25 Oct

A Belfort, Christian Proust jette l’éponge et envisage « l’échec de la gauche »

Christian Proust souhaite qu'un "homme neuf" mène la liste du MRC

Christian Proust souhaite qu’un « homme neuf » mène la liste du MRC

« Mon passé, mon bilan, mon long exercice des responsabilités ne font pas de moi le meilleur choix pour incarner ce combat. Il faut pour celui-ci un homme neuf! » Christian Proust ne sera pas le candidat du MRC aux municipales à Belfort. L’ancien président du conseil général l’a écrit aux militants du mouvement fondé par Jean-Pierre Chevènement. Craignant que le Parti socialiste, qui souhaite le rassemblement des forces de gauche autour du maire sortant Etienne Butzbach, présente son « combat comme un duel d’ambitions et un règlement de compte personnel, que je mènerais pour le compte de JPC », n’entend pas pour autant laisser pas la « déclaration de guerre » socialiste sans réponse.

« Le PS encourage tout élu d’un parti allié du PS qu’il soit communiste, radical, écologiste ou républicain, à la trahison au bénéfice du PS en lui promettant pour la suite protection et soutien. Est-il possible de concevoir un point de vue plus cynique sur les relations entre alliés et sur l’insincérité des engagements ? », écrit notamment Christian Proust aux adhérents du MRC du Territoire-de-Belfort. Malmené par les dysfonctionnements du lancement d’Optymo 2, Christian Proust constate également son propre échec à créer le rassemblement de la gauche, dont il ne voit pas bien comment elle pourrait conserver la mairie: « Il faut donc dès maintenant envisager lucidement l’échec de la gauche et la victoire de la droite. »

La lettre de Christian Proust aux adhérents du MRC 90:

« Cher(e)  Ami(e), 

Notre combat est un combat d’avenir, un combat pour redonner espoir dans la politique, un combat pour relever  la gauche avec la France, un combat pour la jeunesse. Mais le fossé entre les partis et la population se creuse de jour en jour. Et d’abord parce que faute de régler les vrais problèmes,  les politiques semblent se battre d’abord pour eux mêmes.  Pour  convaincre, nous devons considérer l’exigence qui monte dans la population d’un profond renouvellement du personnel politique. Il nous faut montrer que nous sommes capables de prendre nos distances avec les postes, les mandats et le pouvoir ! 

Mon passé, mon bilan, mon long exercice des responsabilités ne font pas de moi le meilleur choix pour incarner ce combat. Il faut pour celui-ci un homme neuf ! J’ai donc pris la décision de demander à l’assemblée générale des adhérent(e)s belfortain(e)s du Mouvement Républicain et Citoyen de désigner une nouvelle tête de liste pour conduire à ma place le combat aux prochaines élections municipales. 

Il ne s’agit en aucun cas pour moi de remettre en quoi que ce soit les orientations politiques principales que depuis une année je vous ai proposées et que vous avez adoptées à chaque fois à la quasi-unanimité. Je reste persuadé qu’elles sont conformes à l’intérêt de Belfort, de ses habitants et de la gauche. Et il s’agit encore moins de me dégager du combat politique que nous avons à assumer tous ensemble dans les mois et les années qui viennent ! 

Je reste convaincu que la constitution d’un large rassemblement républicain associant des représentants des partis de gauche et écologistes qui refusent la prétention à l’hégémonie du parti socialiste et sa politique d’austérité largement déterminée par ses choix européens, ainsi que des personnalités issues des quartiers et du monde économique soucieux de mettre en œuvre à Belfort des politiques publiques de qualité est le seul moyen d’articuler de façon cohérente les enjeux nationaux et locaux de ces élections municipales. 

Les  sept débats organisés par l’association Oser Le Débat ont d’ailleurs démontré notre capacité à réunir les acteurs essentiels de la cité venant d’horizons différents mais tous séduits par la qualité de notre approche, le sérieux de notre écoute  et  la diversité des points de vue exprimés. Ces débats ont fait bouger les lignes et ont obligé l’ensemble des candidats à modifier leur agenda et pour les candidats de droite à élaborer et publier très tôt leur programme. A gauche ils ont conduit lors de la réunion de l’ensemble des partis de gauche le 1er juillet  à souligner la faiblesse et l’isolement du Parti Socialiste et du maire sortant. Il n’a pas pu s’imposer comme il l’avait initialement souhaité comme le leader  d’une liste qu’il devait pour lui naturellement conduire.   

Grâce à ce travail qui a bénéficié  de l’engagement et du soutien de beaucoup d’entre vous,  nous avons été le seul parti  qui a été en mesure de proposer une analyse de la situation et des problèmes de Belfort, les grandes priorités de son programme, les nouveaux principes de gouvernance et de partage de responsabilités ainsi qu’une proposition de constitution de liste qui organisait l’absence de toute possibilité d’hégémonie d’un parti sur tous les autres. 

