30 Nov

L’occitan à l’Elysée et dans la campagne

Mardi, Jean-François Laffont président de Convergéncia Occitana organise la désormais habituelle rencontre entre les candidats aux élections et les Occitans. Histoire de faire le point et interroger les politiques sur leur programme pour la langue et la culture occitanes. Mais après avoir demandé un asile symbolique à l’UNESCO en mai 2013, Jean-François Laffont a été reçu à l’Elysée.

Salle Ossète (Toulouse) lors du colloque occitan sur la fusion des régions.

Salle Ossète (Toulouse) lors du colloque occitan sur la fusion des régions.

4 têtes de listes très au fait de la question occitane

C’est un rituel bien rodé pour chaque élections Convergéncia Occitana prépare un questionnaire et demande aux politiques d’y répondre. Demain à 16H, salle Ossète à Toulouse, les candidats auront 15 minutes pour faire part de leurs propositions pour les élections régionales et répondre aux questions de la salle. Le candidat sans étiquette Philippe Saurel devrait être lui-même présent; les 3 autres listes conviées seront représentées par un candidat et non la tête de liste : Patric Roux pour Gérard Onesta, Guy David pour Carole Delga et Philippe Rodriguez-Jauze pour Dominique Reynié. Les autres listes n’ont pas été sollicitées. Dans une campagne un peu spéciale vu les événements de Paris, l’occitan a réussi à se faire une place dans les débats de la future région Midi-Pyrénées Languedoc-Roussillon. Les 4 têtes de listes ont déjà pu faire part de leur programme dans le journal occitan de France3, sur le blog occitan, mais aussi lors de la manifestation du 24 octobre à Montpellier. Il n’y a donc pas grand chose de neuf à attendre pour demain. La surprise pourrait venir d’ailleurs.

Jean-François Laffont à l’Elysée

L’initiative vient de Jean-Marie Cambacérès ancien conseiller régional du Languedoc-Roussillon et ancien député du Gard. Ce languedocien préside actuellement Démocratie 2012, une association très proche du président François Hollande et qui oeuvre entr’autres pour sa réélection. Il connaît Jean-François Laffont et le rencontre il y a quelques jours au moment où l’on s’apprête à enterrer la Charte Européenne des langues minoritaires au sénat. Le président de Convergéncia Occitana lui fait part de ses inquiétudes et de celles des défenseurs des langues régionales. Quelques jours plus tard, Cambacérès le rappelle et le convoque à l’Elysée. Mercredi dernier, il est reçu à l’Elysée avec Bernard POIGNANT, ancien maire de Quimper et rapporteur sur les langues régionales, Florence GINISTY, correspondante de l’association pour Toulouse et la Haute-Garonne et de Jean LEVAIN, membre du Bureau National Démocratie 2012 et défenseur du breton.

Jean-François Laffont à l'Elysée Photo : Démocratie 2012

Jean-François Laffont à l’Elysée
Photo : Démocratie 2012

Un centre national des langues régionales à Paris?

Les invités du jour tentent d’alerter sur la situation des langues régionales en France et demandent à ce que, faute de ratification de la Charte européenne des langues minoritaires, faute de loi (le calendrier législatif est quasiment plein jusqu’à la fin de cette mandature), des arrêtés ou des circulaires soient pris en faveur de ces langues. Histoire que François Hollande -à défaut de tenir sa promesse 56- fasse quelque chose pour protéger des langues sans statut. La rencontre avait évidemment été préparée en amont en petits comités avec des Occitans et des Bretons. La situation de l’enseignement inquiète (Réforme des collèges, nombre de postes au CAPES…) Les intervenants demandent aussi qu’un interlocuteur soit identifié au ministère de la Culture pour les langues régionales comme il existe pour les langues anciennes.

Plus surprenant, un Centre National des Langues Régionales serait en projet dans le 15ème arrondissement de Paris dans les locaux de l’ancienne école Diwan désormais fermée. Ce centre pourrait être un centre de formation pour les maîtres, un lieux ou pourraient aussi se retrouver les Offices Publics qui existent pour les langues régionales. Affaire à suivre. mais d’autres rencontres sont d’ores et déjà prévues.

Lo Benaset

Réunion sur les élections régionales mardi 1er décembre salle Osète à Toulouse à partir de 16H

 

19 Nov

Langues régionales et Région Aquitaine

A l’occasion des élections régionales des 6 et 13 décembre, nous vous proposons de voir le bilan des équipes sortantes, ce qu’ils ont fait pour les langues régionales de leur territoire. Premier exemple : l’Aquitaine. Voici donc la réponse fournie et détaillé du service de presse.

