21 Oct

« Surface », Olivier Norek

Présentation de l’éditeur :

Ici, personne ne veut plus de cette capitaine de police.

Là-bas, personne ne veut de son enquête.

Avec Surface, Olivier Norek nous entraîne dans une enquête aussi déroutante que dangereuse. Un retour aux sources du polar, brutal, terriblement humain, et un suspense à couper le souffle.

 

Notre avis :

Olivier Norek avait placé la barre très haute avec son incroyable roman « Entre deux mondes ».

Mais comment survivre à un tel succès ?

La solution, il l’a trouvée, elle s’appelle « Surface »… changement de décor, de personnages, de sujet…

Le talent d’un grand auteur est de savoir se réinventer, et de sans cesse surprendre ses lecteurs. Norek y parvient avec brio en signant ici un thriller captivant.

L’entrée en matière est tonitruante. L’écriture, rapide et cinématographique, nous plonge au cœur de l’action.

Puis l’auteur prend le temps de décrire ses personnages et on apprend peu à peu à les connaître, à comprendre leur psychologie… à s’y attacher aussi. L’empathie est un des moteurs de la narration.

Très vite, on est entraîné dans la spirale infernale des indices, des déductions, et de leurs conséquences.

Les vieux souvenirs et les vieilles affaires refont surface, au propre comme au figuré.

L’enquête est menée tambour battant. A partir de la moitié du livre, il n’est quasiment plus possible de le lâcher tant le rythme est tendu et le suspense à son comble.

La chute arrive enfin, et on regrette d’avoir déjà tournée la dernière page.

« One shot » ou héroïne récurrente ? Peu importe, ce thriller est une réussite, tant sur la forme que sur le fonds.    

Olivier Norek a du talent à revendre, et plus d’un tour dans son sac.

Vivement le prochain livre !

 

©Bob Garcia

14 Oct

XIII T25 « The XIII History », Scénario : Yves Sente Dessins : Youri Jigounov

XIII et ses « secrets d’histoire »

Le 25 – serions-nous même tentés d’écrire XXV – semble devoir être l’autre nombre d’or de XIII, l’amnésique le plus célèbre de la bande dessinée franco-belge. Un quart de siècle après la prépublication du tout premier épisode dans les pages du journal de Spirou, le 25e tome creuse encore plus en profondeur la généalogie du personnage tout en étoffant l’arrière-fond historique de la série.

On le sentait venir à la lecture des dernières pages de « L’Héritage de Jason Mac Lane », l’album précédent : « The XIII History » se situe dans la droite lignée du livre-enquête tel que défini dans la série par les deux volumes de « XIII Mystery ».

Le fil rouge de l’enquête journalistique en forme de course-poursuite est repris quasi à l’identique, mais la forme est ici légèrement différente. Alors que, dans « XIII Mystery », les inserts dessinés se présentaient sous la forme d’une double page, ils sont dans « XIII History » directement intégrés aux textes des différents dossiers conçus par le journaliste Danny Finkelstein.

« The XIII History » se transforme même en véritable thriller : le scénariste Yves Sente y ajoute quelques chausse-trappes, notamment par le rôle joué par le Stephen Dundee, patron de presse de Danny Finkelstein et de son supérieur direct Randolph McKnight. Cet équilibre entre les flashbacks historiques – qu’aurait sans doute adoré mettre en images feu William Vance, dessinateur historique de la série – et la fuite de Danny Finkelstein.

Avec les deux volumes de « The XIII Mystery », « The XIII History » constitue un véritable sous-ensemble d’une remarquable cohérence, dessinant de véritables « secrets d’histoire » souterrains de l’Amérique. L’omniprésence de la tentaculaire Fondation Mayflower telle que définie par Yves Sente donne même un nouvel éclairage sur le premier cycle scénarisé par Jean Van Hamme.

En cet automne 2019, le scénariste Yves Sente et Youri Jigounov esquissent une intrigue parallèle riche de promesses pour les albums à venir, entre la traque de Danny Finkelstein par la Fondation Mayflower, désormais infiltrée par XIII. Et doublent même la mise, avec la sortie le 8 novembre de « 2132 mètres », le 26e album.

