1 et n°3 ont revêtu deux livrées différentes réalisées par RocketByz avec l’artiste Tomyboy !

Avec le génial Tomyboy à l’hospitalité Rebellion lors des 24 Heures du Mans 2019…

 

© Bob Garcia

 

 

31 Mai

Histoires incroyables des 24 Heures du Mans, par Olivier Petit

Présentation de l’éditeur

Revivez l’histoire de cette course mythique, la plus célèbre du monde, en vous laissant emporter par 24 histoires incroyables racontées en bandes dessinées et complétées de documentaires fourmillant d’anecdotes !

Bien plus qu’une simple course, cette compétition n’a de cesse d’être un véritable laboratoire d’essais pour le monde automobile.

Du revêtement des surfaces aux progrès mécaniques en passant par les records, les inventions, les coups d’éclat, les joies et les peines, vous allez découvrir au fil des pages les histoires incroyables qui ont inscrit les 24 Heures du Mans dans la légende du sport.

Un Docu-BD exceptionnel qui plaira autant aux incollables de l’épreuve qu’aux novices !

Notre avis :

Tout semble avoir été dit sur les 24 Heures du Mans, et pourtant…

Olivier Petit a eu l’idée de prendre le sujet par le petit bout de la lorgnette, mariant intelligemment documents d’époque, témoignages et bande dessinée.

A l’instar des écuries de course d’endurance, Olivier Petit a réuni une incroyable équipe : un scénariste (Emmanuel Marie), 22 dessinateurs !, 3 coloristes, 9 photographes, et encore de précieux talents pour la conception de la couverture, la maquette, la fabrication… Le tout sur des textes documentaires d’Olivier Petit, Pauline Veschambes, Karine Parquet et Daniel Pecqueur.

A l’arrivé, un livre de plus de 150 pages bourré d’informations et d’anecdote, dont le sommaire se présente sous la forme d’une liste de 24 questions variées, mêlant histoire et technique, telles que : « Qui créa les 24 heures du Mans ? », « D’où vient la ligne droite des Hunaudières ? », « Que se passa-t-il pendant la guerre ? », « Qu’est-ce que les Art Cars ? », « A quoi sert le pesage ? » ou encore, de façon plus pragmatique « Où dormir pendant les 24 Heures ? ». Sans oublier le futur : « Qui va inventer le moteur de demain ? »

Ces sujets abondamment documentés sont complétés par « Le palmarès des 24 Heures du Mans », de 1923 à 2018.

Un ouvrage ambitieux qui tient toutes ses promesses, passionnant de la première à la dernière page, mêlant fiction et réalité. Une vraie réussite !

En prime… l’excellent dessinateur Thierry Jollet (auteur de la bande dessinée sur Mazda (p. 117-119) en dédicace au Village des 24 Heures du Mans, au son des bolides !

Pour aller plus loin, découvrez l’excellente interview d’Olivier Petit réalisée par  le vendredi 31 mai 2019 et publiée sur le site franceracing.fr

© Bob Garcia

 

 

21 Mai

Buck Danny T56 « Vostok ne répond plus » Scénario : Frédéric Zumbiehl Dessins : Gil Formosa

Buck Danny ne répond plus ?

La dernière planche de « Vostok ne répond plus », dernier tome en date de la série régulière, nous montre un Buck Danny en plein doute. Une véritable rupture dans la saga d’un personnage qu’on avait toujours connu en héros pur et dur, ballotté ici entre thriller bactériologique… et intrigue sentimentale.

Dans « Les Fantômes du Soleil Levant » et « L’Ile du Diable », la série parallèle Buck Danny Classic a certes remis à l’honneur les deux premières figures féminines de la saga dessinée du pilote américain rencontrées pendant la Guerre du Pacifique, à savoir Susan Holmes, la première alliée, et Miss Lee, la première ennemie.

Mais l’adversaire récurrente de Buck Danny reste bel et bien Jane Hamilton, alias Lady X. Une longue relation « d’amour et de haine, mais qui ne regarde que moi », disait-elle dans l’album « Mission Apocalypse » en 1983.

Mais si Buck Danny ignore encore que sa meilleure ennemie est à l’œuvre, son coeur chavire à la rencontre de la virologue Natalya Shemyova, notamment au fil d’une conversation intime sur fond d’aurore boréale. Mais à la fin de cette première partie, le pronostic vital de la belle Russe est engagé.