 

1/ Quel est le budget global et quelques postes significatifs pour l’occitan ou autre(s) langue(s) régionale(s) ?

En 2015, le Conseil régional d’Aquitaine a consacré 2,3 M€ aux deux langues régionales parlées sur son territoire : le basque et l’occitan. Les trois postes principaux sont la transmission, la socialisation et la promotion de ces langues. L’aide du Conseil régional se traduit par un soutien direct à des actions et à des opérateurs régionaux mais aussi par l’intermédiaire d’outils structurants comme l’Office Public de la langue Basque (OPLB) et très prochainement l’Office Public de la Langue Occitane (OPLO).

Nouvelle région

Nouvelle région

2/ Cette langue (occitan ou autre(s) langues) est-elle langue officielle dans la Région ? A défaut, est-elle quand même utilisée en termes de communication, signalétique?
Dans le cadre du plan pluriannuel 2011-2014 de la politique linguistique publique concertée en faveur des langues régionales d’Aquitaine, le Conseil régional d’Aquitaine s’est doté d’une feuille de route dédiée à la promotion des langues occitane et basque au sein de l’institution régionale. L’objectif consistait à accroître leur présence de manière significative tout particulièrement dans le domaine de la communication institutionnelle, via notamment les nouveaux médias et l’audiovisuel, mais aussi par la diffusion d’objets promotionnels déclinés en langues régionales. Elle est systématiquement utilisée dans la signalétique sur les plaques d’inauguration et lieux publics (gares, Ter, lycées…).

3/ Y a-t-il dans votre département un(e) élu(e) ou chargé(e) de mission pour la (les) langue(s) régionale(s) ou une personne qui s’en occupe particulièrement ?
Un poste de Conseiller régional spécifique délégué auprès du Président existe (occupé par David Grosclaude), de même qu’une mission dédiée rattachée à la direction de la culture et du patrimoine.

4/ Des actions spécifiques ?
– en matière d’éducation : financements, conventions avec Rectorat, bourses pour des étudiants en langue régionale…
La Région Aquitaine a mis en place en 2011 un partenariat avec le Rectorat de l’Académie de Bordeaux et les Départements de la Dordogne, de la Gironde, du Lot-et-Garonne et des Pyrénées-Atlantiques afin de développer et de structurer l’offre d’enseignement de l’occitan et en occitan sur le territoire régional.

En parallèle, la Région Aquitaine a créé en 2011 un dispositif de bourses « Ensenhar » afin de favoriser l’émergence de vocations dans le domaine de l’enseignement bilingue français-occitan dans le 1er degré. Ouvert aux étudiants inscrits en Master (1 et 2) préparatoire au concours d’enseignant bilingue, le dispositif a été élargi en 2014 aux enseignants monolingues désireux de basculer dans l’enseignement bilingue (1er et 2nd degré).
Concernant l’enseignement du basque et en basque, il existe une convention entre l’Education nationale et le Conseil Départemental des Pyrénées-Atlantiques dont l’OPLB est le pilote opérationnel.

– en matière de transport : langue régionale dans les annonces de tram, métro, gare…
Des outils de signalétique bilingue ont été développés dans les gares et Ter régionaux.
– Signalétique bilingue :
Au travers des différentes compétences de la Région, il a été décidé de développer la visibilité des langues régionales d’Aquitaine, en particulier aux moyens d’outils de signalétique. Une signalétique bilingue est donc progressivement mise en place dans les lycées et les gares d’Aquitaine suivant le Plan Pluriannuel d’Investissement.

– en matière de culture : soutien à des festivals, des artistes, des actions…
Au titre des actions directes, la Région Aquitaine soutient une quinzaine de festivals et de manifestations par an (budget consacré en 2015 : 104 000 €), une dizaine d’équipes artistiques (budget 2015 : 75 000 €) et quelques maisons d’édition et/ou revues (37 000 € en 2015).

– Quels sont les médias occitans que vous aidez ?
« ÒC Tele », une web-tv occitane a été créée fin 2013. La Région la soutient à hauteur de 60 000 € par an. Elle soutient également la radio associative « Radio Pais » à hauteur de 60 000 € par an.

