08 Mar

A Belfort, Jean-Pierre Chevènement dézingue tous les candidats… sauf le sien

Jean-Pierre Chevènement (©f3fc)

Jean-Pierre Chevènement (©f3fc)

L’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement n’en a pas fini avec Belfort. Maire de 1983 à 1997 puis de 2001 à 2007, le sénateur entend bien donner son avis sur ses potentiels successeurs. Et il ne manque pas de sortir l’artillerie lourde: Etienne Butzbach, le maire sortant élu sous l’étiquette chevènementiste en 2007 mais passé au PS depuis? son programme est « inconsistant » pour le Che. Christophe Grudler, le candidat du MoDem? le « Patrick Buisson » de Belfort. Damien Meslot, le député UMP? un « amour immodéré du pouvoir ». Marc Archambault, le candidat FN? « Voter pour le Front National c’est voter contre la France et c’est voter contre Belfort. » Non vraiment, le seul qui trouve grâce aux yeux de Jean-Pierre Chevènement, c’est Bastien Faudot, le candidat du MRC…. créé par Jean-Pierre Chevènement. Pas sûr que cela suffise pour faire revenir Belfort dans l’escarcelle chevènementiste…

Le communiqué de Jean-Pierre Chevènement:

« J’ai essayé comme député, depuis 1973, maire de 1983 à 2007, Président du District puis de la CAB de 1995 à 2008, Président de l’Aire Urbaine de 1984 à 2001, sénateur depuis 2008, de servir Belfort, le Territoire de Belfort et l’Aire Urbaine de mon mieux. Chacun en jugera à sa convenance.*

Tant d’efforts pour en arriver là ! Vous l’avouerai-je ? J’ai été quelque peu désespéré par le marigot politique qu’est devenue Belfort à la veille de
cette élection municipale. Etienne Butzbach ne peut, à aucun titre, se réclamer de mon héritage politique. Battu aux élections législatives comme candidat MRC dans une circonscription qui avait donné 53 % des voix au Président de la République, il s’est aussitôt revêtu de l’étiquette PS pour, croyait-il, conserver son poste de maire. Il a ainsi tourné le dos au combat politique que j’ai conduit et que je conduis encore pour ramener la gauche à ses sources républicaines.

Venant d’un homme que j’avais moi-même choisi pour me succéder, ce comportement, dont il n’y a pas d’exemple à ma connaissance, ne se qualifie pas. Ce n’est pas un problème politique, c’est un problème d’éthique, un problème de morale, au-delà de la droite et de la gauche. Qui, aujourd’hui, pourrait lui faire confiance ?

J’ai lu son programme : il est inconsistant. Maintenir, promouvoir, développer ce qui existe déjà. Pas d’objectifs précis, pas d’engagements chiffrés, pas de moyens clairement définis. Rien de concret. 

Et de l’autre côté, à droite, que voyons-nous ?

Belfort a son « Patrick Buisson », qui enregistre à son insu, ce que son concurrent, le recevant à domicile, croit pouvoir lui dire en toute confiance. Comment peut-on accorder ses suffrages à pareille démarche ? 

Et Damien Meslot ? Eh bien, il se révèle tel que nous le connaissons. Il n’hésite pas à vouloir remettre en cause une réforme que j’ai réalisée en 2003-2004 pour mettre en synergie les services de la Ville et ceux de la Cab et faire ainsi économiser au bas mot deux à trois millions d’euros par an à nos finances locales. Et tout cela pourquoi ? Pour pouvoir arroser les communes de la Cab nécessaires à sa réélection comme député. Tant pis pour les autres ! Là encore l’amour immodéré du pouvoir brouille le sens de l’intérêt général. Je sais bien que Damien Meslot a aujourd’hui révisé son plan et qu’il ambitionne de devenir maire. Je ne suis pas rassuré pour autant.

Je ne parlerai pas du Front National. Vous savez ce que j’en pense : voter pour le Front National c’est voter contre la France et c’est voter contre Belfort. C’est se tirer une balle dans le pied.

Je me trouvais ainsi plongé dans la tristesse. Tant d’efforts pour hisser Belfort au rang d’une petite capitale régionale, avec sa gare TGV, son développement universitaire, un grand hôpital dont je vois s’élever les murs avec joie, sauvegarder ses entreprises et d’abord Alstom, un Centre des Congrès, un musée d’Art moderne – la Fondation Jardot –, un multiplexe de centre Ville, une FNAC, un habitat rénové, une mise en valeur reconnue, des équipements culturels et sportifs de grande qualité, une politique sociale très développée, dix centres culturels et maisons de quartier, oui tant d’efforts pour en arriver à cette médiocrité et à cette bassesse !

La conjoncture économique et les restrictions imposées aux collectivités locales rendent cette perspective d’autant plus probable que ni M. Butzbach, ni M. Grudler, ni M. Meslot ne me paraissent à la hauteur des défis. J’ajoute une politique de l’Etat visant à concentrer à Besançon pouvoirs, capacités et compétences. Allons-nous accepter la souspréfectoralisation de Belfort et la marginalisation du Nord Franche-Comté ?