Ainsi, imaginons pour « Vostok ne répond plus » les questions traditionnelles de fin de chapitre chères à Jean-Michel Charlier, feu le scénariste historique de la série : Natalya survivra-t-elle ? Le monde échappera-t-il à l’effroyable menace bactériologique ?… Et surtout, pense-t-on en refermant cet album, comment réagira Buck Danny en fonction de l’évolution de l’état de santé de Natalya Shemyova ? Nous le saurons donc dans le prochain album, intitulé « Opération Vektor ».

En attendant, le troisième diptyque de Buck Danny Classic, entamé au printemps 2018 avec « Opération Rideau de Fer », connaîtra sa conclusion le 7 juin prochain, avec la sortie de « Alerte Rouge ».

©Jean-Philippe Doret

 

Buck Danny T56 « Vostok ne répond plus »

Scénario : Frédéric Zumbiehl

Dessins : Gil Formosa

48 pages

Editions Dupuis 

23 Avr

Dans la brume écarlate, Nicolas Lebel

Présentation de l’éditeur

Une femme se présente au commissariat du XIIe et demande à voir le capitaine Mehrlicht en personne. Sa fille Lucie, étudiante, majeure, n’est pas rentrée de la nuit. Rien ne justifie une enquête à ce stade mais sait-on jamais… Le groupe de Mehrlicht est alors appelé au cimetière du Père Lachaise où des gardiens ont découvert une large mare de sang. Ils ne trouvent cependant ni corps, ni trace alentour. Lorsque, quelques heures plus tard, deux pêcheurs remontent le corps nu d’une jeune femme des profondeurs de la Seine, les enquêteurs craignent d’avoir retrouvé Lucie. Mais il s’agit d’une autre femme dont le corps exsangue a été jeté dans le fleuve. Exsangue ? Serait-ce donc le sang de cette femme que l’on a retrouvé plus tôt au Père Lachaise ? La police scientifique répond bientôt à cette question : le sang trouvé au cimetière n’est pas celui de cette jeune femme, mais celui de Lucie… Un roman gothique dans un Paris recouvert de brouillard à l’heure où un vampire enlève des femmes et les vide de leur sang. Un roman choral qui laisse la parole à plusieurs protagonistes : à ceux qui perdent ou ont perdu, à ceux qui cherchent, à ceux qui trouvent ou pensent trouver. Un roman qui est l’histoire de six hommes qui aiment ou croient aimer chacun une femme : celui qui la cherche, celui qui l’aime de loin, celui qui veut la venger, celui qui la bat, celui qui la veut éternelle, et celui qui parle à ses cendres. Un roman parle des femmes comme premières victimes de la folie des hommes, même de ceux qui croient les aimer.

 

Notre avis

Pour ce nouvel opus des enquêtes du désormais mythique Mehrlicht, Nicolas Lebel place son intrigue dans un Paris englouti sous le brouillard. Le titre, qui évoque « Dans la brume électrique » de James Lee Burke, ou le roman de Margaret Atwwood « La Servante écarlate » annonce la « couleur ».

L’ambiance fantomatique et crépusculaire évoque les romans gothiques de Mary Shelley ou de Bram Stoker, à qui l’auteur rend d’ailleurs hommage en fin de livre et qu’il cite dans le fil du récit (p. 166).

Le lecteur ne sera donc pas surpris de croiser un vampire, de visiter un château ou encore quelques caveaux de cimetières. L’écriture est sophistiquée, parfois même un brin surannée, lugubre et poétique. Ambiance oblige (p. 194) : «  Le soleil blanc disparaissait déjà derrière les hauteurs dentelées, imprimant des ombres granitiques de stèles et de croix contre le ciel d’argent. Les arbres décharnés lançaient contre la nue leurs branches noires, aiguës comme des griffes, dans le vain espoir d’agripper les derniers feux du jour. Le brouillard s’était légèrement désépaissi et de nouvelles formes et contours lui échappaient par instants. Des traînées de brumes flottaient alentour, dans le silence de la nécropole, comme des fantômes assoupis. »

Le récit ne connaît aucun temps mort. Le tempo s’accélère dans les cent dernières pages et on se laisse prendre au jeu de cette traque impliquant de nombreux personnages qui se courent les uns après les autres avec des motivations bien différentes.

