21 Nov

Salon du livre du Touquet 2021 – Entretien avec Nicolas Lebel, lauréat du prix Polartifice

Salon du livre du Touquet : entretien avec Nicolas Lebel, lauréat Polartifice 2021 pour « Le Gibier »

Présentation de l’éditeur

Trente ans après la chute de l’apartheid, les Furies, déesses du châtiment, viennent à Paris initier leur danse macabre. Qui sont-elles venues venger ?
La journée du commissaire Paul Starski commence assez mal : son épouse demande le divorce, son chien adoré est mourant et une prise d’otages l’attend dans un appartement parisien. L’âme morose, il se rend sur place avec sa coéquipière, la glaciale et pragmatique Yvonne Chen, et découvre les corps d’un flic à la dérive et d’un homme d’affaires sud-africain. Tous les indices accusent Chloé de Talense, une brillante biologiste. Starski n’ose y croire : Chloé était son grand amour de jeunesse. Afin de prouver son innocence, le commissaire prend l’enquête à bras le corps – et certainement trop à coeur –, tandis que les meurtres se multiplient. Car l’étau se resserre autour de la biologiste qui semble être le gibier d’une chasse à courre sanglante lancée à travers la capitale. Starski prend peu à peu conscience que rien n’arrêtera les tueurs. Pire, qu’à fureter au-delà des évidences, il vient peut-être lui-même d’entrer dans la Danse des Furies…

Notre avis

Un démarrage sur les chapeaux de roues accroche le lecteur, au point de ne plus pouvoir lâcher le livre. Difficile de classer ce roman tant il combine avec brio les styles : roman noir, enquête policière, thriller… le tout teinté d’humour. Une vraie réussite, tant sur le fond que sur la forme.

Bob Garcia

07 Nov

Astérix et le griffon, texte de Jean-Yves Ferri, dessins de Didier Conrad

 

Cet album présente une (petite) avancée par rapport aux deux précédents, qui ne parvenaient pas à trouver le ton, trop prisonniers de conventions (imposées et/ou auto-imposées ?) datant d’une époque révolue. On dénombre quelques inventions graphiques, visuelles, scénaristiques. Les noms des personnages sont vraiment drôles tout en s’inscrivant dans l’air du temps. Les Romains complotistes, Fakenius en tête, n’en ratent pas une « Comme par hasard ! » « On ne nous dit pas tout ! ». Le géographe de César, Terrinconus, qui emprunte ses traits à Michel Houellebecq, a bien du mal à convaincre les terreplatistes que la terre est sphérique. Quant aux Amazones, elles plairont sûrement aux adeptes de la « culture woke » car « la guerre est une affaire de femmes ». Les ex-fiers Gaulois se laissent mener par le bout du nez. Et en fin de récit, l’Amazone cheffe dit à Astérix « reviens quand tu veux, nous ferons de toi un vrai guerrier ! »

Pas de doute, il s’agit bien d’un album de 2021.

L’idée de départ est prometteuse. On attend des aventures cocasses et des rencontres étonnantes, des gags à gogo et des rebondissements. Mais le scénario s’essouffle peu à peu et l’album s’enlise pour finir en queue de poisson.

Plusieurs pistes ne sont pas exploitées (abandonnées/oubliées en cours de route par les auteurs ?) et laissent le lecteur sur sa faim. Que fait Idéfix avec les loups ? Où est passé le griffon ? Panoramix est dans le potage. César semble blasé, indifférent à ce qui se passe… Une Amazone a jeté son dévolu sur un Obélix rouge de timidité, mais le livreur de menhir fuit car son « cœur est pris par son petit chien » (!)

L’apparition conventionnelle des pirates (une seule image sans l’ombre d’un gag) n’apporte rien et relève de la figure imposée « Quel calme, hein ? ». On est d’accord.

Le dessin de Didier Conrad est sublime.

Jean-Yves Ferri donnera la pleine mesure de son talent quand il fera… du Jean-Yves Ferri !

A lire faute de mieux… en espérant que le prochain album tiendra enfin ses promesses…

©Bob Garcia

 

2021, l’odyssée de Largo Winch

2021, l’odyssée de Largo Winch

Deux jours avant sa sortie, La frontière de la nuit, 23e album de Largo Winch, a fait le 3 novembre dernier l’objet d’une présentation à la Cité des Sciences de Paris. Une projection dédiée à l’espace dans le planétarium a superbement complété cette avant-première dédiée à l’un des nouveaux défis du milliardaire le plus célèbre de la BD franco-belge : le tourisme spatial. 

L’idée d’intégrer l’espace dans la saga Largo Winch tournait déjà dans la tête du dessinateur Philippe Francq à l’époque où Jean van Hamme était encore le scénariste de la série : « De Tintin à Spirou, tous les grands héros de la BD sont allés d’une manière ou d’une autre dans l’espace », Et en 2021, le tourisme spatial a connu ses premières grandes réussites, du vol inaugural de Richard Branson au printemps dernier au tout récent baptême de l’espace de William Shatner, le légendaire Capitaine Kirk de la saga Star Trek. Ainsi La frontière de la nuit entre-t-il étonnante résonance avec l’actualité. « Entre une idée de scénario, le dessin et l’album final, il se passe environ quatre ans. Et dans cette période, le monde change très vite, poursuit Philippe Francq L’idée était bien sûr de ne pas être les derniers dans l’histoire, mais nous ne savions pas il y a quatre ans que tout le monde irait dans l’espace aujourd’hui. »

Si le tourisme spatial offre un angoissant climax à la fin de ce nouveau diptyque du milliardaire en blue-jeans, ce 23e tome est celui d’une remise en question, et même de ce qui semble être un véritable dépoussiérage… Pour emprunter une métaphore intergalactique à George Lucas, « L’empire Winch contre-attaque », en quelque sorte, sur les nouveaux enjeux économiques et environnementaux de ce XXIe siècle. « Largo est le héros le plus agaçant de la BD, sourit Eric Giacometti. Il est beau, riche, intelligent, éternel »… Mais autour de lui, le monde change. « Le Groupe W est un groupe de l’ancienne économie, et il faut prendre en compte l’espace, l’environnement, et aussi le mouvement MeToo », précise le scénariste. Quitte à être politiquement incorrect face au consensus ambiant, en dévoilant – « à la manière de Largo Winch » que nous vous laissons découvrir – la face sombre de l’écologie : l’exploitation des enfants pour l’extraction des matières premières nécessaires aux sacro-saintes batteries lithium-ion alimentant nos téléphones mobiles et la sacro-sainte voiture électrique.

Mais Largo Winch et sa garde rapprochée conservent leur ironie distanciée, marque distinctive du scénariste fondateur Jean van Hamme, tandis qu’Eric Giacometti distille avec le personnage de Simon Ovronnaz une trame humoristique récurrente… qui ne sera pas sans conséquence sur la dramaturgie globale de cette intrigue à entrées multiples.

Au fil d’un rythme mené au pas de charge, les séquences concoctées par Eric Giacometti et Philippe Francq s’enchaînent en posant de nombreuses questions et en n’y apportant que des réponses partielles, qui trouveront leur dénouement dans Le centile d’or, seconde partie de cette histoire.

« A suivre », donc, comme on dit aux Editions Dupuis et dans le Journal de Spirou… 

©Jean-Philippe Doret

Largo Winch T23 « La lumière de la nuit »

Scénario : Eric Giacometti

Dessins : Philippe Francq

48 pages

Dupuis