Il porte un nom prédestiné pour l’occitan : Onesta (honnête en français). Rarement pris en défaut sur ce registre. L’occitan et le catalan font partie de ses gammes écologistes. « Quand quelque chose meurt, que ce soit un être humain, un animal, un végétal, une culture, une langue, c’est un drame ».
L’homme
Les langues d’oc et catalane, il maîtrise sans pratiquer. « Je ne suis pas né dans une famille occitane. Mon père est italien et ma mère, bien que de Montpellier, ne parlait pas occitan. Parli pas mas compreni ! » En oc dans le texte.
Cet architecte de profession a toujours eu le sens de la formule, l’art de bâtir et mettre en perspective. « Je demande que l’on place l’occitan sur la carte du monde ». Il n’a pas besoin de se forcer pour convaincre. Et encore moins sur l’occitan. On connaît son attachement et ses actions au parlement européen. En 2009, il est élu député de l’année pour son assiduité. Mais aussi pour son action en faveur des langues régionales. Au sein du conseil régional de Midi-Pyrénées, il persiste sur la même voie avant même d’être élu en 2010 : « J’avais négocié avec Martin Malvy comme point incontournable de notre accord qu’il y ait un élu en charge des questions oc au sens large. » Il a aussi œuvré pour que l’occitan soit langue officielle de l’Euro-région Eurorégion Pyrénées-Méditerranée. Il n’oublie pas la Catalogne où il est l’observateur régulier et avisé du processus d’indépendance lors des référendums. Mais pour cet albigeois qui précise souvent qu’il a fait toutes les manifs pour l’occitan, c’est cette langue qu’il fait vivre : « Si je suis élu, j’ouvrirai les séances par : la sesilha es dubèrta. Avec moi, la vergonha c’est finit. » Dans sa charte éthique et démocratique élaborée de manière participative, l’occitan et le catalan ont naturellement trouvés leur place. « Les autres candidats font une politique d’accompagnement des soins palliatifs d’une langue qu’ils considèrent comme mourante. Moi, je ne suis pas un perdreau de l’année : ça fait 30 ans que je suis sur la brèche ! ». Précisément le 16 mars 1986, lorsque le FN envoie pour la première fois des députés à l’Assemblée Nationale. Sa famille a été chassée d’Italie par le fascisme.
Ses propositions
Elles ont été élaborées durant plusieurs mois via une plateforme contributive où chaque citoyen a pu s’exprimer, notamment les Occitans. « J’ai identifié que le problème en la matière ce n’est pas la demande mais l’offre. On ne peut pas continuer à avoir si peu de profs ». Les nombreuses études et autres sondages menées encore récemment démontrent en effet que la population est largement favorable à la présence et au développement des langues régionales. Alors il faut, pour y répondre, un budget conséquent. Ici comme souvent, c’est le candidat qui va le plus loin. « J’avais mené une campagne en Midi-Pyrénées. Le seul chiffre que m’avait concédé Martin Malvy dans l’entre 2 tours c’était sur le budget de l’occitan. Il avait promis de le porter à 1 € par habitant. J’avais demandé 3. Résultat on est passé de 47 cts à 54-55 centimes. Ma proposition : on passe à 1,5 € tout de suite et 3 € en fin de mandature. Rien d’exceptionnel : c’est 3,2 € pour le Pays Basque ». Et pour quoi faire ?
En matière d’enseignement, peser sur l’Etat pour avoir plus de professeurs, pour que l’enseignement des langues régionales soit valorisé. « Au bac, l’option latin c’est coefficient 5, l’occitan 2 ! ». Il veut revoir les conventions Rectorat-Région, surtout celle du Languedoc-Roussillon très en retrait par rapport à celle de Midi-Pyrénées. Favoriser le financement et la construction de nouveaux établissement. Pourquoi avec des formes nouvelles d’investissement direct coopératif. Et pour les écoles associatives, permettre à calandreta d’obtenir un statut : « Etre de statut privé parce que nous sommes privés de statut ce n’est pas normal. Ces écoles doivent rentrer dans un fonctionnement normal de la république tout en gardant leur pédagogie ». La région peut aussi agir sur la formation. « On ne réamorcera pas la pompe de la richesse de cette langue si on n’a pas des profs. Il faut un maximum de pédagogues pour permettre à des gens d’être formés. Ceux à qui on apprend l’occitan trouvent un boulot dans 80% des cas ».
Il faut aussi diffuser la langue. « Nous avons contribué à la création d’Oc-Télé. Il faut aussi une vraie télévision régionale. A l’heure actuelle, nous sommes ridicules avec les 57 minutes par jours de programmes régionaux sur le service public ». Ce chiffre de 57 minutes vaut évidemment pour le français. Il faut donc une vraie visibilité pour la langue d’oc. « C’est un élu écolo Stéphane Coppé qui -passant outre de tous les freins administratifs et de sa hiérarchie- a mis de l’occitan dans le métro de Toulouse ». Et Gérard Onesta de proposer qu’il en soit de même pour les autres transports (notamment TER) gérés par la région. C’est aussi une approche de la mobilité : donner le droit à chacun de vivre sur son territoire, et que la culture y soit présente. « Nos campagnes, nos montagnes, notre littoral, nos villes, villages et quartiers, ont droit à l’égalité face aux politiques publiques ». Une politique globale pour l’occitan qui se retrouverait dans son équipe s’il était élu : « Je me refuse d’avoir au sein de ma future administration une sorte de réserve d’indien avec 3 bureaux en bout de couloir avec des affiches en langue dite exotique. Ce doit être transversal. L’occitan doit irriguer l’ensemble des services ». Toujours le sens de la formule. Le candidat proposera des assises de la culture occitane et catalane. « Nous organiserons les États Généraux de la culture occitane et catalane pour établir une politique linguistique et culturelle faisant rayonner l’histoire de notre grande région. »
Une équipe
Sur la liste Nouveau Monde en commun, on trouve des Citoyens Signataires, des candidats du Front de Gauche, du PC, d’Europe Ecologie les Verts, de la Nouvelle Gauche Socialiste et du Partit Occitan. Des formations politiques (Front de Gauche, Nouvelle Gauche Socialiste) et parfois des gens pas vraiment favorables aux langues régionales. Mais il y a des actes forts. Comme l’ancien directeur de l’Estivada Patric Roux placé tête de liste dans l’Aude. Les meetings, dont l’entrée se fait au son de « La coopérative » de Mauresca. Cécile Duflot qui entonne le Se Canta à Montpellier.
Parmi les candidats, on retrouve des figures de l’enseignement comma Marie-France Barthet présidente de l’université de Toulouse, ou Serge Regourd professeur à la fac de droit et à l’IEP de Toulouse. C’est Patric Roux qui sera certainement chargé de l’occitan en cas d’élection. Le conseiller sortant Guilhèm Latrubesse, placé en 11ème position en Haute-Garonne, ne sera réélu qu’en cas de bon score de la liste.
Un nom pour la région
« Il y aura forcément le mot occitan dans les noms proposés au référendum. Je m’y engage. pour le citoyen Gérard Onesta, mon choix c’est Occitanie-Catalogne ». Deux territoires, deux langues et deux cultures qui ne seront pas oubliés.Sinon Onesta ne veut plus dire honnête.
Lo Benaset