14 Fév

Chorale, de Nick Gardel

chorale

Présentation de l’éditeur:

Un magasin qui explose, un mitraillage à la Kalashnikov, une sirène recherchée, un gang sanguinaire, Peter, Jean-Édouard et Lorelei sont des habitués du chaos. Quand leurs extraordinaires aptitudes pour les ennuis s’entrecroisent, cette troupe soudée par l’amitié prend la route à bord d’une vieille DS qui en a vu d’autres. Mais jusqu’où peut conduire l’amitié ?

Notre avis:

On dit qu’un roman choral est un genre qui sait rendre un livre vivant et offrir une richesse littéraire particulière, grâce à la diversité de style de chaque personnage.

« Chorale » l’est assurément!

Les personnages de Nick ont effectivement tous leur style, ils sont hauts en couleurs (sauf dans les vêtements), ont de fortes personnalités et leur auteur leur a créé un univers à leur image, sur mesures, dans lequel ils s’épanouissent pleinement.

Dans « Chorale » j’ai retrouvé avec joie JED, sa DS et sa sirène. Une Loreleï qui s’est étoffée depuis « fourbi étourdi » (éditions Caïman)!

J’ai fait la rencontre de Peter Raven (présent dans des romans précédents du même auteur), Aykut l’étrange « Monsieur Aspirateur » mais aussi Vasquez et sa Ghislaine, incarnation mentale d’une vieille prof qui m’a tellement fait penser à Carmen Cru (Fluide Glacial si vous ne connaissez pas).

Tous ces personnages ont pris vie dans un roman où le thème central est l’amitié: jusqu’où sommes nous prêts à aller par amitié?

Une histoire profondément humaine, des recherches, un road trip en DS, des retrouvailles, et une Ophélie émue et la larme à l’œil.

Une ode à l’amitié que ce roman noir:

« Parce que si Aykut et Loreleï ne sont pas là pour justifier un petit peu ce que je suis, j’ai peur de chopper le vertige devant le vide ».

D’ailleurs Nick a glissé un clin d’œil à ses amis auteurs Michael Fenris et Sandrine Destombes.

J’avais adoré la plume de Nick dans « fourbi étourdi », ce style à la Audiard (dont je ne suis pourtant pas fan) ou à la Desproges.

Un univers qui détonne dans un monde où le classicisme est davantage la règle, un monde où le commercial et le grand public sont plus recherchés, parce qu’ils s’expriment en espèces sonnantes et trébuchantes…

De mon côté j’adhère totalement à l’univers Gardel et exit le classicisme.

« Chorale » est pour ma part plus abouti que « fourbi étourdi », peut-être parce qu’il y a plus de Gardel dedans. Et j’ai eu un coup de cœur pour ce roman. Sans doute parce que le thème, et la manière dont il est traité font échos chez moi, ou parce que je suis sensible à cette plume et à ce style.

Si vous cherchez une intrigue de fou passez votre chemin, Nick fait dans la finesse, dans la mise en avant de la richesse de notre belle langue, dans l’humour noir et avec des personnages qui pourraient être vos potes tant ils sont vivants dans ses romans.

« L’être humain est une pâte à pain. Un mélange aussi improbable que l’eau et la farine, travaillé à la main pour devenir un tas rebondi n’attendant qu’un peu de chaleur pour gonfler. Sauf que dans le cas présent, ce sont les habitudes qui vous pétrissent, les rituels qui vous malaxent jusqu’à ce que vous deveniez une boule élastique, prête à prendre mollement la forme qu’on lui donnera »

Merci Nick… Chorale va m’accompagner un moment…

« Chorale » de Nick Gardel, paru le 04 septembre 2017.

© Ophélie Cohen