©Jean-Philippe Doret

 

XIII T25 « The XIII History »

Scénario : Yves Sente

Dessins : Youri Jigounov

64 pages

Dargaud

06 Oct

« Michel Vaillant, 13 jours », Graton, Lapière, Benéteau, Dutreuil

La 13 est (toujours) au départ

Ce 13, c’est le nombre fétiche de Jean Graton, ici remis en perspective dans un arc narratif clé de la nouvelle saison de Michel Vaillant : son retour en Formule 1, entre jeu de clins d’œil et nouveau regard sur la discipline reine du sport automobile.

« 13 jours » est donc la chronique d’un retour qui fait à la fois appel au passé et au présent. Côté passé, le 40e anniversaire de la première victoire en Formule 1 de Renault, que rejoint Michel Vaillant pour pallier au remplacement de l’un de ses pilotes actuels… avec seulement 13 jours pour se préparer au Grand Prix de France de Formule 1. Pour la circonstance, Michel Vaillant retrouve l’un de ses circuits fétiche : le Paul Ricard, mis en scène notamment dans les albums « Série noire » et « La Révolte des rois », où le pilote le plus célèbre de la bande dessinée le présente comme « le meilleur (circuit) du monde et le plus sûr d’Europe ».

Si le 13 a donné son titre à un autre album (« Le 13 est au départ »), il accompagne le retour de Michel Vaillant en Formule 1 d’une autre manière… que nous vous laissons découvrir ! Au début de cette histoire, qui voit l’apparition de Cyril Abiteboul, et plus tard de Daniel Ricciardo et Nico Hülkenberg, les authentiques patron et pilotes actuels de Renault en Formule 1, Philippe Graton s’amuse même, avec une histoire de trompette, d’un court rappel à « Bon sang ne peut mentir », la toute première histoire courte de 4 pages parue dans le Journal de Tintin en 1957.

Mais il n’est pas seulement question de références, car ce « 13 Jours » intègre avec beaucoup de pertinence dans son intrigue les éléments du quotidien du pilote de Formule 1 d’aujourd’hui : sa préparation physique (notamment la gestion de la respiration et de l’apnée, qui donne lieu en mer à l’une des plus belles séquences de l’album) et la technologie moderne des simulateurs de pilotage… que Michel Vaillant, qui a tout connu du sport automobile des six dernières décennies, ne goûte guère !

Et, comme dans certains des précédents albums de cette nouvelle saison voulue par Philippe Graton, l’intégration dans les séquences de course de commentaires de speakers en remplacement des récitatifs de son père Jean apporte une dimension supplémentaire qui ajoute à leur suspense, et propre à séduire aussi bien le profane que l’initié.

Signalons également que cet album marque l’arrivée d’un nouveau collaborateur. Si Philippe Graton et Denis Lapière sont toujours au scénario, Benjamin Bénéteau, qui avait dessiné seul l’album précédent « Macao » après le départ de Marc Bourgne, est rejoint par Vincent Dutreuil, pour le premier aboutissement de l’un des nombreux arcs narratifs de cette nouvelle saison, avec de nombreuses questions : quand se concrétisera le retour de l’équipe Vaillante, le golden boy aux dents longues Ethan Dasz a-t-il dit son dernier mot ? Comment évoluera la carrière de sénateur de Steve Warson ? Autant de questions qui trouveront leurs réponses dans les albums – et peut-être d’autres surprises – à venir…

©Jean-Philippe Doret

Michel Vaillant Nouvelle Saison T8 « 13 jours »

Scénario : Philippe Graton & Denis Lapière

Dessins : Benjamin Bénéteau & Vincent Dutreuil

56 pages

(Edition spéciale 80 pages « 13 Jours – L’histoire vraie » à paraître en novembre)

Graton

30 Sep

Capricorne, Andréas, (Intégrales T2 et T3)

Andréas, le Capricorne d’un Capricorne

Si Andréas aime à s’amuser de la coïncidence entre son propre signe astrologique et le nom d’un personnage qu’il a porté plus de deux décennies durant, la parution de l’intégrale actuellement en cours au Lombard, prévue en quatre volumes, permet de porter un nouveau regard sur cet univers, et pas seulement parce que cette intégrale a fait le choix du noir et blanc en lieu et place de la couleur des albums originaux. Et au fil de cette conversation, l’auteur comme son personnage conservent une part de mystère qui donne envie de se replonger dans une œuvre où l’insolite et l’énigmatique participent de sa richesse, bientôt complétée par un quatrième et dernier volume encore à paraître.

