17 Nov

Parfums d’Asie : à propos de Peter van Dongen

En 2018, Peter van Dongen a connu un bel automne, avec la parution du premier volet du diptyque La Vallée des Immortels de Blake et Mortimer (codessiné avec Teun Berserik) et la première réédition en couleurs de Rampokan, le roman graphique qui l’a révélé. Deux albums avec l’Asie pour continent commun, à relire avant la sortie du second tome de La Vallée des Immortels, à paraître le 22 novembre prochain.

Né de père néerlandais et de mère indonésienne, Peter van Dongen opère dans Rampokan un retour aux sources de ses origines, en revisitant l’un des épisodes clé de l’histoire indonésienne, l’une des premières colonies à avoir déclaré en 1946 son indépendance, toutefois non reconnue par les Pays-Bas.

Le point de départ de ce récit est celui de Johan Knevel, jeune volontaire souhaitant avant tout retrouver la trace de « Ninih », sa nounou indonésienne. Pour la mise en miroir des différents points de vue et contradictions de cette époque, Peter van Dongen choisit l’audacieux ressort scénaristique de la double identité, pour une histoire qui fait écho à sa propre généalogie :

« Je dessine une Indonésie que je n’ai jamais connue, même si je suis vraiment allé dans les endroits qui servent de toile de fond à l’histoire. Seules les couleurs sont différentes, car la réalité ne peut jamais être dépeinte à l’identique », indique Peter van Dongen dans la postface de cette nouvelle édition. Cette mise en couleurs ocrée renforce à la fois la moiteur du climat et la tension d’une situation où la moindre étincelle est susceptible de mettre le feu aux poudres.

Dans le premier tome de « La Vallée des Immortels », si la jungle et le décor urbain sont tout aussi foisonnants, leur mise en couleurs respecte l’héritage et l’esprit de Blake et Mortimer. Peter van Dongen et son compatriote Teun Berserik y mettent en images, à seulement quelques années d’intervalles par rapport au contexte de Rampokan, une situation politique tout aussi explosive entre Chine nationaliste, Chine communiste, Hong Kong et un seigneur de la guerre fictif désireux de restaurer l’empire chinois. « Quand j’ai su que le scénario d’Yves Sente se passait à Hong Kong dans les années 50, ce fut une bonne nouvelle pour moi, raconte Peter van Dongen dans l’édition revue et augmentée de L’Héritage Jacobs. A l’époque, cette colonie anglaise ressemblait en beaucoup d’endroits à Jakarta dont le quartier chinois était même comme un jumeau de Hong Kong. »

Mais, dans la postface de Rampokan, Peter van Dongen ajoute que, « en fin de compte, ce sont les personnages qui importent et non le contexte historique. » Ce que confirment à la fois Rampokan et le premier tome de La Vallée des Immortels, qui ont également en commun de nécessiter une lecture aussi attentive qu’immersive pour en saisir toutes les nuances et ramifications.

©Jean-Philippe Doret

A LIRE :

Rampokan

Scénario & dessins : Peter van Dongen

176 pages

Aire Libre / Dupuis

Blake et Mortimer T25 « La Vallée des Immortels 1 – Menace sur Hong Kong »

Scénario : Yves Sente

Dessins : Teun Berserik & Peter van Dongen

56 pages