07 Nov

2021, l’odyssée de Largo Winch

2021, l’odyssée de Largo Winch

Deux jours avant sa sortie, La frontière de la nuit, 23e album de Largo Winch, a fait le 3 novembre dernier l’objet d’une présentation à la Cité des Sciences de Paris. Une projection dédiée à l’espace dans le planétarium a superbement complété cette avant-première dédiée à l’un des nouveaux défis du milliardaire le plus célèbre de la BD franco-belge : le tourisme spatial. 

L’idée d’intégrer l’espace dans la saga Largo Winch tournait déjà dans la tête du dessinateur Philippe Francq à l’époque où Jean van Hamme était encore le scénariste de la série : « De Tintin à Spirou, tous les grands héros de la BD sont allés d’une manière ou d’une autre dans l’espace », Et en 2021, le tourisme spatial a connu ses premières grandes réussites, du vol inaugural de Richard Branson au printemps dernier au tout récent baptême de l’espace de William Shatner, le légendaire Capitaine Kirk de la saga Star Trek. Ainsi La frontière de la nuit entre-t-il étonnante résonance avec l’actualité. « Entre une idée de scénario, le dessin et l’album final, il se passe environ quatre ans. Et dans cette période, le monde change très vite, poursuit Philippe Francq L’idée était bien sûr de ne pas être les derniers dans l’histoire, mais nous ne savions pas il y a quatre ans que tout le monde irait dans l’espace aujourd’hui. »

Si le tourisme spatial offre un angoissant climax à la fin de ce nouveau diptyque du milliardaire en blue-jeans, ce 23e tome est celui d’une remise en question, et même de ce qui semble être un véritable dépoussiérage… Pour emprunter une métaphore intergalactique à George Lucas, « L’empire Winch contre-attaque », en quelque sorte, sur les nouveaux enjeux économiques et environnementaux de ce XXIe siècle. « Largo est le héros le plus agaçant de la BD, sourit Eric Giacometti. Il est beau, riche, intelligent, éternel »… Mais autour de lui, le monde change. « Le Groupe W est un groupe de l’ancienne économie, et il faut prendre en compte l’espace, l’environnement, et aussi le mouvement MeToo », précise le scénariste. Quitte à être politiquement incorrect face au consensus ambiant, en dévoilant – « à la manière de Largo Winch » que nous vous laissons découvrir – la face sombre de l’écologie : l’exploitation des enfants pour l’extraction des matières premières nécessaires aux sacro-saintes batteries lithium-ion alimentant nos téléphones mobiles et la sacro-sainte voiture électrique.

Mais Largo Winch et sa garde rapprochée conservent leur ironie distanciée, marque distinctive du scénariste fondateur Jean van Hamme, tandis qu’Eric Giacometti distille avec le personnage de Simon Ovronnaz une trame humoristique récurrente… qui ne sera pas sans conséquence sur la dramaturgie globale de cette intrigue à entrées multiples.

Au fil d’un rythme mené au pas de charge, les séquences concoctées par Eric Giacometti et Philippe Francq s’enchaînent en posant de nombreuses questions et en n’y apportant que des réponses partielles, qui trouveront leur dénouement dans Le centile d’or, seconde partie de cette histoire.

« A suivre », donc, comme on dit aux Editions Dupuis et dans le Journal de Spirou… 

©Jean-Philippe Doret

Largo Winch T23 « La lumière de la nuit »

Scénario : Eric Giacometti

Dessins : Philippe Francq

48 pages

Dupuis