Cinéma, une influence diffuse – Le noir et blanc de l’intégrale de Capricorne évoque autant le cinéma muet que l’expressionnisme d’un Fritz Lang, et la géométrie des cadrages semblent porter la marque d’un Stanley Kubrick : « Je pense avoir été influencé par le cinéma, mais je ne saurais dire à quel niveau. Pour moi, les cinéastes les plus importants seraient Kubrick, Coppola et Lynch. Mais si je travaille sur des expressions muettes, c’est parce que j’aime beaucoup travailler sans texte, en fait. Dans ce contexte, je travaille beaucoup plus mes limites de dessinateur parce que c’est très difficile de faire passer une expression vraiment subtile. Quoiqu’il en soit, le cinéma muet savait vraiment raconter, ce qui s’est peut-être un peu perdu par la suite avec le parlant. Mais quand on regarde des séries des années 1960 ou 1970, comme « Mission Impossible », par exemple, il y a parfois des passages de cinq à six minutes sans le moindre mot. On voit et on doit comprendre par soi-même ce qui se passe, ce qui ne serait plus possible aujourd’hui. »

Andréas et ses personnages – Si Andréas a glissé quelques éléments autobiographiques dans l’une des histoires du troisième volume de l’intégrale de Capricorne, qu’en est-il de sa propre identification aux personnages de la série ? « Je me retrouve surtout dans Astor, par son côté un peu casanier et grognon. Capricorne lui-même, j’ai essayé de ne pas trop m’y projeter pour y ajouter des choses ou éventuellement laisser s’y installer des choses inconscientes que je pourrais reconnaître après coup. Le côté solitaire par exemple, certainement. »

Paradoxes temporels – La saga Capricorne se situe dans une époque ni tout à fait réelle, ni tout à fait imaginaire, dans une réalité que l’on pourrait situer dans les années 1930 : « C’est une période qui n’est pas trop actuelle, sans ordinateur ou téléphone portable… On peut ainsi créer plus facilement des anachronismes, mélanger le temps d’avant avec ce qui existait à l’époque. »

Rork et Capricorne, destins croisés – Le premier cycle de Capricorne, réuni dans le premier volume de l’intégrale, s’entremêle avec Rork, la première série au long cours d’Andréas… dont le cinquième album porte précisément le nom du personnage de Capricorne. Mais les sept albums de Rork et les cinq albums du premier cycle de Capricorne peuvent se lire de manière indépendante : « J’ai fait Rork un peu au fil de mes idées, j’apprenais en quelque sorte mon métier à cette époque, tandis que Capricorne a été fait disons, plus « consciemment », c’est un univers beaucoup plus vaste. Et on découvre finalement que Rork fait partie de l’univers de Capricorne. Les deux coexistent parallèlement. »

Identité, une quête essentielle – Dans le deuxième volume de l’intégrale, Capricorne retrouve son identité dans un contexte totalitaire qui n’est pas sans rappeler les dictatures des années 1930… Comme si cette quête était rendue encore plus essentielle dans ce type de contexte : « Dans une existence disons douce et agréable, on n’est pas forcément poussé à chercher qui on est. Cela peut sans doute se faire selon la manière dont l’agressivité du monde extérieur influe sur soi-même. Dans la série, le cycle du Concept se situe dans un contexte – ou une réalité parallèle – proche de la Deuxième Guerre mondiale. Toute référence directe à ce conflit n’avait pour moi pas lieu d’être, mais je voulais quelque chose de mondial, en étant notamment inspiré par « Le Secret de l’Espadon » d’Edgar Pierre Jacobs. C’est une histoire qui m’a toujours fasciné. »