5/ Des initiatives ponctuelles et originales ?
En 2010, une action de formation visant à développer les compétences en langue occitane des personnels en charge de l’accompagnement des personnes âgées, en établissement ou au domicile a été mise en place. Cette formation linguistique et culturelle, qui s’est tenue de janvier à juin 2010, sur un rythme d’un après-midi par semaine, s’adressait aux personnels des établissements et services à vocation gérontologique. Ils ont ainsi suivi 70 heures de formation dispensées par le Centre de Formation et de Promotion de Champcevinel (24). L’originalité de ce projet « ponctuel » résidait dans la volonté d’inscrire l’occitan comme une compétence professionnelle. Utiliser au quotidien l’occitan dans la relation entre les personnes âgées et les aidants professionnels capables de s’exprimer dans cette langue avait pour objectif de conforter la relation d’aide, stimuler la personne aidée, rechercher les effets bénéfiques du recours à la langue maternelle dans la prise en charge de personnes atteintes de troubles psychiques ou de maladies neurodégénératives comme Alzheimer mais aussi de mettre en oeuvre une dimension linguistique et culturelle en occitan dans la fonction d’animation des établissements.

6/ Autres points que vous souhaiteriez aborder ?
La création au dernier trimestre 2015, après une longue phase de préfiguration, du GIP Office Public de la Langue Occitane en partenariat avec la Région Midi-Pyrénées et l’Etat (Ministère de la Culture et Ministère de l’Education Nationale). En effet, Hélène Bernard, rectrice de l’académie de Toulouse, Laurent Roturier, directeur régional des affaires culturelles Midi-Pyrénées représentant l’Etat, David Grosclaude, Benoît Secrestat et Sylvie Salabert, conseillers régionaux représentant la Région Aquitaine, Dominique Salomon, Michel Pérez et Guilhem Latrubesse, élus régionaux représentant la Région Midi-Pyrénées, ont officiellement installé l’Office public de langue occitane, le jeudi 12 novembre, à Toulouse.

les membres qui composent l'OPLO (de gauche à droite) Guilhèm Latrubesse (élu MP) Laurent Roturier (Ministère de la Culture) Dominique Salomon (élue VP MP) Hélène Bernard (Rectrice de l'Académie de Toulouse) Benoit Secrestat (élu Aquitaine) David Grosclaude (élu Aquitaine) Sylvie Salabert (élue Aquitaine) Michel Perez (élu MP) Photo Sirine Tijani

les membres qui composent l’OPLO (de gauche à droite) Guilhèm Latrubesse (élu MP) Laurent Roturier (Ministère de la Culture) Dominique Salomon (élue VP MP) Hélène Bernard (Rectrice de l’Académie de Toulouse) Benoit Secrestat (élu Aquitaine) David Grosclaude (élu Aquitaine) Sylvie Salabert (élue Aquitaine) Michel Perez (élu MP)
Photo Sirine Tijani

Au cours du Conseil d’administration et de l’Assemblée générale, plusieurs décisions ont été prises :
– la présidence de l’Office public de la langue occitane revient à David Grosclaude, conseiller régional d’Aquitaine délégué à l’Occitan
la 1ère vice-présidence à Guilhem Latrubesse, conseiller régional de Midi-Pyrénées délégué à l’Occitan
– et la 2nde vice-présidence à Hélène Bernard, rectrice de l’Académie de Toulouse, pour l’Etat.
Il a également été décidé de lancer la procédure de recrutement du directeur/trice de l’Office, et d’adopter le budget et le programme prévisionnel 2015. L’objectif de cette nouvelle structure est d’assurer, sur son aire géographique, la sauvegarde et le développement de la langue occitane.

Benoît Roux et Vicenta Sanchez

18 Nov

Era Pastorala de Nadau s’en tòrna

L’idée cheminait dans la tête de l’homme de Luret depuis belle lurette : revisiter la Nativité en gascon du Comminges. Alors l’an dernier, Jan de Nadau a pu concrétiser ce rêve de gosse avec une série de 6 pastorales dans 6 églises différentes du Commingeois. Un père Noël providentiel aidé par une centaine de lutins : des amis musiciens traditionnels et une chorale composée des Fils de Luchon, des Chanteurs du Comminges, des Chanteurs du Mont-Royal, Es Corbilhuèrs de Lès (Val d’Aran) et du chœur du Conservatoire de musique Guy Lafitte. Mais aussi de simples participants.

Photo Pastorala luchon

Le succès est au rendez-vous, dans une grande ferveur populaire. Cette année, Jan a retroussé les manches et repoussé les murs. Il y aura bien 4 concerts dans 4 églises mais aussi au Parc des expositions de Saint-Gaudens durant 2 jours (soit 2400 personnes). Le spectacle lui aussi évolue avec 3 chansons supplémentaires dont le Aqueras Montanhas et 2 créations : Ding, Dong e Som som. Mais attention ! N’allez pas croire qu’il s’agisse d’une simple adaptation fidèle, trop fidèle. C’est mal connaître notre Béarnais désormais établi a Cier-de-Luchon. Point question de Nazareth mais de Pointis-de-Rivière, et Bethléem est devenu le nom ancien de Valentine (près de Luchon)… On y retrouve aussi Gouaux-de-Luchon le village du fils « spirituel » (Prodige ?) de Jan : Mathieu Barès. Jan le connaît depuis l’âge de 10 ans. Il lui a appris l’accordéon et le chant. Il interprète dans la pastorale l’une de ses compositions : « Sent Andreu ». 

