30 Oct

« Requiem pour un fou », de Stanislas Petrosky

 

Il fallait le trouver ce personnage haut en couleur de Requiem, synthèse de San-Antonio et de Don Camillo, prêtre exorciste très porté sur le goupillon. Stanislas Petrosky a eu ce coup de génie. Et depuis l’apparition du curé libidineux, le lecteur en redemande… et ne s’en lasse pas !

Et puis là, un livre dédicacé par l’extraordinaire Nadine Monfils, ça force le respect et ça inspire tout de suite confiance.

Les bons mots fusent :

« Pourquoi voulez-vous baptiser mon sexe Line ?

  • Parce que Line est branlable… »

Les personnages sont habités. Le flic-chef s’appelle Gaspard Alyzan.

Certains trouvent ça vulgaire, moi ça me fait hurler de rire.

En digne héritier de Frédéric Dard, Petrosky converse avec le lecteur, l’interpelle, le prend à partie, installe une sorte de connivence déjantée.

« Tu aimes ces petites brèves que je glisse ici et là, tu t’en délectes en fin gourmet que tu es, et crois-moi, tu ne vas pas être déçu du casse-dalle, il y a du lourd »

Avec l’air de ne pas y toucher, Petrosky excelle dans l’art du page-turner. L’intrigue ne connaît aucun temps mort. Le livre est à peine commencé que vous vous réalisez que vous êtes déjà en train de lire les remerciements de fin.

Les titres de chapitres annoncent la couleur : « Chapitre où je joue les mentalistes, mais pas trop longtemps, parce que je crois que je suis dans la merde… » ou « Chapitre où vacherie il va y avoir de l’action… »

Mais sous couvert d’humour et de calembours, Petrosky signe aussi un roman noir qui dénonce les dérives d’une société qui abandonne les fracassés de la vie, les clodos, les vieux. « L’enfer, voilà, la solitude c’est l’enfer sur terre… »

Mais on ne tombe pas dans le pathos. Petrosky épingle aussi les excès de cette même société qui a du mal à son « vivre ensemble » : « Une vit une drôle d’époque. Entre les mecs trop lourds, qui mériteraient une bonne claque dans la gueule, voire un coup de genou dans les aumônières, et les filles qui, dès qu’on tend un semblant de regard sur elles, se mettent à hurler au viol, va falloir trouver le juste milieu. Moi, je me permets de vous dire que vous êtes mal barrés pour vivre de belles histoires d’amour si vous ne redressez pas la barre rapidement… »

Bref, les pisse-froid, les baise-menus, les adeptes du politiquement correct peuvent passer leur chemin. Ce livre s’adresse aux gens sains d’esprit et aux amateurs d’humour iconoclaste. C’est pas de la roubignolle de chansonnier.

Seule petite réserve (très personnelle), le prénom d’un des personnages – looser comme c’est pas permis – qui mériterait plutôt de s’appeler Emmanuel ou Donald : « Je sens que Bob va m’en vouloir, mais je me lève et lui balance un bon coup de latte dans les côtes en même temps qu’un « fin de race » ».

©Bob Garcia

 

PS :

Bravo l’artiste !

On rêve déjà du prochain titre…

« La passion selon Requiem » ?

« Requiem s’en tamponne le corbillard » ?