Heureusement, l’enlisement dans le marigot n’est pas fatal ! Bastien Faudot que je connaissais depuis longtemps et dont j’appréciais les qualités politiques, a réussi, au-delà des attentes, le pari du renouvellement et du rassemblement, tout en s’attachant les compétences qui sont nécessaires à la gestion sérieuse et responsable d’une Ville comme la nôtre.

– En deuxième position, Isabelle Lopez, mon attachée parlementaire dont je ne peux pas vanter les qualités pour ne pas la faire rougir, reconnue, respectée, estimée, et qui connaît très bien tous les dossiers de Belfort. J’ajoute qu’Isabelle a une vue longue pour avoir siégé au Conseil municipal depuis 1995.

– En troisième position, Bruno Kern dont chacun salue la remarquable compétence comme adjoint aux Finances de la Ville et de la CAB, avocat reconnu sur la place et dont le cabinet est impressionnant, aussi bien par le nombre et par la qualité des jeunes avocats qu’il réunit. Bruno Kern n’a rien à prouver. J’ajoute que premier des socialistes en 2008, il a acquis dans un combat difficile, une légitimité que d’autres n’ont pas. Par sa présence et celle d’autres socialistes, il incarne avec d’autres sensibilités, le rassemblement des républicains que Bastien Faudot a voulu promouvoir.

– Gwenaëlle Radais incarne la rigueur, le sens du service public, l’ouverture aux questions de sécurité.

– Alain Letailleur est un conseiller régional compétent, sérieux. 

– Olivier Prévôt, dont je pensais qu’il pouvait faire un bon maire, a été un excellent adjoint aux Affaires culturelles et au Développement social et Politique de la Ville. Il a accepté, et je l’en remercie, d’apporter son soutien qui sera précieux à Bastien Faudot qui a démontré, en peu de mois, qu’il avait l’étoffe pour faire lui aussi un bon maire : jeune, ayant ce qu’il faut d’autorité personnelle et de sens de la diplomatie pour s’imposer sans brutalité. De toute façon, il faut bien commencer. Bastien apprendra vite. 

Un « jeune loup » dans le mauvais cirque qu’est devenu la vie locale à Belfort, c’est une bouffée d’air frais !

Dans cette liste, profondément renouvelée, mais où les hommes et les femmes expérimentés ne manquent pas, je ne peux citer tout le monde ; Chacun apporte sa pierre à l’édifice. Nagia Meghriche comme Madeleine Fleury apportent leur connaissance intime du quartier des Résidences. Denis Grévillot, ancien de Bull, mon ami, militant du Front de Gauche, fait partie de l’histoire de la gauche à Belfort. Jean-Paul Bourreau, artiste de grand talent, manifeste que le souci de la culture n’a pas été oublié. Philippe Péquignot incarne l’humanisme, Jean-Michel Glon-Villeneuve l’ouverture aux républicains de l’autre rive, deux chefs
d’entreprises, deux architectes, trois étudiants illustrent la diversité sociale de la liste Oser Belfort.

J’aimerais que les qualités de Maurice Schwartz qui a mis sur pied avec moi la politique de sécurité à la mairie en 2002-2003, soient reconnues ainsi que ses mérites, aussi ingrate que soit sa tâche par ailleurs. Mais il faut bien que les fonctions qui sont les siennes au personnel soient exercées.

Je ne voudrais pas oublier Christian Proust. Christian est un visionnaire. Cela est rare. Il n’a pas toujours bon caractère. Mais Belfort se priverait de ses compétences de manager public, s’il ne savait pas, d’une façon ou d’une autre, les utiliser.

Que ceux, que je n’ai pas oubliés mais dont je n’ai pas cité le nom, ne m’en veuillent pas. D’autres occasions se présenteront pour signaler leurs mérites actuels et mieux encore, ceux qu’ils se seront acquis.

Je m’adresse aux Belfortaines et aux Belfortains. Cette équipe renouvelée, rajeunie mais étayée par des hommes et des femmes d’expérience est la meilleure chose qui puisse arriver à Belfort. Je fais confiance à Bastien Faudot. Il a l’âge auquel vous m’avez élu député en 1973. Il faut lui donner toutes ses chances. Car en face il y a la médiocrité et quelquefois bien pire…

Le programme d’ « Oser Belfort » est clair. Il met l’accent sur ce qu’il y a d’original à Belfort : la grande industrie, le tissu serré des entreprises, le développement de l’Université et de la Recherche. Oui, c’est en pariant sur le dynamisme industriel et technologique, sur la compétence, la formation,
la bonne entente de tous, la capacité à travailler en commun, que nous donnerons à Belfort toutes ses chances.

Il y a à Belfort un acquis de près de quatre décennies que nous devons faire fructifier, car il est aujourd’hui menacé. J’y aiderai de mon mieux car je n’ai pas dit mon dernier mot. Je n’entends pas rompre le lien qui m’attache à Belfort. Je ne suis mû que par le souci de servir Belfort. Il faut que Bastien Faudot arrive en tête le 23 mars pour que s’ouvre à nouveau pour Belfort le chemin de l’espoir !

Cet espoir est à notre portée si les Belfortains entendent mon appel

« Votez Bastien Faudot. Vous voterez pour Belfort ! ». »

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