Dans la hotte de ces Òmes de Nadau, un livret bilingue gascon-français distribué avec le billet d’entrée à tous les participants pour chanter ensemble. Tout l’argent récolté permet à l’association « Pastorale » d’acheter du matériel, de financer des cours d’occitan et de faire vivre cette langue et cette culture en Comminges. C’est quasi complet partout, sauf à Gaint-Gaudens. Dans la tradition mais pas complètement, cette pastorale ne fait plus un Misteri pour vous !

Lo Benaset


Era pastorala de Nadau :

  • 5 décembre à 16 heures, à l’église de Saint-Girons
  • 6 décembre à 16 heures, à l’église de Carbonne
  • 12 décembre à 17 heures, à l’église de Lès (Val d’Aran)
  • 13 décembre à 16 heures, à l’église de Luchon
  • 19 et 20 décembre à 16 heures, Saint-Gaudens au Parc des Expositions du Comminges.
  • Prix : 10€.

L’Ostau Comengés e l’associacion Pastorala venon de sortir un DVD del concèrt de la Pastorala de 2014, dins la glèisa de Sent Gaudenç. Serà disponible a comptar del 1èr de decembre.

13 Nov

Des paroles et des actes : Gérard Onesta

La gauche non gouvernementale avait rendez-vous à Montpellier pour l’amassada du « Nouveau Monde »Cécile Duflot, Clémentine Autain, Pierre Laurent, Noël Mamère, Liêm Hoang-Ngoc (Nouvelle gauche socialiste), étaient réunis jeudi soir autour de Gérard Onesta, tête de liste « Nouveau monde », rassemblant EELV, Front de Gauche, Nouvelle gauche socialiste, régionalistes et collectifs citoyens. Manquait à l’appel Jean-Luc Mélenchon, grippé et remplacé par Eric Coquerel. Dommage, il aurait pu chanter le Se Canta avec Cécile Duflot!

Plus de 2500 personnes s’étaient donné rendez-vous au Parc des expositions de Montpellier pour un monde novèl. On connaît depuis longtemps l’engagement et les actions de Gérard Onesta pour les langues régionales. Nous reviendrons demain dans le Jornalet de France 3 sur ses propositions concrètes. Au delà d’un programme assez conséquent et développé, le candidat pour un « Nouveau Monde en commun » est allé plus loin, sur des terres Montpelliéraines où il n’est pas le plus connu.

David Grosclaude à la tribune. Photo : site de David Grosclaude

David Grosclaude à la tribune. Photo : site de David Grosclaude

L’entrée du meeting s’est faite au son de « La coopérative » du groupe Mauresca. Pour chauffer la salle dès l’ouverture, à peine remis de sa rencontre avec le président bolivien Evo Morales et l’installation officielle le matin même de l’OPLO, David Grosclaude : « Ce matin même nous avons créé l’Ofici Public de la Lenga Occitana Un service Public de la langue. Et toi Gérard, quand tu seras président de la région, tu auras la co-responsabilité de faire vivre cet office public. » 

Reportage France 3 Montpellier : A. Grellier et E. Garibaldi


Montpellier (34) : Gérard Onesta pour un « Nouveau monde » et une gauche d’avenir

Anecdotique, mais surprise du chef quand même : Cécile Duflot à la tribune pour entonner en solo le Se Canta repris par la salle. Inédit. On aurait quand même payé très cher pour voir la tête de Mélenchon à ce moment là ! Des surprises, il y en aura d’autres. Jamais l’occitan n’avait tenu à ce point le devant de la scène.

Lo Benaset

 

10 Nov

Arnaud Cance : un artista saique !

Dès la première écoute, on sait qu’il a du talent. Arnaud Cance a la voix parfaitement timbrée, belle, ample, chaleureuse. Autant à l’aise sur des créations que sur des adaptations comme celles de « La vielhòta » ou « Jorn de fièira » de Jean Boudou aux arrangements soignés et efficaces. C’est un chanteur à texte à qui on pourrait trouver des références prestigieuses. Mais pour ce natif du Rouergue, on pense naturellement à d’autres compatriotes : Wally et le Macarel Show qu’il a beaucoup écouté.