Rien de drôle donc dans cette traque au serial killer qui pourrait se passer dans le smog londonien, si ce n’est l’humour corrosif et le sens de la répartie de Nicolas Lebel.

Morceaux choisis :

« Mais je souffre de phobie administrative ©1 ! J’ai besoin d’aide ! »

Une note de bas de page précise « 1. L’ancien secrétaire d’Etat François Thévenoud, condamné pour fraude fiscale, a depuis déposé cette marque »

Ou encore, cette tirade du spécialiste des autopsies (p. 348) : « Si tous les flics de France tombaient sur autant de cadavres que vous, le pays serait désert en moins de deux ans ! Remarquez, je me plains, mais à ce rythme-là, je pourrais aussi bien ouvrir ma boîte, ma start-up ! Ma startopsie ! Startopsie, le numéro de l’autopsie ! Vue à la télé ! Offre de lancement : deux autopsies achetées, une autopsie offerte ! Parce que vos proches ont droit à une autopsie de qualité ! »

Mais les romans de Nicolas Lebel sont aussi une occasion pour l’auteur de dénoncer les inégalités et les dysfonctionnements de la société. On y croise des femmes battues qui veulent encore croire à la sincérité et au repentir de leurs bourreaux de maris, et qui refusent de porter plainte malgré les coups. On y voit aussi des CRS-SS qui tapent sur tout ce qui bouge et de malheureux migrants chassés de campements de fortune en campements de fortune, ingénieurs dans leur pays et clochards en France. L’auteur fustige ceux qui estiment que « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde », une phrase qui a rendu célèbre Michel Rocard, champion autoproclamé du socialisme (sans doute aurait-il fallu mentionner le copyright). Mais ceci est une autre histoire…

A l’arrivée, un page-turner réussi, captivant, extrêmement bien renseigné sur le plan procédural, truffé de références littéraires judicieuses, et qui met en scène des personnages de flics attachants malgré leurs travers.

© Bob Garcia

11 Avr

Martin Milan pilote d’avion-taxi Intégrale T1 (Scénario et dessins : Christian Godard)

Martin Milan, les premiers vols

Sous la houlette de son rédacteur en chef de l’époque Michel Greg, l’inoubliable créateur d’Achille Talon, de nombreuses nouvelles séries fleurissent dans le Journal de Tintin à la fin des années 1960. Parmi elles, Martin Milan, sous la plume de Christian Godard en 1967, est l’une des plus atypiques.

Premier anti-héros de l’école franco-belge ? Voire… Toujours est-il que Martin Milan détonne effectivement dans la production de cette période. Il ne combat pas le mal la fleur au fusil, ne sauve pas le monde… Il vit plutôt au jour le jour ses aventures en gagnant tant bien que mal sa croûte de pilote d’avion-taxi avec le Vieux Pélican, un coucou qui perd ses boulons plus souvent qu’à son tour… Le tout avec un art proverbial de la distanciation et un sens de la réplique qui fait mouche. Lointain cousin de Corto Maltese, le mythique marin d’Hugo Pratt, le cynisme en moins peut-être…

Outre le fait de remettre en lumière ce personnage pour le moins singulier, l’autre mérite de cette intégrale est de présenter les aventures de Martin Milan dans leur ordre chronologique, après des parutions en albums pour le moins aléatoires. Et si certaines des histoires courtes présentées dans le premier volume de cette intégrale offrent un burlesque réjouissant jusque dans leurs titres (« Le maboul du boulon », « Hélice au pays des merveilles »), on sent poindre au fil de la lecture – et notamment de trois histoires – un rapport très singulier à l’enfance, qui fera par la suite l’originalité du personnage et de son créateur.

