08 Mar

Le combat des pères, de Raphaël Delpard

Bienvenue en misandrie !

La « justice » familiale est rendue quasiment exclusivement par des femmes.

La « justice » familiale est trèèèèès à gauche.

Le verdict est donc immuable : la mère est une victime. Le meilleur des pères du monde reste un bourreau. Les enfants sont la propriété exclusive de la mère. Le père a le privilège de payer la mère pour qu’elle puisse les élever dignement, mais n’a pas le privilège de les voir grandir.

 

Raphaël Delpard se bat contre les inégalités et les injustices. Autant dire qu’il n’est pas prêt de s’arrêter d’écrire…

Pour son dernier livre « Le combat des pères » (Le Rocher), il a enquêté pendant plus d’un an, et a rencontré des pères, des sociologues, des pédopsychiatres, des avocats, des membres d’association, des juges des Affaires familiales.

Il a mis en évidence les dysfonctionnements et les discriminations de notre système judiciaire : les pères convoqués arbitrairement au poste de police, les demandes exorbitantes de pensions alimentaires (accordées par les JAF), les mensonges et les coups tordus des mères en toute impunité, et au bout du compte la capitulation des pères devant un système pourri jusqu’à l’os.

Et un constat abjecte et inhumain : lors des jugements de divorce, la garde des enfants est attribuée à la mère dans 80 % des cas. Les pères sont systématiquement exclus et écartés de leurs enfants. 600.000 enfants ne connaissent pas leur père et grandissent sous la « protection » de la mère et sous les coups du beau-père.

Bien sûr, il y aura toujours la connasse de service pour éclairer le débat : Ah ben dans mon cas, c’est l’inverse. C’est le père que « ne veut plus voir » ses enfants et qui a refait sa vie… comme dans les bonnes fake news d’internet, où on ne te montre qu’une partie des images, et surtout pas l’historique, bien trop embarrassant.

« Le Combat des pères » ? Perdu d’avance.

Circulez, y’a rien à voir…

21 Jan

Champignac « Enigma », Scénario de BeKa, Dessins de David Etien

Le Comte de Champignac entre mycologie et cryptologie

 

Dans le cadre de la collection « Le Spirou de », Emile Bravo, Yann et Olivier Schwartz ont choisi de confronter le groom le plus célèbre de la BD franco-belge à la Seconde Guerre mondiale. Avec « Enigma », c’est au tour de Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas, Comte de Champignac, de relever à cette période de sa jeunesse un défi digne de ses capacités scientifiques… et où la mycologie ne sera pas absente.

Le duo de scénariste BeKa (alias Caroline Roque et Bertrand Escaich) et le dessinateur David Etien envoient le distingué mycologue en Grande-Bretagne retrouver un de ses grands amis, le professeur Black (vu notamment dans les albums de Spirou « Le dictateur et le champignon » et « Le voyageur du Mésozoïque »). Une fois arrivé au manoir de Bletchley Park, le Comte de Champignac se mesure à Enigma, la fameuse machine allemande à crypter les messages, aux codes réputés inviolables.

Au fil d’un récit solidement rythmé, quelques nécessaires séquences vulgarisatrices sur le décodage croisent des moments particulièrement cocasses. Citons en premier lieu la rencontre avec Winston Churchill, mise en scène avec un humour « quasi so British » savoureux.

Mais le Premier Ministre le plus célèbre de sa Gracieuse Majesté n’est pas le seul personnage historique que l’on croise dans « Enigma ». On retrouve aussi Alan Turing (première apparition en vélo, affublé d’un masque à gaz !), l’inventeur de la machine qui permettra de craquer les codes d’Enigma. Et aussi le futur créateur de James Bond (« Mon nom est Fleming, Ian Fleming ! »), qui soumet un soldat allemand à bombardement massif d’’œufs lors d’une incursion nocturne au château de Champignac.

« Enigma », c’est aussi la rencontre entre le Comte de Champignac et la pétillante Ecossaise Blair MacKenzie, pour l’un des arcs narratifs les plus séduisants de l’album : deux geeks avant l’heure, deux solitaires qui se retrouvent fort pris au dépourvu lorsque le temps de sortir de leur univers respectif pour exprimer leurs sentiments est venu.

Pour faire bonne mesure, BeKa et Etien offrent à Spirou une apparition furtive que nous vous laissons le plaisir de découvrir (et que n’auraient pas renié un certain Alfred Hitchcock, M Night Shyamalan ou Stan Lee). Point final d’un one-shot qui se savoure comme un épisode de « Chapeau Melon et Bottes de Cuir »… ou un film de James Bond !