Fòto : Lo Benaset

Fòto : Lo Benaset

Il vient de sortir son premier album solo « Saique benlèu ! » lui que nous avons entendu dans plusieurs groupes comme « Le Comité », « Tres a cantar », ou encore au tout début de « Brick a Drac ». C’est aussi un homme orchestre adepte des boucles -très nombreuses sur son disque », un jongleur de sons qui joue avec sa voix et des percussions de toute sorte. On se rappelle notamment son numéro de verres avec Yves Durand dans « Tè tu. Tè ieu ! »

L’occitan a d’abord été pour lui une musique. Une langue non transmise mais qui a attisé sa curiosité, l’envie de d’aller vers d’autres univers. Après des études d’occitan à l’université du Mirail  (aujourd’hui Jean Jaurès), il intervient désormais dans les classes pour écrire des chansons avec les enfants et leur transmettre cette culture.

Fòto : Lo Benaset

Fòto : Lo Benaset

Sur ce disque, il s’est essayé à l’écriture en français (« Papillon sort du cocon » qui lorgne vers Brassens) mais aussi en occitan. Une envie travaillée l’an dernier lors des « Rencontres d’Astaffort » chez Francis Cabrel. Cela donne des morceaux assez variés où les mots sont distillés avec gourmandise, le son soigné par Fabien Salabert. L’album se termine par une ultime couleur à sa riche palette sonore : « Solé ». Un chant d’au revoir créole découvert par un ami sur un bonus DVD de la Compagnie Créole. De l’éclectisme servi avec goût et générosité.

Nous l’avons retrouvé à Saint-Just-sur-Viaur, dans un ancien moulin, una bòria comme Boudou en a tant décrites. Avec 2 morceaux extraits de « Saique benlèu » : « Jorn de fièira » et « Solé ». Un artista vertadièr que cal anar descobrir.

Lo Benaset

 


« L’uèlh blu » (Trad/Arnaud Cance) extrait du spectacle « Saique benlèu ». Enregistré à la MJC de Rodez.
Réalisation: Thibault Mazars et Patrice Geniez – Mixage: Fabien Salabert/Les Hauts plateaux – Lumière: Cheese – Oeil extérieur: Bernard Cauhapé

01 Nov

« Un jour en France » sur les langues régionales

« Pourquoi s’accrocher aux langues régionales ? » C’était le menu vendredi matin de l’émission « Un jour en France » sur France Inter. Ceci après une semaine très riche : manifestations du 24 octobre, rejet par le sénat le mardi 27 du processus de ratification de la charte européenne. Une émission dirigée par l’excellent Bruno Duvic qui s’est fait remarquer pour ses présentations de journaux, ses revues de presse et l’émission « Et pourtant elle tourne ».

14334112Certains y trouveront certainement à redire, mais au moins l’émission aura été de bonne tenue, bien loin des clichés habituels, et pour une fois l’occitan n’était pas réduit à la portion congrue. La reportrice Clémence Fulleda était à Montpellier pour la manif occitanes avec de magnifiques et clairvoyantes interventions de Marius Blenet. Elle s’est aussi rendue à Toulouse pour écouter de l’occitan dans le métro et le lire sur les plaques de rues. Sous le regard enjoué d’Esther Mimart. Sans oublier un coup de fil de Jean, professeur d’occitan très en verve et qui annonce la fin de l’oc au collège dès la rentrée prochaine.

Mais n’allez pas croire qu’il n’y avait que de l’oc dans l’émission. L’invité principal était un écrivain breton (magnifique et pertinent Yann Queffélec) avec des interventions d’Alain Bentolila, professeur de linguistique à l’université Paris Descartes, plutôt favorable aux langues régionales mais qui ne souhaite pas qu’elles soient langues enseignantes. Seule petite accroche, l’intervention téléphonique de François Gros Disdier, Sénateur Les Républicains de la Moselle, seul véritable adversaire dans cette émission que vous pouvez ré-écouter.

Lo Benaset

22 Oct

La manifestation occitane « en chantant » !

Non ce n’est pas le remix d’une chanson de Michel Sardou, ni la BO de « La Famille Bélier ». Samedi, la manifestation de Montpellier pour demander un statut et des mesures pour les langues régionales sera aussi l’occasion de faire entendre sa voix. Avec des classiques et des surprises.