Capricorne, les couleurs du noir et blanc – L’adoption du noir et blanc pour l’intégrale enrichit également l’univers de la série, dont les choix de mise en couleurs étaient déjà très poussés au fil des albums orignaux : « Eddy Paape (notamment dessinateur de Luc Orient pour le journal de Tintin, ndlr) disait que si une bande dessinée est destinée à la couleur, elle se doit de fonctionner également en noir et blanc, car par exemple, on ne sait jamais si dans une édition étrangère sera en couleurs ou pas. »

Originalités multiformes : Capricorne et Arq – Parallèlement à Capricorne, Andréas a mené Arq (18 albums éditions Delcourt), autre série au long cours dont l’originalité visuelle passait même par le changement du format des albums : « Au début, c’est vrai que j’avais un peu peur de voir les deux séries se parasiter. C’est notamment pour cette raison que le dessin de Arq est vraiment différent. Mais en fait, j’avais des idées pour les deux séries. Et chaque fois que j’avais une nouvelle idée, je me posais la question de savoir de l’utiliser pour une série ou l’autre, en me demandant où je pouvais l’adapter. Mais savoir ce qui irait pour Arq ou Capricorne se décidait assez vite. Finalement, les deux séries sont tellement différentes que j’ai su moi aussi faire la différence… (rires). »

Relectures et regards multiples – Capricorne fait partie de ces séries nécessitant de nombreuses lectures, à la fois pour en déchiffrer les arcanes au fil de sa propre sensibilité et pour en apprécier toute les subtilités visuelles. Un plaisir qui est aussi le sien en tant que lecteur : « Je crois que ça fait partie de l’idée de base de tous mes bouquins : que les gens les gardent pour les relire plus tard. Pour ma part, je lis certains livres une fois avant de les donner ou de les revendre, et il y en a d’autres que je range dans ma bibliothèque, en me disant que je vais y revenir un jour… ou peut-être jamais. Il y a aussi des livres que je garde parce que j’adore les dessins ou pour le dessinateur, même si l’histoire n’est pas forcément enthousiasmante. Mais il y a encore plein de livres et de BD que je n’ai pas encore lus, et il est clair que certains vont « sauter ». (sourire) »

Narration et scénario – Entre audaces scénaristiques, cycles entremêlés et découpage multiforme, Capricorne semble d’une rigueur de construction dont on pourrait croire qu’elle nécessite d’avoir plusieurs scénarios d’avance lors de l’élaboration d’un album… Mais pas tant que cela : « J’avais une sorte de fil rouge, dans le sens où je savais où je voulais arriver. Mais je me suis laissé beaucoup de liberté, car en vingt ans sur un même personnage, on trouve de nouvelles idées. Avoir un fil rouge tout en racontant des choses différentes avec des ellipses, des histoires parallèles, raconter une histoire sur un seul album ou faire un cycle… »

Episodes, histoires et cycles – Capricorne offre une lecture judicieusement découpée dans cette intégrale, dont les avant-propos de chaque volume ne manquent pas d’évoquer les croisements et la multiplicité des points de vue : « Pour Capricorne, j’avais prévu quatre fois cinq albums, ou plutôt trois fois cinq et une fois six du fait de la présence d’un double album. Je ne voulais pas situer l’intégralité de la série à New York car je pense qu’au bout d’un certain temps, je me serais ennuyé à dessiner cette ville sur vingt albums. D’autre part, ça me permettait d’isoler le personnage à un moment donné et de le faire vivre tout seul pendant un cycle (réuni dans le troisième volume, ndlr). Cela m’a permis d’entretenir la série non seulement pour le lecteur, mais aussi pour moi-même. »

© Jean-Philippe Doret

Capricorne

Intégrale T2 : contient les albums « Attaque », « Le Dragon Bleu », « Tunnel » et « Le Passage »

Intégrale T3 : contient les albums « Les Chinois », « Patrick », « 12 (album sans titre) », « Rêve en cage » et « L’Opération »

Scénario & dessins : Andréas

264 pages noir & blanc pour chaque volume

Le Lombard

24 Sep

Le Rêve d’un fou, Nadine Monfils, Fleuve Editions

Présentation de l’éditeur :

Le hasard sème parfois un peu de poudre d’étoiles pour aller au bout de nos rêves.
Quand le destin s’est acharné sur lui, le Facteur Cheval aurait pu sombrer dans la douleur et le désespoir. Il a plutôt choisi de se lancer dans un pari insensé : construire de ses propres mains son Palais Idéal. Mais une étrange rencontre lors de ses tournées va donner un tout autre sens à son rêve.
Parce que la passion est la seule chose qui peut nous sauver.