Dans « Martin Milan, pilote d’avion-taxi », qui ouvre cette intégrale, il raconte à un adolescent son rêve de devenir pilote. Dans « Les clochards de la jungle », il vient en aide, presque malgré lui, à Petit Pierre dans la recherche de son père (« Vous n’auriez pas vu mon papa ? »). Et dans « Eglantine de ma jeunesse », il est confronté à Benji, un adolescent plus que réticent à se séparer d’Eglantine… une lionne qu’il a élevée dès le biberon, et qui tient plus du chat d’appartement douillet (oxymore ?) que du grand fauve ! L’ombre bienveillante d’Antoine de Saint-Exupéry, Rudyard Kipling et Joseph Kessel plane sur ces trois aventures… Tout comme celle du mythe d’Orphée, voire de Jean Cocteau, dans « Le chemin de nulle part », surprenante incursion dans le fantastique.

Par la suite, Martin Milan poursuivra sa route au fil d’histoires aux titres aussi poétiques qu’énigmatiques : citons entre autres « L’émir aux sept bédouins », « Les hommes de la boue », « Mille ans pour une agonie », « Adeline du bout de la nuit », « L’ange et le surdoué » ou encore « L’enfant à la horde »… A redécouvrir dans les trois prochains tomes de cette intégrale prévue en quatre volumes.

©Jean-Philippe Doret

 

Martin Milan pilote d’avion-taxi Intégrale T1

Scénario et dessins : Christian Godard

200 pages – Contient onze histoires de 1967 à 1970

Le Lombard

04 Avr

Les Nouvelles enquêtes de Nestor Burma : Crimes dans les Marolles, de Nadine Monfils

Présentation de l’éditeur :

 » C’était au temps où Bruxelles brusselait…non peut-être !  »

Nestor Burma à Bruxelles…

Un fait-divers vieux de onze ans.

Burma ne peux résister à y mettre son nez, à fouiller…

Nadine Monfils nous offre une balade bucolique et sombre dans le vrai Bruxelles.

« Guy Marchand, mon acteur fétiche, beau comme une Ford Mustang, même à l’âge d’être l’ermite des tarots. Le sourire c’est comme le charme, ça ne vieillit jamais. La pétillance dans le regard non plus. Puis la voix…Signoret et Trintignant, ou encore Jeanne Moreau…Ça te fait une valse à mille temps, rien qu’en te disant bonjour.

Tu parles que j’en ai entendu parler ! Il y a quelques années, cette terrible histoe avait défrayé la chronique. On l’avait surnommée Beast, la bête, parce que le criminel avait fait un carnage. La nuit du 16 juin, un jeune homme, Léo Straum s’était réveillé dans l’entrepôt de textiles de ses parents, situé dans le quartier des Marolles, rue des Capucins, avec son père, sa mère et sa sœur éventrés et lardés de coups de couteaux. Une vraie boucherie. Les murs étaient éclaboussés de sang et le gars ne se souvenait plus de rien. »

 

Notre avis :

Autant le dire tout de suite : ce livre est une petite merveille, qui se déguste comme une friandise. Belge, forcément.

Chaque phrase de Nadine Monfils est taillée sur mesure pour habiller le plus célèbre des détectives franchouillards. Elle se glisse dans la peau du personnage et se l’approprie sans jamais le détourner. C’est du grand Nestor Burma ! Léo Mallet doit se retourner de plaisir dans sa tombe. Son lascar a traversé les décennies et semble aussi à l’aise dans notre époque que dans celle de son créateur. Il possède un portable et son pote Mansour est « un geek hors pair et un cador du Dark Web ».

On suit le récit avec passion, car il y a une vraie enquête, bien construite et haletante comme on dit dans les thrillers à la mode.

Mais on se régale aussi des digressions, un art que Nadine maîtrise.