Ma ma ma ma ma Carel

027La nouveauté, c’est cette chanson concocté par notre grand spécialiste des parodies : Christian Almerge. Samedi, il sera avec son groupe (Test) sur le véhicule aménagé par « Convergence Occitane » qui nous avait déjà fait le coup avec Lo Dalfin à Carcassonne. Avec une chanson qui risque de vous rester en tête un bon moment. « Tout est parti d’une envie de faire une version occitane de Marylène des Martin Circus. Avec un type qui est toujours à la bourre. Il y avait des macarel dans la chanson. L’occasion de faire un truc sur Denis Cantournet et sa société. » Christian Almerge n’en est pas à son coup d’essai. Samedi, nous devrions entendre Mildiou, Massey-Fergusson, Tautavel, sur un véhicule bardé des couleurs de macarel. Une petite adaptation supplémentaire donc pour la manif. Sa parodie initiale sera sur son nouvel album à paraître début 2016.

On y retrouvera une quinzaine de chansons, quelques créations et bon nombre de reprises : « Je suis en train de travailler sur Beat-it de Jackson, Vai-t’en cagar (Laisse béton de Renaud), Philae Rosetta (Manureva de Chamfort), Jaumeta la rena de la blanqueta (Paulette reine des paupiettes, des Charlots). » Il y aura aussi un mix dont il a le secret entre Queen et Tino Rossi pour « Petit òme nadal ». Vous pouvez écouter une version qui n’est pas encore définitive.

 

Cançons de tota mena

Hormis le désormais célèbre « Anem òc ! Per la lenga occitana ! », la coordination a aussi prévu des chansons pour le cortège, avec répétition samedi dès 13H avec le chef d’orquestre Bruno Cécillon. « Vos donam doncas rendètz-vos aval, maissas grandas o enrauquits cronics, bramaires endiplomats dau conservatòri, de l’estadi de rugbi o de las darrièiras vendémias, piulaires, sisclaires, gingolaires, ton fraire, ta maire, ton paire e tos pairòus traucats, que nos sèm pensats que per se faire entendre çò primièr èra de se faire ausir », nous dit le communiqué.

Au menut : Sèm montanhòls, Arièja, la Coupo, L’Immortèla, L’Estaca… Sur un parcours commenté par « Alan, lo barbassut » que tout le monde aura reconnu.

Esplanade Charles De Gaulle (totes, la man dins la man),
Allée Fréderic Mistral (aquò va de se !),
Boulevard d’Antigone (pas de tragedia per nòstra lenga !),
Rue Léon Blum (un front popular),
Place du millénaire (2000 ans d’una cultura),
Place du nombre d’or (aquel dels manifestants : nombre d’Òc),
Avenue Henry Frenay (resisténcia !),
Rue Jules Ferry (perqué m’an pas dit a l’escòla?),
Rue de Maguelone (Magalona, planeta occitana),
Place de la Comédie (es pas de comedia, mas la vertat),
Esplanade Charles De Gaulle (a ! se nos podián comprene !)

Et dès 19H, le collectif « Còp sec » organise un concèrt-balèti avec plusieurs artistes ( Le Bal du Griffe, Laurent Cavalié, Cocanha, San Salvador) sur le parvis de l’hôtel de ville. Des chansons, du bal, de la création. De quoi faire définitivement oublier le « Je m’enfuis pas je vooooooole » !

Lo Benaset

 

21 Oct

« Farem Tot Petar » : une comédie à voir cette semaine

« Farem tot Petar », c’était un slogan; c’est devenu un film. L’oeuvre d’un tout jeune (26 ans) réalisateur ariégeois : Sylvain Augé. Ce court métrage de 29 minutes sera projeté jeudi à la cinémathèque de Toulouse.

Una comedia descalada

Sans titreL’histoire : celle d’un gamin de banlieue qui échoue à la campagne. Rencontre de deux mondes inspirée du « Retour à la terre » de Jean-Yves Ferri, un autre ariégeois. Ce dernier y fait d’ailleurs une brève apparition. Un univers à la Quentin Dupieux, décalages et absurdités garantis. Un film très dialogué où Sylvain Augé a voulu aussi renouer avec ses racines : « J’habite à Paris mais j’ai entendu l’occitan à la maison, mon père, mes grands-parents. Beaucoup de dialogues sont en occitan. »

Pour celà, Sylvain a fait traduire une partie de son scénario en languedocien par Agnès Nègre. Puis en occitan de Massat (lieu principal du tournage) par Claudine Rivère-Soula. Les acteurs jouent donc dans le parler local Massadel. On y retrouve une autre figure : Gilbert Gilles, berger de profession, qui a joué dans « Le retour de Martin Guerre ». En tout 15 comédiens, des pros et des amateurs comme Marinette Pourias et Jean Banazet qui jouent en occitan.

