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11 Avr
Martin Milan, les premiers vols
Sous la houlette de son rédacteur en chef de l’époque Michel Greg, l’inoubliable créateur d’Achille Talon, de nombreuses nouvelles séries fleurissent dans le Journal de Tintin à la fin des années 1960. Parmi elles, Martin Milan, sous la plume de Christian Godard en 1967, est l’une des plus atypiques.
Premier anti-héros de l’école franco-belge ? Voire… Toujours est-il que Martin Milan détonne effectivement dans la production de cette période. Il ne combat pas le mal la fleur au fusil, ne sauve pas le monde… Il vit plutôt au jour le jour ses aventures en gagnant tant bien que mal sa croûte de pilote d’avion-taxi avec le Vieux Pélican, un coucou qui perd ses boulons plus souvent qu’à son tour… Le tout avec un art proverbial de la distanciation et un sens de la réplique qui fait mouche. Lointain cousin de Corto Maltese, le mythique marin d’Hugo Pratt, le cynisme en moins peut-être…
Outre le fait de remettre en lumière ce personnage pour le moins singulier, l’autre mérite de cette intégrale est de présenter les aventures de Martin Milan dans leur ordre chronologique, après des parutions en albums pour le moins aléatoires. Et si certaines des histoires courtes présentées dans le premier volume de cette intégrale offrent un burlesque réjouissant jusque dans leurs titres (« Le maboul du boulon », « Hélice au pays des merveilles »), on sent poindre au fil de la lecture – et notamment de trois histoires – un rapport très singulier à l’enfance, qui fera par la suite l’originalité du personnage et de son créateur.
Dans « Martin Milan, pilote d’avion-taxi », qui ouvre cette intégrale, il raconte à un adolescent son rêve de devenir pilote. Dans « Les clochards de la jungle », il vient en aide, presque malgré lui, à Petit Pierre dans la recherche de son père (« Vous n’auriez pas vu mon papa ? »). Et dans « Eglantine de ma jeunesse », il est confronté à Benji, un adolescent plus que réticent à se séparer d’Eglantine… une lionne qu’il a élevée dès le biberon, et qui tient plus du chat d’appartement douillet (oxymore ?) que du grand fauve ! L’ombre bienveillante d’Antoine de Saint-Exupéry, Rudyard Kipling et Joseph Kessel plane sur ces trois aventures… Tout comme celle du mythe d’Orphée, voire de Jean Cocteau, dans « Le chemin de nulle part », surprenante incursion dans le fantastique.
Par la suite, Martin Milan poursuivra sa route au fil d’histoires aux titres aussi poétiques qu’énigmatiques : citons entre autres « L’émir aux sept bédouins », « Les hommes de la boue », « Mille ans pour une agonie », « Adeline du bout de la nuit », « L’ange et le surdoué » ou encore « L’enfant à la horde »… A redécouvrir dans les trois prochains tomes de cette intégrale prévue en quatre volumes.
©Jean-Philippe Doret
Martin Milan pilote d’avion-taxi Intégrale T1
Scénario et dessins : Christian Godard
200 pages – Contient onze histoires de 1967 à 1970
Le Lombard
08 Avr
Les auteurs en dédicace…
Les ateliers Reliure et Manga…
Le gang des polardeux, emmené par le « parrain » Didier Daeninckx, qui se prête volontiers à l’exercice de la photo de famille !
Après l’effort, le réconfort… En attendant la prochaine édition…
© Bob Garcia
07 Avr
Pour sa première édition, le Salon du Livre de Paris-Marne la Vallée affichait son ambition : plus de 70 auteurs dans des domaines variés et complémentaires, des invités d’honneur prestigieux. Des animations scolaires de qualité en amont du festival ont impliqué les enfants et les familles dans ce projet.
Un public nombreux et intéressé est donc venu découvrir ce nouveau salon, qui ne demande qu’à s’agrandir et à toucher un lectorat toujours plus grand.
La suite en 2020…
04 Avr
Présentation de l’éditeur :
» C’était au temps où Bruxelles brusselait…non peut-être ! »
Nestor Burma à Bruxelles…
Un fait-divers vieux de onze ans.
Burma ne peux résister à y mettre son nez, à fouiller…
Nadine Monfils nous offre une balade bucolique et sombre dans le vrai Bruxelles.
« Guy Marchand, mon acteur fétiche, beau comme une Ford Mustang, même à l’âge d’être l’ermite des tarots. Le sourire c’est comme le charme, ça ne vieillit jamais. La pétillance dans le regard non plus. Puis la voix…Signoret et Trintignant, ou encore Jeanne Moreau…Ça te fait une valse à mille temps, rien qu’en te disant bonjour.
Tu parles que j’en ai entendu parler ! Il y a quelques années, cette terrible histoe avait défrayé la chronique. On l’avait surnommée Beast, la bête, parce que le criminel avait fait un carnage. La nuit du 16 juin, un jeune homme, Léo Straum s’était réveillé dans l’entrepôt de textiles de ses parents, situé dans le quartier des Marolles, rue des Capucins, avec son père, sa mère et sa sœur éventrés et lardés de coups de couteaux. Une vraie boucherie. Les murs étaient éclaboussés de sang et le gars ne se souvenait plus de rien. »
Notre avis :
Autant le dire tout de suite : ce livre est une petite merveille, qui se déguste comme une friandise. Belge, forcément.