Le Parti Socialiste  a eu tout l’été la possibilité de favoriser un rassemblement qui  lui aurait permis de conserver la présidence de la CAB et de gagner  avec l’accord de Jean-Pierre Chevènement le siège de sénateur. Il lui fallait pour cela renoncer à la tête de liste à Belfort, accepter dans la constitution de la liste une diversité de positionnement sur les sujets nationaux, réorienter l’action municipale en direction de l’emploi et du pouvoir d’achat pour éviter de  faire de la campagne des municipales un référendum pour ou contre la politique gouvernementale. 

Le Parti Socialiste a choisi une tout autre voie. Il a choisi de répondre à nos propositions en désignant, dans une procédure contestée aujourd’hui devant les tribunaux par le premier adjoint et premier vice président de la CAB, Étienne Butzbach comme tête de liste et ce par un vote le 10 octobre. Cette désignation était curieusement annoncée dès  le 7 octobre par une lettre d’Harlem Désir adressée à notre président d’honneur Jean-Pierre Chevènement dans laquelle il indiquait sa conviction que c’était  « autour du maire sortant » qu’il fallait préparer le rassemblement des forces de gauche. 

Comme l’a déclaré JPC, ce choix est une déclaration de guerre au MRC mais aussi un message fort adressé à tous ses alliés. Le PS encourage tout élu d’un  parti allié du PS qu’il soit communiste, radical, écologiste ou républicain, à la trahison au bénéfice du PS en lui promettant pour la suite protection  et soutien. Est-il possible de concevoir un point de vue plus cynique sur les relations entre alliés et sur l’insincérité des engagements ? Le ralliement d’E. Butzbach au PS traduit sa conviction qu’il n’est possible d’exercer les responsabilités locales les plus importantes qu’en étant au PS. Il est d’ailleurs bien possible qu’il n’ait été adhérent  du MRC que pour la même raison ! 

Mais cette déclaration de guerre est pour moi un échec puisque  pendant un an j’ai tenté de convaincre de la nécessité du rassemblement. Et c’est l’ancienneté même de mon engagement aux côtés de Jean-Pierre Chevènement, l’ancienneté et ma fidélité à nos idées et à nos engagements, l’ancienneté dans les responsabilités qui sera utilisée par le PS pour présenter mon combat comme un duel d’ambitions et un règlement de compte personnel, que je mènerais pour le compte de JPC. Toute tête de liste MRC membre de l’exécutif municipal se trouvera de fait dans la même situation. Il ne faut pas s’y  tromper ! Beaucoup de gens ont intérêt à faire comme s’ils croyaient à cette présentation. Les autres partis de gauche comme de droite  pour nous affaiblir, les médias parce que c’est beaucoup plus simple et que cela correspond à l’attente du public qui ne voit trop souvent la politique que comme une bataille pour les places. Et pour les places E. Butzbach et ses affiliés vont utiliser tous les moyens, sans aucun scrupule, sans limite. Il faut donc dès maintenant envisager lucidement l’échec de la gauche et la victoire de la droite.  

La profondeur de la crise économique et sociale plonge notre pays dans une crise politique et morale telle que les enjeux nationaux seront déterminants  lors des prochaines élections municipales. Ces élections  doivent être l’occasion d’exprimer un refus progressiste et républicain de la politique d’austérité menée depuis trop longtemps. Il faudra aussi qu’elles marquent le début de la réinvention nécessaire des politiques locales. La construction d’une alternative à l’hégémonie du parti socialiste sera un travail de longue haleine, ce qui suppose un profond et large renouvellement du personnel politique. Les divergences restent nombreuses  et significatives entre tous ceux qui s’opposent à cette hégémonie. Mais en rester à ces désaccords, refuser d’engager les débats nécessaires et de construire les alliances électorales qui permettraient d’aller ensemble en débattre avec les électeurs c’est tout simplement faire le jeu du parti socialiste et au final entériner ses politiques. Pour cela il nous faudra décider ensemble des rééquilibrages de la liste qui permettront l’accord de l’ensemble de ses  composantes.  

Je mesure le choc que je vais créer par mon annonce et la déception qu’elle pourra entraîner dans un premier temps. Je vous propose d’en parler avec vous dès    vendredi 25 octobre à 20 heures au Restaurant Inter-Entreprises de l’Etang Bull  (là où nous avons tenu notre congrès départemental) autour d’un pot amical. Nous pourrons échanger et débattre ensemble.

Bien entendu il ne sera pas possible d’arrêter ce soir là une décision quelconque. Maurice Schwartz fixera en accord avec le secrétariat départemental la date précise d’une assemblée générale qui se tiendra vers la mi-novembre et qui arrêtera le nom de notre tête de liste.

Bien  entendu la réunion prévue Samedi matin est annulée.

Je ferai connaître Vendredi à la presse ma décision et ses raisons.  

Amitiés.

Christian PROUST »

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