 

Ajudat per la Region e un finançament participatiu

Ce premier film, produit par une société basée à Montpellier –Festivisuel– a reçu une aide de 15 000 euros de la Région Midi-Pyrénées. Tourné en avril dernier avec une camera numérique RED, « Farem tot Petar » a aussi bénéficié d’un financement via la plate-forme Ulule à hauteur de 6320 euros. Avec des effets spéciaux et un teaser prometteur.

Le film sera présenté jeudi avec 2 autres courts métrages à la cinémathèque de Toulouse à partir de 19H. « Farem tot Petar » a été envoyé au festival du court-métrage de Clermont-Ferrand. Sylvain Augé travaille sur d’autres projets. Et s’il réalise un nouveau film… « On se posera la question d’y mettre de l’occitan ! »

Lo Benaset

19 Oct

Langues et pouvoirs : une initiative de circonstance

Jean-Pierre Cavaillé est Limousin. Il fait partie des enseignants chercheurs qui travaillent à Toulouse à la maison de la recherche au Mirail. Il a fait de nombreuses publications notamment sur l’irréligion, écrit des articles passionnants dans des journaux comme Libération. Il tient un blog où l’occitan est souvent évoqué.

En plein débat sur la charte européenne, juste avant la manifestation du 24 octobre, il organise un séminaire intéressant « LANGUES ET POUVOIRS » ce mercredi 21 octobre à partir de 18H30 à l’Ostal d’Occitània de Tolosa.

Sans titre

« Que pòdon los poders sus las lengas ? Que pòdon las lengas suls poders ? Qu’es aquò e que pòt una lenga de poder ? Qu’es aquò e que pòt una lenga despoderada ? O melhor, cossí las lengas podon èsser a l’encòp espleches de dominacion e aisinas de lucha contra la dominacion ? Un autre biais de prene aqueste subjècte de reflexion seriá de se demandar perqué la question de la democracia linguïstica es aital pauc e mau pausada, perqué demora un punt cec dins la part majora de la filosofia politica contemporanèa ? Perqué tant de discors sus la libertat e l’afrancament, amai los que se vòlon mai radicals, se dison dins de lengas e registres de lenga que son las e los dels mèstres e dels poders instituits, e participan an aquesta dominacion linguistica sens cap de reflexivitat critica ?

L’ideia es de fargar un seminari de recerca en occitan, per demostrar dins los actes (de paraula e d’escritura) qu’es possible de desvolopar en filosofia e scienças socialas un discors critic e analitic dins una lenga çò ditz desprovesida de l’aparelhatge conceptual per zo far. Plan segur las questions en francés (e dins las autras lengas conegudas pels intervenents) seran plan vengudas, mas l’ideia es de servar l’occitan coma lenga d’exposicion e, per tant que serà possible, d’escambi. L’escomessa, autrament dich, es de trobar e fargar un public que parla o almens compren l’occitan, dispausat a partecipar a una reflexion collectiva de nivel universitari ».

L’idée est donc d’en débattre pendant au moins deux heures, le troisième mercredi du mois à Toulouse. Première donc ce mercredi entre 18H30 et 20H30. I cal anar !

Nous l’avions rencontré en décembre 2013 pour le Jornalet de França 3, avec d’autres chercheurs. Il nous a parlé de Julio Cesare Vanini.

 

Rodin Kaufmann : l’esthète poète

ARA_couv

Certains aiment bien coller des étiquettes, lui il a déjà ses tatouages. Rodin Kaufmann est un artiste atypique et multi-fonctions. Né en Allemagne d’un père dont le nom s’entend et d’une mère marseillaise, bien entendu. Globe trotteur dès le temps des trotteurs, au Maroc, en Egypte, au Liban. Avec comme port d’attache, l’occitan découvert à 20 ans et désormais profondément « encré » sur sa peau. Sur sa main gauche, tatoué « malastre » (mauvaise étoile), sur la droite « Fortuna » (chance, destin).

Kaufmann, c’est le Còr de la Plana; Rodin c’est ARA, 6 pièces poétiques aux mots lyriques et 6 musiciens qui franchissent les murs du sons, aux univers longs porteurs. Décollage. Étiquettes comprises.

Ai començat d’escriure per dire de causas personalas, quicòm d’espontanèu. Aviaí tota una tièra de textes e n’en publiquèri, ambe de reviradas. Es l’enveja de far ausir la lenga d’un biais diferent. Me vesi coma un poèta que fa de musica.

On l’a connu chanteur de chœur pour le Còr, réalisateur de clip « Salvajes » pour Mauresca et même « costum designer » pour « La vida es pas un jòc, Marc » le tout nouveau film d’Amic Bedel et Julien Campredon. Le voilà diseur et faiseur de poésie régénérante, envoleur de mots pour une audacieuse odyssée ARA. 6 poèmes confiés à 6 musiciens agitateurs de sons.

