24 Sep

Le Rêve d’un fou, Nadine Monfils, Fleuve Editions

Présentation de l’éditeur :

Le hasard sème parfois un peu de poudre d’étoiles pour aller au bout de nos rêves.
Quand le destin s’est acharné sur lui, le Facteur Cheval aurait pu sombrer dans la douleur et le désespoir. Il a plutôt choisi de se lancer dans un pari insensé : construire de ses propres mains son Palais Idéal. Mais une étrange rencontre lors de ses tournées va donner un tout autre sens à son rêve.
Parce que la passion est la seule chose qui peut nous sauver.

En s’inspirant librement de la vie du Facteur Cheval, Nadine Monfils nous offre un roman émouvant comme un hymne à la liberté, la poésie, l’art, et la foi en ce qui nous dépasse.

 

Notre avis :

100 pages !

Avalées trop vites…

Il n’en faut pas plus à Nadine Monfils pour nous livrer un de ses plus beaux récits : l’histoire du facteur Cheval.

Un récit ciselé avec une patience d’orfèvre et un talent outrageux.

La poésie, toujours, en filigrane…

« Ce jour-là, je partais faire ma tournée à travers les campagnes. Là-bas, les terres sont sèches et le vent murmure des choses étranges. Le soleil colore la nature d’une lumière poudreuse. Parfois on se croirait dans un tableau. »

« Il faisait beau et le soleil avait tressé des songes de blé dans l’herbe. »

Cheval a vu disparaître ceux qu’il aimait. La médecine ne faisait pas de miracle à cette époque, et la vie ne faisait pas de cadeau. Alors il s’est réfugié dans son rêve fou, pour rester debout : construire un palais idéal, où il enterrerait la dépouille de son enfant mort trop tôt.

Il y a pris goût…

« Je pense que la fatigue est le manteau de la vie. Quand on fait ce qu’on aime, on ne sent pas ce lourd vêtement sur soi. Il ne pèse soudain plus rien. La passion fait de nous des oiseaux. »

Nadine entraine le lecteur dans le rêve fou du facteur Cheval, mais on ne sait plus trop qui parle… le facteur… ou Nadine, qui nous parle de son propre rêve fou et de sa propre philosophie de vie. Un peu des deux.

« Les hommes sont pareils à des fourmis qui grouillent, s’entremêlent, se grimpent dessus et s’écrabouillent. Des fourmis qui, de toute façon, ne tirent aucune leçon de la vie et continuent à reproduire les mêmes conneries, jusqu’au jour où la planète deviendra invivable. On avait deux magnifiques cadeaux : la nature et l’amour. Et qu’est-ce que nous, crétins d’humains, en faisons ? Du gâchis. »

C’est Joseph, qui parle, l’ami de Cheval. Lui s’est réfugié dans la peinture. Mais leur combat pour continuer à exister est le même.

La peinture…

« C’est là qu’il mettait toutes ses blessures, là qu’il colorait ses angoisses et dissimulait ses désillusions sous des couches de gouaches. »

Cheval veut encore y croire… On ne prend pour un fou, mais il s’en fout…

« Je me suis toujours senti comme Don Quichotte et je suis toujours parti à l’assaut de mes démons au lieu de les fuir. Je crois que la vraie force est là. C’est la seule qui permet d’affronter nos peurs avec une chance de les vaincre. Il m’a fallu du temps pour l’acquérir, car la lutte est âpre contre les gens qui nous entourent et veulent nous modeler à leur image. »

A travers des personnages qui semblent avoir été créés par Nadine Monfils elle-même, l’auteur nous livre un récit virtuose, puissant, poétique, philosophique.

Pas besoin d’écrire des pavés qui vous tombent des mains (tant par le poids et la vacuité) pour écrire des chefs-d’œuvre magistraux.

Lisez-le et délestez-vous de vos pavés !

 

© Bob Garcia