 

©Jean-Philippe Doret

 

Champignac « Enigma »

Scénario : BeKa

Dessins : David Etien

64 pages

 

Dupuis

19 Déc

Treize, impair et double : XIII Mystery « Judith Warner » et XIII « L’enquête – Deuxième partie »

 

Treize, impair et double

La double parution de « Judith Warner » et de « L’enquête – Deuxième partie » voit le retour au scénario de Jean van Hamme, qui lève le voile sur les dernières questions laissées en suspens à la fin du premier cycle des tribulations de l’amnésique le plus célèbre de la bande dessinée.

Chronologiquement, ces deux albums se situent à cheval entre « Le dernier round », dernier volet du premier cycle, et « Le jour du Mayflower », premier album du deuxième cycle scénarisé par Yves Sente. Mais l’ordre de lecture est inverse à celui de la parution.

Ainsi, dans « L’enquête – Deuxième partie » (sorti le 30 novembre), le jeune journaliste Danny Finkelstein boucle les investigations amorcées par son frère Ron et Warren Glass. Comme dans le premier volet de l’enquête, textes, BD, photos et dessins s’entremêlent, certaines infos sur certains personnages sont complétées, d’autres font leur apparition… Avec une touche d’humour subtile, qui donne envie d’en savoir plus sur la secrétaire Mildred Brightlight, lointaine « cousine » de Miss Pennywinkle, l’assistante aussi distinguée que volcanique de Largo Winch. Les dessins de William Vance, décédé le 14 mai dernier, et de Jean Giraud, dessinateur de « La version irlandaise » disparu en 2012, s’entremêlent habilement à ceux du nouveau venu Philippe Xavier, qui se glisse dans cet univers foisonnant avec humilité et efficacité, d’autant plus que le lettrage des séquences dessinées est identique à celui de Vance dans le premier cycle.

Pour le treizième et ultime volet de la série XIII Mystery (basée sur le principe d’un album dessiné par une équipe différente travaillant ensemble pour la première fois), Jean van Hamme revient aux affaires, se réservant deux des dames les plus marquantes du premier cycle. « Judith Warner » (sorti le 19 octobre) éclaire certains dossiers de « L’enquête – Deuxième partie ». Il aurait d’ailleurs fort bien pu être baptisé « Jessica Martin », car nous en apprenons autant sur l’une que sur l’autre (le titre « Judith et Jessica » avait même été annoncé dans un hors-série de l’Express consacré à XIII). Autour de ces deux personnages forts, Jean van Hamme construit un véritable thriller au féminin, que n’auraient pas renié, jusqu’au dénouement final, un Paul Verhoeven ou un Clint Eastwood. Côté dessin, le trait d’Olivier Grenson anime idéalement Judith et Jessica, femmes de tête, mais aussi femmes blessées à la recherche de leur propre vie.

Au fil de ces deux albums, Jean van Hamme tire ainsi de nouveaux fils d’un univers qu’il connaît par coeur, tout en instillant la dose de distanciation ironique qui a fait sa marque, aussi bien sur XIII que Largo Winch. En somme, Jean van Hamme passe, impair… et gagne !

©Jean-Philippe Doret

 

XIII Mystery T13 « Judith Warner »

Scénario : Jean van Hamme

Dessins : Olivier Grenson

56 pages

 

XIII T13 « L’enquête – Deuxième partie »

Scénario : Jean van Hamme

Dessins : Philippe Xavier & William Vance

32 pages

 

Dargaud

29 Oct

Atom Agency T1 « Les bijoux de la Begum » & Marc Jaguar T2 « Les camions du diable »

   

Maurice, Atom, Marc et les autres…

En cet automne 2018, les éditions Dupuis présentent deux albums au parfum policier des années 1950, sous l’égide d’une figure tutélaire : celle de Maurice Tillieux, scénariste majeur de l’histoire du journal de Spirou, disparu il y a quarante ans.

Dans « Les bijoux de la Begum », le jeune Atom Vercorian, détective privé en herbe fils de policier, flaire le bon coup qui pourra lancer sa carrière dans le Paris de l’immédiat après-guerre (nous sommes en 1949).

Le duo Yann/Schwartz est déjà rôdé de longue date (« Gringos Locos », et aussi trois albums dans la collection « Le Spirou de ») et reste fidèle à lui-même. Le premier signe un scénario nerveux à l’ironie et aux dialogues toujours mordants, tandis que le dessin du second est toujours aussi foisonnant et truffé de clins d’oeil. Avec notamment quelques visages que les cinéphiles ne manqueront pas de reconnaître… sans oublier le titre de cet album, qui n’est pas sans rappeler une certaine aventure de Tintin !

Pour cette première enquête aussi référencée que roborative, Atom Vercorian forme avec Mimi, fille de catcheur, et Jojo la toupie, lui-même ancien as du ring, un trio jubilatoire qui évoque l’un des sports les plus populaires de l’époque. Et également écho à Maurice Tillieux et à la création de Gil Jourdan, flanqué de Queue de cerise et Libellule, deux adjoints eux aussi hauts en couleurs.