En s’inspirant librement de la vie du Facteur Cheval, Nadine Monfils nous offre un roman émouvant comme un hymne à la liberté, la poésie, l’art, et la foi en ce qui nous dépasse.

 

Notre avis :

100 pages !

Avalées trop vites…

Il n’en faut pas plus à Nadine Monfils pour nous livrer un de ses plus beaux récits : l’histoire du facteur Cheval.

Un récit ciselé avec une patience d’orfèvre et un talent outrageux.

La poésie, toujours, en filigrane…

« Ce jour-là, je partais faire ma tournée à travers les campagnes. Là-bas, les terres sont sèches et le vent murmure des choses étranges. Le soleil colore la nature d’une lumière poudreuse. Parfois on se croirait dans un tableau. »

« Il faisait beau et le soleil avait tressé des songes de blé dans l’herbe. »

Cheval a vu disparaître ceux qu’il aimait. La médecine ne faisait pas de miracle à cette époque, et la vie ne faisait pas de cadeau. Alors il s’est réfugié dans son rêve fou, pour rester debout : construire un palais idéal, où il enterrerait la dépouille de son enfant mort trop tôt.

Il y a pris goût…

« Je pense que la fatigue est le manteau de la vie. Quand on fait ce qu’on aime, on ne sent pas ce lourd vêtement sur soi. Il ne pèse soudain plus rien. La passion fait de nous des oiseaux. »

Nadine entraine le lecteur dans le rêve fou du facteur Cheval, mais on ne sait plus trop qui parle… le facteur… ou Nadine, qui nous parle de son propre rêve fou et de sa propre philosophie de vie. Un peu des deux.

« Les hommes sont pareils à des fourmis qui grouillent, s’entremêlent, se grimpent dessus et s’écrabouillent. Des fourmis qui, de toute façon, ne tirent aucune leçon de la vie et continuent à reproduire les mêmes conneries, jusqu’au jour où la planète deviendra invivable. On avait deux magnifiques cadeaux : la nature et l’amour. Et qu’est-ce que nous, crétins d’humains, en faisons ? Du gâchis. »

C’est Joseph, qui parle, l’ami de Cheval. Lui s’est réfugié dans la peinture. Mais leur combat pour continuer à exister est le même.

La peinture…

« C’est là qu’il mettait toutes ses blessures, là qu’il colorait ses angoisses et dissimulait ses désillusions sous des couches de gouaches. »

Cheval veut encore y croire… On ne prend pour un fou, mais il s’en fout…

« Je me suis toujours senti comme Don Quichotte et je suis toujours parti à l’assaut de mes démons au lieu de les fuir. Je crois que la vraie force est là. C’est la seule qui permet d’affronter nos peurs avec une chance de les vaincre. Il m’a fallu du temps pour l’acquérir, car la lutte est âpre contre les gens qui nous entourent et veulent nous modeler à leur image. »

A travers des personnages qui semblent avoir été créés par Nadine Monfils elle-même, l’auteur nous livre un récit virtuose, puissant, poétique, philosophique.

Pas besoin d’écrire des pavés qui vous tombent des mains (tant par le poids et la vacuité) pour écrire des chefs-d’œuvre magistraux.

Lisez-le et délestez-vous de vos pavés !

 

© Bob Garcia

09 Sep

10ème salon du Livre sur les quais de Morges

Pour sa 10ème édition, Le Livre sur les quais de Morges (Suisse), du 6 au 8 septembre 2019, a mis les petits plats dans les grands.

Un soleil radieux s’est invité pour parfaire l’événement et a sans doute aussi contribué au succès de cette incroyable édition.