Chaque phrase de Nadine Monfils est taillée sur mesure pour habiller le plus célèbre des détectives franchouillards. Elle se glisse dans la peau du personnage et se l’approprie sans jamais le détourner. C’est du grand Nestor Burma ! Léo Mallet doit se retourner de plaisir dans sa tombe. Son lascar a traversé les décennies et semble aussi à l’aise dans notre époque que dans celle de son créateur. Il possède un portable et son pote Mansour est « un geek hors pair et un cador du Dark Web ».
On suit le récit avec passion, car il y a une vraie enquête, bien construite et haletante comme on dit dans les thrillers à la mode.
Mais on se régale aussi des digressions, un art que Nadine maîtrise.
Ça frise souvent le délire. C’est truculent et drôle. On se croirait dans ces épisodes d’anthologie de Strip Tease, même quand le perroquet est remplacé par une mouche. « Perso, j’ai connu un malabar en taule qui avait réussi à élever une mouche […] à merde qu’il avait baptisée Joséphine, parce qu’il kiffait la chanteuse aux bananes, il avait quand même étranglé sa femme, et écrasé l’amant de cette salope avec sa Ford Mustang. Mais il avait épargné le yorkshire. Bon cœur, il avait été déposer le clébard devant l’église, tel Moïse avant le Déluge, et il était retourné sur le lieu des crimes pour s’assurer que plus personne ne respirait. […] Quand il te parlait de sa mouche, tout juste s’il ne se mettait pas à chialer. La bestiole était devenue sa raison de vivre, sa chérie, son égérie de chez Lanvin, sa Victoria Beckham. Il te racontait qu’il roupillait avec elle, posée sur le coin de sa bouche, comme un grain de beauté. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mitards jusqu’au jour où il l’avait avalée en ronflant. Et là, ce fut la fin du monde. Joséphine était partie dans l’intestin du gros qui, chaque fois qu’il coulait un bronze, touillait dedans avec sa petite cuillère à café pour la retrouver. Il finit par dénicher l’amour de sa vie qu’il rinça sous le robinet et à qui il offrit des funérailles dignes de la reine d’Angleterre. Elle trône sur son étagère, dans une boite d’allumettes, sur un petit coussinet confectionné avec un bout de tissus arraché à son calebar, pour lui rappeler des odeurs familières. Et tous les soirs, il lui chante une berceuse.
Tout ça pour dire qu’il ne faut pas se fier aux apparences et que l’homme est à la fois ange et diable. »
La digression a toujours une utilité. Sous la plume de Nadine, Nestor nous livre le fond de sa pensée sur la société, et cela vaut des livres de philosophie. : « On est toujours en guerre. Même dans les pays où on ne se tire pas dessus, on est en guerre contre les cons. En plus, ils pullulent et se reproduisent. Puis ils votent pour des plus cons qu’eux. Je me souviens, quand j’étais plus jeune, j’avais la naïveté de croire qu’on pouvait discuter, se parler… mais avec les cons, tu peux pas. Faut juste les zapper. Au max, dire bonjour si ça te gêne d’être impoli. Pour le reste, tu passes ton chemin et tu ne réponds pas. Les cons, c’est comme les microbes. Faut pas s’en approcher sinon t’es contaminé. »
Et : « Si le bonheur est contagieux, la poisse l’est bien plus encore. Et une fois que tu l’as attrapé, elle te colle aux semelles. »
Ce livre, c’est aussi une invitation au voyage dans les Marolles d’hier et d’aujourd’hui, truffé d’expressions plus-Belge-tu-mœurs. Ça sent le vécu. Rassurez-vous, Nadine a mis plein d’astérisques un peu partout, et en fin de chapitres on découvre le sens de mots est expressions fleuris tels que ziverderaa, le zwarte piet, les cuberdons (miam !), les fritkot (re-miam !), et pis mijn kluut !
La nostalgie s’invite parfois dans le récit…
« J’aime bien Bruxelles le soir. Les gens sont aux terrasses devant de grands verres de bière. Je passe près de la lunette, à côté de l’Opéra, où les verres sont plus grands que des assiettes à soupe. […] et le soir, la jeunesse devenue bobo, celle qui pond des enfants rois, s’habille vintage, mange bio et roule à vélo, pousse-toi de là bobonne. Ils polluent moins que notre génération, mais qu’est-ce qu’ils sont chiants ! »
Mais Nadine Monfils est aussi et surtout une styliste. C’est ce qui manque le plus actuellement dans le polar. C’est bien d’aligner les cadavres et les scènes atroces. C’est mieux de l’écrire avec du style, et pourquoi pas de la poésie…
« Galant, je prends les rames et on embarque. Peu de monde sur l’eau à cette époque printanière où le soleil joue au marque-page dans les livres de pluie.
Au début, on ne parle pas. On se regarde et on savoure ce moment paisible, loin de la foule, des grues qui creusent Bruxelles depuis des lunes, ville éternellement en chantier qui accroche ses lambeaux d’âme jusque dans la rue des Bouchers, à l’heure où les touristes se sont envolés. »
Et : « Il y a un peu de soleil. J’ai envie de marcher, de me dépêtrer de cette toile d’araignée gluante qui me colle aux rêves. »
Bon allez, j’arrête sinon je vais citer le livre en entier. Le mieux c’est de le lire, hein. 175 pages de bonheur, pour 15 euros. Franchement, qu’est-ce que tu as de génial de nos jours pour ce prix là ?
Foncez, vous allez vous régaler.
Nadine est au sommet de son art. Elle laisse exploser son talent, sa virtuosité, sa gouaille, son humour. Tout sonne juste. Tout est beau ! Son Nestor est plus vrai que nature.
© Bob Garcia
02 Avr
Pour sa première éditions, le Salon du livre de Paris-Vallée de la Marne frappe fort !
Jugez plutôt :
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