L’oeuvre de Maurice Tillieux est au coeur des « Camions du diable », deuxième aventure de Marc Jaguar après « Le lac de l’homme mort ». Tillieux avait créé ce personnage pour Risque-Tout, éphémère journal créé par les éditions Dupuis. Lorsque Risque-Tout s’arrête en 1956, seules les huit premières planches des « Camions du diable » y ont été prépubliées. L’arrêt du journal provoque également celui du personnage, et aboutit à la naissance de Gil Jourdan dans Spirou.

C’est à François Walthéry, proche de Tillieux (qui lui écrivit deux des meilleurs albums de son hôtesse de l’air Natacha, « Un trône pour Natacha » en 1974 et surtout « Le treizième apôtre » en 1977), que l’on doit la reprise des « Camions du diable », soixante ans après l’arrêt de Risque-Tout.

Reprenant ce scénario inachevé, Etienne Borgers reste fidèle à l’esprit de Tillieux : art du dialogue (Tillieux était-il un Michel Audiard d’outre-Quiévrain ?), intrigue oscillant entre polar nerveux et thriller d’espionnage, dont les fils se croisent et se nouent en fin d’album (on pense notamment au « Gant à 3 doigts » de Gil Jourdan et au « Scaphandrier mort » de Tif et Tondu). Le trait de Jean-Luc Delvaux, lui aussi grand connaisseur de l’oeuvre et du dessin de Tillieux, est à l’unisson, le tout sous le haut patronage de Walthéry.

En somme, deux histoires revisitant chacune à sa manière de belles pages de l’histoire du journal de Spirou pour une réjouissante lecture croisée… En attendant « Petit hanneton », la deuxième enquête d’Atom Agency, sur laquelle Olivier Schwartz est déjà à l’oeuvre.

©Jean-Philippe Doret

Atom Agency T1 « Les bijoux de la Begum »

Scénario : Yann

Dessins : Olivier Schwartz

56 pages

Marc Jaguar T2 « Les camions du diable »

Scénario : Maurice Tillieux (planches 1 à 8) & Etienne Borgers (planches 9 à 65)

Dessins : Jean-Luc Delvaux & François Walthéry

80 pages

 

Dupuis

08 Oct

25ème Festival BD de Buc : la magnifique fresque réalisée par Frank Pé

 

Extrait du site de Frank Pé : « Lors des ses apparitions en public, Frank était déjà fort apprécié pour la qualité de ses dédicaces (voir la rubrique qui leur est consacrée). Depuis peu, il offre à son public un nouveau type de performance graphique, sous la forme de fresques qu’il réalise en direct. Celles-ci sont généralement découpées et les morceaux mis en vente à la fin du festival. Cette rubrique vous permet de découvrir ces chef-d’oeuvre d’un nouveau genre… »

BD Buc 2018 : le dessinateur Regric dédicace « La stratégie du chaos »

Guy Lefranc, un reporter toujours d’actualité

En à peine un an, la sortie du « Principe d’Heisenberg » et de « La stratégie du chaos », ainsi que le lancement par Hachette d’une collection en kiosque offre l’occasion de faire le point sur l’évolution du personnage créé en 1952 par Jacques Martin depuis la disparition du père d’Alix.

A l’origine, Jacques Martin (1921-2010) n’a dessiné que les trois premières aventures de son personnage, avant de n’en conserver que le poste de scénariste. Homme prévoyant, il avait assuré sa succession sur deux voies parallèles, avec des auteurs chargés de poursuivre après son décès les aventures de son reporter à la fois dans les années 1950 et à l’époque contemporaine.

« Le principe d’Heisenberg » et « La stratégie du chaos », les deux dernières histoires en date, parues à six mois d’intervalle à l’automne 2017 et au printemps 2018, font toutefois exception à cette règle d’alternance, avec deux intrigues ancrées dans les fifties. Dans le premier, un crime sanglant cache un complot d’Etat. Dans le second, un milliardaire cloîtré dans un gigantesque navire hig-tech, lointain cousin de l’arche de Noé et du Nautilus du Capitaine Nemo, veut provoquer un holocauste nucléaire pour assurer à la terre un avenir meilleur.

Ses successeurs poursuivent bien sûr une certaine tradition établie par Jacques Martin : l’importance du décor régional (« Le principe d’Heisenberg »), qui peut faire écho aux Vosges de « La grande menace », le premier album, la passion de Jacques Martin pour les voitures de sport, ou encore l’art de la catastrophe et du chantage à grande échelle. Mais les albums récents apportent une dimension supplémentaire, avec l’apparition de personnages ayant réellement existé.