Ça frise souvent le délire. C’est truculent et drôle. On se croirait dans ces épisodes d’anthologie de Strip Tease, même quand le perroquet est remplacé par une mouche. «  Perso, j’ai connu un malabar en taule qui avait réussi à élever une mouche […] à merde qu’il avait baptisée Joséphine, parce qu’il kiffait la chanteuse aux bananes, il avait quand même étranglé sa femme, et écrasé l’amant de cette salope avec sa Ford Mustang. Mais il avait épargné le yorkshire. Bon cœur, il avait été déposer le clébard devant l’église, tel Moïse avant le Déluge, et il était retourné sur le lieu des crimes pour s’assurer que plus personne ne respirait. […] Quand il te parlait de sa mouche, tout juste s’il ne se mettait pas à chialer. La bestiole était devenue sa raison de vivre, sa chérie, son égérie de chez Lanvin, sa Victoria Beckham. Il te racontait qu’il roupillait avec elle, posée sur le coin de sa bouche, comme un grain de beauté. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mitards jusqu’au jour où il l’avait avalée en ronflant. Et là, ce fut la fin du monde. Joséphine était partie dans l’intestin du gros qui, chaque fois qu’il coulait un bronze, touillait dedans avec sa petite cuillère à café pour la retrouver. Il finit par dénicher l’amour de sa vie qu’il rinça sous le robinet et à qui il offrit des funérailles dignes de la reine d’Angleterre. Elle trône sur son étagère, dans une boite d’allumettes, sur un petit coussinet confectionné avec un bout de tissus arraché à son calebar, pour lui rappeler des odeurs familières. Et tous les soirs, il lui chante une berceuse.

Tout ça pour dire qu’il ne faut pas se fier aux apparences et que l’homme est à la fois ange et diable. »

La digression a toujours une utilité. Sous la plume de Nadine, Nestor nous livre le fond de sa pensée sur la société, et cela vaut des livres de philosophie. : «  On est toujours en guerre. Même dans les pays où on ne se tire pas dessus, on est en guerre contre les cons. En plus, ils pullulent et se reproduisent. Puis ils votent pour des plus cons qu’eux. Je me souviens, quand j’étais plus jeune, j’avais la naïveté de croire qu’on pouvait discuter, se parler… mais avec les cons, tu peux pas. Faut juste les zapper. Au max, dire bonjour si ça te gêne d’être impoli. Pour le reste, tu passes ton chemin et tu ne réponds pas. Les cons, c’est comme les microbes. Faut pas s’en approcher sinon t’es contaminé. »

Et : «  Si le bonheur est contagieux, la poisse l’est bien plus encore. Et une fois que tu l’as attrapé, elle te colle aux semelles. »

Ce livre, c’est aussi une invitation au voyage dans les Marolles d’hier et d’aujourd’hui, truffé d’expressions plus-Belge-tu-mœurs. Ça sent le vécu. Rassurez-vous, Nadine a mis plein d’astérisques un peu partout, et en fin de chapitres on découvre le sens de mots est expressions fleuris tels que ziverderaa, le zwarte piet, les cuberdons (miam !), les fritkot (re-miam !), et pis mijn kluut !

La nostalgie s’invite parfois dans le récit…

« J’aime bien Bruxelles le soir. Les gens sont aux terrasses devant de grands verres de bière. Je passe près de la lunette, à côté de l’Opéra, où les verres sont plus grands que des assiettes à soupe. […] et le soir, la jeunesse devenue bobo, celle qui pond des enfants rois, s’habille vintage, mange bio et roule à vélo, pousse-toi de là bobonne. Ils polluent moins que notre génération, mais qu’est-ce qu’ils sont chiants ! »

Mais Nadine Monfils est aussi et surtout une styliste. C’est ce qui manque le plus actuellement dans le polar. C’est bien d’aligner les cadavres et les scènes atroces. C’est mieux de l’écrire avec du style, et pourquoi pas de la poésie…

« Galant, je prends les rames et on embarque. Peu de monde sur l’eau à cette époque printanière où le soleil joue au marque-page dans les livres de pluie.

Au début, on ne parle pas. On se regarde et on savoure ce moment paisible, loin de la foule, des grues qui creusent Bruxelles depuis des lunes, ville éternellement en chantier qui accroche ses lambeaux d’âme jusque dans la rue des Bouchers, à l’heure où les touristes se sont envolés. »

Et : «  Il y a un peu de soleil. J’ai envie de marcher, de me dépêtrer de cette toile d’araignée gluante qui me colle aux rêves. »

Bon allez, j’arrête sinon je vais citer le livre en entier. Le mieux c’est de le lire, hein. 175 pages de bonheur, pour 15 euros. Franchement, qu’est-ce que tu as de génial de nos jours pour ce prix là ?

Foncez, vous allez vous régaler.

Nadine est au sommet de son art. Elle laisse exploser son talent, sa virtuosité, sa gouaille, son humour. Tout sonne juste. Tout est beau ! Son Nestor est plus vrai que nature.

© Bob Garcia