Le Tour de France 1989 à la puissance Max
Avec Julian Alaphilippe, cela faisait bien longtemps qu’un coureur français n’avait pas été aussi proche de remporter le Tour de France… On pourrait dire trente ans, si on remonte à la poignée de secondes séparant Laurent Fignon de Greg LeMond, vainqueur de la Grande Boucle 1989… Racontée de l’intérieur en textes et images par Max Cabanes dans « 1989, le Grand Tour », paru à l’origine chez Dargaud voici 30 ans sous le titre « La Boucle magique ».
Le Tour de France 1989 selon Cabanes se termine par une question : un rêve d’enfant est-il indestructible ? En tout cas, l’artiste n’a jamais trahi le sien… et met d’ailleurs lui-même en scène l’enfant qu’il était, l’oreille au transistor, et manipulant force figurines de cyclistes. Puis, le miracle d’un appel téléphonique le propulse au cœur du Tour de France le plus acharné de l’histoire.
Le rêve d’enfant se matérialise dans la forme même de ce « Grand Tour »… Après la radio et les figurines, une sorte de cahier d’écolier secret, dont la plume manuscrite renforce le côté journal intime, ponctué d’illustrations où l’on reconnaît un œil à la fois connaisseur, amoureux et aussi insolite : visages de coureurs, de grandes figures, de spectateurs, plan large sur un paysage, dessin façon « caméra embarquée » depuis voiture suiveuse… et même un bateau pirate issu d’un film de Roman Polanski !
Le rêve d’enfant est peut-être indestructible… mais n’empêche toutefois pas l’adulte Max Cabanes de rester un passionné éclairé, sensible à tous les aspects du Tour, y compris à sa part sombre, celle du dopage. Force est de reconnaître que si, parfois, l’ultime suspense du Tour de France aura été de savoir quand les substances illicites provoqueraient la chute du vainqueur, ce n’est pas le moindre paradoxe du Tour que d’avoir su malgré tout préserver son aura et sa popularité.
Au fil de ce Tour pas comme les autres, Max Cabanes a connu bien des incertitudes : outre un résultat final qui s’est joué pour huit petites secondes sur les Champs-Elysées… et aussi celle de ne pas toujours savoir le matin comment il allait rallier la ville étape suivante ! En somme, un « Grand Tour » vécu comme une aventure intérieure en grand large et qui, dans une bibliothèque, trouvera une belle place aux côté de « L’aigle sans orteils », autre ode au cyclisme signée chez Aire Libre par Christian Lax, autre grand amoureux de la petite reine.
Ce parfait post-scriptum à ce beau Tour 2019, à la plume alerte et passionnée, offre la meilleure réponse possible à la question qui le conclut. Rien de mieux qu’un rêve d’enfant pour porter une vie d’adulte.
©Jean-Philippe Doret
« 1989, le grand Tour »
Textes & illustrations : Max Cabanes
96 pages
Aire Libre – Dupuis