Ainsi « La stratégie du chaos » s’achève-t-il sur une rencontre, dans le cadre des JO de Melbourne (1956), entre Guy Lefranc et le marathonien français Alain Mimoun, médaille d’or olympique cette année-là. Auparavant, le reporter avait croisé la route de Johnny Stompanato, le mari mafieux de la comédienne Lana Turner (« Le châtiment ») et même le cosmonaute Youri Gagarine (« L’homme oiseau »).

Un ancrage bienvenu qui donne un nouveau cachet à l’univers de Lefranc, qui tient autant au globe-trotter intrépide hérité de Tintin, qu’à l’héritage de Jules Verne et de James Bond. En attendant un anniversaire : celui du trentième album.

Lefranc T28 « Le principe d’Heisenberg »

Scénario : François Corteggiani

Dessin : Christophe Alvès

48 pages

 

Lefranc T29 « La stratégie du chaos »

Scénario : Roger Seiter

Dessin : Régric

48 pages

Editions Casterman

07 Oct

25ème Festival BD de Buc : Emilio Van Der Zuiden dédicace « Les Beresford »

Mr Brown: Les Beresford Album, de Emilio Van der Zuiden (Illustrations)

Mr Brown met en scène deux « vieux » amis, Prudence Cowley (dite Tuppence) et Thomas Beresford (dit Tommy), tous deux démobilisés après la Première Guerre mondiale, la première ayant participé à l’effort de guerre par son travail d’infirmière, le second après avoir combattu (et été blessé) dans les rangs britanniques. Ils sont tous deux mêlés à une affaire d’espionnage, au cours de laquelle ils seront aux prises avec un mystérieux adversaire, surnommé Mr Brown, lequel tient absolument à récupérer des documents compromettants confiés à une jeune fille, une certaine Jane Fish, rescapée du torpillage du paquebot Lusitania, et qui, consciente du risque couru, n’a cessé de se cacher depuis lors en dissimulant son identité. L’adversaire des deux héros projette en effet de renverser par une révolution l’ordre social établi au Royaume-Uni, projet qui pourrait être anéanti par la découverte de ces documents…

06 Oct

BD Buc 2018 : « Le Petit théâtre de Spirou » à l’honneur

 

Le petit théâtre de Spirou, de Doisy Jean (Auteur), Moons André (Auteur), Al Severin (Illustrations)

Présentation de l’éditeur

Par un froid mois de décembre 1942, un théâtre de marionnettes fondé par André Moons et Jean Doisy, alors rédacteur en chef du Journal Spirou, sillonne la Belgique occupée pour compenser l’interruption de la publication du journal et servir de couverture à un réseau de résistants. Les spectacles pour marionnettes à fils, espiègles et touchantes, mettaient en scène Spirou et son fidèle ami Spip dans des historiettes écrites par Jean Doisy et jouées par André Moons, entre les mains duquel les marionnettes prenaient vie de façon magique. Puis la guerre s’acheva et les saynètes s’endormirent 70 ans durant dans un grenier. Jusqu’à ce que… Des décennies plus tard, les auteurs de « La véritable histoire de Spirou » découvrent ces écrits uniques et, avec la complicité de Al, décident de les ramener à la lumière. Un pari osé, réussi avec grâce, qui nous ouvre les portes d’un voyage unique et émouvant dans le Spirou de ces années-là. Spirou, Spip, Fantasio pour sa première apparition visuelle (un an avant que Jijé ne lui confère sa célèbre silhouette), mais aussi d’autres grands oubliés du journal : les AdS, Georges Cel, le Fureteur ou les Tif et Tondu de Fernand Dineur.

28 Sep

25ème festival BD de Buc : « Mr Brown: Les Beresford Album », de Emilio Van der Zuiden (Illustrations)

Mr Brown: Les Beresford Album, de Emilio Van der Zuiden (Illustrations)

Mr Brown met en scène deux « vieux » amis, Prudence Cowley (dite Tuppence) et Thomas Beresford (dit Tommy), tous deux démobilisés après la Première Guerre mondiale, la première ayant participé à l’effort de guerre par son travail d’infirmière, le second après avoir combattu (et été blessé) dans les rangs britanniques. Ils sont tous deux mêlés à une affaire d’espionnage, au cours de laquelle ils seront aux prises avec un mystérieux adversaire, surnommé Mr Brown, lequel tient absolument à récupérer des documents compromettants confiés à une jeune fille, une certaine Jane Fish, rescapée du torpillage du paquebot Lusitania, et qui, consciente du risque couru, n’a cessé de se cacher depuis lors en dissimulant son identité. L’adversaire des deux héros projette en effet de renverser par une révolution l’ordre social établi au Royaume-Uni, projet qui pourrait être anéanti par la découverte de ces documents…