Une programmation riche et diversifiée comprenait bien sûr des auteur(e)s parisiens, mais aussi des auteur(e)s de plusieurs régions françaises et pays francophones (Canada, Belgique, Afrique).

Une réussite totale ! La bouillante équipe du Livre sur les quais a déjà de nombreuses idées pour l’édition 2020, que l’on attend avec impatience !

© Bob Garcia

© Amandine Gazeau

29 Juil

L’enfermement, Florence Henry, Editions XO

Présentation de l’éditeur

Longtemps, Océane fut cette enfant recroquevillée sur elle-même, qui ne regardait personne et semblait compter les étoiles.

Dès la maternelle, médecins et instituteurs sont formels : l’enfant est autiste, aucun espoir d’amélioration n’est à attendre. Révoltée, Florence déscolarise Océane et met toute sa vie entre parenthèses pour se consacrer à sa fille.

Dix heures par jour, elle improvise des jeux, des consignes, des mises en scène. L’apprentissage devient acharnement. Mais bientôt, le miracle se produit : pour la première fois, Océane se met à rire. Elle renaît au monde…

Pendant six ans, Florence va mener cette guerre totale et solitaire. Malgré les obstacles, les jugements, elle ne lâche rien, bouleversée par les progrès spectaculaires de sa fille.

En septembre 2013, Océane réintègre enfin l’école. elle a douze ans. Brillante élève, elle prépare aujourd’hui son bac S et rêve de devenir astronome.

Une formidable leçon de vie, d’amour et de courage.

Notre avis :
Je n’ai pas encore lu le livre, que je ne manquerai pas de dévorer dès que j’en aurai le temps. Donc pas question pour moi de « faire comme si » et donner un avis sur un livre non encore lu…
En revanche, j’ai eu la chance de rencontrer l’auteure, la maman d’Océane, lors du salon du livre des Sables d’Olonne. Et pour avoir échangé avec elle, j’ai compris le message d’espoir contenu dans cet ouvrage. Florence Henry s’est battue contre les préjugés et les « spécialistes » qui lui affirmait que le cas de sa fille était sans espoir de rémission. Mais elle ne s’est jamais résignée, et son expérience lui a donné raison. Aujourd’hui, elle espère juste donner des pistes aux parents pour venir à bout de l’autisme : une disponibilité et une attention de chaque instant, la présence, l’humour, le temps, la patience…
Et un message en filigrane : ne jamais abandonner, ne jamais baisser les bras. Si cela a fonctionné pour elle et sa fille, cela peut fonctionner pour d’autres parents avec leurs enfants.
©Bob Garcia

« 1989, le grand Tour », Textes & illustrations : Max Cabanes

Le Tour de France 1989 à la puissance Max

Avec Julian Alaphilippe, cela faisait bien longtemps qu’un coureur français n’avait pas été aussi proche de remporter le Tour de France… On pourrait dire trente ans, si on remonte à la poignée de secondes séparant Laurent Fignon de Greg LeMond, vainqueur de la Grande Boucle 1989… Racontée de l’intérieur en textes et images par Max Cabanes dans « 1989, le Grand Tour », paru à l’origine chez Dargaud voici 30 ans sous le titre « La Boucle magique ».

Le Tour de France 1989 selon Cabanes se termine par une question : un rêve d’enfant est-il indestructible ? En tout cas, l’artiste n’a jamais trahi le sien… et met d’ailleurs lui-même en scène l’enfant qu’il était, l’oreille au transistor, et manipulant force figurines de cyclistes. Puis, le miracle d’un appel téléphonique le propulse au cœur du Tour de France le plus acharné de l’histoire.

Le rêve d’enfant se matérialise dans la forme même de ce « Grand Tour »… Après la radio et les figurines, une sorte de cahier d’écolier secret, dont la plume manuscrite renforce le côté journal intime, ponctué d’illustrations où l’on reconnaît un œil à la fois connaisseur, amoureux et aussi insolite : visages de coureurs, de grandes figures, de spectateurs, plan large sur un paysage, dessin façon « caméra embarquée » depuis voiture suiveuse… et même un bateau pirate issu d’un film de Roman Polanski !

