28 Nov

Régionales et Occitan : Philippe Saurel

« Parler d’occitan en Occitanie c’est un grand privilège », c’est ainsi que Philippe Saurel a débuté son intervention pour présenter son programme en faveur de la langue d’oc lors de la manifestation du 24 octobre. Les mots ne sont pas vains. Et celui qui se plaisait à discuter avec Max Rouquette dans son bureau rue de l’ancien courrier à Montpellier ne se fait pas prier. L’occitan fait partie de ce patrimoine qu’il dit avoir en héritage et qu’il veut défendre.

Photo : Khanthaly Phoutthasang

Photo : Khanthaly Phoutthasang

L’homme

« L’occitan, c’est une question d’ancrage familial. Mon arrière grand-mère était des Cévennes. C’est elle qui m’a initiée à la langue. Je suis né à Montpellier mais j’ai aussi des origines gardoises. » L’homme est féru et pétri d’histoire ; mais de celle que l’on rencontre dans les documents. C’est là-aussi qu’il est entré en contact avec ces langues romanes, tantôt latin, tantôt français ou occitan. Un homme d’histoire donc et d’action; un travailleur infatigable qui continue d’ailleurs d’exercer sa profession de dentiste. « Je me suis toujours demandé d’où venait cette légende de la petite souris qui passe lorsqu’un enfant perd sa dent. Et comment on dit la petite souris en occitan ? …Oui une mirgueta…Mais aussi una ratona. Et c’est exactement le nom que l’on emploie pour dire une dent en occitan ! » Pas peu fier de lui le fils d’instituteur !

Philippe Saurel à la manifestation de Montpellier

Philippe Saurel à la manifestation de Montpellier

Il a donc côtoyé un autre personnage du milieu médical : Max Rouquette dont il se dit proche. « Tu sais à Paris ils ne nous aiment pas trop me disait Max Rouquette. Ce sera très difficile de faire reconnaître l’occitan comme langue patrimoniale et de signer la charte. » Un mépris qui l’aura marqué et qui le rousigue. Lui qui a vécu comme une humiliation suprême de voir écrit dans la marge d’une de ses copies de lycée « PROVINCIALISME » en rouge pour avoir écrit ce verbe occitan rousiguer. « J’ai toujours essayé de conserver cette phrase et de l’utiliser comme moteur pour afficher une différence légitime. » Indépendant, délivré de tout parti, il mène campagne avec des dons privés et un crédit personnel.

Ses propositions

Cet ancien chargé de la culture occitane lorsque Georges Frêche trônait à sa place veut s’appuyer sur son action à la ville et l’étendre à l’échelle régionale. « C’est un programme réaliste et qui s’appuie sur des choses réalisés à la ville et métropole. Maintenance de la langue, l’occitan dans le tramway et sur des plaques de rues, une aide pour les télés, radios, festivals…Il faut aussi instaurer un rapport de force au niveau de l’état pour l’enseignement ». D’abord pour l’enseignement où 2 classes bilingues viennent d’éclore à Montpellier. « L’occitan a aussi été introduit dans le temps périscolaire. Mais je veux aussi parler de l’enseignement privé des calandretas. Il leur faut un vrai statut et aligner le financement de Midi-Pyrénées moins favorable sur celui de Languedoc-Roussillon qui les aide davantage. » Ce maire atypique, fier de ne dépendre d’aucun parti et habité par l’esprit coopératif veut donc mettre en place un pacte communal pour l’occitan. Il s’entend d’ailleurs très bien avec son homologue toulousain Jean-Luc Moudenc. Toulouse et Montpellier ont reçu le label « French Tech » pour leurs activités dans le numérique. Philippe Saurel compte d’ailleurs y créer une branche occitane. « L’oc Tech », encore une originalité.


Au niveau culturel, « Nous sommes la 2ème métropole qui investit le plus en France après Paris, comme pour le sport. Il faut garder les festivals qui fonctionnent comme le Total Festum mais en créant aussi une grande scène comme au début sur la place de la Comédie à Montpellier ». Et une aussi à Toulouse ?

Côté sport, autre atout de Montpellier, le maire a crée une délégation pour la Métropole aux sports traditionnels avec bovina, tambornet et ajustas. Autant d’exemples qu’il a mis en place avec Guy Barral sur le principe de la coopérative à la Métropole où chaque élu vaut une voix, qu’il soit de Montpellier ou de Saussan.

Patricia Rosenthal

Patricia Rosenthal

Une équipe

Plusieurs personnes proches de l’occitan ou du catalan figurent sur ses listes. Patricia Rosenthal (du mouvement calandreta), Jean-Marie Orrit (élu à Narbonne) ou encore Michel Adroher qui a sorti un livre sur les troubadours rousillonnais. Païs Nòstre est aussi venu voir le candidat et le soutient. Sarah Ulme figure sur les listes mais il n’y a pas d’accord particulier. Il y aura bien 1 élu en charge de l’occitan et 1 élu pour le catalan en cas d’élection. Mais pas forcément ceux que l’on croit : « Il ne faut pas croire que seuls les autochtones sont capables de porter le message. Ca c’est une erreur que j’ai appris à mes dépens. On se méprend sur des comportements humains. Souvent les politiques veulent mettre un instit à l’enseignement, un médecin à la santé. J’ai un peu un avis inverse. Il n’y a pas meilleur défenseur que quelqu’un qui est passionné et nouvellement converti ». 

Michel Adroher

Michel Adroher

Nom de la Région

Pour lui, cette grande région sera la fédération de 13 départements et de 2 métropoles qui peuvent prendre des compétences départementales. Voilà l’esprit. Et pour le nom : « Si j’ai proposé Midi, ce n’est pas parce que je n’aime pas l’occitan. Mais parce que je fais attention aux langues minoritaires et le catalan est minoritaire dans la région. Midi me parait pour moi le meilleur nom possible pour la région. » Côté bandière, « Il doit faire figure la croix des comtes de Toulouse et ceux de Barcelone. Il faudra travailler dessus. » 

En 2014, il avait créé la surprise en prenant la mairie de Montpellier. Pour les régionales, l’exploit ne sera pas réitéré. Mais élu ou pas, l’homme réserve certainement encore d’autres surprises.

Lo Benaset