20 Fév

Brian Wilson, vibrations autobiographiques

Brian Wilson, vibrations autobiographiques

Après avoir démultiplié le chant jusqu’au sublime, au sein des Beach Boys comme de ses propres albums, Brian Wilson laisse libre cours à sa propre voix dans une autobiographie où la grande histoire du rock croise l’intimité de l’un de ses plus grands mélodistes.

Ainsi, Brian Wilson évoque-t-il régulièrement les « voix » qui l’habitent.

Ainsi, on pourrait rapprocher « I Am Brian Wilson » du scénario écrit par Joel Olianski pour le film « Bird » de Clint Eastwood, au fil de l’esprit aussi bouillonnant que désordonné du saxophoniste Charlie Parker, ou alors, côté littérature, des courants de conscience tels qu’initiés par la romancière Dorothy Richardson, et dont « Les Vagues » de Virginia Woolf est sans doute l’un des plus beaux symboles, au fil d’un écrit suivant non pas une trame prédéfinie, mais le fil de la pensée des personnages.

La réussite de « I am Brian Wilson » est donc de canaliser le flux de la pensée du cofondateur des Beach Boys, qui ne laisse de côté aucun des aspects de sa vie mouvementée, sans pour autant donner à celle-ci un cadre chronologique : son panthéon musical personnel, son père, ses frères, sa folie, la tyrannie exercée par le docteur Landy, qui le maintint sous son emprise pendant près de quinze ans, l’émulation entre les Beach Boys et les Beatles au mitan des années 1960, les relations – parfois très procédurières – avec son cousin Mike Love autour des Beach Boys, le miroir qui lui tendit le film « Love And Mercy », une famille recomposée et une épouse sans laquelle « dieu sait ce qu’il serait sans elle », paraphrase en forme de clin d’oeil à « God Only Knows », sans doute la plus belle de ses chansons…

Mais si sa vie est, comme on le voit, loin d’être un long fleuve tranquille, Brian Wilson la raconte avec un langage simple et direct, sans accent mélodramatique, avec une distance et une franchise qui laissent parfois pantois. Ainsi, il n’hésite pas à écrire qu’il peine parfois à domestiquer le flux continu des voix qui l’habitent. Et, à chacune de ses apparitions publiques, son regard porte la trace de voyages intérieurs dont il est loin d’être revenu intact.

Alors, à bientôt 77 ans, Brian Wilson a-t-il trouvé la paix ? « God only knows », serions-nous tentés de répondre. Et de laisser à chacun le soin de trouver la réponse à la lecture de ses mémoires, entre la sérénité de son écriture et le foisonnement de sa pensée…

©Jean-Philippe Doret

« I am Brian Wilson »

Brian Wilson, avec Ben Greenman

352 pages

Castor Music