Le rêve d’enfant est peut-être indestructible… mais n’empêche toutefois pas l’adulte Max Cabanes de rester un passionné éclairé, sensible à tous les aspects du Tour, y compris à sa part sombre, celle du dopage. Force est de reconnaître que si, parfois, l’ultime suspense du Tour de France aura été de savoir quand les substances illicites provoqueraient la chute du vainqueur, ce n’est pas le moindre paradoxe du Tour que d’avoir su malgré tout préserver son aura et sa popularité.

Au fil de ce Tour pas comme les autres, Max Cabanes a connu bien des incertitudes : outre un résultat final qui s’est joué pour huit petites secondes sur les Champs-Elysées… et aussi celle de ne pas toujours savoir le matin comment il allait rallier la ville étape suivante ! En somme, un « Grand Tour » vécu comme une aventure intérieure en grand large et qui, dans une bibliothèque, trouvera une belle place aux côté de « L’aigle sans orteils », autre ode au cyclisme signée chez Aire Libre par Christian Lax, autre grand amoureux de la petite reine.

Ce parfait post-scriptum à ce beau Tour 2019, à la plume alerte et passionnée, offre la meilleure réponse possible à la question qui le conclut. Rien de mieux qu’un rêve d’enfant pour porter une vie d’adulte.

©Jean-Philippe Doret

« 1989, le grand Tour »

Textes & illustrations : Max Cabanes

96 pages

Aire Libre – Dupuis

24 Juil

« Ils ont marché sur la Lune : Le récit inédit des explorations Apollo », de Philippe Henarejos, Belin

Présentation de l’éditeur

Le 21 juillet 1969, 450 millions de terriens entendent Neil Armstrong, chef de la mission Apollo 11, prononcer ces mots célèbres : « C est un petit pas pour l’homme, un grand pas pour l’humanité ». En tout, 12 hommes marcheront sur la Lune. Mais pour aller où ? Comment ? Et surtout pour quoi faire ? Avec quels moyens, quelles difficultés ?
Si le contexte géopolitique et les considérations techniques des missions Apollo sont connus des amoureux de l’espace, ces explorations d un grand intérêt historique, à la base de toutes les connaissances sur le Système solaire, restent largement méconnues du grand public, et même des spécialistes !
Rédigé dans un style clair et attrayant, et complété par une iconographie riche et des interviews des derniers protagonistes vivants, cet ouvrage permet au lecteur de marcher sur les traces des astronautes, comme s’il se trouvait avec eux sur le sol de notre satellite. Un véritable récit d’aventure pour découvrir ce que ces pionniers de la conquête spatiale ont vraiment accompli.

Notre avis

On croyait tout savoir sur les expéditions lunaires. Que pourrait bien apporter un livre de plus ?

Avec ce pavé de 510 pages, Philippe Henarejos nous prouve qu’il restait encore beaucoup à apprendre. Avec des chapitres courts et aux titres accrocheurs, qui se dévorent comme un bon thriller, le lecteur (re)découvre toutes les expéditions lunaires par la voix des protagonistes.

Le livre fourmille d’anecdotes. L’humour n’est pas absent. Ainsi, on découvre que les héros qui ont marché sur la Lune pouvaient être facétieux, voire même désobéissants. Un astronaute affirme que la ceinture de sécurité de la jeep lunaire s’est détachée. La jeep est donc contrainte à l’arrêt, contre l’avis de Houston. En réalité, l’astronaute-géologue avait repéré une roche noire qui l’intriguait et a inventé ce pieux mensonge pour s’arrêter et s’en emparer.

Le titre évoque intentionnellement la célèbre BD d’Hergé « On a marché sur la Lune ». Les analogies entre la fiction et la réalité sont hallucinantes. Un astronaute observe des traces de pas sur la Lune et affirme : « quelqu’un est déjà passé ici. », comme les Dupondt. Ailleurs, la jeep lunaire s’arrête « au bord du précipice », exactement comme Tintin !

Le tout est illustré de photos en noir et blanc et de photos couleurs à couper le souffle.

Une vraie réussite, qui n’a rien à envier aux plus belles fictions du genre !

© Bob Garcia