Ai començat d’enregistrar ma votz e trobavi aquò sec. Ai donc demandat a d’amics que son mai o mens dins l’experimentacion de n’en far quicòm. Lor ai sonque demandat de gardar lo texte dins son integralitat e que siaguèssa ausible. Aprep avián lo dret de copar. Tot lo monde es demorat lineari.

Tout d’abord le parasite : Alexis Degrenier pour « DESVELH ». Musicien de Nantes qui travaille aussi avec le collectif « La Nòvia » d’Auvergne. Un percussionniste perfectionniste qui ouvre le champs.

Vòli ben
Se me permetes
T’èstre agradiu

Èstre lo tèxte
Que te careça
E la paraula
Dins ta tèsta

Un fil sonore, rompu par des percussions. Un allant de mots pesés, sensuels, qui tirent vers l’ailleurs. Des sons durs qui se terminent en cortège de klaxons, un chaos en contrepoint des mots. Tout est acoustique, travail sur les vibrations et les fréquences.  Du souffle, du mouvement, un côté sombre, qui se retrouve dans le clip.

Alexis me mandèt son tròç aquest’estiu. Èrem en concèrt ambe lo Còr de la Plana en Estonia, escotèrem sus mon telefòn. Es aquò que vesiái, d’arbres que passan. Ai filmat e trobat qu’èra interessant. Es lo resson visual de ço que se passa dins lo son, quicòm d’ipnotic ambe los aures que passan. Lo rapòrt a la natura es de mai en mai present dins mon òbra.

Vient ensuite un peu de répit. « UÈI ». Sons cristallins servis par Mandra, un trio marseillais où l’on retrouve sa sœur et François Dumeaux. La sensualité, le rapport, le dénuement sont toujours là. Avec la voix implacable de Rodin. Ca sonne presque tibétain au départ. La basse cogne. Un bref silence, puis le voyage onirique se poursuit.

Esquilhaviam
Lisquets
Dins lo ruscle de l’autre
Se siam fonduts
Dins lo muscle unenc

On touche, on effleure, on sent, on perçoit, on énonce, dans une poésie vitalisante.

Toujours siau, aquí « CAMPANHA ». Avec un autre Marseillais qui a aussi collaboré a « Indignats » : Phonkhead. Ambiance lunaire, solaire, los aucèls.

E ieu oblidi lei noms
Lei vicis lei dobtes
Que de tu mendra gota
Es una jòia sens fons

Des bruits urbains mélangés à la campagne e una fin, subta.

Phonkead es el que m’a possat a far de causas solet. Fa d’electro e d’experimentacion.

Traversarai lo pertús
E dansarai se que non siam perduts
E lo farai per tu
Mai que per l’us
Que dins la sombror dau varalh
Te causiguèri per lutz

Des bruits de pages, des flûtes, sa voix dédoublée, des sons tapis pour le voyage. Voilà « PARTIREM ». La nature, le corps, lo camin et le travail de Thomas Baudoin d’Artús. Autre univers en lignes de fuites qui se termine en contrebasse apaisante.

Avans que de barrar leis uelhs
Laissa me prene ta man
Darrier uèi avans deman
Qu’a l’aubeta te dirai
Tant

L’ultime voyage aux illustrations riches et imagées d’un autre Béarnais Valentin Laborde. Le titre s’appelle « FÈSTA », à contre sens. Une odeur de mort, une clarté avant l’obscur, l’eau diluvienne. Et la vie qui reprend, à coups de vielle. Une sorte d’apothéose, d’Atlantide où survivent les voix. Certainement l’un des morceaux les plus réussis.

Es aquel tròç que deviá clavar lo disc. Mas fin finala es DEMAN, la seguida de UÈI. A quicòm prep lo meme texte que Uèi, ambe la collaboracion de Miosine, lo tipe de MC2. Aviam mesclat Indignats amassa.

Finalement une autre pièce. A croire que le même texte a été donné à deux musiciens qui l’ont fait évoluer sur des contrées différentes. Les musiciens ne se sont pas concertés et pourtant, rien ne s’oppose, rien ne se répète.

A la fin du trip, on aimerait que le voyage se prolonge. Les images s’entrechoquent, la voix de Rodin, intime, a nourri nos sens, aiguisé nos oreilles. L’oeuvre, très esthétique, atypique, parfaitement cohérente, fait sens.

Plaça la lenga dins sa beutat e son originalitat.

Lo Benaset

 

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