Le plan est actuellement à l’étude à Bruxelles. L’Etat français espère faire approuver par la Commission européenne la prolongation de trois ans en moyenne des concessions autoroutières. En contrepartie, les sociétés d’autoroute prendraient à leur charge pour près de 3,6 milliards de travaux sur les routes nationales. L’aménagement de l’échangeur de Sevenans, dans le Territoire de Belfort, et la mise à deux fois deux voies de la RN1019 jusqu’à Héricourt, pourraient ainsi échoir à APRR, qui exploite l’autoroute A36. La CGT a lancé une pétition contre ce qu’elle considère comme une privatisation d’un service public. A l’image du président du conseil général du Territoire de Belfort Yves Ackermann, les collectivités locales assurent que le futur tronçon ne sera pas payant… au moins pour l’instant.
Pour le gouvernement et les collectivités locales, le plan de relance autoroutier a un double avantage: il permettra de relancer le secteur du BTP sans mettre la main à la poche, puisque les travaux seront financés entièrement ou presque par le secteur privé. Le secrétaire d’Etat aux Transports Frédéric Cuvillier attend même 15.000 créations d’emplois grâce à ces investissements sur l’ensemble du territoire. Ce sera un « coup de fouet au secteur du BTP, qui est en berne », a-t-il même assuré à l’AFP le 16 mai.
Parmi la vingtaine de projets concernés par ce plan de relance autoroutier figure donc l’aménagement de la route nationale 1019, ex-RN19, entre l’échangeur de Sevenans et Héricourt. Une dizaine de kilomètres déjà régulièrement saturés. Cet axe dessert en effet la gare TGV de Belfort-Montbéliard, le futur hôpital médian (qui ouvrira en 1016) et la Suisse. Côté helvète, la future A16, ou la Transjurane, prendra d’ailleurs le relais de la RN1019 dès 2016 et permettra aux automobilistes de rouler sur une voie rapide de Boncourt à Bienne, dans le canton de Berne.
Les services de l’Etat et les collectivités locales avaient donc prévu plusieurs aménagements routiers sur le secteur. Mais dans le contexte budgétaire actuel, privés des recettes de l’écotaxe, nos pouvoirs publics ont trouvé semble-t-il le recours idéal: les sociétés d’autoroutes, prêtes à mettre la main à la poche contre quelques années de concessions en plus. Reste à savoir si Bruxelles, toujours à cheval sur les règles de mise en concurrence, acceptera cette prolongation des concessions sans appel d’offres.
Un nouveau tronçon pour la future autoroute Langres-Delle
Reste aussi à connaître la position et la stratégie des sociétés autoroutières. Qui va réaliser ces travaux? Un péage sera-t-il installé à terme? APRR n’a pas souhaité répondre à nos questions, malgré plusieurs sollicitations. En revanche, Yves Ackermann, président du conseil général du Territoire de Belfort, ne s’en cache pas: le tronçon concerné sera « peut-être, un jour, appelé à devenir une autoroute ». « C’est ce que nous souhaitons, explique l’élu socialiste. Il est certain que lorsque le tronçon sera entièrement réalisé entre Langres et l’Aire urbaine, elle deviendra très certainement concession privée ».
Ce projet, c’est celui de l’A319, pourtant reporté par le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Les salariés de l’Aire urbaine installés en Haute-Saône n’ont donc pas de souci à se faire. Ils ne devront pas s’acquitter d’un péage pour aller travailler tous les matins. En tout cas pour l’instant.
Le reportage de Jérémy Chevreuil et Maxime Meuneveaux. Avec Sabine Vernant, secrétaire CGT du Territoire de Belfort et Yves Ackermann, président socialiste du conseil général du Territoire de Belfort A lire aussi: Autoroute et LGV reportées: « une opportunité pour notre région » selon EELV Autoroute Langres-Vesoul: « la majorité a fait preuve d’un autisme effarant » pour Alain Chrétien Autoroute Langres-Vesoul: pour l’UMP de Haute-Saône, la déviation de Port-sur-Saône n’est qu’une étape Pour Cécile Duflot, l’égalité des territoires, est-ce aussi l’autoroute? Et si l’autoroute Langres-Vesoul ne voyait jamais le jour…