Présentation de l’éditeur:
« Ici, comme dans les autres ghettos, pas d’artifice à la Marilyn, ni de mythe à la Kennedy. Ici, c’est la réalité. Celle qui macère, mendie et crève. »
1965. Enlisés au Vietnam, les Etats-Unis traversent une crise sans précédent : manifestations, émeutes, explosion des violences policières. Vingt millions d’Afro-Américains sont chaque jour livrés à eux-mêmes, discriminés, harcelés. Après l’assassinat de Malcolm X, la communauté noire se déchire entre la haine et la non-violence prônée par Martin Luther King, quand surgit le Black Panther Party : l’organisation défie l’Amérique raciste, armant ses milliers de militants et subvenant aux besoins des ghettos. Une véritable révolution se profile. Le gouvernement déclare alors la guerre aux Black Panthers, une guerre impitoyable qui va bouleverser les vies de Charlene, jeune militante, Neil, officier de police, et Tyrone, infiltré par le FBI. Personne ne sera épargné, à l’image du pays, happé par le chaos des sixties.
Notre avis:
J’écris toujours mes chroniques à l’instinct, guidée par l’émotion du moment. Les mots sortent seuls pour refléter mon ressenti, pas besoin de réfléchir, le livre me guide. Pour « POWER » c’était impossible. J’ai dû la rédiger avant pour être certaine de ne rien oublier et surtout réussir à vous livrer une chronique à la hauteur de ce livre.
J’ai lu beaucoup de roman dans ma vie: de la blanche, de la noire, du bon et du moins bon, de la passionnante comme des décevantes, et de ma vie de lectrice, je pense que « POWER » est la plus grande claque littéraire que j’ai prise.
Écrit avec les tripes, ce roman se lit avec les tripes. Michaël a su m’emporter dans les sixties, au cœur d’une Amérique déchirée. De la naissance du Black Panther Party en passant par l’explosion de la soûl et du Funk, de la guerre du Vietnam aux hippies sans oublier Armstrong sur la Lune ou encore le tueur en série « Le Zodiac », tout les événements marquant de cette décennie ont été évoqués.
J’ai eu souvent le sentiment de vivre en direct certains des moments de l’ Histoire relatés dans le roman. De lire les discours de Martin Luther King ou de Bobby Kennedy, de lire leurs assassinats j’en avais la chair de poule tant Michaël a su donner vie, par la magie de ses mots et sa qualité d’écriture, à l’histoire de son roman.
Documenté, précis, rempli de références historiques (Jeux Olympiques de Mexico…), musicales (une playlist de folie), POWER est un saut dans le temps.
J’ai pensé aux films « Détroit » ou encore « J.Edgar », j’ai senti la poussière, le tabac froid, la puanteur des ghettos, la drogue, la peur des habitants de ces quartiers en proie aux émeutes… J’ai entendu les cris de chagrins des mères, les détonations des armes, les ronronnements des buicks, les crissements de pneus…
Dans la première partie de son roman, Michaël Mention plante le décor, évoque la mort de Malcolm X, la naissance du black power et du Black Panther Party:
« De Fanon ils ont gardé la révolution.
De Malcolm, ils ont gardé la rage.
De King, ils ont gardé la mesure.
Du Che, ils ont gardé l’anti-impérialisme […] »
Dans la seconde partie, il nous invite à suivre les destins croisés de trois personnages:
Charlène, en recherche de repères et d’identité, aspirée par ses idéos.
Tyrone, enfant du ghetto qui accepte de travailler pour le FBI et infiltrer les Black Panther pour sortir de prison.
Neil, jeune flic, personnage complexe qui ne comprend plus l’Amérique dans laquelle il vit.
Leur évolution, leurs espoirs, leurs déceptions, leurs désillusions, « POWER » est aussi leur histoire.
« POWER » est un grand roman, plein d’humanité. Il relate non seulement les années soixante aux Etats-Unis mais il est également très actuel. Sur l’ensemble du récit, l’évolution des mouvements politiques mais aussi la radicalisation de certains personnages vers les extrêmes rappelle ce qui se passe dans notre société aujourd’hui: la montée des haines raciales, l’intolérance, la peur de la différence.
« POWER » est un chef d’œuvre, admirablement bien écrit, qui, je n’en doute pas, sera un grand succès littéraire,et peut être même plus…
L’écriture est tellement visuelle qu’il ferait aussi un très grand film.
Vous l’avez compris, ce roman est plus qu’un coup de cœur. Il est inclassable.
Laissez vous tenter et plongez au cœur de « POWER ».
Chez Stéphane Marsan éditeur, paru le 04 avril 2018, 464 pages.
@Ophélie Cohen